Dans la Jungle, terrible Jungle...

L’hiver est là, les neiges recouvrent les terres habituellement arides du désert qui entoure le Vatna. Ce manteau blanc glaciale et mortel est la raison pour laquelle les expéditions se sont écourtées. Ce n’est pas un échec, car les Ilythiiris ont mené à bien quelques objectifs, mais ce n’est pas non plus une franche réussite. Quelques patrouilles, ou clan, des créatures ont été décimées, certains guerriers Sombrelfes aussi sont tombés, mais le plus important sont les informations récupérées par certains éclaireurs et autres commandos du moment.

Avec la saison froide, les gnolls semblent s’être dirigés en partie vers la jungle qui siège sur un des flancs de l’Elda. Seul endroit encore un peu habitable qui offre un refuge contre la morsure du gel et une végétation nourrissante en temps plus agréables. Ces bêtes immondes semblent fonctionner par clans ; Un manipulateur de la Trame semble en être le meneur et ce dernier use d’une magie primitive, mais bien trop peu efficace en comparaison de celle dont dispose les Drows. Enfin, certaines expéditions rapportent de grands mouvements d’Est en Ouest, mais rien de plus concret à ce sujet pour l’heure.

Vel’drin, alors installé à son bureau finit de lire les derniers rapports de ces expéditions dont il a assuré une partie du commandement. Sa Flamme brûle d’un feu qui ne semble pas apaisé par l’adrénaline et le sang des derniers combats. Plus, il en veut plus, il souhaite mettre rapidement un terme à cette expansion car s’il y a bien une chose qu’il a remarqué en combattant ces créatures, c’est quelles sont fortes et rivalisent même avec les puissants guerriers d’Uriz. Impossible alors de les laisser se regrouper, s’installer et s’organiser. Le Streea Jabbuk souhaite frapper vite et fort.

La jungle, terrain de chasse et donc de jeu des Ilythiiris semble être sa prochaine destination. Suffisamment proche du Vatna pour ne pas risquer de souffrir des affres de l’hiver et la densité des lieux offrent un couvert suffisant pour ne pas être à la merci des tirs de javelots puissants et autre lancers dévastateurs. Des approches plus discrètes, des embuscades, voilà ce qui sera réservé aux gnolls dans cette jungle qui sera pour eux un véritable enfer.

Après avoir convoqué un messager, le mot est donné. Quelques volontaires doivent se présenter aux portes du quartier général du Ier ost afin donc de se préparer à cette sortie dans la jungle. Les objectifs de cette mission sont simples : Eradiquer la présence des créatures en grande partie, les forcer à se rendre dans le désert où ils succomberont au gel et comme pour les premières tentatives, capturer un de leur chaman, vivant, afin d’en assurer l’étude par les érudits d’Elda.

Le Père des Batailles s’impatiente et semble vouloir encore se repaître de combats et de sang. Voilà que les sorties Ilythiiris s’enchainent depuis la dernière Croisade et que la vermine se multiplient de toute part afin de leur offrir de véritables éclats de guerre. De plus, prendre la tête d’une nouvelle expédition sert bien le Zaurahel, encore une réussite aussi significative dans l’avancée de l’étude et de l’éradication de cette menace servirait ses desseins. Ainsi, il pourra devenir plus fort et reprendre ce qui lui est dû.

Bientôt, Vel’drin frappera sous les regards des Dieux Sombres et récupérera la tête du Fer de Lance de l’Elda. Bientôt, si le Créateur lui permet, le Vatna crachera ses guerriers sur le monde et le feu et le sang se mêleront à Son commandement.

Les Ilythiiris s’étaient enfoncés dans l’épaisse jungle qui entoure le Vatna. Au loin les échos des premiers affrontements remontent à leurs oreilles qui se dressent à l’affût du moindre bruit.
Silencieux, la dizaine de guerriers parcourt le sentier au centre de cette forêt inhospitalière. Des petits groupes avaient été formés et chacun remontait sa piste afin de couvrir la plus grande partie de la zone, s’assurant de ne manquer aucune des créatures ayant pu s’y cacher.
Vel’drin, à la tête du sien est accompagné de quelques fantassins et membres du C’nros, tous sont du Premier ost et tous se connaissent et se font confiance.

Une explosion retentit alors, sur leur gauche, des cris de brisent le silence et font s’envoler des oiseaux. D’autres combats éclatent dans les environs mais ils sont bien loin. Les affrontements ne durent que quelques instants, les drows habitués à se déplacer et chasser dans la jungle savent en tirer profit à leur avantage et ne font qu’une bouchée des quelques bêtes qu’ils rencontrent.

La petite escouade du Streea Jabbuk, elle, n’a toujours pas encore rencontré d’opposition. Les Sombres laissent leurs sens en alerte et même les pas légers et discrets des animaux des environs ne sont pas ignorés. Soudain, un des éclaireurs envoyés par le Zaurahel émet un sifflement, semblable au chant d’un oiseau local – une habitude des immortels pour ne pas trahir leur présence – à la seule différence que celui-ci émet des notes plus rapides. Vel’drin ordonne l’arrêt de la troupe et écoute les détails donnés par ce chant dénonciateur.

« Un groupe de six… Pas de mage… A une cinquantaine de pas devant nous. » Il ne peut dissimuler son mécontentement, lui qui voulait rencontrer à nouveau un des manipulateurs de la trame primitif et en capturer un. D’un nouveau geste, désignant un cercle, il distille les ordres à ses hommes qui en silence se dispersent et disparaissent dans les énormes buissons et arbres des environs. Lui, continue d’avancer en ligne droite, il paraît esseulé, mais un bref regard sur la droite puis la gauche lui assure qu’il n’en est rien. Quelques feuilles tressaillent, s’envolent ou d’autres sont secoués par une étrange brise inconnue.
Puis finalement, les premiers grognements se font entendre. Les bêtes semblent discuter entre elles dans une langue bestiale. La petite harde de six représentants n’a plus de chaman, peut-être abattu plus tôt lorsqu’ils erraient dans le désert et maintenant ils semblaient désemparés voir désorganisés. Leurs instincts les avaient menés jusqu’ici pour ne pas craindre le froid meurtrier de l’Hiver, mais il leur fallait un chef, un meneur et Vel’drin croit que c’est là la raison de cette sorte de dispute animale.

Les drows observent en silence, entourant les gnolls et s’en approchant tels des prédateurs. Puis, dans un dernier élan avant que les bêtes ne puissent s’en rendre compte, l’attaque est ordonnée. Plusieurs éclairs zèbrent des buissons en directions des hommes-bêtes et viennent frapper leurs poils les aveuglants un instant. Ils n’ont pas même le temps de retrouver la vue en totalité qu’ils entendent des cris tonnés dans une langue sombre dans leur direction. Les guerriers du Vatna fondent sur eux, les prenant en embuscade et viennent les abattre.

L’assaut lui aussi n’a duré que quelques instants, les gnolls n’ont eu aucune possibilité de réponse. Vel’drin s’avance alors et regarde les cadavres qui jonchent désormais le sol humide de la jungle. « Laissez-les ici, les animaux s’en nourriront, l’hiver sera rude pour eux aussi… On continue. »

Le groupe se défait alors et reprend sa route, jusqu’à l’arrivé de la nuit. Le capitaine décide de monter un camp, cherchant à se mettre à l’abri à l’intérieur d’un tronc éventré par la force de la nature. Un feu est toléré à la vue de la température qui chute et les ordres de gardes sont donnés. Quelques autres sont envoyés chassés du gibier dans les environs.

La nuit est une alliée pour les drows qui y voient bien mieux qu’en pleine journée et cette coupure sera brève afin de profiter de la totale obscurité pour prendre l’avantage sur leurs ennemis.

Le repos est de courte durée, le Capitaine impose à son groupe la reprise de la traque aussitôt le repas terminé. Aucun des guerriers ne s’en plaint, car s’éterniser dans ce gèle sans bouger est une erreur qu’ils ne souhaitent pas commettre. Terminant de plier leurs affaires, ils entendent à nouveaux des explosions et des cris qui leurs parviennent en échos.
La nuit sombre dans la jungle est terrifiante et ses bruits de combats, de morts et de sang, n’aident en rien à apaiser cette sensation, qui est en réalité une douce mélodie aux oreilles de Ilythiiris. Des bêtes tombent et des guerriers se démarquent.

Le petit commando reprend alors sa route, emmitouflés dans d’épais manteaux de fourrures les Sombrelfes tentent tant bien que mal de se déplacer dans cette neige et ce froid ambiant. La chaleur de leur volcan semble lointaine en cet instant et chacun d’eux ne pense plus qu’à expédier cette mission au plus vite afin de retourner auprès des flammes réconfortantes.

A mesure qu’ils progressent, les éclaireurs envoyés en tête à plusieurs mètres devant eux, le silence retombe dans la jungle. Quelques créatures nocturnes s’échappent à leur approche, mais seul le vent berce leur randonnée sanguinaire. La nuit ne les dérange pas, leur vision en est même accrue et tels des sentinelles, chaque guerrier guette ses environs à la recherche de la moindre preuve d’un passage des Gnolls.
Puis soudain, un chant d’oiseau, puis un second en réponse au premier. Vel’drin fait stopper le groupe d’une main dressée et tous se baissent dans les bosquets feuillus, patientant. D’autres notes leurs reviennent et semblent les appeler. Les éclaireurs ont repéré un campement de fortune primitif dans la direction ouest de leur position.

A pas de chat, les Drows s’avancent alors, silencieux et à mesure qu’ils avancent et percent l’obscurité des arbres, une lueur s’élève devant eux, du feu. Ces bêtes hybrides ont commis l’erreur d’allumer un feu et signalent alors leur présence à ceux qui les traquent. Naturellement et ordonnés, les Sombres se déplacent telles des ombres et se positionnent autour du campement. Les gnolls se sont installés ici pour la nuit, tentant de se réchauffer même si leurs épaisses fourrures leur apportent un certain confort.

Il y a plusieurs feux de camp, plusieurs lit fait de feuilles et de branches sur lesquels certaines de ces immondices semblent se reposer. Les chants d’oiseaux reviennent alors, une fois, deux fois et puis trois, il y a des gardes qui scrutent l’orée de la jungle se tenant chacun aux côtés des flammes.
Vel’drin observe alors, profitant d’être à couvert derrière des buissons, il cherche de son regard ce qu’il désire tant, un chaman. Ses iris rouges se posent sur les guerriers, une bonne dizaine si ce n’est plus, mais l’un d’eux parait plus grand, plus costaud et à ses cotés déposé comme un vulgaire objet, un grand bâton primitif décoré d’ossements et de cuir. Les Dieux lui sont bons en cette froide nuit d’hiver, voilà qu’il va pouvoir essayer de réaliser ce qu’aucun n’a encore fait ; Ramener un de ces individus vivant, un de ces manipulateur de la trame sauvage.