La promesse d'une renaissance

1ère ennéade de Karfïas
22e année du Onzième Cycle
Forêt des vallées du Norn
Tombée de la nuit

Les crépitements du feu de camp sont le seul son troublant les discussions entre les chasseurs. La couverture enneigée est épaisse au point d’avoir calmé les ardeurs des oiseaux nocturnes, seulement même dans cet environnement inhospitalier, les Sylvains auront su tirer leur épingle du jeu. L’odeur de la viande rôtie pour preuve de leurs derniers exploits, nul besoin pour eux de s’autocongratuler. Les félicitations du reste du clan – lorsqu’ils leur ramèneraient le reste du fruit de la traque – suffiraient amplement. Surtout que pour l’heure, et tant qu’ils n’étaient qu’entre eux, leurs pensées allaient à un sujet bien plus important que quelques compliments.

- Quand est-ce que vous pensez qu’ils reviendront ?

- J’en sais rien. une voix agitée par des tics d’anxiété répond du tac au tac J’espère juste qu’ils vont se dépêcher un peu.

- Hâte d’en finir avec tout ça hein ?

- Marre d’avoir à me taire. l’Elfe tire une longue taffe de sa pipe Mais en même temps, j’ai vraiment pas hâte de mettre le pied chez les Hædhrims.

Les Tava’Mëar laissent échapper un soupir général. Pourquoi, exactement ? Pourquoi se donner tant de mal à accomplir la basse besogne de parfaits inconnus ? Au départ ce n’était qu’une forme de curiosité morbide, excitée par les discours affriolants d’Ornedhels ayant définitivement perdu la tête… et puis ils y avaient repensé, encore et encore, et plus ils y repensaient, plus la perspective leur paraissait séduisante.

Détruire. Combien de fois les guerriers du clan n’avaient-ils pas souhaité posséder le pouvoir de détruire. Il est tant de choses en ce monde après tout, qui mériteraient d’être détruites. Et il en est Sept en particulier qui leur viennent en tête.
Détruire. D’abord le Voile. Puis la Lune Rouge. Et maintenant ça. N’étais-ce pas là simplement le cours naturel des choses ? Un signal, une opportunité pour l’Œuvre de revenir en arrière, à une époque où elle ne se laissait pas aussi facilement contenir ?

- T’en fais pas pour ça. l’elfe se saisit d’un morceau de viande Même les pires d’entre eux n’auraient pas le cœur de refuser une visite du Sanctuaire. puis le porte à sa bouche L’Arbre-Maître ne leur appartient pas.

- Ils ont dû l’oublier au moment d’empiler leurs cailloux autour. C’est ridicule d’avoir à leur lécher les bottes juste pour y accéder.

- T’inquiètes. Ce sera bientôt de l’histoire ancienne tout ça.

- Puisse Hiril Lôthren nous entendre.