Une âme tourmentée... (Libre)

C'était une nuit sans lune. Une nuit noire, ténébreuse, et aussi morose que l'essence de Damps, qui avançait le long un chemin inconnu, où il avait passé les deux dernières heures, en traînant franchement les pieds alors que l’heure du départ vers Nelen approchait... Le "Chemin de Sang", visiblement aussi tourmenté que son âme à l'heure actuelle. La nuit était propice à la cogitation, c'était bien connu... Ainsi, le Silencieux était partit se recueillir au fin fond de ce sentier obscur. Pourquoi ? Parce qu'une voix intérieure s'adressait à lui à chaque fois que tombait le crépuscule... Parce qu'il cherchait un sens à sa vie, au-delà de l'obeissance, de l'ordre et de l'honneur... Enfin... Quel honneur à être un assassin. Le crime le faisait vivre, certes, mais ne pouvait satisfaire ses besoins les plus profonds. Il ne voulait pas la paix non plus, ni le prestige. Il ne ressemblait en rien à son père. Mais que voulait-il, au fond ?

- Le pouvoir, mon ami... Le pouvoir. Empare-toi de lui, maîtrise le. Qu'ils meurent pour toi. Tue celle qui t'a trop longtemps contrôlé...

"Mais... Qui.. Qui es-tu... Sors de ma tête..."

- Elle t'a causé trop de tort. Tu as toujours été dans l'ombre. Profite de son malheur, un coup de poignard dans le dos et ton calvaire est fini.

"Taits-toi, par pitié..."

Les derniers mots de la voix l’avaient toutefois touché. Mais il ne fallait pas céder… préserver son honneur, rester avec ceux qui l'avaient toujours considérés... ne pas déçevoir sa mère défunte, ne pas se faire voir, rester discret et impénétrable… ne pas tomber dans la violence gratuite. Il en avait toujours eu l’intention mais… La voix s’éteignit un instant. Elle laissa le silence les envelopper quelques secondes alors que ses pensées étaient dirigées vers le drame qui l’avait touché personnellement, trois ans plus tôt. Le meurtre de sa mère. La perte de son dernier repère. Comment rester saint après celà ? Il avait besoin de s'affirmer.

"Donnez-moi juste un peu de temps pour en être persuadé..." se contenta-t-il, pour finir, de répondre dans un murmure à sa voix intérieure.

Alors qu’il s’apprêtait à tourner vers un chemin plus boisé, il ressentit une vive douleur se diffuser dans tout le corps et le submerger, l’obligeant à se plier en deux, et à s’effondrer à genoux. La respiration coupée, il essaya de calmer les tremblements qui l’avaient saisi alors que ses forces l’abandonnaient peu à peu. Il s’assit plus confortablement, adossé au premier arbre dans une tentative un peu désespérée de modérer cette violente et soudaine vague de souffrance. Enfin pas si soudaine que cela, il devait l’avouer. Cela faisait à présent plusieurs jours, voir semaines, qu’il ressentait courbatures et piques subites de douleur musculaire ou articulaire. Mais il les avait délibérément ignoré sachant pertinemment leur cause et ayant d'autres choses à faire que de s'occuper de quelques "tiraillements". Mais son corps commençait sérieusement à ressentir le manque répétitif de sommeil. Ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait. Quelques années auparavant, Damps avait abusé très sérieusement de la vie nocturne de Diantra, tout en ayant des responsabilités de jour l’empêchant de dormir.

Le résultat avait été identique à moindre échelle, sa mère ayant veillé au grain. Mais là, il n’y avait eu personne ayant eu une influence suffisante pour le dominer et l’obliger à calmer le rythme. Résultat, il était assis comme un con sous un froid glacial, à plus de deux heures du matin, à essayer de respirer, ses muscles intercostaux ne l’entendant pas de cette oreille, et dans l’incapacité de bouger, le moindre geste lui arrachant un cri de douleur. Manquerait plus qu’il panique et c’était le pompon. Il préféra appuyer sa tête contre l'arbre et fermer les yeux dans l’obscurité relative du chemin, tenant une torche qui offrait tout de même un peu de lumière. Mais la détresse physique dans laquelle il se trouvait ne l’empêcha pas d’entendre des pas approcher. Qui cela pouvait être, à cette heure tardive ? Il n’en avait aucune idée mais il savait qu’il n’appréciait pas l’idée d’être découvert ainsi, qui que ce soit. Mais, la respiration saccadée, il n’avait absolument pas la force de se lever. Dommage… Il allait devoir affronter le nouveau venu, espérant simplement que ce ne soit pas un soldat.

Zakeron grommelait tout seul depuis plusieurs heures. Grogner, c'était presque la seule chose qu'il savait faire. Il ne savait pas pourquoi ça le défoulait autant, quand il n'avait personne à torturer.

Le demi-drow leva les yeux vers les étoiles. Elles n'éclairaient pas assez son chemin et il avait oublié d'emporter une torche ! C'était bien pratique d'avoir deux épées bâtardes, une longue épée à deux mains et une armure en plaques un peu usagée... S'il tombait sur un ennemi, il saurait se défendre ! Mais pourquoi diable avait-il oublié sa satanée torche ?

Grognant de plus bel, Zakeron reprit son chemin. Il venait d'installer sa tanière près de l'avant-post drows de Yutar, mais il commençait à le regretter. Ces drows étaient trop fiers pour acheter les services d'un mercenaire d'escorte ! Si Zakeron voulait du travail et un nom, il allait devoir chercher chez les humains !

Ah ça, ça ne lui plaisait pas du tout. Quoique... revoir les petites humaines le tentait bien ! Les femmes drows étaient toujours séduites par sa musculature, mais elles le méprisaient de part sa condition d'hybride. Les humaines... Et bien elles étaient moins sexy mais il ne leur laisserait pas le choix ! Elles avaient rarement un couteau dans la main !

Zakeron empruntait donc la route du sang en direction de Diantra. Ses yeux rose-violet luisaient, ce qui les rendaient très brillants dans la nuit environnante. Il ne devait pas passer inaperçu, mais il s'en moquait complètement. Au contraire, un peu d'action ne lui ferait pas de mal !

Alors qu'il marchait ainsi, il repéra une silhouette, un homme appuyant sa tête contre un tronc d'arbre, enveloppé dans une cape apparemment noire. Mais de nuit, il était difficile de juger... Zakeron sentit un sourire étirer ses lèvres et il tira les deux épées qu'il avait dans son dos.

- Eh toi ! interpella-t-il, d'une voix grave et ténébreuse qu'il s'appliquait à rendre désagréable. Bouge ton postérieur et montre-moi ta face de rat !

Il préférait tout de même garder une distance raisonnable. Si jamais il tombait sur un drow, un de ses aînés, il savait pertinemment qu'il ne serait pas de taille. Et même si l'idée lui déplaisait, il devrait fuir.

*Fuir ? Et puis quoi encore ! Vaincre ou mourir !*

Zakeron plissa les yeux. Décidement, il était trop repérable la nuit ! Jamais il ne pourrait se cacher dans le noir...

Quand Damps vit la silhouette d'un homme s'approcher, il ne s'attendait pas à voir dans la lumière de la torche un Drow féroce qui s'apprêtait à l'attaquer, grognant et lui déblatérant des mots qu'il ne comprit qu'à moitié. Le regard émeraude du Silencieux se posa dans les yeux luisants de l'agresseur, oubliant l'incertitude et la vague de souffrance qui l'avait envahit quelques secondes plus tôt. A vrai dire, sa venue le soulageait un peu, il se sentait si seul sur cette route sombre.

Dans un sursaut d'orgueil qui répondait parfaitement aux paroles outragantes du Drow à la voix grave, l'Assassin de Diantra dégaina un poignard, le fameux poignard situé à l'arrière de son mollet gauche, et le lança en direction même de Zakeron dans un geste vif et surpuissant. En direction de sa jambe droite plus précisément. Malgré les récentes douleurs, Damps n'était pas en position de faiblesse, non... L'entrainement qu'il avait subit dans les geôles de Diantra l'avait préparé à n'importe quelle éventualité... Ce qui ne l'empêchait pas d'afficher son habituel air neutre et impénétrable.

"Encore un fou qui pense m'intimider."

Et le regard qu’il adressa au Drow était clair. Il en avait vu tellement, des types de son genre, drows, elfes ou encore humains, qu'il ne pouvait même plus les compter... Il n'était même pas venu à l'idée de Damps que celui-ci pouvait le blesser. Un tel manque de tact, de classe et de discrétion : ou ce drow avait une idée derrière la tête, ou alors il était véritablement stupide... Il aurait très bien pu le prendre par surprise, même si Damps était toujours aux aguets même lorsqu'il dormait, réflexe de rôdeur oblige.

Mais maintenant qu'il était là, devant lui, qu'il l'avait littéralement provoqué en duel, osant même dégainer ses épées ridicules, il ne repartirait pas... du moins pas vivant. Oh, il en avait épargné quelques uns, mais pour de bonnes raisons... Là, il faudrait vraiment trouver un bon prétexte pour lui laisser la vie sauve. Qu'on se le dise, cette nuit sans lune sera sanglante...

"Tu crois vraiment m'impressionner ?" demanda-t-il sur le ton mordant qui le caractérisait signifiant à peu prés 'baisse le regard ou tu en subiras un revers cuisant'.

Mais non content de sa nouvelle rencontre, Damps voulait déjà abréger la discussion et après le poignard, ce fut au tour de la torche de voler, dans la direction du Drow, menaçant de s'éteindre si elle tombait au sol et ainsi de plonger les deux protagonistes dans une parfaite obscurité... Damps en profiterait alors pour se déplacer en toute tranquilité. Dans le cas contraire, il se contenterait d'attendre que son interlocuteur fou passe à l'action, et le calmerait à la force de ses bras et de ses jambes... Ou bien le tuerait à l'aide d'un de ses nombreux poignard... Mais autant s'amuser tant qu'il le pouvait.

"Je suis Damps... Tu es plutôt mal tombé."

Zakeron vit la lame étinceler mais il n'esquiva pas à temps. Heureusement, son armure joua bien son rôle de protection, même si la lame s'y planta franchement, entammant un peu sa chaire. Zakeron grogna, furieux. Son armure ne valait plus rien !

"Encore un fou qui pense m'intimider. Surveille tes arrières."

Zakeron dévisagea l'inconnu. Lui qui pensait trouver un voyageur égaré, il tombait sur un homme entraîné... Un humain, en apparence. Bah, il pourrait s'amuser à le dépecer après l'avoir tué ! Pourtant, Zakeron était sur ses gardes. Cet adversaire ne semblait pas aussi faible qu'il l'avait cru et il se demandait s'il était raisonnable de poursuivre.

*Pff. La raison ? Ah ! Je vais t'en faire des lamelles, de cet inconscient !*

L'inconnu lui adressa un regard méprisant et sûr de lui. Il n'imaginait pas un seul instant perdre contre lui... Il n'avait pas peur ! Zakeron dissimula sa surprise. Un humain qui n'avait pas peur de lui ! C'était à noter dans son journal !

"Tu crois vraiment m'impressionner ?"

L'humain lui jeta un regard à faire frémir un petit guerrier, un regard de dissuasion qui manqua de faire éclater de rire le demi-drow. Cet ignorant n'avait pas grandi entouré de drows menaçants, lui ! S'il croyait lui faire peur, il se trompait ! Des regards de ce genre, Zakeron n'avait connu que ça. Hormis le regard déformé de terreur de ses victimes.
L'inconnu lui lança la torche, qui s'éteignit en tombant sur le sol. Zakeron grogna mais il pouvait encore distinguer la silhouette de son adversaire. En revanche, si lui il le distinguait à peine, il savait que son ennemi ne risquait pas de le manquer ! Ses yeux roses dont il avait tellement honte étaient un vrai phare ! Bon, la situation se compliquait. Zakeron avait l'avantage de l'armure, ou presque, et son adversaire avait l'avantage de l'obscurité. C'était mal parti...

"Troubler mon repos te vaudra un aller simple pour l'au-delà..."

Zakeron jura grossièrement et vit tourner ses épées, prêt à combattre.

*Et puis après tout, pourquoi attendre qu'il me frappe, ce petit prétentieux ? Tant que je le vois !*

Le demi-drow baissa légèrement la tête, ses épées écartées de son torse et prêtes à se refermer, puis il fonça vers son ennemi en poussant un cri rauque.

- Tu aurais mieux fait de courir, insecte !

Zakeron lança son attaque, oubliant qu'il avait toujours la dague plantée dans son armure. Ses deux épées vibraient l'air avec rapidité. Pour survivre, Zakeron n'avait pas eu d'autres choix que de travailler sa force et sa vitesse. Mais son armure le gênait un peu...

[hrp : vu la puissance de nos persos, je dois perdre, mais essaye de faire un peu durer le plaisir :D .]

Un peu surpris d'avoir touché le Drow alors que le combat débutait à peine, Damps parut s'immobiliser dans l'obscurité, épiant les moindres faits et gestes de son adversaire. Rien ne l'obligeait à continuer, mais il voulait être sûr qu'il avait à faire à un véritable guerrier, et non à un fou qui ne tenait pas à la vie. Hélas pour le nouveau venu il fut conforté dans sa deuxième idée, puisque déjà le Drow à la voix rauque fonçait droit sur lui sans aucun plan digne du stratège qu'était Damps, semblant décidément avoir perdu le goût de la vie... Pourtant rien n'était prédit, et si l'issue du combat ne semblait pas de bonne augure pour le pauvre Zakeron, c'était sans compter les récentes convulsions qui avaient parcourus le corps du Silencieux... Aussi alors qu'il ne s'y attendait pas, une vague de douleur secoua les membres de Damps qui ne put esquiver l'attaque de son ennemi qu'au dernier moment, encaissant par ailleurs un sérieux coup au bras gauche, qui lui fit perdre l'équilibre...

" Pas maintenant... merde... "

Dans une tentative presque désespérée de mettre fin au combat rapidement, Damps sortit une dague de sa manche et la jeta en direction de la nuque de Zakeron, alors que celui-ci était toujours de dos... Aurait-il le temps d'esquiver le projectile, munie de son armure apparament encombrante ?


[ Petit post... J'ai fais comme j'ai pu ^^ ]

[hrp : pas de problème . C'est un peu court moi aussi...]

Zakeron remarqua aussitôt que son adversaire n'était pas au mieux de sa forme. Quel dommage ! Il semblait avoir la prétention pour révéler de véritables capacités ! Ou alors il voulait se donner un genre... Zakeron était déçu, son sang guerrier bouillonnait dans ses veines et il aurait voulu quelque chose de plus intéressant.

Zakeron manqua de peu son adversaire, mais ce dernier se ressaisit vite et lui lança une dague,en direction de sa nuque. Zakeron n'aurait sans doute pas pu la voir, avec l'obscurité mais surtout à cause de son champ de vision. Mais il en fallait plus. Après toutes ces années d'entraînement et de maltraitance, il avait appris à sentir le danger. Lorsque la dague partit, Zakeron ne bougea sur la tête, la penchant sur le côté pour que l'arme continue sa trajectoire en allant se figer dans l'arbre. Avec son armure il bougeait moins vite, mais sa tête n'était pas alourdie pas un casque...

- Intéressant ! admit Zakeron, en jetant à l'humain un regard intrigué. Très intéressant...

Il n'était vraiment pas à prendre à la légère. Mais Zakeron n'éprouvait aucun plaisir à affronter un guerrier mal en point. C'était pour lui comme frapper un homme à terre. Ca ne dérangeait pas la plupart des drows, mais Zakeron respectait toujours les talents de combattants des autres. Même si, souvent, ça l'agaçait. Il ne pouvait pas l'affronter comme ça, ça n'avait aucun intérêt.

- Je suis Zakeron le mercenaire. Quel est ton nom, guerrier malade ? Et je t'épergnerai !

Il savait qu'il touchait là la corde sensible de tout combattant qui se respecte. Jamais un bon guerrier ne demandait grâce ! Jamais un bon guerrier n'appréciait ce genre de proposition douteuse ! C'était une manière de le tester. Bien sûr, Zakeron restait sur ses gardes. Qui sait ? Il était peut-être plus fou que lui !