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 Du rêve au cauchemar [solo]

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Anghjulina De Rovère
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MessageSujet: Du rêve au cauchemar [solo]   Du rêve au cauchemar [solo] I_icon_minitimeMer 19 Juin 2024 - 22:40



Du rêve au cauchemar [solo] D632137f0e5c4f13a991ee9dd1e38851

9ème jour, première énéade de Vérimios, An 21.


Une silhouette fantomatique se tenait à quelque pas du bastingage de la Tarentelle dont la vigie venait de lancer le cri tant attendu. Après avoir navigué pendant plus de dix jours, et traversé pour ainsi dire l’enfer, le navire parvenait enfin en vue des côtes du comté de Sybrondil.

Des jours et des jours pendant lesquels elle avait lutté à contre-courant, pour ne pas sombrer dans les flots profonds de la tristesse et de la désillusion. Elle s’efforçait depuis ce jour maudit, de s’accrocher à l’ultime espoir qui lui restait, retrouver sa famille, celle de Cédric. Même si ce serait pour leur annoncer la plus terrible des nouvelles, celle qu’on ne souhaite jamais apporter à un père ou à une mère.

Cédric de Rovère était décédé il y avait de cela sept jours, succombant à une terrible et mystérieuse indigestion. C’était là le diagnostic officiel, et Julina n’avait pas le savoir nécessaire pour remettre la parole du capitaine en doute. Un capitaine qui non content de lui avoir annoncé la mort de son époux, s’était aussi chargé de lui révéler qu’elle leur devait toujours la somme de leur voyage et que mort ou vif, cela ne changerait rien au prix de leurs course.

Face à ce premier mensonge révélé, alors que Cédric avait assuré avoir déjà tout réglé, et face à l’absence totale de compassion du capitaine, Anghjulina paya doublement son dû pour cette traversée qui lui avait pris bien plus que quelques pièces d’or. Et elle aurait été prête à payer tellement plus, si seulement l’or avait permis de lui ramener son prince. Aussi ce mensonge par omission ne fit pas le poids face au chagrin d’avoir perdu l’homme qu’elle aimait.

Et jour après jour au fil de l’eau, Anghjulina perdit sa joie de vivre et ses couleurs, retrouvant dans ses malles quelques voiles d’un noir lugubre pour s’en affubler telle la veuve qu’elle était désormais, ressemblant en ce jour qui aurait dû être à la célébration, à un oiseau de mauvais augure, ce qu’elle était en quelque sorte, songeant à la triste mission qui l’attendait.

Aussi triste et désolé que l’était le paysage qui se révélait peu à peu à travers le brouillard hivernal, enrobant les mornes formes de gris et retirant toute couleur à ces côtes qui se dessinaient sous les yeux accablés de la jeune femme. Elle ne voyait rien de ce que Cédric lui avait chanté, les louages d’un pays où elle allait s’installer finalement sans lui, dans ce qui ne ressemblait plus à un cauchemar qu’à un rêve partagé.

Mais allait-elle seulement s’éveiller ? Et découvrir sa chambre dans son palais doré, réchauffé par les couleurs chaudes de l’Ithri-vaan et le sourire de son père pour lui redonner le sien...
- eashiqat saghira.

La jeune femme, essuya ses larmes d’un mouchoir imbibé autant par les larmes que par les embruns, levant sur son fidèle compagnon un regard éteint, trouvant dans le sien toute la compassion du monde. Et entendre sa voix réconfortante suffit pour un temps à effacer ses larmes.
- Il va falloir être forte, très forte, pour toi mais aussi pour les gens qui attendent son retour.

Julina secoua la tête, c’était trop que de penser à cela tout de suite. Il valait mieux ne pas trop y réfléchir, et Moussa la laissa écarter l’idée pour se concentrer sur des actes immédiats.
- Il faut préparer les affaires pour le débarquement qui ne devrait plus tarder. Je m’occupe de Sarab et de tes malles.

La jeune femme se reprit, forçant une ombre de sourire et rangeant son mouchoir pour vérifier d'un geste machinal son chignon sagement coiffé. Quelques mèches s’en échappaient, mais cela n’avait à cet instant pas la moindre importance. Elle inspira profondément et Moussa, rassuré, retourna aux malles en question et à l’étalon qui attendait dans les calles du navire, solidement harnaché, le pauvre méchamment agité par ce long voyage. Mais il n’était pas concevable pour la demoiselle de s’en séparer.

Aussi arrivait-elle en Sybrondir, accompagnée de toute sa ménagerie et de ses soiries, lourdes malles difficilement hissées sur le pont quand la Tarentelle accosta, Julina regardant le spectacle du déchargement, depuis les quais désormais, regard rivé à Sarab qui franchit péniblement la passerelle, encouragé doucement par l’ancien esclave.

A ses côtés, se tenait le reste de ses compagnons. Chifa le fauve retenu par sa solide laisse quelque peu effrayé par toute cette agitation, faisait trois pas dans un sens pour revenir dans l’autre, grognant et rugissant parfois sur les marins qui passaient trop proches à son goût, mais très vites rappelés à de plus sages distances face aux grognements. Et de l’autre côté, Lulua le saluki qui se tenait très docilement assise, observant tout cela avec curiosité. Et puis la cage des mériales, protégés par un drap de satin rose, afin de leur éviter tout stress dû à ce voyage si difficile pour tous.

A cet instant, le regard balayant les quais, Anghjulina s’inquiéta pour le message envoyé. L’oiseau messager était-il arrivé à temps pour prévenir la famille ? Cédric avait dit qu’ils savaient que le fils prodigue revenait à la maison et qu’il ramenait son épousée. Mais maintenant tout avait changé. Pour autant, elle guettait tout inconnu venu pour les chercher, elle et tous ses amis, ainsi que ses malles, contenant toutes ses affaires et par les dieux, il n’en manquait point, toutes venant encombrer un coin de ces quais.

Même si ce n’était pas tant cet amoncellement qui attirait la curiosité des habitants et autres ouvriers du port, mais bel et bien la mystérieuse demoiselle en noir, aussi singulièrement escortée !  Moussa revint auprès d’elle, tenant la bride d’un Sarab à qui on avait cagoulé la tête pour éviter toute panique, et recouvert de surcroit d’une couverture épaisse pour protéger le pauvre animal du froid.

C’est alors qu’elle le vit...une boîte de quatre planches dans lequel reposait son défunt, assemblée à la va vite, sa veuve refusant à ce qu’on balançât son mari à l’eau pour se faire dévorer par les poissons. Elle allait le ramener chez lui auprès de ses parents, et la terrible vision de ce cercueil hissé sur les quais depuis le pont du navire, suffit à faire couler à nouveau les larmes, piquant un peu plus de sel et de rouge ses jolis yeux tirés par le chagrin.


*en italique: parlé en Oliyan.



Dernière édition par Anghjulina De Rovère le Mar 9 Juil 2024 - 8:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Du rêve au cauchemar [solo]   Du rêve au cauchemar [solo] I_icon_minitimeMer 26 Juin 2024 - 19:18



Du rêve au cauchemar [solo] 1306f2096e4e4489927933ed2264ee62

Ils attendirent, longtemps sous une pluie qui avait commencé à tomber finement pour se transformer en averse soutenue, Julina se recroquevillant un peu plus à chaque instant, à peine protégée par son parapluie de fortune, à côté d’un Moussa impassible.

Mais il fallut bien à un moment se rendre à l’évidence et l’esclave devenu domestique rappela sa maîtresse à la raison. Il n’était plus utile d’attendre quelqu’un qui ne viendrait pas. Ils pouvaient supposer que le message n’était pas parvenu à destination, ou qu’il avait été tout simplement ignoré. Songèrent-ils un instant qu’il n’avait peut-être tout simplement jamais été envoyé ? Peut-être, mais aucun d’eux n’osa émettre cette idée à voix haute, tant elle était inacceptable et révélait dans le fond, le véritable visage de ce prince dont les promesses s’étiolaient au fur et à mesure que l’hiver glaçait les deux étrangers.

Il était donc inutile d’attendre davantage, à moins de souhaiter attraper la mort. Moussa avait bien émis la suggestion de se réfugier dans une des tavernes du port mais elle craignait tant de rater un envoyé de sa belle-famille qu’elle s’y refusa jusqu’à finalement se résigner.

Moussa s’occupa alors de leur trouver carrosse et chariot pour le lester de tous les bagages et surtout de l’encombrante caisse dont la forme ne laissait que trop facilement deviner son contenu. Et ce fut avec un soulagement certain que la jeune femme se réfugia dans le modeste carrosse, à l’abri de cette voiture de bois aux fenêtres embuées de pluie, cachant son visage défait, tandis que Moussa nouait la bride de Sarab à l’arrière. L’étalon n’aurait d’autre choix que de suivre, tant qu’ils pourraient avancer jusqu’au prochain relais sur le chemin menant au domaine de Rovère. Mais il marchait déjà plus vaillamment à présent qu’on l’avait débarrassé de sa cagoule et que son pied foulait un sol qui avait cessé de tanguer.

Le conducteur du chariot les suivait de près et débuta le long voyage vers ces terres perdues plus à l’ouest, vallonées par les vignes, les sillons et les cyprès, chemins de terre, et de pavés, désormais devenus difficiles d’accès à cause de l’hiver.

Ce n’était assurément pas le meilleur moment pour profiter des magnifiques paysages du comté de Sybrondil, devenu terres désolées, entre neige et boue, palette de grisaille et absence de vert, seulement égayé de temps à autres par des hameaux plus ou moins grands de maison s’échelonnant au grès des creux et des vallons, isolés d’un bourg à l’autre, si loin de tout et surtout si loin de chez elle.


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MessageSujet: Re: Du rêve au cauchemar [solo]   Du rêve au cauchemar [solo] I_icon_minitimeMar 2 Juil 2024 - 21:22







Si au début de ce périple à travers les terres de Sybrondil, le paysage lui avait paru plus sinistre et glacé que la pluie qui tombait sans discontinuer, aussi austère que les églises entre-aperçues au cœur de villages perdus entourés de marais et d’arbres décharnés, à présent qu’ils approchaient du domaine de Rovère, Anghjulina parvenait à deviner au fil des chemins de vignes et des longues rangées de sarments qui n’accrochaient désormais plus que pluie et brouillard, la beauté qui serait celle de ce compté quand les beaux jours reviendraient.

Il suffisait d’un peu d’imagination et peut-être que.. avec le printemps renaissant, les rayons du soleil et quelques fleurs, tout cela revêtirait une apparence moins désolée, aussi désolée que celle qui habillait son cœur depuis la traversée.
Un espoir qui vint la réchauffer à l’instar de la sève qui bientôt reviendrait nourrir les arbres et grandit alors que le singulier convoi remontait l’allée menant au domaine familiale perché sur la colline, tel un bijou juché sur son écrin.

Anghjulina s’était penchée pour mieux voir à travers la fenêtre du carrosse ce décor nouveau qui s’offrait à elle, découvrant le cœur battant le grand portail qui s’ouvrit sur leur passage avant de faire crisser le gravier au pied de l’imposante demeure familiale, jusqu’à l’arrêt des chevaux soufflant de fatigue, nuage blanc dans la froideur hivernale.

Et très vite le château s’anima face aux visiteurs imprévus, domestiques prévenant les maîtres des lieux de l’arrivée d’un convoi hors-norme, dont le chariot transportant la dépouille de Cédric de Rovère qu’on avait toutefois couvert d’une vieille couverture par égard autant pour le défunt que pour sa veuve, lui évitant ainsi les curieux et les indiscrétions lors de leurs séjours dans les auberges de Sybrondil.

Aussitôt et sans attendre l’aide de Moussa, la jeune veuve ouvrit la porte du carrosse et descendit les quelques marches jusqu’à poser un pied au sol, tenant avec un geste tout en grâce sa robe pour ne point s’y prendre les pieds, le regard levé sur la façade de pierre, ses fenêtres et une architecture qui ne ressemblait en rien à ce qu’elle connaissait mais qui pour cette fois, était le parfait reflet de ce que Cédric lui avait promis.

Mais très vite son regard revint se poser sur la dame qui se tenait au sommet des marches entourant le perron, celle-ci précédée par un homme qui se tenait très droit dans ses vêtements aussi stricts que l’était la robe de Madame. Et Julina n’eut nulle besoin de présentation pour savoir qu’elle était face à Anne de Rovère, la mère de Cédric dont elle partageait les boucles blondes et le regard bleu.
- Bien le bonjour Madame. Madame de Rovère n’attendait nulle visite aujourd’hui. Qui dois-je annoncer je vous prie ?
- Bonjour... Cédric ne vous a donc pas envoyé de message ?

Face à l’étonnement qui se peignit sur le visage du domestique et à son signe de négation, Anghjulina comprit que ses pires craintes s’avéraient fondées. Nul message jamais n’avait été envoyé. Il lui avait menti, comme sur bien d’autres choses comme elle le découvrirait bientôt.

Son regard glissa alors d’Anne qui finalement descendit les escaliers pour venir à leur rencontre, à l’homme qui lui faisait face. Sa gorge se serra, rendant les mots difficiles tandis que Moussa se tenait désormais derrière elle, obtenant à son tour toute l’attention des uns et des autres occupants du château, autant que le cheval à la robe perlée, et puis finalement du chariot lourdement lesté.
Moussa glissa alors un très discret : « courage petite maîtresse ».
Et Anghjulina se lança, la voix serrée, mais énonçant avec distinction malgré un fort accent, en péninsulaire :
- Je suis Anghjulina, Djamila Habib ... de Rovère se présenta-t-elle usant d’une formule mal appropriée, puisqu’il aurait fallu commencer par son nom d’épousée, mais elle avait manqué de force.
Elle poursuivit tant bien que mal face à l’expression de sa belle-mère qui semblait mesurer peu à peu la portée de ses mots :
- J’ai fait.... nous avons fait un long voyage pour revenir au pays, dit-elle. Cédric ....Votre fils m’a tant vanté celui-ci. Il souhaitait ...nous voulions nous y installer tout deux, auprès de sa famille mais... Mais le destin en a décidé autrement.

Sa voix commença doucement mais sûrement à vibrer dans les trémolos.
- Une....  une indigestion l’a emporté lors de notre voyage,.. il... O Madame, je suis au regret de vous annoncer le décès de votre cher fils Cédric, mon époux, conclut-elle d’une voix qui sombra dans un sanglot étranglé.

Ce n’est qu’alors qu’Anne sembla comprendre ce qui était annoncé, en posant son regard sur le chariot et son triste chargement. Lentement elle se dirigea vers lui, retira la couverture et comprit en voyant le cercueil en bois brut que cette femme aux accents d’Estrévent lui apportait la pire des nouvelles qui fût.


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