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 [Conseil de Thaar] La dette ardente

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Ozkun le Magnifique
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Ozkun le Magnifique


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MessageSujet: [Conseil de Thaar] La dette ardente    [Conseil de Thaar] La dette ardente  I_icon_minitimeMer 17 Juil 2024 - 10:09

[Conseil de Thaar] La dette ardente  5srt2k
6ème jours de la 1er ennéade de Karfias d’Hiver, an 22 du XIème cycle
Le Joyau, Cité de Thaar




S’il avait put s’astiquer à en perdre la raison, pour sûr que les jours auraient serait venu à manquer. Ou était-ce du fait que ses bras trop courts l’empêchaient de se satisfaire personnellement ? Ou encore, était-ce la l’habitude que d’autres le fasse pour lui ? Voir, un brin de tout cela mélangé et qui le conduisait à une constatation simple : plus le temps de niaiser. Ô, la sanglante nouvelle avait résonné à ses esgourdes comme la plus douce des musiques ; une mélopée lancinante promettant monts et merveilles ; un parfait coup du sort, une duperie divine, une récompense que les dieux avaient posé comme un bel étron dorée sur sa sente. Thaar avait vibré et tressailli de concert d’un simple coup de schlass agrémenté de quelques draperies aux accents scéniques. Sans douter que toute ça vie, il pourrait se souvenir de l’instant précis ou on lui avait murmuré la nouvelle ; un fin frisson lui avait alors ébranlé la colonne, d’aval en amont, faisant frisé les poils grisonnants qui recouvraient sa peau de lait ; et il était resté ainsi, assis sur ses latrines dorées, un sourire carnassier aux lippes, grisé par l’immensité des perspectives nouvelles qui s’offraient maintenant à lui.

Dans la foulée, au lendemain pour être précis, on avait dut maintenir la face ; en balançant de la circulaire à travers les venelles et les ruelles, aucuns des Princes et Princesses siégeant au Conseil ne pouvait se permettre de perdre la face. Des « mesures d’urgences », voilà un bien beau nom pour de bien belles choses ; en réalité, chacun avaient plutôt cherché à sauvegarder ses acquis, imprimé dans la pierre les derniers contrats, tenté de suçoté la moindre dernière goutte de graillon encore attaché aux os fumants de la défunte. Une journée, plutôt ordinaire dans cette contrée du monde me diriez vous, une journée mordorée. Dans les Mille-Caves, l’odeur de la clinquante avait donné quelques idées aux plus avares ; bien qu’elle ne fût pas la meilleur des clientes, elle représentait pour certains une manière de recoller avec la période qui fût – en d’autres mots, les soutiens de feu Marzaban, l’avaient bien mauvaise car il perdait dans cette bataille, le dernier potentiel allié de poids face à l’injustice d’on ils se sentaient victimes. Mais pour Ozkun le Magnifique et sa foule de mignon batifolant dans son brillant sillon, l’avenir semblait on ne pouvait plus radieux.
La première nuit, il se surprit à jalouser l’auteur ; n’ayant dans une partie de son esprit, pas totalement abandonné l’idée d’en venir à de telle extrême un jour. Mais les cartes avaient été rabattues et comme tout bon marchand, il se devait maintenant de rebondir avec sa main.
Alors, le Maître des Caves n’y alla pas par moult chemin et convia ses pairs, à une assemblée siégeant via l’envoi de rapide coursier.

Les jours qui suivaient, furent le théâtre de quelques exactions ciblées. On lui rapporta par l’intermédiaire de la plèbe, les gibets dressés et les derniers promis par le Guet et son fameux Commandant. Le bougre ne manquait pas de panache, au contraire ! D’instinct, Ozkun qui lui vouait déjà bon crédit, en rajouta sans concession et prit les devants en lui faisant parvenir missive rapidement.

A l’incorruptible, indéfectible et défenseur de notre Cité, le  Commandant du Guet de Thaar, Gorben Bayezid,

Cher amis,

Je vous sais aussi, si ce n’est bien plus, occupé que moi, en ses temps troubles qui frappent avec puissance notre magnifique contrée. J’ai ourdi votre implication zélé quand aux punitions que vous réservez à cette bande de fieffé coquin se croyant au dessus des lois et veuillez savoir, mon cher, que dans cette démarche, je vous soutiens. Nous ne pouvons accepter que des meurtriers, qui plus ai, doublement reconnus, ne se pavanent en se targuant d’être la meilleur des solutions pour le bon peuple vaannis. Vous, Gorben, représentez le réel rempart face à cette insurrection que ne serait être toléré plus longtemps.

Aussi, afin que nous puissions entendre votre point vus sur ses évènements, je souhaiterais en personne vous convier à la séance du Conseil qui se déroulera aux sixièmes jours de cette ennéade. Cette missive fera office d’invitation exceptionnel qui vous ouvrira les portes du Joyau en compagnie des illustres siégeant qui s’y réuniront afin de définir une ligne clair, quand à la suite des évènements.

En ayant la chance de vous rencontrer très bientôt, veuillez recevoir mes salutations les plus cavernicoles.

Sa Pansité, Ozkun Ozisson le Magnifique, Maître des Caves, Prince Marchand de Thaar et des Sept-Monts, Membre du Conseil de Thaar.


Cet homme qui n’en était pas totalement un, était un homme dangereux. Aussi, Ozkun préférait l’avoir au plus proche possible de sa couenne durant les jours qui passeraient. Bien sûr, il avait prévu moult de colifichets graverunique dans la panoplie qu’il arborerait le jour-j. Des systèmes de défenses qui rendraient son esprit impénétrables – ou presque, par le maître spirite. Amis oui, mais jamais trop, ainsi était fait le monde quand on évoluait aux sphères les plus hautes du pouvoir.

Enfin, ce ne fut qu’une juxtaposition d’évènements mineurs qui le conduisaient enfin, jusqu’à la belle soirée hivernale. Il avait dut mettre au second plans ses affaires courantes, mais quoi de plus normal ? Dans le cortège qui le conduisait en direction du Joyau, les nains avaient fait étalage de belle richesse ; dans son sillage, ils distribuaient nourritures et mânes à la population nécessiteuses, un hérault clamant en permanence le deuil incommensurable qu’affrontait aujourd’hui Thaar et son peuple face à sa terrible perte et les actes odieux commis par l’Aile Blanche. Cette pantomime se déroula jusqu’au dernier moment, jusqu’à que les portes du Conseil ne se referment totalement, sur le huis clos qui allait se jouer, décidant de l’avenir du monde.

« Mes chers confrères et consœurs, mes chers amis et amies. C’est avec émotion et grande tristesse bien sûr, que je vous ai convié en ce jour. Thaar souffre, Thaar réclame, Thaar est blessé. Face à l’acte terrifiant d’on la Princesse de Chaire fut la victime, face à l’acte infâme d’on les Ypsilantis furent frappés, nous ne pouvons rester les bras ballants. Dans nos venelles, s’égosillent des rats se pensant doté d’ailes immaculés. Hors, c’est le sang de nos pairs qui fut versé. A travers ses ces agissements, c’est notre position qui est attaqué. Aussi, ais-je pris la liberté, de convié le Bayezid à notre illustre assemblé. Nous devons faire front et nous devrons en suite, faire fond. L’héritage d’Ulda’Rhiz, ne peut rester bien longtemps sans cadre précis. Ô, je me permets de l’affirmer, Maralina, n’aurait pas voulu cela. »

La Mère des Putes était morte, vive la Mère. Se rasseyant lourdement dans son confortable  séant, il était secondé à sa droite, par la délégation des Angharads et la Princesse de Sel. L’Espadon de Nacre non loin à sa gauche, en somme, ses meilleurs alliés, qui tous trouvaient bon calculs dans cette entreprise. L’Aile Blanche, venait d’entrer dans un rouage qui la dépassait ; les séides de la Loge d’Onyx étaient convaincus de son innocence, mais, quelqu’un devrait bien payer la note.
Restait à savoir qui.


Dernière édition par Ozkun le Magnifique le Jeu 18 Juil 2024 - 10:32, édité 1 fois
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Shaheem Angharad
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MessageSujet: Re: [Conseil de Thaar] La dette ardente    [Conseil de Thaar] La dette ardente  I_icon_minitimeMer 17 Juil 2024 - 14:54


La reine des putes était morte. Décapitée. Ses paupières se refermèrent une nouvelle fois, alors que ses doigts tremblaient presque, laissant au silence son souffle de plus en plus court, jusqu’à ce que de ses lèvres jaillissent la petite mort. N’était-ce pas ironique que de célébrer le trépas de la Princesse de la Chair en baisant de tout son soul ? Le regard hagard, elle cachait son sourire triomphant dans la chevelure rousse, accroché à son sein. La victoire avait un goût si enivrant qu’il lui paraissait inconcevable à présent de s’en passer ; voilà donc cet étrange sentiment qui muait les conquérants, cette drogue invisible qui rendait accro à la première bouffée. Elle le comprenait mieux à présent que son cœur semblait bondir dans sa poitrine, que tout lui semblait si accessible, que le sang refluait encore et encore dans son entrejambe. La vérité sans fard : elle était excité parce qu’on avait raccourcit d’une tête une bonne femme. Passé le malaise de cette première constatation, c’était l’euphorie. Plus encore, la situation était parfaitement ironique, qu’elle s’était même surprise à rire lorsqu’on avait annoncé la nouvelle. Finalement le Dragon n’était pas si terrifiant, même s’il avait fallut lui couper la chique pour que tombe la couronne. Shaheem ne se l’avouerait jamais, mais c’était là le plus beau jour de sa vie, à n’en pas douter.

Puis, passé l’allégresse de la première heure, après avoir jouit et fait jouir, après avoir plongé de tout soul dans cette addiction nouvelle, il avait fallut agir comme on attendait d’elle, refoulant dans un coin les vagues pernicieuses de satisfaction qu’un pareil réveil lui avait procuré. Elle convoqua les membres de sa suite les plus proches, et leur demanda force de détail. On dépêcha dans les rues des commanditaires, qui firent quelques croquis, notèrent quelques brides de conversations, prirent les marques de l’odieux crime pour en faire le rapport. Et rapidement, ce qui avait été la liesse d’une victoire facile se transforma en désagréable pressentiment. Foutre-Néera, que les choses pouvaient devenir compliquées en un battement de cils ! Et il avait fallut que l’abruti qui était tantôt son héros se prenne pour un artiste ! Une tête coupée n’était donc pas une œuvre suffisante pour qu’on y ajoute, en sus, des ailes rougeoyantes ? Voilà qui la mettrait à coup sûr dans l’embarras. Mais soit, elle avait mieux à faire que de s’apitoyer sur du vide. Le Conseil ne serait convoqué que plus d’une demie-semaine plus tard, et en attendant, elle s’était fait fort de laisser la charge de l’enquête au plus incompétent de toute la cité.

Et elle ne fût pas déçue. A la hauteur de sa réputation, le Guet fit ce qu’il savait faire de mieux : de la merde. Une aubaine pour elle, qui, depuis ses appartements regardait le chaos se créer dans un brouhaha malheureux. Qui encore doutait de l’utilité des sacrifices ? La Princesse de Sel retrouva le sourire. Son temps arriverait bien assez tôt. Il lui fallait encore un peu de patience, et beaucoup de courage. Au palais des Angharad, on accepta de loger la famille de ceux qui y travaillaient, leur offrant un refuge dans la tempête qui prenait la basse-ville. En échange, ceux qui retournaient quotidiennement tenir commerce ou traîner dans les rues, lui rapportait ce qu’ils y avaient vu. Elle attendit le deuxième jour après la mort tragique de Maralina pour sortir de ses pénates. Alors, elle se fit fort de parcourir tous les murs qui lui appartenaient dans cette foutue ville. Dans la sombre période de Thaar, elle se voulu soleil. La trouille avait beau lui tenir les tripes, elle faisait bonne figure, offrant sourires et palabres aux chalands. Elle assurait de sa sympathie aux uns, réconfortait les autres… En somme, elle occupait le terrain de charité laissé vacant.

Si on la vit brûler un bout de papier jusqu’à ce qu’il n’en reste que des cendres, nul ne sût réellement de quoi il en retournait. Pourtant, une chose était certaine : Shaheem n’avait pas ménagé ses efforts ces derniers jours pour préparer au mieux la séance. Aussi, quand le temps fût venu, elle se sentit tout à fait à son aise, bien que fatiguée. Le parvis du palais avait été débarrassé de l’immonde face, mais il restait encore sur la pierre des traces rougeâtres que la pluie n’avait su laver. Ainsi donc, c’était là qu’on avait hissé la caboche ? En voyant l’agitation ambiante, il était difficile de croire que l’acte avait été perpétré sans que personne ne remarque rien. Surtout que les premières rumeurs faisaient état d’un crime commis par une servante. Comment une femme mal éduquée avait-elle pu agir avec autant de brio ? Non, vraiment, l’Asharite n’en croyait pas un traitre mot. Elle n’était pas enquêtrice, mais l’affaire semblait quand même plus complexe que cela. Voilà en tout cas qui assurait un conseil animé, le dernier analogue étant certainement celui où Diolando avait raté sa tentative d’avortement forcé. Quel dommage que cet imbécile n’ait pas poussé plus fort à ce moment-là. Ce fût donc la moue contrariée par les souvenirs amers qu’elle pénétra dans la grande salle, Mihai et Archibald sur ses talons.

Le lieu lui était parfaitement familier. Combien de fois avait-elle suppléé son oncle à l’époque ? Oui-da, l’étrange odeur de la cire sur le bois de la grande tablée lui apportait le même réconfort que la vue des salants. C’était à la fois son passé, son présent et son avenir qui se tenait dans cet air chauffé par de larges cheminées. Une fois les portes closes, difficile de croire qu’au dehors l’hiver était déjà bien installé. C’était un lieu où le temps se suspendait, l’espace de quelques heures. Les cathèdres étaient toutes remplies, et chaque homme et chaque femme de l’assemblée constituée était à la fois ce que l’Ithri’Vaan faisait de mieux et de pire. Une seule chaise demeura vide. Un seul être disparait et tout votre bonheur est décuplé disait l’adage. Une fois le nain rassit, elle se leva à son tour, sondant ses commensaux avant de prendre la parole, haut et fort.

« — Votre parole est d’or votre Pansité, et je suis ravie de vous voir rejoindre notre assemblée, vous comme son Altesse Héracle. Toutefois, cela me désole de vous accueillir dans de si funestes conditions. Puissiez-vous succéder à vos prédécesseurs avec sagesse, car nous sommes ici l’héritage vivant de ceux qui furent.

Elle n’aurait pas pu mieux mentir qu’en cet instant, elle qui aspirait justement à être plus qu’un simple héritage. Il était temps que souffle le vent du changement. Et même si on avait coupé l’herbe sous leur pieds, accélérant de fait leurs ambitions, le plan restait inchangé.

Mais, mon ami, n’est-ce pas aller vite en besogne que de désigner coupable sans même prendre la mesure des éléments à notre connaissance ? J’ai moi-même parcouru la basse-ville, vu des choses, entendu des rumeurs. Le crime dont la Princesse de la Chair a été victime est odieux à plusieurs titres, et nous secoue jusque dans les fondements même de notre société. Mais messieurs, mesdames, avec toute l’admiration que j’avais pour elle, Maralina n’était pas dénuée de défauts. Des défauts qui, je le crois, on conduit jusqu’à cet acte honnis. C’est pourquoi je crois qu’il serait opportun d’écouter en premier lieu notre brave commandant du Guet. Ceux venus de loin l’ignorent peut-être, mais messire Gorben n’a guère mesuré ses efforts après la découverte… Après la découverte de la compromission du corps de la Princesse Maralina. Alors, messire, dites-nous. Avez-vous mené l’enquête comme nous vous en avions chargé ? Qu’ont donc révélé ces hommes et ces femmes que vous avez fait pendre en notre nom ? L’assemblée vous écoute ».

Elle s’était rassise dans le calme, attendant que le chef des handicapés armés prenne la parole. Elle ne l’avait jamais rencontré formellement jusqu’à présent, mais la qualité de ses hommes en disait certainement long sur lui-même. Pour sûr, elle ne lui accorderait aucun crédit. Mais ça, tous l’ignoraient autour de la table.
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Gorben Bayezid
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MessageSujet: Re: [Conseil de Thaar] La dette ardente    [Conseil de Thaar] La dette ardente  I_icon_minitimeJeu 18 Juil 2024 - 9:36

Gorben, ce matin-là, s'était levé de bonne humeur, et d'un pied sûr. La missive de Sa Pansité lui était arrivée par la main du Chafouin le précédent soir, l'invitant à la prochaine tenue du Conseil des Princes. S'il y avait déjà eu quelques rares précédents en période de crise, c'était pourtant bien la première fois que le Bayezid lui-même y assisterait, et la seule pensée de côtoyer tout le gratin dans cette salle légendaire lui donnait quelques frissons de satisfaction. Les années à s'engraisser sur le dos de la population et à la main des Princes-Marchands l'avaient amené à sinon les égaler en terme de pouvoir politique, au moins s'en rapprocher, plus encore alors que quatre pontes avaient été assassinés en l'espace de quelques mois.

Uz'shina l'avait escorté jusqu'au Joyau, ainsi qu'une vingtaine de miliciens du Guet, tous des affranchis. L'humeur dans la cité était mi-figue mi-raisin : les pendaisons avaient rendu le Guet impopulaire pour certains, mais sa distribution généreuse de victuailles et l'aile souillée de sang des terroristes avait plongé la populace dans une certaine confusion. L'obscurité régnait plus que jamais sur toute cette affaire, et s'il y avait des gens pour s'indigner, il y en avait aussi pour féliciter, ou pour simplement s'éloigner de toutes ces galères secouant la ville. Vivre aujourd'hui et le lendemain était après tout plus important pour l'homme de rien qui, se contentant de peu, se préoccupait encore moins des manoeuvres se déroulant au-dessus de sa pauvre tête.

A peine entré au sein de l'énorme salle circulaire éclairée de sa large coupole, et Gorben dut réprimer un sourire en coin. Alors qu'il étendait légèrement les appendices de son esprit affûté, il put sentir les barrières érigées contre lui. Le Nain, surtout, s'était paré de colifichets fort intéressants et de merveilleuse conception. Des bijoux dont il voulait connaître l'artisan, pour lui en aspirer le secret de la caboche. C'en semblait presque une invitation à essayer de pénétrer toutes ces défenses, mais l'heure n'était ni au jeu ni à la vanité. Il y avait matière plus importante à plancher...

Et le Magnifique ouvrit le bal de bien éloquente façon. Maralina, généreuse bienfaitrice du Guet, avait toujours eu la sympathie de son commandant, bien qu'il ait préféré ne pas trop s'en rapprocher pour des raisons à la fois politiques et personnelles. La réputation sulfureuse et fourbe de la défunte l'avait tenu éloigné de ce qui ressemblait plus à un traquenard qu'une réelle bienveillance. En somme, il avait fait son devoir avec courtoisie, rien de plus. Et, qui sait, peut-être cette apparente sobriété lui serait-elle utile en heure, lorsque les rapaces réunis dans cette immense rotonde en sortiraient bec et ergots vermeils.

Lorsque la Princesse de Sel prit la parole, des relents d'hostilité suintèrent de son être. Il était évident que la jeune femme ne l'appréciait guère, et il est vrai qu'il avait prit quelques libertés quant aux représailles pour la mort de la Princesse de la Chair. Il était clair, pourtant, qu'un coupable se doive d'être désigné. Il coula un regard gris à la Princesse-Marchande, mais n'étendit guère ses appendices vers elle, conscient qu'une intrusion découverte aurait signé son arrêt de mort. Il n'en avait pas besoin, à tout le moins : son attitude tentait à peine de voiler son dédain.

Après avoir sensiblement acquiescé du chef, le Bayezid leva sa grande stature de son siège pour prendre la parole. Ses mains étaient vides, il n'avait pas besoin de notes, sa mémoire était son arme la plus terrifiante. Joignant les bras sous les amples manches de sa robe rouge et or, il parla d'un timbre clair et audible, enrichi par la vaste voûte couvrant leur tête à tous.

- Tout d'abord, je souhaiterais saluer les augustes personnages de cette assemblée, et remercier Sa Pansité Ozkun le Magnifique pour son invitation plus que généreuse à ce Conseil.

Un profond signe de tête au Nain, et il en revint au sujet principal.

- Une enquête a bien été menée, Princesse. Si certains éléments sont encore à définir pleinement, je suis arrivé à mes propres conclusions en usant des ressources dont dispose le Guet dans la cité, et également de celles dont je dispose personnellement à plus grande échelle.

Gorben prit une grande inspiration. Ce qu'il allait dire n'était guère agréable à prononcer, mais il le fallait.

- Il est actuellement impossible d'identifier le véritable assassin de la Princesse de la Chair. Il semble que tout ait été mis en oeuvre pour que le meurtre soit à la fois visible, frappant, et ne laisse pourtant aucune trace de son auteur. Certes, une... aile sanglante, représentant le symbole de l'Aile Blanche, a été retrouvée dans les quartiers de feu la Princesse Maralina. Cependant, ce n'est pas ce groupuscule qui a commis le meurtre, et cela, j'en ai la certitude.

Assez osé à dire, après avoir lui-même lancé la rumeur à travers la ville. Il continua néanmoins, toujours debout, n'ayant pas fini. Son regard brun fixait tour à tour son attention sur chaque membre de l'assemblée, ne se focalisant pas que sur la seule Shaheem.

- L'Aile Blanche n'ayant aucun meurtre prémédité à son actif, uniquement des actes de vandalisme, de troubles à l'ordre publique, et autres crimes mineurs, il est fort peu probable qu'elle ait pu perpétrer un attentat aussi bien orchestré. L'auteur de l'assassinat a simplement cherché un bouc émissaire.

Son regard s'arrêta sur Héracle Ypsilantis, le frère de sa douce amie Adonia. Il avait l'air plus coriace d'extérieur que d'intérieur, et ses larges mains racontaient une histoire qu'il n'avait même pas besoin d'aller chercher au fond de son crâne.

- Mais nous ne parlons pas d'un seul meurtre, bien évidemment. D'autres Princes-Marchands ont récemment trépassé dans des conditions plus que douteuses. Vos regrettés parents les premiers, honoré Prince, avec pour armes viles le poison et la dague.

Son visage se tourna ensuite vers Ozkun.

- Ou encore votre prédécesseur Marzaban Ambreroc, Votre Pansité. Assassiné par des sauvages des terres zurthanes. La concentration d'autant de meurtres de personnages importants de la Cité de toutes les Cités ne peut signifier qu'une chose : un lien les lie tous, et pas des moindres. C'est une conjuration qui est en train de s'abattre sur votre auguste collège, car ce sont des assassinats à but politique, qui visent la déstabilisation de vos états. Une puissance supérieure vous souhaite du mal, et ce qui est sûr, c'est qu'il ne s'agit d'aucun d'entre vous, car ébranler votre institution est sans doute la dernière chose que vous souhaiteriez tous. Non, ce n'est pas l'un d'entre vous. Le coupable est à aller chercher ailleurs qu'en cette Cité.

En somme, à qui profite le crime. Selon Gorben, dans une magistrature ploutocrate et marchande, il était bien mal avisé de raccourcir les têtes de ses partenaires commerciaux, même si on le souhaitait ardemment. Or, Thaar était riche, et jalousée de toutes parts par d'autres entités à l'appétit vorace. Certes, il ne désignait aucun véritable coupable, ou pas directement. Car entre les lignes de son plaidoyer coulait l'encre de ses véritables soupçons, qu'il nourrissait depuis désormais quelques nuits...
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Heracle Ypsilantis
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MessageSujet: Re: [Conseil de Thaar] La dette ardente    [Conseil de Thaar] La dette ardente  I_icon_minitimeSam 20 Juil 2024 - 5:03





En contre-bas de la falaise, sur laquelle dominait en maître le somptueux sémaphore Ypsilantis, s’était aventuré de bon matin sur les grès de plage le Prince de l’Olienne. Pour une fois, il sembla que la chiasse blanche ait consenti à un cesser le feu, ne laissant son altesse qu’aux bons soins de la toute fraîche alizé côtière. À observer le tableau de son visage aux traits éreintés, on pouvait y remarquer le rose de ses joues, masqué par l’épaisse barbe qui lui servait de pelisse faciale. Il faisait ici au dehors si froid, qu’il ne donnait pas cher au bougre qui oserait tirer sa pisse à tout vent. Pourtant, c’était bien sur le rivage que le Prince se trouva, lui qui tantôt profitait encore de la moiteur de l’édredon sous lequel il avait lascivement partagé la couche. L’échine roidie par l’impétueuse brise hiémale, il avait pensé que la morsure de ce froid lancinant aurait pour qualité de le fouetter suffisamment, qu’il puisse s’échapper à la frustre qui le tenaillait face à la découverte du chiendent qui harassait par sa présence ses plus juteuses affaires. Adonc, sous le joug de la plus totale des noirceurs, il chassa l’obscurité de la torche fumante qu’il tenait dans le creux de sa patte, puis cessa le mouvement de sorte à illuminer le seul comparse à ses côtés. Remuant désormais guère à peine que les bouts de ses orteils, le boutefeu de ses plus récents maux luttait pour que son cœur ne cesse de tambouriner, tant la froidure avait laissé ses traces contre son corps garroté. Le regard falot, le moribond zébré par les engelures était recroquevillé tel une huître sur la rive, les embruns venant chaque fois madéfier d’avantage ses haillons pétrifiés de glace.

- Je veux bien te donner ça, ta ténacité m’a tant mis sur les dents, que même battre la coquille de mes putasses ne parvient plus à me faire trouver le prompt repos que je mérite. Par la malepeste, je maudis mes hommes d'être démunis de ne serait-ce qu’une once de la loyauté dont tu couves ton débiteur, affirmât Héracle, la mine déconfite. J’ai bien peur que nous n’ayons plus rien à tirer de toi, et cela m'en coûte! Ne me suis-je pas montré envers toi magnanime, voir même miséricordieux, moi qui ai offert si souventefois chance au prolongement de ta vie ? Tu n’avais qu’à me faire présent d’un seul et unique nom, pour qu’à l’eau je te redonne la liberté, continuât le prince dans sa faconde de plus en plus bouillante. D’un genoux ployé, l’Ypsilantis s’approcha du glaçon lige, une envie de meurtre s’étant désormais joliment emparé de son regard. MAIS NON, IL A FALLUT, QUE, TU, T’ENFONCES, DANS TES, PRINCIPES, DE CORNIAUD, hurla-t-il, entrecoupant sa volée lyrique et furibonde dans une pléiade de coup de torche directement dans son crâne.

Après que le brasier se soit consommé aussi prestement qu’il en avait illuminé les cieux, Héracle cherchât à reprendre contenance en s’essuyant le visage du revers de sa manche, la patte tremblante. Il laissa sertie dans l’œil du macchabé sa torche de tantôt, se retournant pour apercevoir un de ses hérauts, le visage blanc comme un cul. Albuginé par le froid ou l’horreur du spectacle dont il fut l’involontaire public, le coursier tendit vers Héracle une missive qui, au vu du temps et de l’endroit, ne pouvait se faire languir davantage. Ainsi, l’irascible Prince s’enquit de l’écrit et en parcourra les lignes en toute hâte.

- Morte … Elle est morte! Scanda-t-il sans retenue et cela avec toute la griserie du monde. Par le froid qui ne démordait pas d’engourdir le Prince, il se pouvait qu’il doive la liesse qui l’avait si aisément enfiévré aux neurones qui commençaient doucement à coaguler. Détachée du restant de son si désirable corps, on avait ôté de ses épaules la pesanteur de sa tête aux yeux de biche. Lui qui avait eu la déveine de converser avec elle, par quelques fois s’était imaginé l’ensemencer de la même manière. Privée de trombine, elle aurait eu pour qualité de lui épargner son agaçant caquetage pendant qu’il la labourerait.

Adonques, par le trépas de la Reine lécheuse de jonc, se fragiliserait les soubassements de son si auguste empire de la chair. Le sacro-saint obélisque de l’Irohivrah s’était effondré au même instant que son corps avait gerbé par le cou l’entièreté de son sang désormais plus si bleu. Par la brèche de son décès, il était à prévoir qu’avant longtemps, un cuisant engouement allait bientôt cingler vers tout Prince qui en apprendrait l’heureuse nouvelle. Plus certain encore que la mort du larron derrière lui, un conseil aurait lieu, duquel il en profiterait oui pour discuter de la décapitée, mais aussi de ses autres desseins. Et cela lui plut plus que de raison, car il gracia le coursier d’une besace bien dodue de pièces sonnantes et trébuchantes.


- Je m’occupe de faire le ménage. Offres-toi de quoi boire et à baiser, je t’en prie, assura le Prince, le visage loin au large du tumulte rageux qui l'avait plus tôt assaillit.



***



Ainsi arriva le jour tant attendu, où les plus grandes figures politiques allaient se concerter de sorte à ce que sur les petites genses, ne raisonne plus qu’une voix face à l’effervescence des dernières ennéades. Bardé de lourds harnois et d’autant d’aciers en guise d’escorte, Héracle avait conquit les venelles et les artères qui menaient au joyau. Pour tout dire, il n’avait ici jamais mis les pieds et cela était pour lui, du plus agréable des baptêmes. On sentait dans les corridors l’énervements des gens d’y voir se mouvoir tant de puissance et de richesses en l’état des hommes et femmes qui s’étaient massés au castel. Fidèle à ses habitudes, il ne cherchât guère à attirer attention, cheminant sans ambages vers la grand salle où se consoliderait -il espéra- la pérennité de leur mère patrie. Saluant avec déférence chacun de ses commensaux, il siégeât à la sénestre d’Ozkun et s’engonça confortablement dans le plus total des mutismes, le temps que les premiers échanges fusent.

Les politesses furent tôt tassées par le revers des mains princières, de sorte à ce que le vif du sujet soit abordé avant que vieillesse en fasse pendre seins et couilles. Ainsi donc le cerbère de Thaar avait cherché faire d’une pierre deux coups. Opiniâtre était l’épine de l’aile blanche dans le pied de la Magnifique et maintenant que l’occasion de présentait de les jeter gratuitement sous la caravane, il eût été bien dommage de lever le nez à pareille bonne fortune. Puis après, plutôt que d’être pendus pour de moindres délits, dans le plus triste des anonymats, n’avaient-ils pas intérêt à être débalancé sous le nœud la corde pour les plus notoires assassinats ? En finalité, Gorben leur rendait fier service que de les affubler d’une telle renommée! Ils se voulaient redresseurs de torts, combattants de la veuve et de l’orphelin contre l’ignominie des plus opulentes figures : c’était désormais chose faite. Après, s’ils n’avaient rien à se reprocher et se montraient de ces massacres blancs comme neige, tant pis. Le Prince aurait certainement plus de chance de voir mouiller ses joues de peine par la vue d’asticots sur le jambon de son petit déjeuner, que la perte d’innocente roture.


- Ainsi nous sommes d’accord, commandant, se fit-il entendre sans plus amples ambages. Les débiteurs de ces turpitudes dont nous sommes les cibles vivantes proviennent de plus lointains horizons que ceux de la sublissime Thaar. Par l’assassinat de tous ces Princes, un séisme fût provoqué et sévit ce jourd’hui encore en secouant chaque jour qui passe un peu plus la paix de son bon peuple. Oui, on peut jusqu’à la haute tour du Joyau sentir les relents de la peur, de la crainte. Peut-on les en blâmer ? Nous qui semblons si hautement juchés sur nos cathèdres dorées, capables de dilapider la plus auguste des fortunes pour assurer le maintien de nos têtes là où elles sont, s’en sont vu privés par trois fois! Que peuvent ces gouapes face au petit peuple s’ils peuvent si aisément disposer de nos vies ? Il prit un moment pour observer d’un regard entendu sa commensale de dextre, l’Asharite bien salée, puis revint vers Gorben pour mieux couler du regard vers ses pairs. La peur aiguillonne le désordre et convie le chaos ; le malheureux décès de nos collègues a affouragé ce sentiment d’insécurité, acquiesça-t-il pour lui-même, s’en retournant vers le commandant du guet. Mais vous y avez aussi contribué en mettant sur vos épaules à la fois la chappe du juge et du bourreau, commandant. Point je ne condamnerai vos actes, car elles furent oui je le crois, dans l’intérêt de la paix et de l’ordre : qu’ils soient relayés aux crimes mineurs, l’aile blanche n’en reste pas moins coupable de leurs délits véritables. Mais je fais appel à votre tempérance, qu’elle vienne tiédir vos prochaines actions quant aux mesures prises contre l’aile blanche. Du moins, jusqu’à ce que la peur et que la débâcle de ce séisme soient jugulées par les bons soins de cet illustre conseil.

La manière de cautériser la plaie, l’Espadon de l’Olienne en avait une idée, et bien qu’elle lui brûlât les lèvres d’être révélée, il préféra languir sa délivrance et que se positionne ses pairs.




Dernière édition par Heracle Ypsilantis le Jeu 25 Juil 2024 - 10:33, édité 1 fois
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Ozkun le Magnifique
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MessageSujet: Re: [Conseil de Thaar] La dette ardente    [Conseil de Thaar] La dette ardente  I_icon_minitimeJeu 25 Juil 2024 - 8:47


Après les flagorneries d’usages, viendrait le temps des demi-vérités et des hypothèses alléchantes ; une activité dans laquelle les Princes et Princesses siégeant de cette illustre assemblée, excellaient en tout point. Le Maître des Caves s’était confortablement calé dans l’enchevêtrement d’édredon et de coussins qui retenaient avec quelques difficultés les pans de saindoux qui composaient sa carcasse. La panse totalement à l’air, tendue et aussi ostentatoire d’une fille de joie se trémoussant dans une venelle sombre et serrée, il dégoulinait littéralement d’or. Un millier d’once le recouvrait sous différentes formes, de la simple parure à la breloque la plus élaborée dans laquelle luisait des gemmes provenues tout droit des montagnes du bord du monde, le lointain Septentrion. On aurait put le prendre pour un avatar même du dieu Fortuné auquel la communauté des nains des dunes adressaient ses prières et ses plus sombres suppliques ; et c’était là exactement l’effet recherché. Car Ozkun, ou qu’il résidait, restait l’être Magnifique, grand ver dorée de son âge.

Ô, il avait tendu l’esgourde et dans le bons sens ; bien qu’il figurait parmi les plus récents à cette place, il se sentait déjà comme coq en pâte, comme si toute son existence s’était construite autour de ce moment. Ses prunelles rieuses ne cessaient de faire bond entre les différents belligérants ; des associés à ceux qu’il faudrait encore convaincre, tous affichaient différents faciès et on pouvait en sentir certains, bien moins porté par le discours qui était entrain d’émerger. Le Vatna possédait toujours une certaine influence, notamment sur les caboches les plus faibles et son tarin – qui le trompait rarement, était entrain de lui annoncer que certains chiaient littéralement dans leurs sarouels aux évocations du commandant du Guet et pis, du Prince de l’Olienne. Se devait-il alors d’enfoncer le clou de se terrible cercueil ? Car il était clair pour lui et ses mignons, que ses vauriens de l’Aile Blanche n’avait put organiser un tel coup : des malandrins aux oreilles coulant encore du lait de leurs mères qui se gaussaient d’avoir répandu un peu de peinture fraîche sur un bâtiment ; pas de quoi en faire de réel calamités et Ozkun pensait connaitre quelques coupes jarrets de bas étages ayant disposé fait de biens meilleurs coupables. Bien sûr, il s’agissait là, de conclusion personnel, mais elles étaient étayé par des faits bien plus pragmatique : La Loge d’Onyx surveillait cette organisation depuis des ennéades maintenant et aucuns plans de cette acabit n’avait transpiré de leurs derniers agissements.

Les coupables pouvaient être nombreux, un autre Prince ou Princesse ? A minima, vu la somme des moyens engagés, mais pour lui,  les réels coupables, étaient loin. Ils se reposaient à l’ombre du volcan, attendant que le chaos s’empare de la Cité éternel. Alors, il avait un temps envisagé de montrer aux yeux de tous, quelques preuves à peine truqué de la présence des sombres à Thaar, mais cela, n’aurait fait que jeter une huile chaude sur un brasier couvant. De plus, il pouvait difficilement  mettre en avant l’existence d’espion venu de l’Elda, sans risquer de compromettre la Loge d’Onyx et cela, lui était impossible. Néanmoins.


« Que voici donc terrible constat que vous nous comptez ici, commandant. Ô, j’irais jusqu’à dire que votre zèle vous honore, mais, nous ne pouvons continuer à jeter l’opprobre sur le peuple sans risquer quelques complications. Faim, froid et mort forment un agglomérat parfait pour nourrir les instincts les plus révoltés, vous devez le savoir mieux que quiconque Gorben. Alors, peut être devrions nous en ses temps troublés, saupoudrés de sucre notre miel afin de le rendre plus doux. Voyez vous, je partage votre conviction et aimerait en faire part à mes illustres confrères siégeant : ce terrible meurtre raisonne à mes oreilles comme une piteuse mascarade. Maralina, Demetor et Elvira, Marzaban, pouvons nous réellement croire qu’ils soient tous les victimes de quelques hasards, pis, de quelques porteurs de lames aux intentions simples ? Un fourvoiement qui nous conduirais tous dans un trou dans le désert et croyez moi chers amis, je sais de quoi je parle. Si ses actes furent conduits par des tiers, il m’est difficilement croyable qu’ils n’en fussent pas guidés. Mais de tels accusations, se doivent d’être lestées de preuves solides et aussi éclatante que l’or aux yeux de tous. Alors, en attendant, il nous faudra peut être courir après quelques chimères afin de d’agir par élimination en disculpant ceux que nous pensons coupables. Ma proposition, cher confrère et consœurs, est donc la suivante : Viliam des Adain’Vinje. Chef des faquins, qui, il me semble, n’est inconnu à personne ici. Vous le connaissez même personnellement Princesse de Sel et je gage, que vous serez nous en dire plus sur sa personne, mais peut être devrions nous, afin le laver de tout soupçon, lui faire subir un interrogatoire en bonnet et formes. Nous disposons de suffisamment de talent et de savoir faire, pour faire lui extraire la plus pure des vérités. »

Son visage poupon mangé par la guède et les joyaux affichait la mine la plus débonnaire qui soit ; ses mires coulèrent en direction de Shaheem, puis de Gorben, lui lançant un regard des plus équivoques : le spirite devrait user de son art. Ozkun soufflait d’une certaine manière, le chaud et le froid mais le Maître des Caves se trouvait dans une position ambigü : sans la Princesse de Sel, il n’aurait eu aucuns remords à accusé pleinement l’Aile Blanche des plus sales méfaits, hors, pour un raison qui lui était propre, Shaheem misait sur ses larrons. En tant que récent associé et pour la bonne amie qu’elle représentait à ses yeux, il ne pouvait piétiner ses plats de bandes. Alors, mieux valait-il user du compromis dans un premier temps.

« J’espère en suite, que nous pourrons rapidement nous concentrer sur l’avenir. L’héritage de Maralina, ne serait subir plus longtemps trop d’inconstance, il nous faudra ériger quelques belles barrières afin d’éviter que son empire, ne soit dilapider et corrompu par les plus vils des arrivistes et autres vautours. »

Sur cette annonce, il prit place à nouveau s’étalant de toute sa largeur dans un grommellement sonore. Loin d’être dupe, tous devaient avoir à l’esprit que, la Reine des Putes mortes, c’était bien les Mille-Caves qui se taillaient une part du lion dans cette affaire. Ô, ils en viendraient peut être à bientôt l’accuser lui, bien que la disparition de Marzaban agisse maintenant comme un bouclier face aux rumeurs. Toujours confortablement assis, Ozkun prit conscience l’espace d’un instant bref, qu’il était en ce monde, le nain le plus puissant qui soit. Pensées qui dans les méandres de ses chausses, fit naître une parfaite demi-dur ; l’avenir lui semblant comme toujours, bien plus qu'ardent.

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MessageSujet: Re: [Conseil de Thaar] La dette ardente    [Conseil de Thaar] La dette ardente  I_icon_minitimeDim 13 Oct 2024 - 18:56

Autour de la table du Conseil, les langues s’ébrouent et les séants s’agitent d’inconfort, d’excitation et de suspicion. La disparition – tragique – de Maralina émeut tout le monde, bien sûr, et c’est presque les yeux noyés dans les larmes que tous les Princes sont venus ici pleurer celle qui avait à peine caché son ambition de devenir Reine. Premier affligé d’entre tous, c’est le nain qui prend sur lui d’entamer la séance – et dès les premiers mots, sa voix en tremble d’émotion. A l’entendre, on croirait que c’est lui qui aurait recueilli les dernières volontés de feue la Princesse de la Chair. En un sens, c’est peut-être le cas – de quoi expliquer sa tristesse. Sous la Coupole en est un autre qui prenait le deuil de l’Irohivrah très à cœur. Le Commandant du Guet, lui, soigne son chagrin dans la colère. Au point d’en oublier les plus élémentaires conventions du Joyau.

Ironie mise à part, il a sans doute raison. Les bouffons de l’Aile Blanche n’ont probablement rien à voir avec le meurtre. Personne ne le dit, mais tout le monde le pense ; les seuls ayant la patience, l’intérêt, les ressources et la volonté d’éliminer la Princesse Héritière se trouvent autour de cette table. Et le premier d’entre eux : le cadet, qui convoite la tiare pour couronner sa pansité. Qui déjà désigne les vautours qui voudraient lui piquer le fruit de son droit d’aînesse.

« – Nous pourrions tirer profit de ces évènements dramatiques. Qu’il soit innocent de ce crime, ce Viliam, ne fait aucun doute, à personne. Mais puisque c’est lui que l’on désigne… Et de toutes façons, lui et ses agitateurs n’auraient pas attendu très longtemps avant de se mettre franchement en situation d’être arrêtés. Puisque notre bon Commandant a déjà pris les devants, je propose qu’il continue et que sa mission soit dorénavant clairement de faire cesser les activités de ce groupe. Et à ceux qui poseront la question… nous dirons : leur marque a été tracée avec le sang de notre regrettée princesse… la vérité, en somme. »

Et puisqu’il l’a cherché, le bon commandant, il en sera tenu pour responsable. Des visages acquiescent. Personne ne conteste.

« – Il est clair qu’il serait dommage que l’empire de la Princesse Maralina n’attire des convoitises… inopportunes , je vous rejoins là-dessus, mon ami – au Maître des Caves. Il nous faudra penser à une façon disons… équitable de nous répartir la charge de son commerce. »

Les vautours sont déjà là.

Voilà donc où la suite du conseil ira. De quoi ravir le gros nain – qui s’en tire avec sa part due. Les quelques autres voraces ou, plutôt, en position de l’être, ramassent des morceaux appréciables. Les autres… les autres récupèrent assez pour ne pas se sentir insultés. Pas assez pour faire taire les suspicions, néanmoins. Encore moins les envies. Reste le Gorben, qui repart, lui, avec la mission sacrée, estampillée par le Conseil, de faire taire les dissidents qui mettent en péril le système, et puis la charge, non moins importante mais jamais prononcée, de choisir le camp que le Guet soutiendra, lorsque viendra la prochaine combine.


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