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 Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano

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Diane de Soltariel
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MessageSujet: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeVen 30 Aoû 2024 - 18:36




8e jour, 5ème ennéade de Karfïas | Second mois de l’Hiver.
Cité ducal de Soltariel | Palais ducal | Appartements seigneuriaux.
Année XXII | XIème cycle


La jeune di Soltariel prenait un bain chaud derrière un paravent de bois marqueté aux détails finement travaillés lorsque sa mère entra triomphalement dans sa chambre avec une nouvelle robe de jacquard de soie rouge aux motifs floraux damassés.

__ Diane, ce soir tu porteras cette robe.

Curieuse et enthousiaste à l’idée d’avoir une nouvelle robe, elle sortit de la baignoire et Selena, la servante qui lui avait été assignée l’enroula dans un drap blanc et la suivit docilement jusqu’au lit où s mère avait étalé la robe. L’étoffe brillait à la lumière des chandelles, le large décolleté arrondi découvrait la pointe des épaules et les manches ajustées étaient brodées d’entrelacs dorés tandis que de longues surmanches doublées de brocart d’or pendaient jusqu’au sol  La camériste aida la brune aux yeux bleu-gris à se sécher, mais quand elle prit la robe pour l’aider à l’enfiler, Margot la congédia et attendit qu’elle soit sortie pour enfiler la robe elle-même à sa fille. Ainsi ce n‘est que quand sa génitrice attacha les boucles d’or ciselé qui étaient censées fermer la robe à l‘avant que la jouvencelle se rendit compte qu’elles laissaient sciemment un espace ouvert entre ses seins jusqu’à son nombril. Elle ouvrit de grands yeux indignés en suffoquant avant de clamer :

__ Mais mère ! Je ne peux pas porter une robe pareille !
__ Tu peux et tu dois !
__ Non ! Je refuse !

Margot attrapa le visage de sa fille entre ses mains et le maintint à quelques centimètres du sien, parlant plus bas, mais était-ce assez bas ? Adriano était-il dans sa chambre ?

__ Tu le feras, que tu le veuilles ou non. Tu vas porter cette robe et Adriano ne pourra pas résister. Tu dois faire en sorte qu’il te fasse sienne et soit contraint de t’épouser avant le délai qu'il nous a imposé.
__ Mais…
__ Il n’y a pas de mais ! Tu entends !

Tempêta Margot sans se soucier de cette terrifiante porte. Diane voulut jeter un œil à la porte qui séparait sa chambre de celle du Duc, mais sa mère l’en empêcha. Elle connaissait l’existence de cette porte, elle l’avait elle-même franchie du temps où elle était mariée à Asdrubal di Soltariel et c’était probablement cette porte qui lui avait permis d’engendrer Diane. Depuis son arrivée, cette dernière craignait plus que tout que cette porte, fermée à clé, mais pas par elle, ne s’ouvre et que que le Cortès Di Alcacio ne vienne exercer la cruauté dont elle avait entendu parler sur elle.

__ Tu dois porter ses héritiers au plus vite pour permettre à notre lignée de prendre le contrôle du duché.

Reprit la Soltari-Beronti sur un ton plus bas, elle se radoucit.

__ Je comprends que ce soit difficile pour toi, mais tu m’aimes n‘est-ce pas ? Sais-tu quels sacrifices j’ai dû faire pour que tu ne manques de rien ? Ce que j’ai traversé pour que tu vives ? Le pouvoir ne se donne pas il se prend, nous devons reprendre ce que Félipé Cortès di Alcacio nous a pris car jamais son fils ne nous le donnera.

Les larmes aux yeux, Diane fit oui de la tête. Elle se souvenait de ce que l’exil avait fait à sa mère, puis à Tiberia. Elle savait la haine que les Soltari- Beronti ressentaient à l’égard de l’usurpateur et de sa descendance maudite et indigne de gouverner le duché. Une haine dans laquelle elle avait été élevée et qui avait déjà été ébranlé par l’accueil qui lui avait été fit et la douce bienveillance de Catarina. Mais au fond, Adriano ne restait-il pas l’ennemi ? Un ennemi qu’elle ne voulait pas épouser, un ennemi dont elle aurait préféré rester aussi loin que possible. Mais maintenant qu’elle était là et que son destin était scellé, peut-être que c’était là la meilleure manière de reprendre un peu le contrôle de sa vie, de son avenir, et d'offrir enfin la rédemption à sa mère.

__ Maintenant c'est ton tour de te sacrifier pour la famille. Tu comprends ? Je sais que tu en es capable, je sais que tu feras ce qu'il faut.

La brune aux yeux océan se pinça les lèvres avant d'acquiescer. Elle ne savait pas comment faire et par Neera elle ne voulait surtout pas demander de conseils en matière de séduction à sa mère. Alors elle ignorait si elle parviendrait à faire ce qu’il fallait pour la famille, elle était certaine de n’en avoir aucune envie, mais elle le devait peut-être. Et la paix ? Et la vie ? Se demanda-t-elle perdue une fois de plus, entre son désir de bien faire pour sa famille et sa foi en la Déesse mère.

__ Je vais chercher Selena pour qu’elle finisse de te préparer.

Annonça sa génitrice. Les pensées se bousculaient encore dans sa tête lorsque sa mère sortit, la laissant seule avec les yeux mouillés, les mains tremblantes. Elle resta là, plantée à côté de ce lit trop grand pour elle dans une robe trop femme pour elle et avec une mission trop sournoise pour elle.
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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeVen 13 Sep 2024 - 14:31



Les heures s’égrenaient avec une rapidité toute relative. L’arrivée de Diane di Soltariel au cœur du palais Ducal, et avec elle, de deux de ses parents – Margot et Octavia – était un chamboulement dans la vie du Duché, et celle d’Adriano également. Qu’aurait dit Félipé, s’il était encore là ? De voir ainsi les représentantes d’une lignée déchue, bannie et punie par le conseil du Roy lui-même – aussi faux eût-il été par le passé – au cœur du palais dont il fut chassé ? Allez savoir…

Adriano lui-même se demandait s’il ne devait point faire ce qu’il fallait pour se débarrasser de ce trio-là. Diane, de toute évidence, n’y était pour rien… Mais Margot et Octavia, elles, étaient passées maîtresses dans la manipulation, la critique, le complot et la trahison. Serait-ce là le fardeau que les lignées dirigeantes reçoivent en héritage, à force de régner sur autant de gens ? Est-ce que le pouvoir corrompt ? Allez-savoir… Allez-savoir…

Les éclats de voix de l’autre côté de la chambre, tirèrent Adriano de sa rêverie. A ses côtés, deux serviteurs, qui l’habillent de façon à être classieux et ostentatoire, de sorte à pouvoir impressionner Diane avec son pouvoir et sa richesse tout en rendant hommage à la jeune femme en se montrant sous son meilleur jour. Un jeu d’apparat, de faux-semblants et de pouvoir, quand bien même ledit jeu ne soit point fort équilibré car Adriano avait bien des années d’expériences, comparativement à la pauvre Diane. D’un geste, donc, il ordonna aux deux valets de sortir de la chambrée, et écouta… S’approchant de la fameuse porte…

Il pu alors entendre les mots prononcés par une voix qu’il reconnut immédiatement : celle de Margot, suivie par la voix chevrotante d’une Diane, vraisemblablement ébranlée. L’intérêt du Duc fut soudainement… Renouvelée. Ainsi donc, Margot était en train de fomenter, à nouveau, quelque-chose pour briguer la place de Duchesse. Ou du moins, une place dans la lignée. Diane était un outil – mais en cela il n’avait rien à redire, lui aussi utilisait la jeune femme pour contenter les anciennes lignées et se trouver le nom qui lui permettrait d’être tout puissant. Mais, en plus d’être un outil, elle était une arme. Plus vite les épousailles seraient officielles, et consommées, plus vite un héritier pourrait être conçu. Plus vite Catarina ne serait qu’une princesse sans prétentions… Plus vite Margot serait la Duchesse-Mère, ou quoi que ce soit qui pourrait supporter un tel rôle…

Adriano obtenait ainsi les moyens de détruire Margot, et sans doute Octavia en même temps… Il continua alors d’écouter à cette porte comme un espion le ferait derrière un faux-mur.
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeDim 15 Sep 2024 - 11:16


La porte dérobée resta close, au grand soulagement de la di Soltariel. Ainsi, lorsque la camériste entra, Diane n’avait pas bougé d’un pouce, mettant toute son énergie à retenir ses larmes, larmes qui se mirent à couler lorsque la servante demanda comment elle allait. Selena tenta tant bien que mal de consoler la jouvencelle, lui demandant ce qui n’allait pas et la faisant à asseoir à sa coiffeuse pour commencer à démêler et tresser ses cheveux tout en lui parlant et en la réconfortant. Mais à part quelques sanglots, Diane resta silencieuse. Elle ne pouvait rien confier à cette femme qui était avant tout au service du Duc, certainement pas ce que venait de lui demander sa mère. Et pourtant elle aurait aimé avoir quelqu”un à qui parler en cet instant. Mais les complots doivent rester secrets et ainsi la brunette se retrouvait seule avec ce fardeau sur les épaules, ignorant toujours comment satisfaire sa mère et ses ambitions, sachant que cela allait contre tous ses principes, mais cependant décidée à le faire pour sa famille.

Oh Margot savait parfaitement ce qu’elle faisait quand elle parlait des sacrifices faits pour les exilées en faveur de Diane, n’était elle pas une grande maîtresse de la manipulation ? Elle savait que la jeune fille était bien trop altruiste et bien trop gentille pour refuser de rendre le confort dont elle avait bénéficié en faisant ce qu’elle lui avait demandé.

D’ailleurs, pendant ce temps, Margot écrivait un message au Duc, le conviant à un dîner en tête à tête avec sa future épouse dans les appartements de cette dernière. Ce mot serait remis en main propre à Adriano et signé Diane di Soltariel. Elle espérait ainsi offrir à Diane l’occasion d’être seule avec le Duc et surtout, éviter qu’elle ne puisse se dérober à son devoir. Elle pesait qu’il serait plus facile pour la jeune fille de séduire Adriano sans être observée par d’autres et que ce derrière craquerait plus facilement dan l'intimité des appartements de sa future épouse.

“ Sire,

Sachez que, comme vous, j’aspire à la paix et à la stabilité retrouvée dans le Duché. Je prie pour que l'union de nos deux lignées soit le début de cette nouvelle ère que j’appelle de mes vœux. Devant la force qui vous caractérise, je ne puis que m'incliner et espérer être à votre goût. Je vous promets de tout faire pour vous satisfaire afin que notre union vous soit agréable. Je tâcherais de vous faire honneur et de me montrer à la hauteur du rôle qui me sera dévolu et de m'acquitter de toutes les tâches que vous me confierez avec dévotion, tant envers-vous qu’envers le Duché. C’est avec sincérité que je vous avoue que, lors de mon arrivée, vous m’avez fait forte impression, éveillant en moi des sentiments qui ne sauraient que gagner en intensité avec le temps.

J’ai été très touchée par votre discours lors de mon arrivée et par l'accueil que vous m’avez fait et je souhaiterais vous remercier. Permettez moi de vous inviter à dîner en tête à tête, avec moi, ce soir, dans mes appartements. Ainsi, j'espère que nous pourrons faire plus ample connaissance en dehors du carcan du protocole.

Votre promise dévouée, Diane di Soltariel.”


Une fois le message confié au messager, Margot descendit en cuisine pour que le dîner du Duc et de la future duchesse soit monté dans les appartements de cette dernière. Ainsi, une fois que la promise fut coiffée, une ribambelle de serviteurs installèrent la table du repas et quand Diane demanda pourquoi, on lui expliqua qu’elle dînait en tête à tête avec le Duc sans lui expliquer le pourquoi du comment. Elle ouvrit de grands yeux terrifiés, elle qui pensait avoir au moins le temps du dîner pour se faire à l’idée et trouver un moyen de séduire le Duc, elle allait se retrouver en face à face avec lui d'ici seulement quelques minutes. Suivant les instructions de la Duchesse déchue, Selena ajouta une touche de khôl pour souligner les yeux clairs de la jeune fille, et une touche de fard afin de rehausser son teint de lait et un tout petit peu de rouge sur ses lèvres afin de les rendre plus désirables. La camériste prit congé après avoir mis les rubis de Margot aux oreilles et autour du cou de Diane qui resta une nouvelle fois figée devant le miroir de sa coiffeuse constatant qu’elle ressemblait à une femme et que d’ici peu, le Duc n’allait pas tarder à arriver, ce qui lui interdisait de se mettre à pleurer à nouveau.
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeLun 16 Sep 2024 - 23:17



L’esprit embrumé par des réflexions toujours grandissantes, Adriano savait, que dans les heures et les jours à venir, ce jouerait sans aucun doute la toute dernière bataille entre la lignée déchue, et la lignée illuminée. Margot et Octavia étaient les dignes représentantes de toutes les mauvaises choses qui eurent cours dans le Duché par le passé : manipulations, mensonges, dédain, déni, assassinat, méchanceté et autres actions digne de véritables succubes assoiffées de pouvoir et de puissance. Qu’elles aient seulement été bannies, était une punition bien trop douce. Si les terres n’étaient plus à elles, elles demeuraient riches… Elles possédaient toujours leurs commerces, leurs dividendes et leurs possessions commerciales. Point de terres… Mais au moins autant d’or qu’auparavant.

La lettre soi-disant écrite par la Diane était dans ses mains. Tenue à bout de doigts, le Duc, apprêté tel un Roy, la faisait tournoyer entre les pulpes de son pouce et de son index, en proie à un cruel dilemme : devait-il réellement accepter un dîner dans l’intimité d’une chambrée ? Ou devait-il poursuivre l’œuvre qu’il avait initié durant la réception des Di Soltariel, à savoir, asseoir sa domination et son courroux sur Margot et Octavia tout en achetant la sympathie de Diane ? Cruelle réflexion que celle-ci… Mais Adriano devait bien l’avoir, non ?

Curieusement, il accepta. Oh, de toutes les façons, il possédait toujours toutes les cartes dans ce château, et d’ailleurs… Margot venait de lui en fournir une autre. Lorsque les domestiques vinrent le chercher pour l’amener dans la petite chambrée à côté de la sienne, on lui expliqua que Margot avait fait mettre la cuisine au pas pour pouvoir préparer un repas pour ce soir. Un repas, sur ordre de Margot. Point Duchesse… Point non plus encore mère de la Duchesse… Mais assurément bannie, et déshonorée. Une preuve supplémentaire de son ingérence en devenir, de ses pions, qu’elle déplaçait à l’envie sur un échiquier bien trop grande pour elle au jour d’aujourd’hui.

Adriano se laissa alors conduire. On l’annonça, bien-sûr, comme son rang le demandait. Un valet frappa deux fois à la porte de Diane et, après deux secondes d’attente réglementaire, la porte s’ouvrit, laissant entrer un valet chichement habillé, et le Duc, richement vêtu et tout d’or paré.

« Oyé ! Oyé ! Dame Diane de Soltariel, veuillez vous incliner devant votre promis, Adriano Cortès di Alcacio, Duc de Soltariel et Seigneur d’Alcacio. » Dit-il, d’une voix assurée mais point forte, se mettant ensuite de côté pour pouvoir laisser apparaître un Duc endimanché. « Mes hommages, ma Dame. »

S’inclinant, le valet fit quelques pas en arrière, bifurqua, et, sans demander son reste, quitta la pièce en fermant les portes derrière lui. Deux serviteurs restèrent, de ce côté de la porte ; deux autres, et quelques gardes, se placèrent du côté des couloirs. Adriano dévisagea alors sa promise, décidément trop jeune pour un tel jeu d’adresse politique. Elle était toutefois belle… Même pour une très jeune adulte. Belle, car embellie – s’il en était besoin – par le phare et les maquillages, la coiffure, les bijoux, fibules et autres soieries offertes çà et là, qu’elle portait de manière ostentatoire mais avec une certaine grâce pour son âge. Adriano lui offrit une révérence de circonstance – comme un Duc en offrirait une à quelqu’un d’importance – et se plaça de son côté de la tablée, bien décidé à ne point effrayer la jeune effarouchée.

Se mettant ainsi, il était dos tourné à la porte dérobée présente depuis des années et des années. Celle-là même qui lui avait permis d’entendre la discussion entre Diane et sa mère, et les conséquences sur la santé émotionnelle de la future Duchesse. Comme pour montrer à Diane qu’il savait, et qu’il avait anticipé la peur et la crainte – ou en tous les cas le fait que Diane connaissait l’existence de cette porte – il se retourna à-demi, regardant la porte dans un faux sourire en coin, avant de se repositionner, droit sur son assise, claquant des doigts pour qu’un domestique lui serve alors un grand verre d’un vin rosé aux odeurs fruitées.

« Asseyez-vous, très chère. » Il prit son verre, et, tandis qu’elle s’approchait, leva la coupe vers elle. « Je bois à votre santé. Et à notre union, puisse-t-elle perdurer longtemps et vous rendre plus heureuse qu’aujourd’hui. » Dit-il, commençant alors ce tour de passe-passe et de manipulation. « Puis-je vous poser une question, ma Dame ? » Demandait-il, rhétoriquement bien-sûr, alors qu’il cherchait déjà dans sa poche la missive qu’on lui avait fait quérir. La dépliant, il la posa sur la table, et la poussa du doigt, délicatement, pour que Diane puisse lire quelques mots, et surtout, la signature en bas de page. « Reconnaissez-vous ceci ? »
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeMar 17 Sep 2024 - 17:36


Quand on annonça l’arrivée du Duc, la jouvencelle retenait toujours ses larmes devant son miroir et ne savait pas plus qu’avant comment opérer pour séduire son futur époux. Elle oscillait entre la peur de subir le courroux de sa mère et celle de subir le courroux d’Adriano, la colère d’avoir été vendue et la colère contre celui qu’elle continuait à considérer comme son ennemi, même si ses convictions en la matière commençaient à se craqueler sous l'évidence des faits. Elle luttait de toutes ses forces entre sa loyauté à sa famille et sa foi envers Néera. Son esprit voguait sur des flots sombres où l'ambition des Soltari-Beronti se transformait en un monstre marin doté de tentacules qui peu à peu l’enserraient avec puissance, l'empêchant de respirer. Elle se leva en hâte pour saluer son fiancé, s’inclinant gracieusement comme elle avait appris à le faire, mais fuyant son regard contrairement à son habitude.

Diane remarqua sans peine, malgré son regard fuyant, les habits dignes d’un Roi qu’Adriano portrait, mais ce qui la frappa le plus, peut-être était ce qu’il dégageait de prestance toute martiale. Il l’avait dit lors de son discours devant la cour de Soltariel, il avait une formation de soldat et cela se ressentait dans chacun de ses mouvements et dans la façon qu’il avait de vous regarder.

__ Je suis honorée par votre présence Messire.

Margot avait vu juste, si la brune était mal à l’aise avec cette robe qu’elle tâchait cependant de porter selon son rang et également du fait d’être face à face avec lui, elle l’aurait sans doute été bien plus encore en public. Elle dut déployer tout son courage pour ne pas rester recroquevillée, tête basse devant lui, mais elle finit par se redresser malgré le décolleté qui plongeait ostensiblement entre ses seins de jeune femme et par le regarder dans les yeux avec un sourire bien naïf, innocemment offert malgré ce qu’il se jouait à présent et dont elle n’était même pas vraiment consciente. Il s’inclina à son tour et s’installa à table, alors il se tourna vers la porte dérobée et Diane se figea en suivant son regard. Était-ce lui qui avait la clé ? En tout cas ça n’était ni elle, ni Margot, alors qui d’autre que le maître des lieux pouvait avoir fermé cette porte et gardé la clé ?

Elle baissa la tête et, à la demande du Duc, s'installa, aidée pour s’asseoir par un des serviteurs restés de ce côté-ci de la porte. Intimidée et jetant des regards effrayés vers la porte. On la servit pour qu’elle puisse lever sa coupe avec le Duc qui lui rendait hommage. Mais elle manqua de lâcher son verre quand il évoqua le souhait que leur union la rende plus heureuse qu’aujourd'hui. Cela se voyait-il donc tant que ça qu’elle était malheureuse, malgré tous ses efforts pour le dissimuler ?

__ Je bois à la vôtre et aux enfants que je vous donnerai.

Répondit-elle en rougissant avant de baisser à nouveau les yeux pour boire une gorgée de vin, puis deux, trois… Elle aurait préféré se noyer dans cette coupe, cacher ses joues écarlates, son désarroi, mais elle ne pouvait décemment pas descendre toute la coupe d’une traite. Elle la posa donc et hocha la tête car il demandait s’il pouvait lui poser une question. Il posa une missive sur la table. Elle reconnut immédiatement l’écriture de sa mère et fut surprise de voir son nom au bas du parchemin. Elle jeta un bref regard au Duc pour essayer de comprendre ce qu’il en pensait et se mit à lire en diagonal pour prendre connaissance des mots utilisés par sa mère. Elle écrivait bien, il fallait le reconnaître, mais ce qu’elle insinuait fit trembler la jeune femme. Elle releva un regard inquiet sur le Duc, elle ne pouvait pas dénoncer sa mère, elle devait trouver quelque chose…

__ Oui… C’est… Je… Vous…

Balbutia-t-elle avant d’essayer d’articuler une phrase compréhensible.

__ J’ai demandé à la Dame ma mère de vous écrire. Je ne trouvais pas les mots pour m’adresser à vous Sire. Je voulais effectivement vous remercier pour l’accueil que vous m’avez réservé et également…

D’avoir repoussé le mariage Faillit-elle dire avant de se souvenir de l’objectif de cette soirée. Elle fut donc contrainte de terminer cette phrase et voici ce qu’elle trouva pour se faire :

__ Vous inviter à dîner afin que nous apprenions à nous connaître.

Elle reprit sa coupe et but une nouvelle gorgée de rosé, ses joues à nouveau colorées par la gêne. Mais bientôt, elle se mit à parler, un flot de paroles, comme si elle laissait sortir tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle avait gardé pour elle depuis son arrivée.

__ Vous savez, si je ne suis pas à votre gout, je comprendrais que vous me renvoyiez à Thaar avec ma mère et tante Octavia. Après tout, vous êtes le Duc et même si la tragique disparition de votre dernière épouse est encore récente, je comprendrais que votre statut ne vous permette pas d’attendre avant de chercher à avoir un héritier. J’imagine qu'un homme tel que vous a l'embarras du choix en termes de proposition de mariage et… à vrai dire, je ne sais pas pourquoi je suis là. Enfin si, vous espérez que l’union entre nos deux lignées fasse taire les vrais-soltari une bonne fois pour toute, ce serait une bénédiction pour le Royaume et pour cela je suis prête à vous épouser, pour le bien du ducher. Mais je ne…

Elle marqua une courte pause, le regardant en repensant à ce que fomentaient Margot et Octavia.

__ Je ne suis pas digne de vous, Sire.
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeJeu 19 Sep 2024 - 9:58



La réaction de la jeune femme, à peine sortie de l’enfance et sans doute uniquement à cause de sa capacité soudaine à enfanter en plus des volontés de ses parents, était scrutée par Adriano. Sans vergogne, sans pitié non plus, il plongea ses yeux dans ceux de Diane et sonda autant son esprit que son cœur, autant qu’il lui fut possible face à une ingénue encore naïve des usages des Hommes et de la politique. Et sans doute, également, des usages des hommes de ce monde patriarcal. Et une chose était sûre : Diane était désarçonnée, mais capable d’adaptation et surtout, était plus courageuse que ce qu’elle laissait entrevoir au travers de ses traits juvéniles.

Elle trinque à la santé du Duc, et à celle des enfants en devenir qui, assurément, deviendront les futurs héritiers de ce Duché. Catarina le savait, et avait accepté cela sans trop de difficultés, car son honneur et son humilité étaient grands et grandissants. S’était-elle décidée, en si peu de temps ? Etait-elle toute entière acquise à la cause de sa mère ? De sa tante ? Cela était peu sûr… Car les bégaiements et le manque d’assurance dans le début de sa réponse trahissaient l’inexpérience de la jeunesse et la stupeur d’un manque de préparation, en plus d’un combat intérieur entre le devoir que lui imposait Margot et son ressenti propre.

Ainsi, lorsqu’elle parlait, lorsqu’elle indiqua être prête à être renvoyée si elle n’était point aux goûts du Duc, Adriano continua de scruter et de rechercher le moindre signe, la moindre faille. Elle n’était donc pas digne de lui… Elle savait pourquoi elle était là, pour quoi faire, pour qui. Quelles étaient ses missions, quels étaient ses rôles. Mais elle ne semblait point réellement résignée, et encore moins intéressée par cette union, et tentait alors son va-tout : le rejet du Duc, qu’importe les conséquences sur elle. Elle pourrait être lynchée par sa propre famille ; abandonnée en chemin ; vendue aux plus offrants à Thaar, qui pourraient payer cher, très cher, pour marier une fille de Ducs même déchu.

« Hm. » Grommèle-t-il, reprenant la lettre et la plaçant dans un des plis de sa livrée. « Vous buvez à la santé de nos enfants, pour ensuite m’assurer ne point être digne de les porter. Dichotomique votre discours, n’est-ce pas ? » Il ordonne qu’on le resserve, avant de se relever et de venir finalement s’adosser contre la porte dérobée qui faisant si peur à Diane. « Je suis conscient du poids qui pèse sur vos épaules. J’ai eu la chance de pouvoir me marier, plus jeune, par amour. De cet amour naquit Catarina. Depuis, aucun de mes mariages ne fut par amour… Tous furent politiques ou de circonstances. Le nôtre, assurément, est politique. Bien que le Roy ait confirmé qu’il plaçait, nommait et confirmait ma lignée sur le trône Ducal, par décret royal du Roy ressuscité, je ne suis pas dupe : je suis un Soltarii, mais point d’une des lignées régnantes depuis des siècles. Votre nom, Diane, m’est vital, sinon au moins important. Je regrette toutefois que vous n’ayez pas eu la chance de connaître le mariage d’amour que j’ai pu connaître… Car même si perdre feu mon épouse fut la plus difficile des épreuves… Je suis heureux de l’avoir vécue, et d’avoir connue cette femme. » Dit-il, prenant ensuite deux grosses goulées de ce vin délicieux qui le fit tout de même doucement grimacer. « Je ne suis pas grabataire et vous m’êtes plus précieuse qui n’importe quel autre parti… J’en suis désolé. » Dit-il, laissant alors un court silence qu’il utilisa pour boire, avant de reprendre. « Je ne vous renverrai pas. Puissiez-vous me pardonner. J’aspire toutefois à vous libérer du fardeau que votre mère fait peser sur vous. Car je sais… Je sais tout. » Dit-il, mentant allégrement sur une vérité qui lui est encore en partie cachée. Mais tenter le tout pour le tout, parfois, pouvait aider. « Mais pour cela, il me faut l’entendre de votre bouche. Parlez, ma Dame. Et libérez-vous. Nous prendrons alors le temps qu’il faudra. Des années, s’il le faut. »
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeJeu 19 Sep 2024 - 17:08


Diane essayait de ne rien montrer de son désarroi et du combat intérieur qui la malmenait. Le poids sur ses frêles épaules, celui que le Duc avait enlevé avec le report du mariage lors de son arrivée était revenu. Il était plus difficile à porter que jamais. Margot n’avait donc point de pitié pour sa fille ? La jouvencelle n’était donc à ces yeux que l’outil de ses propres ambitions ? Sans doute oui, ou en tout cas son affection pour sa progéniture n’était-elle pas aussi importante que le pouvoir. Mais si la Di Soltatiel ne remplissait pas ses attentes, si elle ne s'acquittait pas de sa part du marché, qu’adviendrait-il ? Nul doute que Margot la haïrait et certainement que tante Octavia ne tarderait pas à lui trouver un autre parti avantageux, soit en terme de richesses, soit au niveau politique, ou mieux encore les deux. Et il était probable que ce nouveau parti n’aurait aucun scrupule à épouser une enfant et à la mettre enceinte au plus vite. Et cela ne poserait aucun problème à Margot, elle qui était prête à tout pour jeter sa fille en pâture à Adriano afin d’accélérer le processus de prise du duché déjà engagé par la venue des trois femmes.

La jeune femme n’était pas idiote, bien que détestant ces jeux de pouvoir qu’elle trouvait nauséabonds, elle comprenait ce qui se jouait et quel était le rôle que sa génitrice voulait qu’elle joue. Mais elle se refusait à dénoncer sa mère, à trahir sa famille. Elle avait certainement plus d’amour et de respect pour eux qu’eux n’en avaient pour elle, mais qu’importe, Neera était maîtresse de ses actions et elle seule guidait ses pas. Elle pouvait séduire Adriano, enfin, essayer tout le moins, mais jamais elle ne laisserait qui que ce soit faire le moindre mal à Catarina. Elle pouvait mentir au Alcacio pour protéger sa mère et aux Soltari-Beronti pour protéger le duc et sa fille. Toutes les vies étaient précieuses à ses yeux, moins la sienne que celle des autres. Ce qu’elle ignorait c’est que Margot n’était pas la seule à savoir tirer les ficelles.

Ainsi, elle rougit alors qu’Adriano soulignait les contradictions de son discours, la mettant encore plus mal à l'aise qu’elle ne l’était déjà. Elle arrêta même de respirer quand il s’adossa à la fameuse porte qui reliait leurs chambres. Puis il parla d'amour, amour qu’elle était condamnée à ne pas connaître à cause de ce mariage. Elle rougit de plus belle et baissa les yeux, il était vrai qu’en son fort intérieur, elle avait songé que, sa famille étant déchue, elle pourrait épouser qui elle voulait. Cependant, les ambitions des duchesses exilées et leurs discours de haine et de vengeance lui avaient rapidement fait comprendre qu'elle serait prise, de gré ou de force, dans leurs plans machiavéliques. Alors, elle s’était faite à l’idée qu’en dehors de la magie et de la chasse, sa vie ne lui appartiendrait jamais.

Diane relava brusquement les yeux, fixant à nouveau le Duc lorsqu'il dit qu’il savait tout. Et quand il lui demanda de tout dire, elle sentit les larmes lui monter au nez. Ses tendons et ses clavicules se firent plus visibles sur sa gorge contractée par la peur. Il lui fallut plusieurs minutes pour faire le tri dans ses pensées et retrouver l’usage de la parole. Mais bien qu’elle baissa les yeux se faisant, elle parla d’une voix assurée pour la première fois depuis son arrivée.

__ Non.

Elle secoua la tête comme pour appuyer ses dires. Ou était-ce pour se donner le courage de continuer et le temps de trouver ses mots, pour peser ses prochaines paroles ?

__ Vous ne pouvez pas me demander de trahir ma famille. Pas si vous voulez en fonder une avec moi qui soit bâtie sur la confiance et le respect mutuel à défaut de l’amour. Pas si je vous suis aussi précieuse que vous le dites. Je sais que ma valeur à vos yeux n’est que politique, mais je ne peux pas me résoudre à donner la vie à nos enfants si vous avez auparavant donné la mort à celle qui m’a portée et élevée. Alors tout ce que je peux vous dire c’est que vous devriez les renvoyer toutes les deux ainsi que leur suite à Thaar.

La brune aux yeux céruléens se leva et s’approcha du Duc pour le regarder dans les yeux. Elle avait oublié sa tenue, sa gêne et même leur différence d’âge. Elle ne jouait pas, elle n’avait jamais joué, mais elle n’hésitait plus car elle avait fait son choix.

__ Je ne vous en veut pas de vous servir de moi et si cela est bon pour le duché, je serais celle que vous voulez que je sois. Mais en échange de ma soumission et de ma loyauté, je vous supplie d'épargner ma mère et ma tante et de vous contenter de les renvoyer chez elles. Cela me libérera de leurs jougs et je serais à vous seul sans autre contrainte que mon devoir envers le duché… et vous.
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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeMer 25 Sep 2024 - 8:13



Dire qu’il avait la maîtrise des lieux était un euphémisme. Dire qu’il avait tout calculé, serait une bien piètre description de ce qui se jouait ici. Dire qu’il possédait la domination physique, psychologique, de l’instant et de l’avenir, sur ce pauvre Souffle qui s’animait, qui craignait, qui, intérieurement, désirait pleurer sans aucun doute sur son sort et souhaiter une mort douloureuse plutôt qu’une vie dans ce palais, était une triste réalité pour Diane… Et un moment savoureux pour le machiavélique Duc aux ambitions si grandes qu’il prévoyait déjà dix coups à l’avance.

S’adossant à cette porte dérobée dont il connaissait l’origine, la raison et le propos, Adriano pu se délecter du rythme cardiaque grandissant dans la poitrine de la jeune ingénue. Lorsqu’il utilisa le mensonge et la cachoterie, indiquant qu’il savait tout, connaissait tout, et désirait dans l’instant des aveux complets pour pouvoir ensuite s’assurer la sécurité de la jeune femme, il jouait là un va-tout. Enfin… Moins qu’un va-tout, surtout un coup de poker. Il savait, bien-sûr ; il se doutait, assurément ; il avait compris bien avant l’arrivée de Diane, de cela, il fallait en être certain. Mais il lui fallait une raison officielle, plus qu’officieuse ou un concours de circonstance, pour pouvoir mettre à bas la famille de Diane, saisir leurs biens, et épouser la jeune femme pour enfin asseoir sa dynastie.

Seulement, pour la première fois depuis son arrivée, la jeune femme affichait un visage sérieux, profond, et une détermination jusqu’alors inconnue. Elle s’avança, planta son regard encore enfantin dans celui, plus âgé, plus fatigué et ô combien plus calculateur, de son futur mari. Elle semblait fière et résolue… Mais Adriano, lui, l’était plus encore.

Toutefois, la jeune femme jouait là son seul atout : la loyauté, la fidélité et la descendance. Une grande, jeune et forte lignée, issue des entrailles d’une descendante légitime bien que déshéritée et à la parenté passée punie, bannie, désavouée par le pouvoir royal lui-même. En échange de la vie de cette engeance punie, revenue pour pouvoir grapiller ce que la pitié pouvait leur offrir là où leur nom ne leur assurerait plus rien, Diane offrait la sienne, sa matrice, et sa lignée. Et cela, Adriano était obligé de le considérer, puisque toute cette démarche revenait à cela.

« Ainsi, vous vous évertuez à défendre les vies de celles qui vous ont élevées dans le seul et unique but de pouvoir vous vendre au plus offrant ? Si ce n’est point moi, et le Duché, ne tenterait-elle pas de vous unir à un riche marchand d’Ithri’Vaan ? A un prince Naélisien ? A un sang-mêlé ? A un… De ces Nains, des Mille-Caves ?! » Répétait-il, insistant sur ce dernier point en sifflant entre ses dents. « Vous le savez : votre mère, et votre tante, en vie, seront un perpétuel danger pour vous, pour moi, et nos enfants. Que se passerait-il, si je venais à mourir avant l’âge requis de notre premier né ? Si vous veniez également à décéder ? Votre mère, déchue, punie par la loi du Roy, n’en resterait pas moins Reine consort et tutrice du futur Duc, car Catarina, aussitôt notre union officielle, ne sera plus mon héritière, point pour le duché en tous les cas. » Expliquait-il, expliquant des conséquences potentielles qui, à moins que Diane n’ait reçu une excellente formation politique, ne purent lui apparaître évidentes. « Voyez, l’appétit insatiable de votre parenté est bien connue des Suderons. N’avez-vous pas remarqué, dans les salles et les cathédrales, que les statues ne représentent point les visages traditionnels des Néera et des autres divinités, mais ceux de vos aïeux ? Ainsi en va la tradition, notre orgueil de souverains. Mais s’ils sont capables de poser leurs traits sur les visages des dieux, s’ils sont capables de vous vendre pour s’assurer un avenir qui leur a été retiré… Ne seront-elles pas capables de vous sacrifier ? De me sacrifier ? Dès lors que nous serions mariés, et porteront quelques héritiers dans les couloirs de ce palais ? »

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Diane de Soltariel
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MessageSujet: Re: Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano   Le pouvoir ne se donne pas il se prend | Adriano I_icon_minitimeHier à 21:56


Diane savait que Margot et consorts la vendraient à n’importe qui fusse-t-il un tueur de femmes pour grappiller un peu de pouvoir. Mais Adriano n’était pas un tueur de femmes n’est-ce pas. Il était un homme bien, Duc de Soltariel, en d’autres termes le meilleur parti possible pour elle et ce malgré leur terrifiante différence d’âge et leurs sangs ennemis. Elle était consciente qu'elle aurait bien pu plus mal tomber et quitte à être vendue, elle se surprit à penser qu’elle préférait que ce soit à lui plutôt qu’à un sang mêlé ou un nain. Mais elle savait aussi qu’en disant cela il essayait de l’effrayer. Pourtant, cela ne l’effraya pas et elle rétorqua avec un certain aplomb et un air espiègle :

__ Dois-je vous rassurer sur le fait que je vous préfère à toute autre parti et pas seulement parce que vous êtes le Duc de Soltariel ? Je sais qui je défends, je sais qu’elles ne sont pas dignes de l’être et je sais que je suis chanceuse que vous ayez été le plus intéressant à défaut d’être le plus offrant. Vous êtes un homme bien Messire, et votre fille est tellement adorable. Je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir pris sous votre protection et d’attendre pour m’épouser. Rien que pour cela vous avez ma reconnaissance éternelle à défaut de l’amour que vous avez connu avec votre première épouse.

La brune aux yeux bleus gris sourit. L’ennemi était fort beau malgré son grand âge et fort séduisant malgré son ascendance. Pire. Il était très aimable et respectueux, même s’il avait des petits côtés effrayants. Elle ne pourrai probablement pas en dire autant du prochain mari qui lui serait présenté si elle se faisait jeter dehors par celui-là. Mais il avait dit qu’il comptait la garder. Non être vendue à la pire engeance ne l’effrayait plus maintenant qu’elle avait affronté la cour ducale et Adriano. Ce qui l’effraya en revanche, ce fut le discours qui suivit. Le danger que faisaient peser Margot et Octavia sur elle, sur Adriano et sur leurs enfants. Mais également sur Catarina. À mesure qu’il énonçait toutes ces choses qu'elles savaient si ce n’était vraies au moins très vraisemblables, elle ouvrit ses grands yeux gris de plus en plus grands.

Alors qu’une larme perlait au coin de son œil, la jeune femme sut que si elle voulait vivre en paix ici et s’assurer que la famille qu'elle s’apprêtait à fonder serait en sécurité, elle devait faire plus que garder éloigné son autre famille. Tout les tenants et aboutissants ne lui avaient pas paru évident de prime abord, mais Adriano déroulait un scénario d’un réalisme cru et cruel et tout s’imbriquait parfaitement.

__ Elles sont capables de tous nous tuer. Mais elles n’en ont pas les moyens d’agir contre vous depuis Thaar, sans quoi vous ne seriez pas là. Je ne peux pas les condamner, au nom de Neera ne m’y forcez pas je vous en supplie.

La jouvencelle pleurait, las de tous les mensonges racontés et de tous les assassinats perpétrés au nom du pouvoir, des richesses, du sang et de toutes ces choses qui devenaient bien insignifiantes face à la vie et la mort.

__ Vous êtes un soldat, vous tuez pour ne pas être tué, mais ne me demandez pas d’être un soldat. Faites ce que vous avez à faire, mais ne m’en rendez pas complice. Je défends leur vie au même titre que je défends la vôtre et celle de Catarina, parce que la vie est sacrée et précieuse. Quels que soient les traits que les statues de nos divinité revêtent ici, je ne veux pas être l’instrument de votre mort ni celui de la leur, je ne veux plus de complots.

Il maîtrisait le terrain, la stratégie, l’information, tout. Tout sauf le cœur pur de la pucelle qui n’appartenait qu’à Néera. Ce même cœur qui était prêt à être renvoyé en exil pour le sauver ainsi que sa fille. Ce cœur plein de compassion et de douceur. Ce cœur loyal et fidèle.
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