Des semailles à la récolte - Conseil de Thaar

Pahanos, Ie ennéades du mois de Verimios, An XVII, Cycle XI
Le Joyau, Les Soieries, Thaar

Le soleil était déjà haut dans le ciel alors qu’elle avançait d’un pas assuré vers le Joyau. Le vent salin hivernal venait fouetter son visage alors que la Princesse d’Uldal’Rhiz avançait vers son but. C’était aujourd’hui. Aujourd’hui que l’horrible nuit sanglante de Thaar allait se conclure, du moins, l’espérait-elle. Les semailles de sang. C’était ainsi que les Thaaris avaient appelée cet événement. Une nuit sanglante, qui bien qu’elle fut arrêter, changerait à jamais la face de la Principauté. La foule se déplaçait au fur et à mesure que la Vaanie s’avançait, l’air soit effrayé, soit inquiet. Les manants n’étaient pas sots! Ils savaient bien que quelques choses se préparaient. Au bout de quelques minutes, la Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz arriva finalement au joyau. Le chef du guet la salua rapidement avant lui mentionner que tout était prêt pour le conseil, quelques conseillers étaient déjà arrivé, et les jardiniers devaient arriver sous peu, bien entendu, escorté par le guet. La demie-elfe approuva d’u signe de tête avant de se rendre dans la grande salle du conseil, la soie noire de sa robe virevoltant derrière elle alors que ses talons faisaient résonné le marbre immaculé du joyau. Une fois dans la salle, Maralina s’assit sur son siège, Khaled Neredras, son conseillé a sa gauche, ainsi que le Capitaine  de sa garde, le même rouquin qui avait arrêté Ascanio au palais d’argent. Elle attendit patiemment que chaque Prince, chaque invité entre dans la pièce, saluant vaguement ceux qui lui adressaient la parole. Puis lorsque tout le monde fut arriver, la Princesse se leva, alors que le guet refermait les portes de la grande salle.



«Chers collègues, nul besoin de s’attarder sur les formalités. » Ces paroles imposèrent le silence, le respect. Il fallait que quelqu’un entame la conversation, et elle n’avait aucun problème à  prendre les devants. Ces prunelles azurées balayèrent ses confrères autour d’elle avant de s’arrêter dans celle d’Ethirëlon. «Il y a quelques ennéades de cela, trois de nos pairs, en l’occurrence, Ascanio Vossula, Milynéa Lythandas et Salfaryl, maître des milles caves, ont bravé la décision du conseil et ont décidé de s’attaquer à une des nôtres. Le palais de Krish Al’Serat a été mis à sac, pendant que de nombreux associés et employés furent exécutés. Pendant ce temps, la dame blanche de Thaar tenta de prendre le contrôle du joyau. » L’air froid de la Princesse d’Uldal’Rhiz sembla se durcir alors qu’elle avançait de plus en plus dans ses propos. «Grâce à la collaboration de certains de nous et du guet. Le complot fut rapidement arrêté, mais les dégâts ont été fait. » dit-elle en croisant le regard de l’un de ses homologues avant de hausser des épaules, un air soudainement las. «Inutile de s’y attarder plus longtemps, je crois que chacun de vous a eu un résumé bien détaillé de ce qui s’est passé.» La demie-elfe ferma doucement les poings, avant de continuer; « Nous nous réunissons aujourd’hui pour non seulement déterminer le sort de nos trois pairs, mais aussi des prochaines actions que nous devrons faire, car je doute fort bien que l’Elda nous pardonne aussi facilement la trahison qui a été commi. » Maralina s’assit finalement dans son siège, droite, fière, le visage de glace. Ce n’était définitivement pas elle qui ouvrirait le bal. On ne déploie pas ses cartes sans savoir dans quel jeu on s’embarque. « Je vous laisse la parole. La moindre parcelle d’information nous sera utile. Nous nous devons, non seulement de régler cette situation le plus rapidement possible, mais aussi limiter les dégâts que ces attaques auraient pu causer. Pour commencer, j’ai deux questions qui sont jusqu’ici sans réponse.» S’arrêtant, la demie-elfe se tourna rapidement vers  Ethirëlon et Diolando avant de continuer; «Comment a réagi l’Elda et surtout…» La demie-elfe tourna le regard vers les trois jardiniers; « Quel était votre plan? » Elle pouvait sentir ce goût amer dans sa bouche pendant que son regard glacial se posa une nouvelle fois sur les trois jardiniers… La Princesse de la chair espérait que ces derniers avaient au moins planifié une porte de sortie.

***

Citation :

Bienvenue au Conseil de Thaar

Question d’organisation – je vous demanderais d’être assez concis dans ce RP – question qu’il ne dure pas cinquante ans, étant donné que plusieurs factions/actions vont probablement dérouler de ce RP.

Si vous ne siégez pas comme Prince Marchand de Thaar, mais que vous voulez poster, veuillez me le demander avant toute chose.

Le Staff décidera de si oui ou non les trois places qui ne sont pas présentement jouées auront une quelconque opinion sur ce jeu. Sincèrement, j'aimerais que l'on évite à tout prix cette alternative en arrivant à un consensus.

Pour le moment, tout est à jouer. À vous de convaincre les autres de votre position, libre à vous d’amener des preuves/éléments qui pourraient faire changer l’avis des autres.

Je tambourinais mes doigts sur la table depuis un moment qui m’avait paru fort long et mon visage était posé contre mon poing serré lorsque la dame d’Uldal’Rhiz avait lancé les festivités. Qu’est-ce qu’on s’ennuyait ferme dans ces conseils… Même la plus ingérable des crises devenait un ennui une fois passé entre les mains de mes collègues.

Il y a des fois où franchement on voudrait rester bien au chaud chez soit…Enfin aux chauds façons de parler.

Bref, cette fois je ne pouvais me permettre de rater cette séance en prétextant ce que mon imagination trouvait le plus amusant. Cette fois il y avait des questions qui devraient se régler vite et bien, il en allait de la sûreté de ce conseil.

Ainsi je pris la parole dès que Maralina faisait mine de la lâcher. Au moins elle allait droit au but la princesse de la chair c’était déjà ça. Pour la peine je lui fis même l’honneur de me redresser en plantant mes prunelles sombre dans les siennes.

-Elda n’as sans doute pas très bien apprécié. Minimisais-je ironiquement. Comme c’est si joliment dit, ils ne nous pardonneront pas facilement. D’autant que leur reine, soit dit en passant la conseillère qui a vus son palais traîtreusement attaqué, à été assassinée avant son mariage… Je marquais un bref silence leur laissant digérer l’information, j'aurais pris une gorgée d'alcool si j'en avait eut à porté de main.Et toutes les raisons de croire que Thaar n’est pas innocente là-dedans. Fini-je par lâcher.

Mon regard s'égara sur les trois ''jardiniers'' comme ont les appelait maintenant. Un nom plus que ridicule selon moi. Mes prunelles s'attardèrent un peu plus sur celui d'entre eux qui avaient été le chef de tout cela à en croire les ragots. J'avais des information qu'Aerianna seule partageait avec moi, je comptait bien m'en servir. 

La Protectrice d’Ys était arrivée quelques dizaines de minutes avant la réunion avec La Valériane. Vêtue de son habituelle robe blanche, elle s’était installée dans les rangs des invités. Ys ne faisait pas parti des cités représentées au Conseil de Thaar, de par sa situation diplomatique, mais en tant qu’alliée de la Principauté, elle ne pouvait pas ne pas être présente lors de cette session extraordinaire.

Rentrée de Péninsule à peine quelques jours avant la tenue de cette réunion, Cassiopée avait à peine eut le temps de prendre connaissance des pièces du dossier. Trois comploteurs devaient être jugés, dont Ascanio Vossula, qu’elle avait rencontré tantôt et tenté de convaincre de faire front uni avec elle contre les visées expansionnistes des Eldéens suite à la prise de Sol’Dorn. Les deux autres accusés étaient des Princes Marchands qu’elle connaissait peu, mais avec qui elle commerçait en bonne intelligence.

La mort de Krish avait été pour elle une surprise et rebattait complètement les cartes pour l’ensemble des acteurs en présence. Si comme l’avait suggéré Ascanio, Krish était celle qui protégeait l’Ithri’Vaan de l’ire du Puy, alors la Principauté de Thaar avait clairement du souci à se faire pour son avenir proche. L’attaque du Joyau devait être planifiée depuis un petit moment puisque l’annonce de la mort d’Al Serat n’avait pas encore atteint Thaar au moment des faits. On pouvait difficilement imputer aux trois comploteurs d’avoir profité de sa mort pour prendre le contrôle de la cité. Cela n’aurait pas été juste. Mais les Princes Marchands ne l’entendraient peut-être pas de cette oreille. Quoiqu'il en soit, s'en prendre aux biens de Krish Al'Serat, même morte, constituait une position politique clairement hostile aux intérêts des Eldéens.

En tout cas, cette situation avait du bon … s’il était permis de parler de ce tragique événement de la sorte. Les Vaanis ne pouvaient plus faire comme si le Puy d’Elda était un sympathique allié lointain. Au vu des dires de la Marchande de Chair, la situation était assez grave pour que les Eldéens réfléchissent sérieusement à la possibilité de venir se faire justice eux-mêmes. C’était quelque part assez cocasse : elle révélait par le fait même que la Principauté de Thaar n’était pas une terre indépendante mais ne survivait qu’au bon vouloir des Drows du Puy.

La Protectrice d’Ys aurait probablement dû comparaître sur le banc des accusés … mais visiblement ces derniers n’avaient pas jugé bon de l’intégrer à leurs plans. Peut-être était-ce pour le mieux … en tout cas, elle se sentait redevable de leur action. Un coup pareil, même arrêté en plein vol, sur lequel venait s’ajouter la mort de Krish Al’Serat : voilà qui promettait de belles sueurs froides pour les Vaanis un peu trop sûrs de leurs positions.  

Restait à savoir si elle aurait à intervenir … mais il était très probable que sa première et dernière discussion avec Ascanio Vossula devant les Conseils d’Ys ait eu quelque écho au sein de cette assemblée. De toute façon, à ce stade des discussions, seul l’intérêt d’Ys importait.

Inspirer profondément, expirer longuement, se calmer.

C’était la seule chose que j’avais trouvée pour ne pas laisser de larme s’échapper depuis que j’étais rentrée à Thaar. Là, aujourd’hui, avec ces trois là dans mon champ de vision, c’était autrement plus dur, mais là, aujourd’hui, avec ces autres Princes Marchands et ce fauteuil libre dans le même champ de vision, c’était autrement plus important. Qui, ici, voudrait d’une pleurnicharde au sein du Conseil ? Pas moi, alors je me fis forte, je n’avais pas le choix, la Corporation allait bien, même si je n’avais trouvé aucune trace de Wik. La pleurnicharde n’avait rien à faire au Conseil, la pleurnicharde n’avait rien à faire non plus à la tête d’une Corporation d’Argent dont Thaar aurait peut-être bien rapidement besoin. J’écoutais Maralina alors, un nom que j’avais surtout entendu de la bouche de Sauveur, comme si ma vie m’avait menée à ce moment et qu’il ne pouvait en être autrement. J’avais voulu répondre quand elle avait suggéré qu’il était inutile de s’attarder sur les dégâts, mais Ethirëlon – et sa voix qui m’apportait toujours une pointe de quelque chose – avait été un peu trop rapide. Inspirer profondément, expirer longuement, se calmer.

Je me redressai quand Ethirëlon se tut et je parlai, comme si ce n’était pas la première fois que je faisais ceci.

« Thaar, ou le Prince qui avait promis sa présence au mariage de Krish Al’Serat mais ne s’est jamais présenté. Elle ne vous en voudra pas, Prince Vossula, mais votre nom est passé entre les lèvres de ceux qui nous ont annoncé son trépas. »

Je clignai des yeux, comme si je me rendais compte de l’énormité de ce que je faisais, mais je continuai.

« Pardonnez-moi, peut-être que certains d'entre vous l’ignorent, je suis la Princesse Aerianna Hiisi de Geresh. » J’offris aux regards des Princes Marchands de Thaar une petite courbette et me répétai mon mantra au plus bas de celle-ci. Inspirer profondément, expirer longuement, se calmer. « Si j’ose m’avancer devant vous c’est parce que s’il est inutile de s’attarder sur les dégâts faits, j’aimerais partager quelque chose qui ne se trouve dans aucun de vos résumés. » Un sourire naquit sur mon visage, pas un sourire victorieux, ni un sourire trop gêné, et surtout pas un sourire créé par cette magie. Peut-être un sourire légèrement attristé ? « Ultimement, l'attaque sur les possessions de Krish Al'Serat est aussi insultante pour le Puy qu'elle est inutile pour nous tous. Elle est inutile parce qu’au même moment, par une voie bien différente que celle de la violence empruntée par les Jardiniers aux Eldéens, j’obtenais de Krish Al'Serat qu’elle me cède à la fois la Corporation d'Argent et tout ce qui y est lié, des mines jusqu’au siège au présent Conseil. Ironiquement parce que nous savions toutes deux qu’elle ne pouvait pas les garder éternellement. »

Je relevai le document que je tenais dans ma main gauche, il semblait peser plus lourd qu’il ne l’avait jamais fait.

« J’attendrais que mon temps vienne pour prouver mes dires et je me plierais à la décision du Conseil de Thaar quand au fauteuil de la Griffe d’Argent, mais la Corporation d’Argent, dont Thaar et tout l’Ithri’Vaan ne peuvent se passer si des conflits venaient nous menacer… La Corporation d’Argent se remettra des attaques de ceux qui déclarent les combattre mais ne font que provoquer puis aider les Eldéens. »

Deux sceaux arboraient mon trésor, celui de la Griffe d’Argent mais également celui du Puy d’Elda.

Inspirer profondément, expirer longuement, se calmer.

Maralina tourna doucement la tête vers le Prince Marchand Baaz’Hima, rien qui n’aidait sa réputation de diva. Ce dernier répétait ces paroles dans la forme la plus condescendent possible, rien qui n’aidait considérablement les relations entre les deux personnalités – ô combien similaire. Par contre, il y eut une bride d’information qui ne lui échappa pas. Ainsi donc la reine du Puy était morte? Et bien! À croire que les jardiniers ont agi trop vite! Ce que les dieux faisaient bien les choses parfois! Car soyons honnête, la Princesse d’Uldal’Rhiz avait toujours jalousé la griffe d’argent. Elle avait toujours trouvé que cette dernière avait trop d’influence, et voilà que le destin avait agi sans qu’elle n’ait à lever le petit doigt. La Vaanie se cala un peu plus dans son fauteuil, si son visage de marbre ne laissait transparaître aucune émotion, ses pensées, elles, se bombardaient dans sa tête. Elle devait remanier son plan, et vite. « Alors, dites-moi Ethirëlon, peut-être que vous pourriez nous éclairer un peu plus sur ce que vous ont fait par les Eldéens. Je doute fort qu’ils vous aient fait la bise en disant de repasser » répondit-elle d’un air légèrement agacé.  Puis soudainement, ce fut la petite humaine qui interpella l’audience, faisant, de ce fait l’une des déclarations les plus surprenantes qui soient.


Aerianna de Geresh… Ce nom lui évoquait quelques choses… De mémoire, la jeune femme avait tenté d’attirer l’attention du conseil, et voila qu’elle l’avait obtenu de la façon la plus insolite qui soit. Maralina se releva, et s’avança doucement de son pas félin vers la jeune femme, tendant la main cette dernière fixa la Princesse de Geresh avant de dire « Puis-je? » Une fois le document entre ses mains, la Vaanie observa avec attention le sceaux qu'elle connaissait un peut trop bien. On verrait bien si ce document confirmait, tous les dires d’Aerianna en tant voulu. Relevant doucement son regard, son éternelle sourire amusée aux lèvres, Maralina tandis rapidement le document à sa propriétaire avant de murmurer; « Quel moment pour arriver au conseil… Mais c’est souvent dans les moments les plus difficiles que l’on apprend le plus… » Puis relevant le ton de sa voix, pour que tout le monde puisse l’entendre, elle continua; « Qu’on dit les Eldéens au sujet d’Ascanio Vossula?» Mais elle n’eut même pas le temps d’entendre la réponse qu’une voix qu’elle connaissait trop bien, vint détruire l’atmosphère.


Le visage de la Princesse Marchande se referma alors que le petit nain prit la parole, elle se retourna doucement, faisant une nouvelle fois virevolter la luxurieuse soie de sa robe et l’écouta attentivement alors qu’ils accusaient tous ses homologues d’être ami du Puy. La peur, la cupidité et la honte? Non, il n’avait rien compris… absolument rien compris et lorsque l’ancêtre se ferma soudainement, la Princesse d’Uldal’Rhiz reprit les devants; « Mon plan Salfaryl? » La demie-elfe eut un sourire amusé avant de secouer doucement la tête d’un côté et de l’autre avant de claquer sa langue contre son palais. «Mais vous n’avez absolument rien compris, mon cher. Je ne vous ai jamais pensé aussi aveugle. À croire que dans les profondeurs des Milles Caves vous n’arrivez pas à voir ce qui se déroule, réellement à la surface. » Son air se referma soudainement alors que la Princesse s’approcha doucement des jardiniers, la tête droite, l’air fière. «Il y a quelques mois de cela, j’ai eu l’occasion de discuter avec votre compère Ascanio lors d’une fête et permettez-moi de citer ses mots. Il m’a mentionné que la seule et unique maîtresse qu’il avait était Thaar. Que c’était en quelque sorte, la seule chose qui lui importait réellement. » Retournant son regard vers ses confrères, la Vaanie eut un léger sourire avant de commencer; «Et qui ici pourrait dire le contraire? » dit-elle en regardant d’un air interrogatif l’assemblée. « Par contre, je dois avouer que dans mon cas, j’ai deux mots qui me viennent à l’esprit, Salfaryl. Thaar et mes enfants. Plus précisément, la principauté et l’avenir de mes enfants. Là, sont mes priorités. Et cette nuit-là, vous vous êtes attaqué aux deux en lançant l’attaque contre Krish Al’Serat. Peut-être nous diriez-vous que ce n’était que contre elle, mais l’Elda ne voit que l’affront que vous lui avez fait et la guerre est mauvaise pour le commerce. Ça, je n’ai pas besoin de vous le rappelez, puisque c’est cette même décision que nous avons pris voilà quelques années de cela. Restez neutre devant un conflit qui nous ne concernait pas.» Du moins, pour eux, pas nécessairement pour elle, mais il y avait une chose que la Vaanie ne voulait pas perdre, et elle avait l’horrible sentiment que le Puy voudrait se venger cet affront par le sang.


Maralina  se retourna finalement, et continua à marcher doucement dans la salle, occupant à elle seule la pièce, puis elle s’arrêta doucement devant Diolando, voix de Qiryah. Échangeant alors un regard avec ce dernier, elle continua; «La seule raison pour laquelle nous n’avons pas agi avant c’était que nous étions sur l’impression certaines que chacun d’entre vous était un tant soit peu brillant. Qu’aucun de vous ne commettriez d’acte aussi insensé et stupide. Le bénéfice du doute, comme certains le disent. Mais apparemment que nous étions dans le tort. N’est-ce pas Diolando? Après tout, c’est l’un de vos collègues qui était à Thaar pour arrêter ce massacre. Peut-être que ce dernier, avait une vision différente des autres? » Maralina redressa la tête avant de lancer un regard amusé à Diolando.  Après tout, c’était un délégué de cette principauté qui s’était tenu au côté d’Uldal’Rhiz pour arrêter Ascanio, bien qu’elle le connaissait peu, il était un peu allié par défaut, bien qu’elle ne connaissait pratiquement rien sur ce dernier. « Cette soirée-là, vous dites avoir voulu préserver Thaar. Alors que tout ce que vous avez fait c’est attiré l’œil des ennemis sur nous. Une déclaration de guerre ouverte. Brillant travail! Un enfant n’aurait pas fait mieux! » conclut-elle avant de retourner doucement à son siège.


Elle aurait voulu continuer, leur cracher leurs quatre vérités aux visages, mais cela n’aurait mené à rien. Ils étaient tous une cause perdue pour elle. Si l’Elda les voulait, ils pouvaient bien les prendre et les écarteler, elle n’en avait rien à faire. Son regard se porta soudainement sur la protectrice d’Ys qui était, jusque-là, resté bien silencieuse. «Et vous Cassiopée? Vous qui avez fait le chemin pour entendre notre décision, peut-être nous feriez-vous l’honneur de nous dire le fond de votre pensée. Après tout, Ascanio vous a payé une visite il y a quelques ennéades. N’est-ce pas? »

-La diplomatie par la violence ne fonctionne pas quand nos ennemis sont cent fois plus nombreux que nous. J’haussais les yeux au ciel devant la stupidité et l’aveuglement que je percevais chez mon confrère nain.

J’avais posé mes coudes sur la table, entrecroisant mes doigts les uns avec les autres et dardant mes prunelles d’ombre sur chacun des membres de ce fichu conseil.

-La diplomatie par la violence sur nos pairs  encore moins. Insistais-je. Somme nous des princes ou des enfants ?! J’assénait. Oui Elda est une menace ! Personne n’est assez stupide pour dire l’inverse...ici même. Mais on ne dit pas au fern qu’on le craint et qu’on veut s’en débarrasser lorsque l’on est une chrivine ! On le caresse dans le sens du poil jusqu'à pouvoir lui passer le collier qui l'étranglera.

Je baissais machinalement ma main vers mes genoux avant de me rappeler avec une pointe de déception que j’avais préféré garder Pyk’sou en sécurité à Baaz’hima.

Thaar était rusée mais il fallait être absolument stupide pour la penser capable de rivaliser avec les eldéens. Et commencer à faire des démonstrations de force ainsi n’aboutirais qu’a voir Elda relever un défi gagné haut la main.

-Tout ce qu’Elda pourra voir de votre coup d’éclat, c’est que le conseil n’est même pas capable de s’entendre entre ses propres membres, en plus de faire preuve d’une audace démesurée. Et Thaar jugera bien nos actes, en effet ‘’Prince des milles caves’’. C’est pour ça que nous devons réparer nos erreurs avant que Thaar se souvienne de nous comme les princes ayant bêtement foncé tête baissée dans un mur.

Je me tournais ensuite vers la princesse de la chair. Elle méritait actuellement plus le nom de princesse des épines…

-Même vous seriez surprise de savoir à quoi ressemble ‘’faire la bise’’ chez les sombre. Fit-je avec un grand sourire à moitié joueur à moitié charmeur, avant de reprendre mon sérieux. Mais trêve de plaisanterie.

J’haussais le menton, l’air grave. Ce que j’avais à annoncer, j’espérais que cela ne tombe pas dans des oreilles trop sourdes comme l’étaient trop souvent celles de la sphère des puissants. Il en valait de nous tous.

-Nous avons un moyen de nous en sortir. Non pour ‘’baisser nos chausses et nous laisser nous faire enfiler’’ comme le dit si gracieusement notre ami nain, mais pour gagner du temps. Krish n’a pas été la seule à disparaître brutalement. Fis-je sans ciller. Peux avant pour nous d’être relâchés, un eldéen nous a informé qu’une autre de leur dirigeante à trouvé la mort il y a peut.  Mes pupilles se rivèrent à nouveau vers le marchand libidineux qui se disait prince de la soie. Quel gâchis… Selon lui elle a trouvé la mort sur les terres des sept-monts. On murmure souvent votre nom, Ascanio en parlant de cette terre en ce moment. En tout cas, notre diplomate -ou que sais-je- éldéen a été clair : Si nous ne laissons pas passer leurs armées à travers ces terres, son prince en sera tenu pour responsable.

Je marquais une pause. Je commençais à m’assécher à force de discourir devant cette bande de demeurés. Je ne mentionnais pas les soit disant nouveau titres d'Aerianna. Je n'y prêtait même pas attention. Cela ne devait être qu'une manière d'attirer l'attention. Krish ne pouvait avoir légué ses bien à cette humaine pathétique. Krish de son vivant n'avais pas été aussi stupide. Cette histoire attendrais la fin du conseil pour être réglée et Aerianna verrais bien vite qu'il fallait un minimum de tact pour mentir aussi éhontément 

-Nous avons le moyen tout désigné pour laver l’honneur de Thaar. Nous avons le coupable tout désigné pour calmer la colère des offensés. Ajoutais-je. Ascanio Vossula est un moyen parfait de distraire les éldéens. Lui qui veux tant pour sa chère Thaar, voila un bon moyen de prouver son dévouement pour la cité. Je finis l'air de rien.

Se désolidariser du maillon rouillé. Créer un bouc émissaire qui tomberais de toute façon et le livrer sur un plateau d’argent à elda pour qu’elle s’en serve d’os à ronger plutôt que de mâchouiller Thaar.

La Protectrice d’Ys se leva et offrit un sourire poli à l’assemblée des Princes Marchands. Qu’ils étaient drôles, dans leurs tenues bariolées, à être effrayés par les Eldéens. Riche ou pas, vous êtes toujours quelque part dans entre vos proies et vos prédateurs dans la chaine alimentaire. Les Princes Marchands du Conseil venaient de se rappeler que les Eldéens ne les considéraient au mieux que comme des proies avec lesquelles on pouvait jouer en toute impunité.

Le problème, c’était que les Princes Marchands qui avaient connaissance du complot avaient attendu le dernier moment pour agir et bien se faire voir de la population comme étant ceux qui avaient fait échouer cette révolution de palais. C’était un acte totalement inconséquent, pire que celui de vouloir s’attaquer aux possessions d’un autre Prince Marchand par les armes. En laissant cette situation se produire, ils montraient ainsi au grand jour leur duplicité. Il fallait absolument que les Princes Marchands qui n’avaient pris par à aucun des camps durant cette nuit fatidique en prenne conscience. Les Jardiniers étaient dangereux mais ceux qui les avaient contrés étaient bel et bien les plus dangereux de la salle. Bien entendu, cette pensée ne comprenait pas Maralina Irohivrah, Ethirëlon Nas’Olen et Diolando Vega, qui ne faisaient pas partie du contre-complot … Encore moins l’héritière de Geresh.

”Dame Irohivrah, je suis ravie de voir qu’après une décennie, vous vous souveniez encore de mon prénom et même du nom de notre cité. C’est dire si les occasions de nous rencontrer sont rares. »

Ca, c’était pour la petite pique. C’était cadeau, ça faisait plaisir. Après toutes les vacheries qu’ils venaient de s’envoyer à tour de rôle, elle pouvait quand même s’offrir ce petit plaisir coupable.

”Puisque vous me faites l’honneur de me confier la parole, je vais vous éclairer sur ce qu’il s’est dit lors de la seule et unique rencontre entre messire Vossula et les Treize. En Barkios 17/XI, nous avons invité messire Vossula pour lui faire part de nos craintes concernant ses dernières actions militaires à Hanning et prendre connaissance de l’étrange manège que menaient les Eldéens à Sol'Dorn et de la position officielle du Conseil sur cette question. Il nous a assuré, durant cette entrevue, que le Conseil de Thaar ne reconnaissait aucune autre autorité que celle des Princes Marchands et que le sort de Sol’Dorn importait peu à la Principauté. Dont acte. »

Elle était belle l’indépendance du Conseil ! Il y avait aussi le fait que le Conseil n’avait pas bougé d’un pouce pour sauver les innocents purgés à Sol’Dorn et s’était plus ou moins contenté de regarder les malheureux se faire éventrer. Si c’était comme ça que Thaar considérait ses voisins proches, pas étonnant que les autres factions soient aussi peu enclines à lui faire confiance. Elle releva qu’il avait aussi sorti à dame Irohivrah son couplet sur « Thaar, sa maîtresse ». Imbécile ! Elle l’avait pourtant prévenu de sécuriser ses possessions et de ne pas succomber à son ambition dévorante. Mais comme d’habitude, les humains n’écoutaient jamais les conseils de ceux qui avaient déjà vécu plusieurs vies.

« Autre fait plutôt drôle : messire Vossula nous a exigé durant cette réunion de cesser notre isolationnisme et de rejoindre officiellement le Conseil de Thaar. Qu’il puisse s’arroger d’une telle prérogative en votre nom et ne pas avoir connaissance d’une décennie de diplomatie passée à rassurer ce Conseil quant à notre fiabilité et notre désir de rejoindre la Principauté nous a fait beaucoup rire. Les Treize et moi-même espérons de tout notre cœur que le prochain Prince d’Eofel, de Feldorn et d’Hanning aura non seulement plus de jugeotte mais au moins autant d’humour. Nous y tenons absolument ! »

Cette action avait été extrêmement mal prise par les Treize. Dix ans à multiplier les efforts pour intégrer la Principauté et voilà qu’un oisillon à peine tombé du nid venait les insulter avec un aplomb sans pareil. Si les rires avaient fusé dans la salle de réunion, les Treize étaient bel et bien courroucés de voir qu’au bout de dix ans, la seule réponse d’un membre du Conseil était de leur reprocher qu’ils s’étaient isolés du reste du monde … Bravo … tout simplement sublime. Cassiopée espérait très sincèrement que les autres Princes Marchands n’étaient pas du même acabit.

“Quant à la position d’Ys concernant toute cette affaire, elle est très claire. Notre cité connait mieux que quiconque le prix à payer lorsque l’on s’oppose frontalement aux Eldéens et les ruines de la Calcinée devraient servir d’exemple à ceux qui imaginent que la violence ou l’intrigue de cour sont des solutions viables. Au regard de cette histoire douloureuse, nous avons adopté une politique de … « voisinage honnête » avec nos voisins eldéens. Ils ne nous aiment pas, nous ne les aimons pas … nous nous le faisons savoir mutuellement de temps à autre, et c’est très bien ainsi. Cela ne nous empêche pas d’entretenir des relations commerciales cordiales. Nous pouvons totalement coexister sans pour autant nous apprécier. Le Prince de Baaz’Hima a raison sur ce point : la diplomatie par la violence ne fonctionnera pas contre les Drows et la violence contre vos pairs ne fera que leur montrer que vous êtes divisés, ce qui fera de vous des proies faciles.  

Restait à savoir comment calmer les Eldéens. L’idée de leur livrer Ascanio et de leur offrir un accès militaire sur ses terres semblait une solution plutôt simple, mais elle soulevait de nombreux problèmes dont le Prince de Baaz’Hima et la Princesse d’Uldal’Rhiz ne semblaient pas avoir pris la pleine mesure dans leur empressement de satisfaire les Drows.

En livrant Ascanio Vossula aux Drows, le Conseil montrait qu’il était « raisonnable », mais quid de ses possessions ? Qui allait s’assurer de la bonne tenue d’Eofel, Feldorn et Hanning ? Leurs habitants seraient-ils aussi complaisants que le Conseil de Thaar ? N’y avait-il pas un risque que Naélis en prenne le contrôle en l’absence d’un Prince ou d’une Princesse ou que tout simplement, ces villes fassent sécession ? Après tout, les trois villes étaient suffisamment importantes pour constituer un problème si elles n’étaient pas rapidement muselées.  

L’autre problème, tout aussi important, et de savoir ce qu’il convenait de faire de Salfaryl et de la Dame Blanche de Thaar. Cassiopée n’avait aucun véritable grief contre eux et elle ne pouvait pas demander à ce qu’on les livre à la vindicte populaire. Quoi que l’on puisse penser de ces deux Princes Marchands, ils étaient les piliers de la société thaarie depuis plusieurs décennies. On ne pouvait pas les exécuter froidement, mais on ne pouvait pas non plus les laisser libre de leurs mouvements. Serait-il prudent de les punir de manière disproportionnée ? Mais le pire … c’est que presque tous les Princes Marchands dirigeant la ville de Thaar étaient désormais sur la touche : il n’en restait qu’un … et ce dernier avait participé à la contre-révolution.

Les habitants de Thaar pouvaient ne pas bien apprécier l’ingérence des Princes Marchands extérieurs à la ville dans les affaires de la cité si ceux qui représentaient leurs intérêts étaient soudainement écartés et qu’il ne restait qu’une personne dont on pouvait difficilement juger de la fiabilité. Quoi que l’on puisse penser de la Dame Blanche, de Krish ou de Salfaryl, ils représentaient Thaar. Leur mise à l’écart ou leur disparition mettait la capitale de l’Ithri’Vaan à la merci de l’ingérence de ses voisin immédiats et risquait de déstabiliser durablement l’Ithri’Vaan. Si Thaar paraissait faible, alors rien n’empêcherait Eofel, Hanning et Feldorn de s’émanciper ou les Eldéens de se servir.

« Dame Irohivrah, je peux tout à fait concevoir que vous puissiez livrer messire Vossula aux Eldéens et leur offrir un accès militaire au Puy sur ses terres. Toutefois, je souhaiterai savoir ce que vous comptez faire des cités d’Eofel, d’Hanning et de Feldorn. Sans Princes Marchands à leurs têtes, ces cités risqueraient de réclamer leur indépendance vis-à-vis de la Principauté, ou de tomber dans l’escarcelle de Naélis. Au vu de la taille de ces territoires et de leur importance économique, il m’apparait crucial de prendre en considération la question de la gestion de ces terres. Qui prendra cette responsabilité ? »

Elle marqua une pause avant de reprendre.

« Un autre problème va aussi se poser, celui de la stabilisation de Thaar. Salfaryl le Sombre, Milinéa Lythandas et Krish Al’Serat étaient les Princes Marchands spécifiques au territoire de Thaar. La mort de dame Al’Serat ainsi que la possible mise à l’écart de deux Princes Marchands risque de poser de sérieux problèmes à l’avenir car la cité n’aurait plus qu’un représentant « à domicile ». Je comprendrai que vous souhaitiez punir la Dame Blanche et Le Sombre pour leurs actions, mais les habitants de Thaar risqueraient de voir dans une punition disproportionnée l’ingérence des Princes Marchands de cités extérieures dans leurs affaires. Etant née dans les quartiers populaires de cette cité, je puis affirmer que cela pourrait d’être mal pris par la population de perdre de telles figures … Cela risquerait à terme de mettre à mal l’autorité de ce Conseil, ce qui serait dommageable pour l’intégrité de la Principauté dans son entier. Quelle solution proposez-vous pour éviter que Thaar ne s'embrase ? »  

Plusieurs scénarios étaient possibles. Quatre sièges étaient dévolus à Thaar selon la composition du Conseil. Le Prince Marchand contre-révolutionnaire siégeait pleinement dans l’un d’entre eux. Une place était vide, suite à la mort de Krish Al’Serat et il fallait un replaçant rapidement. Les deux derniers sièges, ceux de Salfaryl et de Milinéa, étaient ceux qui posaient le plus de problèmes … Que faire des deux Princes Marchands ? Les mettre en résidence surveillée ? Les déchoir de leur poste et en désigner d’autres au moins aussi populaires ? Cassiopée espérait que le Conseil statuerait rapidement sur ces questions …

J’avais présenté mon sourire le plus charmant à la Princesse d’Uldal’Rhiz en obtempérant. Son attitude me rassura, d’une certaine façon, même si je ne fus réellement soulagée qu’en recouvrant le document. Je ne l’avais pas descellé et ne l’ouvrirais pas tout de suite, je n’avais pas totalement confiance encore, je savais qu’on pouvait essayer de profiter d’une certaine naïveté et essayer de m’écraser. Les quelques dignitaires de la Corporation d’Argent que j’avais invité attendaient qu’éventuellement l’heure d’apparaître vienne et tous savaient que ce document existait, mais je ne pouvais pas rester totalement calme, pas quand trois des Princes Marchands de la pièce avaient déjà essayé de la détruire. Heureusement le sujet changea bien vite et le document s’allégea à nouveau. Je m’étais détendue au point de pouvoir sourire en entendant Salfaryl parler de ma cupidité. N’étions-nous pas tous rassemblés ici autour de notre cupidité ? J’étais bien tentée de prendre ceci comme un compliment.

« N’allez vous pas bien vite, Diolando ? Vous n’avez même pas fini de partager les mots des Sombres. »

C’était grâce à Cassiopée que je me permis alors cette intervention, comprenant que nous avions voix au chapitre, grâce à Cassiopée mais aussi à Salfaryl qui s’était vexé lors de mon intervention et l’avait avoué à demi-mot. L’amusement avait peu à peu pris le pas sur la colère que j’avais éprouvée depuis que j’avais été mise au courant de l’affaire, de cette attaque sur ce qui m’appartenait de droit, sur ce que j’avais récupéré par des moyens qui provoqueraient sûrement nombre de commentaires fleuris du nain et que j’aurais voulu dévoiler juste pour l’entendre les dire. L’amusement tint au moins jusqu’à la conclusion de Diolando qui mentionnait de bien douces peines envers les accusés. Le spectacle était au rendez-vous mais il était parti si vite en besogne que je n’avais su rester muette. Surtout qu’encore une fois l’information était incomplète, avais-je été la seule à correctement écouter ce que cet Eldéen volant avait eu à nous dire ?

« Le Puy est certainement meurtrier de sa propre Reine, mais il n’a rien affirmé de la sorte concernant cette autre dirigeante dont il veut trouver le meurtrier. S’il veut traverser les Sept-Monts d’ailleurs ce n’est pas seulement pour trouver l’assassin qu’il recherche, c’est aussi pour avancer sur Naelis. Je ne sais rien du temps dont Thaar dispose avant qu’il n’avance ses pions mais il ne faudra sûrement qu’un ordre pour qu’il dirige ses armées sur elle. Le Puy apprendra ce qu’il s’est passé ici, il tournera son regard vers Thaar, c’est inexorable, la seule question se porte sur ce que son œil verra à ce moment-là. Il ne reste plus qu’à savoir si Thaar aura pris les devants, il ne reste plus qu’à savoir si Thaar aura décidé de lui livrer le Prince qui s’est révélé être un de ses ennemis, il ne reste plus qu’à savoir si Thaar soutiendra la déclaration de guerre de ceux qui n’en ont pas avisé le Conseil ou si elle l’aura étouffée. »

« D’ailleurs si je parle d’Elda, Maître des Caves, si nous parlons tous d’Elda, c’est parce qu’elle a été impliquée par vos actes, que vous le vouliez ou non, quand beaucoup des mille autres options ne l’auraient pas fait aussi directement. Si je parle d’Elda, c’est parce qu’oublier Elda causera notre perte, alors oui, je parlerais d’Elda. Tous étaient conscients des intérêts conflictuels de Krish Al’Serat, et Elda, aussi dangereuse soit-elle, n’aurait peut-être pas fait une montagne de l’éviction logique de leur Reine du Conseil. Je ne doute d’ailleurs pas qu’il aurait été plus facile de convaincre une poignée de Princes Marchands de la sagesse d’une telle décision que de les convaincre de la sagesse de ces actes. Surtout qu’ils viennent maintenant qu’Elda est libre de choisir son prochain adversaire. Surtout quand Elda était occupée à mener ce siège une poignée de mois plus tôt. Elda n’aurait pas risqué de voir s’ouvrir un deuxième front. »

Je ne pensais pas que certains des avis de Père me serviraient, et encore moins en cet endroit.

« Vous vous dédouanez si facilement de l’inaction du Conseil mais vous êtes le Conseil. Vous accusez les autres de n’avoir agi mais vos propres actions ont été menées dans l’ombre, tous pouvaient vous reprocher la même chose jusqu’à ce que votre manège soit connu. Au final ils ont été plus fins, plus malins, parce qu’ils n’ont plus Krish Al’Serat comme obstacle et ils ne se trouvent pas aujourd’hui sur le banc des accusés. »

Je ne savais pas tout avant d’entrer mais assez avait été dit depuis pour arriver à cette conclusion.

Ma vie serait faite de bien plus de ces réunions, je pensai, si j’arrivais à y faire ma place, et une première chance était là. Une fois les sujets prioritaires de mon discours écartés j’eus l’occasion de réagir aux quelques mots de Cassiopée que j’avais trouvé si étranges. Je ne réagirais pas partout, je laisserais par exemple cette crainte vis-à-vis des trois cités dont elle avait romantisé une envie d’indépendance complètement délirante. J’avais apporté un élément de réponse en mentionnant le danger que courait Naelis et au final j’étais consciente que la situation n’était pas inédite, le Conseil y installerait sûrement d’autres conseils aussi castrés que celui que j’avais remplacé à Geresh. Par contre, cette idée que Thaar ait besoin de Princes Marchands de Thaar pour rester stable m’avait quelque peu perturbée. La populace avait-elle si peu conscience du monde qu’elle pensait qu’un Prince Marchand vivant à Thaar était meilleur pour elle qu’un Prince Marchand avec un palais dans une autre cité ? Là où j’aurais voulu pouvoir répondre de manière décisive, par contre, certains de mes mots trahirent peut-être un peu de ma confusion.

« Je vois difficilement Thaar s’embraser pour une telle raison, surtout que l’action de ces figures impliquait le massacre du peuple. Cette nuit, pour le peuple, il suffisait d’avoir un lien avec la Corporation d’Argent pour voir sa maison être marquée par de la craie blanche et recevoir jusqu’entre ses murs une visite d’assassins en tout genre si la chance lui souriait ou de monstres qui prenaient – de bien trop de façons – le reste de leur famille si elle ne lui souriait pas. Je ne suis pas sûre que vos considérations comptables doivent influer d’une quelconque manière sur la punition qui sera décidée par le Conseil de Thaar, la seule voix de Thaar qui ait précédence sur toutes les autres, la seule voix de l’Ithri’Vaan qui ait précédence sur toutes les autres, et ce quels que soit le commerce et les possessions ayant mené les Princes de Thaar à le peupler. »

«Oh mais je suis certaine que vous vous feriez un plaisir de me faire une démonstration.» répondit-elle au Prince de Baaz’hima avec un sourire charmeur. Il voulait jouer à ce jeu? Il verrait bien qu’il n’était pas le maitre dans son domaine. Un sourire amusée aux lèvres, la Princesse Marchande se mordilla la lèvre, non sans détaillé de la tête au pied Ethirëlon. Tel une lionne devant sa proie. Mais elle s’arrêta net, reprennant son sérieux alors que les révélations commençaient à pleuvoir. Sérieuse, la Princesse d’Uldal’Rhiz observa son homologue qui leurs expliquait sa visite et sa fuite du Puy. Ainsi donc Viconia était morte en territoire Vaanie. Maralina échangea un regard avec Khaled. Ce dernier hocha la tête, signe qu’il avait bien comprit et savait parfaitement ce qui se passait dans la tête de sa patronne. Maralina commença doucement à faire virevolter une mèche de ses cheveux, l’air pensive. Mais elle fut rapidement sortie de ses pensées par Cassiopée et sa pique. Rien de trop important en soi. Après tout, aux nombres de vacheries qui avaient fusés dans ce conseil depuis le début, une de plus ne changeait pas grand-chose. Mais les révélations continuèrent à pleuvoir. Définitivement Ascanio avait été beaucoup plus loin que le mandat qu’il lui avait été confié jusqu’à maintenant… Néanmoins, la Princesse écouta attentivement la moindre interrogation de la marchande. « Réclamer son indépendance sans le soutien du Conseil ou d’une autre faction révèle du suicide. Je crois que vous êtes la mieux placés pour savoir. Mais ne vous inquiétez pas, Cassiopée. Il y aura bien un marchand qui profitera de cette occasion pour prendre sa place. Un marchand, qui, nous l’espérons tout n’ira pas à l’encontre des décisions prises durant ce conseil. Quant à votre assomption sur une possible révolte des Thaaris, je crois bien qu’elle ne soit pas fondés. Tous ici travaille pour Thaar. Si certains de nos pairs, comme moi dirige une ville, cela ne veut pas dire que cette dernière y est mis de côté. J’ai autant d’intérêt à ce que Thaar survive qu’Uldal’Rhiz et croyez – moi, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour les protéger. Qui plus est, nous avons toujours un de nos pairs que pour cette ville. » dit-elle en désignant vaguement son homologue silencieux assit un peu plus loin. Thaar n’était pas seule, et définitivement pas sous représentés. Les intérêts de la principauté étaient ceux de Thaar. L’un n’allait pas sans l’autre.


Puis, ce fut au tour de Diolando de prendre la parole. Se relevant, tentant tant bien que mal de s’imposer dans un conseil où il venait tout juste de prendre sa place, il tenta d’imposer son autorité à coup de parole presque judicieuse. Et ce fut… un flop. Ce fut bien la première fois que la Princesse d’Uldal’Rhiz fut prise au dépourvu… Mais c’était quoi son problème? Il lui manquait des bardeaux ou quoi? Ce que l’on n’avait rien à faire de sa chorégraphie alors que la principauté était menacé comme jamais… Néanmoins, elle se fit silence, se contentant de plisser légèrement les yeux alors que l’hybride continua sa lancée. Si certaines de ces répliques n’avaient aucune valeur pour la Princesse de la chair, au moins, certaines de ces paroles faisaient un peu plus de sens, si on omettait la dernière absurdité qu’il avait dite sur Salfaryl. Personne n’était irremplaçable, et la pauvre âme l’apprendrait très vite.  Mais la Princesse de la chair n’eut pas le temps de prendre la parole, car en effet, l’héritière de Geresh sembla avoir trouvé sa voix. Révélant le plan des drows d’avancer sur Naélis… La petite n’était pas sotte et ces paroles étaient logiques, contrairement à ceux de Milynéa… « J’aime comment tu m’accuses aussi facilement Milynéa, alors que tu as été la première à me reprocher l’embauche massive de milicien et de mercenaire pour protéger Uldal’Rhiz et Thaar. Légèrement hypocrite de ta part n’est-ce pas? La décision de Thaar était de rester neutre. De continuer les affaires comme avant. Vas-tu aussi me reprocher la nourriture que les drows ont achetées, peut-être aussi les armes tant qu’à y être? Et c’est surprenant que tu le mentionnes, car moi aussi j’ai été reçu par le nouveau régent. » Maralina eut un sourire moqueur, car probablement tout le monde dans cette salle connaissait l’amour que se portaient les deux figures. «Oh oui, j’ai marché sur mon orgueil pour aller les prévenir de l’idiotie que vous avez faite. Pour leur demander leur aide. La différence avec toi, c’est que je suis assez intelligente ne pas montrer mes pions devant mes ennemis et crois moi, ce n'est pas la seule chose que j'ai faite pour Thaar.» Maralina releva son regard vers ses autres pairs avant de continuer; « Le régent n’a pas donné de position officielle, se contentant de me dire qu’il allait y réfléchir. D’après moi, il attend simplement de voir notre prochain mouvement. Il attend de voir si nous allons réagir de quelconque façon. Mais une chose est sûre, oui, la guerre arrive. Reste à savoir comment le reste d’entre nous s’y ait préparé….» Elle n’en avait rien à faire des paroles futiles de Milynéa, cette Princesse lui était tout simplement insupportable et totalement inutile. Croyait-elle réellement qu’accusé ses enfants d’être des  bâtards l’atteindraient? C’était des Irohivrah, et contrairement à elle, eux survivraient.


Mais les attaque semblait loin d’être fini car ce fut le petit bout d’homme qui décida d’arrêter de bouder pour finalement sortir une dernière remarque futile. Interdite, la Princesse d’Uldal’Rhiz pencha légèrement la tête vers la gauche. « Vous avez fini? N’oubliez pas que vous avez trahi la décision du conseil et que vous vous êtes fait arrêter par certains membres de ce dernier. Vos droits me semblent quelques peu précaire. » Relevant son regard vers ses pairs, la Princesse Marchande se releva, avant de reprendre la parole. «À moins que quelqu’un d’autres aient quelques choses à dire, je suggère de passer au vote. Il y a trois personnes devant nous, et c’est aux membres de ce conseil de décider de leurs sorts. Ceux prononcés jusqu’à maintenant sont de les désargentés et de les bannir, de donner certains aux drow. » dit-elle en regardant vaguement Ascanio avant de continuer; « ou de leur laisser leurs places aux conseils » quelques murmures réprobateur vint faire vibrer l’atmosphère, Maralina leva doucement le doigt avant de continuer; «Non sans leur donner une amende, comme proposer par la voix de Qyriah. » Les murmures se taisèrent finalement, révélant un silence quelque peu révélateur. Voyant que personne ne semblait vouloir prendre le contrôle, la Princesse de la Chair se leva de son siège, avant de porter son regard sur les trois accusées. « Pour leur traitrise envers Thaar et leurs actions qui ont mis notre principauté en danger, Uldal’Rhiz votre pour les sanctions suivantes; que Milynéa Lythandas, Princesse Marchande de Thaar, soit bannie et désargentée. Ascanio Vossula, Prince Marchand d’Eofel et de Feldorn soient remis aux drows comme bon vouloir de la principauté. Quant à Salfaryl, Maitre des milles-caves. » Maralina resta silencieuse un moment, se demandant si elle avait pris la bonne décision, avant de continuer; « Que l’on lui donne une amende qui servira à embellir et préparer Thaar si nécessaire. Qui plus est, que l’on lui donne des restrictions sur ses commerces en ouvrant un peu plus le marché des nains avec l’ensemble de ses confrères. » Ainsi, Thaar ne perdrait pas son contact avec les nains, mais les autres Princes seraient avantagés et en contrôle. Salfaryl ne pourrait ainsi donc, plus faire cavalier seul. Sans rajouter quoi que ce soit, la Vaanie se rassit doucement sur son siège, attendant de voir la réaction de ses pairs.  

L’avis de la demoiselle d’Ys m’importait peux. Je me demandais même une minute pourquoi elle avait été invitée ici mais avant que je ne puisse pousser plus loin ma réflexion c’est la voix de Quiryah qui pris la parole. Si l’on pouvait appeler ses gesticulations et ses babillages une parole…

Je m’empêchais avec force de lever les yeux au ciel devant l’étalage de ses titres et je serais un peu les dents lorsqu’il défendit le prince de la soie. Que son nom résonne ou non dans tout l’Ithri’Vaan ou même l’entièreté de Miradelphia, si Diolando délirait jusque-là, personne n’était irremplaçable en ce bas monde, et le conseil se ferais une joie de le prouver.

Sa tentative de lancer un vote prématuré ne m’arracha qu’un soufflement amusé tandis qu’Aerianna le stoppa net.
Quelle honte cela devait être d’être coupé dans son élan par l’insignifiante princesse de Geresh…Je voyais presque ses pommettes devenir rouge pivoine de là ou j’étais…Ou peut-être rêvais-je.

Si je n’ignorais pas Aerianna comme j’avais ignoré Cassiopée, c’était purement et simplement parce qu’elle avait été à mes cotés à ce mariage. Elle avait vu et entendu les mêmes choses que moi et sachant qu’elle avait pris une fois la liberté de mentir sans aucune honte, je surveillais désormais ses paroles. C’est donc avec soulagement que je constatais qu’elle n’avait pas ajouté de mensonges à sa diatribe

Puis vint le tour de l’elfe si blanche. Elle qui ne nous avait pas encore fait l’immense grâce de faire entendre le son de sa voix. Je trouvais sa défense risible mais fallait-il vraiment en attendre plus d’une princesse marchande ayant hébergé pour je ne savait qu’elle raison un groupe d’elfe d’Anaëh ?

Passons sur les insultes d’une bassesse incommensurable. Croyait-elle donc que son joli minois aux oreilles pointues et sa voix fluette lui permettait d’insulter ceux et celles qui tenaient sa vie entre leurs mains ?

Le maître des caves y ajouta son grain de sel ainsi qu’une menace à peine dissimulée avant que la princesse de la chair ne renchérisse.

Sa remarque fit réapparaître mon sempiternel sourire en coin. Était-ce un défi ? Si c’était le cas, je n’avais même pas à exprimer la moindre syllabe pour qu’elle comprenne que je le relevais ce défi.

Mais l’heure n’était pas au jeu et le conseil devait continuer. Il était déjà bien assez ennuyant comme cela inutile de le faire durer.La princesse d’Uldal’Rhiz semblait visiblement apprécier son rôle de petite chef puisqu’après les menaces stupides du nain, elle relança les votes.

Autant en finir dans ce cas.  Lorsqu’elle se rassit, ce fut mon tour de me lever.

Menton légèrement relevé et air grave. C’est un prince de Baaz’hima dans toute sa splendeur qui toisa l’assistance une seconde à peine avant de s’exprimer :

-Baaz’hima vote également pour la remise aux drows d’Ascanio Vossula comme proposé plus tôt, en tant que preuve de notre bonne foi et en punitions pour s’en être pris directement à Thaar. Mon regard quitta l’intéressé pour sans doute jamais plus y revenir. Quand aux devenir des deux autres traîtres, il n’y a aucune différence. Si ce n’était les menaces de l’un et les insultes de l’autre. Pour eux ma voix sera donc la même : qu’ils soient bannis et désargentés sans possibilité de retour en arrière.

Je laissais un silence passer avant de me réinstaller dans mon siège. J’espérais maintenant sincèrement que le reste de mes confrères n’auraient pas la couardise de tourner dos à cette proposition.

Il m’avait fallu un instant pour prendre la décision que je n’allais pas m’essayer à participer à ce vote.

J’étais de plus en plus confiante en ma position et en le fait qu’on m’accepterait un jour ici, et aller dans le sens de la majorité n’était pas étranger à cette douce sensation. Je n’avais même plus besoin de respirer profondément à chaque fois que je me sentais partir sur de bien négatives émotions, j’aurais pu rester longtemps ici sans en souffrir, même si je n’avais pas encore le poids que je méritais et même si beaucoup de mes mots avaient semblé glisser par-dessus tout le reste sans trouver la moindre prise. C’est pour ça peut-être que je ne voulais pas aller trop vite, pour ça peut-être que j’écoutais tout ce qui se disait plutôt qu’intervenir à nouveau. L’idée de Diolando avait finalement fait son chemin jusqu’à l’esprit de tous et le vote avait bel et bien été lancé. Seulement il manquait quelque chose, quelque chose que ni Maralina, ni Ethirëlon, ni Diolando n’avaient mentionné, quelque chose qui avait été perdu dans les discussions. J’étais inquiète que tous l’oublient alors je n’attendis pas un autre Prince Marchand pour le mentionner.

« Le présent Conseil mentionne désargentures et autres amendes, et s’il pense à Thaar et à son futur en prononçant ces mots je ne peux que solliciter qu’il pense aussi à celui de la Corporation d’Argent et qu’elle soit compensée à la mesure de ce qu’elle a subi. »

Je ne pensais même pas au Conseil en faisant cette demande, je ne pensais pas à Thaar, mais ça n’enlevait en rien à ce que je percevais de la légitimité de cette demande. On ne connaissait pas encore exactement l’étendue des dégâts et la disparition de certaines têtes n’allait pas rendre le calcul plus simple, mais je ne pouvais pas me revendiquer l’héritière de l’hydre si je me refusais de prendre des risques pour elle. Je m’étais avancée pour prononcer ces mots et je reculai de quelques pas, croisant mes bras couverts pour fermer mon attitude et pour reprendre ma position de témoin, pour être certaine de ne pas moi-même m’exprimer trop. Si on m’avait demandé, j’aurais sûrement partagé la position d’Ethirëlon, mais comme ceci je pouvais éteindre le brasier qui réclamait la tête de deux des trois accusés et qui souhaitait offrir la tête du troisième aux implacables eldéens que j’avais vu en effervescence.

Le Prince Marchand d’Essalia avait serré les dents au départ du Maître des Caves mais il ne s’était pas pour autant laissé trop perturber, si c’était comme ceci que le nain voyait les choses, ce n’était visiblement pas le cas de ses juges autour de lui. Le Prince Marchand exprima son vote et celui de sa cité, relançant un tour de table lancé par Diolando et appuyé par Maralina, et quand il se tût d’autres s’exprimèrent, jusqu’à ce que finalement il reprenne la parole. On pouvait jouer des jours sur ces questions là, mais comme une tendance semblait s’être dégagée il voulait et pouvait conclure. Il se leva et posa le regard sur chacun des Princes et Princesses du Conseil présents mais aussi sur cette place devenue vide, ironiquement la seule des trois qui était en jeu et que son propriétaire garderait au-delà de cette journée.

« Le Conseil de Thaar a voté, le Conseil doit maintenant prononcer son verdict. »

Et puisqu’il avait commencé à arpenter cette voie il entreprit de prononcer ledit verdict, en commençant par celui des deux présents. « Milynéa Lythandas et Ascanio Vossula, le Conseil prononce votre éviction de son sein ainsi que votre désargenture. Vous, Dame Blanche, êtes bannie de Thaar et de ses Principautés. Vous, Prince d’Eofel et de Feldorn, serez livré aux Eldéens pour faire preuve de la bonne foi de Thaar, ou, de manière réaliste, lui faire gagner du temps. Parce que ce ne sont que vos actes qui sont jugés ici, celle que vous laissez derrière vous aura le droit de garder une seule de vos propriétés et se verra présenté le droit de choisir laquelle. » Il marqua une pause, c’était dit, et comme beaucoup dans cette pièce il ne pouvais pas savoir si le choix était le bon.

Il se tourna alors vers la place vide, et on aurait pu croire qu’il y cherchait Salfaryl alors que calmement il continuait sa déclaration. « Finalement, avec le grâcieux consentement de Salfaryl, en plus de compenser Thaar à la hauteur des dommages commis il sera imposé au Maître des Caves de verser une amende substantielle dont la somme sera déterminée dans les prochains jours. » Ce calcul ainsi que celui relatif aux réparations mobiliseraient un bon nombre de Thaaris, mais s’il y avait quelque chose qu’ils savaient presque tout faire c’était bien ceci et c’était surtout une étape nécessaire pour donner son poids à la décision.

Il se rassit alors. C’était si simple énoncé comme ceci, et il espérait que ça le reste, simple.