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| Toutes nos condoléances [Adonia - Héracle] | |
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Auteur | Message |
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Adonia Ypsilantis
Humain
Nombre de messages : 52 Âge : 19 Date d'inscription : 26/02/2024
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| Sujet: Re: Toutes nos condoléances [Adonia - Héracle] Jeu 25 Avr 2024 - 14:18 | |
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La nuit a fini par poindre en apportant dans son sillage la quiétude tant espérée. Ne pouvant plus se fier qu’aux frêles lueurs émises par les candélabres, ses yeux sont désormais bien moins à la peine qu’en pleine lumière du jour où n’importe quel rayon, trop puissant, prend les traits d’un bourreau souhaitant sa chute. L’obscurité n’est pourtant pas en reste si l’on se réfère au degré de dangerosité suscité par son incapacité latente à pouvoir déchiffrer le moindre détail dans la pénombre. Mais au moins peut-elle prendre quelque repos et s’entraîner pour le jour où les ténèbres seront son lot du quotidien ; qu’importe la clarté ou la noirceur du monde. Il est en tout cas évident qu’au moment où les ultimes ardents rayons cèdent finalement la place à l’obscurité, Adonia se sentirait presque enfin à armes égales avec celles et ceux se confrontant, tout comme elle, à la cécité.    Assise tout près du large bureau trônant au centre de ses appartements, elle observe sa main posée à plat juste devant. Les cinq doigts se révèlent au gré des oscillations de petites flammes dansant tranquillement à quelques centimètres seulement. Avec son autre main, elle tient un petit calame qu’elle glisse dans un étroit récipient rempli d’une substance maronnâtre. Méthodiquement, avec suffisamment d’agilité acquise depuis sa plus tendre enfance, elle sculpte et reprend les motifs pour parfaire l’œuvre dessinée depuis les dernières heures. L’art du Mehndī nécessitant habituellement des yeux plus qu’aguerris s’en trouve ici une exception pour déroger à la règle. N’est-ce donc point ce qu’elle a toujours fait depuis l’apparition de ses premiers maux ? Nostalgique de tous ces moments passés auprès de sa mère pour apprendre et appliquer cet art, il lui semblerait encore pouvoir entendre le bruit de sa respiration comme si elle s’était trouvée en cet instant même à ses côtés. Mais celle-ci, douce et presque imperceptible finit brusquement par disparaître, au profit de quelques bruits de pas reconnaissables d’entre tous.    Lorsque l’aîné parvient enfin à trouver le courage et l’envie suffisante pour s'immiscer jusqu’à son antre, comme demandé quelques heures plus tôt, elle se rappelle qu’il est pourvu – tout comme la nuit – d’une ponctualité aussi relative que celle offerte au gré des saisons d'hiver et d'été. Quand bien même la distance se serait immiscée entre le frère et la sœur, avec l’âge, elle ne pourrait néanmoins lui réfuter une certaine fidélité qu’aucune tempête n'a jamais su ébranler. Elle n’a guère besoin de l’entendre maugréer pour comprendre que son esprit peine à se défaire de la dernière rencontre faite par les orphelins Ypsilantis. A cette distance, elle n’aurait même point l’utilité de s’immiscer dans sa tête pour deviner les sombres pensées l’habitant. Celles-ci seraient, assurément, à l’encontre de la marchande de sel venue leur jeter quelques poignées de son fiel comme une paysanne se serait mise en tête d’ensemencer un champ infertile et aride. Elle devine, oui et pourrait lire en lui comme dans un livre ouvert à tel point leur ressemblance, en bien des points, est flagrante.    « Merci d’être venu, Heracle, prononce-t-elle sans même avoir eu besoin d’arrêter son Mehndī, ou même de se retourner pour s’assurer qu’il s’agisse bien de lui. Tu as donc fini par venir à bout de ton memento diurnal. Devrions-nous mander à la marchande de sel de venir plus souvent, afin qu’une telle prouesse puisse se réitérer ? Il semblerait, finalement, qu’elle déteigne sur notre phare bien mieux que nous n'aurions pu l'espérer. »    Elle sourit faiblement tout en débutant, sur sa main, un motif particulièrement difficile.    « C’est sans nul doute aussi à elle que je dois mon envie soudaine d’apposer à nouveau l’henné sur ma dextre. Avoir mentionné, plus tôt dans la journée, ce que notre mère aimait ou haïssait m’a rappelé ce qu’elle faisait lorsqu’elle s'évertuait à réfléchir sur une chose ou quelqu’un, te souviens-tu ? »    Sa question est rhétorique et n’attend aucune réponse. Heracle connaissait les manies de leur parentèle tout aussi bien qu’elle et saurait même, sans l’ombre d’un doute, en ajouter d’autres sur le tapi ; toutes celles que ses yeux n’auraient malheureusement jamais pu enregistrer.    « Je crois que nous devrions parler de ce qu’il s’est passé, plus tôt dans la journée, ajoute-t-elle. Et je crois, ô oui je crois, si cher frère, que tu aurais tout à y gagner en laissant de côté ta rogne pour m’écouter te faire la confession des quelques choses que nous devrions apprendre de cette vague salée venue frapper, sans avertir, notre phare. Mais avant, j’aimerais connaître le fond de tes pensées à son propos, et que tu me dises l’effet sincère qu’elle suscita en toi. Il me semble nécessaire, céans, de crever l’abcès ayant provoqué tant de fièvre tout à l’heure, puisque de mémoire, il ne me semble guère t’avoir déjà vu réagir de la sorte depuis que ta voix s'est teintée de notes plus graves et sérieuses ».
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| | | Heracle Ypsilantis
Humain
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| Sujet: Re: Toutes nos condoléances [Adonia - Héracle] Lun 13 Mai 2024 - 23:53 | |
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L’âtre de sa colère s’était certes amenui, mais il persistait encore, au milieu de ce foyer une moultitude de tisons ensevelis sous la cendre, qui ne demandaient qu’à reprendre en vivacité au passage fugace d’une brise. Lorsqu’il pénétra dans les appartements de sa cadette, il sonda les alentours en inspirant profondément, cherchant aussitôt que le premier pas fût posé sur le ciment, à bâillonner son ressenti. Puis il déposa contre la table de travail de sa sœur de son attention, y décrivant du regard les outils qu’elle manipulait avec délicatesse, adresse, avec le doigté de ceux qui y mettait le cœur. Ses mires glissèrent sur les allégories qui zébraient son derme d’érudite : foncé par la nature de ses origines, mais surplombé par la triste fadeur de sa volontaire captivité à l’intérieur du Phare. Son silence était d’or, tandis qu’il suivait des yeux la danse du calame, telle une baladine, qui chercherait à mimer la doucereuse houle du petit matin. Il y avait du beau, non pas dans ce gribouillage improvisé, duquel il n’en comprenait ni le sens ni l’esthétisme, mais plutôt du fait que sa cécité lui empêchait de voir le clair de son travail. Pour autant, il savait qu’elle représentait sur sa patte, le fidèle dessin de ses pensées les plus claires.
À ses remerciements, il n’y donna guère suite. Elle l’avait fait mander et s’en était courroucé d’avantage, certes. Mais leur rencontre était inéluctable, ils devaient faire le point sur cette désagréable rencontre de tantôt, cela même si la marque du fer contre son cœur était toujours aussi lancinante. Quant à son invitation, à embrasser les souvenances de sa mère, il y consenti avec joie. Il se souvint, de ses plus douces mémoires, comme sa mère avait aisance à chasser du revers de la main les laides influences des plus vives émotions. Elle occupait son esprit, le laissant voguer là où son inspiration la menait, fusse-t-elle guidée par le pinceau, la plume ou même l’argile. Elle endiguait la fièvre comme nulle autre, préservait sa psyché des tourments qu’elle pouvait provoquer. Les idées claires, incapable du moindre élan d’impulsivité ; le mystère était total, comment diable son fils pouvait être si pauvre de tant de contrôle ? Les Dieux toutefois font bien les choses, car si le pauvre n’avait pour lui la tempérance de sa mère, sa sœur elle, en était richement vêtue et savait, en tout moment, recouvrir son frère de cette même prospérité.
Et puisqu’elle l’invita à clabauder librement, la langue encore engourdie par les pirouettes qu’elle dût exécuter afin de taire la rogne de ses pensées, il y alla sans plus amples ambages.
« Eh bien, puisque tu me le demandes, je l’ai trouvée petite. Qu’elle a cherché à nous montrer qu’elle savait grimper sur une bancelle pour manger les gâteaux sur le comptoir, comme la grande fille qu’elle est. J’abhorre son genre suffisant, à lever le nez sur tout ce dont elle juge indigne d’elle ; l’opulence et la richesse l’a fait autant sécher que les cadavres fichés en pal dans ses marais salants. Mais je ne l’ai pas trouvée salée, non ; aigre, agaçante, orgueilleuse, vaniteuse, narcissique, ça oui. J’honnis le moindre instant de cet infect entretien, si ce n’est ce serein moment où je lui tournai le dos pour m’en aller rêvasser de ce coutelas, dont j’ai si longuement souhaité offrir pour fourreau le con de cette roncine mal encornée. Cracher aux pieds de sa sœur eût été la bonne chose à faire pour signaler le fin mot de ses vilénies les plus colorées. Il se retint toutefois, une main appesantie contre le sommet du poignard qui sommeillait à son ceinturon. D’une part, Mère nous enseigna la tempérance, qu’il fallait faire fit de ce genre d’affront. Qu’il valait mieux essuyer le crachat d’une main, pour mieux riposter par la suite. Héracle s’approcha de la table à dessin de fortune de sa sœur, puis saisit son propre couteau pour le déposer contre le bois de cette dernière. Mais Père, souviens-toi, préférait s’assurer qu’on n’en vienne jamais à oser faire ce genre de geste. Et qu’en ce genre de situation, il valait mieux prévenir que guérir. Et c’est bien ce que j’ai envie de faire, là, maintenant, Adonia. »
Dans les ténèbres valsantes dont les braséros et les torchères ne parvenaient à chasser, il y avait contre le faciès d’Héracle, les reliefs lugubres d’un homme qui avait soif de violence. À l’instar du henné pour sa jeune sœur, il se pouvait qu’en véridique, c’était là pour lui, son seul exutoire.
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| | | Adonia Ypsilantis
Humain
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| Sujet: Re: Toutes nos condoléances [Adonia - Héracle] Mar 14 Mai 2024 - 8:51 | |
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La diatribe est amère, violente et si ponctuée d’aigreur qu’il n’est plus nécessaire de voir pour deviner la rogne animant sa trogne des mauvaises heures. Il est affreux de contempler, quand cela le possède, ce bras puissant porter à la tête enfiévrée, l’atroce fouet rouge et noir de ses nerfs crispés. Habité par une nervosité qu’elle lui reconnaît pour l’avoir côtoyé en de si maintes reprises depuis leur prime jeunesse, elle écoute sans l’interrompre. Tout reproche ou pique acerbe serait ici considéré comme l’ultime affront, le lèse-majesté parfait conduisant au casus belli qui mène à l’appel aux armes. Elle le connaît, oui, et sait que la Salée – plus tôt dans la journée – a sans le savoir éveillé les pires facettes de son aîné. Il suffit, pour s’en convaincre, d’ouïr ce portrait au vitriol fait de la jeunette asharite venue perturber leur convalescence en cette demeure ce jourd’hui amputée de ses véritables maîtres. Mais… mais, tout à coup, le coup de grâce porté en plein cœur à la fin de son ultime factum ! Car lorsque survient l’évocation de son père, ses doigts se crispent et un frisson l’habite pour quelques infimes secondes. La réminiscence est ici suffisamment longue pour l’obliger à se rappeler leur géniteur dans ses pis moments. Elle revoit ainsi ce dernier, consumé par la rage et battu par la haine. Elle y songe lorsqu’il haranguait à tout va que la colère, fendue d’horreur, était une arme de joie. Alors qui ne voudrait trembler de fureur plutôt que de s’effondrer, là, dans les bras d’un bonheur sans fond ?    Se nichant souvent au creux du désespoir, la colère est pourtant le sentiment le plus destructeur, puisqu’elle consume à petit feu celui qui l’alimente avec tant d’entrain. Nenni, si noble frère, ta furie est une folie, ne la nourris pas ! songe-t-elle à lui dire avant de s’en raviser. Il lui rappelle soudainement toutes ces fois, de leur enfance, où par jeu, les deux se prenaient pour des Dieux. Lui l’avatar d’Othar et elle la ténébreuse Tyra. Il semblerait qu’une telle scène ait à nouveau lieu, quand bien même la divine comédie revêtirait cette fois-ci des enjeux bien plus sérieux que ceux de leurs jeunes années. Là, prudente et attentive, elle soupèse chacun de ses mots avant de les prononcer, consciente qu’ils auront pour but premier d’apaiser et non de tourmenter plus qu'il ne l'est.    « Laissons notre parentèle se reposer, Héracle, prononce-t-elle avec douceur. N’étant plus là pour nous prodiguer leurs conseils, n’essayons pas de les mimer au risque d’incarner de pâles et ridicules copies. Je ne suis pas elle et tu n’es pas lui, et cela est une chance. Car si nous les pleurons, ce jourd’hui, tâchons également de nous rappeler qu’ils n’étaient pas dénués de torts et qu’il m’arrive encore, quelques fois, de ressentir les effets prodigués par la main de notre père, sur l’une de mes joues. Je n’ai également qu’à puiser dans mes souvenirs pour recouvrer en mémoire toutes ces fois où sa rage manqua de nous précipiter dans le précipice. Souviens-toi, Héracle. Oui, souviens-toi, mon frère, ces fois où tu allais jusqu’à l’honnir bien plus encore que cette fillette du sel venue t’offrir, sans que la demande lui en soit faite, ses quatre vérités. Alors, je t’en conjure, Prince, ôte ta haine et laisse l’accalmie gagner tes pensées, car après mes dires, peut-être éprouveras-tu d’autres sentiments envers notre dernière invitée ».    Il n’est pas nécessaire de faire preuve d’autorité. Sa voix, calme et posée, dénote si bien de la sienne, grave et enfiévrée, que les deux tonalités semblent s’affronter dans une arène. Pour autant, Adonia sait que l’escalade n’est point la solution. Elle le sait pour l’avoir maintes fois expérimenté à défaut de ne plus pouvoir s’immiscer dans l’esprit de son aîné.    « Oublie cet affront que tu t’imagines avoir vécu, sinon quoi te faudra-t-il lever le ban à chaque fois qu’un de tes pairs s’adressera à toi. Parmi les serpents de cette fosse, l’asharite est sans nul doute l’un des plus beaux spécimens dont les couleurs vives et la rapidité intimident. Mais ne te fie point à cette apparence trompeuse te faisant croire à ton pis ennemi. Non, cher frère, crois-le de ma bouche, lui demande-t-elle en apposant la dernière forme à l’henné. J’étais moi aussi éprise d’une colère sourde lors de mon arrivée tardive ; et si tu me trouvais aussi tiède et retenue, cherche à imaginer ce qu’il serait advenu de moi sans la présence de Kaelthar pour m’apaiser. Voilà, Héracle, je te fais moi aussi la confession de ma faiblesse qui aurait pu nous coûter l’amitié de cet enfant du Sel venue nous assaisonner comme on souhaiterait conserver une morue. Mais au lieu de succomber à cette envie que nous partageâmes, j’ai joint l’utile au déplaisir de la conversation, prenant le risque de m’immiscer par les interstices de ce heaume lui servant tout autant de masque que de protection contre le monde. Et je puis te dire, céans, que si ce serpent paraît dangereux de prime abord, nous serions en réalité bien en peine d’éprouver quelconque peur envers son venin n’ayant de mortel que les mots agaçants habitant son encéphale d’enfant bien trop gâté et ô combien esseulé ».
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| | | Heracle Ypsilantis
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| Sujet: Re: Toutes nos condoléances [Adonia - Héracle] Mar 14 Mai 2024 - 15:19 | |
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L’ombre d’un sourire vint arpenter le faciès d’Héracle, tandis qu’elle l’enjoignait à laisser au repos les mémoires de sa parentèle. N’avait-elle pas elle-même ouvert cette porte, lorsqu’elle l’avait questionné à propos de sa figure materne ? Son abondante sagesse fût sur le coup, peut-être, engourdie par l’attention qu’elle vouait à ses tatouages de fortune et à cela, il ne lui en tint rigueur, si ce n’est que la chose lui rappela qu’elle n’avait réponse à toute chose. Il se plaisait à l’écouter, à suivre ses conseils en souventefois, mais qu’il se devait également de préserver ses propres considérations.
« Tu as formulé le désir que je crève l’abcès ; c’est désormais chose faite. Ne fait pas l’appel à la tempérance, tandis que le fer est encore incandescent. C’était bien sa force, à solliciter sa fougue pour ensuite lui rappeler que sa fièvre lui embrumait l’esprit. À lancer de l’huile sur le feu, on ne peut se surprendre que la chaleur monte plutôt que ne meure. Mais oui, dis-moi tout, puisque la harpie semble t’avoir si longuement entretenue. »
Il s’éloigna du bureau où l’encre fuyait encore les bocaux pour pigmenter la peau de sa jeune sœur, puis quêta la présence d’une assise qu’il approcha à ce même meuble. Compte tenu du propos, il était fort à parier qu’ils y resteraient encore pour un franc moment ; aussi bien y prendre ses aises. Il l’écouta, sans venir l’apostropher au détour d’un phrasé piquant, la mine dubitative. Elle avait encoché à son arc de sagesse une flèche qui ne trouva guère de cible pour s’y nicher.
« Dangereux ? Crainte et peur ? Il raffermit sa position sur sa cathèdre, arc-boutant le dos vers elle de sorte à offrir plus de pesanteur à ses prochains propos. Cette femme n’attise chez moi pas plus de peur que d’amitié ; elle n’a de grandiose que le titre qu’elle arbore et tu serais bien sotte de croire que je m’empêcherai de le lui ôter séance-tenante si l’occasion venait à se présenter. Il fixa le regard de sa cadette pendant quelques secondes, de sorte à ce qu’elle saisisse tout le sérieux de ses propos derniers. L’occasion toutefois, n’est pas près d’arriver, car de toutes les inepties et les faux semblants qu’elle à vomit plus tôt, une chose unique et véridique m’a interpellé. Thaar, dans toute sa magnificence et sa sublimité, a depuis toujours eut les cuisses aussi ouvertes que les plus hospitalières puterelles, dont l’entrée est aussi aisée que souhaitée. On y entrait aussi librement qu’au petit marché et il ne faudrait, en réalité, pas plus d’une ennéade à une armée bien formée pour en conquérir le con. Une réalité qui, lorsqu’on s’y attardait vraiment, avait de quoi vous secouer l’échine. Ou la pine, c’est selon. Elle a fait mention du petit peuple, dont elle me fit la confidence de vouloir s’occuper, mais de nous deux, nous savons bien qu’elle n’oserait pas même se torcher le fondement avec le moindre de leurs haillons. Les gueux n’ont pour eux que la voix qu’ils ont une fois qu’ils se massent ensemble. Ils ne sauraient point être autre qu’un outil, face à ce problème qu’est le nôtre : Thaar doit avoir son bras armé pour se défendre contre ses contrevenants. Et si je ne peux m’entendre à ce sujet avec elle, alors, il se peut que oui, l’occasion de lui ôter sa chape princière vienne plus rapidement qu’escompté. »
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| | | Adonia Ypsilantis
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| Sujet: Re: Toutes nos condoléances [Adonia - Héracle] Mar 21 Mai 2024 - 10:13 | |
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L’a-t-elle déjà vu souffrir d’une telle torpeur, au point d’en oublier cette chose tant décriée que l’on appelle le respect ? Animé par une verve enfiévrée, il bat la Salée avec des mots ressemblant à d'assassines estocades. Elle sait, pourtant, que son frère bouillonne de ne point avoir pu mener ces dernières lorsque l’invitée se tenait encore devant lui. Là, tiraillé entre son désir ardent de lui dégonder la gueule et celui d’obéir à cette retenue contrainte par son rang, il est évident que des jours entiers seront nécessaires pour faire retomber sa colère. Ô oui, lui rappelle-t-il leur géniteur, lorsque dans ses excès d’humeur, l’Ypsilantis se muait en chose bien plus difficile à dompter ; et même à esquiver. Doit-elle pour autant craindre cet héritier ayant tout appris de son roi ? Il ne tient qu’à lui de tracer sa propre voie pour ne pas réitérer les erreurs commises par de si discutables choix. Rangeant son calame et le récipient d’henné, Adonia se lève sans même recourir à sa canne avant d’aller se diriger vers l’ombre massive de l’atrabilaire aîné. Lentement, elle vient à son chevet avant de lever sa main pour toucher son visage avec ses doigts bien plus fins que les siens. Elle devine aussitôt les traits froncés et les sourcils arqués. Elle dévale l’arcade pour finir enfin sur les lèvres tirées d’où se sont dégagées, plus tôt, les salves courroucées.    « Qu’adviendrait-il, selon toi, si tu ôtais l’hydre d’une de ses encéphales ? lui demande-t-en songeant aussitôt à la discussion entretenue avec l’asharite, plus tôt dans la journée. D’autres repousseraient, peut-être bien plus dangereuses et agiles… Serait-ce donc le meilleur moyen de mâter son ennemi ? Nenni, si noble frère. Te souviens-tu seulement des mots que nous avons échangés lorsque je suis venue te rappeler à tes obligations ? Fais de tes ennemis tes alliés, apprends d’eux tout ce qu’il y a savoir, à l’image de ces nombreuses failles habitant chaque être, et utilise ces dernières pour te faire entendre et maîtriser le jeu, à défaut de pouvoir le gagner ».    Il ne l’a pas oublié, elle en est certaine ; sinon quoi, comment aurait-il pu survivre à ces dernières ennéades depuis leur entretien ? Pourtant, ses sauts d’humeur sont comme des vestiges de cette vie passée à côtoyer plus de soudards des mers que de bien-nés. Le retour à la réalité, ainsi qu’à cette vie loin des libertés océanes est encore lourde à digérer ; tout comme elle l’est pour elle, impactée dans ses envies d’étudier bien d’autres choses que les méandres de la politique thaarie.    « Sache en tout cas, Héracle, que la Salée n’est point liée à l’assassinat de nos parents, lui confesse-t-elle. Ce seul point ferait d’elle l’une de nos principales alliées qu’il pourrait être judicieux d’aller apprivoiser plutôt que de défenestrer. Apprends également que contrairement à nous, orphelins Ypsilantis, elle œuvre seule et cherche des amitiés au sein du Conseil, d’où la raison de sa venue ici-même, loin de la froideur inhospitalière du Joyau n’ayant de beau que le nom et les fresques peintes de ses murs centenaires, reprend-elle en s’éloignant de quelques pas. N’as-tu jamais cherché à savoir pour quelle raison je passais le plus clair de mon temps à m’instruire et à parfaire mes connaissances, au point d’avoir le sentiment, ce jour d’hui, d’avoir bien plus d’accointance avec les auteurs morts, plutôt que les vivants m’entourant ? Je ne serai jamais une aussi bonne exploratrice que notre père, ni même une aussi brillante marchande que notre mère dont la seule présence permettait d’obtenir le silence et de glaner le respect. Alors cherche, quelques instants, à te mettre à la place de cette frêle jeune femme bien moins âgée que toi, moi et la majorité des membres du Conseil. Car là où tu excelles par la force et le charisme, il lui faut pour elle, pourvue du sexe faible, user d’adresse et d’esprit si elle souhaite se faire entendre et espérer dépasser la trentaine ».    Défend-elle réellement la Salée venue leur prodiguer ses moults conseils ? Il va de soi que cette dernière rencontre l’a laissée dans l’expectative. Pourtant, son frère sait qu’elle ne fait guère partie de cette frange de la populace ne s’arrêtant qu’à la première impression. Comme toujours et pour tout le monde, Adonia aime à creuser jusqu’aux tréfonds de la psychée humaine ; elle fouille et cherche les raisons aux « comment » et aux « pourquoi ».    « Obtenir le respect n’est point si aisé dès lors que l’entre deux cuisses n’est point doté de cette chose qu’il m’est inutile d’épeler. Alors, Héracle, je ne pourrais que te conseiller de ne point t’arrêter à cette première impression ressentie à son égard, car il te faudra bientôt retourner la voir. Et lorsque ce moment viendra, souviens-toi seulement que ses aspirations pour le petit peuple étaient sincères, tout comme l’étaient celles de notre mère regrettée… Et s'il t'en faut la preuve, rappelle-toi simplement qu'il n'est point aisé de me duper par la pensée ».
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| | | Heracle Ypsilantis
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| Sujet: Re: Toutes nos condoléances [Adonia - Héracle] Jeu 23 Mai 2024 - 19:11 | |
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Contre le lobe de son oreille, il sentit l’irritante présences de quelques ronces péninsulaires, accrochées mordicus à ce semblant de sagesse dont sa sœur lui faisait si gentiment l’offrande. À croire que leurs conin ainsi que la pesanteur de leurs tétins rendaient la tâche moins aisée lorsque venait à tablée la question de respect et de pouvoir, c’était là belle preuve qu’elle n’avait pas tout oublié de sa vie d’antan. Elle avait tout intérêt à se départir de ce genre d’élégie, puisqu’en terre Vaanie, la réalité était tout autre. À défaut d’avoir entre les jambons la protubérance des hommes, elle avait pour elle la sagesse, la richesse et la verve des plus charismatique orateurs ; ainsi donc elle n’aurait pas à défoncer, à l’instar des péninsulaires, les portes à grand coup de bite, elles s’ouvriront naturellement à elle. Et Héracle, dans tout ça, espérait avoir un peu des deux : l’homme qu’il était, peut-être oui par sa nature hommasse, avait aisance à liguer les bannières à sa suite, cela au même ton que les plus imminentes figures politiques péninsulaires, eussent-ils été duc ou marquis. Mais il était aussi, à même titre que sa sœur, éduqué à la manière vaanie et accordait aux actes plus d’importance que la provenance de tout sang ou de ce que pouvait bien décorer l’entre-cuisse de ses interlocuteurs.
Du reste, fidèle à ses habitudes, elle appelait la tempérance alors que l’écume de sa rage de tantôt parsemait encore la houle de sa psyché encore fiévreuse. Ses mots étaient à quelques fioritures près les mêmes que ce soit de débauche, où elle avait tendu la main pour qu’il s’extirpe du stupre dans lequel il avait volontairement tenté de s’y noyer. Ils n’en étaient cependant guère pour autant moins teintés de justesse et de sagesse. Maudit soit-elle, elle et ses conseils avisés, maugréa-t-il silencieusement, alors qu’il s’éloignait de son bureau pour arpenter les lieux, sans réel intérêt.
« Tu as lu plus de livres que quiconque en cette cité ; de cela je suis certain. Quant à moi, ce jourd’hui je ne m’en suis tenu qu’à la quatrième de couverture, en ce qui a trait à ce roman de la Salée. Il se retourna vers elle, de sorte à mieux l’épier, alors qu’elle venait d’achever l’œuvre d’encre contre sa patte délicate. Je veux bien tenter d’édulcorer l’animosité qui ardre mes avis à son propos, puisque je suis certain que toi, dit-il en s’approchant de quelques pas vers elle, résolu de trouver en ses mires ombrageuses la sincérité qu’il souhaitait, tu as parcouru chacune des pages de ce torchon. Ainsi tu connais le faux du vrai, je m'en remettrai donc, encore une fois, à tes avis les plus éclairés. Le feu m’a bien sorti par les oreilles, si ce n’est par le fondement aujourd’hui, mais je sais, j’ai bien vu, qu’elle t’a aussi écorchée au passage. Il cherchât à la gratifier d’un sourire fraternel, bien que terne, compte-tenu de ses états d’esprit encore un peu secoués par le tumulte. Je suis là, aussi, s’il te fallait un jour libérer ton esprit de quelques pensées bilieuses, Adonia. Même la plus adroite des spirites ne peut contenir et contraindre ses émotions indéfiniment au bâillon. Je n’y connais certes rien en à la matière, mais j’ai vu du monde ma sœur, des landes et toutes sortes de gens et personne, non personne n’est à l’abri de soi-même. »
Il l’esseula finalement après l’avoir gratifié d’un sourire nouveau, puis quitta l’antre de sa sœur pour mieux retourner profiter de ses privilèges d’homme : c’est-à-dire tremper son poireau dans la soupe pour passer sous silence ses maux les plus cuisants.
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