*. Fuite effrenée (PV Daneva)

Le givre recouvrait la ville, la faisant briller légèrement, par se froid matin d’hiver. De petits flocons argentés collaient les toits, la buée les vitres et une brise glaciale soufflait. Les habitants de Diantra restaient chez eux au coin du feu. Du mois, pour ceux qui en avaient les moyens… Les autres, grommelant et emmitouflés dans de chauds manteaux, se risquaient dehors pour se rendre sur leurs lieux de travail. Les marchants ambulants annonçaient les prix en hurlant et vantaient leurs produits en créant une brume légère devant leur bouche, dans l’air froid. Les mendiants grelottaient en reniflant tandis que les passants passaient… Sans les voir. Les chiens errant aboyaient, la tête basse, les pattes gelées sur les pavés froids et les oiseaux se cachaient dans des recoins pour essayer de trouver un peu de chaleur. Toute la ville sommeillait dans le froid.

Kyra ne souffrait pas du froid mais de l’absence d’activité des habitants par ce temps. Elle se tenait droite sur un toit glissant, face à une place peu fréquentée. Elle portait une capuche sombre qui lui couvrait le visage et cachait ses cheveux. La jeune voleuse chercha des yeux un butin intéressant. Là, une vielle dame avec un panier rempli de bûches pour l’hiver, ici, une fillette et son cartable d’école... Son regard violet s’arrêta. Il s’arrêta brusquement sur un petit homme aux cheveux grisonnant qui portait de somptueux bijoux et… Gardé par un mercenaire imposant. Si Kyra n’hésite jamais, elle n’est pas folle. Fronçant les sourcils, elle évalua ces chances. Un sourire démoniaque s’inscrit sur ses lèvres. Elle prend.

Elle suivit ses victimes, discrète à son habitude. Le bourgeois et son garde se dirigeaient apparemment vers la place principale, où il y avait plus de monde. Il fallait les arrêter avant ! Kyra se prépara. Arc tendu, elle vise. Lache la corde. Première flèche qui fend l’air. Le garde se retourne vivement pour l’arrêter, à temps, de sa main nue. La flèche la transperce tendit qu’il grogne de rage. Bien vu nigaud, plus qu’un main ! La demi-Drow passa à l’action. D’un bon vif, elle fondit sur lui, l’épée brandie. Le mercenaire dégaina la sienne, plus lourde, de sa main valide. Il se plaça devant son maître et son bras musculeux décrivit un cercle mortel. Kyra, bien plus rapide, l’évita sans difficulté et son épée déchira le flanc de son adversaire.

Après quelques coups bien portés, elle l’envoya agoniser plus loin. Elle saignait légèrement au bras mais elle en avait vu d’autres ! La jeune fille tourna son regard violet perçant vers le bourgeois qui tremblotait. Celui-ci eu un sursaut apeuré et prit ses jambes à son coup. Kyra courut à sa suite et le rattrapa sans mal. Elle l’acheva d’un coup violent porté à la nuque et s’accroupit. Elle le dépouilla soigneusement de ses parures de valeurs et de sa grosse montre d’argent qu’elle fourra dans sa sacoche de cuir
> Eh! Toi là-bas !
C’est maintenant que les ennuis commencèrent…

Trois soldats armés jusqu’aux dents se tenaient là. Ils dégainèrent leurs armes et fondirent sur elle en poussant des cris de guerres. Ils étaient brutes et lents mais Kyra avait déjà combattu pour aujourd’hui… Elle prit la fuite dans les ruelles étroites qu’elle ne connaissait que trop bien. Hélas, un autre groupe d’hommes l’attendaient en face, sur des montures fines et racées. Débuta alors une course effrainnée. Kyra courrait, bondissait, grimpait, descendait, sautait, et, parfois, faisait un vif écart pour éviter la flèche d’une arbalète. Ces poursuivants ne la lâchaient pas et le temps passait…

Finalement, elle opta pour la ruse. Sans réfléchir, elle bondit dans une cheminée immense pour attendre le cœur battant qu’ils passent… Ils passèrent. Elle attendit un moment et sortit, couverte de suie. Elle s’épousseta brièvement et se laissa tomber, dos à la cheminée. Elle haletait, éreintée, mais elle avait réussi. Dans sa sacoche, de précieux bijoux d’argent, d’or et de pierres précieuses. Elle poussa un soupir et se releva. Il ne fallait pas traîner ici. Mais elle ne fit pas un pas. Quelqu’un l’observait…

Le froid avait atteint son but : tous les Diantrois grelottaient, cachés sous de lourds édredons ou sous quelques haillons. Tous ? Non ! Une poignée de dangereux assassins s’activaient encore et toujours sous la ville, ignorant le froid et l’engourdissement. C’est dans un silence complet qu’il oeuvraient, travaillant à remettre sur pied une guilde trop longtemps oubliée. La fourmilière prenait de plus en plus d’ampleur. D’abord installée au fond d’une cave humide, la reine s’était décidée à aller pondre ailleurs, dans les égouts très exactement. Et bientôt, même cela ne serait plus suffisant : ils se rendraient à Nelen, et feraient de l’île la leur. Il y avait encore tant de travail… Surtout que la reine en question allait quitter la ville, pour un temps seulement. Soif d’aventures, de paysages nouveaux, appât du gain, fuite du danger diantrois ou mission de recrutement parmi les nains que Kirgan ? Sans doute un peu de tout ça, personne n’aurait su le dire, même pas elle.

Une chose l’inquiétait plus que tout : une fois hors de la ville, de qui viendraient les ordres ? Les membres de la Compagnie étaient persuadés de l’existence d’un chef, le supérieur de Daneva. Un certain Pahe, que personne n’avait jamais vu… Simplement un personnage imaginaire inventé par la jeune femme pour deux raisons évidentes : éloigner les éventuels complots contre sa personne, et surtout ne pas laisser penser à ces hommes qu’ils étaient dirigés par une femme. Si ils l’apprenaient… Elle n’osait penser à ce qui arriverait. Ses meilleurs éléments avaient malheureusement un très mauvais penchant pour le machisme… Il faudrait bien qu’elle évente la ruse un jour ou l’autre, mais pas aujourd’hui. Ni demain. Elle attendait le bon moment, quand tout serait prêt, avec des gens de confiance pour la protéger, lorsque sa compétence en haut de la hiérarchie ne serait plus à prouver.

Le problème des ordres restant entier, elle avait annoncé que Pahe n’était toujours pas disposer à se montrer, mais qu’il ordonnait un recrutement massif et une discrétion à toute épreuve de la part des membres. Cela suffirait pour un mois ou deux… Quand Dane reviendrait, les effectifs auraient doublé et les gars seraient prêt à déplacer la base vers la chaude Nelen. Ceci était donc la dernière soirée qu’elle passait dans la ville. Le lendemain matin, elle irait acheter un cheval chez ce gros marchand de renommé près de la porte nord, et s’en irait retrouver ses compagnons de voyage. Cependant, cette soirée s’annonçait mouvementée : du bruit, quelques ruelles plus loin, attira son attention alors qu’elle sortait d’une bouche d’égouts. A la manière d’un chat, elle se dirigea vers le lieu du tumulte et observa, cachée dans l’ombre, le meurtre qui avait lieu sous ses yeux.

Ses yeux se plissèrent, et sa bouche se déforma en une grimace. Cette jeune personne n’était pas vraiment douée dans l’art du vol, et semblait tuer pour n’importe quel motif. Même avant d’avoir rencontré Valkayre, Daneva n’avait jamais exécuté d'innocents passants de la sorte. Et de toute façon, elle n’en avait pas besoin… Ce noble, elle aurait pu le dépouiller de tous ses bijoux sans qu’il ne s’en rende compte, rien qu’en lui adressant la parole et en lui faisant un joli sourire. C’était un peu plus simple que de se farcir le garde du corps, et plus plaisant aussi. Cependant elle n’eut pas le temps d’approfondir sa pensée, que déjà la jeune femme qu’elle observait se faisait interpeller par une patrouille. La poursuite qui s’ensuivit, elle la suivit de loin, intéressée par les capacité de la tueuse. Elle ferait une excellente recrue pour la Compagnie…

Soudain, sa silhouette disparu dans une cheminée. Attendant que la patrouille passe à coté sans la voir, Daneva sauta prestement sur le toit et attendit que l’objet de sa curiosité en sorte. La lune était dissimulée par quelques nuages, et l’ambiance était sombre. La fille ne la remarqua pas tout de suite, elle reprenait son souffle… Dane s’accroupit sans la quitter des yeux, et tapota négligemment une brique, produisant un léger bruit. Elle tourna enfin la tête, et la voleuse sourit. L’effet de surprise ? Un bonus appréciable…

-Insomnie ?

Effectivement, ses sens de Drow développés ne l’avaient pas trompée. Il y eu comme un tapotement de pierre dans son dos. Elle se retourna vivement, couteaux à la main. Une haute silhouette féminine se tenait là, l’air nonchalante. Un sourire étrange aux lèvres. Tout comme sa parole. Question idiote. A cette heure de la nuit, qui courrait ainsi sur les toits, armée en plus ? Kyra su qu’elle avait tout vu et cela la mit encore plus sur la défensive. Poignard en main, elle la fixait de son regard violet. Sa capuche lui cachait ses cheveux blancs et la lumière de la lune ne pourrait pas trahir sa peau trop claire. On ne pourrait deviner qu’elle était demi-Drow, a part peut-être à cause de ses yeux. Elle observait l’inconnue sans réagir.

C’était une femme grande et fine au physique séduisant : ses cheveux bruns cascadaient dans son dos et elle avait de grands yeux aux couleurs profondes. Son visage fin était pâlement éclairé par la lune. Vu la façon don elle se tenait, droite et hautaine, elle ne se sentait aucunement intimidée par ce qu’elle avait vue. Et pour cause : elle était plus âgée que Kyra. Cella si se tendit et serra les dents. Sans peur ni inquiétude, mais pas tellement ravie de la voir là. Elle l’avait tout de suite sentit : celle qui se tenait devant elle était dangereuse… C’est pourquoi, sur la défensive, elle fit un pas en arrière. Prudente, elle abaissa son arme sans baisser la garde pour ne pas agresser directement l’inconnue. Son regard s’en occupait tout seul. Elle plissa légèrement les yeux. Une bourrasque de vent enleva sa capuche, dévoilant sa chevelure blanche qui retomba dans son dos. Totalement braquée, Kyra releva la tête.

Plus. Bien plus. Oui, la femme qui se tenait devant elle était bien plus dangereuse que Narla. Pour Vengas, se n’était pas sur. Du moins, quand elle l’avait rencontré. Après, avec le temps, ils avaient perdus de leurs talents… C’est pourquoi elle avait pu résister à leur trahison. Elle ne pouvait plus faire confiance. Car tout le monde l’avait trahie, elle. Sa mère en la mettant au monde, son père en la vendant et ses maîtres en essayant de l’achever. Ce n’était pas une belle histoire. Les trahisons, ça peut tuer. Elle, c’est son cœur qui était mort… Ses sentiments avec… Elle cherchait la vengeance, mais elle n’avait personne sur qui se venger. Et donc…

Elle n’avait plus de but. Sans but dans la vie comment avancer ? Elle n’avançait plus. Les jours se suivent. Enlever des vies sans buts véritables tue l’âme. Sans cœur ni âme, tout est mort. Car le cœur est le corps de l’âme et l’âme l’esprit du cœur… On peut dire que Kyra dépérissait peu à peu… Bah, elle n’était pas encore au fond du gouffre. Et peut-être que d’ici là elle trouvera un but !

La jeune fille de 16 ans se redressa alors. Baissa son bras, sens en éveils. Car l’adversaire était trop fort. Non, elle ne se rendait pas. Elle tenait trop à sa fierté pour cela. Seulement, elle ne tenait pas à combattre. Car si combat il y avait, il serait dur, très dur d’avoir le dessus… Et puis elle ne connaissait pas ses techniques alors que l’inconnue avait pu voir quelques unes de ses fientes… Non, se n’était pas prudent. C’était même peut-être suçidère. Sans peur mais avec une once d’intelligence. Elle parla d’un ton glacial, mais pas agressif :
> Qui êtes vous ?
Toujours et encore la même question simple brute et efficace. Pour passer le temps ou éviter le conflit. Kyra n’était pas du genre à chercher à s’effacer derrière les paroles mais, je le dis une fois encore, elle tient à sa vie et sa fierté.

Daneva observa longuement la petite sauvage qui lui faisait face. Elle était si jeune… La voleuse estimait qu’elle devait avoir trois ou quatre ans de moins qu’elle. A cet âge, Dane elle-même lui ressemblait un peu. Elle pillait dans les rues pour survivre, et tentait tant bien que mal de se faire une place dans ce monde viril plein de brutes épaisses et de pervers. Elle se retrouvait en quelque sorte sur les traits de cette fille : seule, insoumise, déjà dangereuse… Une petite Dane, bien que sans doute plus cruelle. La voleuse n’avait jamais tué ainsi, sans regrets… Quand elle mettait fin aux jours de quelqu’un, c’était le plus souvent pour protéger sa vie. Ces choses changeaient aujourd’hui, par rapport à son nouveau statut, mais la jeune femme gardait une morale relativement mesurée quant au meurtre. Ce n’était pas pour cela qu’elle se montrait hésitante ou faible… Mais elle tuait seulement lorsque cela s’avérait nécessaire.

Quelque chose clochait. La fille cachait ses cheveux sous une capuche… Cheveux que Dane savait d’une couleur blanche. Ainsi il s’agissait de la petite bâtarde qu’avait formé Vengas, il y a bien longtemps, lorsque la Compagnie était à son apogée. C’était elle qui l’avait tué, lui et Narla, sa compagne. Deux dangereux Silencieux, deux contre une enfant. Tout cela avait été inscrit dans les archives que Daneva avait trouvé dans la crypte de la cathédrale, avec tous les documents secrets relatifs à la Compagnie. Elle les avait tous lu, et se souvenait avec exactitude de ce passage troublant. Une enfant… Qui avait des capacités exceptionnelles, à n’en pas douter. On n’avait jamais compris pourquoi l’élève s’était rebellé contre ses maîtres, mais on le devinait. Vengas n’était pas très connu pour faire dans la dentelle, et il détestait la concurrence…

Mais Daneva n’avait pas peur d’elle. Elle-même n’avait rien à envier à cette jeune personne quant à la puissance de combat, à l’agilité, à la force… Si combat il y avait, elle aurait sans aucun doute le dessus. Mais pourquoi se battre, alors qu’elle avait l’intention d’en faire son alliée ? Cependant Daneva était loin d’être idiote, et savait que l’on pouvait s’attendre à tout de ce genre de personnes, bien souvent gonflés à blocs de la désagréable impression d’être invincibles et de ne rien devoir à personne. Le visage impassible, elle soutint donc le regard de la jeune fille sans cille, sans bouger. Sa posture affichait une nonchalance feinte, qui servait à dissimuler la tension qui l’habitait. Au moindre geste menaçant, c’en était finit de la jolie demi-drow. D’ailleurs cette dernière ne semblait pas idiote non plus, et ne tenta rien contre l’ombre qui lui faisait face. Bien…

Le vent glacial souleva la capuche de la petite et dévoila enfin sa chevelure d’un blanc de neige. La confirmation que Daneva attendait… Un sourire étira ses lèvres, un sourire de satisfaction. Sans doute un peu plus mal à l’aise qu’elle ne voulait le montrer, son interlocutrice lui adressa enfin la parole, demandant son identité. Pourquoi le lui cacher ? Dane n’avait pas honte de ce qu’elle était, et n’avait aucune raison de garder l’anonymat face à cette jeune personne. Sans hésiter, elle effectua alors sa fameuse courbette ironique, celle qui provoquait plus que ne montrait de respect, avant de se redresser, toujours ce petit sourire insolent aux coins des lèvres.

-On m’appelle Daneva, maîtresse des ombres silencieuses qui sillonnent la ville tandis que nos pauvre concitoyens se terrent entre deux draps, bourse sous l’oreiller. Une lueur de défi brilla dans son regard, et son sourire s’estompa légèrement. Je suppose que j’ai affaire à demoiselle Kira, demi drow, assassin de Cobra Noir le terrible et de Murmure, alias Vengas et Narla. Un réel plaisir de vous croiser ce soir, vraiment…

Oui, elle en savait sûrement plus que Kira elle-même sur ces deux personnes… Ce qu’elle avait dit là n’était qu’un avant goût de tout ce qu’elle pourrait lui révéler si tout se passait bien, c’est ce qu’elle avait voulu lui faire comprendre. Elle voulait aussi lui faire sentir qu’elle avait bien plus de cartes en main qu’elle, et qu’elle avait tout intérêt à l’écouter attentivement.

Kyra restait immobile face à l’inconnue. Un lourd silence c’était installé. Un vent froid soufflait toujours sur les toits de la ville, jouant avec la chevelure neige de la voleuse. Elle tentait de respirer calmement, malgré sa fuite effrénée et la situation dans laquelle elle se trouvait, qui n’était pas particulièrement appréciable… Elle fixait de son regard violet la femme, nonchalante, qui pourtant semblait si dangereuse… Son regard était étrange. Elle semblait en réflexion. Pourquoi la dévisager ainsi ? Ah oui, c’était une demi-Drow… La jeune fille lui soutint son regard hautain sans mal, froide et impassible. L’autre fit une courbette ironique et moqueuse provocante avant de parler avec un sourire tout à fait insolent. Le silence fut à nouveau brisé. Et comment.

Kyra eu un frisson désagréable. Les ombres silencieuses. Elle eu un terrible doute, tout en restant impassible. Ces ombres dont elle parlait… Etaient-elles… Une lueur de défi dans le regard que Kyra tint, digne, elle continua. Et confirma ses craintes. Elle connaissait son nom. Ses anciens maîtres. Son acte. Elle. Daneva. C’était une Silencieuse ! Un de ses êtres indécelables et cruel prêt à tout pour argent, respect et pouvoir. Et elle s’en disait le chef ? Kyra plissa les yeux. Un souvenir remonta violemment…

Sur le rebord d’un toit branlant trois silhouettes qui se découpent sur le fond étoilé. La nuit et ses ténèbres sont là. Une est assise sur une cheminée et fixe les deux autres. Une femme, assise elle aussi, mais sur les tuiles du bâtiment, écoute. Comme la première écoute. La troisième ombre, plus massive et imposante, raconte. Ses yeux d’un bleu froid brillent de passion, comme ceux de la femme qui écoute cette histoire pour la deuxième fois. Il raconte l’histoire que personne qui n’en fait pas partie ne connaît…

> … des ombres furtives et silencieuses, si discrètes que l’on ne peu les voir. Elles se fondent dans le noir de la nuit et harmonisent leurs gestes avec le vent tumultueux. Ils sont si discrets que l’on ne peut les voir. On ne peut que les deviner, gracieux et agiles, bondir dans l’ombre et défier le monde nocturne… Les Silencieux. Sans cœurs et pourtant. Avec un but commun, ensembles, quand les cieux s’assombrissent, ils sont toujours là. Et quand ils ont une victime, ils ne la lâchent pas. Elle ne le sait pas encore mais ils sont là. Ils y vont chacun à sa manière, seuls en en groupe, mais le résultat est le même : ils auront toujours ce qu’ils voulaient… La compagnie des silencieux est extrêmement secrète. La loyauté est sacrée. Celui qui dévoile le secret est mort dans les heures qui suivent tu sais.
Voilà ce pourquoi je te forme. Quand tu seras prête, tu pourras nous rejoindre.

Elle n’en avait jamais eu l’occasion, ayant tué ses maîtres plus tôt que prévu. Peu importe… Devant elle, une personne qui semblait en savoir bien plus sur Kyra et ses maîtres qu’elle-même. C’était troublant… Mais malgré tout, elle tenait tête, tenant à sa fierté. L’arrogante eu une grimace insolente, prête à jouer à un jeu dangereux. Oui, dangereux. Jouer avec du feu. Mais c’était plus fort qu’elle. On ne manipule pas avec Kyra comme cela. Elle était prête à tout pour conserver sa liberté de corps et d’esprit. Son âme n’appartenait qu’à elle. Et son cœur à personne. Daneva avait bien plus de cartes en mains mais elle jouerait les sienne. Elle jouerait le jeu. Et c’était son tour. Elle parla d'un ton dur et cassant. Froid à son habitude.

> C’est bien moi. Et s’il y a eu assassina, cela aurait très bien pu être le mien. Ils ont voulut m’éliminer, et j’ai répliqué. Non, c’était de la légitime défense, rien d’autre.
Elle laissa un moment son regard violet impassible vagabonder dans le ciel ténébreux. Puis il revint sur Daneva. Chef des silencieux. Deuxième carte :
> Vengas, Cobra Noir le terrible comme vous l’appelez, m’a souvent parlé des Silencieux. Mais il n’a jamais évoqué votre nom… Etrange n’est ce pas ?
Bien sur, elle pouvait commettre une grosse erreur en jouant risqué ainsi mais sa fierté était trop grande pour être brisée si facilement...

Oui vraiment, cette fille, c’était une petite Daneva. La jeune femme lisait dans son regard une haine immense et une cruauté de lionne affamée. Il fallait lui donner un but pour la canaliser, lui donner l’occasion de se battre et de tuer pour une cause plus grande que le remplissage de son propre estomac. Quelqu’un qui vivait de la sorte finissait par s’autodétruire, devenant quelque chose de pire encore que l’un de ces pitoyables mendiants, un corps sans âme agissant à la manière d’un automate. Une question, et de taille, demeurait : accepterait-elle de se plier aux ordres de quelqu’un d’autre ? Dane ne connaissait d’elle que ce qu’elle avait lu dans les fameux documents, et ce qu’on murmurait dans les tavernes de la ville basse… Peut être n’y avait-il aucune chance, peut-être resterait-elle insoumise… Dane était insoumise, et avait réussi à s’en tirer en se retrouvant en haut de la hiérarchie. Et il n’y avait pas la place pour deux. Il lui faudrait donc choisir entre accepter de recevoir des ordres, ou bien continuer cette existence insipide.

-Ce n’était pas un reproche. Défendre sa vie est un motif de meurtre plus noble que voler quelques bijoux, tu ne crois pas ? Surtout lorsque lesdits bijoux peuvent être ôtés à leur propriétaire sans que celui n’ait à subir le moindre coup de lame, aussi puissante soit-elle.

La voleuse s’était rapproché de la fille avec nonchalance, toujours de cette allure souple qui donnait l’impression à ceux qui l’observaient qu’elle avait passé sa vie à courir sur les toits. Non, elle n’avait pas peur du tout, et comptait bien le lui faire comprendre. D’ailleurs si elle tentait de la provoquer en lui balançant ce genre de réplique, c’était peine perdue.

-Il n’y a pas un mois, personne ne connaissait mon nom en cette ville. Pourquoi donc Vengas t’aurait-il parlé de moi ? Rien d’étrange là dedans, ne sois pas stupide.

Elle s’avança encore, jusqu’à se retrouver tout près de son interlocutrice. Son regard la détailla un instant dans l’obscurité de la nuit et s’arrêta sur la tache de sang qui s’élargissait imperceptiblement sur sa hanche droite. Agile, ses doigts vinrent effleurer le tissu humide et chaud, et elle fronça les sourcils.

-Du sang…

La main de la voleuse descendit encore et souleva le rabat de la sacoche en cuir que la demi-drow portait à la ceinture. Dane fixa un instant les bijoux rutilants.

-Pour de l’or, simplement quelques petits morceaux d’or qui te permettront sans doute de vivre une semaine de plus.

Dédaigneuse, la jeune femme laissa retomber le rabat et releva ses yeux vers le visage de Kyra. La détermination... Cela lui plaisait. Cette fille serait-elle assez idiote pour refuser la proposition que Dane allait lui faire ? Rien n’était moins sûr…

-Ainsi tu en sais un minimum sur nous. Vengas comptait te faire entrer, n’est-ce pas ? Je t’offre une seconde chance ce soir. As-tu envie de prouver ta valeur autrement qu’en tuant au hasard les civils de Diantra et en échappant de justesse à quelque patrouille avinée ? N’es tu pas pressée de t’ouvrir un horizon plus large, de t’offrir une vie meilleure et plus excitante ? C’est ce que je te propose maintenant, Kyra. Tu n’auras pas de troisième chance, et pas toute la nuit pour réfléchir.

Daneva était sérieuse, et toute trace d’ironie avait déserté le ton de sa voix.

-Tu dois savoir ce que devenir un Silencieux représente. Richesse, gloire, respect, pouvoir… Si tu obéis et agis dans l’intérêt de la Compagnie. Mais en cas de déloyauté, de trahison, de couardise, c’est la mort. L’assassinat, rapide ou non, douloureux ou non, mais l’assassinat. Tu en es consciente ? C’est un choix important que tu dois faire, et tu sais que je ne t’ai menti sur rien. En outre, je pourrais t’en raconter un peu plus sur ces gens qui t’ont élevé, car il semblerait que tu n’en ai qu’une vision floue et déformée par ce qu’ils ont bien voulu te faire croire.

Dane s’arrêta de murmurer et regarda longuement la jeune fille. Elle lui offrait l’occasion de se sortir de cette bouse puante dans laquelle elle vivait depuis apparemment pas mal de temps. Saurait-elle faire le bon choix ?

Sujet: Re: *. Fuite effrenée (PV Daneva) Sam 5 Jan 2008 - 15:14

La nuit intense recouvrait le monde. Le monde endormi, ou presque. Au loin, le craquement des vieilles maisonnées. Quelques bruits de sabots réguliers. Un bâillement. Un toussotement. Si lointains. Comme dans un autre monde. La Lune muette observait une scène étrange. Entre deux personnages qui ne l’étaient pas moins. Elle semblait se délecter du spectacle. Les étoiles caracolaient autour d’elles. Immobiles et pourtant. Le vent semblait les balayer. Elles étaient de moins en moins nombreuses. Mais ce n’était que de gros nuages noirs encres qui glissaient sur les cieux. Silencieux. Féroces. Prêt à attaquer. Des prédateurs.

Debout, droite et immobile comme la Lune, Kyra faisait face à Daneva. Son cœur battait à tout rompre. Elle jouait gros. Et la voleuse inconnue jouait bien. Elle parlait d’un ton indéchiffrable. Mais ça parole était un arc. Et ses mots une flèche. Ajustés à la perfection. Elle s’approcha de son pas souple et canalisé. Un pas sûr et vivace qui disait tout d’elle. C’était une libre. Comme les tourments du vents, dans l’ombre. La jeune demi-Drow ne recula pas. Ne cilla pas. Même par ces mots et son geste vif. Du sang. Son sang. Et oui. Une blessure. Une énième. Kyra ne les comptait plus. Ce n’était que des plaies, rien d’autres.

Elle se braqua imperceptiblement quand Daneva fixa les bijoux. C’était une voleuse, sûrement douée, et elle observa avec pleine attention ses gestes. Elle ne voulait pas perdre le peu qu’elle avait. La femme eu un regard dédaigneux qui passa à une légère satisfaction. Kyra, le regard de glace, ne comprit pas pourquoi mais il faut dire que cela ne l’intéressait pas non plus. Dan fit mention de son passé. Vengas. Et une proposition qui fit reculer Kyra d’un pas sans qu’elle ne s’en aperçoive.

Son visage impassible masquait la torpeur mouvementée qu’elle vivait. Une seconde chance. Son esprit réfléchit à toute vitesse. Sans qu’elle puisse se concentrer sur la question. Devenir une Silencieuse. Avoir un but. Le silence se fit. Lourd. Etouffant. Quasi insupportable. Les dents serrées, Kyra fixait longuement Daneva. Elle savait sa réponse. Mais avait avant tout une question.

> Entrer dans la compagnie des silencieux est un acte qui ne se fait pas à la légère. Aussi, j’ai une question. Est-ce que en devenir membre veut dire renoncer à sa liberté ?

Sa liberté. Quelque chose qui était plus importante que sa vie elle-même. Car si dénoncer la guilde voulait dire la mort, y entrer était-il vraiment rester libre ? Elle inspira un bon coup.

> Si ta réponse est celle que j’attend, j’accepterait. Car j’aime l’ombre du silence et que la vérité m’ait restée trop longtemps étrangère.

Elle eu un sourire. On ne pourrait le décrire comme heureux ou démoniaque. Même pas tellement sanguinaire. Juste certain. Les mots qui selon Dan voulait dire être silencieux la faisait vibrer. Elle était jeune. Bien plus jeune que la plupart des voleurs. Bien plus jeune que tout les assassins. Et pourtant… Elle aurait peut-être la chance d’entrer dans une guilde de légende qui faisait trembler les plus grands…

[taratatadaaam..........^^]
[Pardon pour le retard je faisait mon rapport de stage =(]

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