Quand le vent change de direction [Caleb]

La mer olienne était calme. Le second souffle voguait en silence, alors qu’on pouvait voir à l’horizon les lumières d’une ville à l’horizon. L’air était frais, mais la jeune femme à la proue du navire ne semblait guère s’en préoccuper. Son regard était planté sur l’horizon, là où un mince filet lumineux faisait son apparition. Perdue, dans ses pensées, ses mains, agrippées sur le bois de la rambarde, l’air frais, semblaient éveiller son esprit trop bouillant. Les rêves ne s’étaient pas arrêtés. Ils étaient toujours là, poussant son esprit à les analyser ou du moins à tenter de les analyser malgré tout ce qu’il se passait.



« Il va falloir lui dire… »



La jeune sursauta avant de se retourner vers la voix qui venait d’interrompre ses pensées. Une voix profonde, chaude, qui se voulait rassurante alors qu’elle avait l’impression de nager dans une tempête incessante. Reconnaissant un des marins du second souffle, la jeune femme sembla se détendre pendant une courte seconde, avant de se ressaisir. « On dirait que tout le monde est déjà au courant sauf l'intéressé… » Ce dernier ne put s’empêcher de sourire, avant d’enlever la capuche de son crâne légèrement dégarni. La fatigue pouvait se lire sur son visage. Il fallait dire que les dernières ennéades avaient été plutôt remplis. Entre les nombreux voyages, prières, ce dernier pouvait sentir le mal qui commençait à ronger ses vieux os. Il rejoignit la rose qui s’était retourné de nouveau vers la rambarde, imitant l’ancienne noble en s'accoudant à l’aide de ses avant-bras. « C’est le cas… Ou du moins les femmes le savent et ceux qui ont le moindrement d’expérience… Les autres matelots croient juste que t’aie un quelconque mal… Il n’est pas stupide. S’il sait pas que quelque chose cloche, le reste de l’équipage va le mettre au jus. » Adélina ferma légèrement les yeux avant de soupirer. « Toujours fatiguée, mal de cœur… Tu ne bois plus, manges à peine. Tout se propage assez rapidement sur un navire… Qui plus est, on descend pendant quelques jours sur terre… C’est le moment de… » La rose leva rapidement la main, l’interrompant assez brutalement, un reste de sa vie de Duchesse. « Très bien. Je vais lui dire. » Haussant un sourcil, le marin observant la jeune femme. Puis, d’un air presque théâtral, ce dernier fit un pas de reculons, avant de faire une espèce de révérence. Définitivement une moquerie, mais la jeune femme avait beaucoup important en tête que de prendre offense sur la plaisanterie de son camarade.



Adélina soupira, alors que son regard se porta sur la porte qui menait à la cabine du Rok. Un regard terrifié. Le poids qui était sur ses épaules semblait s'alourdir à chaque pas qu’elle faisait vers la porte de bois. Puis, mettant sa main sur la poignée, elle soupira, avant de cogner, puis d’entrer, refermant la porte derrière elle avant de poser son dos contre cette dernière. Rapidement, les prunelles bleutées rencontrèrent celles du capitaine, elle était nerveuse, voire apeurée et il le verrait rapidement. « Je dois te parler. » Commença-t-elle avant de trouver une nouvelle once de courage en faisant quelques pas vers le Mécan. Ces derniers jours, la nordienne l’avait volontairement évitée, ne sachant pas trop quoi faire du secret qu’elle gardait. Ce dernier ne semblait pas réellement s’en être préoccupé, après tout, peut-être, était-il encore le nez dans ses cartes, ou occupé à préparer leur prochain coup. « J’ai découvert quelque chose alors qu’on traversait la brume. » Nerveuse, ses épaules se redressèrent et  elle se mit à faire quelques pas vers son amant. Adélina savait que ce dernier n’avait jamais voulu de famille. Encore moins de femme. Il avait été clair de nombreuses fois alors qu’elle était sa prisonnière, et pourtant elle l’avait changé. Peut-être réussirait-elle cette fois-ci? Du moins c’était le seul espoir à lequel elle pouvait encore s’agripper, car les alternatives n’étaient guère positive pour elle et là, dans cette cabine, elle avait l’impression qu’elle pourrait bien perdre le nouveau monde qu’elle venait à peine de retrouver.

Les mécans ont beau vouer leurs vies à la mer, l'île de la Méca est pour eux ce phare en pleine tempête qui les ramène à leurs foyers. Repartir aussi rapidement a été un douloureux arrachement pour les marins qui avaient eu tout juste le temps de défaire leurs affaires. Quelques négoces avaient bien été traitées ci et là, avec des marchands de passages, assez de quoi remplir les cales de vivres et payer l'équipage, mais le plus gros restait encore à faire, plus à l'est.

Caleb désirait exporter les marchandises d'Anaëh et ainsi faire vendre à bon prix sa nouvelle voie maritime. Bien sûr, quelques curieux et aventuriers tenteraient probablement de lui soutirer l'information ou de se faire transporter, mais ils se retrouveraient bien vite rabrouer. Rokvenha avait en tête un projet plus ambitieux que de simplement vendre des marchandises dans les ports de Miradelphia, un dessein plus lucratif et durable. Il souhaitait rouvrir les voies commerciales mécane en direction de l'Ithri'Vaan et y inclure la Brume et les terres de l'extrême est ; l'Anaëh et autres.

C'était pour ces raisons que le capitaine avait décidé de repartir aussi vite qu'il était arrivé. Prenant la direction de la Cité des Sens qu'il n'avait plus revu depuis bien des mois. Il avait visé un peu plus au nord que les grands ports de Thaar, vers Geresh. De là, il pourrait garder son navire en lieu sûr, bien surveillés par ses hommes et ne pas craindre que quelques Souffles avides ne tenteraient de le voler.

Il en oublia presque l'accord passé avec le Duc de Soltariel. C'était à mi-chemin qu'il s'en rappela et se réconforta quant à son choix de se tenir à l'écart des grandes cités, pour ne pas risquer d'être hâtivement retrouvé et pouvant prendre la fuite si la guerre à venir avec le Langehack venait à s'avérer compliqué. Il se jura de rencontrer les capitaines libérés et Eylohr, qu'il avait chargé de faire ses affaires à Thaar pour les tenir au courant de leurs prochaines aventures.

Avec tout ça, bien trop absorbé dans ses pensées, Rokvenha ne sortait que très peu de sa cabine. Essayant de faire des comptes et d'estimer les valeurs marchandes des biens dans sa cale, de trouver les meilleurs itinéraires maritimes pour prendre à revers et s'éclipser sans grands dangers des eaux péninsulaires. Tout ceci accapara une bonne partie de son temps et quand Adélina vint frapper à la porte de son sanctuaire, il leva tout juste le regard vers elle.

Les iris au bleu océan, légèrement rougis par le manque de sommeil et la concentration prolongée, du capitaine lui donnaient un air fatigué. Il secoua la main pour la faire entrer et releva légèrement le menton dans la direction de la Rose quand elle souhaita lui parler. L'air grave de l'alonnaise fit hausser un sourcil au marin qui la fixa alors, déposant ses cartes et autres papiers de comptes. D’un bras dressé dans la direction de la Rose, il l'accueillit et pivota sur son siège pour lui faire face. “J’t’écoute.” C’était la première fois qu’elle venait parler de la Brume avec lui et lui avouer une quelconque découverte s'intéressa aussitôt, bien qu’au vue des appréhensions naissantes sur le visage d’Adélina, le capitaine su par avance quel était le sujet de leur discussion à venir, mais il resta pour l'heure stoïque écoutant avec attention sa belle.

Adélina put sentir la boule dans son estomac s’alourdir. Comment pouvait-elle se retrouver dans cette situation ? Elle savait les conséquences de ses actes, mais elle s’était dit qu’après ce qui s’était passé en Ydril… Qu’elle n’aurait plus à s’en soucier. Une erreur qui pourrait lui coûter sa nouvelle vie. Elle avala difficilement sa salive, avant de relever le menton le regard fixé sur son amant, fixant ce dernier comme si elle s’apprêtait à affronter la plus brutale des batailles. Elle fit quelques pas vers son bureau, avant de bifurquer, allant s’asseoir sur leur lit, lui faisant de nouveau face. Ses mains se posèrent à plat sur la literie, tentant de contrôler le tremblement de ces derniers. « Il y a deux choses dont je dois te parler. L’une dont je ne suis pas nécessairement certaine de ta réaction, et d'une autre dont j’ai besoin de ton avis. » Son regard azuré se perdit dans le sien, avant de décider de commencer avec la nouvelle qu’elle redoutait le plus. Mieux valait ne pas perdre de temps, éviter les innombrables détours que l’alonnaise avait tenté de prendre pour évader cette inévitable discussion. « Je porte ton enfant… Je m’en suis rendu compte alors qu’on traversait la brume. » Elle soupira, détachant rapidement son regard du Capitaine, semblant vouloir éviter ce dernier de nouveau. Peut-être que la nouvelle avait été un peu trop brutale. Elle se souvenait des discussions qu’elle avait eu avec ce dernier il y a quelques mois. Il n’avait jamais été un grand amateur de “chiard” comme il le disait si bien. Combien en avait-il abandonné ? Combien de femmes avaient tenté de lui faire reconnaître leur enfant ? Adélina se souvenait trop bien de la crise de jalousie qu’elle avait dû affronter à Méca alors qu’elle n’était même pas attachée au capitaine. Enfin… Qu’elle avait cru ne pas être attachée, car soyons honnête, il y avait toujours eu quelque chose entre le Rokvenha et sa Rose, les deux avaient été trop aveugle pour l’admettre auparavant.



Mais il y avait l’autre côté de la médaille… Autant le capitaine ne voulait rien savoir des autres enfants, cela ne changeait pas le fait qu’il avait été particulièrement délicat avec le petit baron - du moins, une fois qu’elle avait décidé de cesser de lui faire la vie dure. Par la suite, il avait été énormément patient - voir même paternel avec Gabriel. Ce qui l’avait toujours indéniablement surprise, mais à l’époque elle n’avait pas poussé ses interrogations plus loin. Adélina retourna son attention sur Caleb. Observant avec attention son expression presque indéchiffrable. Elle serra ses poings, agrippant le drap qui ornait le matelas, retenant les innombrables demandes qu’elle voulait faire, qu’elle aurait dû faire. Mais elle n’était plus en péninsule. Les mœurs n'étaient plus les mêmes et les choses qu’autrefois aurait pu lui paraître importante n’avait absolument aucune valeur en Méca. Elle avala difficilement sa salive, attendant avec impatience la suite.

Silencieux, Rokvenha laissa passer l’ancienne baronne devant lui pour s’installer au bord du lit. L’homme la fixa, intensément, guettant la nervosité palpable au niveau des mains qui déchirèrent presque le drap. Inexpressif, comme si voir Adélina dans cette posture émotionnelle ne le touchait pas outre mesure. Attentif, comme un prédateur guettant l’instant de faiblesse de sa proie, le regard acéré et perçant, il patienta alors.

Lorsque Adélina prit son courage à deux mains, annonçant alors la terrible nouvelle au capitaine, ce dernier ne cilla pas, laissant un lourd silence tomber dans la cabine pour marquer la prise de conscience. Puis, dans un geste lent, il se redressa sur son assise et croisa les jambes en s’enfonçant dans le dossier. Rokvenha sembla encaisser la nouvelle, ses épaules s’affaissèrent lourdement et son regard s’assombrit. Habile dramaturge que voilà, car après ces quelques secondes sans paroles, le mécan expira sèchement par le nez en reportant son regard sur sa compagne. “... Enfin.”

D’un bond, il se releva, comme ayant retrouvé une vivacité soudaine et s’approcha du lit, ne quittant pas la Rose du regard. “T’en as mis d’temps pour v’nir me l’annoncer. J’bien cru qu’j’allais êt’ l’dernier informé d’ce foutu raffiot.” Il s’arrêta à mi-chemin et détourna finalement son attention vers un endroit flou dans la pièce, soufflant à nouveau d’un soupir blasé.

Être père, voilà quelque chose qui n’emballait pas Rokvenha. C’était une source d’ennuis continus, d’un bruit constant, d’une attention particulière et surtout, un point faible bien trop grand qui pourrait lui coûter cher à l’avenir et dans ses projets. L’insulaire grimaça dans ses réflexions personnelles et secoua sa tête comme prit d’un débat à voix basse et avec lui-même. “... Fais chier !” Il ponctua sa réflexion ainsi et pivota à nouveau vers Adélina à qui il sourit avec chaleur.

“Ma Rose… ma Rose… Tu m’mets un peu dans l’merde tu t’doutes bien, mmh ?” Il avança d’un pas, puis deux, son sourire s’étirant davantage dans un air carnassier et malsain. “Un chiard… Sur mon navire.” Sa langue claqua contre son palais et tout aussi subitement que la première fois, son expression changea et il s’abaissa devant l’alonnaise, posant ses mains sur ses genoux en relevant la tête vers elle. “T’sais qu’on est plus dans ton château, bien à l’abri et au chaud ? Mmh… Un gamin sur un raffiot c’est pas l’joie pour lui.” Son regard s’adoucit et peut-être que Rokvenha fut rôdé à ce genre de situation car il ne trembla pas, ni ne bégaya dans ses propos. “T’comptes faire quoi d’ça ?”

La jeune femme osa un sourcil, sa tête se pencha légèrement sur le côté en attendant la réplique du Rokvenha, car c’était bel et bien à lui qu’elle avait l’impression de parler à ce moment-là. Il continua son discours en s’approchant, mais pas une fois l’alonnaise ne baissa son regard, aucune trace de tristesse ni de regret ne traversait son regard. Au contraire, une certaine détermination, comme si sa réaction venait de changer quelque chose chez elle. La nordienne avait déjà perdu deux enfants… Elle n’en perdrait pas un troisième. Mais elle n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche que le capitaine rejoignit doucement cette dernière pour s’accroupir devant cette dernière, mettant ses deux mains sur ses genoux, et pendant ce court laps de temps, elle le revit. Caleb était de retour… Ses lèvres s'entrouvrirent un instant, comme prête à prendre la parole, mais son amant reprit la parole, lui demandant expressément ce qu’elle comptait faire. « Si j’étais encore en péninsule. Je te demanderais de reconsidérer ce que je t’ai demandé à Meca. Je te demanderais de t’unir à moi. De faire en sorte que tu reconnaisses cet enfant… » Elle s’arrêta un moment, son regard sembla s’adoucir à son tour, alors que sa main froide rejoignit la joue de Caleb, un léger sourire apparut sur ses lèvres alors qu’elle caressa la peau de ce dernier. Sa main froide se réchauffant peu à peu, comme une sorte d’étreinte rassurante. Mais avant qu’il ne puisse répliquer quoi que ce soit, la jeune femme, reprit rapidement la parole ; « Mais nous ne sommes pas en péninsule… » Elle se pencha légèrement, posant son front sur le sien, sa main caressant toujours la main du capitaine.  « Et nous allons créer nos propres règles. »



Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de reculer légèrement, brisant son étreinte du capitaine. Adélina se laissa tomber vers l’arrière, ses mains la retenant alors qu’elle se cambra légèrement dans une pose beaucoup plus sereine. Elle souffla légèrement du nez, comme amusée pendant un court instant avant de rétorquer : « Qui plus est, puis-je te rappeler qu’il faut être deux pour concevoir un être… Malheureusement, je ne puis être la seule à blâmer, puisque toi et moi, son incapable de se résister. » C’était un fait. Malgré l’air brutal du capitaine, cela ne changeait pas qu’il éprouvait les mêmes sentiments, voir les mêmes pulsions qu’elle. Bien que la responsabilité de cette enfant incomberait probablement plus à elle qu’à Caleb. Elle expira légèrement, semblant reprendre un air un peu plus sérieux. « Crois-moi, je connais bien les circonstances et mes plans dépendront certainement des tiens… » Adélina se redressa, son index rejoignant le menton du mécan, le forçant délicatement à plonger son regard dans le sien. Sérieuse, voire déterminée, elle reprit la parole, murmurant que pour lui; « La question est surtout si tu veux faire partie de mes plans ou non. » Elle lui laissait la porte ouverte. Un test ? Pas vraiment. Plus une information nécessaire à la suite. Caleb pourrait être présent pour son enfant ou non. Telle était la question que l’ancienne noble lui posait.

Toujours accroupi devant la jeune femme, le visage levé vers cette dernière, Rokvenha l’écouta. Le soulagement passa brièvement sur les traits de la péninsulaire et il accueillit la caresse sur son visage en fermant les yeux. Une longue expiration de satisfaction s’échappa du mécan qui ne cacha pas le plaisir de cet instant de répit et délicat. Puis, en rouvrant finalement les yeux, il sourit. “Nous n’avons pas b’soin d’règ’.” Il réfuta l’idée en secouant la tête et ses sourcils se froncèrent. “Y’a pas d’rég’ pour ça, lib’ à chacun d’le v’loir ou non.” Il se redressant après qu’Adélina soit retombée sur le lit, il se retourna dans la pièce, laissant échapper un rire quant à l’évocation de leurs pulsions mal retenues.. “Aye, j’sais bien comment ça marche t’fais pas, c’pas l’premier qu’j’ai …”

Car oui, Rokvenha était déjà père de plusieurs enfants même, mais aucun d’eux n’avaient eu la chance de connaître leur paternel qui s’était lâchement enfui pour reprendre la mer et sa liberté. Une situation qui ne dérangeait aucunement le concerné qui ne considérait carrément pas ces pauvres enfants éduqués uniquement par leur mère. La question était maintenant de savoir si Adélina allait être une de plus à cette liste inconnue à élever seule l’enfant à naître et cette idée traversa l’esprit du mécan qui grogna de plus belle.

L’insulaire s’était calmé, rangé même aux dires de certains, préférant davantage la stabilité à la folle liberté insouciante et dangereuse par moment, mais cette fois-ci la décision n’était pas aussi simple et les conséquences bien plus lourdes. “J’sais pas êt’ Père, ça m’intéresse pas si c’pour finir comme l’mien d’géniteur. C’est p’t’êt’ pour ça que j’refuse toujours d’garder ou d’approcher un gosse qui s’prétend d’moi.” Sa main vient écraser son nez. “J’veux pas non plus qu’ça m’empêche d’faire c’que j’compte faire, car ma légende c’mmence tout juste et qu’j’ai encore fort à y faire. Naye, j’me priv’rai pas pour un chiard, ma Rose.” Il se retourna vers elle, déterminé dans sa réflexion. “J’vais pas t’l’arracher si c’est c’que t’crains et j’vais pas t’chasser non plus. J’peux pas t’promett’ que j’serai un bon paternel aussi car ça s’rait mentir, mais j’peux t’promett’ que j’serai là pour toi et lui si t’as b’soin.” Son cœur balançait à cet instant et il secoua à nouveau la tête.

Indécis, Rokvenha fit les cent pas dans sa cabine comme pris d’intenses réflexions. Finalement, il se tourna à nouveau et pointa la belle de son index accusateur. “J’peux t’proposer ça, l’chiard j’le garde, j’le fais pour toi… Mais à partir d’maint’nant, faut qu’tu comprenne que j’prendrai aucun risque pour toi et … ça” Il agite son index vers le ventre. “Quand on s’ra à terre, t’pourras descend’ aye, mais sous escorte d’Rocaille ou aut’. T’iras sûr’ment pas à Thaar avec moi et jamais, ô grand jamais, j’veux qu’la Méca s’doute d’quoi qu’ce soit. Bien clair ?” Si le mécan imposait autant de limites, c’était plus par crainte des autres. Un enfant et une femme enceinte était un véritable festin pour les prédateurs qui désiraient s’en prendre à lui - et Eris sait combien ils sont nombreux. -

Adélina eut l’impression qu’une vague s’était envahie d’elle. Le soulagement était tel, qu’elle sentit le moindre de ses muscles, le moindre de ses nerfs se détendre. Le mécan ne l’avait pas rejeté, car là, était sa réelle peur. La nordienne avait tout laissé derrière, et recommencer, à nouveau, sans Caleb, la terrifiait au plus haut point. Ce dernier se releva avant de faire les cent pas. Pas une seule fois, elle ne l’interrompit dans ses pensées, lui laissant digérer la nouvelle - qui n’en était pas réellement une. Ce n’est qu’une fois qu’il reprit la parole, lui donnant ses termes à cette grossesse qui les avait tout deux, prit par surprise. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire, avant de se relever, s’approchant doucement du Mécan. Elle attrapa la main du Capitaine dans la sienne, repliant son doigt, avant que sa jumelle ne vienne emprisonner celle de Caleb. La nordienne releva la tête, plongeant son regard azuré dans le sien, clairement amusé. « Pour quelqu’un qui ne veut pas de règle, cela ne te gêne pas d’en imposer. » Dit-elle haussant un sourcil, clairement amusée. Regrettait-elle de ne pas voir Thaar ? Oui, certainement. Mais elle n’avait pas dit son dernier mot. Il y avait toujours une façon de convaincre Caleb, et plus elle passait du temps avec ce dernier, mieux elle avait compris comment gérer son trop-plein d’agressivité. Néanmoins, elle acquiesça. Adélina n’était pas sotte, elle savait dans quel danger elle les avait mit. C’était un autre point faible du Rokvenha, une autre cible qui l’affecterait, une autre cible à gérer. « Je vais faire mon possible. Mais à un moment, cela sera un peu plus difficile à cacher et lorsqu’il ou elle sera là… » Adélina perdit légèrement son sourire ; « Les gens ne sont pas stupides, ils vont faire le lien. Mais je te promets que je ferai tout en pouvoir pour le protéger. » Et cela incluait rester à l’arrière dans cette situation.



Elle relâcha la main du Rokvenha avant de continuer, l’air sérieuse ; « Et pourtant, tu n’as eu aucun problème avec Gabriel. Reste toi-même… Et si jamais, je te guiderais. Je ne vais nulle part. Nous sommes ensemble pour cela. » La jeune femme eut un sourire triste, elle n’était pas la mère parfaite non plus, mais cela, elle ne l’admettrait aucunement au Rokvenha à voix haute. Mais elle continua, se voulant rassurante ; « Je ne te demande pas de te priver. Au contraire, je m’en voudrais si cela était le cas, et tu le sais aussi bien que moi, que jamais je n’arrêterais ton ascension. Je te suis loyale, et cela ne changera pas maintenant. »  



Elle fit quelques pas vers le bureau du Rokvenha, avant de s’asseoir dans son fauteuil, posant sa tête contre le dossier, ses mains se posèrent sur les accoudoirs alors que ses jambes se croisèrent, un air presque royal. Mais la jeune femme semblait avoir repris son sérieux avant de reprendre la parole ; « Mais il y a une autre chose que je dois te parler…» Ses doigts pianotèrent sur les accoudoirs avant qu’un soupir ne traverse ses lèvres. « Tu te rappelles quand nous avons vu la Médée, il y a quelques ennéades ? Je lui ai parlé de mes rêves. » Cette conversation l’avait d’ailleurs particulièrement ennuyée, car la vieille femme n’avait pas été très bavarde à ce sujet et l’ancienne noble était revenue avec plus de questions que de réponse. « Ils n’ont jamais arrêté… Ils reviennent encore et encore…» D’ailleurs, le pirate s’en était probablement rendu compte. Il n’était pas rare que la jeune femme se réveille en sursaut après avoir eu un sommeil aucunement reposant. Elle avala difficilement avant de reprendre ; « Je ne crois pas qu’ils sont les produits de mon imagination…»

Tels les flots imprévisibles du Grand Océan, le Souffle du mécan s’agitait dans tous les sens à cet instant. Debout, au centre de sa cabine, il ne savait pas si sa décision finale était réellement la meilleure à prendre. Continuant de jauger Adélina de son regard perçant, Rokvenha sembla un instant revenir sur sa décision lorsqu’une de ses paupières cligna comme un signe d’une pensée soudaine. Là, elles étaient encore là, prêtes à surgir des ombres de son esprit en cet instant fatidique. Il n’eut pas le temps de leur laisser libre voie au chapitre que la délicate main de l’alonnaise vint se saisir de la sienne et tel un fin rayon de soleil perçant les nuages sombres en pleine mer, ce toucher fit reculer les sirènes démentes une nouvelle fois.

Se détendant alors qu’il abaissa son visage pour observer celui de son amante, Caleb força un sourire de circonstance à l’évocation des règles et de sa manière d’en imposer. Il voulut rétorquer, mais se ravisa à nouveau alors que la jeune péninsulaire continua de le rassurer. “Quand viendra c’moment-là, plus personne os’ra s’en prend’ à c’qui m’est cher, aye, j’te l’promet…” Une nouvelle promesse qui fit l’écho de la toute première que Rokvenha avait faite à Adélina en promettant les tempêtes à quiconque voudrait lui nuire. Il savait que cet enfant attirerait l’avidité des prédateurs qui lui sont opposés, mécan, péninsulaire ou tous autres individus souhaitant faire chuter l’ascension du Fidèle de la Médée. Pour ça, il allait travailler jour et nuit, sans repos s’il le fallait afin que plus personne ne puisse être en mesure de l’atteindre ou osait y songer.

“L’Cousin gard’ra un oeil sur toi, ainsi qu’les aut’ d’l’équipage. J’vais m’rend’ à Thaar car la Cité d’Sens renifle l’sang et l’or d’bien loin en c’moment.” Il n’en dit pas plus, car Adélina prit alors une expression bien différente que la précédente en s’asseyant sur le fauteuil du capitaine. Toute la noblesse de la jeune femme illumina la pièce un court instant et Rokvenha pencha alors la tête en écoutant le récit de ses rêves.

Il essaya de se remémorer le sujet de discussion avec la Médée et celui des rêves. Finalement, il opina simplement en silence avant de laisser l’ancienne duchesse s’exprimer. “Et c’est quoi ‘lors ? Mmh ?” Il eut bien du mal à cerner où voulait aller sa compagne, prétextant ne pas avoir des rêves imaginatifs. “Si tes rêves n’sont pas l’fruit d’ton imagination… Ca vient d’quoi ? D’tes envies ?” Il fronça quelque peu les sourcils, peut-être voyait-il en réalité le fond de la pensée d’Adélina, mais il n’en montra rien, ne voulant pas se risquer sur cette voie qui lui échappait totalement.

Adélina ne put s’empêcher de sourire en attendant la réplique de son amant. Ce genre de promesse lui donnait l’impression que son cœur se réchauffait. Elle avait la véritable impression d’être appréciée, choyer, voir même aimée - même si l’ensemble de ces mots n’avaient jamais traversé les lèvres du Mécan. Caleb n’était pas un romantique - il était un être complètement différent de tout ce qu’elle avait croisé jusqu’à maintenant, ni chevaleresque ni galant - et pourtant, c’était l’homme qu’elle avait choisi. Celui qui l’avait réellement protégée et qui lui avait ouvert les yeux sur sa valeur, mais aussi sur qui elle était au plus profond d'elle-même. Quant à son futur plan, la jeune marchande ne put qu’acquiescer, sachant d’ores que son cousin serait toujours dans les parages - et connaissant Caleb - probablement quelques hommes supplémentaires. Après tout, il l’avait dit lui-même, elle était une cible pour quiconque voulait l’atteindre, et le Rokvenha ne prenait que les précautions nécessaires.

La belle leva sa main, s’accoudant sur la chaise, alors que sa main vint replacer quelques boucles brunes derrière ses oreilles. « Pour être honnête, je n’en ai aucune idée… Si ce sont mes envies, elles sont plutôt cryptiques. » Elle se tourna vers le bureau, bougeant précieusement quelques papiers avant de trouver un parchemin vide. Elle attrapa la plume et l’encrier du Rokvenha, avant de se mettre à écrire ou plutôt à dessiner sur le parchemin, out en prenant la parole ; « C’est toujours le même, dans le même ordre… Je vois des écailles qui bougent, d’un bleu éclatant avant de changer doucement vers le noir, des gouttes d’eau se fracassant sur l’animal qui semble s’échapper. Je me vois tomber dans l’océan, seule. Sous l’eau, j’ai l’impression qu’on m’observe… Mais il n'y a rien pendant un temps, puis je revois les écailles et une énorme ombre noire… » Elle s’interrompit, avant de plonger la plume dans l’encrier pour continuer son récit ; « Je vois des pas dans le sable, des morceaux de bois blanchis par le sel, et d’autres gravé par des symboles… Ceux-là… » Dit-elle avant de poser la plume, levant son regard pour rencontrer celui du Rokvenha. Son souffle s’accéléra légèrement avant de l’observer. Elle voulait voir s'il reconnaîtrait ses symboles, voir s'il viendrait aux mêmes conclusions qu’elle. « Puis je me vois marcher sur la plage alors que je sors de l’océan, trempée, le tissu d’une robe beige qui me colle au corps, une dague noircie à la main et mon corps marqué de tous ses symboles encore et encore… » Le regard de la jeune femme se posa sur le Capitaine, lui laissant le temps de prendre tout en compte. « Et à chaque nuit, j’ai l’impression que les choses deviennent de plus en plus détaillées… Comme si on tentait de m’aider à déterminer un message que je ne pouvais interpréter. » Peut-être était-ce le fruit de son imagination, mais cela lui semblait beaucoup trop précis pour être le cas. Soit son subconscient la poussait vers un nouveau chemin, soit le message venait d’une autre entité.

Des efforts il en faisait, essayant de comprendre où Adélina l’emmenait dans ses explications toutes plus étranges les unes que les autres. Le mécan s’efforçait de ne pas prendre une expression d’incompréhension totale, bien que ses sourcils, froncés devant l’effort, trahissaient une intense réflexion. C’était un sujet important aux yeux de sa compagne et il ne pouvait la laisser ainsi, seule face à ce questionnement.

Quand elle eut fini, Rokvenha laisse couler quelques secondes de silence, contemplant les symboles griffonnés sur le papier. Il les connaissait, oui, un désagréable souvenir, mais ceux-là, au moins, il savait quelle était leur origine. Il s’agissait de petits symboles religieux typiquement mécan que la Médée avait elle aussi sur le corps, ou gravés sur sa hutte. Peut-être se pourrait-il alors qu’Adélina ait juste rêvé de cette vieille femme ? Qu’en était-il des écailles et des abysses alors ?

Durant son silence, Rokvenha releva la tête pour regarder l’alonnaise. Une courte pensée lui traversa l’esprit, mais pour une fois, il retint sa langue. Les femmes enceintes n’étaient pas réputées pour leur stabilité mentale, mais tenter de l’envoyer à la Rose revenait à signer son propre arrêt de mort. Non, il préféra rester silencieux et briser son mutisme par un franc et bruyant bruit de bouche en signe de son abandon. « prrrrrr »
La main droite du Rokvenha saisit alors le papier et il l’observa de plus belle. « Ca j’connais aye… T’as p’t’êt’ été marquée par l’gueule d’la Médée, ‘pis bon, faut dire qu’l’endroit où t’l’as vu c’était pas l’meilleur pour en sortir sain d’esprit. » En référence alors à la coque de son ancien navire ou son premier équipage fut éradiquée. « Pour l’reste des ‘cailles et l’fond d’mer… Bah hé ma foi, tu navigues main’tnant et p’t’êt’ bien qu’c’est ce qui t’tracasse. » Sincère dans ses propos il releva son nez vers Adélina. « T’as p’t’êt’ envie d’poisson à manger ? T’veux qu’j’en fasse venir d’port pour toi ? On dit qu’les donzelles qu’sont porteuse d’la vie on souvent des envies étranges, p’t’êt’ bien que…» Il attendit venir le courroux et grimaça en se disant que sa langue n’avait pas su être tenue plus longtemps.

Se relevant alors du bureau, il marcha dans la cabine en rond, en proie à ses réflexions. « J’peux pas faire grand-chose pour toi, ma Rose, crois-y bien qu’j’aim’rai pouvoir hein ! Mais j’suis pas doué d’un don pour comprend’ les rêves, j’comprend’ déjà pas très bien l’monde qui tourne autour alors bon. C’est p’t’êt’ tes peurs qui t’tracassent ou tout aut’… P’t’êt’ qu’tu te ronges un peu trop l’crâne à vouloir êt’ une mécane que ça en d’vient à s’voir d’la sorte ? » Il renifla finalement, ponctuant ses hypothèses. Une dernière lui vint, mais celle-là resta en suspend au fond de lui, impossible à y croire même pour un être tel que lui.

Adélina s’approcha du Rokvenha, regardant de nouveau les symboles qu’elle avait griffonnée par-dessus son bras couvert de tatouage. « Je sais que les symboles viennent de la médée. Comme je te disais, je les ai reconnus quand nous avons été la voir. En premier sur un bout de bois sur la plage, ensuite, quand nous sommes entrés dans son antre. Ma question est surtout que représente lesdits symboles. Quels esprits ? Qu’est-ce qu’ils représentent ? » Elle leva le regard vers le capitaine avant de continuer ; « C’est surtout ça qui me tracasse. » Vint la suite du discours du capitaine, et là, la rose changea du tout au tout. Son regard sur durci, avant que son poing droit se ferme pour tomber sur la table, la table laisse s'échapper un son sourd alors que la belle monta le ton. « Ne me prends pas pour une folle parce que je porte ton enfant. » Elle se redressa, croisa les bras sous sa poitrine avant de jeter un regard colérique sur le capitaine. « Les rêves ont commencé bien avant que je porte ton enfant. Cela n’a absolument rien à voir.  »

Adélina soupira avant d’avancer vers Caleb pour prendre le parchemin de ses mains. Si ce dernier ne pouvait l’aider, elle devrait continuer cette voix toute seule. Elle connaissait quelques esprits mécans, mais de là à comprendre l’ensemble de ses symboles étaient une autre paire de manches, surtout que la médée ne semblait pas la prendre au sérieux non plus. La rose avait dit à la vielle femme qu’elle voulait comprendre ce message, elle avait l’impression que ce n’était pas son imaginaire à l’œuvre, qu’il y avait un dessein voir un message à suivre. L’Eris est indomptable, elle sait aussi être calme et patiente… Peut-être était-ce cela qu’elle avait besoin ? Un peu de patience. Peut-être que la médée avait raison, et qu’une fois qu’elle serait vraiment accepter par l’ensemble de méca ses rêves disparaîtraient aussi rapidement qu’ils étaient apparus. Semblant sortit de ses pensées, la jeune femme secoua la tête, l’air déçue. Elle plia le parchemin avant de le mettre dans la poche intérieure de son manteau. « Peut-être. Mais enfin, ça n’a pas d’importance. » Elle releva finalement son regard vers le Rokvenha avant de balayer doucement de la main l’air devant elle, comme si cela effacerait tout ce qu’elle lui avait dit. Elle se rassit sur le bureau, soupirant doucement avant de reprendre la parole ; « J’aimerais aller à Thaar. Je crois que l’une des filles que j’ai libérée pourrait nous aider. Elle avait un commerce non loin des marchés aux chaînes ? Je veux bien te laisser y aller en premier, mais une fois tes affaires faites, et ton esprit rassuré, je dois y aller aussi.  » Après tout, elle lui avait déjà dit qu’elle voulait écrire sa propre légende, ce à quoi il avait vaguement accepté.

Le marin ne releva pas le ton peu commode de sa compagne et se para simplement d'un sourire satisfait en l'entendant lui répondre de la sorte.
Quant aux symboles, il haussa à nouveau les épaules en guise de seule réponse. « Ils peuvent êt' pour un ou p'sieurs des esprits, p't'êt' même qu'ils sont pour aucun d'eux et qu'ils concernent tes prop' Dieux. » Imaginer Adélina être frappée par des visions des esprits mécan n'était pas concevable dans l'esprit de Caleb, du moins, pas de cette manière. L'Alonnaise voulait certes se rapprocher de sa culture, de ses terres, mais elle n'avait encore rien vu, rien fait pour s'attirer les faveurs des esprits du peuple insulaire. « Demande toi c'que t'as fais pour qu'ta DameDieu vienne t'voir, p't'êt' bien qu'c'est d'vouloir rompre ton mariage avec l'Duc qui la rendu pas commode qui sait ? L'Dieux, et encore plus l'tiens ont leur volonté et j'compte pas essayé d'comprend' c'qu'ils ont en tête. »
Il ne rejeta pas la croyance pentienne, car c'était là un des point de la société mécane, toutes les religions étaient acceptées et priées par les habitants aux origines diverses. Il y avait bien sûr une sorte de religion dite « officielle » par les mécans, mais ils ne s'offusquaient pas d'entendre parler d'une autre divinité ou d'avoir dans leurs équipages des fervents des dieux d'une autres terres.

Finalement, lorsque Adélina rangea son papier, il se détourna d'elle comme pour retourner à ses occupations, son rôle conjugale étant maintenant fait et pensant avoir éloigné les doutes de son amante.
Cependant, la demande le stoppa net dans sa progression et, dos à elle, il laissa échapper un soupire avant de se pincer l'arête du nez. Il venait de lui dire, il y a peu, qu'il ne voulait prendre aucun risque la concernant, qu'il ne voulait pas la voir se promener à Thaar, sachant que la Princesse de la Chair était maintenant morte et que cela soulèverait des incidents ci et là dans la ville. Il venait de le faire et, ce petit bout de femme, commença déjà à revenir sur sa demande et son ordre impératif. Il resta ainsi de dos, quelques secondes, continuant de secouer la tête comme s'il cherchait à ne pas réagir à chaud.
Rokvenha se retourna alors, la toisa quelques secondes et dans une expression désabusée non feinte, il leva les mains l'air d'abandonner toute vaine tentative de discussion. « Oui oui, faisons ça, aye, » Le Capitaine n'avait pas l'air d'être motivé pour se disputer, argumenter et autre, il laissa alors la jeune femme obtenir ce qu'elle désirait et s'éloigner à nouveau en direction de ses affaires.