|
| Des Dragons et des Hommes | |
| | Auteur | Message |
---|
Gorben Bayezid Sang-mêlé
Nombre de messages : 21 Âge : 30 Date d'inscription : 04/03/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 105 ans Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Des Dragons et des Hommes Mar 28 Mai 2024 - 12:02 | |
|
Quatrième ennéade de Verimios, Hiver de l'an 21 du XIème Cycle
Belar Bey, comme la plupart des initiés du Guet, avait un passé trouble et violent qui le rendait à l'aise au sein de la pègre comme un poisson l'était dans l'eau. Fils d'un coupeur de bourses, il en était devenu un lui aussi, avant de se rendre compte que les demander gentiment une arme à la main, et impunément, était bien plus satisfaisant encore. C'est ce pourquoi il excellait dans sa branche : le crime avait été sa matrice, son moule originel. Cependant, la mission dans laquelle il s'était lancée ajoutait une variable compliquée à l'équation. Infiltrer une bande et la manipuler de l'intérieur était un exercice auquel il était déjà rompu, mais lorsque cette même-bande était composée de fanatiques religieux, voilà qui était bien plus périlleux.
Cela faisait des mois qu'il se taillait un chemin au sein de cette cellule sectaire, et Belar Bey devait bien avoué que malgré sa résolution d'acier et son habitude de la violence, la sauvagerie qu'il avait pu observer au sein de ce groupuscule fanatique excédait tout ce qu'il avait pu voir dans les rues de Thaar. Au nom d'idoles reptiliennes, Belar Bey avait arraché langues et globes, à la main comme à la tenaille, au couteau et au poinçon. Il ne coupait jamais les têtes, ce morbide honneur ne lui avait pas encore été attribué, et il ne se réjouissait guère du moment où ils auraient assez confiance en lui pour le lui octroyer.
Car gagner cette confiance avait été un travail de longue haleine, dont le Guetteur commençait à peine à entrevoir le fruit. Doucement, mais sûrement, il en avait appris bien plus sur ces horribles draconistes, groupuscules diffus mais bien présents, nombreux et éparpillés un peu partout dans la ville. Une fourmilière dans laquelle d'autres de ses comparses effectuaient de similaires travaux de sape. Dans peu de temps, il aurait acquis assez d'informations et obtenu assez de leur crédit pour en user contre eux et coordonner des coups de main...
Tout du moins, c'est ce qu'il avait cru. Car par un froid matin d'hiver, lui et ses confrères de fortune furent brutalement attaqués.
Le sous-sol dans lequel ils se réunissaient, gravé aux formes géométriques et décorées de nombreuses idoles écailleuses, fut inondé d'une marée d'hommes armés beuglant à la charge, noirs comme la nuit et féroces comme des panthères. Occupés à psalmodier et à gesticuler leurs pseudo-rituels, les draconiens furent surpris sans armes, et le massacre qui s'en suivit fut aussi bref que sauvage. Les hommes en noir ne laissèrent aucune chance aux hommes masqués, taillant dans le vif, n'épargnant quiconque. Et ils auraient pu tuer Belar Bey si ce dernier n'avait pas relevé son masque rouge et squameux, trop tard cependant pour ne pas être mutilé : comme pour le rappeler à sa mauvaise jeunesse, un des envahisseurs lui trancha une partie de la main.
Prostré à terre, se tenant une moitié de moignon coulant le sang à gros bouillons, Belar Bey observait avec des yeux terrifiés et embués les sectaires se faire passer au fil de l'épée. Seul le prêtre fut épargné, reconnaissable à son masque double-corné. Une grande silhouette aux cheveux blancs comme la neige l'avait relevé d'une traite en le tirant par les cheveux. Puis, d'un geste aussi brutal qu'il avait paru aisé, elle envoya valdinguer le prêtre vaincu vers d'autres hommes en noir, qui l'agrippèrent, le bâillonnèrent, et le firent sortir du sous-sol en triple vitesse. C'est au moment où tous ces démons se tournèrent vers lui que Belar Bey, soufflant à grandes goulées pour maîtriser sa cuisante douleur, se rendit compte qu'on l'avait - plus ou moins - épargné.
La silhouette aux cheveux immaculés s'approcha de lui. C'est là qu'elle la reconnut, et son cœur se serra : Uz'shina, l'âme damnée du Grand Patron. Parvenant à peine à maîtriser l'agonie de sa main, il parvint à souffler :
- Qu'avez-vous fait...
Uz'shina, dont le visage impavide se reflétait à peine à la lueur des chandelles, rétorqua :
- Ton travail.
La colère subordonna la douleur vrillant son poignet et ses dernières phalanges, permettant à Belar Bey de cracher avec plus de conviction.
- Des mois... J'ai passé des mois à les infiltrer ! Des putains de mois, partis en fumée ! Va crever, sale pute !
L'insulte ne parut gêner que les autres guerriers obscurs entourant Uz'shina. Cette dernière se contenta de placer une main sur l'une de ses hanches, inclinant son chef légèrement de biais.
- Et moi j'ai mis... quoi... deux minutes pour les faire tomber ? Crois-moi bien, ton aide nous aura été précieuse, on n'aurait pas pu localiser leur lieu de culte sans toi. Mais il fallait agir maintenant. Nous sommes attendus autre part.
Uz'shina n'offrit même pas un dernier adieu avant de faire volte-face. Elle l'entendit la noyer d'insultes tandis qu'elle marchait vers l'escalier, flot qui ne cessa que lorsqu'elle commença à gravir les marches, interrompu par six pouces de fer rentrés dans sa gorge.
Dans sa vaste salle de commandement, Gorben Bayezid tournait en rond autour de la silhouette drapée d'écarlate enchaînée à ses pieds. Ses vêtements carmins ne l'étaient pas que de teinture, et il semblait que sa forme misérable et avilie ne résulte d'un passage à tabac en règle. Le Guet n'était pas reconnu pour abriter des enfants de chœur. A l'autre bout de la chaîne, la silhouette menaçante d'Uz'shina veillait à ce que l'être abject qu'elle avait capturé ne bouge pas d'un poil, à moins qu'il ne souhaite en subir les conséquences. Ses ecchymoses et fractures témoignaient de ses choix passés.
Gorben ne cessa de circonvenir autour du prisonnier que lorsque les battants de son bureau furent ouverts à la volée, ses gardes cédant le passage à un homme armuré et furibard. Le grand type bardé de fer n'était autre que le lieutenant Zalensken, un affranchi très influent au sein du Guet. Il apostropha d'ailleurs le commandant Bayezid sur un ton fort inapproprié.
- Pour qui est-ce que vous vous prenez, Gorben ? Le turbin sur les ratichons draconiards, c'était mon encarre ! Mes barboteurs, mes blanchisseurs ! Qu'est-ce que c'est que tout ce bocard là ?! Entifler les ratichons à la borgne, nettoyer tous azimut et y laisser un de mes arcans sur le carreau ? Non mais vous êtes pas marteau ?!
L'usage de la langue verte fit se raidir les deux gardes, dont l'un voulut attraper l'épaule du lieutenant. Il fut violemment repoussé par un coup de coude dans le pif, et son collègue étouffa un juron, prêt à intervenir. Gorben décanta la situation en levant une main autoritaire, retenant ses chiens de garde. Puis il répondit à un Zalensken rouge pivoine.
- Bien que je comprenne votre indignation, Zalensken, je n'autoriserai personne à m'insulter, plus encore dans la langue verte. Aussi, si vous tenez à vos possessions les plus intimes, je ne saurais que trop vous conseiller de vous calmer, et de m'écouter.
Une légère inflexion dans ces mots, un léger toucher de son anneau d'argent, et une conviction plus forte et plus inébranlable encore s'enroula autour des phrases vibrantes du Bayezid. Ils se heurtèrent à un esprit de colère, peinant à le circonvenir, à l'atteindre en profondeur. En réalité, Gorben crut qu'il ne parviendrait pas à éteindre la colère consumant littéralement Zalensken de l'intérieur, mais des années d'entraînement et la connaissance subtile de l'un de ses lieutenants les plus prévisibles lui permirent de l'empêcher d'exploser.
De là, le lieutenant furibond ne pouvait que redescendre. Cela lui prit plus de temps que prévu, et un silence gênant s'ensuivit, entrecoupé des souffles bruyants du grand type en armure. Mais lorsque Zalensken fut enfin plus calme, celui-ci remarqua la terrible position dans laquelle il venait de se mettre, et bredouilla d'un air emprunté :
- Ma foi, sur ma vie... je... je me suis emporté beaucoup trop loin, commandant. Je... vous présente mes plus plates-
Il n'eut pas le temps de finir que Gorben l'interrompit pour enchaîner.
- Vos opérations d'infiltration se sont révélées un succès, Zalensken, cela je ne peux le nier. Mais depuis quand cette affaire dure-t-elle, ici, en notre grouillante ville de Thaar ? Depuis combien de temps étrangers et vagabonds de passage se font-ils trancher la tête, le crime restant impuni ? Croyez-moi bien que la justice, je m'en contrefiche comme d'une guigne, et vous le savez fort bien. Mais l'ordre qu'elle amène au sein de la populace, de cela, j'en ai besoin. Laissez les sectes s'enhardir et nous paraîtrons faibles. Ce soir, j'inverse la tendance. Ce ne sera pas un combat facile, certaines sectes nous échappent encore. Cependant, dès aujourd'hui, nous frappons fort. Nous affirmons notre position.
Ses yeux dérivèrent sur le prêtre draconique, et Zalensken fit de même.
- Et j'irai extirper du plafonnard de ce zazou bien blèche tout ce qu'il contient. Le berluer jusqu'à la moelle. A ma façon...
Tant les gardes que Zalensken frissonnèrent à entendre ces mots sortir de la bouche de leur patron.
- Lieutenant Zalensken, afin que vous rattrapiez votre manque de tact et laviez l'affront que vous m'avez fait, à la fois en m'insultant et en faisant traîner plus que de raison cette affaire de cultes meurtriers, je vous ordonne d'aller coordonner les nettoyages des cellules avec l'aide d'Uz'shina et de vos infiltrés. Qui sait... peut-être pourriez-vous faire amende honorable, si vous me rapportiez assez de ces individus masqués à exposer en place publique.L'officier sur la sellette acquiesça promptement, avant de prendre congé, jetant un regard à Uz'shina signifiant de le suivre.
- J'ai encore un dernier mot pour Uz'shina, lieutenant. Elle arrive.
Tandis que Zalensken s'éloignait et que les gonds se refermaient, le Bayezid observa la semi-drow.Elle lui rendit son regard, mais sa bouche imprimait un léger sourire qu'il trouva bien singulier. Et elle sembla d'ailleurs le constater.
- Je m'amuse seulement de la déconfiture de Zalensken.
Gorben acquiesça, soudain plus sombre.
- Tu travailles avec un homme mort, Uz'shina. Dès son utilité dans cette affaire passée, je lui proposerai de boire la ciguë. Néanmoins, tu n'avais pas fini ton rapport sur la situation.
Le sang-mêlé, tout en tirant un peu sur les chaînes pour faire gémir son prisonnier, entreprit de continuer son récit interrompu par le lieutenant furibard de tout à l'heure.
- En définitive, comme je vous l'ai dit, je doute que les sectes draconiques soient à l'origine du meurtre des Ypsilantis. Ils ont tous le même mode opératoire, à savoir l'énucléation, l'ablation de la langue, et la décapitation, là où mari et femme furent respectivement poinçonné et empoisonnée. Qui plus est, les sectes ne s'attaquaient qu'à des étrangers. Cette dérive du mode, bien qu'elle puisse être motivée par une toute autre chose, me semble néanmoins peu probable.
Gorben se frotta légèrement la barbe, réfléchissant quelques instants. Il ne fallait pas exclure l'éventualité d'un assassinat ne se rattachant pas à leurs pratiques religieuses dévoyées, mais le mobile devait encore être défini, car à ce qu'il savait, ni Demetor ni Elvira n'avaient entrepris d'action contre le culte des dragons.
- C'est ennuyeux. Il va te falloir suivre une autre piste en parallèle de celle-ci. Laisse Zalensken prendre les devants pour le nettoyage des cellules, quant à toi, étudie les autres possibilités. Que ce soit l'Aile Blanche, d'autres Princes-Marchands, le Puy, des investisseurs mécontents, trouve-moi un mobile. Quant à moi, je veillerai à essayer d'établir s'il y en a un pour ces pauvres hères, lorsque leurs prêtres seront à genoux devant moi.
L'une de ses mains délicates vint se poser sur le front du draconiste, qui geignit et frissonna. Gorben baissa des yeux de prédateur vers lui.
- Toi qui crains la morsure des lames et l'aiguillon du scorpion, je vais t'introduire à d'autres formes de douleur qui les éclipsent sans conteste...
À suivre
|
| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
Nombre de messages : 21 Âge : 30 Date d'inscription : 04/03/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 105 ans Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes Jeu 30 Mai 2024 - 10:09 | |
|
C'est deux jours plus tard que Uz'shina, drapée d'un épais manteau noir pour se parer des rigueurs de l'hiver, se rendit au phare Céladon en quête de réponses plus claires sur les éléments d'enquête. Le froid mordant rongeait les murs des palais avec la même hargne que les bâtisses plus humbles des quartiers pauvres de Thaar, mais la semi-drow savait qu'à l'intérieur de ces épaisses cloisons brûlaient mille et un braseros pour parer aux grippes, engelures et autres déconvenues si rares, mais si terribles pour des habitants de l'Ithri'Vaan. Tandis qu'elle se rapprochait de l'édifice ithyphallique, Uz'shina ressassa Gorben et leur vie sur la Côte Brûlée. Là-bas, le temps était clément, la neige une étrangère voilée de mystère... Que ne donnerait-elle pas pour y retourner, ne serait-ce que pour échapper aux morsures du givre ?
Elle se présenta au piquet de garde du phare, accueillie par quelques gardiens tremblants et les mains sous les aisselles. Le brasero n'était guère bien pourvu en bois, mais son doux rayonnement était plus enviable que d'affronter le gel à cru. Aux guéritiers, elle lança avec fermeté :
- Mon Maître Bayezid m'envoie faire enquête en ces lieux. C'est une affaire de la plus haute importance, requise par le Commandant du Guet.
Croisant les bras, l'hybride fit le pied de grue devant la garde, impavide et hiératique.
|
| | | Adonia Ypsilantis
Humain
Nombre de messages : 52 Âge : 19 Date d'inscription : 26/02/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : 1m60 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes Ven 31 Mai 2024 - 11:55 | |
|
Qu’il est étrange de ne point avoir à endurer les milliers de bourdonnements quotidiens recouvrant inlassablement le Phare de ses grésillements. En ce jour, la ruche semble bel et bien endormie ; et même bien mieux que bel et moins fortement que bien. Pareil miracle ne se produisant qu’une ou deux fois l’an, dès lors que l’hiver s’immisce par toutes les interstices, les céladoniens semblent préférer se blottir dans une sirupeuse ataraxie et délaisser la clameur qu’on leur connaît tant. S’ajoute à cela l’absence des deux orphelins, maîtres des lieux, ainsi que des membres garnissant vaillamment leur escorte, et l’on obtient un endroit à qui l’on pourrait octroyer les bienfaits du recueillement propice à la méditation. Chose trop rare pour ne guère en profiter, l’Ancien, comme tous le surnomment ici, s’affaire justement depuis de longues heures à une trans psychique que nul - ou presque - ne saurait interrompre. Voyageant bien au-delà des limites physiques, Kaelthar s’attarde sur les souvenirs nécessitant étude et réflexion. Ici et là, les quelques épisodes marquants devant être annotés, puis retenus, ressurgissent. Le travail mémoriel est éreintant, mais ô combien nécessaire pour s’assurer de n’avoir pas manqué d'éléments importants. Viennent ainsi s’entremêler des visions du passé à celles produites par son imagination. Devant faire le tri entre le bon grain et l’ivraie, la sélection est suffisamment rude pour lui provoquer une suée.    Quelqu’un se met alors à marteler bruyamment sur la porte et le “presque” d’avant devient « l’assurément » de maintenant. Réprimant le lamento qui cherche à se frayer un chemin entre ses deux lèvres, Kaelthar recouvre l’insidieux monde physique et renoue avec cette petite pièce lui servant de chambre.    « Entrez ! clame-t-il avant que la porte ne s’ouvre.    — Maître Kaelthar, répond la jeune Nasra. Quelqu’un du Guet demande à venir pour… une affaire de la plus haute importance, selon ses propres dires. Mais… sayyida Adonia étant absente, tout comme le Prince Héracle, que faisons-nous ?    La curiosité piquée à vif par cette soudaine visite impromptue, le spirite s’octroie un petit temps de réflexion avant de se décider.    — Je suis au fait de cette affaire, Nasra, répond-il. Que la personne envoyée par le Commandant Bayezid me retrouve dans le bureau, je l’y recevrai ».    La petite servante disparaît aussitôt, après avoir acquiescé poliment. Pour sa part, un brin de toilette est nécessaire afin de paraître plus présentable.    Réfléchissant par la suite aux véritables motifs de cette venue surprise, l’Ancien arpente les corridors du Phare non sans éprouver quelques vigilances. Car, à n’en point douter, si le Bayezid ne s’est pas donné la peine de venir en personne, que dire et que craindre de ses sbires à sa solde ? Lorsqu’il apparaît dans le bureau dont les murs sont ornés de mosaïques que l’on dirait appartenir à une autre époque, une première idée commence à émerger.    « Pardonnez l’absence des maîtres de ces lieux, prononce-t-il en apercevant l’intimidante demi-drow arborant la livrée du Guet. Je me propose néanmoins en guise de substitut, ayant moi-même suivi de près les derniers drames ayant touchés cette maison.    Son sourire ne cache pas son étonnement teinté de circonspection.    — Que puis-je faire pour vous aider ? » lui demande-t-il avant de lui indiquer un endroit confortable où s’installer pour poursuivre la discussion ; où peut-être mieux l’enquête.    Telle est ainsi l’affidée du Maître Bayezid dont la réputation, au sein des cercles, n’est plus à faire.    Exprimant un léger rictus à peine perceptible, Kaelthar s’épargne la peine d’égriser la petite bague tenue à son doigt ; conscient que l’exploration actuelle d’une autre encéphale que la sienne ne saurait être ignorée.
|
| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
Nombre de messages : 21 Âge : 30 Date d'inscription : 04/03/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 105 ans Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes Dim 2 Juin 2024 - 9:08 | |
|
En pénétrant la demeure des Ypsilantis, quelque chose mit instantanément Uz'shina mal à l'aise. Gorben l'avait pourtant prévenue concernant le gardien de cette maisonnée, et sur l'étendue de ses pouvoirs, mais il n'y avait rien à faire : la sensation désagréable qui accompagnait chaque rencontre avec un praticien de l'Art la mettait systématiquement sur la défensive. Son maître n'avait pas réussi à la rassurer sur le fait qu'un confrère ne tenterait rien contre sa créature, surtout s'ils étaient en collusion. Aussi, à la place, il lui avait donné quelques mécanismes rudimentaires de protection, facilement mis en place pour un profane. Hélas, la bâtarde se demandait si ces palissades grossières tiendraient longtemps face à un spirite de réputation comme l'était Kaelthar.
Sa raideur s'intensifia lorsqu'elle découvrit, à l'ouverture des portes vers lesquelles les gardes l'avaient aiguillée, que ce serait le mage en personne qui l'accueillerait ! Mentalement, Uz'shina se prépara, commençant à compter les moutons. Un mouton, deux moutons, trois moutons... Bordel, mais c'est ridicule ça, Gorben... La demi-drow se demanda soudainement si son maître ne s'était pas un peu foutu de sa tronche. Puis elle fit une subtile révérence, main posée sur la hanche, avant d'aller s'installer sur le confortable siège proposé par l'Ancien. Elle lui signifia même qu'elle savait qui il était.
- Mes respects et ceux de mon maître, Maître Kaelthar. Je n'irai pas par quatre chemins, je suis quelqu'un de plutôt directe. J'ai été chargée de mener une partie de l'enquête concernant la disparition de la Princesse-Marchande Rahmani et de son mari. Différentes pistes sont actuellement étudiées, et vous pourriez apporter votre concours dans celle que je poursuis en ce moment...
Elle croisa les jambes, bras posés sur les accoudoirs.
- A savoir, les partenaires financiers et commerciaux de feux vos employeurs.
A Thaar, tout était question d'argent et de profit. Il était donc naturel qu'en parallèle de la thèse draconique, celle de l'appât du gain soit une priorité.
|
| | | Adonia Ypsilantis
Humain
Nombre de messages : 52 Âge : 19 Date d'inscription : 26/02/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : 1m60 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes Mar 4 Juin 2024 - 9:50 | |
|
C’est en esquissant un léger sourire au coin de ses lèvres que Kaelthar entend la sombre dévoiler la véritable raison de sa venue. Si ce sourire est d’apparence celui que l’on pourrait émettre pour apaiser une situation se voulant tendue, il signale plus insidieusement ici la curiosité éprouvée devant cette surprenante vigie dont la méfiance à son égard semble grandissante. Tandis que les mots s’échappent ainsi de cette bouche visiblement plus habituée à rester close, il ressent la lutte intérieure cherchant à fermer les portes de son esprit. S’il ne s’était objectivement guère préparé à commettre un tel voyage, force est à présent de constater que cette bataille invisible livrée au moment même où elle l’aperçut, n’est point sans lui ouvrir l’appétit.    « Les partenaires des Ypsilantis sont si nombreux qu’il me faudrait assurément plus d’une journée pour vous en faire la liste ; ceux-ci arpentant aussi bien les pavés de cette cité, que ses voisines, et même celles se trouvant au-delà de la mer. Ainsi, ma-dame, comme vous m’en avez fait la demande, je m’attèlerai plus tôt que tard à vous les mettre par écrit avant de vous faire parvenir cette liste. Je veillerai par ailleurs à joindre quelques annotations faisant état des éventuelles avaries survenues par le passé ; que cela concerne les partenaires encore présents ou même ceux n’en faisant plus parties. Je gage alors qu’au moment de sa découverte, vous parviendrez assurément à réaliser que la liste d’adversaires commerciaux est tout aussi longue que votre bras ».    Si le sujet se veut sérieux et grave, il n’en demeure pas moins que son rictus n’a pas tout à fait disparu.    « Sachez en tout cas que je veillerai à prévenir le frère et la sœur de votre venue pour leur assurer que cette affaire, si importante à leurs yeux, est aujourd’hui diligentée par le premier lieutenant de notre si cher Commandant du Guet. Pourrez-vous d'ailleurs veiller à transmettre à ce dernier mes plus sincères amitiés lorsque vous le retrouverez pour lui faire le résumé de cette visite ? Mais… mais… pardonnez ma digression et revenons au pourquoi de votre venue ».    L’observation de cette semi-drow est aussi minutieuse que s’il s’était mis à disséquer les moindres surfaces lui faisant face.    « Qui pourrait prétendre de ne guère être affublé d’ennemis dans cette cité ? demande-t-il poliment avec son sens de la rhétorique habituel. Se hisser jusqu’au Joyau est assurément bien plus dangereux que de traverser le désert Zurthaan avec la conviction que l’on jouira encore de liberté une fois arrivé. Nenni, je crois que sayyid Ypsilantis et sayyida Rahmani étaient sans-nul bien moins appréciés qu’ils ne semblaient l’imaginer. Pour autant, nuls de nos corbeaux annonciateurs de malheurs ne vinrent toquer à cette porte les jours précédents leur éviction… Il était d'ailleurs surprenant de voir que durant ces jours-là, l'accalmie était si extraordinaire que nul n'aurait pu croire qu'elle serait l'annonciatrice d'un si funeste drame. J'ignore dès lors à quel modus operandi nous pourrions être confrontés et ne pourrais que me rapporter de nouveau à cette maxime préconisant de redoubler de méfiance lorsque l'eau paraît endormie ».
|
| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
Nombre de messages : 21 Âge : 30 Date d'inscription : 04/03/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 105 ans Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes Dim 16 Juin 2024 - 9:07 | |
|
La semi-drow observait avec minutie ce vieil homme au pouvoir si grandiose et dangereux. Sous ses airs décrépis et décatis, le vieux Kaelthar cachait dans le fond de sa tête des secrets arcaniques à faire frémir. Gorben lui avait préconisé la prudence, car à l'instar de Chipan de Geresh, il s'agissait ici d'un vieillard capable des coups les plus retors pour l'esprit. Heureusement, ils jouaient dans le même camp, et leurs efforts combinés leurs donneraient les ressources nécessaires pour faire tomber le masque aux véritables assassins.
- Endormir la méfiance de vos maîtres aura été leur perte, mais dénote aussi d'un esprit de conjuration. Avez-vous exploré la possibilité qu'il y ait, en ces murs, une personne à laquelle la mort des altesses aurait pu profiter ?
C'était fort brutalement dit, mais Uz'shina faisait rarement dans la dentelle, et préférait ses crochets balancés du droit. Elle avait un temps pensé que le responsable de la mort des Ypsilantis avait été Heracle, le nouveau Prince-Marchand, purement pour cet état de fait. L'enquête avait été réclamée par sa soeur, après tout, et la bâtarde avait cherché à dresser un portrait du nouvel homme fort de la maisonnée. Force était de constater, cependant, qu'il n'avait pas le profil pour ce genre d'action. Trop bouillant et impétueux, à moins bien sûr qu'il ne fusse aidé d'une tierce personne plus tempérée et réfléchie. Là encore, dans le couple gémellaire, c'était Adonia qui s'en occupait, mais qui pouvait affirmer qu'Heracle ne s'était pas trouvé une autre pour lui tenir la bride ?
- Je sais votre temps précieux. Néanmoins, cette affaire ne saurait traîner. Veillez, je vous prie, à me fournir au plus vite cette fameuse liste anotée, car certains négociants pourraient prendre le large par la mer ou la prochaine caravane d'importance. Le Guet est plus efficace au sein des murs qu'en dehors.
Uz'shina espérait être congédiée bientôt car la présence du magicien, bien qu'elle ne soit guère hostile, la mettait mal à l'aise. Dans le giron de Gorben, elle se sentait bien plus en sécurité pour affronter les tours spirituels de ces vers de tête.
|
| | | Adonia Ypsilantis
Humain
Nombre de messages : 52 Âge : 19 Date d'inscription : 26/02/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : 1m60 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes Jeu 27 Juin 2024 - 17:32 | |
|
L’empressement de la semi noireaude a, somme toute, quelque chose de fort déconcertant. Il réprime un nouveau sourire, amer et figé, pour ne point donner l’impression à l’invitée qu’il y aurait assurément de nombreuses choses à revoir dans ses manières. Est-il nécessaire de lui dire que de plusieurs ennéades se sont écoulées depuis que la jeune orpheline est venue quérir l’aide du commandant ? Dès lors, lorsque la semi-drow montre quelques signes d’inquiétude quant à la probable désertion des traîtres par la mer, Kaelthar se retient – une nouvelle fois – d’exprimer quant à lui quelques signes d'agacement. Le coup de grâce surgit lorsque, sûre d’elle et le timbre digne, la grisonnante s’attribue le mérite de l’efficacité au sein des murs, plutôt qu’en dehors.    « De toute évidence, répond Kaelthar en s’évitant de préciser que la principale raison ayant poussé la jeune Ypsilantis a réclamer un entretien avec le Bayezid était simplement pour s’assurer que ce dernier ne faisait pas lui-même parti des conjurés. À défaut d’avoir pu lire dans les pensées de ce sulfureux spirite, au moins s’était-elle assurée de lui transmettre un message, celui qu’une guerre aurait lieu, avec ou sans son aide pour retrouver les commanditaires et empaler leur corps sur des piques.    « Toutes les personnes exerçant une quelconque fonction au sein de ses murs, ont reçu la question, précise-t-il en laissant à la noireaude le soin d’imaginer la façon de procéder. Et je puis vous affirmer que les habitants de ce monumental phare aurait suffisamment de loyauté envers leurs maîtres pour rendre jaloux tous les princes et autres magnats fortunés de cette cité. Je ne puis donc que vous conseiller, gracieusement, de chercher le ou les coupables derrière nos murs avant que ne leur vienne comme une envie d’uriner l’idée saugrenue de s’enfuir pour échapper à votre mandat… Vous aurez en tout cas tout ce que vous désirerez de la part des deux Ypsilantis, soyez en certaine. Il ne saurait exister en ce monde deux âmes plus déterminées que celles-là , termine-t-il en souriant, cette fois-ci.
|
| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
Nombre de messages : 21 Âge : 30 Date d'inscription : 04/03/2024
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 105 ans Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes Jeu 11 Juil 2024 - 8:16 | |
| Uz'shina et la loyauté étaient de vieilles connaissances, ayant servi Bayez et son fils depuis sa plus tendre enfance. Elle savait cependant que la véritable fiédélité était un oiseau rare, et si elle nourrissait quelque doute quant au dévouement de toute une maisonnée, elle s'abstint bien de le dire, d'autant qu'elle ne doutait guère des compétences de Kaelthar à triffouiller dans toutes ces serviles cervelles. Au vrai, elle préférait surtout remplir sa mission et ne pas s'attarder en ces lieux dont les murs épais retenaient l'empire d'un dangereux praticien des Arts spirites. Une fois qu'elle eut possibilité de prendre son congé, la demi-sang se releva et fit une profonde révérence, soulignant qu'elle ne saluait pas seulement le représentant des Ypsilantis, mais également le magistère.
- Et pour cela, nous vous en sommes reconnaissant, Maître Kaelthar. Je m'en retourne auprès du commandant Bayezid. Sachez qu'il a la ferme intention de traduire ces meurtriers en justice, et qu'il y consacre toutes les ressources nécessaires.
Sa courbette effectuée, le demi-drow ne s'attarda guère longtemps au sein du phare. Elle avait d'autres chats à fouetter, d'autres pistes à remonter, dont la froideur annonçait un certain défi à relever. Néanmoins, elle pouvait compter sur nombre d'atouts, dont le plus phénoménal restait la capacité de son patron à s'immiscer dans la caboche d'autrui.
C'est justement ce à quoi il le trouva fort occupé, lorsqu'elle se rendit à nouveau dans la salle de commandement de la caserne. Elle s'était attendue à le voir comme à son habitude, triomphant et satisfait. Quelle ne fut pas son étonnement en le trouvant debout et en sueur, le torse nu, et buvant l'eau à-même une jarre de terre cuite tout en tournant autour de sa proie. Et dans quel était la retrouva-t-elle, cette proie, par ailleurs...
L'homme enchaîné aurait pu être mort. Fixant le lointain avec des yeux vitreux comme une baleine échouée sur la plage, il ne bougeait pas d'un pouce, à genoux et entouré de cercles concentriques gravés à la craie sur le sol nu et froid. Il avait l'air avachi sur lui-même, la bave aux lèvres, comme un trépané raté. C'était comme si l'esprit s'en était allé, mais que le corps demeurait dans une stase morbide, et Uz'shina ne put s'empêcher de frissonner rien qu'à cette pensée.
- Maître ?
Gorben reprit une grande goulée d'eau fraîche, avant de tourner son visage ruisselant de sueur vers Uz'shina. Il n'avait pas l'air soucieux cependant : son rictus presque extatique et ses pupilles légèrement dilatées témoignaient d'une euphorie peu commune chez un tel homme.
- Il est scellé !
Ce mot avait été prononcé avec une telle allégresse que le visage d'Uz'shina montra toute sa confusion au Bayezid. Ce dernier alla reposer sa jarre sur une table, avant de s'approcher de la demi-drow.
- Des sceaux d'interdit ont été appliqués sur certains domaines de sa psyché, m'empêchant d'y accéder. Cet homme sait des choses, et des choses que quelqu'un se donne beaucoup de mal à garder cachées ! Je ne sais pas qui est le spirite à l'oeuvre derrière cette ingéniosité, mais je le trouverai, je le féliciterai, et sois témoin, je le briserai à ma volonté. C'est si... stimulant !
Il dit ce dernier mot avec aplomb, avant de revenir derrière le prisonnier lobotomisé et de poser une main sur son épaule, ce à quoi le corps ne réagit même pas.
- J'ai encore beaucoup de travail avec notre ami. Il s'est montré très farouche au début, mais tu me connais Uz'shina, aussi doué qu'un maquignon avec les chevaux, j'apprivoise les esprits rebelles avec toute la fermeté qu'elles requièrent. Mais briser son esprit ne suffit pas : ça, c'est encore la partie qui m'est la plus aisée. Ces sceaux vont me donner un défi que je n'avais pas eu à relever depuis la mort de mon ancien maître, et je compte bien sur toi pour continuer à remonter les pistes pour les Ypsilantis. Maintenant, va. J'ai des couloirs à explorer, des portes à faire sauter... des vides à combler. Des brumes à éclaircir...
C'est un peu comme une malpropre qu'Uz'shina fut congédiée par Gorben. En passant à nouveau les gonds de la salle, cependant, elle restait abasourdie. Elle ne l'avait jamais vu tant exulter pour ce qui s'annonçait, à son sens, comme une difficile entreprise. Les spirites étaient des gens étranges, cela on ne pouvait lui enlever.
En parlant de spirite, par ailleurs, elle n'avait même pas pu faire son rapport avant d'être jetée dehors. Et alors que les portes se fermaient, un doute l'assaillit. Avait-il lu dans ses pensées à elle aussi sans qu'elle ne s'en rende compte ?
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Des Dragons et des Hommes | |
| |
| | | | Des Dragons et des Hommes | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |