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| Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano | |
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Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Ven 30 Aoû 2024 - 18:36 | |
| 8e jour, 5ème ennéade de Karfïas | Second mois de l’Hiver. Cité ducal de Soltariel | Palais ducal | Appartements seigneuriaux. Année XXII | XIème cycle La jeune di Soltariel prenait un bain chaud derrière un paravent de bois marqueté aux détails finement travaillés lorsque sa mère entra triomphalement dans sa chambre avec une nouvelle robe de jacquard de soie rouge aux motifs floraux damassés.
__ Diane, ce soir tu porteras cette robe.
Curieuse et enthousiaste à l’idée d’avoir une nouvelle robe, elle sortit de la baignoire et Selena, la servante qui lui avait été assignée l’enroula dans un drap blanc et la suivit docilement jusqu’au lit où s mère avait étalé la robe. L’étoffe brillait à la lumière des chandelles, le large décolleté arrondi découvrait la pointe des épaules et les manches ajustées étaient brodées d’entrelacs dorés tandis que de longues surmanches doublées de brocart d’or pendaient jusqu’au sol La camériste aida la brune aux yeux bleu-gris à se sécher, mais quand elle prit la robe pour l’aider à l’enfiler, Margot la congédia et attendit qu’elle soit sortie pour enfiler la robe elle-même à sa fille. Ainsi ce n‘est que quand sa génitrice attacha les boucles d’or ciselé qui étaient censées fermer la robe à l‘avant que la jouvencelle se rendit compte qu’elles laissaient sciemment un espace ouvert entre ses seins jusqu’à son nombril. Elle ouvrit de grands yeux indignés en suffoquant avant de clamer :
__ Mais mère ! Je ne peux pas porter une robe pareille ! __ Tu peux et tu dois ! __ Non ! Je refuse !
Margot attrapa le visage de sa fille entre ses mains et le maintint à quelques centimètres du sien, parlant plus bas, mais était-ce assez bas ? Adriano était-il dans sa chambre ?
__ Tu le feras, que tu le veuilles ou non. Tu vas porter cette robe et Adriano ne pourra pas résister. Tu dois faire en sorte qu’il te fasse sienne et soit contraint de t’épouser avant le délai qu'il nous a imposé. __ Mais… __ Il n’y a pas de mais ! Tu entends !
Tempêta Margot sans se soucier de cette terrifiante porte. Diane voulut jeter un œil à la porte qui séparait sa chambre de celle du Duc, mais sa mère l’en empêcha. Elle connaissait l’existence de cette porte, elle l’avait elle-même franchie du temps où elle était mariée à Asdrubal di Soltariel et c’était probablement cette porte qui lui avait permis d’engendrer Diane. Depuis son arrivée, cette dernière craignait plus que tout que cette porte, fermée à clé, mais pas par elle, ne s’ouvre et que que le Cortès Di Alcacio ne vienne exercer la cruauté dont elle avait entendu parler sur elle.
__ Tu dois porter ses héritiers au plus vite pour permettre à notre lignée de prendre le contrôle du duché.
Reprit la Soltari-Beronti sur un ton plus bas, elle se radoucit.
__ Je comprends que ce soit difficile pour toi, mais tu m’aimes n‘est-ce pas ? Sais-tu quels sacrifices j’ai dû faire pour que tu ne manques de rien ? Ce que j’ai traversé pour que tu vives ? Le pouvoir ne se donne pas il se prend, nous devons reprendre ce que Félipé Cortès di Alcacio nous a pris car jamais son fils ne nous le donnera.
Les larmes aux yeux, Diane fit oui de la tête. Elle se souvenait de ce que l’exil avait fait à sa mère, puis à Tiberia. Elle savait la haine que les Soltari- Beronti ressentaient à l’égard de l’usurpateur et de sa descendance maudite et indigne de gouverner le duché. Une haine dans laquelle elle avait été élevée et qui avait déjà été ébranlé par l’accueil qui lui avait été fit et la douce bienveillance de Catarina. Mais au fond, Adriano ne restait-il pas l’ennemi ? Un ennemi qu’elle ne voulait pas épouser, un ennemi dont elle aurait préféré rester aussi loin que possible. Mais maintenant qu’elle était là et que son destin était scellé, peut-être que c’était là la meilleure manière de reprendre un peu le contrôle de sa vie, de son avenir, et d'offrir enfin la rédemption à sa mère.
__ Maintenant c'est ton tour de te sacrifier pour la famille. Tu comprends ? Je sais que tu en es capable, je sais que tu feras ce qu'il faut.
La brune aux yeux océan se pinça les lèvres avant d'acquiescer. Elle ne savait pas comment faire et par Neera elle ne voulait surtout pas demander de conseils en matière de séduction à sa mère. Alors elle ignorait si elle parviendrait à faire ce qu’il fallait pour la famille, elle était certaine de n’en avoir aucune envie, mais elle le devait peut-être. Et la paix ? Et la vie ? Se demanda-t-elle perdue une fois de plus, entre son désir de bien faire pour sa famille et sa foi en la Déesse mère.
__ Je vais chercher Selena pour qu’elle finisse de te préparer.
Annonça sa génitrice. Les pensées se bousculaient encore dans sa tête lorsque sa mère sortit, la laissant seule avec les yeux mouillés, les mains tremblantes. Elle resta là, plantée à côté de ce lit trop grand pour elle dans une robe trop femme pour elle et avec une mission trop sournoise pour elle.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Ven 13 Sep 2024 - 14:31 | |
| Les heures s’égrenaient avec une rapidité toute relative. L’arrivée de Diane di Soltariel au cœur du palais Ducal, et avec elle, de deux de ses parents – Margot et Octavia – était un chamboulement dans la vie du Duché, et celle d’Adriano également. Qu’aurait dit Félipé, s’il était encore là ? De voir ainsi les représentantes d’une lignée déchue, bannie et punie par le conseil du Roy lui-même – aussi faux eût-il été par le passé – au cœur du palais dont il fut chassé ? Allez savoir…
Adriano lui-même se demandait s’il ne devait point faire ce qu’il fallait pour se débarrasser de ce trio-là. Diane, de toute évidence, n’y était pour rien… Mais Margot et Octavia, elles, étaient passées maîtresses dans la manipulation, la critique, le complot et la trahison. Serait-ce là le fardeau que les lignées dirigeantes reçoivent en héritage, à force de régner sur autant de gens ? Est-ce que le pouvoir corrompt ? Allez-savoir… Allez-savoir…
Les éclats de voix de l’autre côté de la chambre, tirèrent Adriano de sa rêverie. A ses côtés, deux serviteurs, qui l’habillent de façon à être classieux et ostentatoire, de sorte à pouvoir impressionner Diane avec son pouvoir et sa richesse tout en rendant hommage à la jeune femme en se montrant sous son meilleur jour. Un jeu d’apparat, de faux-semblants et de pouvoir, quand bien même ledit jeu ne soit point fort équilibré car Adriano avait bien des années d’expériences, comparativement à la pauvre Diane. D’un geste, donc, il ordonna aux deux valets de sortir de la chambrée, et écouta… S’approchant de la fameuse porte…
Il pu alors entendre les mots prononcés par une voix qu’il reconnut immédiatement : celle de Margot, suivie par la voix chevrotante d’une Diane, vraisemblablement ébranlée. L’intérêt du Duc fut soudainement… Renouvelée. Ainsi donc, Margot était en train de fomenter, à nouveau, quelque-chose pour briguer la place de Duchesse. Ou du moins, une place dans la lignée. Diane était un outil – mais en cela il n’avait rien à redire, lui aussi utilisait la jeune femme pour contenter les anciennes lignées et se trouver le nom qui lui permettrait d’être tout puissant. Mais, en plus d’être un outil, elle était une arme. Plus vite les épousailles seraient officielles, et consommées, plus vite un héritier pourrait être conçu. Plus vite Catarina ne serait qu’une princesse sans prétentions… Plus vite Margot serait la Duchesse-Mère, ou quoi que ce soit qui pourrait supporter un tel rôle…
Adriano obtenait ainsi les moyens de détruire Margot, et sans doute Octavia en même temps… Il continua alors d’écouter à cette porte comme un espion le ferait derrière un faux-mur.
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Dim 15 Sep 2024 - 11:16 | |
| La porte dérobée resta close, au grand soulagement de la di Soltariel. Ainsi, lorsque la camériste entra, Diane n’avait pas bougé d’un pouce, mettant toute son énergie à retenir ses larmes, larmes qui se mirent à couler lorsque la servante demanda comment elle allait. Selena tenta tant bien que mal de consoler la jouvencelle, lui demandant ce qui n’allait pas et la faisant à asseoir à sa coiffeuse pour commencer à démêler et tresser ses cheveux tout en lui parlant et en la réconfortant. Mais à part quelques sanglots, Diane resta silencieuse. Elle ne pouvait rien confier à cette femme qui était avant tout au service du Duc, certainement pas ce que venait de lui demander sa mère. Et pourtant elle aurait aimé avoir quelqu”un à qui parler en cet instant. Mais les complots doivent rester secrets et ainsi la brunette se retrouvait seule avec ce fardeau sur les épaules, ignorant toujours comment satisfaire sa mère et ses ambitions, sachant que cela allait contre tous ses principes, mais cependant décidée à le faire pour sa famille.
Oh Margot savait parfaitement ce qu’elle faisait quand elle parlait des sacrifices faits pour les exilées en faveur de Diane, n’était elle pas une grande maîtresse de la manipulation ? Elle savait que la jeune fille était bien trop altruiste et bien trop gentille pour refuser de rendre le confort dont elle avait bénéficié en faisant ce qu’elle lui avait demandé.
D’ailleurs, pendant ce temps, Margot écrivait un message au Duc, le conviant à un dîner en tête à tête avec sa future épouse dans les appartements de cette dernière. Ce mot serait remis en main propre à Adriano et signé Diane di Soltariel. Elle espérait ainsi offrir à Diane l’occasion d’être seule avec le Duc et surtout, éviter qu’elle ne puisse se dérober à son devoir. Elle pesait qu’il serait plus facile pour la jeune fille de séduire Adriano sans être observée par d’autres et que ce derrière craquerait plus facilement dan l'intimité des appartements de sa future épouse.
“ Sire,
Sachez que, comme vous, j’aspire à la paix et à la stabilité retrouvée dans le Duché. Je prie pour que l'union de nos deux lignées soit le début de cette nouvelle ère que j’appelle de mes vœux. Devant la force qui vous caractérise, je ne puis que m'incliner et espérer être à votre goût. Je vous promets de tout faire pour vous satisfaire afin que notre union vous soit agréable. Je tâcherais de vous faire honneur et de me montrer à la hauteur du rôle qui me sera dévolu et de m'acquitter de toutes les tâches que vous me confierez avec dévotion, tant envers-vous qu’envers le Duché. C’est avec sincérité que je vous avoue que, lors de mon arrivée, vous m’avez fait forte impression, éveillant en moi des sentiments qui ne sauraient que gagner en intensité avec le temps.
J’ai été très touchée par votre discours lors de mon arrivée et par l'accueil que vous m’avez fait et je souhaiterais vous remercier. Permettez moi de vous inviter à dîner en tête à tête, avec moi, ce soir, dans mes appartements. Ainsi, j'espère que nous pourrons faire plus ample connaissance en dehors du carcan du protocole.
Votre promise dévouée, Diane di Soltariel.”
Une fois le message confié au messager, Margot descendit en cuisine pour que le dîner du Duc et de la future duchesse soit monté dans les appartements de cette dernière. Ainsi, une fois que la promise fut coiffée, une ribambelle de serviteurs installèrent la table du repas et quand Diane demanda pourquoi, on lui expliqua qu’elle dînait en tête à tête avec le Duc sans lui expliquer le pourquoi du comment. Elle ouvrit de grands yeux terrifiés, elle qui pensait avoir au moins le temps du dîner pour se faire à l’idée et trouver un moyen de séduire le Duc, elle allait se retrouver en face à face avec lui d'ici seulement quelques minutes. Suivant les instructions de la Duchesse déchue, Selena ajouta une touche de khôl pour souligner les yeux clairs de la jeune fille, et une touche de fard afin de rehausser son teint de lait et un tout petit peu de rouge sur ses lèvres afin de les rendre plus désirables. La camériste prit congé après avoir mis les rubis de Margot aux oreilles et autour du cou de Diane qui resta une nouvelle fois figée devant le miroir de sa coiffeuse constatant qu’elle ressemblait à une femme et que d’ici peu, le Duc n’allait pas tarder à arriver, ce qui lui interdisait de se mettre à pleurer à nouveau.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Lun 16 Sep 2024 - 23:17 | |
| L’esprit embrumé par des réflexions toujours grandissantes, Adriano savait, que dans les heures et les jours à venir, ce jouerait sans aucun doute la toute dernière bataille entre la lignée déchue, et la lignée illuminée. Margot et Octavia étaient les dignes représentantes de toutes les mauvaises choses qui eurent cours dans le Duché par le passé : manipulations, mensonges, dédain, déni, assassinat, méchanceté et autres actions digne de véritables succubes assoiffées de pouvoir et de puissance. Qu’elles aient seulement été bannies, était une punition bien trop douce. Si les terres n’étaient plus à elles, elles demeuraient riches… Elles possédaient toujours leurs commerces, leurs dividendes et leurs possessions commerciales. Point de terres… Mais au moins autant d’or qu’auparavant. La lettre soi-disant écrite par la Diane était dans ses mains. Tenue à bout de doigts, le Duc, apprêté tel un Roy, la faisait tournoyer entre les pulpes de son pouce et de son index, en proie à un cruel dilemme : devait-il réellement accepter un dîner dans l’intimité d’une chambrée ? Ou devait-il poursuivre l’œuvre qu’il avait initié durant la réception des Di Soltariel, à savoir, asseoir sa domination et son courroux sur Margot et Octavia tout en achetant la sympathie de Diane ? Cruelle réflexion que celle-ci… Mais Adriano devait bien l’avoir, non ? Curieusement, il accepta. Oh, de toutes les façons, il possédait toujours toutes les cartes dans ce château, et d’ailleurs… Margot venait de lui en fournir une autre. Lorsque les domestiques vinrent le chercher pour l’amener dans la petite chambrée à côté de la sienne, on lui expliqua que Margot avait fait mettre la cuisine au pas pour pouvoir préparer un repas pour ce soir. Un repas, sur ordre de Margot. Point Duchesse… Point non plus encore mère de la Duchesse… Mais assurément bannie, et déshonorée. Une preuve supplémentaire de son ingérence en devenir, de ses pions, qu’elle déplaçait à l’envie sur un échiquier bien trop grande pour elle au jour d’aujourd’hui. Adriano se laissa alors conduire. On l’annonça, bien-sûr, comme son rang le demandait. Un valet frappa deux fois à la porte de Diane et, après deux secondes d’attente réglementaire, la porte s’ouvrit, laissant entrer un valet chichement habillé, et le Duc, richement vêtu et tout d’or paré. « Oyé ! Oyé ! Dame Diane de Soltariel, veuillez vous incliner devant votre promis, Adriano Cortès di Alcacio, Duc de Soltariel et Seigneur d’Alcacio. » Dit-il, d’une voix assurée mais point forte, se mettant ensuite de côté pour pouvoir laisser apparaître un Duc endimanché. « Mes hommages, ma Dame. » S’inclinant, le valet fit quelques pas en arrière, bifurqua, et, sans demander son reste, quitta la pièce en fermant les portes derrière lui. Deux serviteurs restèrent, de ce côté de la porte ; deux autres, et quelques gardes, se placèrent du côté des couloirs. Adriano dévisagea alors sa promise, décidément trop jeune pour un tel jeu d’adresse politique. Elle était toutefois belle… Même pour une très jeune adulte. Belle, car embellie – s’il en était besoin – par le phare et les maquillages, la coiffure, les bijoux, fibules et autres soieries offertes çà et là, qu’elle portait de manière ostentatoire mais avec une certaine grâce pour son âge. Adriano lui offrit une révérence de circonstance – comme un Duc en offrirait une à quelqu’un d’importance – et se plaça de son côté de la tablée, bien décidé à ne point effrayer la jeune effarouchée. Se mettant ainsi, il était dos tourné à la porte dérobée présente depuis des années et des années. Celle-là même qui lui avait permis d’entendre la discussion entre Diane et sa mère, et les conséquences sur la santé émotionnelle de la future Duchesse. Comme pour montrer à Diane qu’il savait, et qu’il avait anticipé la peur et la crainte – ou en tous les cas le fait que Diane connaissait l’existence de cette porte – il se retourna à-demi, regardant la porte dans un faux sourire en coin, avant de se repositionner, droit sur son assise, claquant des doigts pour qu’un domestique lui serve alors un grand verre d’un vin rosé aux odeurs fruitées. « Asseyez-vous, très chère. » Il prit son verre, et, tandis qu’elle s’approchait, leva la coupe vers elle. « Je bois à votre santé. Et à notre union, puisse-t-elle perdurer longtemps et vous rendre plus heureuse qu’aujourd’hui. » Dit-il, commençant alors ce tour de passe-passe et de manipulation. « Puis-je vous poser une question, ma Dame ? » Demandait-il, rhétoriquement bien-sûr, alors qu’il cherchait déjà dans sa poche la missive qu’on lui avait fait quérir. La dépliant, il la posa sur la table, et la poussa du doigt, délicatement, pour que Diane puisse lire quelques mots, et surtout, la signature en bas de page. « Reconnaissez-vous ceci ? »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Mar 17 Sep 2024 - 17:36 | |
| Quand on annonça l’arrivée du Duc, la jouvencelle retenait toujours ses larmes devant son miroir et ne savait pas plus qu’avant comment opérer pour séduire son futur époux. Elle oscillait entre la peur de subir le courroux de sa mère et celle de subir le courroux d’Adriano, la colère d’avoir été vendue et la colère contre celui qu’elle continuait à considérer comme son ennemi, même si ses convictions en la matière commençaient à se craqueler sous l'évidence des faits. Elle luttait de toutes ses forces entre sa loyauté à sa famille et sa foi envers Néera. Son esprit voguait sur des flots sombres où l'ambition des Soltari-Beronti se transformait en un monstre marin doté de tentacules qui peu à peu l’enserraient avec puissance, l'empêchant de respirer. Elle se leva en hâte pour saluer son fiancé, s’inclinant gracieusement comme elle avait appris à le faire, mais fuyant son regard contrairement à son habitude.
Diane remarqua sans peine, malgré son regard fuyant, les habits dignes d’un Roi qu’Adriano portrait, mais ce qui la frappa le plus, peut-être était ce qu’il dégageait de prestance toute martiale. Il l’avait dit lors de son discours devant la cour de Soltariel, il avait une formation de soldat et cela se ressentait dans chacun de ses mouvements et dans la façon qu’il avait de vous regarder.
__ Je suis honorée par votre présence Messire.
Margot avait vu juste, si la brune était mal à l’aise avec cette robe qu’elle tâchait cependant de porter selon son rang et également du fait d’être face à face avec lui, elle l’aurait sans doute été bien plus encore en public. Elle dut déployer tout son courage pour ne pas rester recroquevillée, tête basse devant lui, mais elle finit par se redresser malgré le décolleté qui plongeait ostensiblement entre ses seins de jeune femme et par le regarder dans les yeux avec un sourire bien naïf, innocemment offert malgré ce qu’il se jouait à présent et dont elle n’était même pas vraiment consciente. Il s’inclina à son tour et s’installa à table, alors il se tourna vers la porte dérobée et Diane se figea en suivant son regard. Était-ce lui qui avait la clé ? En tout cas ça n’était ni elle, ni Margot, alors qui d’autre que le maître des lieux pouvait avoir fermé cette porte et gardé la clé ?
Elle baissa la tête et, à la demande du Duc, s'installa, aidée pour s’asseoir par un des serviteurs restés de ce côté-ci de la porte. Intimidée et jetant des regards effrayés vers la porte. On la servit pour qu’elle puisse lever sa coupe avec le Duc qui lui rendait hommage. Mais elle manqua de lâcher son verre quand il évoqua le souhait que leur union la rende plus heureuse qu’aujourd'hui. Cela se voyait-il donc tant que ça qu’elle était malheureuse, malgré tous ses efforts pour le dissimuler ?
__ Je bois à la vôtre et aux enfants que je vous donnerai.
Répondit-elle en rougissant avant de baisser à nouveau les yeux pour boire une gorgée de vin, puis deux, trois… Elle aurait préféré se noyer dans cette coupe, cacher ses joues écarlates, son désarroi, mais elle ne pouvait décemment pas descendre toute la coupe d’une traite. Elle la posa donc et hocha la tête car il demandait s’il pouvait lui poser une question. Il posa une missive sur la table. Elle reconnut immédiatement l’écriture de sa mère et fut surprise de voir son nom au bas du parchemin. Elle jeta un bref regard au Duc pour essayer de comprendre ce qu’il en pensait et se mit à lire en diagonal pour prendre connaissance des mots utilisés par sa mère. Elle écrivait bien, il fallait le reconnaître, mais ce qu’elle insinuait fit trembler la jeune femme. Elle releva un regard inquiet sur le Duc, elle ne pouvait pas dénoncer sa mère, elle devait trouver quelque chose…
__ Oui… C’est… Je… Vous…
Balbutia-t-elle avant d’essayer d’articuler une phrase compréhensible.
__ J’ai demandé à la Dame ma mère de vous écrire. Je ne trouvais pas les mots pour m’adresser à vous Sire. Je voulais effectivement vous remercier pour l’accueil que vous m’avez réservé et également…
D’avoir repoussé le mariage Faillit-elle dire avant de se souvenir de l’objectif de cette soirée. Elle fut donc contrainte de terminer cette phrase et voici ce qu’elle trouva pour se faire :
__ Vous inviter à dîner afin que nous apprenions à nous connaître.
Elle reprit sa coupe et but une nouvelle gorgée de rosé, ses joues à nouveau colorées par la gêne. Mais bientôt, elle se mit à parler, un flot de paroles, comme si elle laissait sortir tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle avait gardé pour elle depuis son arrivée.
__ Vous savez, si je ne suis pas à votre gout, je comprendrais que vous me renvoyiez à Thaar avec ma mère et tante Octavia. Après tout, vous êtes le Duc et même si la tragique disparition de votre dernière épouse est encore récente, je comprendrais que votre statut ne vous permette pas d’attendre avant de chercher à avoir un héritier. J’imagine qu'un homme tel que vous a l'embarras du choix en termes de proposition de mariage et… à vrai dire, je ne sais pas pourquoi je suis là. Enfin si, vous espérez que l’union entre nos deux lignées fasse taire les vrais-soltari une bonne fois pour toute, ce serait une bénédiction pour le Royaume et pour cela je suis prête à vous épouser, pour le bien du ducher. Mais je ne…
Elle marqua une courte pause, le regardant en repensant à ce que fomentaient Margot et Octavia.
__ Je ne suis pas digne de vous, Sire.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Jeu 19 Sep 2024 - 9:58 | |
| La réaction de la jeune femme, à peine sortie de l’enfance et sans doute uniquement à cause de sa capacité soudaine à enfanter en plus des volontés de ses parents, était scrutée par Adriano. Sans vergogne, sans pitié non plus, il plongea ses yeux dans ceux de Diane et sonda autant son esprit que son cœur, autant qu’il lui fut possible face à une ingénue encore naïve des usages des Hommes et de la politique. Et sans doute, également, des usages des hommes de ce monde patriarcal. Et une chose était sûre : Diane était désarçonnée, mais capable d’adaptation et surtout, était plus courageuse que ce qu’elle laissait entrevoir au travers de ses traits juvéniles. Elle trinque à la santé du Duc, et à celle des enfants en devenir qui, assurément, deviendront les futurs héritiers de ce Duché. Catarina le savait, et avait accepté cela sans trop de difficultés, car son honneur et son humilité étaient grands et grandissants. S’était-elle décidée, en si peu de temps ? Etait-elle toute entière acquise à la cause de sa mère ? De sa tante ? Cela était peu sûr… Car les bégaiements et le manque d’assurance dans le début de sa réponse trahissaient l’inexpérience de la jeunesse et la stupeur d’un manque de préparation, en plus d’un combat intérieur entre le devoir que lui imposait Margot et son ressenti propre. Ainsi, lorsqu’elle parlait, lorsqu’elle indiqua être prête à être renvoyée si elle n’était point aux goûts du Duc, Adriano continua de scruter et de rechercher le moindre signe, la moindre faille. Elle n’était donc pas digne de lui… Elle savait pourquoi elle était là, pour quoi faire, pour qui. Quelles étaient ses missions, quels étaient ses rôles. Mais elle ne semblait point réellement résignée, et encore moins intéressée par cette union, et tentait alors son va-tout : le rejet du Duc, qu’importe les conséquences sur elle. Elle pourrait être lynchée par sa propre famille ; abandonnée en chemin ; vendue aux plus offrants à Thaar, qui pourraient payer cher, très cher, pour marier une fille de Ducs même déchu. « Hm. » Grommèle-t-il, reprenant la lettre et la plaçant dans un des plis de sa livrée. « Vous buvez à la santé de nos enfants, pour ensuite m’assurer ne point être digne de les porter. Dichotomique votre discours, n’est-ce pas ? » Il ordonne qu’on le resserve, avant de se relever et de venir finalement s’adosser contre la porte dérobée qui faisant si peur à Diane. « Je suis conscient du poids qui pèse sur vos épaules. J’ai eu la chance de pouvoir me marier, plus jeune, par amour. De cet amour naquit Catarina. Depuis, aucun de mes mariages ne fut par amour… Tous furent politiques ou de circonstances. Le nôtre, assurément, est politique. Bien que le Roy ait confirmé qu’il plaçait, nommait et confirmait ma lignée sur le trône Ducal, par décret royal du Roy ressuscité, je ne suis pas dupe : je suis un Soltarii, mais point d’une des lignées régnantes depuis des siècles. Votre nom, Diane, m’est vital, sinon au moins important. Je regrette toutefois que vous n’ayez pas eu la chance de connaître le mariage d’amour que j’ai pu connaître… Car même si perdre feu mon épouse fut la plus difficile des épreuves… Je suis heureux de l’avoir vécue, et d’avoir connue cette femme. » Dit-il, prenant ensuite deux grosses goulées de ce vin délicieux qui le fit tout de même doucement grimacer. « Je ne suis pas grabataire et vous m’êtes plus précieuse qui n’importe quel autre parti… J’en suis désolé. » Dit-il, laissant alors un court silence qu’il utilisa pour boire, avant de reprendre. « Je ne vous renverrai pas. Puissiez-vous me pardonner. J’aspire toutefois à vous libérer du fardeau que votre mère fait peser sur vous. Car je sais… Je sais tout. » Dit-il, mentant allégrement sur une vérité qui lui est encore en partie cachée. Mais tenter le tout pour le tout, parfois, pouvait aider. « Mais pour cela, il me faut l’entendre de votre bouche. Parlez, ma Dame. Et libérez-vous. Nous prendrons alors le temps qu’il faudra. Des années, s’il le faut. »
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| | | Diane de Soltariel
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Jeu 19 Sep 2024 - 17:08 | |
| Diane essayait de ne rien montrer de son désarroi et du combat intérieur qui la malmenait. Le poids sur ses frêles épaules, celui que le Duc avait enlevé avec le report du mariage lors de son arrivée était revenu. Il était plus difficile à porter que jamais. Margot n’avait donc point de pitié pour sa fille ? La jouvencelle n’était donc à ces yeux que l’outil de ses propres ambitions ? Sans doute oui, ou en tout cas son affection pour sa progéniture n’était-elle pas aussi importante que le pouvoir. Mais si la Di Soltatiel ne remplissait pas ses attentes, si elle ne s'acquittait pas de sa part du marché, qu’adviendrait-il ? Nul doute que Margot la haïrait et certainement que tante Octavia ne tarderait pas à lui trouver un autre parti avantageux, soit en terme de richesses, soit au niveau politique, ou mieux encore les deux. Et il était probable que ce nouveau parti n’aurait aucun scrupule à épouser une enfant et à la mettre enceinte au plus vite. Et cela ne poserait aucun problème à Margot, elle qui était prête à tout pour jeter sa fille en pâture à Adriano afin d’accélérer le processus de prise du duché déjà engagé par la venue des trois femmes.
La jeune femme n’était pas idiote, bien que détestant ces jeux de pouvoir qu’elle trouvait nauséabonds, elle comprenait ce qui se jouait et quel était le rôle que sa génitrice voulait qu’elle joue. Mais elle se refusait à dénoncer sa mère, à trahir sa famille. Elle avait certainement plus d’amour et de respect pour eux qu’eux n’en avaient pour elle, mais qu’importe, Neera était maîtresse de ses actions et elle seule guidait ses pas. Elle pouvait séduire Adriano, enfin, essayer tout le moins, mais jamais elle ne laisserait qui que ce soit faire le moindre mal à Catarina. Elle pouvait mentir au Alcacio pour protéger sa mère et aux Soltari-Beronti pour protéger le duc et sa fille. Toutes les vies étaient précieuses à ses yeux, moins la sienne que celle des autres. Ce qu’elle ignorait c’est que Margot n’était pas la seule à savoir tirer les ficelles.
Ainsi, elle rougit alors qu’Adriano soulignait les contradictions de son discours, la mettant encore plus mal à l'aise qu’elle ne l’était déjà. Elle arrêta même de respirer quand il s’adossa à la fameuse porte qui reliait leurs chambres. Puis il parla d'amour, amour qu’elle était condamnée à ne pas connaître à cause de ce mariage. Elle rougit de plus belle et baissa les yeux, il était vrai qu’en son fort intérieur, elle avait songé que, sa famille étant déchue, elle pourrait épouser qui elle voulait. Cependant, les ambitions des duchesses exilées et leurs discours de haine et de vengeance lui avaient rapidement fait comprendre qu'elle serait prise, de gré ou de force, dans leurs plans machiavéliques. Alors, elle s’était faite à l’idée qu’en dehors de la magie et de la chasse, sa vie ne lui appartiendrait jamais.
Diane relava brusquement les yeux, fixant à nouveau le Duc lorsqu'il dit qu’il savait tout. Et quand il lui demanda de tout dire, elle sentit les larmes lui monter au nez. Ses tendons et ses clavicules se firent plus visibles sur sa gorge contractée par la peur. Il lui fallut plusieurs minutes pour faire le tri dans ses pensées et retrouver l’usage de la parole. Mais bien qu’elle baissa les yeux se faisant, elle parla d’une voix assurée pour la première fois depuis son arrivée.
__ Non.
Elle secoua la tête comme pour appuyer ses dires. Ou était-ce pour se donner le courage de continuer et le temps de trouver ses mots, pour peser ses prochaines paroles ?
__ Vous ne pouvez pas me demander de trahir ma famille. Pas si vous voulez en fonder une avec moi qui soit bâtie sur la confiance et le respect mutuel à défaut de l’amour. Pas si je vous suis aussi précieuse que vous le dites. Je sais que ma valeur à vos yeux n’est que politique, mais je ne peux pas me résoudre à donner la vie à nos enfants si vous avez auparavant donné la mort à celle qui m’a portée et élevée. Alors tout ce que je peux vous dire c’est que vous devriez les renvoyer toutes les deux ainsi que leur suite à Thaar.
La brune aux yeux céruléens se leva et s’approcha du Duc pour le regarder dans les yeux. Elle avait oublié sa tenue, sa gêne et même leur différence d’âge. Elle ne jouait pas, elle n’avait jamais joué, mais elle n’hésitait plus car elle avait fait son choix.
__ Je ne vous en veut pas de vous servir de moi et si cela est bon pour le duché, je serais celle que vous voulez que je sois. Mais en échange de ma soumission et de ma loyauté, je vous supplie d'épargner ma mère et ma tante et de vous contenter de les renvoyer chez elles. Cela me libérera de leurs jougs et je serais à vous seul sans autre contrainte que mon devoir envers le duché… et vous.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Mer 25 Sep 2024 - 8:13 | |
| Dire qu’il avait la maîtrise des lieux était un euphémisme. Dire qu’il avait tout calculé, serait une bien piètre description de ce qui se jouait ici. Dire qu’il possédait la domination physique, psychologique, de l’instant et de l’avenir, sur ce pauvre Souffle qui s’animait, qui craignait, qui, intérieurement, désirait pleurer sans aucun doute sur son sort et souhaiter une mort douloureuse plutôt qu’une vie dans ce palais, était une triste réalité pour Diane… Et un moment savoureux pour le machiavélique Duc aux ambitions si grandes qu’il prévoyait déjà dix coups à l’avance. S’adossant à cette porte dérobée dont il connaissait l’origine, la raison et le propos, Adriano pu se délecter du rythme cardiaque grandissant dans la poitrine de la jeune ingénue. Lorsqu’il utilisa le mensonge et la cachoterie, indiquant qu’il savait tout, connaissait tout, et désirait dans l’instant des aveux complets pour pouvoir ensuite s’assurer la sécurité de la jeune femme, il jouait là un va-tout. Enfin… Moins qu’un va-tout, surtout un coup de poker. Il savait, bien-sûr ; il se doutait, assurément ; il avait compris bien avant l’arrivée de Diane, de cela, il fallait en être certain. Mais il lui fallait une raison officielle, plus qu’officieuse ou un concours de circonstance, pour pouvoir mettre à bas la famille de Diane, saisir leurs biens, et épouser la jeune femme pour enfin asseoir sa dynastie. Seulement, pour la première fois depuis son arrivée, la jeune femme affichait un visage sérieux, profond, et une détermination jusqu’alors inconnue. Elle s’avança, planta son regard encore enfantin dans celui, plus âgé, plus fatigué et ô combien plus calculateur, de son futur mari. Elle semblait fière et résolue… Mais Adriano, lui, l’était plus encore. Toutefois, la jeune femme jouait là son seul atout : la loyauté, la fidélité et la descendance. Une grande, jeune et forte lignée, issue des entrailles d’une descendante légitime bien que déshéritée et à la parenté passée punie, bannie, désavouée par le pouvoir royal lui-même. En échange de la vie de cette engeance punie, revenue pour pouvoir grapiller ce que la pitié pouvait leur offrir là où leur nom ne leur assurerait plus rien, Diane offrait la sienne, sa matrice, et sa lignée. Et cela, Adriano était obligé de le considérer, puisque toute cette démarche revenait à cela. « Ainsi, vous vous évertuez à défendre les vies de celles qui vous ont élevées dans le seul et unique but de pouvoir vous vendre au plus offrant ? Si ce n’est point moi, et le Duché, ne tenterait-elle pas de vous unir à un riche marchand d’Ithri’Vaan ? A un prince Naélisien ? A un sang-mêlé ? A un… De ces Nains, des Mille-Caves ?! » Répétait-il, insistant sur ce dernier point en sifflant entre ses dents. « Vous le savez : votre mère, et votre tante, en vie, seront un perpétuel danger pour vous, pour moi, et nos enfants. Que se passerait-il, si je venais à mourir avant l’âge requis de notre premier né ? Si vous veniez également à décéder ? Votre mère, déchue, punie par la loi du Roy, n’en resterait pas moins Reine consort et tutrice du futur Duc, car Catarina, aussitôt notre union officielle, ne sera plus mon héritière, point pour le duché en tous les cas. » Expliquait-il, expliquant des conséquences potentielles qui, à moins que Diane n’ait reçu une excellente formation politique, ne purent lui apparaître évidentes. « Voyez, l’appétit insatiable de votre parenté est bien connue des Suderons. N’avez-vous pas remarqué, dans les salles et les cathédrales, que les statues ne représentent point les visages traditionnels des Néera et des autres divinités, mais ceux de vos aïeux ? Ainsi en va la tradition, notre orgueil de souverains. Mais s’ils sont capables de poser leurs traits sur les visages des dieux, s’ils sont capables de vous vendre pour s’assurer un avenir qui leur a été retiré… Ne seront-elles pas capables de vous sacrifier ? De me sacrifier ? Dès lors que nous serions mariés, et porteront quelques héritiers dans les couloirs de ce palais ? »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Ven 27 Sep 2024 - 21:56 | |
| Diane savait que Margot et consorts la vendraient à n’importe qui fusse-t-il un tueur de femmes pour grappiller un peu de pouvoir. Mais Adriano n’était pas un tueur de femmes n’est-ce pas. Il était un homme bien, Duc de Soltariel, en d’autres termes le meilleur parti possible pour elle et ce malgré leur terrifiante différence d’âge et leurs sangs ennemis. Elle était consciente qu'elle aurait bien pu plus mal tomber et quitte à être vendue, elle se surprit à penser qu’elle préférait que ce soit à lui plutôt qu’à un sang mêlé ou un nain. Mais elle savait aussi qu’en disant cela il essayait de l’effrayer. Pourtant, cela ne l’effraya pas et elle rétorqua avec un certain aplomb et un air espiègle :
__ Dois-je vous rassurer sur le fait que je vous préfère à toute autre parti et pas seulement parce que vous êtes le Duc de Soltariel ? Je sais qui je défends, je sais qu’elles ne sont pas dignes de l’être et je sais que je suis chanceuse que vous ayez été le plus intéressant à défaut d’être le plus offrant. Vous êtes un homme bien Messire, et votre fille est tellement adorable. Je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir pris sous votre protection et d’attendre pour m’épouser. Rien que pour cela vous avez ma reconnaissance éternelle à défaut de l’amour que vous avez connu avec votre première épouse.
La brune aux yeux bleus gris sourit. L’ennemi était fort beau malgré son grand âge et fort séduisant malgré son ascendance. Pire. Il était très aimable et respectueux, même s’il avait des petits côtés effrayants. Elle ne pourrai probablement pas en dire autant du prochain mari qui lui serait présenté si elle se faisait jeter dehors par celui-là. Mais il avait dit qu’il comptait la garder. Non être vendue à la pire engeance ne l’effrayait plus maintenant qu’elle avait affronté la cour ducale et Adriano. Ce qui l’effraya en revanche, ce fut le discours qui suivit. Le danger que faisaient peser Margot et Octavia sur elle, sur Adriano et sur leurs enfants. Mais également sur Catarina. À mesure qu’il énonçait toutes ces choses qu'elles savaient si ce n’était vraies au moins très vraisemblables, elle ouvrit ses grands yeux gris de plus en plus grands.
Alors qu’une larme perlait au coin de son œil, la jeune femme sut que si elle voulait vivre en paix ici et s’assurer que la famille qu'elle s’apprêtait à fonder serait en sécurité, elle devait faire plus que garder éloigné son autre famille. Tout les tenants et aboutissants ne lui avaient pas paru évident de prime abord, mais Adriano déroulait un scénario d’un réalisme cru et cruel et tout s’imbriquait parfaitement.
__ Elles sont capables de tous nous tuer. Mais elles n’en ont pas les moyens d’agir contre vous depuis Thaar, sans quoi vous ne seriez pas là. Je ne peux pas les condamner, au nom de Neera ne m’y forcez pas je vous en supplie.
La jouvencelle pleurait, las de tous les mensonges racontés et de tous les assassinats perpétrés au nom du pouvoir, des richesses, du sang et de toutes ces choses qui devenaient bien insignifiantes face à la vie et la mort.
__ Vous êtes un soldat, vous tuez pour ne pas être tué, mais ne me demandez pas d’être un soldat. Faites ce que vous avez à faire, mais ne m’en rendez pas complice. Je défends leur vie au même titre que je défends la vôtre et celle de Catarina, parce que la vie est sacrée et précieuse. Quels que soient les traits que les statues de nos divinité revêtent ici, je ne veux pas être l’instrument de votre mort ni celui de la leur, je ne veux plus de complots.
Il maîtrisait le terrain, la stratégie, l’information, tout. Tout sauf le cœur pur de la pucelle qui n’appartenait qu’à Néera. Ce même cœur qui était prêt à être renvoyé en exil pour le sauver ainsi que sa fille. Ce cœur plein de compassion et de douceur. Ce cœur loyal et fidèle.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Dim 29 Sep 2024 - 13:55 | |
| L’espièglerie de la jeune femme était étonnante, et plutôt nouvelle. Adriano n’appréciait point cela, ni ne détestait cette attitude pour autant. Cela ne la rendait ni plus désirable, ni moins désirable ; cela ne la rendait ni insultante, ni bienveillante. Etait-elle seulement plus maline qu’elle ne l’avait laisser croire jusqu’ici ? Plus courageuse ? Plus calculatrice ? Ou était-elle seulement de ces êtres qui apprenaient vite, et qui utilisaient ces… Choses, qui couraient dans le sang des êtres humains lorsque la peur, le danger ou le courage arrive ? Cette… Adrénaline, comme l’appellent les mages et les guérisseurs. Certains se retrouvent cloués, par cette substance, par ces émois ; d’autres, au contraire, bougent, se battent et réfléchissent mieux grâce à elle, lorsqu’arrivent les évènements les plus sombres. Sans nul doute, Diane devait-elle faire partie de ces êtres capable d’utiliser la peur et la crainte pour en obtenir puissance et agilité d’esprit. La suite de ses propos était aussi… Puissante, que calme ; aussi raisonnée que résignée ; aussi morte que vivante. Ainsi donc, la pauvre ingénue se savait coincée entre deux mondes : celui qui devait l’accueillir ici, à Soltariel, dans les bras du Duc ; et celui qui se trouvait à Thaar, entre les doigts crochus de sa génitrice et de sa tante. Elle savait, également, que l’un de ces mondes ne pouvait coexister avec l’autre, et que l’un devrait bientôt supplanter l’autre, tôt ou tard, et à jamais. Pourtant, elle n’avait qu’une réelle demande, au final : ne point être celle qui pouvait décider, qui devait décider. Qu’elle soit la monnaie d’échange ou le but poursuivi était une chose ; qu’elle soit la juge, la jurée et le bourreau, n’en faisait point partie. Aussi se refusait-elle à l’être, à le devenir, et à se le voir imposer. Intrigué, Adriano souffla longuement alors que Diane se trouvait devant lui, toute proche. Il n’était point très grand, et elle, point non plus ; mais leur proximité rendait l’instant intriguant. Un homme, dans la force de l’âge, face à une jeune femme encore petite fille quelques-jours auparavant. D’aucun pourrait trouver cela à la fois logique, dans le monde nobiliaire ; et à la fois intriguant, peut-être même dérangeant, tant on arrachait à l’enfant sa condition d’enfant. « Bien. » Dit-il, plongeant dans le regard de la jeune femme, ses yeux froids, calculateurs, machiavéliques. La liberté qu’elle lui autorisé, lui permettait alors d’assurer la suite de cette union sans que Diane ne se sente obligée, ou accusée, de quoi que ce soit. « Je ferais alors ce que j’ai à faire. Rassurez-vous, vous ne risquerez rien, et vous n’auriez rien à voir avec cela. Votre innocence est précieuse, point pour moi… Mais pour que vous restiez pure, dans ce monde de calculs. Nos enfants, qui régneront, seront bénis d’avoir une mère pure et bénie par la Mère, qui n’aura ni morts, ni calculs sur la conscience. » Dit-il, quittant alors la porte pour rejoindre la tablée. « Avez-vous faim, ma Dame ? »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Lun 30 Sep 2024 - 20:01 | |
| Diane avait supplié. Quelques jours plus tôt elle aurait préféré lui cracher au visage quitte à se faire égorger plutôt que de lui demander quoi que ce soit. Mais voilà, plus elle apprenait à le connaître, plus elle le trouvait gentil, et que dire de Catarina qui était tout simplement un amour. Si seulement elle avait été entourée de telles personnes douces et bienveillantes plutôt que des calculatrices et avides Soltari-Beronti durant son enfance. Mais cela n’avait pas été le cas. Pourtant elle s’accrochait à sa foi depuis tout ce temps et sa foi la guidait toujours vers la compassion et l’amour. Elle ne pouvait tout simplement pas haïr quelqu'un qui ne le méritait pas et peu à peu elle découvrait que les Cortès ne méritaient pas d’être ainsi détestés. Elle les avait haïs au même titre que les autres, de tout son être, depuis sa naissance. Elle avait imaginé des êtres vils et cruels tels que les avaient décrit Octavia. Et maintenant le vice et la cruauté changeaient de camp devant la vérité. Elle se rendait compte des mensonges de sa famille à leur égard et si elle pardonnait les siens, tant de la vendre que de leurs mensonges, elle n’était plus dupe.
Elle jouait sa survie et peut être plus encore dans cette histoire, elle en était parfaitement consciente. Ainsi puisque sa mère n’avait aucun scrupule à tenter de faire consommer le mariage au Duc malgré l’âge de sa fille, la jouvencelle comptait bien profiter de ce dîner pour lui montrer qui elle était et apprendre à le connaître. Mais surtout, et c’est ce qui la fit sourire alors qu’elle regardait son promis, elle commençait à l’apprécier sincèrement. Elle ne savait pas trop pourquoi, excepté qu’elle le trouvait beau malgré son âge et exceptionnellement digne et noble, mais elle ressentait en sa présence des sensations nouvelles qu'elle n’avait jamais ressenties auparavant. Il était plutôt impressionnant, mais pourtant elle ne s’était jamais sentie autant en sécurité que quand il se tenait ainsi devant elle. Mais il ne répondit pas quand elle exprima qu’elle l’appréciait alors elle se dit que ça n’était pas réciproque. Elle en fut un peu peinée, mais après tout il n’avait aucune obligation et probablement pas de raison d’apprécier une gamine qui était en sus l’instrument de la vengeance de ses ennemis.
La di Soltatiel pleurait toujours, mais pourtant ses yeux bleus gris restèrent plantés dans ceux du Duc pendant qu’il soufflait longuement. Le souffle d’Adriano agita les boucles brunes de la jouvencelle autour de son doux visage juvénile rendu un peu plus mature par la magie du maquillage et de la coiffure.
__ Merci Messire.
Elle eut envie de le prendre dans ses bras, mais plutôt comme on prend un père dans ses bras et bien qu’elle n’en ait jamais eu, de père. Mais elle trouva cela déplacé car Adriano était son promis et non son père, même adoptif. Alors elle essaya d’expliquer combien elle était reconnaissante et même profondément touchée qu’Adriano respecte son innocence, sa foi. Elle trouvait étonnant qu’il ne trouve pas cela ridicule comme Margot et les autres lui en faisaient si souvent le reproche.
__ Vous n’imaginez pas…
Mais rien d’autre ne vint à part merci infiniment, expression qu'elle trouvait surfaite et peu représentative de l’immense soulagement et de l’infinie reconnaissance qu’elle ressentait. Et il y avait même plus bien qu’elle ne sache pas vraiment définir ce qu'elle ressentait à son égard. Alors, ne sachant pas trop comment lui signifier tout cela, elle prit les mains du Cortès di Alcacio et les leva vers sa bouche pour y déposer un baiser d’une infinie tendresse en fermant les yeux.
La jeune fille suivit le Duc des yeux pendant qu’il regagnait la table et fit oui de la tête à sa question avant d’essuyer ses larmes et de le rejoindre en essayant de sourire. Mais l’émotion était encore bien présente, et les conséquences de ce qu'il venait de se passer lui semblaient trop lourdes à porter, malgré le fait qu'Adriano ait accepté de ne pas l'impliquer dans ce qui allait suivre pour sa mère et sa tante. Son regard triste en disait plus long que ce qu'elle aurait souhaité, mais si elle oscillait encore entre son amour pour sa famille et les sentiments contradictoires qui se bousculaient en elle au sujet de son promis, le fait qu'il accepte de préserver son innocence était pour elle la preuve ultime qu'il était un homme juste et bon. Tout le contraire du portrait qu'on lui avait dépeint en somme, un homme qu'elle pourrait aimer, peut-être. Un homme, en tout cas, à qui elle devait une fière chandelle.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Mar 8 Oct 2024 - 10:54 | |
| L’attitude de Diane, de deux ans la cadette de sa propre fille, rappelait à Adriano ces anciennes années où, alors qu’elle grandissait, Catarina venait se réfugier dans les bras de sa mère, douce aimée, véritablement aimée par Adriano, pour lui dire tous ses tracas, toutes ses inquiétudes, tous ses cauchemars. Oh… Qu’elle était douce, Faustina, qu’elle était belle aussi… Elle seule avait eu ce pouvoir, cette capacité de faire taire les chagrins et les inquiétudes dans le cœur de Catarina, en à peine un regard, une caresse, une attitude. Adriano aurait aimé avoir ce pouvoir… Mais il ne l’a jamais obtenu. Il n’avait pu qu’approximer l’attitude, la chaleur humaine et les regards que feu son épouse avait pour Catarina, et rien de plus. Alors… Face à cette enfant qui était sa promise, Adriano ne pu que s’effacer et… Passer à autre chose. A la réponse affirmative de Diane, Adriano prit une petite clochette et l’agita. Aussitôt, les deux serviteurs qui étaient restés de ce côté de l’appartement, ouvrirent les portes et, se positionnant alors sous le linteau, firent le signe indiquant le début du repas. Les petites mains s’agitèrent alors et ramenèrent tout d’abord un bolé contenant du cidre pour l’apéritif. En entrée ensuite, une tapenade d’olives vertes et noires, servie avec de petits toasts grillés sur lesquels se trouvaient de petits carrés de foies gras saupoudrés de sel et d’épices. Une entrée légère, mais dignes de certains gourmets. Enfin, comme pour terminer, une petite soupe froide faite de concombres, de menthe, et d’épices, fut servie dans un verre à pied un peu original, en cela qu’il avait effectivement la forme d’un verre à pied évasé mais était en réalité fait en terre cuite. Du pain, agrémentait ce début de repas placé sous les hospices des délices finement jaugés et préparés. S’il appréciait le cidre, Adriano aimait plus encore les délices ambrés et tourbés et demanda à ce qu’on lui serve l’une de ses traditionnelles boissons qui se mariaient si bien avec ce genre de petits plats. Cela trancherait assurément avec le cidre, en revanche… « Bon appétit, ma chère. » Lui dit-il, prenant alors un toast grillé et le tartinant d’un peu de tapenade d’olive avant de le porter à la bouche. Il savoura alors ce met délicieux, et pourtant si simple, étant donné les temps difficiles. « Avez-vous des désirs ? » Demandait-il, simplement. « Des choses que vous voulaient voir ? Entendre ? Goûter ? Faire ? » Enumérait-il, tout en continuant à se servir. « Par les temps qui courent, je met un point d’honneur à écouter les femmes qui se trouvent autour de moi, car je suis persuadé que le sexe féminin n’est, en réalité, point le sexe faible que les hommes pensent depuis si longtemps. L’attitude de ma fille le montre grandement : là où je n’ai pensé qu’à la tactique, à l’après-guerre, aux combats contre les cultistes, les sectes et autres hérétiques, tant pour notre propre sécurité que pour la survie du Duché, c’est elle qui a été capable de me remettre sur le chemin de la gestion globale. Elle, qui a pensé aux orphelins des guerres, des maladies et des accidents ; elle, qui a pensé au renforcement du clergé de La Mère ; elle, qui a pensé au commerce, et aux ombres qui guettent. Tout comme sa mère, elle est plus intelligente que quiconque, plus intelligente que moi encore… Aussi ai-je mis un point d’honneur à écouter les conseils et les désirs des femmes qui m’entourent. Je ne leur demande qu’une seule chose : l’honnêteté, et la confiance. » Lui dit-il, introduisant son propos bien-sûr, mais désirant entendre les souhaits et désirs de sa promise. « Je souhaiterais, pour ma part, que vous preniez des leçons avec le maître d’arme. Vous savez aussi bien que moi que les murs ont des oreilles, et les portes, quelques dagues bien pointues. Savoir que vous pouvez et savez vous battre, serait une consolation pour moi lorsque je devrais partir ou songer à des ailleurs tandis que vous resterez ici, ou que vous serez vous-même appelée à des ailleurs. »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Lun 14 Oct 2024 - 20:40 | |
| Diane était la douceur incarnée, elle avait cela en elle depuis qu’elle était enfant, mais ne l’était-elle pas toujours malgré son corps de femme ? Et dans ce subtil entre-deux de l'adolescence, que pouvait devenir cette douceur enfantine, presque naïve, qui l’avait jusqu’ici maintenue à l’écart des complots de ses aïeules ? Ce baiser sur les mains du Duc était un geste d’affection dont elle ne se serait jamais cru capable envers Adriano, mais il avait semblé lui si naturel étant donné la situation. Ne devait-elle pas lui montrer toute sa reconnaissance après ce qu’il venait de faire ? Et comment l’aurait-elle fait si ce n'était ainsi ? Elle ignorait tout des choses de l’amour et, même, à être si peu entourée d'affection maternelle et familiale, elle ne savait pas trop comment montrer à quelqu’un qu’elle l’aimait, ou tout le moins qu’elle l'appréciait. Ce geste lui était venu sans qu’elle n’y pense.
Les serviteurs se mirent en place avec une grâce magistrale. Cela impressionnait la jouvencelle. Elle avait l’habitude d’être servie, bien sûr, elle l’était à Thaar, mais les domestiques de la famille exilé n’avaient pas un quart de l’efficacité tout en discrétion chorégraphiée de ceux du palais ducal. Elle les regarda avec attention et vit les premiers plats arriver avec enthousiasme. Ils étaient frais et légers, tout ce dont elle avait besoin en cet instant et puis elle avait toute confiance en les cuisiniers du Duc pour la régaler et sa gourmandise faisait briller ses yeux. Mais en voulant pas commettre d'impaire, elle attendit qu’il commence à se servir pour faire de même, en revanche, quand il demanda à changer de boisson, elle ne le suivit pas, les alcools forts ne lui réussissaient pas.
__ Merci Messire. Bon appétit à vous aussi.
Répondit la di Soltariel en portant à son tour une tartine de tapenade à ses lèvres. Surprise par la question d’Adriano, elle se mit à rougir sans trop comprendre pourquoi cela lui faisait cet effet. Mais il continua, parlant des femmes et de tout ce qu’avait fait Catarina. Diane appréciait déjà grandement sa belle fille, mais plus elle en apprenait sur son compte et sur tout ce dont elle était capable, plus elle l’admirait. Elle se sentait toute petite et bien inutile face à elle et tout ce qu'elle espérait, c’était de pouvoir apprendre à ses côtés et tout faire pour se montrer à la hauteur.
__ Mais, ne m’avez-vous pas assigné des gardes ? Je…
Je crais d’être strictement incapable de me battre et encore plus de tuer quelqu’un… Pensa la jouvencelle sans oser le lui avouer.
__ Je ferais selon vos ordres Messire.
Se contenta-t-elle de répondre à propos des leçons avec le maître d’arme.
__ Je… je ne sais pas… J’aurais aimé chasser avec vous, mais naviguer et pêcher sur votre navire me convient très bien aussi. En plus, je crois que Catarina me réserve déjà une partie de chasse prochainement. Je vais également l’aider dans ses missions pour apprendre et aller au temple pour soigner les nécessiteux. J’espère que je pourrais découvrir le duché avec vous, car je ne connais que la cité et le palais et encore, pour ce que je m’en souviens. J'étais toute petite quand j’y ai séjourné. Mais de toute façon, d’après ce que m’a dit Catarina, je n’aurais pas le temps de m’ennuyer avec toutes mes leçons, mathématiques, histoire, géographie, héraldique, danse et musique.
La brune baissa ses yeux bleus-gris avant de reprendre timidement.
__ J’avoue n’avoir aucun talent pour la broderie, mais si vous désirez que je m’y attelle, alors je le ferais. En revanche, je suis bonne cavalière et excellente archère.
Ajouta la jeune femme en relevant la tête. Ne sachant pas trop quoi dire de plus, elle prit une gorgée de cidre dans cette bolée si particulière.
__ Quoi qu’il en soit, je serais ravie de partager vos passions quelles qu’elles soient.
Fit-elle avec sincérité, souriant à son promis.
__ Oh et… si vous me le permettez, j’aimerais retrouver un maître pour mieux maîtriser la magie.
Dit-elle innocemment en repensant au fait qu’elle n’avait pas bénéficié très longtemps des enseignements du mage de Neera et qu’elle voulait continuer dans cette voie.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Ven 25 Oct 2024 - 13:53 | |
| Le Duc était un être penseur, calculateur, peu enclin à la sincérité et prompt à user l’entourage direct ou indirect autour de lui pour en tirer le meilleur, pour lui. Il était machiavélique, manipulateur et menteur ; il était cruel, n’avait que peu d’estime pour les vies de ceux qui osaient se lever contre lui, petits ou grands. Et pourtant, entre la perte de sa première épouse et celle d’Adélina, bien des choses changèrent en sa vie, obligeant quelques changements dans son comportement. S’il demeurait un être abject et manipulateur, il avait cependant compris – ou s’était-il seulement rangé de ce côté – qu’il avait besoin d’appuis, et d’appuis forts, bien placés. Qui de mieux placer qu’une descendante aimante ? Qui de mieux, qu’une future épouse très jeune – trop pour se marier mais suffisamment pour être formée et manipulée ? Il l’écouta, donc, alors que l’entrée était dévorée en toute quiétude. Ce genre de petits plats était toujours une réussite auprès d’Adriano : s’il aimait beaucoup se battre, il aimait tout autant boire de bons breuvages travaillés, et de petits plats dignes de cuisines renommées. S’il appréciait, de temps en temps, la simplicité d’une pièce de viande bien grasse et épicée, il recherchait surtout la délicatesse de plats correctement équilibrés, épicés, assaisonnés… Pensés, assemblés et préparés par des mains expertes. Elle désirait chasser, donc. Mais cela, elle le lui avait déjà dit. Elle ferait également ce qu’il lui demanderait de faire, et cela, elle l’avait déjà dit également. Avoir une femme prête à devenir à faire tout ce qu’un mari demande – d’aucun dirait servile, d’autres, diraient soumises – était autant un atout qu’une habitude culturelle dans ce monde dominé par l’homme. Définitivement, il conserverait cet aspect d’elle, car il aurait besoin d’elle à l’avenir : de sa position de Duchesse, de sa position de mère de ses futurs héritiers, et de ses savoirs dans la gestion du Duché, voire… Du futur Vice-Royaume. « Rassurez-vous, je vous ai assigné des gardes, un maître d’arme, et j’ai d’ores-et-déjà demandé à mon Sénéchal de réorganiser notre garde ducale pour que vous soyez toujours accompagnée. La beauté du Duché et de sa population ne doit point nous faire oublier une chose : dehors, les cultistes et les sectes n’attendent qu’un faux-pas de ma part, et maintenant, de la vôtre. » Lui dit-il, conscient que cela pourrait l’inquiéter mais, étant donné les leçons qu’elle allait recevoir incessamment sous peu, Diane aurait compris tout cela bien assez tôt. « Votre protection est maintenant devenue aussi importante que la mienne. Aussi, je tiens à ce que vous développiez des techniques de combat. Si vous êtes excellente archère et cavalière, alors, cela sera votre arme de prédilection. » Dit-il, tranchant donc la chose comme un avis décisionnaire. « Vous aurez bien des choses à apprendre, et vous devrez le faire dans un temps, malheureusement, plus rapide que celui dévolu à Catarina. Oubliez donc la broderie, pour l’instant. » Il eut un petit rire, et arqua un sourcil, montrant à Diane la boutade derrière cette information liée à la broderie. « Un maître de magie ? » Adriano s’appuya contre le dossier de sa chaise, et leva les yeux au ciel. La magie, en Péninsule, était l’un des sujets dont l’appréciation était la plus… Disparate, en fonction de la géographie. Au Nord, elle était honnie. Au Sud, elle était appréciée, voire, encouragée par endroits. Si quelques prêtres – notamment d’Othar – pouvaient avoir des connaissances magiques dans le Nord, la plupart du temps, les mages Péninsulaires se trouvaient dans le Sud. Le fait qu’elle soit prompt à apprendre la magie était une information des plus importantes pour Adriano. Lui, ne maîtrisait absolument pas la magie, et n’y comprenait absolument rien. Il était cependant conscient de l’avantage que cela pourrait lui conférer, ou conférer à une armée. De plus, Prudence de Langehack devait être entourée de quelques-mages, en plus des cultistes et autres adeptes de sectes. Si Diane pouvait devenir une adepte de la magie… Et si elle advenait qu’elle était une habile tacticienne, alors, le couple Ducal pourrait relever les plus grands défis de l’époque. « C’est d’accord ! »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Lun 28 Oct 2024 - 20:38 | |
| Diane avait l’habitude des mets servis à la table d’Octavia, mais aussi raffinés soient-ils, ils n’avaient pas le quart de la saveur recherchée de ceux qui sortaient de la cuisine du Duc. Le fait est que la jouvencelle était plutôt gourmande quand son estomac n’était point trop serré par l’angoisse. Aussi, et puisque le Duc l’avait mise sous sa protection, elle commençait à se détendre un peu. La gentillesse de Catarina n‘y était pas pour rien et elle ne pouvait pas imaginer une seule seconde qu’une jeune femme aussi adorable ait pu être élevée par autre chose qu’un gentleman doté de grandes qualités humaines. Alors, elle pouvait enfin manger à sa guise et se délecter de toutes ses gourmandises concoctées dans ce magnifique palais dont elle ne gardait que des souvenirs épars et nébuleux. Et tout en mangeant, elle le regardait et mesurait la chance qu'elle avait d’être tombée sur un tel homme. Le hasard de l’exil et les turpitudes de sa famille auraient pu la jeter entre les mains de la lie de l’humanité, Adriano avait entièrement raison sur ce point, sa mère l’aurait vendue à n’importe qui pouvait lui donner du pouvoir et des richesses. Il y avait fort à parier que si elle n’avait pas accepté ce mariage, Margot l’aurait mariée au pire homme qu’elle aurait trouvé rien que pour la punir, si tant est qu’il eut été suffisamment riche et puissant pour lui faire grimper les échelons.
Un instant la jeune femme baissa les yeux en repensant à cela et à son échange avec le Cortès di Alcacio, qui avait décidé de la garder pour des raisons politiques qu’elle n’ignorait pas. Évidemment cela était loin de ses rêves d’adolescence où l’amour véritable était le seul motif valable pour un mariage. Mais au moins, il était gentil, et il voulait la former, ce qui était la preuve de sa bonté d’âme et de sa générosité, sans doute et également de la place qu’il pouvait laisser aux femmes. Et puis au fond elle savait depuis longtemps que sa mère ne la laisserait jamais épouser le premier jouvenceau venu par amour, le mieux aurait peut-être été qu’elle tombe amoureuse d’un Prince Marchand, mais ceux-là ne tombaient pas amoureux d’une naïve pucelle. Les Ducs non plus au demeurant, surtout celui qui lui faisait face, qui avait déjà connu tant d’épouses et de batailles. Elle avait une certaine admiration pour lui, et son discours lors de son arrivée l’avait profondément émue, tant et si bien qu’en le regardant à nouveau, elle lui sourit avec l’envie de le consoler de toutes ses pertes et de lui faire à nouveau connaître l’amour. Mais qu'il connaissait-elle à l’amour ? Elle qui n’avait jamais regardé un homme autrement qu’avec des yeux d’enfants ?
Les mots d’Adrano au sujet des sectes et surtout des faux pas ne manquèrent pas d'inquiéter et même d'intimider la di Soltariel. Elle qui avait justement tellement peur de faire une bêtise, elle espérait que son discours lors de son arrivée devant tout la cour avait été accueilli avec bienveillance par tous, y compris le Duc. Elle n’avait rien préparé, en vérité, elle avait même prévu de dire tout le contraire et de refuser en bloc toute alliance. Mais devant une telle assemblée, avec sa mère et sa tante à la merci d’Adriano et des autres, elle n’avait pas pu. Elle ne se sentait pas prête à subir la vengeance de Margot qui n’aurait certainement pas tardé à s'abattre si seulement elles avaient eu la possibilité de rentrer à Thaar. Elle ne se sentait pas la force de cracher sur les efforts que le Duc avait mis en œuvre pour son accueil et sur sa promesse de protection. Et surtout, elle ne voulait en aucun cas semer le chaos dans le duché qui, s’il ne l’avait pas vue naître ni grandir, était tout de même vivant dans son cœur depuis toujours. Elle voulait seulement le bien de tous, du plus grand nombre en tout cas, quitte à trahir sa mère et renier sa famille en exil.
__ Soit. Au moins n’aurais-je pas à apprendre la technique, cela ira plus vite. Je suis vraiment désolée d’être à l’origine de tant d'inquiétudes. Je comprends que vous vous fassiez du souci après avoir subi tant de pertes. Je serais prudente, je vous le promets.
Elle fut heureuse d’être dispensée de broderie, le tir à l’arc lui plaisait bien plus, même si elle ignorait encore si elle serait capable de tirer sur un homme. Quand à passer des heures enfermées dans une salle avec un précepteur à engranger des connaissances, elle aurait préféré être dehors à chevaucher, mais elle s’y plierait. En effet, si elle voulait se montrer à la hauteur du Duc et de la tâche qui lui incomberait une fois duchesse, elle avait tout intérêt à se montrer le plus assidue possible. Avec u peu de chances, si elle faisait des progrès rapides et qu’elle se montrait assez intelligente, elle pourrait peut-être l’impressionner, un peu, juste assez pour n’être plus à ses yeux une gamine, mais la femme avec qui il désirerait se marier, et pas uniquement pour son nom. Elle avait tellement envie de lui prouver que malgré son jeune âge, elle pouvait lui apporter le soutien, le réconfort et l'appui politique et stratégique dont il devait manquer depuis la mort de sa dernière épouse. Catarina exerçait cette fonction avec grand talent et Diane ne voulait en rien la détrôner aux yeux de son père. Mais elle avait envie d’être plus qu'un nom, plus qu’une alliance politique fructueuse et plus qu’un ventre aux yeux du Duc. Il avait parlé de sa première épouse en des termes si élogieux et romantiques, il avait eu ce regard quand il l’avait évoquée, ce regard que toutes les jouvencelles rêvent qu’on pose sur elles.
Il sembla hésiter après la demande de sa promise pour un Maître de magie, alors elle expliqua rapidement son passif en matière de magie :
__ J’ai un peu pratiqué la magie de vie, guidée par un prêtre de Neera, mais j’aimerais en apprendre davantage pour pouvoir aider plus de monde et soigner les gens.
La brune aux yeux azur fut soulagée lorsqu'il accepta finalement et laissa échapper spontanément :
__ Oh merci Messire. Vous êtes si bon avec moi. Je ne vous décevrai pas, ni maintenant, ni lorsque nous serons mariés.
Elle baissa les yeux.
__ J'espère que mon discours lors de mon arrivée 'était pas trop ridicule, le votre était...
Elle plongea son regard dans celui d'Adriano.
__ Magistral. Je pèse mes mots et vous parle à cœur ouvert, sans hypocrisie aucune. Vos mots m'ont touchée, la justesse de vos propos, l'humanité de vos positions et la noblesse dont vous avez fait preuve à mon égard et à celle de ma famille. Je suis profondément désolée que ni Margot ni Octavia n'aient saisi l'opportunité de faire la paix et d’œuvrer ensemble pour le duché. C'est pour ma part ce qui m'est apparu comme une évidence en vous écoutant et alors j'ai su que je devais devenir votre épouse à défaut d'être un soutien suffisamment solide pour vous épauler autant que je le voudrais. J'aurais aimé avoir votre force de caractère et votre pouvoir de persuasion afin de les dissuader de comploter contre vous. Un jour, peut-être pourrais-je me tenir devant une assemblée et parler aussi bien que vous ne l'avez fait. Me permettriez-vous de rester à vos côté en dehors de mes cours pour apprendre de vous ? Je gage qu'une telle éloquence ne s'acquiert pas uniquement avec les précepteurs et que la théorie ne suffit pas en politique.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Mer 30 Oct 2024 - 20:48 | |
| L’attitude de Diane avait changé du tout au tout depuis son arrivée au sein du palais Ducal. Elle avait changé dès le discours du Duc, et plus encore après ses discussions avec Catarina, et les attentions, cadeaux et choses proposées et offertes par Adriano. Ce dernier n’avait rien manqué de tout cela… Et, d’une certaine manière, il en était heureux : si son discours n’avait point été suffisant pour s’assurer l’obéissance et la soumission de la jeune femme, ce repas, cette entrevue, serait le dernier coup de marteau sur un clou déjà bien planté. Cela lui plaisait, cela l’excitait même d’une certaine manière, car l’être manipulateur qu’il était chérissait et recherchait ces instants, ces relations où il était tout puissant. Ces instants étaient donc… Parfaits.
S’il ne possédait malheureusement point le pouvoir de lire les esprits et de décortiquer les moindres réactions du corps humain, vingt années de carrière militaire, politique et nobiliaire, l’auront assurément aidé à obtenir l’ascendant psychologique sur bien des gens. Une jeune femme de quatorze-ans n’a donc aucune chance face au monstre du Soltaar… Et par voie de conséquence, la famille de Diane, non plus. Par ces discussions passées, Diane et Adriano venaient de sceller le sort de Margot et Octavia di Soltariel. Dynastie déchue par le pouvoir royal, punie pour des décennies de manigances et autres enjeux secrets dont elles ont les secrets, elles n’étaient, aujourd’hui, plus qu’un obstacle dans la vie du futur couple Ducal. Afin qu’Adriano soit en sécurité, et que Diane puisse autant gouverner qu’engendrer une descendance bénie de La Mère, Octavia et Margot devaient disparaître… Et leur fortune, être saisie sans aucune pitié. Adriano mettrait bien rapidement tout cela en marche, sans pitié.
La magie, donc. Revenons-en à nos moutons. La magie, pour pouvoir soigner les gens ; pour pouvoir suivre les enseignements de Néera. Nul doute que cela serait une bénédiction pour Adriano et les futurs héritiers ducaux. Avoir une épouse – et une mère – capable d’une telle magie, si douce au cœur de La Mère est définitivement un avantage face à une vie faite de turpitudes et vicissitudes. Décidément, Diane, malgré sa jeunesse, son inexpérience et, sans doute, ses buts jusqu’ici contraires à ceux du Duc, était le parti idéal pour Adriano. Aujourd’hui, et sans doute également demain… Et pour les années à venir.
« J’ai confiance en vous, ma Dame. J’ai très vite su, en vous écoutant et en vous voyant, que vous n’étiez heureusement point faite du même bois que votre ascendance. J’y vois là, une bénédiction de La Mère elle-même. » Dit Adriano, prenant ensuite une petite bouchée de ce délicieux, vraiment délicieux repas. « Je tâcherais, moi aussi, de ne point vous décevoir. Pardonnez-moi par avance, pour les errements dont je ferais preuve… Contrairement à vous, l’âge, l’expérience et le vécu, appuyèrent sans aucun doute la profondeur de mes défauts… Si je puis vous assurer mon entière loyauté, ainsi que mes efforts tant pour subvenir à vous besoin, que pour vous combler et vous assurer sécurité et protection, je souhaite ardemment me porter à votre hauteur en termes de compassion, de patience et de bienveillance. Ma douce fille tente de m’apprendre tout cela depuis quelques années déjà… Mais avec vous en plus, j’y arriverais, assurément. » Rajoutait-il en fin de phrase, comme pour rassurer la jeune femme face aux révélations qu’il venait de faire. « Quant à votre discours, ma Dame, il était parfait. Vous avez parlé avec le cœur, et avec sincérité. Et c’est là, je crois, toute l’importance de cet art qu’est la rhétorique. » La dernière demande de la jeune femme était on-ne-pouvait-plus évidente. Apprendre à devenir Duchesse était une obligation pour celle qui serait bientôt mariée au Duc du Sud. Se positionner et se comporter face aux vassaux, prendre des décisions, face aux conseillers, et surtout, faire preuve d’initiative et d’adaptabilité face aux évènements politiques, économiques, guerriers et, parfois, religieux. Pour ce faire, un précepteur ne serait point suffisant… Et une attitude passive ne le serait point non plus. Alors, son attitude pro-active semblait autant bien venue que vivement espérée.
« Vous serez Duchesse, ma Dame. Et vous le serez incessamment sous peu car ni vous, ni moi, ne pouvons attendre trop longtemps. Bien que vous soyez en âge de procréer, et donc, de satisfaire autant votre rôle d’épouse que celui de mère, je souhaite vous accueillir dignement dans cette nouvelle vie. Je suis plus vieux que vous, j’attends des choses que vous n’avez malheureusement point connue. De fait, je souhaite surtout vous former, vous accompagner, afin que vous puissiez vous habituer à cette vie qui arrive, plutôt que de vous l’imposer par des noces rapides. Pendant ce temps, vous me suivrez comme mon ombre aussi longtemps que vous le désirerez. De toutes les manières, vous disposez d’ores-et-déjà d’une place dans mon conseil Ducal. Et sans doute, d’une seconde dans le conseil… Disons… Secret. » Dit-il, mentionnant le conseil secret à Diane pour voir sa réaction. Serait-elle curieuse ? Inquiète ? Intriguée ? Il allait bientôt le savoir. « Êtes-vous prêtes, Diane ? »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Ven 1 Nov 2024 - 22:14 | |
| Les discours, l’attention, les présents et pour finir Catarina et sa bienveillance avaient fini par convaincre Diane que ce mariage était finalement une bénédiction. Elle qui avait hésité pendant la traversée à se jeter à la mer plutôt que de s’unir avec l’ennemi considérait ce dernier comme le seul véritable allié qu’elle n’ait jamais eu dans sa courte vie. Mais elle tenait trop à la vie pour cela, sans compter que cela allait à l'encontre de tous les enseignements de eNeera. Alors elle s’était contentée de regarder la proue du navire fendre les vagues dans une gerbe d’écume. Elle sourit, en pensant que lui aussi, en tant que capitaine, il avait dû se laisser hypnotiser par cette vision maintes fois. Lui qui était infiniment plus gentil et plus patient que sa propre mère, Margot. Car cette dernière, tout comme tante Octavia ou même Tibéria l’aurait vendue à n‘importe qui pour le pouvoir et l’argent. Mais quitte à être vendu à un homme, quitte à ce qu’il ait vingt ans de plus qu’elle, la jeune femme voulait que se soit lui et personne d’autre. Et cela était encore plus vrai alors qu’elle plongeait son regard dans le sien car il avait, en plus de son charme indéniable, cette prestance qui la faisait se sentir en sécurité.
Diane ne voulait pas savoir ce qu’il allait faire de la famille Soltari Beronti, oh elle n'était pas idiote, elle savait bien ce qu’il convenait de faire, elle refusait d’y être mêlée et le fait d’avoir conscience d’en être partiellement responsable, après ses aveux, était un crève cœur. Elle essayait de se dire que c’était le complot de Margo et Octavia qui était la seule véritable cause de leur mort prochaine, et après tout, c'était vrai. Elle, elle ne faisait que refuser de jouer leur jeu et de mettre en danger deux personnes qu’elle appréciait, Catarina et Adriano, et sauver sa peau par la même occasion. Quant à Diane, elle n’avait jamais voulu le pouvoir, ni la richesse, même si les robes offertes par Catarina et les délicieux mets du palais ducal la ravissaient. Elle aurait pu se contenter de peu si tant est qu’elle puisse vivre selon ses convictions, à savoir venir en aide aux gens et servir Neera. Et voilà qu’il lui offrait également cette possibilité, alors même que Margot avait tenté de la détourner de la magie de vie pour la transformer en tueuse. Était-ce là l’être cruel et sans pitié que toute sa famille décrivait comme un démon ?
Voici qu’il se mit même à déclarer sa confiance à la brune aux yeux céruléens. Comme un coup de grâce porté pour faire fondre le cœur émotif et tendre de la jouvencelle. Elle fut soulagée d’apprendre qu’il avait vite su qu’elle n’était pas comme les autres femmes de sa famille, ni comme son père d’ailleurs. Elle ne l’avait pas connu et Margot lui avait tout mis sur le dos, alors elle ne savait pas trop quoi penser de son exécution, mais cela s’était passé avant même sa naissance, alors peut-être que ça n'était pas si important. Elle mangeait en l'écoutant et une fois de plus, il se montrait touchant, adorable, sensible, aimant, prévenant. Elle n’osa pas se couper mais son cœur se mit à s’emballer alors qu’il ne tarissait pas d'éloges à son sujet, plus que ravie d’apprendre qu’il ne la considérait pas uniquement pour son nom et son ventre et bouleversée par ses promesses d’un avenir de loyauté et de douceur entre eux. Elle se surprit à penser qu’avec lui à ses côtés, assurant son confort et sa sécurité, elle pourrait tout affronter et même, être heureuse.
__ Je pense que les enseignements de votre fille ont déjà porté leurs fruits, Messire. Je ne vous connais que depuis peu mais les défauts dont vous parlez, je ne les ai point vus. Certes j’ai ouï dire que vous étiez un homme cruel et sans pitié, mais je crains que pour gouverner, il faille parfois l'être et vous êtes Duc, il est parfaitement naturel que vous fassiez montre d'autorité quand il le faut, mais vous savez aussi être attentif et délicat, en tout cas vous l’avez été avec moi. Aussi, je crois que vous êtes un homme juste, pour qui la loyauté ne se négocie pas.
Fit la Di Sotariel avec un doux sourire.
__ Sachez en tout cas que je suis déjà comblée et que je ne me suis jamais sentie autant en sécurité qu’à vos côtés. Même si vous m’avez mise en garde contre les complots, les sectes et autres ennemis de la couronne Ducale. Si c'est ce que vous désirez, je vous montrerais la voie de la compassion et de la bienveillance, mais sachez que moi…
Elle hésita un instant avant d’oser lui dire ce qu’elle pensait au plus profond de son cœur.
__ Je vous aime comme vous êtes.
Il rappela à sa promise qu’elle serait Duchesse et ses mots ainsi que le ton employé semblèrent rapprocher l'échéance de manière vertigineuse. Diane était à chaque fois surprise par ce mot, et tout à fait effrayée par ce qu’il représentait et impliquait. Elle savait, pour avoir eu une éducation plutôt complète sur les sujets politiques et notamment ceux de la péninsule, que cela n’était pas une mince affaire. D'ailleurs sa mère lui reprochait sans cesse d’être trop gentille et lui disait qu’à la cour, elle se ferait bouffer toute crue si elle ne montrait pas les dents. Elle espérait ne pas avoir à le faire et elle avait dans l’idée de trouver un compromis entre sa nature et ses attributions. En voyant la façon dont Catarina gérait cela, elle se disait que cela devait bien être possible et qu’elle n’avait nul besoin de trahir ses valeurs pour faire honneur au Duché et au Duc. Elle prendrait exemple sur la fille d'Adriano et trouverait au fur et à mesure sa propre voie.
Il attendait des choses qu'elle n'avait pas connues ? Qu’entendait-il par là ? Se demanda la brune avant d’être rassurée par le fait qu’il veuille l’accompagner et non lui imposer un mariage rapide en vue d’une grossesse précoce pour s’assurer un héritier. Il accepta qu’elle le suive partout, ce qui la ravissait. Elle baissa la tête avec un sourire satisfait, mais al releva brusquement l'instant d’après.
__ Un Conseil secret ?
Curieuse, inquiète, surprise, elle était tout ça à la fois et vu qu’elle n’essayait pas de cacher ses émotions face à son futur époux, cela pouvait se lire aisément sur son visage, dans ses grands yeux ébahis et sur sa bouche entrouverte. A la question suivante, elle hésita. Oui ! Non ? Je ne sais pas… Elle était un peu paniquée, mais elle était bien plus courageuse et aventureuse que ne le laissait entrevoir sa gentillesse et son corps gracile. Elle avait toujours aimé le danger des grands galops dans le désert, la morsure du vent et du sable. Elle connaissait les frémissements de la traque et le frisson de la chasse. Avec un cheval et un arc, elle n’avait peur de rien. Mais là, elle avait peur, un peu, parce que ça n’était pas sa zone de confort, pas ce à quoi elle était habituée. Elle n'avait ni arc ni cheval et mettait les pieds dans un tout autre univers, un univers où elle n’avait jamais été vraiment à l’aise. Heureusement, il était là et cela la rassurait, alors, après une brève hésitation, elle fit oui de la tête en soufflant ce même mot comme une confidence inavouable.
__ Oui.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Sam 2 Nov 2024 - 1:45 | |
| Ah, la jeunesse. L’inexpérience, l’insouciance, la naïveté. Autant de choses qui pourraient s’apparenter à des défauts dans la vie d’un politicien de haut rang. Et pourtant, dans les enseignements de Néera, n’étaient-ce point des qualités qui devaient être encouragées et développées ? Entre la beauté des préceptes religieux et l’âpreté d’une réalité turpide et viciée… Il fallait faire un choix.
Diane, visiblement, avait fait certains de ces choix. Et ils demeuraient en tout points proches de ceux de la douce Catarina. Douceur et honnêteté, conscience d’une certaine réalité tant des gens que des situations, mais désireuse de demeurer pure et bienveillante… Que les décisions difficiles, douloureuses et violentes n’appartiennent qu’à lui, seyait beaucoup à Adriano qui voyait là la sauvegarde de son pouvoir et de ses prérogatives. Il demeurait le puissant… Et le cruel, au besoin.
D’ailleurs, sa cruauté était connue. Diane elle-même en faisait mention, ce qui fit arquer un sourcil au Duc qui ne s’y attendait point. Piètre maîtrise de ses pensées en cet instant, mais la candeur de la jeune femme aidait à baisser la garde et à se montrer moins… Enclin aux manipulations. Une preuve de faiblesse qu’Adriano tenta bien vite de corriger… Sans y parvenir. Elle l’aimait comme il était ? Déjà ? Qu’entendait-elle par « aimer » ? Que pensait-elle réellement ? Adriano fut si désarçonné qu’il s’arrêta de manger un court instant, et se redressa, regardant Diane avec toute sa stupeur mais sans arrières pensées cette fois.
« Vous m’aimez comme je suis ? » Répétait-il, curieux et surpris. « Cela n’est-il point… Prématuré ? » Demandait-il, toujours désarçonné. Elle avait répondu aux questions, avait même signifiait son envie de siéger au conseil secret dans lequel se trouvait également Catarina. Elle avait montré son envie de s’investir et d’embrasser son futur rôle de Duchesse. Se pouvait-il qu’en parlant « d’aimer », elle pensait également à son rôle d’épouse ? « Ne prenez pas ombrage de ma question. C’est que… Je ne m’attendais point à vous plaire si tôt. A dire vrai, je ne m’attendais pas à vous plaire du tout. » A peine eut-il terminé sa phrase, que les domestiques revinrent à nouveau. Les entrées terminées, l’heure était au plat de résistance. Les uns retirèrent la vaisselle usitée, et les autres, dans le même ballet, apportèrent des assiettes creuses où se trouvaient de succulents plats : une purée d’épinards était surmontée d’un pavé de dorade nacré, saupoudré de thym et de menthe. Une tranche de citron était disposée d’un côté de l’assiette, et une compotée d’oignons et d’ail venaient terminer ce plat savamment assaisonné. Une tranche de pain grillé était placée à la gauche de l’assiette, et, à la droite, dans une plus petite assiette, trois belles chaires de Saint-Jacques qu’un serviteur arrosa d’un cognac flambé. Puis, tous disparurent, ne laissant plus que les deux promis.
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Dim 3 Nov 2024 - 17:52 | |
| [justify]Diane rougit violemment, sentant au ton employé par Adriano que ce mot était peut-être malvenu, trop prématuré selon lui. En le disant, elle n’avait, elle non plus, aucune arrière pensée, et elle ne pensait pas véritablement aux sentiments amoureux tels que deux adultes pouvaient les envisager. Confuse, elle regarda Adriano avec ses grands yeux et tenta d'expliquer ce qu’elle entendait par là en balbutiant.
__ Je… Je veux dire que je vous apprécie.
Et pourtant elle l’aimait, elle le savait au fond d’elle. Elle aimait tout le monde avec pureté et innocence, pour elle, aimer était facile, cela faisait partie de sa nature. De plus, Adriano avait gagné son cœur à la force d’une bonté déployée à son égard qu’elle ignorait que quelqu’un puisse un jour lui manifester. Il en fallait peu pour une jouvencelle à laquelle personne n’avait jamais fait vraiment attention avant, pas même sa propre famille. De plus, lorsqu’elle avait prononcé ce mot, elle ne voyait pas de raison de le priver de ce dernier, c’était un bien joli mot et douce pensée. Elle l'appréciait certes, mais ce terme était bien impersonnel pour deux promis trouvait-elle. Alors elle continua, toujours aussi confuse.
__ Vraiment beaucoup.
Ajouta-t-elle toujours aussi rouge pendant que les serviteurs reprenaient leur ballet pour servir le plat principal. Elle les observa un peu honteuse de ne pas parvenir à exprimer ce qu’elle ressentait. D’ailleurs, elle ne comprenait pas très en elle-même de quoi il s‘agissait car c’était la première fois qu’elle ressentait cela pour quelqu’un. Elle attendit qu’ils aient terminé en réfléchissant à ce qu’elle pourrait bien lui dire pour lui expliquer. Perdue dans ses pensées, elle sursauta quand le cognac se mit à flamber et regarda ensuite les flammes jusqu'à ce qu'elles s'éteignent. Quand ils furent à nouveau tous les deux, elle reprit, un peu plus calme, un peu moins rouge, mais pas nécessairement plus claire.
__ J’aime tout le monde, mais vous, c’est spécial. Parce que…
Elle s'éclaircit la gorge avant de faire cette révélation et fit mine de dépiauter son poisson pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux parce qu’elle aurait rougit à nouveau.
__ Je vous haïssais avant de vous connaître et j’ai été agréablement surprise de découvrir un tout autre personnage que celui qui m’avait été décrit. C’est très inattendu pour moi également je dois dire. Mais en tout cas, la façon dont vous me traitez me donne envie de m’occuper de vous avec tendresse et bienveillance. Quand à votre âge… je ne sais pas si c’est cela qui vous donne tant de prestance, mais en tout cas, les quelques jeunes hommes que j’ai pu croiser n’avaient pas votre assurance et celle que vous dégagez me rassure.
En plus, mais elle tût ce point, la plupart des jouvenceaux étaient intéressants au possible, alors que lui avait vécu un tas de choses, même s’il ne disait pas tout. Elle pouvait lire dans ses yeux les récits de ses aventures et de ses déboires et sentait qu’il y avait bien des choses à réparer.
__ Alors oui vous me plaisez. Je crois… En tout cas, il me plait que vous soyez mon promis.
Fit-elle avant de pousser un peu de poisson avec des épinards sur sa fourchette à l’aide de son couteau. Elle leva les yeux et ajouta une dernière phrase avant de mettre la fourchette garnie sans sa bouche.
__ Et je me réjouis d’être votre promise.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Lun 4 Nov 2024 - 14:15 | |
| Diane était décidément pleine de ressources et de surprises. Si le début de sa prise de position manqua de désarçonner Adriano, la suite, plus directe et plus construite, paracheva cette œuvre de déstabilisation. Adriano resta alors légèrement coi…. Et tandis que l’on flambait le cognac, que l’on laissait les deux êtres à l’intimité de la chambrée, le souverain du Sud demeurait pensif et… Légèrement inquiet.
Tentait-elle de l’amadouer ? Défendre sa parenté pour au final laisser la décision de la mort ou de la survie de ces dernières, pour ensuite assumer des sentiments naissants, n’était-ce point-là, la plus grande des manipulations possibles ? Venait-elle de s’arroger l’intérêt du Duc et l’espoir du cœur de ce dernier en plus de s’assurer une survie libérée de la menace latente d’une ascendance meurtrière et pleine de vice ? Oh… Était-elle forte à ce point ?
Adriano en doutait facilement, mais plus il y réfléchissait, plus il venait à se demander si, au final, il n’était pas à l’orée d’une piège savamment tendu. Alors, il se mit à attendre, à écouter, et surtout, à scruter. La moindre réaction de la donzelle, ses moindres faits et gestes ; l’intonation de sa voix encore enfantine, la prononciation des consonnes et des syllabes ; la chaleur ou la froideur de ses mots ; le comportement de sa poitrine à mesure que respirations et battements cardiaques devaient trahir une vérité ou un mensonge. La jeune femme se cacha à moitié dans la gestion de son repas, dépiautant le poisson, accompagnant les condiments à l’aide de ses couverts et d’une attention sans cesse renouvelée mais point détournée de son véritable but : avouer ce qui était un début de sentiment. Ou serait-ce un amour déjà né ?
Si tel était le cas, le presque quarantenaire pourrait alors manipuler la jeune femme à sa guise. Elle pourrait être son faire valoir, sa chose, son objet. Elle pourrait lui apporter du désir et de la satisfaction, et suivre aveuglément les ordres qu’il lui donnerait, devant tous, ou dans l’intimité d’une chambre partagée en dehors des vœux, puis à l’intérieur de ceux-ci. Il pourrait également l’utiliser à des fins politiques : nul doute qu’une jeune ingénue comme elle, envoyée à la cour de la Marquise de Langehack, serait un atout précieux dans la conquête de ces terres-ci. Oh, elle serait en danger bien-sûr… Mais elle apporterait au Duc les informations vues, entendues et comprises, qui permettrait sinon une intervention du Roy, au moins l’accord d’une intervention du Sud.
Adriano lui plaisait, donc. Et elle était heureuse – ou au moins satisfaite – d’être sa promise. Connaissait-elle seulement la valeur de ce mot ? Les attentes de ce rôle ? Rien n’était moins sûr, mais la jeune ingénue aurait encore le temps d’apprendre. Alors, Adriano se radoucit. Ses sourcils se détendirent et son faciès se fit moins brute, moins sévère. Il regarda son assiette, et lui aussi, se mit à dépiauter le poisson dans le but de le manger avec l’accompagnement servi, le tout, encore chaud, demandant un peu de douceur par un souffle répété plusieurs fois sur le nacré de cette chaire pauvre en matière grasse. Puis, tout comme le fit Diane, le Duc prit la parole, s’activant dans l’assiette :
« Je suis fort aise de vous entendre dire cela. A dire vrai, si je n’avais point de ressentiment vous concernant, je m’attendais à ce qu’une dague finisse dans mon dos dans les jours suivant nos noces, ou nos promesses de noces. » Dit-il, préparant une fourchée de poisson et de condiments, avant de reprendre. « Et point une dague plantée par vos parents. » Il porta ensuite la fourchette à sa bouche, et mangea, prenant allégrement plusieurs secondes pour finir sa bouchée avant de reprendre la parole. « Vous êtes jeune, mais vous êtes déjà une belle femme, Diane. Je gage qu’autour de vous, prétendants et intéressés se soient accumulés ces dernières années, rejetés par votre mère et votre tante car point assez intéressants à leurs yeux. Vous serez assurément plus belle encore avec les années, et à n’en point douter, fournirez à notre descendance des gênes forts et une grâce digne de La Mère. » Dit-il, préparant une nouvelle béquée. « Mais… Je vous crois, quand vous ouvrez votre cœur ainsi. Dit-il, mangeant mais relevant cette fois-ci le visage pour observer celui de son interlocutrice, afin d’y déceler la surprise, le mensonge ou la déception. « Je suis heureux que vous soyez ma promise. Et le jour de nos noces, je serais heureux de vous avoir pour femme. »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Lun 4 Nov 2024 - 21:30 | |
| Cela aurait pu être un coup de maître en termes de manipulation, si tant est que cela ne fut pas entièrement sincère. Seulement cela l'était, sincère, pleinement et totalement. Et s’il n’y avait eut cette différence d’âge, si Diane avait su quoi faire en tant que femme pour prouver son amour à un homme, elle aurait pu le lui démontrer. Mais en cet instant, tout ce qu’elle savait c’était que, même si elle était heureuse qu’il ait décidé d’attendre avant de l’épouser, même si elle ne se sentait pas vraiment prête à assumer son rôle d’épouse dans l'intimité, elle avait hâte de devenir sa femme.
La jeune Di Soltariel admirait son promis et se sentait en sécurité à ses côtés, qui plus est, elle se sentait écoutée et prise en considération plus qu’elle ne l’avait jamais été. Alors non, elle ne tentait pas de l’amadouer, elle tentait seulement, avec maladresse, de lui rendre un tout petit peu de ce qu’il lui offrait en se comportant ainsi avec elle. Cela ne l'empêchait pas d’être mal à l’aise avec tout ça, elle n’avait pas vraiment l’habitude de parler de ses sentiments et d’ailleurs, elle n’en saisissait pas encore la substance. Mais elle était ainsi, généreuse et douce, ne cherchant que le bonheur de ceux qu’elle appréciait et qui la traitaient avec respect. D’ailleurs, longtemps elle avait même cherché le bonheur de sa famille, alors que le respect n’était pas vraiment coutumier, mais en vain, car leur bonheur résidait dans le pouvoir uniquement, et cela faisait à coup sûr son malheur.
Mais avec ses aveux et la décision d’Adriano, elle était libérée de ce fardeau. Savait-il à quel point cela était doux de se sentir légère, affranchie de cette noirceur qui teintait le cœur de ses aïeules ? Savait-il à quel point il était plaisant d’être autorisée à aimer tout simplement, sans arrière pensée ni complot pour venir salir ses tendres sentiments naissants ? N’avait-il jamais été, comme elle, tiraillé entre son devoir et son cœur ? Elle était soulagée que les deux puissent se réunir dans cette demeure et dans les bras du Cortes di Alcacio. Jamais elle n’avait connu une telle paix et cela lui donnait toute la force et le courage nécessaires pour assumer son rôle de future Duchesse et d’épouse et de mère et tout ce qui se dresserait devant eux. Et tandis qu’elle le regardait, tout cela était limpide et se reflétait dans ses prunelles azur pleines d'innocence et d’enthousiasme. Il la regardait avec sévérité et elle eut peur, soudain d’avoir dit une bêtise, de lui avoir fait changer d’avis. Son cœur se serra devant la perspective d’une annulation, mais heureusement, le regard du Duc s'adoucit avant qu’elle ne raidisse entièrement pour retenir ses larmes.
A l’évocation d’un assassinat, elle ouvrit de grands yeux. Elle aurait été bien incapable de le tuer, à moins peut-être qu’il ne se montre particulièrement méchant ou violent avec elle, car bien que la dague ne soit pas son arme de prédilection, elle savait se défendre. Mais lui arracher la vie juste parce qu’elle était malheureuse de ce mariage, non, cela n’était point une raison valable devant Neera et elle se serait contentée de pleurer chaque nuit. Sauf que la Déesse Mère avait mis sur sa route un homme capable de lui faire changer d’avis du tout au tout, et si tout cela n'était peut-être que mensonges et tromperie, cela n’en restait pas moins sa vérité et certainement, comme il l’avait dit, une bénédiction divine. En tout cas le croyait-elle et avec ça, il n’y avait plus qu’un pas pour croire qu’après toutes les vicissitudes de son existences, Neera dans sa grande bonté lui offrait la paix et l’amour.
__ Même en vous haïssant de tout mon être je n’aurais pas pu vous tuer, Neera seule guide ma main et je ne peux ni ôter la vie, ni ôter un père à sa fille.
Fit-elle alors qu’il mâchait sa bouchée. Mais elle baissa les yeux alors que ses joues se teintèrent de rouge lorsqu’il évoqua sa beauté. Elle n’avait entendu parler d’aucun prétendant, elle avait seulement pu observer les regards des hommes changer alors que ses formes de femme apparaissaient peu à peu. Sa mère l’avait mise en garde contre eux et lui avait expliqué que sa beauté était à la fois un atout et un danger, tout comme sa sensualité. Bien qu’elle ne sache pas précisément à quoi Margot faisait allusion. Les compliments d’Adriano firent s’emballer son cœur et gonfler sa poitrine dans laquelle sa respiration s’affolait, le décolleté plongeant de sa robe laissant apparaitre l'espace entre ses seins arrondis serrés par le tissu qui se tendait en même temps que se creusaient sa peau entre sa clavicule et son cou. Il la trouvait belle ! Ce simple mot suffit à la remplir de joie. Il était heureux qu’elle soit sa promise et qu’elle devienne un jour sa femme. Se pouvait-il qu'un mariage politique qui avait si mal commencé débouche sur un conte de fée aussi parfait ? Elle n'osait y croire, même si se laisser bercer d'illusions était trop agréable pour qu'elle rejette l'idée. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. se dit-elle alors en souriant.
__ Puissent nos fils vous ressembler.
Fit-elle simplement pour lui signifier qu’elle le trouvait beau également, avant de goûter les Saint-Jacques flambées dont elle adorait le goût tant et si bien qu’elle ferma les yeux en les savourant après avoir glissé la fourchette entre ses lèvres.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Lun 11 Nov 2024 - 15:16 | |
| Qui aurait pu croire qu’une seconde femme de ce monde aux traits sculptés par La Mère et au cœur étreint par la sincérité et la bonté, se présenterait encore à la cour Ducale du Soltaar ? Point Adriano en tous les cas. Déjà, il avait placé la candeur et la grandeur d’âme de sa fille, sur les gènes issus de feu son épouse et sur la bénédiction de Néera elle-même. Lorsqu’elle grandit dans les années et lorsqu’elle commanda de plus en plus de choses à l’échelle du Duché en le demandant à son paternel, il mit toutes ces initiatives sur une grandeur de Souffle et sur une dévotion sans cesse grandissante. Mais, assurément, il trouvait qu’autant de qualités en une jeune femme était une bénédiction rarissime qui ne se reproduirait plus du tout dans sa vie. Mais Diane venait de lui prouver le contraire. Elle était telle Catarina et telle ces êtres doux qui n’arrivaient que très rarement dans une vie. Elle était sincère et douce, dénuée de pensées compromettantes et impossible à corrompre par l’or ou le pouvoir. Elle ne désirait que faire son devoir et trouver un peu de chance en le faisait ; être heureuse et suivre les règles de la même sans s’en éloigner. Adriano était chanceux de compter deux femmes de cet acabit dans son entourage… Il s’arrogeait deux êtres sensibles pour faire face à sa cruauté et ses calculs s’esprits, deux femmes aux sensibilité complémentaires, deux piliers qui le protégeraient de toutes les vicissitudes de ce monde infernal… Un jour, Catarina devra rejoindre son futur fiancé, son futur mari, dans des territoires lointains… Il perdrait alors sa fille mais aussi sa plus grande alliée… Alors, savoir Diane à ses côtés, dotés de telles qualités, d’une telle sensibilité… Ce serait alors le plus grand pilier de sa vie de Duc marié. « Alors, je suis encore plus chanceux que je ne l’aurais cru. Non seulement, votre cœur empli de haine à su écouter ce qui se trouvait face à lui, mais en plus, vous êtes mue par une volonté religieuse aussi forte que la mienne. Assurément, vous êtes une bénédiction. » Dit-il, finissant alors son repas, indiquant que le dessert ne devrait plus trop tarder… Et la fin de la soirée. « Puissent nos filles vous ressembler. »
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Mar 12 Nov 2024 - 22:07 | |
| Aux mots du Cortes di Alcacio, Diane sourit et rougit une nouvelle fois, touchée par son compliment qui, elle le savait, n’était pas adressé à son physique mais à son esprit et à sa nature douce. Il avait déjà avoué la trouver belle et cela l’avait comblée, parce qu’elle le trouvait beau également et souhaitait de toutes ses forces que ses sentiments soient partagés, au moins un peu. Qu’il prenne plaisir à la regarder autant qu'elle prenait plaisir à le regarder et que, si la Mère le voulait bien, il développe des sentiments à son égard. Mais elle savourait largement autant si ce n’était plus qu’il apprécie son caractère, elle savait que cela était précieux et que l’amour ne pouvait naître qu’à cette condition d’affectionner l'entièreté de l’être qui partageait notre vie. Elle aimait le sien, savant mélange d’autorité et de bonté sur lit de noblesse. Toute son enfance on lui avait répété que sa gentillesse et sa naïveté lui jouerait des tours, pire, que cela la rendait faible et repoussante. Et elle se rendait compte à présent qu’aux côtés d’un homme bien, son honnêteté et sa sensibilité n’étaient pas des faiblesses mais des forces et que si sa famille de mégères s’entendait sur le contraire, ça n’était que le reflet de leur fourberie maladive. Elle était donc heureuse qu’enfin, cette bienveillance qu’elle avait refusé d’abandonner pour faire honneur à Neera soit reconnue comme une qualité et non comme un défaut.
Ironiquement, cette soirée qui avait fort mal commencé et que la brune aux yeux céruléens aurait tout donner pour ne pas avoir à vivre quelques heures plus tôt se révélait être très agréable. Elle avait totalement oublié sa robe bien trop osée qu’elle portait, les complots de sa mère et la rage de cette dernière ainsi que ses ordres. Elle profitait, en toute simplicité et sans la moindre arrière pensée des mets délicieux qu’on lui servait et surtout de la compagnie des plus agréable de son promis qu’elle détaillait à présent du regard sans vraiment s’en rendre compte. Elle se surprit à penser qu'elle aurait aimé être à la place de Catarina et avoir un père comme lui et cela n’était pas difficile de vouloir un autre père avec tout le mal qu’elle avait pu entendre sur le sien. Mais elle chassa bien vite cette pensée de son esprit, elle ne devait pas se comporter avec lui comme une petite fille, comme sa fille, elle était sa future épouse et elle devait, pour être à la hauteur, devenir une femme. Évidemment, dans sa grande prévenance, il ne voulait pas précipiter les choses, et c'était tout à son honneur. Mais elle devait tout de même garder à l’esprit que son rôle de Duchesse serait de l’épauler avec la dignité d’une grande Dame et que son rôle de conjointe lui donnait d’autres obligations que celles d’une fille. Lui donner des héritiers en premier lieu, et satisfaire ses désirs, bien qu’elle ignorait comment.
__ Mon cœur n’a plus une once de haine envers vous Sire. Je crois que vous le savez déjà, mais je veux être parfaitement honnête avec vous. On m’avait conté nombre d'horreurs et de mensonges à votre égard et vous m’avez montré la vérité de votre âme tout en m’ouvrant les yeux sur ma famille et le peu de cas qu’elle fait de mon sort. Ma foi a toujours été forte et je sais à présent que c’est Neera qui m’a guidée vers vous et que j’ai eu raison de lui faire confiance et de ne pas rester sur mes à priori. Vous auriez tout aussi bien pu me condamner pour les complots de ma mère et de ma tante, mais vous avez su voir la vérité vous aussi. Je me sens extrêmement chanceuse d’être tombée sur vous et si je suis une bénédiction pour vous, vous l’êtes sans nul doute pour moi également.
Quand elle eut terminé ses révélations pleines de sincérité et de tendresse pour Adriano, elle avait les larmes aux yeux. Avec un doux sourire, elle posa sa main sur celle du Duc et replia ses doigts sous sa paume pour la serrer doucement en signe d’affection.
__ Je suis très heureuse de partager ce moment avec vous ce soir.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Mer 13 Nov 2024 - 23:48 | |
| La main de Diane se posa sur celle d’Adriano avec une douceur… Nouvelle. Bien qu’il eut connu plusieurs femmes, dans sa couche ou dans la séduction de ces dernières, bien qu’il n’ignorait point ces choses qu’étaient l’amour, le désir, l’intérêt pour le corps d’une femme ou tout simplement la douceur de ce dernier, cette main posée-là était… Nouvelle, d’une certaine manière.
Oh, Diane était jeune, mais en âge de se marier et de connaître les us qu’hommes et femmes font lorsqu’ils sont liés par le devoir. Son jeune âge n’était point rebutant, car ainsi fonctionnaient les choses sous les cieux bénis du royaume de Péninsule. Les nobles de haut rang se mariaient jeunes, et même, parfois, avec une différence d’âge que d’aucun pourrait trouver choquante dans d’autres circonstances… Mais elle ne connaissait rien de tout cela. Et Adriano, bien que calculateur, manipulateur, menteur et être cruel, n’était point de ceux qui désiraient profiter d’une femme. D’ailleurs, là où certains voyaient le viol comme une arme en tout genre, lui n’y voyait là que déshonneur… Alors pourquoi est-ce que cette main posée sur la sienne semblait si… Nouvelle ?
Était-ce la différence entre cette peau satinée, douce, correctement entretenue et protégée, et la sienne, plus cornée, caleuse, asséchée par les embruns glaciaux et la maîtrise de l’épée ? Non.
Était-ce la différence d’âge, permettant à Diane d’obtenir une peau douce et soyeuse là où celle du Duc était déjà abimée par une vie passée à faire la guerre, à braver les mers et à travailler le sol lorsqu’il n’était que fils d’un petit seigneur ? Non.
C’était, assurément, la douceur de ce geste mêlée à la sincérité des mots. Diane avait prit la main du Duc parce qu’elle voulait lui faire plaisir, le rassurer et lui témoigner un sentiment naissant, sans agenda ni calcul. Elle l’avait fait, car son cœur le lui dictait ; car son attitude le lui commandait ; car c’était ainsi qu’elle était faite. Même en l’ayant détesté, elle s’apprêtait à l’aimer ; même si elle savait que le destin de sa parenté était maintenant décidé, elle n’en demeurait pas moins prête à rester avec celui qui serait le bourreau de Margot et Octavia. Alors tout cela, assurément, faisait de cette main… Une main plus doucereuse que toutes les autres auparavant.
Leurs mains s’éloignèrent alors que le majordome en charge de la soirée, voyant les assiettes vidées de leurs aliments, fit sonner la clochette à nouveau pour que reprenne le ballet des aliments. Pour terminer le repas, l’on servit au Duc et à sa promise, un chou pâtissier servi avec une glace de vanille saupoudrée de pistaches, et avec cela – car les temps étaient glacés – un chocolat chaud brûlant.
« Cette soirée fut assurément une surprise agréable, ma Dame. Je vous en remercie. » Dit-il, prenant alors une gorgée de chocolat-chaud. « J’ose espérer que l’avenir ne vous fera pas changer d’avis. Car je connais ma réputation… Je suis ferme, et fort, et je sais que d’aucun me qualifierait de cruel étant donné le traitement réservé aux traitres… J’ai personnellement assisté aux pendaisons des centaines de pirates, faites sur mon ordre ; j’ai personnellement passé à la question les cultistes et autres hérétiques, pour venger ma seconde femme et mes enfants, et pour pacifier le Duché. J’ai… Affamé, assoiffé et regardé mourir les habitants de Merval durant le blocus, pendant cette guerre fratricide qui aura été une victoire éclatante… Je sais ce que l’on dit de moi… » Dit Adriano, rendu légèrement nerveux par ces aveux mais désirant capitaliser dessus pour plus tard… « Je suis ainsi fait. Je ferais tout pour Néera et le Roy, pour ma famille et mes terres… Y compris l’innommable. Et j’espère que vous saurez me le pardonner à l’avenir. » Le repas touchait à sa fin, il était donc temps pour Adriano de voir de quel bois Diane était fait lorsque ses principes étaient chamboulés.
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| | | Diane de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano Ven 15 Nov 2024 - 11:19 | |
| Sous ses doigts graciles, Diane perçut la rugueuse rigueur de la vie d’Adriano, les mains calleuses et abimées par l’épée, les cordages et le sel. C’était une sensation nouvelle pour elle aussi qui n'avait jamais senti la main d’un homme, pas même dans sa paume. Elle avait été élevée sans père, dans une famille faites uniquement de femmes aux mains douces et entretenues et si les amants défilaient dans les chambres de ses tantes et de sa mère, ils quittaient bien vite la demeure, effaçant bientôt toute présence masculine. De cette main, il se dégageait une force indéniable, tout comme du visage et de la posture du Cortés di Alcacio. Le contraste était saisissant entre ses mains fines et soyeuses et celles, puissantes et dures, de son promis. Elle sourit à l’idée de devenir celle dans les bras de qui il pourrait toujours se réfugier pour trouver le repos et la tendresse en dépit de la cruauté de ce monde. A cette idée, elle sentit une suave chaleur l’envahir. Et même une fois le contact rompu, cette chaleur ne disparut pas. Parce que c’était cela qu'elle voulait être, sa douce épouse, pilier de tendresse et de paix dans la tempête des flots de la politique.
Le plat fut débarrassé et le dessert servi, mais cette fois, la brune n’observa pas le ballet des serviteurs, son regard céruléen resta rivé sur le visage du Duc. Elle ne le voyait pas comme un être cruel et manipulateur car il ne s’était jamais comporté ainsi avec elle, ou en tout cas l’avait-il manipulée avec suffisamment de brio et de respect pour qu’elle ne s’en rende pas compte. Elle était naïve, certes, et cela ne devait pas être bien difficile pour un homme rompu aux jeux de cour. De plus, l’attitude de Catarina avait grandement contribué à ce qu’elle lui fasse confiance. Elle avait prit le parti de l’aimer et de tout faire pour le rendre heureux car elle n’avait à présent plus que lui et sa fille sur qui compter et elle le savait, sa mère ne lui pardonnerait jamais d’avoir fait échouer son complot machiavélique pour reprendre les rênes de Soltariel. Mais au vu des personnes impliquées et au vu des enjeux de stabilité et de bien-être de la population, elle savait qu’elle avait fait le bon choix en le choissisant lui, plutôt que son égoïste mère assoiffée de pouvoir. Elle n’avait plus aucun doute à présent et se demandait uniquement comment le satisfaire.
La jouvencelle fut ravie d’entendre que la soirée lui avait été agréable et se délecta de l’odeur du chocolat chaud et du chou à la glace vanillée en l’écoutant. Évidemment, elle avait eu vent de ses actes et la façon dont ils lui avaient été racontés avait fait naître la haine et la colère dans son cœur et également le sentiment qu’il était un mauvais homme. Mais venant de lui, avec ses explications et justifications, avec une meilleure vision des enjeux politiques également, elle regardait ses actes d’un nouveau point de vue, le sien, et la cruauté lui sembla presque indispensable pour que triomphe la justice et la paix. Il cita Neera et le Roy et alors elle sut qu’il avait agit pour le bien, malgré l’atrocité des conséquences. Elle n’aurait jamais pu agir de la sorte, mais après tout si personne ne défendait la vérité par les armes, alors la vérité devenait le mensonge et le mensonge la vérité. Elle se rendait bien compte en l'écoutant que tout n'était pas toujours aussi simple qu’elle le pensait jusqu’ici, que tout n’était pas noir ou blanc et que le monde était plus complexe. Les traitres méritaient certainement d’être punis, tout comme Margot et Octavia. C’était triste, mais nécessaire pour l’ordre et la sécurité de tous et pour protéger les honnêtes gens.
Diane se plongea dans la dégustation du dessert en réfléchissant quelques instants à sa réponse et à toutes ses révélations qui n’en étaient pas vraiment, mais qui éclairaient son point de vue d’un autre angle. Il fallait qu’elle prenne le temps de digérer ses informations et ce qu’elles suscitaient en elle d’horreur et d’indignation mêlée d’une compassion et d'une bienveillance qui lui interdisait de lui en vouloir. Elle devait faire le point avec elle-même, avec ses convictions et ses valeurs. Quand cela fut fait, elle posa ses couverts, releva la tête et prit la parole en regardant Adriano dans les yeux.
__ Je vous admire, Sire. Et je vous pardonne. J'ignore ce que j’aurais fait à votre place, mais j‘ignore aussi ce que toute autre stratégie moins abrupte aurait donné. Je ne suis en vérité pas en droit de juger vos actes car je n’ai jamais été à votre place. Je vous demande une seule chose, si une telle guerre était sur le point d'éclater, consultez moi, ou votre fille. Ensemble, avec votre force de caractère et votre esprit tactique et avec notre foi et notre bienveillance, peut-être pourrions nous éviter quelques sacrifices. J’ai cependant conscience qu’il en faut parfois pour protéger le Roy, sa famille et ses terres et pour honorer Neera. J’en ai moi même fait un ce soir, au détriment de la famille qui m’a vue naître pour fonder une nouvelle famille avec vous. L'existence, et à fortiori celle d’un Duc ou d'une Duchesse est faite de choix difficiles et parfois, tuer est indispensable. Je le comprends, même si je ne sais pas si j’en serais capable moi même. Mais peut-être n’est-ce point mon rôle auprès de vous. Qu’en pensez-vous ?
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