Des mauvaises surprises (PV Vassili)

[hrp : je vais jouer les rôles de certains PNJ en attendant le retour d'Ambre^^. Ta pire ennemie ici sera la servante Naryu (je me réserve ses dialogues). Il y a aussi l'intendant Hector et les gardes. C'est un peu court, dsl.]

La journée s'annonçait ensoleillée. Naryu, qui venait de terminer une longue promenade avec dame Amandine, se rendit aux cuisines pour lui prendre une colation. Ce fut le chef cuisinier lui-même qui l'accueillit, avec un plateau déjà tout prêt.

- Ah, Naryu, tu ne sais pas la nouvelle ? Dame Ambre est tombée malade !
- Oui, je sais, soupira Naryu. Ca ne lui est jamais arrivé !

*Mais je crois que l'état de sa mère a achevé sa résistance.*

C'est alors que le petit Lérion arriva, tout fier, et demanda une tisane pour dame Ambre.

- Une tisane ? Qui l'a demandé pour elle ?
- C'est le seigneur Vassili ! répondit l'enfant.
- Ambre serait soignée par... lui ?

Naryu n'y croyait pas. Quelque chose clochait, c'était certain. Ambre, se laisser soigner par un prétendant ? Ce n'était possible que si elle était amoureuse ! Et Ambre n'était pas amoureuse ! C'était impossible !

- Je vais monter lui porter moi-même. Célicia, peux-tu apporter son plateau à dame Amandine, s'il-te-plaît ?

Délaissant sans remord les soins de dame Amadine à une autre servante, Naryu monta les escaliers à toute vitesse avec la tisane destinée à Ambre. Elle devait éclaircir cette histoire !

La servante frappa à la porte et attendit. Elle demanderait à voir Ambre personnellement ! Malade ou pas, Ambre ne pourrait pas lui refuser !

Ma chérie, c’était une servante qui t’a apporté ta tisane. Tiens, bois … C’est pour ton bien.

Naryu sentit son visage s'empourprer. Il osait appeler Ambre comme ça ! La servante l'avait connu adolescente, elle l'avait vu fuir pour échapper au mariage arrangé, elle l'avait vu revenir amoureuse de la forêt des elfes ! Mais là... Non, décidément, quelque chose clochait ! Ou alors il la droguait !

Mais Naryu ne pouvait rien faire, en tant que simple servante. Elle allait frapper lorsque Lérion arriva, l'air dépité.

- Le seigneur Vassili m'avait demandé de lui apporter des cartes, aussi. Naryu, pourquoi je ne peux pas le servir moi-même ? Je l'aime bien, tu sais !
- Il nous prend pour des...

Naryu se tut. Ce n'était pas convenable de parler de ses soupçons au petit nouveau. Elle prit les cartes, heureuse d'avoir un nouveau prétexte, et se tourna vers Lérion.

- Quand il ouvrira, arrive derrière moi et oblige-le à te laisser entrer !
- Mais...
- On obéit à ses aînés ! gronda Naryu.

La jeune femme brune frappa à nouveau à la porte, avec plus de détermination. Mais, contrairement à Ambre, elle savait rester à sa place. S'il s'arrangeait une nouvelle fois pour la faire partir, elle ne pourrait plus intervenir directement sans paraître grossière. C'était sur ce coup-ci qu'elle allait devoir jouer.

Naryu serrait les dents face à l'arrogance du jeune homme. Elle connaissait et servait la famille Soltariel depuis des années. Depuis plus de six ans, en fait. Ce genre de traitement, elle connaissait et y était habituée. Mais Ambre était pour elle une amie sincère : elle avait toujours été gentille avec tout le monde ! Elle avait toujours traité le personnel avec respect !

Mais malgré sa gentillesse, Ambre ne supportait pas d'être traitée comme un objet. Aussi Naryu eut-elle, durant un instant, l'audace de forcer l'entrée de la chambre. C'était impossible qu'Ambre ait interdit à tout le monde d'entrer, sauf à ce petit noble ! Il était entrain de la tuer, c'était la seule explication !

Vous avez besoin de quelque chose, ou vous aviez quelque chose à dire à Ambre ? Je pourrais lui transmettre quand elle se réveillera … Mais je crains que ce ne soit pas pour tout de suite. Sa grippe la rend
fatigué, et elle est clouée au lit, au moins pour le reste de la soirée. J’espère que demain, elle ira mieux. Mais je préfère tout de même rester à ses côtés.

Naryu s'inclina poliment et murmura :

- Dites-lui que j'aimerai m'entrenir avec elle au plus vite sur un sujet grave. Connaissant dame Ambre, elle fera fi de sa fatigue pour m'accorder un entretien dans les plus brefs délais.

La dernière phrase était une sorte de défi. Elle n'était pas l'amie d'Ambre pour rien ! Mais Naryu était une servante. Elle s'inclina à nouveau, le visage rouge de honte.

- Mais si dame Ambre n'est pas en état de me recevoir, cette affaire devra patienter. Je vous souhaite une bonne soirée, seigneur Vassili.

Naryu s'éclipsa en vitesse, suivi par le petit Lérion qui, lui, était soulagé de la tournure des évènements. Naryu, au lieu de remplacer la servante qui s'occupait de dame Amandine, chercha l'intendant du domaine, le vieil Hector.

Ce dernier sermonait une servante qui venait de briser un vase. Il jeta un regard noir à Naryu mais, remarquant son air affolé, il accepta de lui parler en privé.

Naryu lui expliqua tous : les faits, ses doutes, ses soupçons... Hector l'écouta en silence. Il avait un pouvoir limité et il n'aurait pas été bienséant d'aller frapper à la porte d'Ambre sans raison valable.

- Je vais prévenir les serviteurs les plus loyaux et leur demander de surveiller les agissements et les allées et venues de ce seigneur. Je m'assurerai aussi personnellement qu'un antidote soit glissé dans la tisane d'Ambre. Il ne devrait pas être repérable au goût mais ça devrait prévenir toute tentative d'empoisonnement. Naryu, reprends ton service auprès de dame Amandine ! Je me charge d'éveiller les soupçons du dragon. Euh... de dame Orouéna (la grand-mère).

Naryu soupira mais se résigna. Pour l'instant.

Dame Orouéna avait entendu de sombres rumeurs chez ses serviteurs, des rumeurs qui avaient atteints sa suivante, qui elle-même lui en avait fait part.

- Comment ça Ambre serait empoisonnée ? Mais vous n'êtes pas bien, ma fille !
- Mais madame, tout le monde ici connaît le caractère d'Ambre ! Vous savez comme moi qu'elle n'obéit jamais ! Pourquoi aurait-elle voulu que seul son futur époux s'occupe d'elle ?
- Sans doute a-t-elle compris où était son intérêt.

Mais dame Orouéna n'y croyait pas vraiment. La suivante avait raison : Ambre avait un caractère épouvantable, mais elle était aimée des serviteurs. Pourquoi leur aurait-elle refusé l'accès à sa chambre ? D'autant plus qu'elle ne voulait pas de ce mariage avec Vassili.

Orouéna fit une légère moue. Si Ambre venait à mourir avant d'avoir donné un héritier, seuls ses cousins pourraient perpétuer le nom des Soltariels et elle refusait d'asseoir un sang impur sur le siège familial. Elle devrait obliger Amandine à se remarier mais sa belle-fille n'était pas une Soltariel de pure souche. Seulement un produit rapporté. Elle-même ne pouvait plus avoir d'enfants.

La situation était dérangeante, tout de même. Inquiétante était plus juste. Mais elle ne pouvait pas remettre en cause l'intérêt que Vassili avait pour sa petite-fille. Ambre avait certes des manières peu nobles, mais elle était très belle et sa grand-mère s'était arrangée pour la mettre en valeur. Et puis il y avait la fortune et le nom des Soltariel inclu dans cette union...

Ce fut donc l'esprit peu tranquille que dame Orouéna monta à la chambre d'Ambre, avec pour objectif de s'entretenir un moment avec les deux futurs mariés.

Elle hésita un instant en arrivant devant la porte. C'était tellement ridicule ! Qu'allait-elle pouvoir dire ? Finalement, elle frappa et attendit.

Ce fut Vassili qui vint lui ouvrir. Orouéna le toisa un court instant. Décidément, qu'il était bien, ce garçon ! Courtoi, poli, avenant, avec des manières irréprochables et un port altier. Tout en lui montrait race et finesse. A côté, Ambre paraissait être un petit renard acculé et prêt à mordre.

- Navrée de vous déranger, seigneur Vassili. Je vais envoyer une servante vous relayer pour la nuit. Il serait inconvenant que vous dormiez dans la chambre de votre future épouse avant le mariage ! Vous comprenez...

Orouéna avait trouvé cette excuse parfaite : Vassili ne pouvait pas vraiment protester et refuser, son refus serait pris comme une volonté à s'approprier une noble avant son mariage. Evidemment, un tel acte deshonnorerait sa famille à jamais. Mais Orouéna doutait qu'Ambre se laisse faire, qu'elle soit malade ou non.

[hrp : lol, tu avais dis que tu t'en chargerais seul. C'était Naryu qui aurait dû être dans la confidence ! Mais bon je vais être gentille.]

La grand-mère accepta la remarque de Vassili avec surprise. Ambre n'était pas rentrée depuis longtemps, elle n'avait plus vraiment de servante attitrée. Elle appela son intendant, Hecor.

- Hector, savez-vous si Ambre a une servante attitrée ? Je n'en ai pas souvenir.
- Sa suivante depuis qu'elle est petite, sans doute. Eléonorine.
- Parfait parfait. Faîtes-la venir immédiatement ! Elle doit relayer le seigneur Vassili.
- Avec plaisir, ma dame !

Hector s'inclina et fit mander la suivante, une femme plus âgée que lui mais encore vive pour son âge.

- Eléonorine, dame Ambre est malade. Veuillez remplacer le seigneur Vassili à son chevet pour la nuit !
- Bien, Hector.

La servante s'inclina et alla frapper à la porte. Elle n'attendit pas que Vassili lui ouvre et entra dans la chambre. Un bref coup d'oeil à la pièce lui fit froncer le nez et les sourcils. Elle s'inclina respectueusement devant le seigneur puis, sans un mot, elle alla ouvrir la fenêtre, laissant un air frais et vivifiant aérer la pièce.

- Jeune homme, vous n'avez donc jamais appris à tenir une pièce habitable ?

Elle lui parlait comme elle aurait parlé à un enfant venant de faire une bêtise.

- Ambre vous a accordé sa confiance, c'est très rare alors soyez-en digne !

Elle se mit à taper sur les draps pour les faire paraître défaits.

- Vous pouvez aller vous reposer, seigneur Vassili. Je me charge de tenir les curieux à distance pour la nuit.

La femme prit une chaise et s'installa au chevet du malade imaginaire.

Hector alla expliquer à Naryu qu'Eléonorine remplacerait Vassili toute la nuit. La jeune femme en fut ravie : elle savait que cette servante était très attachée à Ambre et très soigneuse, elle lui porterait d'excelents soins. Et de plus, elle la laisserait certainement entrer pour voir son amie et sa futur patronne.

Naryu grimpa les escaliers très rapidement et elle frappa à la porte de la chambre d'Ambre. Eléonorine ne prit pas la peine de se déplacer.

- Chut ! lança-t-elle d'une voix sèche. Allez jouer ailleurs !

*J'avais oublié qu'elle avait un caractère pire que celui d'Ambre !*

Naryu insista malgré tout. Elle voulait voir Ambre... La servante se décida à venir ouvrir. Elle semblait furieuse.

- Naryu ! Mais qu'est-ce que tu veux à cette heure, bon sang ?
- Je veux voir Ambre.
- Mais ne t'inquiète pas elle va s'en remettre, je vais m'occuper d'elle maintenant.
- Le seigneur Vassili voulait s'en charger, je trouvais ça... suspect.
- Il ne va pas la tuer, c'est un gamin après tout.
- Un gamin... Plus personne ne peut le considérer comme un gamin, Eléonorine ! Tout le monde trouve ça... étrange.
- Que tu le veuilles ou non Vassili et Ambre vont être unis très bientôt. En fait, il est même prévu que leur union soit faite dès le rétablissement d'Ambre. Une prêtresse a déjà été demandée, elle ne devrait plus tarder. N'oublie pas que Vassili sera bientôt ton maître !
- C'est bien ce qui m'inquiète. Un dragon ou ce type...

Eléonorine secoua la tête. Elle ne répondrait pas à une phrase aussi dangereuse.

Durant leur petite conversation, les deux femmes n'avaient pas remarqué les yeux brillants du petit Lérion.

Eléonorine referma la porte avec brutalité et reprit sa place à côté du lit vide, inquiète.

*Vue la situation actuelle, partir seule sur les routes est très dangereux, Ambre chérie. Reviens vite ma petite... et entière.*

La servante soupira et commença à somnoler. A quoi bon rester éveiller toute la nuit pour surveiller un lit vide ? Elle finit pas s'endormir.

Eléonorine s'était assoupie. Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir, elle ne vit pas le jeune noble s'approcher d'elle. Personne n'aurait jamais osé entrer dans la chambre d'Ambre sans frapper. Surtout dans la chambre d'Ambre... Mais voilà, Vassili savait très bien qu'Ambre n'était pas là, que la servante était seule.

Eléonorine protégeait Ambre depuis des années. Elle remplaçait un peu le rôle que sa mère aurait dû avoir : celui d'une confidente aimante. Pour cette servante, l'honneur de la famille lui importait moins que le bonheur de sa maîtresse bienaimée.

Elle rêvait, la tête posée sur les draps. Elle rêvait du temps où, enfants, elles jouaient toutes les deux dans cette chambre. Ambre n'avait pas le droit de sortir à l'époque. Elle n'avait presque jamais eu le droit de sortir... Leur jeu préféré était l'inversion des rôles. Eléonorine faisait la petite princesse, Ambre était sa suivante et son ennemie tour à tour. En général, leurs jeux se terminaient par la porte de la chambre qui s'ouvrait sur la grand-mère d'Ambre.

*Vous n'avez rien de mieux à faire, petites sottes ?*

Elle attrapait Eléonorine par les cheveux pour lui faire quitter la chambre et, en général, Ambre passait un très mauvais moment par la suite. Cette sensation lui revenait, plus réelle que jamais.

Non, elle sentait vraiment quelqu'un lui toucher les cheveux. La servante se réveilla en sursaut et croisa le regard de Vassili. Elle mit un moment avant de se souvenir de qui il était.

- Seigneur Vassili... grommela Eléonorine, à voix basse.

*Il compte m'empêcher de dormir ou quoi ? Il a fait un cauchemar ?*

Bien que plus âgée de seulement quelques années, Eléonorine considérait toujours les plus jeunes qu'elle comme des gamins. En revanche, elle se sentit frémir en surprenant son regard. Il y avait quelque chose qui la dérangeait beaucoup. Une sorte de lueur de désir... Elle devait se tromper ! Il vallait mieux pour lui qu'elle se soit trompée !

- Si jamais on vous surprend ici nous sommes morts tous les trois, vous en avez conscience ? Que voulez-vous ?

Elle aurait dû faire preuve de plus de respect, mais elle trouvait son comportement puéril et dangereux.

Eléonorine remarqua le regard gêné de Vassili lorsqu'elle ouvrit les yeux. Il ne semblait pas s'attendre à ce qu'elle se réveille... C'était plutôt curieux de la part d'un jeune noble si calculateur.

*Il est mignon lorsqu'il perd son regard hautain !*

Eléonorine ferma un instant les yeux et ses mordit la lèvre inférieure. La fatigue lui donnait des pensées interdites... Mais lorsqu'elle vit le jeune homme faire demi-tour, l'air gêné, elle ne put s'empêcher de l'interpeller à voix basse.

- Si vous n'arrivez pas à dormir, venez donc me tenir un peu compagnie. Je pense que votre présence ici pourra s'expliquer par votre inquiétude pour Ambre. Et si je suis moi-même présente il n'y aura aucun problème.

*Mais à quoi je joue ?*

Eléonorine lui fit signe de s'asseoir à côté d'elle. elle bâilla gracieusement et passa une main sur sa joue. Elle se demanda pendant un instant pourquoi il lui avait caressé la joue... Mais Eléonorine n'était pas assez naïve pour ne pas comprendre rapidement. Et là, ça posait problème. Car Vassili était le futur époux de son amie d'enfance, elle devrait absolument repousser ses avances.

Son regard se perdit un instant sur la silhouette du jeune homme.

*Dommage. S'il avait été un serviteur je n'aurai pas autant hésité !*

- Un jeune homme comme vous doit trouver ce domaine plutôt ennuyeux. Ambre s'y ennuyait toujours, en tout cas. Quoique je ne pense pas que ce soit pour les mêmes raisons.

Elle parlait volontairement d'Ambre, histoire de bien lui rappeler à qui il était promis.

- Est-ce que vous voulez en savoir plus sur votre future épouse ? Je la connais bien vous savez. Elle n'est pas aussi rustre qu'elle en a l'air.

*Ca fait cinq ans que je ne l'avais pas revu, elle a peut-être changé finalement.*

Eléonorine posa son regard bleu sur Vassili.

*Je me demande à quoi il peut bien penser. Il me rappelle un peu le père d'Ambre... en moins mature. S'il s'en donnait la peine, je suis sûre qu'il ferait un grand seigneur.*

Eléonorine l'écouta parler avec attention. Le jeune noble s'ennuyait à mourir, ce qui était compréhensible. Le domaine de Solaria voulait se préserver de "l'impureté des autres". Cette famille était loin d'être la plus accueillante. La servante sourit malgré elle en songeant qu'Ambre n'avait pas eu trop de mal à repousser ses autres prétendants. Mais elle savait pourquoi Vassili n'était pas parti, du moins elle savait ce qu'Ambre lui avait expliqué. L'argent... Quant à elle, elle devait sauver ses cousins en jouant le jeu. Que de faux semblants !

- Je n'ai jamais eu le droit d'assister à un bal à la cour, je ne risque pas de pouvoir vous en parler. Je suppose qu'on doit s'y amuser. Ambre n'y a jamais mis les pieds non plus, si je me souviens bien.

Eléonorine enchaînait à nouveau sur le sujet d'Ambre, même si elle avait bien compris que Vassili voulait éviter le sujet.

- De toute façon, son père lui interdisait le contact avec la cour. Il disait que les nobles se corrompaient entre eux, qu'ils finissaient par pourrir de l'intérieur et que c'était contagieux.

La servante jeta un bref coup d'oeil à Vassili. Difficile à dire q'il faisait partie de ces personnes ou non. En tout cas elle le trouvait mignon. C'était tout ce qui importait pour elle. Et puis, avec un peu de chance, elle aurait quelque argent à y gagner.

- Je me souviens qu'Ambre avait simplement haussé les épaules. A l'époque, elle ne pensait qu'au demi-elfe dont elle était amoureuse. Alors les bals à la cour ne l'intéressaient pas.

*C'est le moment de voir s'il sera jaloux ou pas.*

Vous être très belle … ce soir.

Eléonorine faillit éclater de rire, elle se contenta de pouffer légèrement. Il lui paraissait timide, c'était adorable ! D'autres avaient moins de délicatesse lorsqu'ils courtisaient une servante. En fait, les servantes dans son genre se retrouvaient vite à satisfaire les plaisirs des invités. Mais Eléonorine avait toujours réussi à y échapper. Cela dit, pour une fois, ça ne l'aurait pas dérangé.

- Merci du compliment. Vous êtes plutôt pas mal non plus.

Eléonorine approcha son visage. Son regard brillait.

- Je ne suis pas le genre de femme facile que vous imaginez, Vassili ! Et je suis une fidèle amie d'Ambre.

*On va voir s'il est tenace, le gamin...*

- Combien de femmes avez-vous déjà connu dans votre vie, jeune seigneur ?

C’est vrai ? On aurait pu se rencontrer plus tôt, si elle avait daigner montrer le bout de son nez, au lieu de passer son temps, avec un intriguant qui fait honte à notre belle nation …

Evidemment. Ambre n'avait jamais été attirée par la cour et ses couleurs. Alors qu'Eléonorine, elle, aurait bien aimé y aller. En réalité, elle était terriblement jalouse d'elle. A cette fille sans manière les belles robes, les bijoux, les parfums hors de prix, la haute éducation et la proposition de mariage d'hommes aussi séduisants ! A elle la liberté de passer ses journées à ne rien faire... Mais non. Quelle injustice ! Ambre aurait dû naître servante et elle fille de duc. Elles auraient chacune trouvé une place plus appropriée...

Alors même qu'elle songeait à toutes ces années de rancoeur, elle jeta un regard en biais à Vassili. Si elle voulait ridiculiser Ambre, il n'y avait pas de meilleure solution que de flirter avec son futur mari. Ambre n'en serait pas vexée... tant que ça resterait secret. Mais Eléonorine pourrait ensuite se vanter d'être plus appréciée qu'elle. D'une manière tout à fait innocente, bien sûr.

A sa question sur les femmes, il sembla répondre honnêtement. Même si Eléonorine était trop habituée aux mensonges pour le croire sur parole.

J’ai connu des femmes. J’en ai aimé quelques unes, mais une seule a su retenir mon cœur.

*Bien sûr. Je suis sûre qu'il dit ça à toute les filles qu'il trouve jolies !*

Eléonorine approcha sa main et la posa sur le visage de Vassili, en le regardant dans les yeux.

- Je pense que nous devrions nous entendre, cher seigneur Vassili !

Elle approcha son visage... Elle était très proche... Quand soudain on frappa à la porte.

- Eléo, c'est Nayru ! Laisse-moi entrer s'il-te-plaît, j'ai besoin de parler à Ambre de toute urgence !
- Nayru, Ambre se repose ! chuchota Eléonorine, agacée d'être ainsi interrompue.
- J'ai entendu des voix...
- Bien sûr ! J'ai dis qu'elle se reposait, pas qu'elle dormait ! Vas-t-en maintenant, on verra demain si elle se sent mieux.

Eléonorine attendit un instant, puis elle posa de nouveau son regard sur Vassili.

- Je n'ai pas l'impression que vous serez jamais attaché à Ambre. En plus, je vous garantie que si vous ne la séduisez pas vous allez passer une triste nuit de noce, une dague sous le cou... Mais je peux vous garantir que vous ne vous ennuirez plus à partir de maintenant. Si bien sûr vous le souhaitez !

Il eût était très impoli de laisser une servante faire le premier pas. Un seigneur prenait, une servant obéissait. C'était comme ça et pas l'inverse.

Quelques jours plus tard

Ambre était blessée depuis son agression sur la route, à son retour d'Ydril. Elle y avait ourdi un odieux complot qui lui pesait sur la consciente, elle avait donné une quête à une aventurière comme elle, elle était passée à l'animalerie d'où elle revenait avec un bébé loup et elle avait même pris le temps de prendre un petit cadeau pour Vassili. Si avec ça il ne lui en était pas reconnaissant ! Parce-qu'il avait beau la menacer qu'elle lui revaudrait ça, elle travaillait pour leur avenir à tous les deux et c'était elle qui avait risqué sa vie dans l'affaire ! Son épaule saignait malgré le bandage de fortune qu'elle s'était fait. Maudit drow ! Que faisait-il dans les terres humaines ? Apparemment, il cherchait des plantes. Sans doute un assassin... Et elle qui avait dû fuir !

Il faisait nuit lorsqu'elle arriva à Solaria. Elle ne pouvait plus grimper à la corde pour remonter à sa fenêtre, elle décida donc d'infiltrer sa propre maison. Un garde la repéra et se retint de rire. Il la conduisit jusqu'à sa chambre sans poser de question. Après tout, Ambre sortait souvent la nuit ! Et son étrange maladie pouvait très bien s'être apaisée... Le garde s'inclina avant de repartir. Ambre lui adressa un regard inquiet, espérant qu'il se taise, puis elle entra dans sa chambre sans prendre le temps de frapper. Après tout, c'était sa chambre ! Elle chercha sa pierre à feu et alluma une torche pour éclairer la pièce, avant de se laisser tomber dans le fauteuil, épuisée et blessée, le teint pâle. Son regard se porta sur la pièce, à la recherche de Vassili, qui devait couvrir son absence, ou d'Eléonorine, qui devait le seconder dans sa tâche.

[hrp : mon gentil mari est de retour ]

Ambre était épuisée, elle ne rêvait que de pouvoir s'affaler sur son lit et de dormir des heures entières. Mais elle commença par allumer une torche. Elle vit alors Vassili, assis dans le fauteuil, le teint pâle. Par réflexe, elle porta la main dans sa poche, où elle avait rangé le cadeau qu'elle lui avait trouvé.

Vous trouvez que c’est une heure convenable pour rentrer ?

Ambre fronça les sourcils. Si ce jeune homme commençait à parler comme sa grand-mère, ça risquait de mal finir ! Mais bon, il avait apparemment bien couvert son absence, il devait être épuisé également. C'est pour ça qu'elle ne daigna pas répondre à cette remarque. Elle posa ses affaires alors qu'il se levait pour s'approcher d'elle. Il prit ensuite la peau de bête qui lui servait de couverture sur ses épaules, puis il se dirigea vers la porte sans un seul mot gentil.

Pas trop tôt, demain est une journée bien remplie !

Puis il partit... Ambre resta un instant figée, serrant toujours le cadeau dans sa poche. Elle déposa doucement le louveteau, Kaïla, sur le lit, puis elle ouvrit la porte de sa chambre et se précipita dans celle de Vassili sans même prendre le temps de frapper. Tant pis s'il n'était pas décent, tant pis s'il dormait déjà ! Elle sortit le petit paquet de sa poche et le lui lança. Elle avait voulu lancer un mot d'explication, mais elle n'en fit rien. Se contentant de lui adresser un regard lourd de reproches, elle retourna dans sa chambre. Ce cadeau... Elle lui avait fait faire un jeu de cartes par une artiste d'Ydril, une dessinatrice qu'elle avait rencontré sur les quais. Elle ignorait évidemment que Vassili aimait jouer aux cartes, mais elle pensait qu'il devait s'ennuyer à Solaria, d'où son idée. Les cartes étaient vraiment magnifiques. Chaque dessin était original, coloré avec délicatesse. Les quatre rois étaient des caricatures des rois courant : le roi humain Ultuant, le roi elfe Anarion, le roi nain Bromar et le roi drow Tebryn. De mêmes pour les reines, qui représentaient leurs épouses ou leur plus proches parentes. Chaque carte était une petite oeuvre d'art, l'artiste avait passé de longues heures à les travailler pendant qu'Ambre réglait ses affaires. Le dos du paquet, le dessin commun, représentait le port d'Ydril, avec moults détails. Ambre avait payé une petite forture pour ce jeu, mais elle ne le regrettait pas. Enfin... Elle ne regrettait pas le résultat. Seulement elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle avait tellement tenu à apporter quelque chose à son promis.

Après un bon bain chaud, elle retrouva ses draps avec plaisir. Enfin ! Falcor se posa sur son perchoire, Kaïla se roula sur l'oreiller... C'était un réel plaisir d'être enfin dans de bons draps moelleux ! Elle songea à Shinjû, qui devait éliminer sa grand-mère... Non. Elle avait annulé. Sa cousine Ange l'avait convaincu de ne pas en arriver là, même pour sauver des vies. La jeune fille enfouit son visage dans son oreiller. Le seul moyen d'arracher des informations à son odieuse grand-mère était de la torturer. C'état horrible oui, elle le savait et elle en porterait les conséquences.



Eléonorine commençait à perdre patience. Ce Vassili l'avait repoussé d'une manière qui laissait bien entendre qu'elle avait toutes ses chances, mais alors pourquoi ne lui avait-il pas donné de preuves plus fiables ? D'un geste agacé, elle remontait les escaliers. Elle poussa délicatement la porte de la chambre d'Ambre. Il faisait noir, elle n'y voyait rien. Seule une silhouette dans le lit... Elle sourit, un sourire malicieux. C'était parfait. Jamais il ne résisterait. Elle laissa glisser sa robe. Après tout, il lui fallait une assurance. Elle ne comptait pas rester servante toute sa vie ! Et épouser un noble serait l'idéal. S'il était vraiment sous son charme, alors elle en profiterait. Doucement, elle se glissa dans le lit et passa sa main sur le cou blanc de celui qu'elle prenait pour Vassili... Ambre dormait si bien qu'elle ne sentit rien, mais Falcor poussa un cri agacé, jaloux comme à son habitude. Ambre se réveilla en sursaut, habituée à réagir au moindre avertissement de son compagnon. La servante avait également sursautée. En voyant ainsi Eléonorine nue dans son lit, Ambre pâlit et s'écarta rapidement, laissant son épaule lui arracher une grimace.

- Mais qu'est-ce que tu fous ici Elo ?
- Ambre... bafouilla la servante. Euh...

Elle se hâta de sortir du lit pour remettre sa robe. Réfléchir... Elle tenait la lettre d'Ambre, elle pouvait en faire ce qu'elle voulait bien sûr. Avec cette lettre, elle avait les moyens de la faire tomber. Dans ce cas, elle allait jouer à un jeu risqué.

- Je venais rejoindre Vassili. Comme tous les soirs.

Ambre ne pouvait pas pâlir davantage mais elle n'apprécia pas du tout l'annonce de sa meilleure amie... De son ex-meilleure amie, car à l'instant même elle cessait d'être sa confidente. Elle enfila rapidement une chemise et vint se placer devant la jeune femme, le regard sévère. Eléonorine baissait les yeux, comme si elle se sentait coupable. Ce qui n'était pas le cas !

- Pourrais-je savoir pourquoi ? Et pourquoi dans MON lit ?
- Parce-que nous nous aimons ! Et nous devions couvrir son absence non ? Mais tu sais bien que ce n'est pas mon premier, alors pourquoi t'énerves-tu autant ?

Elle n'en savait trop rien. De toute manière, être réveillé ainsi ne mettait pas de bonne humeur. Surtout après la pénible semaine qu'elle avait passé.

- Vas-t-en. Comment as-tu osé ? Et dans ma chambre en plus !
- Je suis toujours ta suivante Ambre. Il serait dommage que tu ais à expliquer pourquoi tu as dû en changer si subitement. Et je n'aimerai pas à dire ce que tu as fais pendant ton absence.

Le coup partit. Ambre la gifla, tout simplement. Eléonorine lui adressa un regard noir, puis elle quitta la pièce tandis qu'Ambre faisait les cent pas pour se calmer. La servante referma la porte derrière elle, puis elle vint gratter à celle de Vassili. Sans ouvrir, elle glissa sous sa porte une copie de la lettre d'Ambre :

Spoiler:

Elle repartit en souriant. Elle avait gardé une autre copie sur elle et elle comptait bien l'utiliser en temps voulu. Ambre, la petite sainte adulée par les serviteurs, avait décidé de tuer un membre de sa famille. C'était quelque chose à ne pas manquer ! Oh elle ne l'arrêterait pas et elle se doutait que Vassili n'arrêterait pas non plus le complot. Tout simplement parce-que la disparition du dragon les arrangeait tous. Simplement c'était Ambre qui avait fait le pas pour les en débarasser, c'était elle qui en payerait le prix.



Le lendemain matin, Ambre se réveilla épuisée et de mauvaise humeur. Elle n'avait presque pas dormi et son épaule commençait à s'infectuer. Seulement, comment la soigner sans que personne ne la remarque ? Elle était censée être de retour, donc bien guérie. Elle rangea rapidement son matériel et cacha le bébé loup, puis elle fit appeler Naryu. Au moins, cette servante-là ne la trahirait pas ! La jeune fille arriva et elle fut soulagée de la voir rétablie.

- Oh Ambre, j'ai cru qu'il... J'ai cru que...

Elle commença doucement à pleurer, Ambre en fut touchée. Elle devait avoir l'air bien malade en plus, avec son teint pâle dû à la fatigue et à sa blessure. Elle rassura Naryu, puis elle reprit peu à peu ses habitudes. Elle évita soigneusement Vassili. En fait, elle ne savait plus trop que penser de sa réaction de la veille et surtout des révélations d'Eléonorine. Elle se sentait malade rien que d'y penser. Cachant habilement sa blessure, elle alla rassurer les gardes et les serviteurs sur son état. Tous en furent vraiment soulagés. Hormis quelques servantes pâpoteuses mais Ambre ne leur accordait aucun intérêt. Là où les choses tournèrent mal, ce fut lorsque sa grand-mère lui mit la main dessus.

- Ambre ! Et bien, quelle longue maladie ! Ton mari t'a bien veillé au moins ?
- Ce n'est pas mon mari que je sache. Et oui, il a joué son rôle.
- Rien ne l'obligeait à supporter ta subite fièvre ! Tu devras l'en remercier pour le restant de tes jours !

Ambre lui adressa un regard glacial. Et puis quoi encore ? Elle rêvait ! Alors que la vieille femme aux parfums écoeurants s'éloignaient, elle se retourna une dernière fois, lui adressa un sourire carnassier.

- Maintenant que tu es rétablie, on va pouvoir avancer le mariage alors !

Ambre haussa les épaules. D'ici-là, elle saurait où seraient ses cousins et alors la vieille n'aurait plus aucun moyen de pression sur elle. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était la rapidité à laquelle la cérémonie fut organisée... Car le soir-même on vint la chercher et l'habiller.

- Mais... non ! Impossible !

Ambre se sentait prête à s'évanouir tant elle se sentait mal à cette idée. On lui fit enfiler une magnifique robe blanche ainsi qu'un diadème de diamants, laissant sa chevelure délicatement relevée. On la couvrit de crème et de bijoux... et Ambre eut toutes les peines du monde à cacher sa blessure. Elle ne pouvait pas vraiment lutter. Que faire pour retarder la cérémonie ? Comment agir ? Elle tenta plusieurs choses, elle tenta de s'échapper, mais la robe la gênait. Elle simula une perte de connaissance, mais sa grand-mère la connaissait trop bien pour se laisser prendre. Au final, Ambre et retrouva conduite par son grand-mère sous une arche de belles de nuit, dont les pétales s'ouvraient sous la lumière de la lune. Il faisait bon... Un prêtre d'Arcamenel avait été convoqué, ainsi que quelques ducs et duchesses. Il n'y avait ni ses adorables cousins, ni sa cousine Ange, ni son défunt père, ni même sa mère, plongée dans la folie. Il n'y avait aucun visage amical. Les serviteurs et les servantes n'étaient pas conviés, les gardes devaient rester vigilants. Pas un seul regard alors que sa vie prenait un tournant qu'elle refusait. Pourquoi épouser un homme qui la détestait ?

Le cri de Falcor résonna par-dessus la musique et ce fut le seul moment où Ambre sentit son coeur retrouver un peu de chaleur humaine. Cette nuit-là, elle fut unie à cet homme qu'elle ne connaissait pas. Cette nuit-là, elle devint duchesse de Soltariel en titre. Mais cette nuit-là, elle s'arrangea pour dormir seule. Car si cet inconnu avait eu sa main, il n'aurait pas son corps tant qu'il n'aurait pas eu son coeur. Pour elle, c'était dans l'ordre des choses. Cette nuit-là, elle se maudit de ne pas avoir pu agir plus tôt. Elle maudit sa grand-mère avec force... Et quelques jours plus tard, cette dernière partait pour Diantra, suite à un message d'un noble inconnu...

[hrp : du coup j'ai tout rassemblé dans un seul post, comme ça on peut tourner la page et passer à la suite ]