Nombre de messages : 72 Âge : 30 Date d'inscription : 20/12/2022
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 585 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Un rêve, un espoir, un but Jeu 21 Nov 2024 - 10:12
??? ???? ????
Le ciel était sombre, menaçant de s’abattre sur le monde à chaque instant. Des éclairs déchiraient les nuages de façon incessante et la pluie ne semblait pas vouloir faiblir et les grondements du tonnerre emportaient avec eux la colère des Dieux. Sous ce dôme apocalyptique, la plaine d’en dessous se retrouvait noyée dans un brouillard épais duquel des silhouettes telles des ombres semblaient se mouvoir et danser dans un ballet envoûtant. Etrangement aucun son ne s’échappait de cette épaisse brume, tout était silencieux, bien trop silencieux.
Là, allongé sur le dos, dans l’herbe, le visage tourné vers la voute céleste, Vel’drin était présent. Son corps meurtri l’empêcher de se mouvoir, la douleur le saisissait même à chacune de ses dures respirations. Le goût ferreux du fluide vital s’était emparé de son palais et sa langue chassait les gouttes qui s’écoulaient le long de ses lèvres. Peu à peu, les ténèbres environnantes se rapprochèrent de lui, la brume l’enveloppa délicatement et lui apporta un bref apaisement. La Gardienne des Ombres déploya son linceul pour l’accueillir en son sein, le consoler de sa douleur, le chérir après avoir soufflé sur sa Flamme vacillante. Le Zaurahel expira une dernière fois.
« L'Menvis ulu Nahali »* puis ce fut le silence. Le vide. La Mort.
* = "Le Chemin vers le Nahali"
******
??? ???? ????
Rien en cet instant ne pouvait trahir le changement à venir sur cette plaine paisible et verdoyante. Le ciel bleu et dégagé laissait les doux rayons de l’astre solaire réchauffer les collines et l’orée de la forêt de part et d’autre du plateau. Les animaux présents broutaient l’herbe fraîche, quand l’un des cervidés releva vivement la tête pour humer l’air ambiant avant de s’échapper dans de grandes foulées, emportant toute sa harde avec lui. La terre s’agita alors, d’abord comme un léger frisson puis, peu à peu, comme un remous sismique porté par une onde de choc venant de tous les côtés.
La forêt gronda sa colère, les arbres immenses tels des remparts et menaçant se secouèrent alors, leur repos ainsi troublé. Au-delà des troncs épais se trouvait les ténèbres, le repère des Traîtres et de Ceux qui doivent en payer le prix. Face à ce mur végétal, sur les collines, les mêmes secousses se firent sentir et avec elles vinrent d’innombrables sons qui résonnèrent en échos dans le lointain. Des tambours percèrent l’horizon de leurs percussions lourdes et rythmés, des cris sauvages accompagnèrent les secousses de la terre et les litanies scandés en des chants sans retenue s’élevèrent jusqu’aux cieux.
Les premiers à être visibles furent les arrivants des collines. Dans leurs armures sombres aux différents reflets. Les nombreuses bannières claquant au vent permirent d’identifier les différents présents et leurs suites guerrières. Les Ilythiiris s’arrêtèrent alors au sommet, dans un claquement de métal et des ordres ainsi crié par-dessus le vacarme. Les seconds arrivèrent, sortant de leur cachette, les Sylvains tous parés d’armures brillantes quittèrent enfin la sécurité de leur Forêt Maudite pour se dresser face à leurs ennemis de toujours. Le silence se fut quand les deux armées se figèrent. Face à face, les Sylvains et les Drows se fixèrent, impassibles, mais les yeux de tous les présents brûlaient d’une rage contenue et sourde.
Le silence sordide fut alors brisé par les assaillants des collines. Un premier cor de guerre cracha son sinistre appel aux armes et fut immédiatement reprit par plein d’autres éparpillés dans les nombreux rangs des Sombres. Les cris retentirent à nouveau, les appels aux Dieux du Panthéon Sombre les forcèrent à poser leurs regards sur cet instant et la vague eldéenne descendit en trombe à la rencontre de leurs cousins d’antan. L’Eda Vengeur allait se réaliser ce jour.
******
??? ???? ????
Vel’drin était au cœur de la mêlée. Sa lance tranchait dans la chair de ses ennemis et à mesure que l’acier buvait le sang des vaincus, la magie s’échappait dans un flux continu, forçant ses frères et sœurs du Vatna à combattre vaillamment et sans relâche. Le Zaurahel menait le Premier en un fer de lance, perçant les positions défensives des Sylvains, pendant que les troupes mobiles tentaient de contourner la bataille centrale. En face, les Traîtres étaient tout aussi expérimentés et chaque assaut, chaque poussée offensive, se retrouvait contrée. Les deux armées ne voulaient rien concéder à l’autre, aucune parcelle de terrain, aucun répit et l’affrontement dura ainsi de longues heures.
Le ciel s’assombrit alors et la pluie commença à tomber, telles les larmes des Dieux des Immortels qui se tuaient en bas. Certains Dieux pleuraient la perte de leurs Enfants quand d’autres pleuraient la joie de cette bataille sanglante. Rien ne changea, pendant de longtemps, hormis les corps qui s’empilaient à terre pour rejoindre les Pleik’s ou le Nahali.
Continuant d’essayer de percer l’implacable défense, l’Obok Senger du Premier ost chargea à nouveau avec ses fantassins, couvert par les mages de guerre Ilythiiris qui rencontrèrent leurs semblables dans un affrontement de magie dévastateur. « Chargez ! Chargez Fils et Filles d’Uriz ! L’Eda Vengeur se réalise en ce jour ! » La lance virevolta et laissa dernière elle des giclées de sang. Vel’drin s’enfonça alors peu à peu, ses guerriers tentèrent de le suivre, mais tombés à tour de rôle, laissant finalement leur Général bientôt isolé. Les premières morsures des lames commencèrent à trancher sa chair, à l’affaiblir, mais sa haine et sa colère le poussaient à avancer encore et encore, à tuer davantage d’Elfe. Les flèches s’enfoncèrent dans sa cuirasse et lui coupèrent le souffle. Là, il posa un genou à terre, s’appuyant sur la Lance de Lymerak pour tenter de rester debout. Le brouillard autour de lui s’épaissit alors et il tomba sur son dos.
******
??? ???? ????
Le Silence. Le Vide. La Mort et puis soudain, comme aspiré, sa Flamme s’illumina d’un grand feu telle un brasier. De nouveau debout sur le champ de bataille, Vel’drin sentit la chaleur insoutenable d’un souffle dans son dos. Le Zaurahel se retourna et vit au-dessus de lui, narguant les êtres inférieurs et bien plus petits, un Dragon aux écailles rouge sang. Ses ailes déployées le faisaient voler au-dessus de la mêlée, lui permettant d’être insaisissable par les vaines tentatives pour l’arrêter. La Bête souffla en direction de la Forêt Maudite et l’incinéra sans mal, les arbres chutèrent après s’être totalement consumés et les Sylvains atteints hurlèrent leur douleur avant de mourir, la peau noircie. « Phish Maelthra !!!*» Scandèrent les Ilythiiris en levant leurs armes vers les cieux.
L’armée Sylvaine fuyait alors vers la forêt qui brûlait encore. Les Sombres crièrent leur victoire et la dédièrent aux Dieux. Sur la plaine autrefois verte et maintenant recouvert de sang, brûlée, se tenait fièrement Vel’drin le regard toujours levé vers le ciel et en direction de cette créature imposante. Son corps ne lui répondit plus et sa main libre se leva en l’air. Le Dragon fit volte-face dans les airs et fonça vers le Zaurahel avant de se poser devant lui, secouant la terre et faisant voler les cadavres à ses pieds. Là, toujours pas Maître de son corps, l’Obok Senger apposa sa main sur le cou épais et solide du Dragon et ce dernier se pencha vers l’avant. Vel’drin reconnu les symboles des Prima Sanguis Zaurahel sur la selle en cuir juste sous la nuque du lézard ainsi que celle du Premier. Incrédule, il escalada et vint s’asseoir avant que le Dragon ne pousse sur ses ailes pour redevenir le Maître des airs.
* = "Dragon Rouge"
******
Première ennéade de Favriüs, An 22 du Cycle XI Dans la chambre de Vel’drin
Le Prima Sanguis se réveilla en sursaut, la sensation de perdre son équilibre l’avait tiré de son sommeil et il eut quelques secondes avant de réaliser qu’il se trouvait dans sa propre chambre. Il regarda ses mains, qui ne portaient aucune cicatrice, toucha son torse et n’y trouva aucune flèche logée. Il se massa le visage alors pour reprendre ses esprits et avant de se recoucher pour terminer sa nuit, il lui sembla entendre quelque chose au loin. Un hurlement bestial, un appel faisant trembler les fondations même de sa demeure.