N’arrête jamais le voyage

Anna Fauyeur la demi-Drow anonyme et solitaire dont l’existence n’était pas très bien vue ni par les humains ni par les Drows marchait le long d’une route joliment boisée. Elle était perpétuellement en déplacement car elle ne supportait plus de rester longtemps à un endroit précis. Et puis il y avait toujours les missions – si rares – qu’on lui confiait parfois et qu'elle accomplissait pour gagner quelques écus. Des missions diverses (elle évitait tout de même les assassinats, afin de ne pas replonger dans l'enfer exaltant du meurtre) qu’elle décrochait souvent uniquement grâce à son charisme. Les temps étaient durs, à part la guerre en perspective et la peste qui fessait rage les gens ne pensaient pas à grand chose. En tout cas ces missions nécessitaient elles aussi un déplacement presque continu, ça tombait bien. Tant qu’elle évitait les villes grouillantes de monde elle était contente de toute façon.

C’était donc d’un pas décidé que Fauyeur arpentait cette route légère, il lui semblait là reconnaître d’ailleurs, c’était un chemin comme un autre et très ordinaire. Son humeur n’était pas trop mauvaise, elle était heureuse d’avoir échappée à la mort et… bien qu’elle ne se l’avouait pas… d’avoir côtoyé ces personnes. Peut-être même espérait-elle les revoir bientôt. Par contre l’ennuie là gagnait, pourquoi il n’y avait pas un monstre sur lequel elle pourrait se faire la main ? Son désir de prouver sa valeur était grand après avoir été secourue autant de fois. Elle n’aimait pas particulièrement jouer les demoiselles en détresse. L’aventurière remarqua un écureuil qui grimpait à un tronc et sourit un instant en l’examinant.
La longue queue touffue se balançait de droite à gauche. La bestiole lui jetait des coups d’œil rapides et paniqués comme si elle avait peur qu’elle soit prise de folie, grimpe à l'arbre et l’attaque. Elle avait peut-être reconnue l’essence d’un mal enfoui en Anna… Un mal qui se fessait discret tapis dans son âme mais prêt à ressusciter dès qu’elle ferait appel à lui. Ce qui ne manquerait pas de se produire un jour ou l’autre… Cruauté, sadisme… Oui tout cela fessait parti de son héritage Drow. Inutile de chercher à aller contre sa nature. Alors pourquoi luttait-elle en s’accrochant avec force à sa part d’humanité ? Le choc engendré par l’attentat probablement.

La part Drow en elle semblait s’être un peu réveillé, même si elle était largement dominée par une certaine bienveillance pour l’instant. On imaginait difficilement plus ambigu. Ça l’agaçait de réfléchir à tout cela, la jeune femme en avait marre de se tracasser au sujet de ses origines. Elle était Anna Fauyeur l’assa… l’aventurière et puis voilà.
Le bruit ne lui échappa pas, quelqu’un s’approchait. On ne pouvait décidément pas rester en paix plus de quelques heures… Il y avait toujours quelqu’un sur Miradelphia pour venir vous déranger. Allons bon… Cette route était à tout le monde. Qu’allait-elle divaguer là… Le mieux serait de regarder ses pieds quant l’inconnu(e) débarquerait.

Elle déposa la lettre froissé d'une main tremblante au fond de son sac de voyage. Sa mère... avait-elle donc quitté ce monde ? Le coeur en miette, elle s'élança dans la forêt dans une course folle, évitant les racines d'arbre et les obstables qui lui entravaient le chemin, contournant les immenses troncs d'arbre et les rochers. Courir... c'était tout ce qui lui importait. Courir pour oublier, courir pour ne pas penser. Voilà qui était mieux pour le coeur et l'esprit. Malgré tout, elle ne sut retenir ces quelques larmes qui réussissaient à s'infiltrer entre ses paupières à demi-closes et qui lui brouillaient la vue, l'empêchant de continuer sans risquer de se rapprocher dangereusement du sol. *Je ne pleurerai pas. NON... je ne suis pas aussi faible. Qui a-t-il donc de mal à la libération d'une longue tristesse ?* pensa-t-elle fortement afin de se donner du courage. Asaliah leva son regard verdoyant vers le ciel comme si elle souhaitait y retrouver un peu de force, un signe quelconque. Au même moment, le cri strident d'un aigle rétentit dans les cieux et vint accompagner le chant des oiseaux.

-Leithan, murmura Asaliah d'une voix émue et surprise tout en apercevant le magnifique oiseau colorer le ciel.

Le fidèle ami de sa mère. Les dernières paroles du parchemin lui revinrent en tête. Elle serait l'aigle et l'observerait du haut des cieux. Était-ce un signe ? Pouvait-elle vraiment être là-haut et la regarder là, maintenant ? Quoi qu'il en soit, sa présence la rassura malgré tout et lui donna quelques forces: elle n'était pas seul. Courrant toujours, elle ne sut combien de kilomètres elle avait parcouru, mais son souffle commençait à la trahir. Bien vite, elle contourna un arbre et se retrouva sur un gros ''sentier'' à découvert. Surprise, elle jeta un oeil derrière elle tout en continuant de courir jusqu'à... BANG ! Elle venait de percuter de plein fouet quelque chose... qui n'était certainement pas un arbre. Tombant sur le sol sous le choc, son sac de voyage roula dans la poussière et se déchira de moitié en laissant tomber quelques effets personnels. Abasourdi, Asaliah leva les yeux vers cette ''chose'' qu'elle avait percuté lorsqu'elle commença à reprendre ses esprits, couverte de poussière et de saleté, haletante par la course à laquelle elle venait de s'adonner.

Le cri qu'elle lâcha se répercuta en écho dans la forêt avoisinante. Cette ''chose'' bougeait ! En fait... elle semblait belle et bien vivante, tout comme elle... et tout comme... sa mère ? Mais ces yeux... d'un noir ténébreux ?! La bouche entre-ouverte, elle resta là, assise toute croche sur le sol à la dévisager du regard. Faisait-elle partit des autres ''gens'' qui faisait partit des histoires que lui comptaient sa mère ? Ces êtres qui étaient comme eux d'après ses dires ? Si oui, d'une part, son but était déjà atteint: elle était parti à l'aventure pour découvrir le monde, autant ses terres que les habitants qui la foulaient de leur présence. Mais si elle était méchante ? Après tout, elle n'était pas comme elle, elle n'avait pas des yeux aussi noir... du moins, ce n'était pas ce que le reflet des rivières lui avaient montré.

Elle ouvrit sa bouche, mais aucun son n'en sortit, bouche bée. Tout ce qu'elle réussit à faire fut de reculer de quelques pas en se poussant à l'aide de ses pieds, sur ses gardes et sur la défensive, fixant la dame avec admiration et étonnement, mais aussi avec une méfiance qui dévoilait plutôt la peur.

Alors qu'elle s'attendait à voir arriver un ennuyeux randonneur Anna eut la surprise de tomber - expression fort appropriée - sur une jeune elfe sylvaine à la blonde chevelure. Celle-ci surgit soudainement au détour d'un croisement, le regard ailleurs et là percuta de plein fouet. CRAC! Un grand choc retentit dans sa tête, la douleur lui fit fermer les yeux un bref instant. Avait-elle le nez cassé ? Non, ça irait. En revanche son orifice nasal dégoulinait maintenant de son propre sang, conséquence directe du violent coup de tête assené involontairement par l'infortunée elfe. Et dire que nombres de braves avaient tentés vainement de lui ouvrir des plaies... Cette fille y arrivait sans le faire exprès, c'était un peu rageant.

Fauyeur toujours debout rouvrit les paupières, son regard charbon tomba ainsi sur l'effrontée qui gisait à terre recouverte des saletés de la route, elle là dévisageait avec une curiosité excessive. Elle semblait apeurée, tant mieux elle allait pouvoir lui donner une véritable raison de se ronger les ongles. La demie-drow tira son épée de son fourreau d'un geste expert et s'apprêta à se frapper, se croyant en situation de légitime défense. Tchiii! Les yeux de la malheureuse s'écarquillèrent au son de la lame, avait-elle déjà vue pareille arme ? Peut-être pas... donc ce n'était pas guerrière, cette impression ne trompa pas l'ex assassine. Elle s'était trompée...

La jeune hybride hésita entre tutoiement et vouvoiement afin de présenter ses excuses avant que l'inconnue ne se sente encore plus mal. Toutefois elle ne rangea pas l'épée car elle avait remarquée un aigle très agressif dans les parages. Il fallait mieux l'avoir sur soi au cas où il passerait à l'attaque, elle regarda méchamment le volatile qui lui en rappelait un autre bien plus gros.

-Pardon, je vous ai prise pour quelqu'un d'autre, fit elle comme si de rien n'était.

Anna hésita encore un peu, fronça les sourcils, montra l'artefact tranchant et demanda :

-Vous ne savez pas ce que c'est n'est ce pas ?

L'elfette dégageait un singulier mélange de bonne humeur mêlée de naïveté sérieuse pour un peu Anna l'aurait presque prise en pitié. Sans compter ce qu'elle croyait déceler dans son regard expressif, une pincée d'admiration.

[Désolée pour le délai, j'ai été pas mal occupé cette semaine, je tâcherai de répondre plus vite la prochaine fois ! :D]

Étendue de toute son long sur le sol, les coudes légèrement erraflés par le choc, elle observait avec de grands yeux surpris la femme qui se trouvait devant elle. Lorsqu'elle remarqua que du sang s'échappait de son nez, elle sentit son coeur battre plus rapidement. Lui avait-elle fait mal ?! Se sentant aussitôt coupable, elle ouvrit la bouche pour émettre des excuses mais elle n'en eut guère le temps: bien vite, la femme dégaina un épée qui réfléta les rayons du soleil, ce qui eut tôt fait d'impressionner et d'effrayer la pauvre elfe.

Reculant de plusieurs pas en se poussant à l'aide de ses jambes, elle n'eut même pas l'idée de dégainer le sabre qui pendant à sa ceinture d'arme. Jamais elle n'avait utiliser ses outils contre quelqu'un d'autre, sauf sa mère lorsqu'elles se pratiquaient à l'escrime et qu'elle lui montrait quelques tours. Quant à l'arc qui était accroché en bandoulière à son dos, elle l'avait confectionné elle-même et avait appris l'art de l'archerie par ses propos moyens, à l'aide des descriptions que lui donnait sa mère sur les talents de son père jadis, dans ce domaine. Ses armes avaient toujours été utiles pour la chasse, quoi qu'Asaliah n'avait jamais vraiment aimé enlever la vie de créatures innocentes: elle préférait la cueillette.

Soudainement et durant l'espace d'une seconde, de l'ombre couvrit les deux jeunes femmes et il n'aurait suffit qu'elles lèvent les yeux vers le ciel pour voir un aigle percer les cieux et couvrir momentanément le soleil. Son cri strident retentit alors qu'il plongeait tout droit en direction de la femme au yeux noir. Encore plus effrayée à l'idée que celle-ci soit blessée par l'aigle que par le fait qu'elle aurait pu être tranchée d'une minute à l'autre par l'épée étrange, elle se releva dans un bond sauvage et tendit son bras vers le ciel en brandissant le doigt.

-LEITHAN ! NON ! Hurla-t-elle à l'aigle d'une voix qui se voulait autoritaire et alarmée.

Elle ouvrit la paume en faisant un signe particulier et l'aigle rebroussa le chemin à quelques mètres de la tête d'Anna, juste assez pour qu'une bourrasque de vent fassent danser ses cheveux.

-Pardonnez-moi... il ne vous voulait pas volontairement du mal, lui expliqua-t-elle d'une voix mélodieuse et claire comme de l'eau cristaline. Son regard d'un vert pâle se déposa sur l'épée qu'elle brandissait toujours, mais qui ne pointait plus dangereusement vers elle. Vous... pouvez la serrer ? Enfin... il ne vous attaquera plus, je vous en fais la promesse, continua-t-elle d'une voix qui se voulait assurée.

Asaliah n'avait qu'une parole. Toutefois, l'inconnue aurait pu à ce moment l'attaquer de nouveau et l'elfe, tenant à sa promesse, aurait poursuivi son interdiction à l'aigle d'attaquer malgré les évènements. Cette pensée ne lui vint même pas à l'esprit, elle ne voyait pas l'étrangère comme quelqu'un de dangereuse. Peut-être avait-elle seulement réagit ainsi par réflex ? Sa voix retentit alors et elle s'excusa, lui disant qu'elle l'avait prise pour quelqu'un d'autre. Elle lui demanda ensuite si elle sait ce qu'est son épée.

-Ce n'est rien, murmura-t-elle en secouant doucement la tête. Un sourire brillant vint illuminer son visage. En effet, je n'ai jamais vu pareille arme, continua-t-elle en rivant son regard sauvage en direction de l'épée. Est-ce vous qui l'avez forgé ?

Elle se demanda comment il fallait agir lorsque l'on rencontrait quelqu'un d'autre. Fallait-il se présenter et dire son nom ? Asaliah sembla songeuse durant quelques secondes; elle essayait de se rappeler si sa mère lui avait déjà raconté quelque chose à ce sujet. Ignorant toujours, elle finit par hausser les épaules.

-Je m'appèle Asaliah... continua-t-elle avec un sourire toujours aussi éblouissant. Elle fit une légère courbette quelque peu maladroite. Et vous ? Si ce n'est pas trop indiscret que de vous demandez votre nom !

[C'est pas grave. Tes réponses sont superbes, ça compense XD...]

Celle qui avait faillie renverser Anna il y a quelques secondes à peine se montrait à présent fort amicale envers la demi-drow. Elle avait courageusement empêchée l'aigle de lui sauter dessus, ce n'était donc pas une ennemie. Le doute était envolé, tout comme la menace que représentait l'oiseau. Et quelle sincérité dans ses paroles, sa voix était si mélodieuse... Anna décida d'accorder provisoirement sa confiance à l'elfe et de ranger la lame dans son fourreau.

-Est-ce vous qui l'avez forgé ? demanda celle-ci à propos de l'épée.

Non, bien sûr, Fauyeur n'était nullement douée pour les arts de la forge. Son arme, elle l'avait acquise auprès d'un spécialiste comme beaucoup de gens. Cette elfe portait un sabre à la ceinture même si elle ne semblait pas l'avoir remarqué, ce n'était pas une arme si différente de la sienne. L'avait-elle donc forgée elle-même ? Ce devait être malgré tout une bonne combattante alors... La jeune femme n'y comprenait plus rien. Était-ce une guerrière oui ou non ? Elle ne connaissait pas l'épée mais cela ne signifiait pas pour autant qu'elle ne savait pas se battre. Fallait-il rester sur ses gardes ? Anna se dit que non, elle avait déjà établie que l'inconnue n'était pas dangereuse depuis longtemps. Inutile de revenir sans cesse sur ses choix...

-Ce n'est pas moi qui l'ai faite.

Elle eut un petit rire forcé, histoire de se donner une contenance.

-Je suis trop nulle pour ça, je sais juste m'en servir.

Puis Asaliah se présenta en saluant. Anna était un peu touchée par ce geste, c'était... du respect... L'elfe devait tout ignorer du monde pour lui en témoigner, voilà l'unique explication possible. Mais... Comment en être sûr ? Elle ne pouvait quand même pas lui poser la question directement. L'aventurière hésitait à se présenter, elle n'aurait eu aucun mal à donner un nom d'emprunt. Rhaa... C'était stupide, encore cette maudite paranoïa. Il n'y avait rien à craindre.

-Moi ?... C'est Anna Fauyeur. Dit elle mollement. Je suis Anna Fauyeur. Se rattrapa t'elle d'un ton vif, le tout donnait un résultat très maladroit.

La jeune femme ne savait pas si elle devait arrêter là la conversation ou bien là poursuivre, le lieu n'était pas très approprié pour papoter, sans compter qu'il y avait toujours cette hémorragie. Elle dit à Asaliah d'attendre une seconde, posa à terre son lourd sac à dos, chercha quelque chose susceptible de stopper le débit sanglant... sans le trouver. Résignée, elle déchira une partie de sa chemise. Ce geste devait sembler étonnant vu qu'elle n'y donnait aucune explication. Anna mit le bout de tissu dans sa narine sanguinolente.

-Je suis désolée ce doit être répugnant à voir... Enfin, rassurez vous ce n'est pas grave.

L'hybride remit en place ses affaires. Elle jeta un coup d'œil à celles d'Asaliah qui étaient toujours par terre. Sans esquisser le moindre geste montrant qu'elle allait l'aider dans cette entreprise elle dit :

-Vous devriez ramasser vos effets.

Ce qui devait paraître bien impoli mais la demie avait perdu tout sens des convenances à force d'errance. Errance parsemée ci et là de rencontre comme celle-ci, elle ne s'était attachée à personne jusqu'à présent. Ce ne lui aurait peut-être pas fait de mal de devenir l'amie de cet elfe, mais c'était difficile à cause de son asociabilité.

-Je... je vais bientôt reprendre la route, annonça-elle d'une voix qui se voulait assurée, d'une consonance presque masculine. Mais teintée de regrets, indéniablement.

[Les tiennes aussi ! :D J'aime bien cette ''Anna Fauyeur'' ]

C'est un soupir de soulagement qui s'échappa des lèvres de l'elfe lorsqu'elle vit l'inconnue ranger son arme dans son fourreau. La dernière chose qu'elle souhaitait était de l'effrayer ou de lui donner l'impression qu'elle lui voulait du mal, au contraire ! Son but était tout autre; celle des rencontres et de la découverte... tisser des liens avec ce qui l'entoure ! Elle finit par lui répondre que ce n'était pas elle qui avait forgé son arme, qu'elle était bien trop nulle pour avoir fait pareil exploit.

-Oh ! s'exclama-t-elle simplement en hochant la tête. Mais ce n'est pas négatif, vous savez, forger doit être très compliqué... continua-t-elle rapidement. Un art bien complexe, j'en suis bien assurée ! Vous n'êtes pas nulle pour autant, à la vitesse à laquelle vous avez tiré votre épée, je suis sûre que vos talents dans le maniement des armes est exquis ! poursuivit-elle dans un souffle.

Après avoir repris sa respiration, elle lui fit un sourire amicale, un sourire qui voulait lui dire qu'elle n'avait pas à se dire nul pour autant. En fait, c'était la première personne qu'elle voyait et qui se disait être nul. Avec sa mère, jamais elles n'avaient dit pareille chose d'elle-même. Non... l'harmonie entre leur propre personne et la nature était normale, simple à leur yeux, elles n'avaient rien à se reprocher. Ce qui était ''nul'', c'était lorsqu'elles ne trouvaient rien à manger et qu'elles avaient faim. Ce qui était ''nul'', c'est lorsqu'il pleuvait averse et que la pluie et le froid traversait les planches de leur petite maison.

-Vous savez, je ne connais pas également l'art de la forge... j'en ai seulement entendu parlé, c'est tout ! En fait, une personne chère avait forgé la sienne, poursuivit-elle en faisant allusion à sa génitrice. Pour celle-ci, continua-t-elle en pointant l'arme qui pendait à sa ceinture, c'est un héritage de mon paternel. J'ignore s'il l'a fait lui-même ou si elle date de très longtemps !

Voilà qu'elle venait de perdre sa mère et qu'elle recommençait à parler sans arrêt avec la première venue. En fait, ce trait de caractère avait toujours fait rire cette défunte, elle pouvait parler des heures sans se fatiguer. Après s'être présentée, la jeune femme se présenta comme Anna Fauyeur.

-Anna Fauyeur... quel joli nom ! C'est doux... mais d'une certaine disons... tenacité à la fois ! J'adore.

Remarquant que le sang s'écoulait toujours doucement de la narine de cette Anna Fauyeur, Asaliah riva son regard vers ses effets personnels étalés sur le sol, comme à la recherche de quelque chose. Elle entendit alors un ''crac'' étrange et se retournant rapidement et par réflex, elle vit Anna déchira une partit de sa chemise. Ouvrant grandement les yeux avec surprise, elle la regarda l'enfoncer dans l'orifice saignant. La femme s'excusa encore pour la répugnance du geste et comme réaction, Asaliah ne trouva qu'à rire. Un rire doux, sans méchanceté.

-Ce n'est rien ! Ce serait encore plus répugnant ou disons, inaproprié que vous ne fassiez rien pour éponger ce sang... encore navré, dit-elle d'une voix sincère en se mordant la lèvre inférieure.

Elle lui dit alors qu'elle devrait ramasser ses effets. Elle hocha la tête sans broncher et riva son regard vers les objets étalés sur le sol. Bon... une pomme, des plumes et un petit pot d'une substance terreuse et rougeâtre qui s'était fracassé et colorait le sol, quelques pierres à feu, un collier ou reposait de magnifiques coquillages, quelques parchemins salis par la substance brisée dont un plus à l'écart... ou les écritures s'étaient étalés par la pluie ou... les larmes ? Son coeur recommençant à battre le chamade, elle reconnut le parchemin sur lequel avait écrit sa mère qu'elle avait si rapidement enfoncé dans son sac sous le poids de la tristesse. Se rejetant à genou sur le sol, puisqu'elle s'était redressé pour arrêter l'aigle, elle s'empressa de tout enfoncer dans son sac de gestes maladroits en prenant soin de reserrer le parchemin en premier, qui se froissa sous le geste rapide et maladroit. Elle entendit alors Anna Fauyeur lui dire qu'elle allait bientôt reprendre la route.

-DÉJÀ ?! S'exclama-t-elle avec surprise en se retournant rapidement en sa direction, arrêtant de serrer les derniers effets dans son sac. Se rendant compte de son impulsivité, elle replongea son regard vers le sol et serra les derniers effectifs puis se releva pour lui faire face. Enfin... je voulais dire, vous veniez d'arriver, euh... et bien je venais de... bon, je vous ai interompu sur votre route, c'est vrai ! Serais-ce indiscret de vous demandez ou vous allez ?! Vous savez, j'ai rêvé depuis si longtemps de découvrir cette citée dont me parlait ma mère ! Celle... avec des gens comme ''nous'', poursuivit-elle rapidement sur un ton presque suppliant en répétant presque les paroles que lui avait jadis raconté sa mère.

Elle se sentait impolie de prendre de son temps pour la retarder davantage, mais voilà qu'elle venait de réaliser l'un de ses buts et que cette Anna souhaitait déjà reprendre la route ! Si elle devait se passer de sa présence, elle souhaitait au moins lui retirer quelques renseignements pour poursuivre ses objectifs. Du moins, cette jeune femme lui plaisait déjà et l'intriguait tout à la fois et elle avait tellement envi de lui poser milles et une question. Toutefois, elle resta plantée là à l'observer de ses yeux verts brillants qui attendait impatiemment sa réponse.

[Merci ! N'empêche que tu es bien meilleure , tu veux parler du nom ou de l'ensemble ? En tout cas tu n'es pas en reste non-plus]

Comme on pouvait s'y attendre cette Asaliah réagit vivement lorsque Anna lui annonça son départ imminent. Elle était mignonne à l'observer, là, avec ses yeux couleur émeraude. Des yeux très purs, innocents... Contrairement aux siens qui malgré la douceur qu'ils conservaient était perpétuellement emprunts d'une férocité dominante dans leurs noirceur absolue. La jeune elfe ne tarissait jamais de paroles, toujours le mot qu'il fallait, Anna pensa qu'ainsi dotée d'une telle sociabilité, elle avait un bel avenir dans la société. Les gens comme elle finissaient inéluctablement par trouver des amis, l'amour, la vérité... même si ils étaient souvent manipulés par d'ingrats profiteurs. Fauyeur ne profitait pas des gens, si ceux-ci devenaient trop gênants elle leur administrait un bon coup d'épée, voilà qui les fessaient taire. C'était un style pour le moins... direct.

Ça aurait pu la faire rire sans être le cas, l'elfe était à genoux et ne lâchait pas prise d'un pouce devant la froideur de l'aventurière, elle semblait vouloir là retenir coûte que coûte. C'était idiot... elle ignorait donc qu'elle était à moitié... elfe noire... Son hérédité ne l'alarmait-elle pas face à une telle menace ? Peut-être qu'elle était tout simplement trop stupide pour flairer le danger. Ou alors, elle voyait plus loin... Anna ne se souvenait pas de s'être un jour comportée comme une Drow, c'était son père qui l'avait élevée, un père humain. C'est à dire affectueux et dévoué à sa fille, où était-il d'ailleurs ? Cela fessait onze ans qu'Anna n'avait plus revue son paternel, il était probable qu'il se soit fait assassiné lui aussi. Pour l'instant cette perspective n'effrayait guère là sang-mêlée, elle était plutôt préoccupée par Asaliah. Que faire d'elle ? Elle qui lui accordait de l'attention et là bombardait gentiment de questions. Pourquoi ne pas lui donner ce qu'elle voulait ?

*Je porte le mal en moi. C'est vrai, je porte le mal en moi. Je ne peux lui attirer que des ennuis.*

Visiblement la demi-drow était torturée et cela se voyait, elle avait du mal à cacher ses émotions aujourd'hui. Ce devait être sa faute à elle, oui. Cette elfe arrivait soudain dans sa vie au détour d'un chemin et semblait croire -bien naïvement- qu'elle allaient devenir inséparables. C'était contre-nature, contre-morale même, impossible en d'autres termes. Mais Anna allait faire une chose vaine elle aussi, ses paroles allèrent plus vite que sa pensée. Balayant les interrogations de sa jeune interlocutrice elle déclara :

-Si ça vous intéresse tellement... Prenez donc la route avec moi, Asaliah. Vous m'avez l'air sympathique, cela me détendra. Et ne me remerciez pas, si vous pensez que je le mérite...

A peine ces mots prononcés, la partie pragmatique de l'aventurière les regrettas amèrement, l'obligeant à se mordre la langue pour stopper ce flux d'imbécilités. Mais ce qui était dit était dit, elle n'avait plus le choix maintenant, Anna devrait faire un bout de chemin en compagnie de l'étrange elfe. Bon... Celle-ci ne semblait pas pressée de ramasser ses affaires, la jeune femme s'accroupit pour l'aider dans sa tâche.

-Ne vous méprenez pas, dit-elle en souriant. C'est juste pour aller plus vite.

Quelle était méchante cette réponse... ça ne ressemblait pas vraiment à du Fauyeur, mais plutôt à du Bahelaskross. Aie, tout mais pas cela. Il fallait qu'elle se rattrape. La mine déconfite de sa potentielle amie lui fessait horreur.

-Désolée... je n'ai rien dit.

Et son sourire s'accentua. Elle se laissait aller dans une expression de gentillesse sincère en attrapant un parchemin.

[Le nom et tout son emsemble, bien évidement ! J'adore la façon dont tu donnes vie à ton personnage... et la façon dont tu écris ! :D Pour ton dernier post, le fait qu'Anna ramasse un parchemin, j'avais écrit dans le mien qu'elle finissait de ramasser ses effets avant de se relever pour faire fasse à Fauyeur, donc y'a plus rien par terre ! Mais pour t'éviter d'éditer toute la fin de ton post, on pourrait faire en sorte qu'elle l'aide à ramasser ses derniers effets... quoi que le parchemin de sa mère a été le premier à être ramassé ! Si ça ne convient pas, dit moi et j'éditerai ! ]

Asaliah attendait patiemment la réponse de la demi-drow. Celle-ci semblait fortement plongée dans ses pensées. Durant ses quelques secondes d'évasion, l'elfe en profitait pour observer avec curiosité ses étranges yeux d'un noir qui exprimait toutefois des émotions. Après tout, les yeux ne sont-ils pas le miroir de l'âme ?! Anna Fauyeur lui répondit alors qu'elle pourrait la suivre, mais de ne pas la remercier, qu'elle ne le méritait pas. C'est une vague de joie qui se propulsa dans chaques veines de la vagabonde, elle eut envit de crier sa joie et de la serrer dans ses bras, mais elle se força à contenir son envie.

-Vous êtes sérieuse ?! Vous me permettez vraiment de vous accompagnez ?! Alors là... si vous savez le bonheur que vous me faîtes ! Vous savez... je vous trouve aussi sympathique ! J'espère que je ne nuirai pas à votre chemin... vous verrez, je sais être rapide et efficace quand je me concentre ! Déblaterra-t-elle rapidement comme si elle voulait trouver mille et une raison pour qu'elle ne regrette pas sa décision. Et vous avez raison, avoir de la compagnie peut détendre et puis, c'est toujours agréable de discuter, non ? finit-elle avec un grand sourire lumineux.

Les dernières paroles d'Anna Fauyeur lui revinrent en tête. Elle disait de ne pas la remercier, chose qu'elle avait faîte pour la respecter. Mais pourquoi ?! Avait-elle une bonne vision d'elle-même ?! Peut-être que cette femme n'aimait pas ce qu'elle est... mais pourquoi alors qu'à ce moment, elle était si bonne avec elle ?

-Pourquoi ne pas vous remercier ?! Bon, je respecte votre volonté, mais il me brûle de le faire ! Vous savez... je vous en suis vraiment reconnaissante. Ce chemin m'est étrangé et... j'ignore ou il mène ! D'ailleurs... j'ignore aussi ou mène cette immense forêt interminable...

Voyant qu'il restait toujours quelques effets sur le sol, elle se pencha pour finir de ramasser et Anna vint la rejoindre et l'aida en lui disant de ne pas se méprendre.

-Oh... je ne me méprend pas, au contraire, c'est très gentil, répliqua-t-elle en haussant un sourcil, souriant toutefois.

Elle la vit alors ramasser un parchemin... heureusement qu'il était vierge ! Après qu'elle lui donna, elle se releva enfin en secouant ses vêtements de gestes délicats de la main pour faire tomber la poussière, puis remis le sac à son dos.

-Merci pour tout ! Alors, dans quelle direction vous dirigiez-vous ?

[Désolée pour la fin précipité, je dois partir ! =S]

[Hey ! Je croyais que tu m'aurais laissé un ou deux parchemins T.T, enfin bref... j'adore ce RP moi aussi, et j'adore les compliments =D]

-Merci pour tout ! Alors, dans quelle direction vous dirigiez-vous ?

Elle ne savait pas... Elle ne savait pas qu'Anna Fauyeur avait la fâcheuse manie d'oublier ses missions. Et en plus elle posait trop de questions, Fauyeur ne suivait plus. L'autre fois aussi, après s'être perdue dans la forêt d'Aduram et y avoir fait une bien mauvaise rencontre, elle avait eu un trou de mémoire. Elle s'inquiétait un peu, s'attendant à tout instant à voir surgir un paysan mécontent brandissant une fourche pour réclamer son dû. La demie aurait bien laissée le choix de la destination à l'elfe mais celle-ci semblait tout aussi perdue... du moins géographiquement parlant, parce que mentalement c'était une toute autre histoire. Anna réfléchit, elle hésitait entre se laisser guider par le vent ou bien son estomac, le premier lui murmurant d'aller au nord et le deuxième de s'arrêter à la prochaine clairière pour dévorer un peu de ses précieuses provisions. Se fier au vent était une vieille habitude.

Ce qu'elle oubliait de prendre en compte c'était que la route n'était pas toujours bien fréquentée, heureusement elle semblait déserte pour l'instant. D'ailleurs peut-être que l'aigle se serait mit à piailler si ça n'avait pas été le cas. Ce piaf dont Asaliah avait arrêté l'attaque dans un absurde élan de confiance en elle. L'elfe enchainait marque de confiance sur marque de confiance, a aucun moment elle ne semblait penser à une possible malveillance de la part d'Anna. C'était inhabituel mais l'aventurière s'en accommodait du mieux qu'elle le pouvait. Une fois le sac de l'abracadabrante elfette en place sur le dos de sa propriétaire, elle s'écria :

-Bien alors nous irons pas lààà... dit-elle en pointant du doigt le nord.

Mais «Schruiombbb!», son ventre protesta vivement juste à cet instant, comme par hasard, l'empêchant de terminer sa phrase. C'était un bruit terrifiant et gênant, qui lui fit réaliser qu'elle avait prestement besoin de se restaurer si elle ne voulait pas tomber dans les pommes. Prise d'une légère nausée, elle dit :

-Oh... Eh bien en fait, nous allons changer de cap. Voyez-vous un espace dégagé à proximité Asaliah, votre aigle en voit-il un ? Vous pouvez le lui demander ? Avez-vous un peu de nourriture sur vous ?

La demi-drow avait posée ces questions -l'avant dernière lui paraissait stupide- sans réfléchir mais cela prouvait bien qu'elle préférait ne pas partager ses vivres avec la presque-inconnue, bien sûr elle n'allait pas là laisser mourir de faim non-plus, ce n'était pas dans ses projets. Anna entreprit de scruter attentivement les alentours – sa main en visière, ce qui ne servait strictement à rien car le soleil n'éblouissait pas les deux promeneurs.

[Le pire c'est que j'ai écris ça parce que je ne savais vraiment pas où on aurait pu aller X_X, nous allons donc faire plus ample connaissance autour d'un pique-nique. Si y a un truc qui te va pas, dis-le moi]

Lorsqu'elle finit de poser sa question, Asaliah déposa ses mains sur ses hanches, fixant Anna Fauyeur avec curiosité. Elle avait hâte de savoir quelle était la destination de cette femme et ce qui l'avait entraîné sur cette route. Toutefois, celle-ci sembla hésiter durant un long moment. Haussant les sourcils, un sourire amusé sur les lèvres, Asaliah attendait patiemment. Anna pointa ensuite le Nord en disant qu'il serait le lieu de leur prochaine destination. Regardant dans cette direction, l'elfe ne voyait rien d'autre que la route qui s'étendait interminablement. C'est alors qu'un gargouillement d'estomac assez bruyant vint interrompre le silence. Se tournant vers Anna en éclatant de rire, Asaliah secoua doucement la tête.

-Comme vous devez avoir faim ! Tout ce bruit... dit-elle entre deux éclats de rire.

C'est alors que son interlocutrice lui demanda si elle voyait un endroit dégagé près d'ici, encore mieux, si son aigle en voyait un et si elle avait de la nourriture sur elle. Haussant les sourcils en entendant toutes ces questions, elle commença par parcourir les alentours d'un regard circulaire. Bon... elle ne voyait rien d'autre, sauf cette route.

-Nous ne pourrions pas nous raviver ici-même ? C'est assez à découvert, non ? demanda-t-elle innocemment en ignorant que cet endroit pouvait être bien dangereux.

Poursuivant sa recherche, elle chercha du regard Leithan mais malheureusement, celui-ci ne couvrait pas le ciel présentement. Peut-être s'était-il perché à quelque part, vu que les deux femmes n'étaient pas en mouvement.

-Euh... pour Leithan, j'ignore ou il est mais il doit être occupé à... mhm, d'autres choses plus importantes ! se justifie-t-elle en haussant les épaules. Mais... ! Avant d'atterrir en ces lieux, j'ai traversé une jolie clairière... avec une petite cascade ! C'est à une centaine de mètres je crois... ! Suivez-moi !

Elle lui fit un merveilleux sourire avant de s'engager d'un pas plein d'entrain dans l'immense forêt. Son regard analytique observait tout: les troncs d'arbre, les feuilles, les traces, les racines qui sortaient parfois du sol, les buissons, ... puisqu'elle avait vécu presque une centaine d'années en forêt, elle la connaissait comme sa poche et elle avait toujours eu le sens de l'orientation. Tout en marchant et en évitant quelques obstacles sur le sol, elle parlait parfois à Anna de chose et d'autre, dont lui faire remarquer la magnifique journée, ou une magnifique fleur ou plante ça et là.

-Je crois que je n'avais pas répondu à l'une de vos questions... ! Il me reste un peu de nourriture, dont une pomme qui a tombé par terre tout à l'heure, mais en la nettoyant dans une rivière, elle sera délicieuse quand même, j'en ai aucun doute ! Lui expliqua-t-elle de sa voix chantante. Pourquoi une telle interrogation ?! N'auriez-vous pas de nourriture ? Vous savez, il me fera plaisir de partager.

Après avoir contourné quelques arbres, son pied se déposa enfin dans la magnifique clairière après environ une demi-heure de recherche à observer quelques points de repère qu’elle observait toujours en forêt. L'herbe était verdoyante et quelques pousses de fleur coloraient l'endroit ici et là. Une jolie cascade coulait doucement sur des roches blanchâtres pour tomber dans un large et grand ruisseau. L'espace était grand, seul un arbre unique empêchait le sol d'être uniforme et aussi grand, sa cascade de feuille couvrant d'ombre une partie de l'endroit.

-VOILÀ… enfin trouvé ! C'est magnifique, n'est-ce pas ?! J’espère que la faim ne vous tenaille pas trop..., s'exclama-t-elle avec enthousiasme en parcourant d'un regard brillant et admiratif ce qui se trouvait devant elle, ne lui donnant pas le temps de répondre à sa précédente question.

De sa démarche rebelle et frivole, elle s'avança en direction du saule pleureur, l'arbre unique, et vint s'asseoir en indien tout près de son tronc afin d'être à l'ombre. Rivant son regard émeraude vers Anna Fauyeur, elle l'invita à venir la rejoindre en l'accueillent d'un sourire bienveillant.

-Venez donc, vous avez bien mérité de vous ravitailler un peu !

Tandis que la demi-drow scrutait misérablement les alentours Asaliah lui dit qu'elle connaissait un endroit idéal et l'y entraina aussitôt. L'elfe marchait vite, Anna avait du mal à suivre ses grandes enjambés sans perdre son souffle, de temps à autre son estomac émettait un léger gargouillis mais rien de comparable à celui énorme de tout à l'heure. Elle se rappela d'une question d'Asaliah.

-Inconsciente ! Cette route n'est pas sûre pour se reposer.

Elle avait dit cela un peu brutalement mais pas dans le but d'effrayer sa jeune amie. Celle-ci était à l'aise dans les bois qu'elles traversaient, se jouant des racines sur lesquelles Anna manquait de trébucher et n'ayant peine à commenter le paysage en même temps.

-La forêt est belle cependant sa beauté m'est bien égale.

Encore une phrase brutale, Anna voulait donner l'impression d'être froide, elle voulait faire remarquer à Asaliah sa détresse pour que cet être si joyeux sache mieux de quelle façon lui remonter le moral. Car ce n'était pas en parlant des jolies fleurs qu'elle y parviendrait. Les plantes, elle ne voulait même pas les voir tant elles étaient futiles.

-Je crois que je n'avais pas répondu à l'une de vos questions... ! Il me reste un peu de nourriture, dont une pomme qui a tombé par terre tout à l'heure, mais en la nettoyant dans une rivière, elle sera délicieuse quand même, j'en ai aucun doute ! Pourquoi une telle interrogation ?! N'auriez-vous pas de nourriture ? Vous savez, il me fera plaisir de partager.

-Ce n'est pas grave Asaliah, j'ai de quoi manger moi. Je refais rarement deux fois une erreur et depuis le jour où j'ai failli mourir de faim à Aduram je transporte toujours beaucoup de vivres sur moi, vous savez.

C'était vrai, Anna n'avait pas lésiné sur la quantité de provisions. Il y avait du pain, des gourdes, des raisins à mâcher lentement, des figues séchés et plusieurs belles pièces de viande salé. Le tout lui ayant coûté une petit fortune mais en valait la peine tant il était appétissant. L'aventurière se remémora que la plupart des elfes n'aimaient pas la viande et s'en attrista, ces parts étaient si délicieuses... Pas question pour Anna de toucher aux spécialités Drows, ça aurait signifié ré accepter cette identité macabre en elle. En le faisant elle pourrait déclencher un cercle infernal qui là ferait renouer avec son lourd passé d'assassine. C'est pour quoi elle transportait uniquement de l'alimentation humaine.

Elles arrivèrent dans une clairière. La marche qu'elles avaient endurées valait bien cette vision de rêve. L'herbe humide était accueillante à souhait et le ruisseau donnait une folle envie de se baigner, ce qui après tout n'était pas très intelligent en vue des bestioles qui pourraient éventuellement y avoir élu domicile, ou plus simplement en vue de sa profondeur exubérante, Fauyeur ne savait pas nager. Personne ne lui avait apprit ce sport.

-VOILÀ… enfin trouvé ! C'est magnifique, n'est-ce pas ?! J’espère que la faim ne vous tenaille pas trop...

Asaliah s'assit au pied d'un arbre. Anna remarqua qu'elle avait choisie une place à l'ombre alors qu'il n'y avait pas énormément de soleil, enfin cela avait l'avantage d'être plus frais... La marche l'avait sans doute faite transpirer à la vitesse où elle l'avait effectuée.

Ignorant l'interrogation, l'aventurière s'installa elle aussi. Le contact mouillé de l'herbe là fit frissonner, elle ne sortit pas le porc par respect pour sa camarade végétarienne, en revanche elle ne se priva pas d'étaler tout le reste sur son armure de cuir enlevée pour l'occasion.

-Bon appétit, dit-elle avec douceur. Je vous offre ce repas.

Sa pudeur l'empêcha de s'allonger dans l'herbe mais elle l'aurait volontiers fait un instant, cela l'aurait détendue. Peut-être que quant elle aurait bien mangé elle s'y laisserait aller... La clairière semblait plus sécurisante, cette impression pouvait très bien être trompeuse hélas. Tant pis, la demi-drow attrapa une grande grappe de raisins juteux d'une couleur verte -comme les yeux de l'elfe- qu'elle picora en arrachant les grains un à un. En faisant cela elle ne cessait de dévisager Asaliah.

-Qu'est ce qui vous met donc de si bonne humeur ? Lâcha elle enfin après un petit silence.

C'était la première question qu'elle devait poser. La jovialité de la dresseuse d'aigles l'intriguait fortement, peut-être était-elle dopée ? Anna envisageait à présent les possibilités les plus farfelues. En fait, plus elle réfléchissait plus elle était convaincue qu'Asaliah lui cachait quelque chose. Peut-être qu'elle aimait les femmes et avait été séduite ? Peut-être n'avait-elle parlée à personne depuis des années ? Peut-être avait-elle un projet spécial pour Fauyeur ? Oui... Il y avait forcément un secret et elle allait le découvrir. Sa camarade ne serait pas en mesure de lui cacher la vérité bien longtemps. Mais quelle honte ce serait pour elle si jamais elle se trompait, aussi décida elle de l'interroger sans laisser deviner ses pensés. Anna reprenait possession de toutes ses facultés de manipulatrice.

Elle engloutit une figue.

(LOOOL trop drôle ton post... la fin làaa !!!)

Dit-donc... elle était bien maussade, cette Anna Fauyeur ! Peut-être s'était-elle levée du pied gauche ?! Encore pire, peut-être s'était-elle levée des deux pieds, qui sait. Tout au long de leur marche pour atteindre la clairière, elle répondait d'une façon assez négative. Même si elle approuvait les dires de l'elfe, elle avait tôt fait de rajouter quelques points comme ''la beauté de la forêt m'est bien égale'', ''inconsciente! ''. Toutefois, Asaliah restait muette après ses réponses, ne sâchant que dire. Elle ne voulait pas attiser la mauvaise humeur de sa nouvelle ''amie'', au contraire ! Elle se contenta donc de changer de sujet. Après tout, ça arrivait à tous le monde d'avoir cet air après avoir vécu des situations difficiles ! Peut-être était-elle troublée... ?! Peut-être s'était-elle sentie obligée de lui proposer de l'accompagner, ce qui justifiait ces agissements ?!

Enfin rendues à la clairière, elles s'assirent sous l'immense saule pleureur. La journée était chaude et agréable, quoi que le soleil était dissipé derrière plusieurs nappes de nuages d'un blanc grisâtre. Toutefois, l'air était humide et c'était une raison de plus pour donner la faim et la soif. Lorsqu'elle vit Anna étaler ses provisions sur son armure, elle repensa à ce qu'elle lui avait répondu dans la forêt. Elle lui avait bien dit qu'elle faisait attention depuis le jour où elle avait failli mourir de faim. Ainsi donc, cette femme n'avait pas eu la vie facile ! Et elle avait dit... à Aduram... qu'était-ce, Aduram ?! Des questions lui brûlant les lèvres, elle continua de la fixer avec intrigue.

-Vous aviez dit tout à l'heure que vous aviez déjà failli mourir de faim à Aduram. Je crains ne pas avoir trop compris... Aduram, est-ce un nom que vous aviez donné à votre habitat ? Enfin... si vous aviez un habitat fixe, bien entendu ! Bref, pardonnez mes questions, mais vous m'en voyez navré pour votre douleur ! Avoir faim est un besoin qui, quand il n'est pas comblé, fait si mal ! Malheureusement, la nature peut nous jouer bien des tours. Mais il faut avoir confiance en elle, il y a toujours façon de s'en sortir, de quoi se nourrir à quelque part, lui dit-elle doucement.

-Bon appétit, dit Anna avec douceur après avoir étalé la nourriture. Je vous offre ce repas.

Asaliah essaya de ne pas paraître étonnée. Voilà qu'elle avait été négative durant toute l'arrivée jusqu'ici et elle lui proposait de partager sa nourriture avec douceur ! C'était à n'y rien comprendre... peut-être était-ce la faim qui l'avait rendu irritable ?

-C'est vraiment gentil, vous savez ! J'accepte avec plaisir, mais j'aimerais aussi partagez avec vous quelques fruits... tout fraîchement cueillis ! Ils sont si bons... vous verrez, lui dit-elle tout en ouvrant son sac, sortant une poignée de baies, de framboises et de bleuets, qu'elle déposa sur l'armure.

Elle empoigna également une grappe de raisin, ces fruits se faisant plutôt rares par ici. En arrachant un doucement, elle l'apporta à sa bouche et ne put s'empêcher de sourire au contact de la saveur exquise. Alors qu'elle était trop concentrée sur son met, elle ne remarqua même pas Anna qui la fixait avec attention.

-Qu'est ce qui vous met donc de si bonne humeur ? Lâcha Anna après un petit silence.

Manquant de s'étouffer, elle toussota quelque peu afin de reprendre son air original. Voilà une question à laquelle elle ne s'attendait pas du tout ! En fait... pourquoi était-elle de bonne humeur ?! À ses yeux, elle semblait normale, du moins comme à l'habitude. Et malgré son enthousiasme, elle ressentait toujours le vide de sa mère en son coeur. Mais qu'elle ait quitté ce monde ou non, d'une façon ou d'une autre, elle avait déjà pris la décision de partir en voyage seule... devant assumer ce vide d'une manière ou d'une autre. Ce triste départ vers l'au-delà l'a peinait grandement, mais c'était le cycle de la vie. Que pouvons-nous faire face au destin ?

-Et bien... commença-t-elle en cherchant ses mots, fronçant les sourcils. En fait... votre simple présence me rend ainsi ! Si vous saviez à quel point cela me fait plaisir... un de mes rêves se réalise, poursuivit-elle en lui offrant un magnifique sourire. Poursuivre ma course sans fin et seule ne m'aurait sûrement pas mise dans cet état... poursuivit-elle après un moment de réflexion.

Bon... peut-être allait-elle penser qu'elle avait le bégin pour elle, mais peu importe ! L'elfe était franche dans ses dires, qu'ils puissent sembler bizaroïdes ou non. Maintenant que la ''glace'' était cassé, une question rongeait le coeur d'Asaliah. Devrait-elle lui en faire part ?! Peut-être la trouverait-elle impolie ?! Finissant de manger sa grappe de raisin, elle resta longuement silencieuse.

-Je voulais savoir... pourquoi la beauté de la nature vous importe peu?! Est-ce que votre rencontre avec moi vous ai aussi égale ? poursuivit-elle d'une voix innocente, ce qui pourrait toutefois être interprétée par Anna comme un semblant de comportement de dépendance affective, ce qui n'était pas du tout le cas. Je veux dire, y a-t-il des choses dans la vie pour lesquels vous êtes enthousiasmes ?! Enfin... que vous ne pouvez vous empêcher de sourire devant cette chose... aller, dîtes-le-moi ! Je suis sûre que oui ! Il doit bien y avoir quelque chose qui vous motive, qui vous donne des ailes... qui vous donne envi de poursuivre votre chemin !

C'était assez bizarre comme question, mais Asaliah n'arrivait pas à comprendre ses agissements. C'était une femme bien originale, il fallait le dire ! Et cette elfe cherchait à se nourrir du bonheur... chose qu'elle essayait d'extirper du coeur de la demi-drow !

[LOL ! Content que ça te plaise, tu vas sûrement te marrer là aussi ! J'ai mis longtemps pour l'écrire celui-là...]

Les dents blanches de Fauyeur ouvrirent une plaie béante dans la fruit sucré, sa langue passa à l'intérieur pour en retirer la saveur mûre avant de finalement le croquer, de le réduire en purée et de l'avaler dés le deuxième coup de dents. La saveur descendit le long de sa gorge, les baies avaient toujours été à son goût, chose un peu étrange pour une demie. Elles lui rappelaient la fois où elles lui avait sauvée la vie à Aduram. C'est en se retenant d'éclater de rire qu'elle avait répondue à l'absurde question.

-Ce n'est pas mon logis ! Il s'agit d'une monstrueuse forêt où rôdent la nuit des êtres maléfiques... mais je vous en parlerais plus tard, ce n'est pas le moment. Profitons plutôt de ce que nous avons là...

-C'est vraiment gentil, vous savez ! J'accepte avec plaisir, mais j'aimerais aussi partagez avec vous quelques fruits... tout fraîchement cueillis ! Ils sont si bons... vous verrez

Anna n'avait pas remerciée, néanmoins, d'après son sourire c'était tout comme. La nourriture apportée par Asaliah était délicieusement fraiche, contrairement à la sienne qui avait eu le temps de vieillir dans son sac à dos. Dommage qu'elle ne puisse sortir la viande... le sel avait conservé le goût de la chaire intact. Pendant un instant l'aventurière fut tentée d'étaler toutes ses provisions sur son armure mais parvint à s'en raviser in-extrémiste.

Quant elle posa sa question Anna fronça les sourcils en voyant sa camarade s'étouffer avec le raisin. Elle était inquiète, fort heureusement cette toux ne dura pas longtemps et l'elfe reprit vite une contenance. C'était si étonnant que cela... ? Normalement, elle aurait du y être préparée, surtout si le raisonnement de la demi-drow était juste. Bon... très bien... Asaliah était soit bonne comédienne soit aussi limpide que de l'eau.

En parlant d'eau, Anna buvait goulument à sa gourde lorsque l'elfe répondit.

-Et bien... En fait... votre simple présence me rend ainsi ! Si vous saviez à quel point cela me fait plaisir... un de mes rêves se réalise... Poursuivre ma course sans fin et seule ne m'aurait sûrement pas mise dans cet état...

Hein ... ?! Ces paroles... le ton sur lequel elles étaient prononcés... L'hybride comprenait tout à présent : la gêne du début de leur rencontre, les sourires engageants, la voix cristalline, la confiance subite, la lueur l'admiration dans le regard, l'affaire de l'aigle... Oui, elle ne voyait pas d'autres explications, Asaliah était amoureuse.

*Ahhh... C'est pas vrai ! Que dois-je faire ? Je ne suis pas amoureuse d'Asaliah, moi. Bon... heu... le mieux sera de faire semblant de ne pas avoir comprit !*

Anna arracha le morceau de chemise qui se trouvait encore en sa narine bléssé pour passer le moment d'embarras, profitant du fait que l'hémorragie se soit calmée, néanmoins les croutes qui retenaient le flot de sang étaient précaires. Elle posa le tissu derrière elle. Faisant patienter Asaliah qui devait attendre une réponse, elle s'humecta le visage à l'aide de sa gourde pour faire disparaitre les dernières ensanglantés. Quant elle fut propre elle ouvrit la bouche dans l'intention de se défendre discrètement de son hétérosexualité mais n'en eut pas le temps. Asaliah là prit de court en l'interrogeant sur ses motivations. Peut-être cherchait elle à savoir si le sentiment était réciproque... Oui ce devait être cela. Bien, elle allait répondre totalement à coté.

Le bout de chemise manquant laissait paraitre son sternum et son épaule gauche, la jeune femme se mit à caresser ceux-ci d'un geste intime et machinal, peut-être -fort involontairement- un brin provocateur et avoua :

-Voyez vous, ma peau ? Elle est grise... Savez-vous pour quelle raison sa couleur est tant différente de la votre, Asaliah ?

Non bien sûr elle n'en avait aucune idée, aussi Fauyeur continua.

-C'est que ma maman était une Drow ! Et cela n'est pas très apprécié où que j'aille. Les Drows sont les êtres maléfiques qui hantent parfois Aduram, même si ils préfèrent de loin les volcans... a ce qu'il parait.

Songeuse, Anna commanda à sa main d'arrêter de se triturer le sternum pour venir caresser son menton.

-Les Drow - elfes sombres comme on les appellent - n'ont aucune pitié, ils ont tentés de m'assassiner plusieurs fois. Alors... vous me demandez ce qui emplit mon triste cœur de joie... Asaliah ? C'est de tuer des Drows, les massacrer, les...

Elle se remit debout sur ses jambes graciles, une forte envie de tirer l'épée là tenaillait, Anna se laissait emporter par ses propos, perdant son souffle et alignant des mots terribles. Si un elfe noir était passé par là à cet instant il en aurait prit pour son grade.

-...écrabouiller ! Réduire en miettes ! Jusqu'au dernier ! Je veux me VENGER !

Le dernier mot, elle l'avait hurlée de toutes ses forces. Qu'ils viennent les Drows, à présent qu'elle était en colère ils auraient du mal à là contenir. Mais voilà qu'emportée dans un tourbillon de fureur elle avait oubliée la pauvre Asaliah.

Un écureuil roux passa à cet instant. Que faire ? Donner libre cour à sa colère en l'empalant sur son arbre semblait être une intéressante perspective. Mais finalement la sang-mêlée parvint à se calmer un peu en se noyant dans les yeux émeraudes de l'elfe dont elle se rappela subitement la présence. Elle se laissa alors choir à terre sous le beau saule pleureur. Pendant un moment elle ne dit plus rien, la tête enfouie entre les mains, on aurait dit qu'elle pleurait. Pourtant quand elle se redressa aucune larme n'ornait ses joues grises.

-Pardonnez-moi... Il faut me comprendre. J'espère ne pas vous avoir effrayée. Continuons le repas si vous le voulez bien, j'ai encore faim.

Et Anna recommença a manger sans attendre, un peu honteuse s'être énervée aussi vite. Mais du coup, l'incident sur l'homosexualité d'Asaliah lui était sortit de l'esprit.

[LOOOL XD Trop drôle la réaction d'Anna sur la supposée ''homosexualité'' D'Asaliah ]

Asaliah était tellement ravie qu'Anna aime ses baies ! Elle aurait vraiment été gênée dans le cas contraire. De l'autre côté, la saveur des raisins et des mets d'Anna était aussi exquis, ce n'était pas tous les jours qu'elle avait la chance d'en manger. Quand elle lui expliqua qu'Aduram était une grande forêt dangereuse, elle ouvrit grand les yeux, à un tel point qu'ils étaient ronds comme des pièces d'or.

-Forêt... monstrueuse... êtres... maléfiques ?! Résuma Asaliah, bouche bée, les yeux toujours grands ouverts. Ah... pourtant, je croyais que la forêt était comme celle-ci... avec quelques différences à certains endroits, mais à ce point ?! Je n'ai jamais rencontré de ces... euh... ''êtres maléfiques'' ! Oh... je n'aimerais pas tomber sur cette forêt, oh ça non !

L'elfe fronça ensuite les sourcils, le regard triste. Ses petites oreilles pointues se rabattèrent vers l'arrière, signe de sa mélancolie. Pourquoi sa mère ne lui avait pas donné une telle information ?! Elle aurait pu lui sauver la vie, si jamais elle s'était aventurée par mégarde à cet endroit. Elle avait tant de chose à découvrir... tellement que pour un moment, elle en voulu à sa mère. Pour qui devait-elle passer, maintenant ?! La pauvre elfe avait l'impression d'être comparée à un enfant en plein apprentissage, naif de tout... et de la vie.

Finalement, pour couper la situation embarassante, Asaliah lui avait posé une question assez personnelle. S'il y avait une chose qu'elle ne comprenait pas chez sa compagne, c'était bien cela ! Anna lui répondit en lui demandant si elle avait remarqué la couleur de sa peau, lui disant qu'elle était une demi-drow, que les drows habitaient parfois Aduram. Ouvrant grandement la bouche, Asaliah était plus que stupéfaite. Ainsi, il existait d'autres peuples... et non seulement les elfes ?! Elle avait déjà entendu parlé des humains, qui leur ressemblait un peu, mais en moins svelte et qui n'avait pas les oreilles pointues. Alors là, elle était plus qu'étonnée ! Elle écouta Anna sans rien dire jusqu'à ce qu'elle dise qu'ils avaient essayer de l'assassiner plusieurs fois et tous ce qui lui fait plaisir c'est de les... massacrer, les tuer, etc.

Encore plus surprise, Asaliah resta clouée sur place, terrorisée, en voyant la demi-drow être à présent debout en hurlant à tu-tête qu'elle voulait tuer ces êtres sanguinaires. Mais ce n'est pas la peur qui pouvait se lire dans l'étendue verdâtre des yeux de l'elfe; seulement, une grande tristesse tirée de la compassion. Asaliah eut bien du mal à la croire. Ce n'était pas possible qu'uniquement cette folie puisse la rendre heureuse. Seulement, elle devait être très en colère ou peut-être avait-elle vécue dernièrement des évènements difficiles avec des drows, ce qui expliquerait du même fait son caractère maussade. Oui... ça ne pouvait qu'être ça ! C'est le coeur brisé qu'elle regarda Anna se rasseoir, la tête entre les mains. Elle eut envie de la serrer dans ses bras pour la réconforter, mais elle respecta son silence. Elle releva finalement la tête en s'excusant.

-Ce... ce n'est rien, Anna. Je comprend votre emportement. Enfin, je ne peux le comprendre puisque je n'ai pas vécu ce que vous avez vécu, mais je peux essayer de me l'imaginer, lui expliqua-t-elle doucement, le regard triste presque suppliant. Mais dîtes-moi, qu'est-ce que ces êtres vous ont fait pour que vous leur en vouliez autant ?! Comptez-moi tout, Anna Fauyeur... parler, et votre souffrance trouvera la porte de sortie de votre coeur. Parler... pour être libérée.

Sa voix pouvait sembler autoritaire, mais elle sonnait plutôt comme la voix d'un ange qui nous livre ces conseils avec douceur. Fermeté, mais douceur. Après avoir manger quelque peu et avoir vécu tous ces évènements, l'elfe n'avait plus faim. C'est donc avec patience qu'elle fixait Anna de son regard perçant, attachée à ses lèvres en attendant de voir si elle allait décider de se livrer ou non.

Étant une fois de plus, complètement immergée dans son délire paranoïaque, Anna s'étonna au plus haut point d'être si facilement comprise par Asaliah qui lui demandait de se confier à elle. S'en tenant à sa précédente opinion, la demi-drow supposa que cela constituait en une sorte de drague féminine. Mais, accablée de désespoir, elle décida de se résoudre à cette seule option possible de confidence. L'aventurière allait donner toutes les explications demandés par Asaliah et aviserait ensuite, advienne que pourra. Au besoin, elle pouvait encore tuer bien que ce ne soit pas du tout son intention.

La jeune bâtarde se saisit malproprement d'une grosse poignée de figues et essaya d'avaler le tout, cependant ce fut un échec et elle recracha les délicieux fruits juteux. Fauyeur avait besoin d'une alimentation plus consistante, elle savait parfaitement qu'il était inutile de renier ses origines et que cela aurait de fâcheuses conséquences sur son organisme mais toutefois elle s'imposait fermement ce régime draconien.

A présent, une flaque mauve peu ragoutante gisait sur l'herbe verte de la clairière lorsqu'Anna ouvrit enfin la bouche, au soulagement d'Asaliah. Hélas, ce fut pour prononcer une phrase extrêmement négative.

-Toute façon, je l'ai méritée...

On voyait dans ses yeux qu'elle était absolument convaincue de la véracité de ses tristes propos. Qui donc arriverait à lui faire changer d'avis. Pas le premier venu en tout cas.... cette conviction était trop profondément ancrée dans son esprit pour disparaitre facilement. Oui cette... convi... ction... Et alors il se passa quelque chose d'extraordinaire, Anna se mit à pleurer à chaudes larmes, pleurant son désarroi refoulé depuis tant d'années.

Ceci étant à sa grande honte, l'aventurière s'empressa de cacher, d'essuyer, le liquide incolore dégoulinant sur ses tremblotantes joues grises. Le pire c'était sans doute les yeux noirs emprunts de tant de tristesse qu'ils semblaient vouloir fondre. Anna répéta encore, plus doucement cette fois, qu'elle l'avait méritée, puis ajouta :

-Je suis pitoyable du début à la fin, excusez-moi.

En fait, trop de gêne demeurait entre les deux filles pour que Fauyeur puisse ouvrir véritablement son cœur à l'elfe homosexuelle. Elle se releva, ramassa n'importe comment ses affaires dans l'intention explicite de s'en aller... et chuta lamentablement sur la racine du saule au bout de trois pas seulement. A son tour, la demi-drow se retrouvait salie et ridicule à cause d'une chute accidentelle, ce choc décupla inexplicablement son chagrin, la poussant à faire une demande sanglotante tout à fait inhabituelle à sa camarade.

-Jenaimarre... Gwarmf ! Il faut... Il faut que je meurs. Asaliah, je veux que tu transperce mon corps de ta lame, s'il te plait... C'est un service, il faut que je sois châtiée pour mes nombreux crimes par la main d'un juste ! Il le faut... N'aie pas peur, tue-moi. Tout ce que j'ai, en échange je te le lègue. Je penserais peut-être à toi dans l'autre monde. Allez ! Je veux mourir ! Maintenant... tue-moi ! Tue-moi !

C'était le désespoir qui poussait Anna à dire cela, elle ne pensait pas sérieusement qu'Asaliah la tuerait mais elle l'aurait bien voulue à ce moment là, ce n'était qu'une façon comme un autre de fuir ses tourments intérieurs... L'aventurière serra les dents et ferma les yeux, se préparant au cas où l'elfe aurait l'audace folle d'appliquer sa recommandation.

Fixant son interlocutrice de son regard aussi profond qu'une forêt sylvteste, l'elfe espérait plus que tout qu'elle ouvre enfin son coeur afin d'évacuer tous les tourments qui déchiraient son coeur. Malheureusement, la demi-drow resta muette pendant plusieurs instants et failli s'étouffer avec des figues. Les seules paroles qu'elle prononça furent qu'elle l'avait mérité. Mérité quoi ? D'être dans cet état, d'être si malheureuse ?

-Personne ne mérite de connaître la douleur et la souffrance, murmura-t-elle doucement en la regardant de ses grands yeux tristes. Ni vous, ni moi. Peu importe ce qui vous ai arrivé, vous ne le méritiez pas. Personne ne peut être victime d'une injustice, car ce mot le dit; il n'y a guère de justice à subir un acte douloureux.

Cela lui faisait mal de voir Anna dans cet état. Elle aurait tant aimé pouvoir lui offrir sa propre joie, au moins la moitié ! Elle aurait tant aimé pouvoir lui transmettre la moitié de son bien-être, de son épatement pour la vie et de toutes les merveilles de la nature. Elle avait le goût de tout essayer pour au moins pouvoir entendre une fois son rire. Pouvait-elle seulement l'aider ?! Soudainement, la demi-drow se mit à pleurer à chaude larme. L'elfe en eut le coeur brisé. Des larmes lui montèrent aux yeux par la compassion et elle ne put s'empêcher de s'approcher doucement de la jeune femme pour lui tapoter doucement le dos, en respectant le silence du moment.

Je suis pitoyable du début à la fin, excusez-moi.

Pourquoi avait-elle une si mauvaise opinion d'elle-même ?!

-Pitoyable ?! Pas du tout. Il n'y a pas de mal à pleurer, Anna ! Lui dit-elle d'un ton direct et presque par emportement. Au contraire, pleurer fait du bien, oui ! Voyez-vous tous les gens qui pleurent comme des êtres pitoyables ?! poursuivit-elle rapidement. Je suis sûre que non ! Alors, vous ne l'êtes pas. Je ne comprend pas pourquoi vous ne vous aimez pas à ce point, mais au moins, essayer d'oublier le passé pour devenir ce que vous voulez être LÀ, à ce moment précis. C'est ce qui compte... c'est ce qui nous empêche de ressentir les regrets, les remords ou la honte. Concentrez vous sur vous-même... je suis sûre que vous êtes fière de certains côtés de vous, de ce que vous êtes devenue aujourd'hui.

Voyant la demi-drow se lever et ramasser rapidement ses effets personnels, Asaliah eut peur l'espace d'un instant qu'elle prenne la fuite. Bondissant rapidement sur ses jambes dans un air félin, elle ne quittait plus Anna du regard, s'apprêtant à la suivre à la course lorsque celle-ci s'enfargea dans des racines et tomba sur le sol. Anna se mit alors à lui faire une demande tout à fait surprenante en sanglotant, une demande qui lui donna l'impression de recevoir une flèche en plein coeur. Comment pouvait-elle lui demander une chose pareille ?! Et sa mère, elle, si elle lui avait demandé, peut-être aurait-elle pu la sauver et la dissuader de ses idées suicidaires ?! Ne pouvant se retenir, de grosses larmes claires s'échappèrent des émeraudes d'Asaliah pour suivre la courbe de ses joues et terminé sur ses lèvres pulpeuses. Elle serra les dents pour retenir sa peine; elle voulait aider Anna, ce n'était pas en pleurant sur son sort qu'elle le ferait.

-Comment osez-vous me demander une chose pareille... ! Lui dit-elle sans retenue, la voix brisée par quelques sanglots. Elle prit un profond respire et essuya d'une main les larmes qui avaient pris naissance dans ses yeux. Enlever la vie est quelque chose de contre-nature, jamais je ne me livrerai à une telle demande, même si cela brise mon honneur. Et vos effets me semblent anodins, ils ne sont rien comparés à vous, Anna. C'est vous, la richesse, prenez en conscience !

Voyant qu'elle gardait toujours les yeux fermés dans l'espoir de voir disparaître sa douleur, Asaliah s'approcha et dans un geste impulsif, elle serra Anna Fauyeur fortement contre elle, comme un enfant qui s'accroche à sa mère pour l'empêcher de partir contre son gré.

-Si seulement je pouvais faire quelque pour vous... pour vous aider à évacuer tous ces tourments. Vous y arriverez, je le sais. Seulement, vous devez vivre pour cela. Vous devez vous battre, affrontez vos démons intérieurs, lui murmura-t-elle tout en déserrant son emprise, gardant ses fines mains déposées sur ses épaules. Elle la secoua doucement, comme pour la réveiller. Ouvrez vos yeux, Anna, vous êtes toujours bel et bien en vie ! Et si gardez cette douleur en vous vous est trop pénible, alors confiez-moi ce qui vous rend dans cet état. Quels évènements avez-vous vécu pour vous sentir ainsi ?! Partager votre douleur avec moi me permettrait de porter une partie de votre fardeau et ainsi vous aider à y voir plus clair.

Elle relâcha finalement son emprise pour reculer de quelques pas, se mettant à faire les cents pas en tournant en rond, son regard perdu à quelques part vers la cîme des arbres.

-J'attend toujours vos confidences, dit-elle simplement de sa voix limpide comme de l'eau, les mains croisés derrière son dos.

Anna Fauyeur écouta très attentivement parler sa camarade elfe, comme si c'était le messie en personne, chacune de ses paroles s'ancrèrent profondément dans sa mémoire de piaf, indélébilement. A ne pas s'y tromper, la demi-drow vivait là un moment clef de son existence. Elle buvait les mots d'Asaliah telle une assoiffée, ses paroles sonnaient justes, elles lui permettaient de se raccrocher à la vie, de se préserver un petit peu suicide, c'était une véritable bouée de sauvetage pour elle. Une impressionnante bouffée de gratitude envahit l'hybride. Elle se rappelait certes les motivations qu'elle croyait déceler en Asaliah mais n'y prêtait pas le moins du monde attention, c'était d'une sincérité absolue de toutes façon... Si l'homosexualité pouvait lui apporter un tel réconfort, un réconfort qu'elle ne connaissait que chez l'elfe, Anna était prête à s'impliquer dans n'importe quel type de relation en échange, quel qu'il soit.

Il faut dire que lorsqu'elle se sentait comprise, la bâtarde n'hésitait pas à remuer ciel et terre pour démontrer sa reconnaissance. Hors, jamais Fauyeur n'avait rencontrée autant de soutien et de réconfort. Elle n'en croyait pas ses yeux, jusqu'où Asaliah irait-elle pour sa misérable personne ? Sa compassion l'avait déjà menée jusqu'aux larmes.

Anna fût déconcertée par l'étreinte de la voyageuse, elle ne savait pas très bien ce que cela signifiait... Elle se souvenait certes que son père avait de semblables gestes avec elle à diverses occasions, mais se demandait cependant si cela faisait toujours partie des réconforts ou si son amie entamait un rituel sexuel quelconque. Totalement abasourdie de redevance, la demi-drow mit fin d'elle-même à sa courte hésitation pour serrer Asaliah dans ses bras à lui en faire exploser les côtes, mouillant au passage de ses larmes ses habits sales. La jeune femme sentait le corps chaud et les pulsations sanguines de l'autre contre elle et trouvait ce contact agréable, elle se dit que si Asaliah allait plus loin, elle se laisserait guider pour profiter de l'instant, heureuse.

Mais bientôt, la confidente se releva et entreprit de faire les cents pas autour de la clairière, visiblement stressée. Elle lui annonça qu'elle attendait ses aveux de pied ferme. Anna avait désormais l'impression de passer en jugement devant témoins, elle revoyait en pensée tous ses mauvais actes et redoutait de se mettre à table. Une chose la chagrinait toutefois, la demie avait tutoyée Asaliah lorsqu'elle avait suppliée celle-ci de mettre fin à ses tristes jours, et ce tutoiement n'avait pas été réutilisé par l'intéresse. Était-ce une marque de distance que l'elfe posait là ? Dans ce cas, alors, pourquoi cette distance lui donnait la sensation d'avoir quelque chose de coincé dans la gorge ?

Fulgurament et impitoyablement, la gêne s'empara de l'aventurière sans crier garde, elle hésitait toujours à se confier, ne pouvant s'empêcher de douter pudiquement. Mais sentant indubitablement que son barrage mental était sur le point de céder au grand jour, la seule chose qui retenait encore ses paroles, c'était ce qu'on appelle hélas la peur de l'amour. Elle ne voulait pas donner de faux-espoir à Asaliah, bien qu'elle n'ait aucune idée précise de sa capacité réelle à aimer une femme.

Puis lorsqu'elle se résout enfin à découdre ses grosses lèvres, Anna ne trouva plus ses mots, elle ne souhaitait en fait plus qu'une seule chose au monde : se coller contre sa camarade, l'étreinte avait été douce et surtout... indescriptible. Néanmoins d'un autre côté, la demie avait sa propre perception de la fierté et ses principes. C'était un véritable... déchirement, oui, elle était partagée entre deux idées contraires.

Finalement, elle se heurta à un compromis, l'aventurière conclua qu'elle allait parler très vite, ne laissant pas le moindre répit à Asaliah, ni l'occasion d'en placer une. En effet, Anna noya l'elfe sous un torrent plus bruyant encore que la cascade voisine de paroles mouillés, lui avouant tout à la deuxième personne du pluriel.

-Si ce que je crois deviner dans votre regard est vrai, Asaliah, alors vous êtes tombée amoureuse de moi. Cependant il y a des choses qu'une elfe naïve comme vous ignore, j'ai TUÉ beaucoup de gens, j'étais... non... je suis... une meurtrière. Je n'ai pas eu de pitié pour eux, pas plus que je n'en aurais eu pour vous si vous étiez sur mon chemin trois ans plus tôt. Mais ces choses ont changés... enfin... je veux changer, ou je voudrais changer, plutôt. Quant un jour... ce Drow qui m'attendait au coin de la rue m'a planté sa fichue dague dans le ventre, j'ai COMPRIS ce que ressentaient les pauvres victimes. Depuis, je me sens tout le temps MALADE rien qu'en pensant à ce que j'ai fais.

La sang-mêlé grelotante reprit son souffle, c'était de loin sa plus longue tirade depuis des temps immémoriaux, elle venait de se libérer d'un grand poids d'un coup, non, d'un poids énorme, et avec violence d'ailleurs. Certains de ses mots avaient étés hurlés, bonjour le vacarme, heureusement que les monstres et les ennemis semblaient ne pas êtres présents dans le coin, ils n'auraient faits qu'une bouchée d'eux en les attaquants à ce moment là.

Ensuite, éprise d'une volonté puissante et peut-être déplacée de réparer ses torts, la demi-drow auparavant agenouillée rampa jusqu'à Asaliah, la saisit fermement par les vêtements de sa main gantée.

-Je suis désolée. Désolée de vous avoir faite pleurer. C'est horrible pour moi... Pardon, pardon. couina elle.

L'elfe sauvage attendait toujours, les mains croisés dans le dos en faisant les cents pas dans la magnifique clairière. Pourquoi ne parlait-elle pas ?! Le coeur battant rapidement, ses larmes ayant séchées sur ses joues humides, elle gardait un visage patient et démontrait alors un véritable contrôle d'elle-même. Elle avait l'impression qu'elle pourrait attendre ainsi la nuit durant... et c'est avec entêtement qu'elle se jura qu'elle réussirait à faire parler Anna, coûte que coûte. Il le fallait, car évidement, de sombres pensées semblaient pourrir son coeur qui ne demandait qu'à revivre au nom de la liberté. C'est alors, comme si un miracle c'était produit, comme si le sommet au bout d'une longue montagne serait enfin atteint, que surgit la voix d'Anna Fauyeur pour venir rompre l'ultime moment. Enfin... elle espérait qu'elle se confit, que ces mots soient bienfaisants.

-Si ce que je crois deviner dans votre regard est vrai, Asaliah, alors vous êtes tombée amoureuse de moi.

Les premières paroles qu'elle prononça la resta clouée sur place, arrêtant enfin les cents pas qu'elle continuait de faire désespérement. Elle riva son regard d'émeraude dans les yeux sombres d'Anna Fauyeur; des yeux grandements ouverts par la surprise et l'incompréhension, alors qu'elle penchait légèrement la tête de côté. Amoureuse d'elle ?! Voilà qu'elle était stupéfaite ! Est-ce qu'elle était amoureuse ?! Elle ne croyait pas... enfin... elle ne savait pas trop ce qu'est l'amour, du moins... si c'est ce que sa mère ressentait pour ce père jamais présent, elle n'avait jamais ressenti de pareille chose ! Toutefois... l'amour qui la rattachait à sa mère était incroyable. Peut-être était-ce ça être amoureuse ?! Pouvait-on être amoureuse de plusieurs personnes à la fois ?! Pouvait-elle réservé une partie de son coeur à Anna également, tout en continuant d'aimer sa mère ?! En voilà une question compliquée !

-Cependant il y a des choses qu'une elfe naïve comme vous ignore, j'ai TUÉ beaucoup de gens, j'étais... non... je suis... une meurtrière. Je n'ai pas eu de pitié pour eux, pas plus que je n'en aurais eu pour vous si vous étiez sur mon chemin trois ans plus tôt.

En voilà une deuxième claque à la figure ! Asaliah n'avait pas seulement les yeux grands ouverts, mais elle avait aussi la bouche entre-ouverte par la surprise ! Une meurtrière ?! Pouvait-elle avoir vraiment enlever la vie à de pauvres gens ?! Aurait-elle pu vraiment l'éliminer comme tous ces autres ?! Par instinct de survie, elle eu le goût de s'enfuir en courant à l'annonce de ses paroles, mais son coeur fut plus fort que cet instinct; elle sentait quelque chose de bien en Anna. Malgré tout...

-Mais ces choses ont changés... enfin... je veux changer, ou je voudrais changer, plutôt. Quant un jour... ce Drow qui m'attendait au coin de la rue m'a planté sa fichue dague dans le ventre, j'ai COMPRIS ce que ressentaient les pauvres victimes. Depuis, je me sens tout le temps MALADE rien qu'en pensant à ce que j'ai fais.

Voilà des paroles qui la rassurèrent un peu. Elle voulait devenir quelqu'un de meilleur, racheter ses fautes du passé. Ne jugeant pas les gens pour un rien, Asaliah l'écouta avec la plus grande attention, quoi qu'elle ne regardait plus Anna de la même façon. Cette femme avait déjà tué. Elle essayait de comprendre sa souffrance et lorsqu'elle appris qu'elle avait déjà vécu pareille souffrance en étant attaquée par un Drow, Asaliah plaqua ses mains sur sa bouche. Évidement, le destin avait fait en sorte de lui retourner le mal qu'elle avait fait par trois fois, telle est la principale loi de l'univers. Ainsi, elle avait pu apprendre de ses erreurs pour poursuivre sa route en empruntant le bon chemin... Pour Asaliah, le passé était le passé. Elle voyait toujours Anna comme elle l'est présentement. C'est avec stupéfaction qu'elle la regarda ramper jusqu'à elle et empoigner ses vêtements en la suppliant de lui pardonner de l'avoir fait pleurer. Se sentant aussitôt mal à l'aise et désolée, Asaliah la prit sous les épaules pour la forcer à se relever.

-Ce n'est rien, Anna. Pleurer fait parfois du bien, vous ne m'avez pas fait mal. Et si mal il y a eu, se fut un mal nécessaire pour pouvoir apprendre à mieux progresser, lui dit-elle de sa voix chantante, le regard plein de compassion. Malgré tout ce que vous m'avez dit, je vois en vous ce que vous êtes réellement et depuis notre rencontre, l'impression que j'eus de vous fut bonne. C'est donc un signe que vos tentatives pour changer se sont avérées fluctueuses, vous m'avez vitement offert de partager votre nourriture et de vous suivre sur votre route. C'est votre gentilesse et générosité que je vois et ce désir de racheter vos fautes est la plus belle chose que vous pouvez faire. Vous êtes quelqu'un de bien, Anna. Soyez fière de ce que vous êtes devenues, là, aujourd'hui...

Elle lui fit un merveilleux sourire pour lui montrer qu'elle n'avait pas peur d'elle, qu'elle ne lui en voulait pas, qu'elle l'acceptait comme elle est.

-Nous faisons tous des erreurs et celles-ci nous aident à apprendre sur nous-même afin de devenir une meilleure personne, continua-t-elle d'un air assuré en hochant la tête pour appuyer ses propres dires.

Elle fixait toujours Anna de son regard profond, pensif et ses premières paroles lui revinrent en mémoire. Elle, amoureuse d'elle ? Mmh... voilà une pensée qui la fit rougir tant elle n'arrivait pas à démasquer ses paroles ! Toutefois, elle trouva nécessaire de se justifier.

-Pour ce qui est d'être amoureuse de vous, si c'est le genre d'amour qui unit un homme et une femme, je crois malheureusement que vous faites erreur. Mais mon amour pour vous est grand et je crois que vous avez réussie à vous accaparez une grande partie de mon coeur, sans pour autant enlever la place qui est réservée à ma mère, lui expliqua-t-elle maladroitement d'un air hésitante, les sourcils froncés. Elle me manque. Malheureusement, plus jamais je ne pourrai revoir son merveilleux sourire sur ces terres.

Elle fit une légère moue avant de lever légèrement la tête vers les cieux, son regard se perdant à quelques part là-haut, le coeur ailleurs. Après quelques secondes de silence, elle reporta son attention vers Anna.

-Merci de vous être confiée à moi. Je garderai ce secret jusqu'à ma mort si tel est votre désir. Vous avez ma plus grande fidélité, lui assura-t-elle d'un air sérieuse en ne la quittant plus du regard, la voix grave. J'espère que votre douleur s'estompera, maintenant que vous l'avez libéré, il faut attendre qu'elle se cicatrise par elle-même au fil du temps. Chaque faute que vous rachèteriez en faisant de bonnes actions vous aidera à remplacer ce vide causé par vos actes passés. Comment vous sentez-vous ?

Après avoir tant couvé en son sein ce lourd passé pendant d'interminables années, tel un poison la rongeant inévitablement à petit feux. La demi-drow trouvait enfin quelqu'un, une jeune elfe pas si naïve, qui l'écoutait et la comprenait parfaitement sans la moindre fausse note, un être divin, angélique, dépourvu de méchanceté. C'était une certitude absolue car elle ne se serait jamais de la vie confiée à Asaliah si elle avait eu le moindre doute ou suspicion sur sa loyauté à venir, et pourtant les doutes étaient légion chez elle. Anna s'était bornée à se demander pourquoi cela lui arrivait il, n'osant trop croire à cette belle amitié, préférant abandonner dès le début du combat contre elle-même. Elle s'était inventée des raisons de toutes pièces pour combler ce manque d'explication. Son esprit était inconsolable tant qu'il n'avait pas une argumentation solide à se mettre sous la dent.

Asaliah l'obligea à se relever en là soulevant par les épaules, Anna s'étonna en ressentant la force des muscles bandés de la jeune elfe. D'accord, elle avait entendue parler par son père et d'anciens amis de la puissance légendaire des sylvains mais elle ne s'attendait vraiment pas à cela de la part d'Asaliah, qui n'avait pas utilisée beaucoup d'énergie. Cédant sous la pression, Fauyeur quitta sa position de supplice pour se retrouver face à un regard vert terrifiant de limpidité, tel un énorme projecteur braqué sur elle, prêt à prononcer son jugement ultime. La bâtarde était morte de trouille, toujours grelotante comme un petit oiseau tombé du nid qui cherchait sa maman. Même si ce n'était pas l'impression que donnait la féroce épée accrochée dans son dos. On se sentait nu comme un ver en face de ses yeux profonds et pénétrants. Certes, ils n'étaient pas menaçants, mais c'était la puissance de la vérité et du bien. Asaliah était l'enfant du bien. Anna se demande quelle éducation elle avait bien pu recevoir pour en arriver jusque là. Peut-être était-ce en fait un entrainement spécial qu'elle avait subie...

Elle lui parla encore d'une voix chantonnante et dit que elle ne lui en voulait pas, qu'elle était quelqu'un de bien, elle aussi, qu'expier ses fautes était une belle chose... Et pendant ce temps la jeune femme n'avait de cesse que de chercher de quoi répondre. Les seuls mots qui lui venaient étaient des remerciements, qu'elle proféra à haute voix, se donnant une contenance, ou pas. Que pensez vous d'une ancienne assassine littéralement dominée par une elfe toute juste sortie du cercle familial ? Non, ça ne donne pas envie de l'engager, hein... Mais en même temps, là elle se retrouvait un peu, ça lui faisait plaisir d'entendre tout cela, elle l'attendait depuis longtemps. Ce n'avait pas été possible auparavant.

Ses lèvres se tordirent maladroitement en un sourire qui ressemblait plutôt à une grimace dans le but d'imiter Asaliah, ce fut un échec. Anna, son sourire, ne possédait pas l'éclat merveilleux de celui d'en face. Ses dents étaient un peu jaunies pour ne pas se les être lavées trop souvent et les commissures avaient du mal à s'étirer bien longtemps, comble de ridicule en effet. Enfin, c'était pas grave, la demie croyait avoir comprise que ce qui comptait le plus c'était l'intention.

L'elfe prononça encore d'autres mots criants de vérité, la voix crispée, elle ne put qu'acquiescer en silence d'un signe de tête, elle avait l'impression que tout ce qu'elle disait était ridicule comparé à Asaliah. Aussi elle l'écoutait sans l'interrompre tout du long de sa tirade. Il faudrait que la demie pense à lui demander de lui apprendre à parler.

-Pour ce qui est d'être amoureuse de vous, si c'est le genre d'amour qui unit un homme et une femme, je crois malheureusement que vous faites erreur. Mais mon amour pour vous est grand et je crois que vous avez réussie à vous accaparez une grande partie de mon coeur, sans pour autant enlever la place qui est réservée à ma mère Elle me manque. Malheureusement, plus jamais je ne pourrai revoir son merveilleux sourire sur ces terres... Merci de vous être confiée à moi. Je garderai ce secret jusqu'à ma mort si tel est votre désir. Vous avez ma plus grande fidélité. J'espère que votre douleur s'estompera, maintenant que vous l'avez libéré, il faut attendre qu'elle se cicatrise par elle-même au fil du temps. Chaque faute que vous rachèteriez en faisant de bonnes actions vous aidera à remplacer ce vide causé par vos actes passés. Comment vous sentez-vous ?

N'ayant rien perdu des mimiques d'Asaliah, et toujours debout plantée comme un clou face à elle, Fauyeur se décida à répondre. Puis découvra à sa grande surprise qu'elle prenait maintenant du plaisir à parler.

-Nan... merci à vous, vous êtes un cadeau du ciel. Je... je crois que je me sens mieux grâce à vous. Oui, c'est vrai, merci. Bien sûr, oui, je préférerais que vous gardiez cela pour vous. Ce serait idéal dans la mesure où je veux faire une croix sur mon passé comme vous dites. Comment je me sens ? Toute drôle. Je crois que je suis un peu intimidée par votre discours, Asaliah. Et je suis aussi penaude de m'être trompée sur vos sentiments. Si je peux vous dire un secret, même si je trouvais cela bizarre avant, je suis désormais plus ouverte d'esprit, je... je pense que n'importe quel sorte d'amour est bon à prendre quel qu'il soit. Et je prendrais tout le votre, si vous le voulez bien. Celui que vous voulez bien me donner. Quant à votre maman, ce devait être quelqu'un de très gentil, en vue de la créature qu'elle a engendrée...

Enfin en parfaite harmonie avec la sylvaine, Anna avait laisser libre cours à ses paroles, se moquant éperdument des conséquences desquelles elle ne se méfiait plus. Si elle se recevait une baffle, une embrassade, un caca d'oiseau ou quoi que ce puisse être, elle assumerait. Son cœur était ouvert, elle avait confiance, elle était réceptive. En poussant un tout petit peu plus loin le bouchon, Asaliah aurait pu là faire faire se noyer dans la cascade avec son accord.

Et qu'est ce qu'elles allaient faire maintenant... ? Continuer la route. Allaient-elles se détendre dans la clairière avant cela ? Le chemin promettait d'être difficile... le chemin jusqu'à Diantra, car c'est sûrement là qu'elles se rendraient, elle n'en était pas encore sûre. Mais ayant retrouvée confiance en elle, la demi-drow projetait d'y aller pour se tenir au courant de tous les événements ayant eu lieu depuis sa fuite. C'était également par là qu'il lui faudrait commencer pour accomplir sa vengeance, oui elle trouverait des indices là-bas.

-C'est la fin de l'après-midi. Vous voulez qu'on reste là monter un camp ou qu'on continue le chemin ? Cet encas était instructif en tout cas. Que fait on maintenant ? fil elle d'un ton suave.

Anna savait très bien fabriquer des abris avec ce qui lui tombait sous la main, elle n'avait aussi aucun mal non-plus à marcher des heures durant telle une mort-vivante. Elle attendait donc la réponse d'Asaliah, ce qu'elle déciderait lui conviendrait certainement.

[Désolée pour le petit délai, j'ai été pas mal occupée irl c'est dernier temps ]

Heureusement, Anna Fauyeur semblait aller beaucoup mieux qu'auparavant. Elle trouva comme seul mot à dire durant les longs discours de l'elfe que le mot merci... alors que celle-ci n'avait le goût que de lui répliquer que c'est elle-même qu'elle devait remercier, puisque c'était elle qui avait fait des efforts pour changer. Asaliah n'était qu'un souffle de plus pour l'aider à avancer plus vite, alors qu'elle marchait déjà d'un pas sûr vers la bonne voie, celle de la liberté de l'âme. Mais ce qui lui fit plaisir plus que tout, ce qui dépassait toutes ses attentes étaient se semblant de sourire qu'Anna lui offrait de plein gré. Certe, il était hésitant, mais celui-ci était la meilleure arme pour toucher un coeur, au point de faire bondir le coeur d'Asaliah dans une grande satisfaction de joie. Quelle rencontre étrange... ! Les voilà à présent réunies dans cette clairière paisible alors qu'elles s'étaient tout bonnement percutées au milieu de nul part. Croyant fortement au destin, Asaliah croyait coûte que coûte que ce hasard n'en était pas un. Rien n'arrive pour rien, après tout.

Elle écouta Anna prendre la parole et lui dire pleins de compliments, du sens qu'elle était un cadeau du ciel et qu'elle était à présent ouverte et prête à recevoir tout l'amour qu'elle lui offrirait. Elle élogea même sa mère en disant qu'elle devait être quelqu'un de très gentil, puisqu'elle l'était elle-même. Surprise par toutes ces flatteries, un teint rosé vint couvrir les joues de porcelaine d'Asaliah alors qu'elle détournait le regard par la gêne. C'était bien la première fois qu'on lui faisait tant d'éloge en si peu de temps !

-M...merci, balbutia-t-elle en relevant un regard timide vers elle, quoi que souriant et reconnaissant. Vos paroles me touchent au plus haut point... mais toutes ces éloges vous reviennent aussi, vous êtes tellement gentille envers moi. Et puis, merci de m'avoir confier vos tourments, c'est un signe de confiance et cela me prouve que vous ne devez pas me prendre pour n'importe qui.

Un petit sourire sincère et lumineux prit place sur son doux visage. Un moment de silence s'installa, un petit instant qui suffit à remettre en question leurs activités. Anna reprit la parole pour lui demander ce qu'elle comptait faire, maintenant. La journée était déjà bien avancée. Rivant son regard nature vers le ciel, elle examina celui-ci attentivement puis les paysages qui les entouraient.

-En effet, la fin d'après-midi est déjà arrivée. Le soleil se couchera dans quelque heure à peine, murmura-t-elle en remuant attentivement ses fines oreilles pointues.

Elle ne ressentait rien de dangereux aux alentours et puis, Leithan n'était toujours pas apparu pour l'avertir de quelconque danger, donc elles n'avaient rien à craindre. Prendre la route et essayer de trouver un autre endroit ou elles pourraient camper pourrait s'avérer plus difficile. Là, à cet endroit, elles avaient amplement d'espace et elles pourraient profiter du magnifique paysage.

-Je crois qu'il serait mieux de rester ici, décida-t-elle en hochant la tête pour elle-même. Car nous n'aurions peut-être pas la chance de trouver un endroit aussi propice si nous reprenions la route maintenant. Alors... montons ce campement et puis nous pourrons ensuite profiter de la magnifique soirée qui s'annonce ! s'exclama-t-elle d'un air enthousiaste en partant à courir vers le centre de la clairière. Elle se retourna quelques secondes d'après, les sourcils haussés. Alors, vous venez ?! Plus vite nous nous exécuterons et plus vite nous nous amuserons !

Son rire retentit et vint accompagner le chant des oiseaux. Déjà, elle examinait le sol à la recherche de longue branche solide qu'elle pourrait planter dans le sol en un cercle assez grand pour habriter les deux femmes. Sous son sac de voyage, elle prenait habitude de traîner de grande couverture de peau qu'elle roulait le plus petit possible. Ainsi donc, elle se mit à ramasser les longues branches et les ramena vers le centre de la clairière, s'affaisant à les planter solidement dans le sol et les faire pencher vers un centre. Après avoir fait la même chose avec plusieurs autres branches, elle déroula ses peaux et commença à les attacher aux branches à l'aide d'une corde avec laquelle elle attachait ses peaux sur son sac de voyage. Malheureusement, puisque l'abri était plus grand qu'à l'habitude, elle n'en avait guère assez.

-Oups... s'exclama-t-elle pour elle-même en se mordant la lèvre inférieure. ANNA ? cria-t-elle en cherchant celle-ci du regard, qui devait être aller chercher quelques objets utiles pour monter le campement. JE CROIS QUE NOUS AVONS UN PETIT PROBLÈME... ! continua-t-elle en la cherchant du regard, fixant le petit tipis qui manquait de peau pour recouvrir le 1/4 de la surface, en haut, les mains déposés sur ses hanches.

Ainsi donc, Asaliah préférait s'arrêter là pour la fin de journée, qu'il en soit ainsi, aucun problème. Cet endroit était comme magique pour elle, c'était là que, grâce à leurs efforts conjugués, Anna avait retrouvée un peu d'estime de soi, elle ne l'oublierait jamais. Les derniers sanglots de l'aventurière cédèrent enfin place à un visage tout neutre, l'elfe avait semblé heureuse lorsqu'elle avait sourit sincèrement, alors elle ferait attention à recommencer de temps en temps. Mais bien sûr, elle ne pourrait pas imiter son sourire éclatant qui devait être une caractéristique propre à sa race.

-Vous n'êtes pas n'importe qui... souffla Anna, pensant vraiment ce qu'elle disait.

Elle ne souhaitait pas particulièrement s'attarder sur ce sujet plutôt délicat car émouvant, cependant sa confidente ne l'était pas pour rien, ça non. Il avait fallu un long moment d'observation à Anna pour s'en convaincre, mais à présent qu'elle se rendait compte que sa gentillesse n'avait rien de surnaturel, la demi-drow lui resterait attachée et redevable pour son aide jusque dans la mort.

Les paroles de l'elfe s'accompagnèrent d'un hochement de tête lorsqu'elle conclut qu'il faudrait mieux établir le camp dans la clairière, elle s'enfuit aussitôt après en direction du centre et parla ensuite de s'amuser... oh... intéressante perspective, Anna se demandait bien à quoi elles pourraient s'amuser, comme Asaliah disait, elle avait hête de voir. Et puis La peur que l'elfe la trouble dans son rituel quotidien et solitaire était grande, mais avant tout, son attention était entièrement vouée à sa compagnon. Il faut dire qu'elle trouvait toujours un moyen de se rendre comique.

-D'accord ! Attendez moi là, je vais chercher du bois ! Il faut que vous restiez ici garder mes affaires, je ne vais prendre que mon épée afin de ne pas me ralentir. fit elle. la jeune femme esquissa un pas en direction de la lisière et reprit d'une voix inquiète. Surtout, ne bougez pas.

Comme si elle avait peur qu'à son retour, Asaliah ait disparue, ridicule. Oubliant ses inquiétudes stupides et essayant d'imiter le pas aérien de l'elfe, la bâtarde rejoignit en vitesse l'orée du bois. Sa silhouette musclée fut engloutit par la pénombre forestière de la fin d'après-midi au bout de quelques secondes seulement.

Allons bon... cet endroit regorgeait justement d'arbres morts aux branches cadavériques, quelle veine incroyable ! L'aventurière n'eut qu'à les trancher de sa lame, elle rassembla plusieurs branches sous son bras gauche. Lorsqu'elle entendit Asaliah qui là rappelait pour d'obscures raisons... un petit problème.

-ARRÊTEZ VOUS ME FAITES PEUR ! cria Anna en retour, très inquiète.

Laissant aussitôt retomber les bras des arbres dans l'intention manifeste de faire demi-tour, la demi-drow s'aperçut horrifiée que son ample jupe s'était empêtrée dans une ronce épineuse. Se sentant pressée elle tira dessus de toutes ses forces, alors qu'elle aurait très bien pu prendre le temps de se décrocher. Tant pis, encore un vêtement de perdu rien de plus, la déchirure dévoilait maintenant son mollet droit. Anna n'était pas loin du campement, mais elle se dépêcha. Asaliah était peut-être attaquée par un monstre ou dieu sait quoi...

-C'est pour cela que vous m'avez causée une telle frayeur... constata l'aventurière en arrivant sur place.

Elle se rapprocha de l'elfe, la bouche bée, et posa une main sur son épaule. De rapides coups d'oeil en tous sens lui apprirent qu'il n'y avait pas de danger en vue, il s'agissait donc effectivement d'un problème technique. Anna poussa un soupir de soulagement et lâcha Asaliah.

-Je vois... vous n'avez pas beaucoup de peau.

Décrivant de petits ronds autour de la tente improvisée, Fauyeur s'aperçut que c'était vraiment du bon travail. Il y avait là de la corde, de bonnes branches, bref... tout ce qu'il fallait à un tipis mis à pat le feu et la peau.

-Bien, je n'ai pas de peau, moi, il nous suffira de couper de grandes feuilles. J'en ai vues de bonne taille sur le chemin par lequel nous sommes venues. déclara elle. Nous pourrons très bien les assembler avec votre corde.

Anna était dans son domaine, elle n'imaginait pas que l'elfe puisse être si bien équipée. Cela là décevait un peu, car elle espérait avoir le loisir d'inverser les rôles et de l'instruire, pour une fois. Enfin, elle l'avait appelée à la rescousse pour si peu, comme quoi il y avait encore de l'espoir. Alors c'était là qu'elles allaient dormir, Asaliah n'avait même pas prit la peine de faire deux logis. A quand remontait la dernière fois où Anna avait dormit accompagnée ? Très longtemps, ses quinze ans avec son père. Il n'y avait eu aucune autre fois, en fait, elle n'avait laissé personne l'approcher de trop près en ville, et en pleine nature... aussi.

-Vous m'avez devancée Asaliah, mais votre tipis est parfait ! Bravo. Je vais donc cueillir les feuilles pendant que vous consolidez l'abri. Bougez pas.

Et Fauyeur repartit dans la direction opposée, elle trouva ce qu'elle cherchait facilement, il lui fallu escalader des troncs, tâche ardue mais à laquelle elle excellait. Une fois en haut, un coup d'épée précis lui permit de détacher sa toiture. Quand elle estima avoir recueilli suffisamment de remplace-couverture, la sang mêlée revint en trottinant, les vêtements salis par l'écorce couleur châtaigne. Elle trainait derrière elle un bel amas de branches feuillues qu'elle disposa au-dessus de la tente sans attendre. Examinant fièrement leur travail, elle annonça, épuisée :

-Je pense que c'est parfait maintenant. Anna hésitât. Je crois que je ne connais pas beaucoup de façon de passer le temps, hélas...

[Hj : pas grave... enfin z'espère que ça va aller mieux ! =D]

Asaliah fixait toujours le tipis pensivement alors qu'elle constatait qu'il manquait des peaux pour le terminer. Anna arriva bien vite au pas de course, semblant affolée. Toutefois, elle sembla se calmer aussitôt en voyant le pourquoi qu'elle l'avait appelée. Se sentant un peu mal, l'elfe se dit qu'elle aurait peut-être dû seulement attendre qu'elle revienne de la forêt afin de ne pas l'inquiéter. Écoutant attentivement les propos de sa nouvelle amie, un grand sourire prit bien vite place sur ses lèvres.

-Des feuilles, quelle merveilleuse idée ! s'exclama-t-elle vivement, les yeux grands ouverts, comme si elle venait de lui dévoiler la plus belle invention du monde. Je vous attend, donc !

Elle la regarda s'éloigner de nouveau en direction de la forêt, puis elle redéposa son regard sur le tipis. Elle essaya de le solidifier en renforçant les noeuds des cordages. Bien vite, elle n'eut plus rien à faire et puisqu'elle n'était pas habituée de rien faire, elle s'éloigna quelque peu à l'orée de la forêt malgré les avertissements de la demi-drow qui lui avait demandé de rester là. Se dépêchant afin de revenir le plus vite possible à son endroit d'origine, elle recueillit plusieurs branches mortes sur le sol afin de faire futurement un feu; Anna était ressortie du bois sans rien, peut-être avait-elle égarée ceux-ci en chemin ! Finalement, elle revint sur ses pas et laissa tomber le tapons de brindille au côté du tipis en même temps qu'Anna sortait de la forêt avec de grandes feuilles. Impressionnée, l'elfe souriait de toutes ses dents.

-Merveilleux ! Vous êtes sûrement allées chercher ses feuilles dans le haut d'un arbre ?! Quelle agilité vous avez ! la félicita-t-elle avec admiration.

Elle l'aida à terminer l'abri, puis elles se reculèrent enfin pour admirer le fruit de leur travail. Asaliah hocha la tête d'un air satisfaite, examinant chaque recoin du tipis avec attention.

-Nous avons fait du bon travail, nous pouvons en être fières ! s'exclama-t-elle d'un air ravi, le regard brillant. Pour ce qui est de passer le temps, laissez-vous guider par... vos impulsions ? Je ne sais pas si vous voyez ce que je vois, mais après avoir fait tout ceci, nous sommes un peu épuisées et la chaleur est à son comble... alors... ne voyez-vous pas quelque chose de tentant ?

N'étant pas assez précise et vu le regard interrogateur de son amie, Asaliah pointa la rivière d'un geste de main tout en roulant les yeux vers le ciel. Celle-ci serpentait doucement et sa surface brillait sous les doux rayons du soleil. On pouvait apercevoir le feuillage des arbres danser sous la faible brise.

-N'est-ce pas tentant ?! Alors.... je dis: PREMIÈRE À L'EAU ! cria-t-elle soudainement entre deux éclats de rire cristallin.

Elle s'élança vers la rivière au pas de course tout en retirant sa camisole blanche et ses pantalons amples sans compter ses bottes et autres courrois de cuir qui lui servait habituellement d'armure, jetant le tout sur la berge verdoyante jusqu'à se retrouver totalement nu. Cela ne semblait évidemment pas la déranger, elle était tout à son aise ! Riant toujours, elle poursuivit sa course jusqu'à la rivière, sa longue cascade de cheveux dorés étincellant sous les rayons du soleil. Ayant évidemment prit de l'avance, elle fut la première à plonger dans l'eau dans un plongeon gracieux, ne faisait à peine que quelques éclaboussures. Fermant les yeux sous la douce caresse de l'eau, elle battit fortement des pieds pour remonter à la surface, ses cheveux trempés lui collant au visage. Un grand sourire illuminait son visage.

-Alors, vous venez ?! s'exclama-t-elle tout en nageant de nouveau vers le bord, lui lançant de l'eau à l'aide de sa main, rieuse. Sautez... sans crainte... soyez libre, vivez la liberté !

-Oui malheureusement elles n'étaient pas à terre. fit Anna. Calquant sans originalité son sens de l'humour sur celui d'une connaissance.

Quel était ce vain espoir d'apprendre quelque chose à Asaliah ? L'elfe ne se débrouillait que trop bien pour monter les camps, leurs tipis en était des plus accueillants. Elle qui avait crue que sa nouvelle amie resterait sagement là sans bouger, ce n'était pas du tout le cas. Au contraire, elle avait largement contribué à la construction, ayant même fait le plus gros du travail. Sauf la toiture, qu'Anna avait ramenée des hautes branches d'un arbre inconnu de sa personne. Leur abri était solide et elles s'en réjouissaient toutes deux en souriant.

Spoiler:

Ensuite, quand l'aventurière aborda la question qui la taraudait tant, celle de s'amuser, Asaliah désigna la joyeuse rivière et se mit à parler d'impulsions avec ravissement, puis à rire. Anna appréciait cette jovialité qui émanait de tous les pores d'Asaliah, elle l'arrachait à ses déprimes quotidiennes.

-Vous n'y songez pas... murmura elle, comme pour s'en convaincre.

Mais oh que si, l'elfe y songeait. D'ailleurs elle hurla bientôt qu'il fallait se dépêcher d'aller dans l'eau, enfin c'est que qu'il sembla à Fauyeur. Au son suraigu, elle sursauta brutalement, tel un enfant pris en faute.

Sous le soleil pâle, Asaliah s'élança alors en une course solitaire. Anna n'aurait su dire avec certitude ce qui de l'astre ou de la chevelure brillait le plus. Sans doute les deux. Elle se débarrassa impudiquement de tous ses beaux vêtements, ce qui lui fit une drôle de surprise. Son cœur marqua une pulsation plus forte. Comme on pouvait s'y attendre, l'elfe était très jolie, elle là détailla brièvement du regard, toujours immobile.

Il y eut un discret bruit d'eau lorsque Asaliah plongea, Anna se rapprocha alors du bord et là vit remonter en surface, les cheveux collés au corps et le sourire éclatant, elle lui rendit son sourire sincèrement. Toujours en riant, elle revint sur le côté, l'éclaboussant volontairement et là suppliant de venir d'une fort belle façon. Aux mots de vivez la liberté, Anna réagit. Cependant, ce aurait été n'importe qui d'autre, il se serait fait tranché la tête. L'aventurière parti d'un rire franc, ce qu'elle s'apprêtait à faire était fantastique, inouï, elle se détendait.

-C'est une provocation, Asaliah ? dit elle d'un ton éclatant de bonne humeur. Très bien, soit, ouvrez grand les yeux !

Quoi qu'elle fasse, Anna serait de toutes façon obligée de s'exhiber. Alors répondant à l'appel de son amie, elle se dévêtit complètement, posant ses habits un peu plus loin derrière elle pour se glisser dans l'eau, sans plonger toutefois. L'eau était beaucoup plus froide que celle du lac de Rioska, mais elle tint bon. Chanceux les elfes que de ne pas connaitre le froid. Elle n'aurait jamais fait cela avant, néanmoins son désir de changer était fort.

Restant accrochée au bord, la demi-drow s'enfonça pas à pas dans le liquide, elle avait grand peur de se noyer comme elle ne savait pas nager. En commençant par ses jambes et bientôt son buste, ses mains glacés agrippaient fermement le bord. L'aventurière se laissait flotter doucement et passivement, les jets d'eau envoyés par Asaliah la rafraichissait agréablement. Une pensée l'effleura, elles auraient un mal fou à se sécher vu que l'après-midi touchait à sa fin...

-Apprenez moi à nager, j'aimerais tellement !

Joignant le geste à la parole, Anna se lâcha d'un coup et... coula telle une lourde pierre grise. Aveuglée, elle battit des bras comme un damnée et réussit à se donner l'impulsion nécessaire pour se retrouver à la surface, à son grand soulagement. Puis, prise d'une soudaine inquiétude au fait que la descente ne recommence, elle chercha vivement du regard quelque chose à quoi se tenir et ne vit que son amie. Ni une ni deux, la demie s'accrocha à Asaliah par pur réflexe dans une étreinte terrorisée.

L'elfe arrosait toujours la demi-drow en l'invitant tout bonnement à venir la rejoindre, son rire mélodieux se percutant en écho dans la clairière déserte. Elle se sentait bien, là, dans la rivière rafraichissante qui l'appaisait... comme elle aimait l'eau ! Anna lui demanda si c'était une provocation et d'ouvrir bien grand les yeux.

-Ils sont déjà ouverts, mais bon, oui, je regarde ! s'exclama-t-elle en blaguant tout en gardant les yeux fixés sur elle.

Elle retira à son tour ses vêtements et Asaliah, étant habituée à de telle chose puisqu'avec sa mère elles n'avaient guère de gêne vue qu'elle habitait en pleine nature, la regarda toutefois un peu plus longtemps qu'il ne le fallait. Ce teint... grisâtre ! C'était fort différent du sien et de sa mère, quoi que son corps restait toujours harmonieux et bien découpé. D'ailleurs, ses cheveux sombres contrastraient bien avec la couleur de ses yeux et de sa peau... enfin bref, ce n'était pas la couleur qui faisait la beauté, mais en ce moment, c'était le sourire sincère que fit la demi-drow qui lui donna toute la beauté possible. Encore un pincement au coeur; comme il lui faisait du bien de voir sa nouvelle amie sourire ! C'était tout ce qu'elle voulait; qu'elle se laisse aller et qu'elle s'abandonner aux joies du bonheur pur et simple.

Asaliah ne sut si Anna avait peur de l'eau ou la trouvait froide, mais celle-ci semblait y rentrer avec la plus grande précaution, n'avançant que petit peu par petit peu. Évidemment, elle n'aurait jamais gagné cette course contre l'elfe ! Un sourire amusé sur les lèvres, elle resta planter là à la regarder s'aggriper contre le rebord de la berge, s'amusant à se laissait flotter sur l'eau.

-Alors, vous aimez ?! Quoi de mieux qu'une petite baignade pour s'apaiser après une longue journée, s'exclama-t-elle d'un ton enjoué.

Anna lui demanda alors de lui apprendre à nager. Fronçant les sourcils, Asaliah se demandait comment lui apprendre une telle chose, c'était naturelle, après tout, non ? Peut-être n'était-elle pas habituée à de telle baignade en nature ! La demi-drow lâcha alors le bord et s'engouffra dans les eaux en remontant en état de panique, cherchant visiblement quelque chose à quoi s'accrocher. Asaliah s'avança aussitôt vers elle avec deux trois battements de jambe pour l'aider, mais celle-ci s'aggripa bien vite à elle, le regard effrayé. Elle empoigna sa taille d'une main et de l'autre, ainsi que de ses jambes, elle battit fortement pour se rapprocher un peu plus de la rive puisqu'elle ne touchait pas dans le fond et menaçait de caller sous les deux poids. Étant heureusement non loin du bord, elle réussit à prendre pied sur le fond rocailleux, puis ne trouva d'autre qu'à lâche un doux rire mélodieux.

-Hé, attention... s'aggrippez après quelqu'un comme cela lorsqu'il ne touche pas le fond peut être dangereux, lui expliqua-t-elle doucement, un sourire sur les lèvres. Mais oui, je veux bien vous apprendre à nager. Aggripez-vous de nouveau après le bord de la rive.

Curieusement, ce contact lui plaisait, celui de deux corps chauds l'un contre l'autre et c'est un peu avec regrès qu'elle regarda Anna suivre ses instructions (si tu n'es pas d'accord j'éditerai XD). Elle lui expliqua ensuite que lorsqu'elle lâchait le rebord, elle devait en permanence battre des pieds si elle ne voulait pas s'enfoncer ou encore, faire l'étoile. Asaliah lui fit une courte démonstration puis lui montra quelques mouvements de base, puis l'invita à venir la rejoindre à la nage, en faisant des mouvements de bras et de pieds comme elle venait de lui montrer. Toutefois, elle précisa de ne pas s'aggripez à elle et de plutôt refaire demi-tour pour aller reprendre pied à l'endroit de départ.

-Alors, êtes-vous prête ?! Ne craignez rien, les risques de noyade ici sont bien minimes, et à vous voir vous débattre tout à l'heure pour remonter à la surface, je crains que la mer ne gagne sur vous ! lui dit-elle tout en lâchant un rire cristallin.

Alors, l'elfe s'élança dans l'eau en quelques brasses pour aller à un endroit ou il était impossible de toucher le sol, sans être trop loin de la berge et se retourna vers Anna, faisant du sur-place.

-Je vous attend !

Déjà, le soleil commençait à se coucher sur les landes paisibles de Miradelphia. La cime des arbres étaient baignés par les lueurs de l'astre couchant et l'air commençait à se faire un peu plus frisquet.

La jeune femme poussa un bruyant soupir de soulagement justifié lorsque Asaliah la ramena en sécurité jusqu'à la rive, ses pieds touchaient enfin le fond, elle aurait pu se faire emporter par le faible courant, quoi qu'en disait Asaliah. Sa merveilleuse amie l'avait en fait délicieusement agrippée par les jambes et la taille pour la reconduire ici. Toujours en la tenant, elle lui expliqua ensuite qu'il fallait qu'elle fasse plus attention enocre, que ce pouvait être dangereux d'attraper quelqu'un qui ne touchait pas terre, et lui dit aussi qu'elle était d'accord pour lui apprendre à nager. Oui elle avait été bien stupide de se laisser choir comme cela, il lui aurait fallu d'abord demander conseil. Mais elle se rattraperait immédiatement, il n'était pas trop tard.

-Génial ! Je m'y attèle. Oh ! Et il va falloir me lâcher, que je puisse me déplacer. fit elle avec un zeste d'ironie et de la tendresse, un sourire malicieux sur les lèvres.

La demi-drow se dégagea d'un coup du corps à corps qu'elle faisait avec Asaliah et prit appui sur le rebord, faisant face à l'elfe. Elle réalisa ensuite qu'elle avait sentie distinctement les mains délicates de son amie s'attarder légèrement le long de sa taille mince. Et elle ne s'offusqua pas pour si peu. De toutes façon si elle pouvait faire plaisir à Asaliah de quelques manière que ce soit, la demie ne demandait pas mieux. Elle se rappela aussi brièvement le geste consolateur qu'elle avait eu pour elle précédemment, à quel point elle s'était sentie bien dans ses bras, bien mieux que dans l'eau où elle n'était guère à l'aise, par exemple. Et après tout, si Anna n'avait pas eu la malchance de s'engouffrer, ce ne serait sans doute jamais arrivé. Il n'y avait donc absolument rien d'anormal à ses yeux, elle fit juste une moue interrogatrice pour marquer sa surprise, en se demandant si elle n'avait pas eu raison sur la nature de leurs rapports. Cependant elle était dors et déjà persuadée du désintérêt et de la gentillesse d'Asaliah.

-D'accord, je vois. Articula elle après avoir attentivement écouté les instructions. Il me faut battre des pieds, ou... euh... drôle de position hihi. Faire l'étoile, c'est ça ?

Difficile d'imaginer à quel point cette technique devenait impudique une fois nu, cela causait inévitablement de la gêne, a part entre deux amants bien sûr. L'elfe s'écarta ensuite d'elle en quelques brases, elle était maintenant dans le profond de la rivière et elles se regardèrent, toujours rayonnantes de bonheur, elle l'invitait à la rejoindre de nouveau. Anna ne sut plus très bien pendant un court instant si elle nageait au fond des yeux verts de son amie ou d'un banal cours d'eau, sûrement les deux à la fois.

-Je viens jusqu'à vous. clama elle, impatiente.

Quand Anna vouvoyait Asaliah, c'était différent d'un vouvoiement commun, il était du uniquement au respect qu'elle voulait lui témoigner. Combien de temps encore résisterait elle donc à l'appel du tutoiement .. ? Bonne question. La jeune femme se jeta follement sur son amie campeuse, battant des jambes et des bras comme elle le lui avait enseignée. Ce n'était pas si difficile qu'elle ne l'aurait crue, elle y parvint assez facilement à son grand hébétement, et regagna aussitôt la bord par le même chemin aquatique.

-Tu as vu ? J'ai réussi ! Oups, pardon... on se vouvoie, non ? Bon, moi je commence à avoir froid, je sors, nous continuerons un autre fois.

La réponse était : pas très longtemps. En effet, cette leçon bien que rapide avait été éprouvante pour la demi-drow, elle s'appuya aux rebords et parvint à se hisser sur la terre ferme et herbeuse. Conservant un peu de pudeur, elle se mit de côté pour cacher ses parties les plus intimes, avant de réaliser que si elle s'habillait, ses vêtement deviendraient malheureusement trempés.

-Ah... euh... Asaliah, les habits. Comment je vais faire ? dit elle d'une voix fluette. Puis désolé d'être sortie, mais l'eau était froide... J'ai bien appris quand même, merci.

Anna lança quelques coups d'oeil, autour d'elle, elle ne voyait pas trente-six solutions, il lui fallait s'étendre comme lorsque l'on bronze paresseusement, profiter des derniers rayons de soleil pour évaporer l'humidité qui l'entourait. Demander à l'elfe de ne pas regarder .. ? Non non, ce serait impoli et elle était assez intelligente pour agir au mieux. Sa seule peur était d'être mal considérée par son amie, car pour elle, elle ferait absolument n'importe quoi... et... quand elle pensait à elle... une sensation bizarre la gagnait.

-Bon allez... je me sèche !

Avec maintes précautions, la demi-drow s'allongea sur le ventre, afin d'éviter dans un premier temps de trop exposer sa poitrine ronde et son entrejambe. la situation était certes délicate, cependant la confiance ambiante la tolérait aisément. De plus il leur fallait agir vite avant que la chaleur ne s'en aille, les laissant froides.