Une sensation de liberté... [Pv]

Le ciel, cet immense océan de nuages ; où le soleil, caché dans les vagues cotonneuses, arrivait à lancer ses rayons orangés, dignes d’une fin de matinée. Malgré les quelques brises fraîches, le temps restait chaud et agréable, aussi ces vents restaient agréables ; caressant les joues d’Erluthiel qui, juchée sur son cheval, galopait à une folle allure entre les arbres. Ses longs cheveux blonds, voire blancs, flottaient derrière elle ; et elle avait fermé les yeux, comme à chaque fois que Laâe, son cheval, passait ses plus grandes vitesses. Cette sensation de liberté, cette impression de bonheur qui la submergeait à chaque fois que les brises giflaient sa peau sans jamais la mordre, sans jamais lui faire mal. C’était grisant, cela mettait un peu de vide et un peu de douceur dans son esprit si malmené. Et quand elle rouvrit ses paupières, ce fût pour apercevoir, à sa gauche, les traits agités d’une source d’eau… Elle bifurqua donc dans cette direction, car la vue de ce si immense territoire lui rappelait que sa langue sèche lui était désagréable, et que la fatigue pesait sur ses épaules comme un lourd fardeau. Il fallait qu’elle s’y arrête, au moins pour se reposer et pour y passer la nuit. Le lac se présentait devant ses yeux comme un océan ; elle qui n’avait jamais aperçu les côtes de toute sa vie ne pouvait pas penser qu’une aussi grande étendue d’eau pouvait exister ailleurs qu’ici. Au loin, des arbres, des montagnes, un air pur de liberté. L’eau qui brillait, légèrement agitée par les quelques brises. Qui rapportait le reflet du ciel pour se donner une plus belle grandeur. Ainsi donc elle avait à faire au lac d’Uraal. Ce si beau lac, qu’elle avait toujours rêvé de voir un jour. Mais…comment était-ce possible qu’elle en ait rêvé, puisqu’elle ne connaissait même pas ce lac à ce jour ?

Erluthiel frémit, descendit de sa monture. Elle l’approcha de la rive, le laissa s’abreuver ; puis se mit à genoux. Elle trempa ses deux mains dans l’eau, sentit la tiédeur des vagues caresser sa peau ; avant de boire quelques gorgées. Cela lui fit énormément de bien, même si c’était peu. Et puis elle observa la surface, épiant son propre reflet. Son visage fin, aux traits presque parfaits, doux. Ses yeux d’émeraudes, sa longue chevelure blonde, attachée simplement comme le font d’ordinaire les elfes. Une décoration d’or qui ornait son front et ses cheveux ; et qui apparemment, appartenait à sa famille, autrefois. La jeune demi elfe leva une main vers cette décoration brillante, la caressa du bout des doigts et sentit son cœur se serrer. Au loin, les feuillages crissaient, le vent lui parlait. Son passé faisait partie de cette étendue, maintenant elle pouvait en être sûre. La gorge nouée, elle se redressa et saisit vivement l’arc accroché à sa taille. Elle s’arma d’une flèche, pointa une branche ; mais elle la loupa, et vit sa flèche dériver sur de longues distances avant de choir sur le sol. Vexée, Erluthiel se dirigea un peu plus vers les arbres, et visa de nouveau. Sa flèche parti en sifflant l’air, traçant un chemin invisible dans le vent, avant d’atterrir quelque part… Un bruit mou, qui signifiait qu’elle avait touché quelque chose…ou quelqu’un.

Erluthiel frémit, terrifiée à l’idée d’avoir blessé quelqu’un. Oui car, elle pouvait entendre des craquements de branches, des bruits de pas. Il y avait quelqu’un, là-bas. Un voyageur, comme elle ? Alors il passerait son chemin, ou s’attarderait pour boire comme elle venait de la faire. Laâe lui-même s’agitait, lui qui n’aimait pas être surprit par de nouvelles présences. Méfiante, elle abaissa son arc, gardant toutefois une main proche de la garde en or de son épée.

Deluwen tira sur les rênes de Tanalien pour le mettre au trot. Elle respira l'air pur de la nature environnante en soupirant. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait ici mais à chaque passage elle se sentait emerveillée et l'esprit apaisé.Le vent faisait fouetter ses cheveux blonds à son visage et Deluwen savoura cet instant jusqu'à ce que son cheval se mit interrompit la cadence rapide. Elle voyait au loin les montagnes hautes ou personne ne s'aventurait vraiment. Elle s'avançait que derrière cette chaîne de montagnes se trouvait Alëandir , où Illydril demeurait dans son château.Elle soupira une nouvelle fois en pensant à sa cousine et aperçut alors un lac , refletant les rayons chauds du soleils sur sa surface cristalline.

Deluwen s'arrêta un moment près de la lisière des arbres et tira une nouvelle fois vigoureusement sur les rênes. Elle descendit alors de cheval et caressa la robe noire de sa monture magnifique. Elle s'approcha du lac et décida d'y remplir sa gourde. Tanalien pourrait aussi s'y désaltérer , lui qui avait tant galopé tout au long du jour.C'est alors qu'une flèche passa au dessus de sa tête pour atterrir quelques mètres plus loin , laissant un sillage à peine visible derrière elle. Deluwen interrompit aussitôt sa marche jusque là tranquille et sortit son court bâton de sa sacoche de velours.
Elle essaya de distinguer une silhouette , essayant de deviner un ennemi ou bandit mais elle ne vit rien. Elle ne comprenait pas la raison qui aurait pu inciter quelqu'un à la viser. Ou alors serait-il possible que ce soit un combat entre deux personnes ? Si tel était le cas elle ferait mieux de faire demi-tour. Mais elle n'entendait aucun son particulier qui aurait pu vérifier cette hypothèse. Juste un silence en suspens , comme si l'autre personne attendait un mouvement de sa part.Deluwen invoqua le pouvoir de la sphère de son bâton et ce dernier s'allonga pour toucher le sol de son extrémité.
Pourtant la sphère magique ne s'était pas teintée de cramoisi , ainsi le danger n'était sans doute pas très important. Serrant un peu plus son instrument de magie , Deluwen fit un pas méfiant et une seconde flèche atterrit tout près d'elle avec un bruit mat.
Deluwen fronça les sourcils .On aurait dit que la personne lui envoyait un certain avertissement.Puis prenant une grande inspiration , Deluwen décida de dissiper ses doutes et sortit de sa cachette.

Se tenait devant elle une jeune femme d'à peu près son âge,aux traits délicats, à l'exception que ses oreilles avaient une forme moins prononcée. Une demi-Elfe... C'était intéréssant... Deluwen dit alors , rompant enfin le silence :

" Qui êtes vous ? "

Alors qu’elle observait au loin, Erluthiel prit tout de même le soin de ranger son arc ; car elle était une bien mauvaise tireuse, sur la selle de sa monture. Seulement il ne fallait pas croire qu’elle baissait sa garde, car déjà elle venait de sortir de fourreau une longue épée brillante, dont la lame d’un blanc de neige reflétait les rayons du soleil. La garde, entièrement faite d’or, alourdissait légèrement l’arme, mais cela n’empêchait pas la demi elfe de savoir s’en servir. Après s’être entraînée pendant des années et des années au maniement de cette seule et même épée, elle avait apprit à la considérer comme une plume dont les traits d’acier étaient aussi fins et aiguisés qu’une lame de rasoir. Elle était longue et dangereuse ; et Erluthiel avait suffisamment d’expérience pour pouvoir se défendre avec elle…mais tuer, ça, c’était une autre histoire. Et puis, alors que la jeune ‘femme’ se préparait à affronter le pire, une silhouette vint apparaître sous ses yeux. Une silhouette fine, élancée, qui présentait une elfe dans toute sa splendeur. La seule différence étant que ses oreilles pointues et longues rappelaient son sang pur ; chose qu’Erluthiel n’avait pas. Elle se recula légèrement car en effet, c’était la première fois qu’elle rencontrait un elfe. Un vrai. De toutes ses années de vie, elle n’avait côtoyé que des nains, des hommes et des demi-elfes ; et si elle avait autrefois vécu parmi cette civilisation – puisqu’elle savait parler l’elfique – alors elle ne s’en souvenait pas du tout. L’inconnue prit alors la parole, lui demandant qui elle était. Elle resta quelques instants muette, mais répondit toutefois de sa voix calme.

« Je suis Erluthiel Tinundra, écrivain et messager des terres d’Aëlandir. »

Elle s’inclina légèrement ; pour on ne sait quelle coutume qu’elle avait en tête mais dont elle ne savait pas la provenance, et se redressa. Avoir dit son métier était probablement une superbe présentation, mais sur les terres d’Aëlandir, son interlocutrice devait s’en douter. Que dire d’autre ? Elle ne vivait nulle part ailleurs que sur le dos de son cheval, à galoper au travers des contrées à la poursuite de son passé. Et puis, parler ainsi n’était point de ses habitudes. Elle tenta malgré tout d’infiltrer un sourire sur son doux visage, comme une enfant ; puisqu’elle en avait le caractère.

« Et vous êtes ? Ah ! Je viens d’y repenser, mes flèches ont sûrement dû vous importuner… Veuillez me pardonner pour ces désagréments, car c’est sûrement la raison qui vous a incité à venir voir qui était celui qui vous attaquait. C’était involontaire, ne voyez pas là une envie de combattre… »

Répandue en excuses, Erluthiel se sentit interdite ; et baissa ses yeux d’émeraudes vers Laâe, qui lui aussi, observait l’inconnue de ses yeux bleuâtres.

Deluwen observait attentivement son interlocutrice qui ne semblait pas enclin à répondre de suite. Elle attendit patiemment et aperçut comme une lueur de crainte dans les yeux de la Demi-Elfe. Elle se demanda pour quelles raisons celle-ci pouvait bien avoir peur d'elle car tout dans sa silhouette n'effrayait point.C'est alors qu'elle fit un pas en arrière. Deluwen relâcha la pression sur son bâton qui reprit sa forme habituelle , courte. Elle n'avait visiblement rien à craindre de la jeune femme. Contre toute attente , la demi-Elfe se présenta en tant que messagère et écrivain des terres de la capitale elfique. Deluwen se montrait méfiante envers l'inconnue.Elle n'était pas tout à fait décidée à la croire mais après tout Erluthiel ne paraissait pas très dangereuse.

" Enchantée ... " souffla Deluwen à voix basse.

Erluthiel s'inclina devant elle.Les rayons du soleils se faisaient de plus en plus rares , derrière des nuages épais.Deluwen était cependant habituée à ce genre de comportement face à elle , pour son statut de noble mais elle convint qu'il ne valait mieux pas réveler cette identité.Elle fit un léger signe de tête à Erluthiel , un petit sourire aux lèvres.La demi-Elfe s'excusa platement pour les flèches et lui retourna sa question.Elle espérait qu'elle ne portait aucun signe qui pourrait trahir son statut lorsqu'elle dit :

" Je suis Deluwen Wylenaryn , j'arpente les terres inexplorées en tant que magicienne. "

Puis elle poursuivit :

" Ce n'est pas grave mais j'espère que vous ne me refairiez pas ce coup là ... "

Elle la vit baisser les yeux vers son cheval. Deluwen se rappela soudain de Tanalien derrière elle , la tête tournée vers le lac dont l'eau miroitait au soleil couchant.
Ele respira profondément l'air attendit à nouveau une réponse d'Erluthiel.

Il faudrait déjà avouer qu’Erluthiel n’avait jamais vraiment cru en la magie, parce qu’elle n’en avait jamais vu en réalité. Ou tout du moins elle y croyait, mais cela restait dans la mesure du possible ; aussi fût-elle vraiment très étonnée de voir le bâton de l’Elfe diminuer de moitié, prenant une forme courte et basique. C’était probablement là une arme efficace qu’avait l’inconnue ; et elle restait bouche bée devant cette petite démonstration involontaire. Elle avait bien entendu lu et apprit pas mal de choses concernant la magie, des choses acquises par le biais de Ervan, son père adoptif ; mais jamais il ne lui avait montré ne serait-ce qu’une lueur de cet apprentissage. Rien de plus que des mots et des paroles qu’elle avait interprété de manière totalement dérisoire, parce qu’elle s’étaient imaginé la magie avec plus de splendeur, d’étoiles et de beauté. C’était d’ailleurs ainsi qu’elle la décrivait dans ses livres, et c’était ce dont les enfants raffolaient le plus : la magie illusionniste, celle qui vous mettait des étincelles dans les yeux et vous faisait sourire de satisfaction devant tant d’envergure. Erluthiel fixait toujours le bâton quand l’inconnue lui souffla un enchantée qui en disait long sur la méfiance qu’elle éprouvait à son égard. Un sourire s’était glissé sur le visage de la dite Deluwen, qui venait de se présenter comme étant une magicienne arpentant les terres inexplorées.

« Magicienne… »

Elle avait murmuré ce nom, ce mot qu’elle admirait tant. La magie restant pour elle quelque chose d’abstrait qui lui faisait à la fois froid dans le dos et aiguisait sa plus accrue curiosité. Deluwen lui avoua ensuite que l’accident des flèches n’était pas grave, et lui montra de part ses mots qu’elle ne devait plus recommencer de telles âneries.

« Enchantée également…, et ne vous inquiétez pas, mon arc ne tirera plus de flèches avant un long moment, je vous le promets. »

Et suite à ces mots, un léger sourire admiratif, teint de sa puérilité presque constante. Ce fût d’ailleurs à ce moment là qu’elle remarqua que Laâe regardait dans une direction bien définie ; et elle vit la monture de la jeune Elfe. A la robe noire d’Eben ; elle était magnifique. Elle fixait le lac qui reflétait agréablement le soleil couchant ; le soleil offrant aux vagues ses lueurs orangées et tamisés, jusqu’au plus profond de cette longue étendue d’eau, semblable à un miroir presque étoilé.

Deluwen caressa machinalement le coup de Tanalien d'un air pensif en examinant Erluthiel qui semblait légèrement étonnée alors qu'elle lui avait annoncé être magicienne. Elle se tut, détaillant la longue chevelure pâle de la Demi-Elfe et ses yeux verts brillants. Elle se demanda un moment la raison de sa présence ici, car elle ne semblait pas porter un message particulier car si tel était le cas elle aurait dû être plus prompte à travers ces terres. Elle entendit un hennissement lourd de reproches derrière elle et attrapa sans grande conviction la bride de Tanalien . Elle vit Erluthiel murmurer le mot de magicienne d'un ton quelque peu admiratif. On aurait dit que la Demi-Elfe n'avait jamais rencontré quelqu'un de cette caste.Deluwen , voyant l'inconnue plongée dans des pensées profondes , s'approcha lentement du lac d'Uraal , car son cheval noir semblait assez assoiffé par ce galop énergique. Elle entendit Erluthiel lui confirmer sa disposition à ne plus commettre d'actes imprécis.

" Parfait alors ."

Deluwen dévoila un plus grand sourire , révélant des dents parfaitements alignées et birllantes puis elle décida de laisser Tanalien s'abreuver suffisamment et sortit une gourde de cuir de sa sacoche et s'approcha du lac , ne détachant pas ses yeux toutefois de la Demi-Elfe. Puis elle décida de se montrer moins méfiante et interrogea Erluthiel :

" Vous voyagez au gré de vos envies , ou vous êtes en mission pour le royaume ? "

Elle l'invita d'un geste de la main à s'approcher d'elle , au bord du lac tandis qu'elle débouchait sa gourde et puisait de l'eau dans le liquide frais.

Erluthiel se tenait fixe, droite, observant tout à la fois le paysage, l’inconnue et les chevaux. Elle ne savait que dire face à la réponse pour le moins minime de Deluwen, qui continuait de lui inspirer crainte et admiration. Il fallait dire qu’elle était une très belle elfe, avec ses longs cheveux dorés, ses yeux en amande…et ses oreilles allongées et pointues. Instinctivement, la jeune demi elfe effleura ses propres oreilles, qui demeuraient arrondies et courtes, significatives du sang humain qui coulait dans ses veines. Elle se trouva alors brusquement hybride, indigne d’être en compagnie d’une Elfe Sylvaine pure et dure, aux traits parfaits…au sang parfait. Erluthiel frémit, et sa monture sentit son désarroi, aussi Lâae s’empressa de la bousculer tendrement des naseaux contre son épaule, la ramenant à la réalité ; et surtout, à son sourire ravageur de petite fille malade. Ces sourires qui faisaient froid dans le dos, qui donnaient envie de s’apitoyer sur eux. La demi-elfe ne resta pas bien longtemps en compagnie de son plus fidèle compagnon ; car celui-ci, en mal d’amis équidés, s’était mis à trottiner jusqu’à se retrouver près du cheval de Deluwen. Il l’huma discrètement, puis s’abreuva à son tour, mine de rien. Deluwen quant à elle s’était rapprochée de la rive, remplissait sa gourde d’eau. Elle l’invita à s’approcher, après lui avoir posé une question qui la mit relativement mal à l’aise. Mais à quoi bon mentir ? Elle s’approcha à son tour, s’accroupi et enlaça ses genoux contre elle. Elle ne regardait pas son reflet, et son regard voguait sur les montagnes, au loin.

« Je ne voyage pas vraiment au gré de mes envies. Vous allez trouver ça idiot, mais disons que je suis en quête pour moi-même, pour retrouver mon passé. »

Erluthiel baissa les yeux, croisa son propre regard dans l’eau et détourna immédiatement ses pupilles d’émeraude. Comme-ci le fait de se regarder l’horripilait.

« Et vous ? Vous semblez être quelqu’un d’important. Je ne sais pas pourquoi…ça se voit, tout simplement. »

Elle esquissa un large sourire, tout en observant Deluwen de ses yeux pétillant de curiosité.

Deluwen approcha le goulot de sa gourde de ses lèvres tendres et but une gorgée d'eau vivifiante qui lui désaltéra la gorge. Elle vit du coin de l'oeil Erluthiel hésiter à l'idée de paraître plus en confiance devant elle. Deluwen distingua l'élégant cheval d'Erluthiel se poster près de Tanalien. Deluwen sourit et repoussa une mèche de cheveux dorée tombée sur son visage ovale derrière ses oreilles allongées , marque importante de son sang elfique. Elles observa plus attentivement Erluthiel et distingua mieux ses oreilles tellement différentes des siennes. Elle avait pourtant une grâce propre aux Elfes . Il n'y avait aucun doute sur ses origines sans doute un peu douteuses. Elle se demanda un moment si Erluthiel connaissait ses parents ou si elle était totalement ignorante de sa propre famille lorsqu'elle celle-ci s'installa à côté d'elle , genoux repliés , comme dans une position de mal-aise profond. Elle l'écouta parler de son besoin de retrouver ses origines.Ainsi , elle n'avait pas eu tout à fait tort.

-" Je comprends tout à fait. C'est un besoin naturel de se connaître mieux. Chacun fait cette quête en lui-même. "

Deluwen se tut lorsqu'elle lui posa la question fondamentale. Elle réfléchit rapidement mais après tout ,Erluthiel avait été franche avec elle ,elle méritait de savoir la vérité.

"- Vous avez raison.Je suis une haute noble d'Alëandir."

Puis elle ajouta , fixant le sol mousseux sous pieds. Puis elle releva la tête et regarda Erluthiel dans ses yeux si verts.

"- Mais je préfère garder cette identité secrète ... "

Eviter son reflet était sans doute un exercice bien compliqué pour Erluthiel, qui, chaque fois qu’elle croisait son propre regard dans l’étendue agitée, se sentait frémir douloureusement. Ces yeux-là avaient un jour appartenus à sa famille. A un homme, une femme, ou bien une elfe ? Ou ces pupilles d’émeraude lui étaient uniques, simplement acquises par des gênes perdus ? Elle observait donc les montagnes, ne rechignant pas à ignorer le lac comme s’il s’agissait d’un ennemi. La chaîne montagneuse qui demeurait sous ses yeux restait un splendide paysage, teinté de couleurs automnales peu communes. Deluwen lui répondit alors que cette ‘quête’, comme elle l’appelait si bien, était quelque chose d’ordinaire ; que chacun avait besoin d’elle pour approfondir ses propres connaissances sur soi-même. Et elle avait en parti raison, même si Erluthiel elle, ne savait strictement rien, et n’avait que la piste du vent lui soufflant sa route. La jeune demi-elfe baissa les yeux, les ferma pour ne pas à avoir à croiser son regard. Elle sentit une brise fraîche caresser son visage, ses oreilles arrondies…trop naturelles, trop…humaines. Une mauvaise douleur commençait déjà à grandir en elle, et elle essayait – tant bien que mal – de la refouler au plus profond de son cœur. Cette partie endormie qui ne lui servait qu’à souffrir. Lorsqu’elle entendit finalement la réponse de Deluwen, qu’elle était une haute noble d’Alëandir, Erluthiel frémit en rouvrant ses yeux avec toute la curiosité et l’étonnement d’un enfant. A la fois stupéfaite et impressionnée, elle observa la haute Elfe se redresser en disant vouloir garder cette information secrète. La jeune demi se releva à son tour, esquissa un sourire bien sincère.

« Je vous promets de ne rien dire, même si je dois un jour y succomber. »

Elle s’inclina légèrement, un signe de respect plus que d’infériorité ; même si elle se savait bien au dessous de cette noble. Elle l’observa un instant, et elle su immédiatement qu’on pouvait lire dans ses yeux une curiosité sans fin. Une lueur pétillante qui semblait même faire briller ses yeux d’émeraude.

« Dites, je sais que ça n’a rien à voir mais…tout à l’heure, votre bâton, il a changé de forme, n’est-ce pas ? Est-ce que c’est de la magie ? »

Une question bien stupide, supposa la jeune demi.

« Ah, désolée si cela peut vous paraître invraisemblable pour une écrivain mais…je n’ai jamais vu de magie auparavant. C’est pour cela que je vous posais la question. »

Deluwen sentait le souffle apaisant du vent lui caresser les joues. Elle remit une mèche de cheveux blonds derrière son oreille pointue et observa Erluthiel lui dire qu'elle garderait ce secret jusqu'à la tombe. Deluwen sourit et répondit calmement :

"-Alors je sais que je peux me fier à votre parole ".

Elle la vit s'incliner légèrement devant elle et Deluwen pensa un moment qu'elle devait vraiment l'admirer pour se montrer aussi dévouée. Elle plongea la main dans l'eau fraîche du lac et la ressortit , contemplant muettement le liquide précieux couler d'entre ses longs doigts fins at allongés. Il lui semblait qu'Erluthiel était plongée dans des pensées obscures , car celle-ci ne cessait de rester ainsi à observer le merveilleux paysage qui s'étendait devant elles. Le lac d'Uraal était magnifique , le soleil couchant réflétait sa clarté orangée sur la surface tranquille du lac. Elle était rêveuse lorsqu'Erluthiel reprit la parole , lui demandant quelques informations sur son bâton.Elle le sortit de sa sacoche sous sa forme raccourcie et expliqua :

" -Oui c'est de la magie. Mais ce bâton a une valeur particulière pour moi. Lorsqu'il ya un danger alentour , la sphère se teinte de rouge. Je reconnais que c'est plutôt pratique."

Elle le garda un moment dans sa main avant de le remettre soigneusement dans son sac. Erluthiel lui confia alors qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de voir la magie en oeuvre.

"- Ah je vois. C'est compréhensible , d'ailleurs moi-même je n'ai jamais rencontré d'écrivain. "

Elle se tourna vers elle et afficha un sourire étrange , presque complice. Au final , les deux " Elfes " avaient beaucoup en commun. Elle espérait qu'Erluthiel s'en rendre compte également. Cela la gênait quelque peu de la voir aussi impressionée par son rang ou son activité.

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