Retour au bercail... et virée de nuit [ TERMINE ]

Sepiida met pied à terre et inspire profondément. Le regard de ceux qui reviennent après une trop longue période chez eux, le sourire de ceux qui sont ravi de revenir, il est enfin chez lui. Enfin, il est chez lui partout, mais Meca gagne la palme de ses chez-lui.

- Alors c'est ça, Meca ?
- Ouaip ! N'est-ce pas le plus beau morceau de terre ?
- C'est un petit port.
- C'est parce qu'on est à l'ouest.
- Hein ?
- Alors c'est ici qu'on se quitte, l'ami. Ce fut un plaisir de partager ton hamac...
- Et mon rhum...
- ... ton boulot...
- Mon rhum...
- ... et les abordages mouvementés !
- T'as oublié le rhum.
- Nan, le rhum, il était à moi.
- Ah, c'était donc ça...
- Allez, aurevoir l'ami, c'est ici qu'on se quitte ! Toi, passes deux jours ici, puis ensuite descend vers le sud. Les gros bateaux sont au sud. Moi, je vais voir si ma mère est morte. Bref, je prend des vacances.
- Allez, ne dépense pas tout.
- Fais gaffe aux pickpocket.
- J'vais leur couper la main !
- J'te conseille pas. Allez, dégage. Au plaisir !

Et Sepiida se met en marche, vers le nord. Vers chez lui.

DES JOURS PLUS TARD... PLUS AU NORD. CHEZ MAMAN EN DÉBUT D'APRÈS-MIDI.

Il a à peine le temps de mettre un pied sur le paillasson devant la porte qu'elle s'ouvre toute grande devant un petit bout de femme aux yeux sombres somme la nuit.

- Haize !
- Maman !
- C'que t'as maigri ! T'ont pas nourri ?!
- Z'ont fait leur possible.
- Allez, viens te laver, ensuite, j'te fais un repas du roi avec du rhum.
- Le rhum est nécessaire ?
- Le rhum est TOUJOURS indispensable !

Bah... oui, évidemment, mais quand même... il aurait bien bu un petit quelque chose de différent que du rhum...

DES HEURES PLUS TARD... QUAND MAMAN LE LAISSE FINALEMENT SORTIR.

Propre et rasé de près, Haize quitte le douillet nid familial et se met à parcourir les rues de son enfance. Ça drôlement changé, en fait. Ça fait quand même trois ans qu'il n'y a pas mis les pieds. Trois ans en mer, qui ce sont écoulés comme neige en plein Sahara. Bon, il sait pas vraiment où est Sahara, mais il l'a entendu quelque part. Une expression exotique, il aime bien. Il ne savait pas que trois années pouvaient s'écouler aussi rapidement. Mais à voir les fin fils d'argents parsemer les cheveux sombres de sa mère, il s'est rendu compte que ça pouvait être aussi très long. Mais elle était toujours aussi volontaire et magnifique.

Maintenant, il a soif. Non pas soif parce que déshydraté, parce que sa mère a rempli son verre aussi assurémment qu'un escroc qui souhaite profoter de la situation, mais soif parce qu'il vient de passer trois ans en mer et qu'il n'a bu que les fin de semaines. Le rhum, les mats et les voiles ne font pas bon ménage, il le sait d'expérience. Mais là, aucune voile, ni aucun mat et pas de bateaux à faire voguer. Libre ! Libre, libre, libre !

Jusqu'à ce qu'il trouve un autre bateau sur lequel embarquer et là, encore des années de navigation ! Waw, ça c'est la vraie vie !

Démarche de matou conquérant, il arpente les rues, vêtu de pied en cape comme un noble en visite, impossible de nier qu'il a du style et une prestance incroyable. Du moins, le croit-il. Mais bon, l,important envers lui-même, c'était de croire ce qu'il croyait être. Ensuite, il pouvait le faire croire aux autres. On ne pouvait pas faire croire aux autres si on n'était pas convaincu soi-même. Et lui, il l'était, sans aucun doute.

Il passe devant la Sirène Argentée... ça tenait encore debout c'truc ? Étonnant... c'était déjà minable trois ans avant, ça devait être lamentable maintenant. Quoique... non, étrangement, ça lui semble mieux qu'à son souvenir. De la peinture fraîche ? Oooooooh ! Alors pourquoi pas. Ouais, pourquoi pas ? Yeah !

La porte d'entrée de la taverne de la Sirène Argentée s'ouvre à la volée. Il n'entre pas immédiatement, mais embrasse la salle d'un regard ravi. Ah, une bonne vieille taverne ! Ça c'était une des rare chose que la vie en mer n'offrait pas. Fallait être à terre pour y avoir droit ! La vie d'Haize était parfaite ! Beaucoup de temps en mer et un peu de temps sur terre. Que du bon temps ! Toujours du bon temps !

Il entre finalement, le regard inquisiteur à savoir ce qui se cache ici. C'est pas mal comme taverne. C'est très grand même. Ouais, c'est très pas mal du tout. Choisit, il se saoulera toute la nuit ici ! Il n'a pas le temps de traverser la moitié de la salle quand il se fait brusquement agrippé par un énorme... hum... truc... un truc qui se prend pour un humain... mais version très... truc...

- SEPIIDAAAA ! T'M'DOIS T'ENCORE TRENT'HUIT'S'VRAINS ET DISSS'ÉCUS !
- Quoi ? questionne-t-il avec une innocence surprenante pour quelqu'un qui entre dans une taverne. Un air d'incompréhension passe dnas son regard quand le... truc l'agrippe et l'envoie cogner surement contre la porte d'entrée. Ow... mais... Il plisse les yeux et dévisage celui qui l'a interpellé, juste avant de froncer les sourcils et grimacer en direction de l'haleine du... truc... lui, il se nourissait de poisson, c'était d'une évidence incontestable. Westblade ? Ah ben, l'âge a pas améliorer les chose, dis donc... mais aïe !
- Pluss t'm'insulte ! J'vais t'm'trer t'z'intestins vant té'faire b'ffer p'ti'm'lin !
- Hé hé hé ho ! J'te dois rien, moi ! J'ai payé, comme je devais ! Un peu en retard, certes, mais j'ai payé !
- T'menteur ! J'ai rie'vu de t'ça !
- Mais dis-lui d'arrêter, il va froisser ma redingote ! Non, mais ! Attends, j'vais voir si j'ai payé ! Si j'ai pas payé, j'vous laisse me taper dessus.... après avoir enlevé la redingote, bien sûr.
- Ok... r'tir-la t'suite, ça va n'z'éviter d'att'dre.

Mais Sepiida n'écoute pas, il ne retire pas sa redingote, mais fouille dedans, aussitôt que le truc le lâche et en sort un calepin à la couverture turquoise. Il fouille dedans, puis tend une page devant les yeux du missant monsieur-qui-veut-être-payé-même-s'il-a-déjà-payé.

- J'ai payé, j'ai payé à Woodhead ! Tu vois ! 38 souverains et 10 écus. Exactement.

Wastblabe lui arrache le calepin et fait une lecture difficile des comptes de Sepiida... d'autant plus difficile que Sepiida a une main anguleuse et très rapprochée.

- Fait d'z'années j'pas vu Woodhead... dit-il en palissant légèrement, comme s'il se souvenait de quelque chose de particulièrement agaçant...
- J'sais pas... mais c'est lui que j'ai payé pour toi, parce que c'est toujour lui que t'envoyais pour me casser la gueule.

En fait, Woodhead ne l'avait jamais touché. Woodhead était énorme, mais il n'aimait pas frappé... mais avec son gabarit et sa force, c'était presque une obligation s'il voulait se faire quelques écus. Sepiida avait donc passé un accord avec lui. Il ne le tabassait pas, mais il ferait comme si. Comme ça, ça les arrangeait tous les deux. Si Woodhead avait disparu, il devait avoir disparu avec le petit magot... pas étonnant, remarquez.

- Mwais... hum...
- Avoir su, j't'aurais payé directement, tu sais.. demain, t'auras qu'à chercher Woodhead...
- L'est mort, Woodhead... on lui a attaché les pieds à un boulet et...
- Ta gueule, Arch !
- Oh... fait Sepiida, affichant l'air navré de celui qui compatis. Allons... disons que pour les intérêts que j'te dois, parce que j'ai quand même payé en retard, je t'offre à boire ! Le type n'a pas l'air très enthousiaste. Jusqu'à l'aube ?

Cette fois, l'idée semble lui plaire, et il accepte avec effusion. Quel type naïf ce Sepiida, payer à boire quand il l'aurait laissé aller. Mwawahahaharf, ricane mentalement Westblade.

Mwahahaharf, ricane mentalement Sepiida. Non, il n'avait pas payé. Woodhead se savait condamné, il les avait entendu comploté contre lui. Westblade avait entendu parlé des écus et des souverains qu'il subtilisait dans les poches de Westblade. Alors Sepiida et lui avaient bu toute la nuit, Woodhead beaucoup plus que Sepiida et ils avaient décidé que la dette était réglée. Paix à l'âme de Woodhead, un brave type tout de même. Une soirée bien arrosée pour être tranquille, c'était peu cher payé.

Il se fait agripper par les épaules par un Westblade enthousiaste. Visiblement, il veut l'avoir à sa table.

- C'est pas parce que j'te paie à boire que j'suis obligé de m'afficher avec ta sale gueule ! Nan, nan, moi, j'm'en vais là-bas, et toi tu vas à ta table. Il hèle la serveuse et pointe Westblade. Je paie pour lui, mais j'veux pas le voir ! Vous allez vous amuser entre amis beaucoup plus que si j'm'incruste parmi vois, allez, amusez-vous ! Et lui, il aura pas à supporter haleine de fosse sceptique et face d'huître toute la soirée. Errrrrrrr...

Bref, Sepiida s'enfui presque, sans en dire davantage, mais non sans reprendre son calepin. Il se retrouve dans un petit coin de la salle. Il se laisse tomber à une table. Ouf, il a eu chaud... il croyait pas que ça marcherait... il n'était même plus certain de se souvenir de ce qu'il devait dire... c'était moins une...

La soirée avait plutôt bien commencée. Une perte d'argent évitée en payant à boire pour la soirée, c'était peu cher payé. Il se fait mentalement un plan de match pour la soirée. Boire, puis ensuite boire encore un peu et écouter les délires des marins trop saouls. Après, raconter ses propres aventures, en agrémentant d'épisodes de son cru, pour le mythe. Et finalement, si la bonne fortune est avec lui, prendre du bon temps en compagnie d'une dame... sans devoir payer si possible. Il préférait un plaisir réciproque à un plaisir qu'il devait payer.

Parlant de plaisir, en voilà un pour les yeux lorsque la serveuse, cabaret à la main, lui apporte sa consommation.

- Et voilà pour vous...
- Tout le plaisir est pour moi, dit-il en payant le double pour Westblade, mais elle ne semble pas l'avoir entendu et elle s'en va comme elle est venue.

Quelle jolie plante que celle-là. Un peu comme les belles de jours. Magnifique, colorée, délicate, d'apparence fragile, mais très envahissante, donc des plus résistante. D'ailleurs, cette comparaison est prouvée dans les minutes suivantes. Mais bon, c'est pas nécessairement sa faute... on la cherche, visiblement.

- Lâchez ça tout de suite. Ca n'est vraiment pas mon jour et je vous préviens , loi ou pas , je vous arrache les yeux si vous tirez la dessus. Vous ne verrez plus rien après ça. Alors lâchez ça vite fait.

C'était dans sa nature, Sepiida n'aimait pas qu'on mette les dames en positions inconfortable. Non pas qu'il doutait le moindrement de leur capacité à se défendre, il en avait vu arracher des coeurs, littéralement et métaphoriquement, et ce, sans le moindre scrupules. Mais il était de nature gentleman et quand même, ils étaient plusieurs à se moquer d'elle. Quoique bourrés comme ils étaient, il ne savaient pas trop s'ils se moquaient ou s'ils s'étaient inventé une histoire de saoul et qu'ils la complétaient... bref, peu importe... c'était indigne d'un homme... du moins des vrais hommes ! Ok, il n'était pas au meilleur endroit pour croisés de vrais hommes, mais bon... y'en avait un, au moins... Haize Sepiida ! Ha ha !

Elle les a prévenu. Faut laissé sa chance au coureur. Il prend une gorgée de son rhum, la savoure lentement, puis se rend compte que visiblement, ils n'ont rien comprit. Il pose son verre, puis se lève. Distingué, il retire sa redingote et la place sur son avant bras, un peu comme le ferait un serveur avec la serviette. Puis il marche droit vers le petit groupe d'ivrogne. Sans se presser, il récupère le plateau sur le sol de sa main libre et le tend avec une galanterie très peu commune sur Meca.

- Mademoiselle, vous avez laissé tomber ceci, dit-il, avec un sourire haizien, avant de porter n regard sévère sur le type tenant la ficelle du corset. À votre place, je serais très attentif à ce que la demoiselle va répéter, d'accord ? Parce que, voyez-vous, ce n'est pas le genre de ficelle sur laquelle on doit tirer. Pas sans invitation, du moins, avoue-t-il avec un sourire entendu. Celles que vous devez tirer son beaucoup plus grosses et rudes et normalement, elles pendent d'un mat, vous voyez ce que je veux dire ? dit-il en mimant tirer sur une corde. Un autre sourire, mais cette fois des plus mielleux, à l'adresse des ivrognes, les prenant visiblement pour des demeurés. Voudriez-vous, mademoiselle, répéter à ces messieurs, je crois qu'ils n'ont pas bien comprit.

Elle semble des plus surprise par son attitude... à croire que tous les hommes de Meca sont des dépravés sans classe... quoiqu'il est un dépravé... mais il a de la classe. C'est peut-être parce qu'il a été élevé par sa mère uniquement et qu'elle bossait dans une taverne, justement. De toute façon, il doit surement être le fils d'un de ces genres de goujats. Il lui avait déjà demandé. Et sa mère lui avait répondu qu'elle n'avait aucune idée de qui pouvait être son père.

- Je...merci , c'est...gentil de votre part.
- Plaisir, mademoiselle.

Malheureusement pour eux, ils ne comprennent pas ce qu'elle raconte, visiblement. Elle est d'une patience infinie, ma foi. Enfin, celle d'Haize. C'est là que ça devient délicat. Il surveille quand elle amorce son mouvement pour se défendre. Il n'a aucun doute qu'elle sache se débrouiller et se défendre seule. Il le fallait pour survivre dans cet état à Meca de toute façon. Mais ce qui corsait la chose, c'était le lacet entre les doigts d'un ivrogne. Un faux mouvement, même si elle sait se défendre et... bah sa redingote était prête à accueillir la demoiselle pour camoufler ce qui ne se dévoilait que dans la pénombre... enfin pour commencer.

Un craquement, suivi d'un couinement douloureux et un claquement sec. Le pauvre... enfin... l'ivrogne s'étale lamentablement sur le sol.

Elle invective encore l'ivrogne, lui disant qu'il l'a cherché et que la prochaine fois sera pire. Il n'a pas de mal à l'imaginer. Charmante tigresse. Puis elle se plante devant lui. Un lui tout sourire.

- Je ne suis pas une demoiselle en détresse... Je peux m'en sortir seule. N'y voyait aucune insulte... C'est rare que quelqu'un d'à peu près sobre fasse attention à ce qu'il se passe ici. Heureusement , je sais me débrouiller. Cet imbécile s'est piqué jusqu'au sang.
- Je n'en ai jamais douté, mademoiselle. Je suis charmé par tant de débrouillardise, affirme-t-il, le regard admiratif posé dans le vert de ses yeux. Mais je n'ai pas de mérite à être encore sobre, je viens tout juste d'entrer et j'ai à peine bu quelque gorgée de rhum. Il sourit, un sourire franc et... haizien. Il a un léger hochement de tête. En fait, j'espérais qu'il ose tirer pour vrai. J'étais fin prêt à être le seul à pouvoir vous soustraire de tous les regards encore assez frais pour remarquer. Il a un léger mouvement du bras, où repose sa redingote marine. J'aurai peut-être une meilleure chance la prochaine fois. Quel dommage, déplore-t-il en le détaillant une seconde ou deux.

Mais étrangement, le regard sombre de l'homme n'a rien de déplacé. Au contraire, des religieuses aux grandes dames de ce monde seraient flatée d'être regardées ainsi. Haize aurait pu être un escroc notoire, il arrivait à captiver les gens en peu de temps. Il aurait pu être un grand escroc... mais il était marin.. et accessoirement pirate.

- Excusez-moi je vous empêche de travailler, peut-être, dit-il en se poussant un peu sur le côté, pour lui laisser le chemin libre de partir ou non.

Elle le dévisage étrangement. Un peu comme ceux qui devinent, mais qui ne sont pas parfaitement certains de ce qu'ils ont devant eux. Quoiqu'il en soit, elle avait tort. Quoiqu'elle pense pour le moment, elle avait tort. Un imbécile aurait déserté aussitôt qu'il aurait vu la débrouillardise de la demoiselle, mais pas lui. Il n'avait rien à cacher, ni à taire. Il savait ce qu'il valait et n'avait pas peur de ceux qui avaient du talent. Il n'était pas non plus jaloux des capacités des autres. Donc, que ce soit un homme ou une femme, qui avait du talent, jamais ça ne l'effrayait. Sauf quand il était dans le camp adverse. C'est pour cette raison que Haize tentait de se faire le moins d'ennemis possible.

- Pardon...? Elle ne semble pas le croire. Pourtant... Etes vous sérieux ?
- Oui. Pourquoi ne le serais-je pas ? Bah oui, pourquoi ne serait-il pas sérieux ? En plus d'être un homme, il n'avait presque pas mit pied à terre depuis 3 ans. Si je n'étais pas sérieux, je n'aurais rien dit. Quel imbécile dirait un truc pareil s'il ne le pense pas vraiment ? Après trois ans, c'était légitime, non ?

Même après lui avoir ouvert le chemin, elle reste là, à le dévisager. Il soutient son regard avec assurance, comme si absolument rien dans cette situation ne le troublait. visiblement, il avait une parfaite confiance en lui et ses capacités de séduction. Quoiqu'au premier abord, c'était uniquement pour être serviable. Mais maintenant, en la voyant si... comment dire... hésitante à partir, ça l'encourageait un brin dans une direction un peu plus rapprochée.

- Votre service se termine à quelle heure ?

Encore, nul trace de doutes, une assurance presque effrayante. Haize Sepiida était sans l'homme le moins craintif que cette terre ait porté. Ça frôlait le suicide parfois, mais bon. On n'avait qu'une vie à vivre et Haize était beaucoup plus heureux que malheureux et il avait choisit sa propre liberté. Rien ne l'effrayait.

- Pardon, je suis négligeant. Je me nomme Haize Sepiida.

Ah non , là , franchement c'était le bouquet ! Morgane ne s'était pas trompée , ce type la voulait vraiment dans son lit ! Evidemment , un gentleman sur cette île , ça relevait de l'utopie ! Tant pis pour toi , Morgane , ça t'apprendra à penser qu'un homme pouvait penser avec son cerveau sur Meca ! Finalement , il aurait mieux valut pour elle qu'il n'intervienne pas. Quoiqu'il aurait aussi mieux valut pour lui. S'il osait tenter quelque chose... Son état serait sans doute bien pire que celui dans lequel était l'ivrogne. La jeune femme fixait l'inconne d'un regard dur , tandis qu'elle glissait ses mains dans son dos afin de reserrer son corset. Elle soupira. C'était décidé , elle ne porterait plus jamais de corset pendant son service. Peut-être serait-elle ainsi moins ennuyée... Remarque , il n'y avait rien de moins sûr... Pourrait-elle être habillée de guenilles , elle se ferait toujours séduire par des hommes sans la moindre gêne et surtout sans le moindre respect... Non mais , franchement , que croyait-il , ce beau parleur , juste en face d'elle ? S'imaginait-il qu'elle allait céder ainsi , aussi vite à ses avances ? Le pire dans l'histoire , c'est qu'il semble sûr de lui. Et bien il risque de tomber d'assez haut ce soir... Pour le moment un peu abasourdie , Morgane n'osait pas dire un mot. Pourtant , elle se sentit rougir. Puis redevenir immédiatement pâle comme jamais...

Bon évidemment... Celui-là avait une certaine retenue. Du moins , pour le moment. Dieu merci , il n'avait pas encore tenté de lui sauter dessus. Oubliant presque de respirer , Morgane se passa une main dans les cheveux. Elle soupira , baissant les yeux , tout en se disant qu'elle était trop gentille. A sa place , Isabaut aurait vite fait remballé ce pirate. Mais non , Morgane était du genre patiente , et beaucoup trop calme , surtout pour une pirate. Une preuve ? Morgane ne buvait pas souvent du rhum. Si si , je vous assure qu'une pirate peut tout à fait se passer de rhum pendant plus d'une journée. La jeune femme en était la preuve vivante. Et puis... Allons bon ! Voilà qu'il veut savoir quand elle termine son service... C'est qu'il devient entreprenant le sauveur providentiel de la demoiselle. De plus en plus abasourdie , Morgane hésite à répondre. Enfin c'est surtout qu'elle ne sait pas quoi répondre... Mais en tout cas , elle ne répondra sûrement pas à sa question. D'autant plus que si elle répond ; la situation risque d'empirer. En effet , la jeune femme a pratiquement terminé son service. Elle a même terminé sa semaine. Encore quelques minutes et elle aura droit à quatre jours de repos complet... Enfin ! Depuis le temps qu'elle les attendait ceux là ! Elle pourrait dormir , dormir et encore dormir ! Et accessoirement se reposer... Quoi ? Comment cela c'est la même chose ?

- A quelle heure je...? Mais... mais en quoi cela vous regarde-t-il ?

Question autrement stupide. S'il pose la question , c'est qu'il a une idée derrière la tête. Une idée bien particulière , malheureusement pour toi , Morgane. Bon et bien...Malgré le fait que cela ne t'enchante point , tu vas devoir être antiphatique avec ce cher... Haize. Tiens , il daigne enfin dire son nom. C'est peu courant. Haize Sepiida... Tiens , cela lui dit quelque chose... Peut-être son père lui a-t-il déjà parlé de ce pirate... Ou peut-être pas , après tout , Er'ril lui avait déjà parlé de tellement de pirates ! Elle ne devait pas s'en rappeller de la moitié d'entre eux... Enfin , bon , là n'est pas la question !

- Vous m'en voyez navrée , mais je me vois dans l'obligation de vous couper dans votre élan. Peut-être me trouvez mi séduisante , si c'est le cas j'en suis réellement flattée. Mais permettez moi de vous affirmer que je compte rentrer seule chez moi. Je ne compte pas finir ma nuit dans votre lit. Votre petit jeux de chevalier séducteur ne prend pas sur moi. Il en faut beaucoup plus pour m'attirer dans vos filets. J'ignore combien de femmes vous ont succombé , mais sachez que vous ne me compterez pas parmi vos conquêtes. Alors par pitié , cessez votre petit jeu et allez terminer votre verre de rhum. Saoûlez vous si vous le voulez et oubliez moi , s'il vous plait.

Bah voyons, pourquoi avait-elle l'air si étonnée ? On était à Meca, ici, pas à Diantra. Mais bon, il n'était pas un rustre. Il n'allait pas lui sauter dessus et la prendre de force. Y'avait que les crétin et les malades qui faisaient des trucs pareil. De toute façon, il ne baisait pas systématiquement toutes les femmes qu'il croisait. Et bon, elle ne semble pas enthousiaste malgré le rose qui lui est brusquement monté aux joues avant de redescendre. Elle est adorable. Très adorable. Soudainement, la mettre dans son lit devient accessoire. La curiosité de savoir qui elle est, ce qu'elle est vient au premier plan.

- A quelle heure je...? Mais... mais en quoi cela vous regarde-t-il ?
- En rien j'en ai bien peur.

Un sourire franc, il est bon joueur. Effectivement, ça ne le regarde en rien. Sauf si l'envie d'en savoir plus sur la jolie rousse aux yeux verts lui en donne le droit. Et elle remet ça avec ses grandes tirades. Vraiment adorable.

- Vous m'en voyez navrée, mais je me vois dans l'obligation de vous couper dans votre élan. Peut-être me trouvez mi séduisante , si c'est le cas j'en suis
réellement flattée. Mais permettez moi de vous affirmer que je compte rentrer seule chez moi. Je ne compte pas finir ma nuit dans votre lit. Votre petit jeux de chevalier séducteur ne prend pas sur moi. Il en faut beaucoup plus pour m'attirer dans vos filets. J'ignore combien de femmes vous ont succombé , mais sachez que vous ne me compterez pas
parmi vos conquêtes. Alors par pitié , cessez votre petit jeu et allez terminer votre verre de rhum. Saoûlez vous si vous le voulez et oubliez moi , s'il vous plait.
- Je crains que ce soit impossible, mademoiselle. Plus je prendrai de rhum, plus vous aller hanter mes pensées. Vous vous tromper, je crois plutôt que c'est moi qui suis tombé dans vos filets... mais c'est bien de prévenir que vous serez seule pour rentrer. Puis-je me proposer pour vous escorter jusque chez vous ? La nuit n'est pas sûre dans les rues, surtout quand on a maltraité un ivrogne. Qui sait s'il n'aura pas idée de vengeance lorsqu'il aura dégrisé ? Il jette un oeil à l'ivrogne peu délicat qui se lamente encore sur le plancher. Bon, j'avoue que celui là ne risque pas d'être dangereux avant demain... très tard... mais bon, il a peut-être un frère protecteur... ou des amis, qui sait...

Haize délire, mais bon, il est à terre, pour quelques jours et il n'a rien à perdre. Mais tout à gagner. D'ailleurs, ça parait dans son sourire. Il est d'un naturel désarmant, on peut même se demander s'il est idiot ou non. Difficile à dire, même pour lui. Mais bon, il a survécut toutes ces années, il ne doit pas être si stupide.

- Puis-je connaître votre nom, puisque vous connaissez le mien ?

Son verre de rhum, resté à sa table semble être le dernier de ses soucis, même s'il l'a payé et n'a presque pas du dedans. Visiblement, c'est pas le genre à se soucier des écus... soit il en a beaucoup, soit il s'en balance.

Morgane soupira , baissant les yeux un instant. Elle jeta un coup d'oeil à l'ivrogne , toujours par terre. Nul doute qu'il passerait sans doute la nuit là. Morgane soupira profondément , lassée de devoir éviter des lourdeaux à longueur de soirée. De plus en plus gênée , la jeune femme pose son plateau sur la table la plus proche. Ensuite , elle croise ses bras autour de sa taille , ce qui témoigne de l'inconfort que provoquait chez elle la situation. Elle était vraiment très gênée que cet homme la trouve à son goût. Parfois , Morgane aurait aimé être moins jolie. Quoiqu'elle n'avait pas vraiment conscience du fait qu'elle soit belle. Elle , elle se trouvait juste banale. Mais oui Morgane , tu est tout à fait banale... Après tout , des rousses aux yeux émeraudes , mésurant près d'un mètre soixante quinze et étant fille de capitaine , on en croise à tout les coins de rues. Reste dans ton rêve , jolie demoiselle... Morgane soupira de nouveau. Merveilleux. Maintenant , sa conscience rentrait dans la partie. Mais alors là , franchement Morgane , ta soirée n'est vraiment , mais alors vraiment pas terminée ! La jeune femme respira profondément. Elle allait bien finir par trouver une échappatoire , non ? Avec un brin de chance...

Les bras croisés , elle écouta la tirade d'Haize. Elle faillit jurer , mais elle se retint. Maintenant elle hanterait ses pensées lorsqu'il serait ivre... Et hanter les pensées d'un homme était la dernière chose dont elle avait besoin et envie. Il disait être tombé dans ses filets. Quels filets ? C'était elle la sirène piégée par le pécheur , pas le contraire. Morgane n'avait strictement rien fait. Elle n'avait jeté aucun filet. Elle ne lui avait pas non plus fait le coup du chant attractif. D'ailleurs , elle ne comptait pas le faire. Morgane comptait bel et bien rentrait seule chez elle. Mais voilà , cet Haize , il s'accrochait. Et Morgane ne voyait pas comment le faire changer d'avis. Peut-être les rues de Meca n'étaient-elles pas sûres la nuit , mais il en allait de même pour le jour. Sur Meca , que ce soit le jour ou la nuit , il fallait toujours être sur ses gardes , surtout si l'on voulait renter entier chez soi. Et puis jusque là , Morgane s'en était très bien sortie ! La jeune femme était toujours rentrée indemne chez elle. Bon évidemment , elle avait déjà eu affaire à des saoûlards complètement incapables d'aligner un pied devant l'autre , mais ce n'était rien de bien méchant. Une bonne claque et les voilà déjà en train de roupiller profondément sur les pavés , où ils se réveilleraient le lendemain avec un sacré et douloureux mal de crâne. Merci , merveilleuse bouteille de rhum !

- Je suis flattée que vous vous inquiétiez pour moi , mais rassurez vous , je suis toujours rentrée chez moi entière , en ayant maltraité des hommes bien plus que ça... Et puis Meca est aussi peu sûre le jour que la nuit... Un peu de pénombre ne m'inquiètera guère.

Et il continu de lui sourire. Il veut jouer ou quoi ? Morgane plongea un instant son regard dur dans le sien , voulant lui faire perdre ses moyens. Oh bien sûr , elle n'avait pas la prétention de croire qu'elle y arriverait , du moins essaierait-elle. Finalement , elle baissa les yeux , un léger sourire aux lèvres. La situation prenait des tournures des plus amusantes. Haize lui demanda alors son nom , toujours souriant. Morgane se demanda un instant si elle allait lui répondre... Oh et puis après tout , lui donner son nom ne l'engageait en rien à répondre aux avances... cachées du pirate. Doucement , elle répondit.

- Je suis Morgane. Morgane Anarel , fille du Capitaine Er'ril Anarel.

Avant que Morgane ne puisse voir sa réaction , le tavernier la héla. Elle se tourna vers lui , l'air interrogée. Merveilleux ! Son service était enfin terminé. Peut-être pourrait elle enfin rentrer chez elle... Enfin restait à convaincre Haize de la laisser tranquille. Pourtant , elle n'avait pas joué les demoiselles en détresse ! Pourquoi fallait-il qu'il se soit mit dans l'idée de venir à sa rescousse ? Pourquoi fallait-il qu'elle lui plaise ?

C'était flagrant à quel point la jolie serveuse pouvait être indécise. Déterminée à ne jamais se laisser faire, mais indécise à se laisser tenter ou non. Et, pour Haize, une indécise était à moitié conquise. Mais il ne faut pas banaliser les choses, s'il voulait la conquérir, c'est qu'elle l'avait déjà subjuguée et ce par sa seule présence.

Visiblement, elle n'était pas du genre à vouloir être protégée. Il s'en doutait, mais ça devenait presque redondant comme réplique. Elles disaient toutes ça de toute façon. Sauf une. Elle était pourtant la pire de toutes. Une sorte de poison qui s'était insinué dnas ses veines et qui le brûlait chaque jour un peu plus. Mais bon, elle devait être loin à présent. Machinalement, il porte la main à la dague qu'il porte au côté. Un bref effleurement, puis il reporte sa totale attention sur Morgane.

Ainsi donc elle était la fille du Capitaine Anarel ? Ça expliquait bien des choses. À commencer par le pourquoi elle est si récalcitrante à accepter un support. Elle était fille de pirate, c'était pas étonnant qu'elle sache se défendre. Jamais un papa pirate ne laisserait sa fille sans défense... les papas pirates savaient de quelle espèce il était lui-même pour prendre le risque de laisser sa fille sans défenses. Si les dieux lui permettait, il ferait sans doute la même chose, plus tard, un jour. Mais bon, si elle était vraiment la fille du Capitaine Anarel, elle n'avait effectivement pas besoin d'aide, ni de secours, du moins pas contre des ivrognes et des marins saouls.

Il inspire pour répondre, quand le tavernier interpelle la jolie Morgane. Ah ! Juste à point ! Le sourire lumineux, même en pleine nuit du marin Sepiida devient rayonnant.

- Alors, vous êtes libre maintenant, si j'ai bien compris. C'est une très bonne nouvelle. Alors, jolie Morgane, si vous refuser l'escorte de protection que je vous propose, puis-je simplement vous proposer de vous raccompagner, juste pour vous tenir compagnie dans la nuit ?

Contrairement à ce que pourrait penser Morgane, il est sincère. Il lui a offert une protection, maintenant il lui offre de la compagnie. Rien de plus, rien de moins. Devait-il lui dire qu'il avait été sous les ordres de son père une année, y a plusieurs années ? Non, C'était pas nécessaire.

Elle le dévisage un moment, puis une lueur dans le regard vert fait se demander à Sepiida s'il n'a pas raté un épisode. Il fronce les sourcils quand il la voit pâlir à vue d'oeil. Même qu'à un instant, il croit bien qu'elle va perdre connaissance. Il a beau ne la connaître que depuis quelques minutes, une ombre d'inquiétude passe dans le regard ciel d'été. Il esquisse presque un mouvement pour la rattraper, mais elle respire enfin et reprend ses couleurs. Enfin, une toute relative couleur.

- Oui , je suis libre désormais. Libre à vous de me raccompagner chez moi si vous le souhaitez. Mais autant vous prévenir immédiatement , ça n'ira pas plus loin.
- Aussi loin que vous me le permettrez.
- Je n'ai pas besoin de finir dans vos bras pour me sentir bien... Trouver refuge dans vos bras ne me semble pas une bonne idée...
- Je n'irais pas jusqu'à prétendre mes bras un refuge... mais c'est flatteur. Elle soupire.
- Enfin , je me rappelle de vous... Il hausse un sourcil, incrédule. Elle se rappelle de lui ? Mon père vous avait engagé il y a environ quatre ans , n'est-ce pas ? Il hoche la tête, affirmatif. Jouez vous la comédie depuis le début ? Marquerais-je les esprits si peu que cela ? Ou alors étais-je trop cachée par les bras de William ? L'image d'une pimpante rousse dans les bras d'un possiblement dénommé William est effectivement une bribe de souvenir. Un peu flou cependant... Vous vous rapellez de lui aussi n'est-ce pas ? Il me semble que vous étiez amis... A moins que je ne me trompe ?

Haize fronce les sourcils et tente de se rappeler plus de détails.... mais visiblement, c'est un effort considérable. Pour la première fois, il perd un peu de sa superbe, un peu troublé. Il semble même un peu gêner, parce qu'il a beau tenter de se souvenir, ça reste toujours aussi flou. Ça lui dit vaguement quelque chose, mais visiblement, il n'a pas vraiment porté attention ni à ce William, ni à la jeune fille rousse... il le regrette aujourd'hui.

- Ce que vous dites ne m'est pas tout à fait étranger... mais... j'ai monté à bord de tant de bateaux que tout se confond un peu... mais je crois me souvenir une gamine rousse. Mais pour ce qui est de William... y'en a tellement des marins qui s'appellent William... ou James, Jack, John...

Il esquisse un sourire gêné. Comment n'a-t-il pas pu la reconnaître... ou du moins ne pas la remarquer plus que ça à l'époque... quoique, y a 4 ans, son attention pour les autres femmes se résumait à deux syllables ; ma et rion. Et en plus, y a 4 ans, il buvait un peu trop... maintenant, c'était différent. Et la gamine rousse marquait visiblement beaucoup plus qu'à cette époque. Enfin, lui, du moins.

- Et euh... hum... comme aujourd'hui, j'ai toujours été d'un tempérament sociable...

Et j'ai jamais vraiment porté une attention particulière aux hommes, ajoute-t-il presque. Mais il se tait. C'est pas vraiment la chose à dire.

Morgane observa un instant Haize qui semblait tenter de se rappeller d'elle. Décidément , les bras de William semblaient l'avoir bien cachée... Elle soupira doucement. Tant pis , de toute façon , elle ne souhaite pas plus que ça se souvenir de lui... Bah ! Comme si c'était si facile que ça ! Peut-être n'y pensait-elle pas tout les jours , mais il y avait sur Meca toujours quelque chose ou quelqu'un qui lui faisait douloureusement songer à Will. Et à chaque fois , une tristesse sans limite l'envahissait , toujours suivie par une haine sans faille. Si jamais elle le croisait... Oh , mais oui , elle le croiserait. La jeune femme le retrouverait et là , elle le tuerait sans aucun doute. Comment pouvait-on si vite passer d'amour à haine ? La jeune femme avait souvent médité sur la question. Question à laquelle elle avait rapidement trouvé une réponse. Pour se faire haïr , il suffisait d'abandonner sa compagne enceinte. Il fallait juste faire preuve d'une lâcheté sans limite. Et cela , William l'avait très bien fait. Trop bien même. Mais pourquoi , pourquoi avait-il fait ça ? Seigneur , pourquoi ? Morgane avait tellement pleuré , hurlé , supllié la mort de venir la prendre... Supplié juste pour avoir une réponse à sa question. Oh , mais elle l'aurait , sa réponse. Avant de le tuer , elle lui poserait la question... Question à laquelle il avait intérêt de répondre , s'il voulait mourir rapidement !

- Pour votre gouverne , il y a quatre ans , je n'étais pas une gamine. J'avais tout de même vingt et un ans.

Et bien voilà , enfin , il semble un peu perdre de sa superbe. Il était temps ! A force de rester calme , Morgane avait finalement réussi à lui faire perdre contenance. Comme quoi , rien ne sert de s'énerver. Il semblait perdu dans ses souvenirs. Allons bon , voilà que la soirée tournait à la nostalgie... Franchement , des soirées comme ça , heureusement que Morgane n'en vivait pas tous les soirs ! Elle aurait craqué depuis longtemps sinon ! Morgane n'était pas si forte qu'elle se plaisait à le faire croire. Si jamais une quelconque personne mal intentionnée s'en rendait compte , elle était morte. Une femme faible sur Meca , c'était une femme morte. Espérons que cela n'arrive pas... La jeune femme soupira , voulant éviter de penser à d'autres mauvaises choses pour ce soir là. Arrêtant définitivement d'être pensive , elle reporta son attention sur Haize. Il voulait la raccompagner ? Et bien soit... En réfléchissant bien , s'il cessait d'être un beau parleur , peut-être pourrait-il être de... bonne compagnie. Quoique , ne rêve pas trop , Morgane. A la base , il voulait te mettre dans son lit. Et peut-être même qu'il essaierait encore une fois. Après tout , un homme reste un homme , et particulièrement sur Meca.

- Bon et bien , monsieur le sociable , si vous voulez bien que nous y allions... Alors allons-y. Je suis épuisée , je meurs de sommeil. Et voyez vous , j'aimerais tout de même pouvoir dormir un peu avant que le jour ne se lève encore une fois...

Morgane sourit timidement. Franchement , elle n'en pouvait plus. Elle voulait juste dormir. Mais bon , pour cela , il fallait d'abord qu'elle parvienne à rentrer chez elle. Si cet Haize voulait la raccompagner , libre à lui. Mais Morgane était vraiment épuisée. Bon , évidemment , elle ne tomberait pas endormie sur le sol , elle n'en était pas à ce point non plus. Fatiguée certes , mais pas encore léthargique ! Elle en avait tellement passé des nuits blanches , pour telle ou telle raison. Et jusqu'à preuve du contraire , elle n'en était pas morte. Pas encore du moins. Mourir de sommeil , avouez que ce serait franchement idiot. Disons qu'il y a plus noble comme mort. Mais bon , à choisir , la jeune femme ne souhaitait pas encore mourir. Et surtout pas avant William. Une fois qu'elle ce serait vengée , elle aurait moins honte de mourir. La vengeance est un plat qui se mange froid. Comme la mort...

[ HJ > Je te propose de poster la suite dans les rues =) ]

Le calcul se fait rapidement dans la tête de l'homme. Si elle avait 21 ans il y a 4 ans, elle devait donc avoir présentement 25 ans... ou dans ces eaux là. Pas mal. Effectivement, elle devait pas être une gamine... pourquoi ne l'avait-il donc pas remarquer. Fait amusant, par contre, elle était jeune, parce qu'elle avait encore le réflexe de rétablir la vérité quand on croyait qu'elle était plus jeune.

- Vous avez l'air beaucoup plus jeune, lâche-t-il, sans vraiment y penser.

Lui, il savait qu'il faisait plus vieux que son âge, mais bon, c'était pratique pour trouver un équipage, on était d'accord pour dire qu'il devait avoir de l'expérience. Personne ne s'était jamais plaint jusqu'à maintenant de son inexpérience, parce qu'il n'en avait pas, mais bon, c'était plus pratique, point. Plus tard, on le trouverait encore vif pour son âge. Mwahahahrf !

Tout ça pour dire qu'elle finit par accepter son invitation. Avec un contentement évident, il enfile sa redingote, avec un froissement de tissus explicite, puis lui offre son bras, parfait gentleman.

Avec une fierté non feinte, il oublie son verre à sa table, et affiche l'air du parfait fanfaron, puis, passant près de la table de Westblade, il l'interpelle.

- Hey, Westblade ! Sans prévenir, il prend sa bourse, plus ou moins pleine, puis la lance à l'horrible pirate qui, tintement d'écus oblige, l'attrape de manière fort habile. Allez, amuse-toi, moi j'me pousse.
- Toi, TOI, S'piida, t'un typ'ben ! M'amzelle, c'lui-là, l'est trè'ben !
- Oui, oui, West, c'est ça. Allez, dégage... va boire à ma santé, tiens. Partons, voulez-vous, dit-il en pressant Morgane de sortir.

=> Suite dans Les rues