Livraison d'un message "spécial"

Trois jours plus tôt, à Diantra

Ambre se tenait au QG des messagers, plongée dans la rédaction d'une lettre qu'elle voulait envoyer à Ange. Elle venait à peine de rentrer que déjà le devoir l'appelait, elle allait devoir livrer une lettre elle-même puisque les autres messagers étaient tous occupés, laissant Ange et ses cousins repartir seuls. Elle avait complètement oublié de parler à Ange de la fête qu'elle avait prévue pour ses cousins. Un petit rire moqueur étira son visage. Ange n'allait pas apprécier... Ambre l'imaginait déjà pester et grogner à cette nouvelle... Mais elle ne refuserait pas de préparer un petit quelque chose pour ses cousins adorés. Ambre reposa sa lettre et attrapa sa carte de Miradelphia pour étudier le meilleur chemin à emprunter. Automne... A part un peu de boue, elle ne risquait pas grand-chose. Il fallait éviter les marais, c'était tout. Oubliant complètement d'envoyer la lettre qu'elle destinait à Ange, elle prit la route pour Alëandir, en compagnie de Falcor et de son loup Kaïla, son compagnon à poils qui avait bien grandi depuis le voyage aux falaises.

*Il faudra vraiment que je songe à m'acheter un cheval, ça me ferait gagner du temps... *

En sifflotant, le coeur joyeux, elle partit sur les routes sans se soucier de la pluie fine qui commençait à tremper sa cape. Un haussement d'épaule accueillit cette météo : avec un peu de chance, le retour du soleil donnerait naissance à un arc-en-ciel !


Quelques heures plus tôt, dans la forêt d'Anduram

La matinée venait de s'achever sous un soleil blâfard. Les arbres laissaient leurs feuilles colorées de diverses nuances de marron tomber en balets aériens sur le petit chemin. L'ocre se disputait à la chaleur grenat et un regard extérieur n'y aurait vu qu'une pluie doucement colorée. Le sol était tapissé de feuilles, étouffant les bruits et s'enfonçant sous les pas des intrus. Il faisait plutôt frais, mais la fraîcheur n'était pas désagréable, elle ne faisait qu'adoucir l'été si brûlant qu'ils avaient enduré. Les oiseaux laissaient entendre leurs chants et s'enfuyaient au moindre mouvement dans un battement d'ailes brisant le silence. Sur le chemin, traînant les pieds sur ce tapis naturel, une silhouette de taille moyenne se mouvait, une cape marron couvrant ses épaules et dissimulant son visage. Sur la cape brillait le fier insigne des messagers, le caducé d'argent. Sous sa cape, dans ses bras, l'étrange personnage serrait deux boîtes qu'il avait peine à tenir de part leur grosseur... et leur poids.

Un bruit, un silence. Le silhouette tourna la tête et laissa tomber sa capuche, révélant une chevelure blonde emmêlée et des yeux bleus, brillant au milieu d'un visage doré donc la pâleur était effrayante. La jeune femme sourit doucement en apercevant la cause de ce bruit. Elle leva la tête et fit un signe de la main, attirant un faucon qui vont se poser sur son bras ganté dans un gracieux bruissement d'ailes.

- Kaïla, doucement quand tu me suis comme ça !

Le loup ne sortit pas des bois, se contentant de la fixer un instant avant de repartir gambader. Il était encore bien jeune, mais il était plus prudent qu'elle. Marcher sur le chemin était bien plus risqué que de passer par la forêt. Mais Ambre n'avait pas vraiment le coeur à se compliquer la vie après ce qu'elle venait de vivre. Son regard se porta sur les boîtes. Odieux... Un frisson la parcourut des pieds à la tête et elle ferma les yeux un bref instant pour chasser les images qui la pourchassaient cruellement. Le vent, puissant, secouait les mèches de la messagère. Car elle était messagère, pour l'instant. Elle arborait l'emblême de ce petit groupe ! N'était-elle par partie pour apporter une simple lettre, à l'origine ? Mais elle était tombée sur les drows... qui l'avaient engagé comme messagère de mauvais augure. Voilà une journée et demie qu'elle marchait avec ce pénible colis imposé. Elle savait ce qu'il contenait. Elle était là, elle avait tout vu. Un nouveau frisson la parcourut. Si l'horreur avait un nom, il se serait appelé Tebryn. Non pas qu'il était laid, bien évidemment, mais elle ne pouvait pas supporter le sadisme dont il avait fait preuve. Au moins, elle n'avait rien, elle !


Maintenant, à Diantra

Ambre ne prit même pas la peine de s'arrêter dans une auberge pour se refaire une beauté ou tout simplement pour manger un peu et se reposer. Elle porta ses pas vers le château. Ca ne pouvait pas attendre et pourtant elle marchait lentement, péniblement. Elle pliait légèrement sous le poids de ses colis et sous celui de la fatigue. Sale, épuisée, encore choquée par ce qu'elle avait vu, elle ordonna aux gardes de la laisser passer en tant que messagère. Bombant la poitrine pour montrer son insigne, elle attendit simplement qu'ils écartent leurs hallebardes pour lui céder le passage. Les gardes semblèrent hésiter. Il ne devait pas y avoir beaucoup de messagers aussi mal vêtus qu'elle qui entraient au palais ! Mais l'insigne des Plumes Vertueuses témoignaient de sa bonne foi, aussi la laissèrent-ils passer.

Laissant Kaïla et Falcor dehors, Ambre parcourut les couloirs jusqu'à la salle du trône. Elle n'avait pas souvent eu l'occasion de se rendre au palais car, bien que noble de naissance, elle préférait largement courir le pays à la recherche d'aventures. Mais là, elle avait eu sa dose d'émotions fortes pour quelques temps. Enfin du moins l'espérait-elle. Son travail de messagère risquait de lui peser un peu à l'avenir, car elle se souviendrait toujours de ce jour où les drows l'avaient capturée.

* J'ai eu de la chance, moi ! *

Elle arriva à la porte de la salle du trône et demanda au garde qui s'y trouvait de l'annoncer auprès du roi pour un message de la plus haute importance. Le garde s'exécuta aussitôt. Ambre restait très pâle en songeant au contenu du colis... Les têtes des princesses de Diantra... Les drows avaient osé violer et torturer les princesses avant de leur trancher tout simplement la tête. Voilà ce que contenaient les boîtes... Les têtes nettoyées des princesses ainsi que quelques herbes pour empêcher la décomposition et un des bijous appartenant aux victimes. Ces filles avaient son âge... Ambre déglutit doucement. Elle n'avait pas souvent eu l'occasion d'assister à une telle preuve de sadisme et elle espérait ne jamais en devenir la victime. Bien évidemment, ça ne l'empêcherait pas de lutter contre les drows ! Bien au contraire ! Sa rage n'en était que plus forte. Elle leur ferait payer...

L'attente lui semblait interminable mais elle ne sut pas exactement combien de temps elle dura, car son esprit restait hanté par ces visions d'horreur. Tebryn l'avait averti : si elle ne livrait pas ces colis, elle subirait le même sort ! Odieux... Jamais Ambre ne cédait au chantage mais, pour le coup, elle avait pris peur. Peur que ce ne soient ses propres cris qui résonnent ainsi à ses oreilles...

[hrp : j'ai aussi une missive à donner qu'Ambre garde sous sa cape, je te la passe au prochain post^^]

On annonça qu'un messager était là, qu'il voulait voir le roi... Qu'elle voulait voir le roi. Alors voilà, ce message tant attendu et craint était enfin arrivé... Trystan ferma les yeux un instant alors que lui revenait en mémoire la vision de l'enlèvement, de la torture et de la mort des princesses. Il avait tout vu et il n'avait rien pu faire. Et il n'avait rien dit. Seule Lilianna était au courant. Mais personne ne saurait jamais qu'il savait déjà ce que voulait ce messager.

Ultuant était là... Leylan aussi. Il se mordit la lèvre pour ne pas lui dire de partir. Pourquoi le ferait-il? Quelle raison arguer? Il avait beau réflechir à toutes vitesses, rien ne vint et surtout pas en si peu de temps, alors qu'Ultuant demandait déjà à ce qu'on fasse entrer la messagère.

Il ne s'était passé que peu de temps entre la décapitation des princesses et l'arrivée de la messagère. Les drows en avaient bien profiter. Mais Trystan était loin de se douter que ce n'était pas un simple bout de papier qu'elle ramenait. Cette scène là, il ne l'avait pas vu. Et présentement, il était bien incapable de deviner quoique ce soit. Il ne voyait rien, il entendait simplement.

Ultuant, Lelyan, les autres conseillers. Un comité restreint. C'était aussi bien. Comment allait réagir Lelyan? Et le roi? Il était un homme bon et aimant, comment allait-il accuser la nouvelle de la mort de ses jumelles adorées? Même Trystan ne savait pas comment il allait réagit à l'annonce officielle. Elles étaient ses nièces, même si tous ici l'ignoraient. Il aurait du parler à Ultuant plus tôt de leur lien de parenté. Maintenant... Maintenant, c'était dangereux.

La porte s'ouvrit et la messagère entra. Il lui semblait que le temps semblait se ralentir. Si seulement on pouvait passer cette scène, passer cette horreur... passer la douleur d'un père et d'une mère. Trystan prit les devants et s'éclaircit la gorge :

- "Bienvenue messagère."

Il entendait des murmures concernant la mine piteuse de la jeune femme, alors qu'un autre conseiller prenait a parole :

- "Duchesse Soltariel? Mais que faites-vous donc dans cette tenue?"

Imbécile... Il faisait le fier et l'arrogant, mais dans quelques minutes, il serait décomposé. Trystan le coupa, tranchant :

- "Sa mise importe peu, nous ne sommes pas à un bal."

Il tourna alors son regard aveugle vers Ambre et demanda d'une voix qu'il espérait dénuée de tout sentiment :

- "Quel est votre message?"

Enfin la porte s'ouvrit, achevant cette attente qui lui avait paru si longue. A présent, elle trouvait au contraire qu'elle avait été trop courte. Elle n'osait pas imaginer la réaction du couple royale... Ils étaient là. Ultuant, Lelyan, le grand conseiller, les conseillers... Elle ne se sentait pas très bien, elle avait rarement éprouvé un tel malaise à se trouver en présence des nobles, sauf le jour de son mariage, évidemment. Tenant dans ses bras les boîtes, elle s'avança à petits pas. La reine, tout en douceur, lui souriait avec grâce. Le roi la regardait avec curiosité mais sans méchanceté. Ambre n'était pas entièrement inconnue de la cour, ou plutôt elle était célèbre pour ne jamais y mettre les pieds. Ce fut la voix de grand-conseillé, le duc Trystan d'Erac, qui l'accueillit à son entrée.

- "Bienvenue messagère."

Elle posa un instant son regard sur le bel aveugle. Bien qu'ils soient voisins de domaines, elle ne se souvenait pas lui avoir jamais adressé la parole. Non, c'était la première fois. Elle n'avait que peu cotoyé la noblesse depuis sa fugue, cinq ans plus tôt. Ultuant et Lelyan devaient se souvenir d'une adolescente turbulente qui se plaisait à ridiculer les jeunes garçons par des mots blessants mais courtois... C'était sans doute pour cette raison qu'elle avait le droit à leurs sourires. Même si le temps avait passé, elle n'avait pas tellement changé.

- Je vous remercie Sire d'Erac.

Sa voix tremblait légèrement. Comment allait-elle délivrer son colis ? Ainsi, devant tout le monde ? Comment allait réagir le couple royal ? Elle s'avança sous les murmures des conseillers. Oui, elle avait une mine affreuse, elle était décoiffée et en tenue de voyage, elle avait le visage boueux et le teint pâle... En rien elle ne ressemblait à une duchesse ! Et encore ne l'avaient-ils jamais vu ivre-morte...

- "Duchesse Soltariel ? Mais que faites-vous donc dans cette tenue ?"

Ignorant de conseiller ! Comme si la situation exigeait qu'elle passe trois heures à se laver quand son colis commençait doucement à... empester. Herbes ou pas, après deux jours de voyage l'odeur devenait forte. Elle n'eut pas le temps de répondre à la remarque du conseiller, le duc d'Erac l'interrompit avec froideur :

- "Sa mise importe peu, nous ne sommes pas à un bal."

Elle croisa son regard aveugle et un frisson la parcourut. Il savait, non ? A l'expression de son visage, elle avait l'impression qu'il s'attendait à quelque chose d'horrible... Elle devait se tromper, comment aurait-il su ? Impossible ! Elle se faisait des idées, comme toujours.

- "Quel est votre message?"

Elle ne prêta pas attention à sa voix, ses pensées s'étaient à nouveau égarées vers la scène à laquelle elle avait assistée. Elle imaginait l'état des têtes, à présent. Le roi et la reine... Des parents attentionnés qui espéraient simplement protéger leurs filles... Elle s'avança jusqu'au trône, déposa les boîtes et effectua une gracieuse révérence, ce qui était plutôt difficile avec sa tenue masculine. Heureusement, sa cape pouvait lui servir...

- Duchesse et messagère Ambre Soltariel pour vous servir, majesté. Je vous apporte deux colis ainsi qu'un message de la part de...

Sa voix se mua un instant. Elle frémit et prit son courage à deux mains.

- De la part de Tebryn, roi des tueurs de l'ombre.

Elle eut un instant d'hésitation. Se montrer insolente ne lui posait généralement pas de problème mais il s'agissait tout de même du roi... Cela dit, c'était pour son bien... Elle devait le prévenir.

- Si je peux me permettre, vos altesses, je sais ce que contiennent ces boîtes et je ne saurai que trop vous conseiller de... vous attendre au pire.

Elle ne pouvait pas demander à ce que la reine quitte la salle, elle ne pouvait pas pousser l'insolence jusque-là... D'un geste, elle tira la missive que Tebryn lui avait remise et elle s'approcha pour la tendre au roi. Sur cette courte lettre, on pouvait lire une unique phrase :


Elle ne savait pas elle-même ce que contenait le message, mais l'aurait-elle su qu'il aurait été de son devoir de le remettre. Son devoir de messagère... Quoiqu'elle fasse, elle avait choisi la neutralité lorsqu'elle arborait cet insigne. Elle devait s'y conformer malgré sa haine pour les drows. D'un geste qu'elle voulait sûr, elle tendit les deux boîtes au roi, puis elle s'éloigna de quelques pas et s'agenouilla, les mains crispées sur sa cape, prête à entendre la tempête de douleur qui allait certainement suivre.

Trystan put entendre une nouvelle vague de murmures alors qu'Ambre disait venir de la part de Tebryn. La simple curiosité laissa place à une angoisse palpable qui mit Trystan mal à l'aise. Plus que tous les autres, il ressentait ses variations dans l'atmosphère, dans l'air, s'y fiant puisque ses yeux étaient défaillants. Et là, la tension l'étouffait. Surtout qu'il connassait la teneur du message.

Quelqu'un mumura près de lui une question à propos de boites. Des boites? Il haussa un sourcil perplexe, avant que son coeur ne cesse de battre. Au même instant, Ambre leur recommandait de s'attendre au pire. Des boites... Des boites qu'une messagère seule avait pu porter... Les princesses décapitées... Tout s'assemblait dans son esprit comme un macabre puzzle.

Ultuant se saisit du message... Il devait lui aussi craindre le pire. Dans un élan spontané et dénué de tout calcul pour une fois, Trystan tendit le bras. Il était à côté d'Ultuant et celui-ci n'avait pas encore bougé. Il voulait le retenir...

- "Ultuant..."

Que dire? Le Roi le repoussa un peu durement. Il devait savoir... Il le fallait. A côté de lui, il y avait Lelyan, pâle comme une morte. Plus un bruit dans la salle... On aurait pu entendre une mouche voler. Ultuant s'approcha des boites et souleva le couvercle. Trystan entendit un hoquer d'horreur devant la macabre découverte. Pour une fois, il était heureux de ne rien voir, même si son odorat avait capté l'odeur de la mort, de la chair pourrissante.

Leylan s'échappa de la poigne d'un conseiller et vt ce qu'il y avait dans les boites : une tête... des cheveux blonds qui caractérisaient Kamilla. Un hurlement strident résonna dans la salle alors que Lelyan s'effondrait, inconsciente. Son pauvre cerveau n'avait pas supporté cela.

- "Emmenez la reine dans sa chambre."

Pas un bruit. Trystan eut un petit claquement de langue agacé et reprit froidement :

- "Maintenant!"

Certains semblèrent se secouer alors qu'ils emportaient la reine loin de la salle du trône. Ultuant était muer, saisi par l'horreur. Et pourtant, il trouva le courage d'ouvrir la seconde boite.

Ses trésors, ses filles adorées, la prunelle de ses yeux étaient mortes.

Mutilées, torturées, leurs cadavres souillés. Ils n'avaient plus que leurs têtes décomposées. Même pas de quoi faire des funérailles décentes. Et pourtant, dans l'esprit tortueux de Trystan plusieurs éléments tourbillonaient : les drows avaient les cadavres des princesses et des otages humains, les humains avaient un gradé de l'armée et quelques drows...

Il revint au présent.

- "Duchesse Soltariel, comment vous êtes vous retrouvée mêlée à cela?"

[hrp : le récit d'Ambre changera peut-être selon le RP dans la forêt.]

Le roi avait pris le message sans écouter les conseils d'Ambre. Oui elle avait outrepassé sa place mais pourquoi se montrait-il se borné ? Il ne la connaissait pas assez, à vrai dire. C'était un peu de sa faute s'il remettait en question les conseils d'Ambre. Elle n'était qu'une noble parmi d'autres. Elle aurait voulu lire le message elle aussi, mais avec ce qu'elle avait vu de Tebryn, elle pouvait le deviner... Quelque chose de mordant et d'angoissant en même temps. Elle qui se vantait de n'avoir jamais peur... Elle n'était pas prête d'oublier la terreur qui l'avait alors paralysée. Ultuant avait pâli mais il semblait mieux se maitriser que Lelyan. Trystan lui attrapa le bras, pour l'empêcher d'ouvrir les boîtes. Ambre aurait aimé qu'il arrive à le convaincre. Elle ne voulait pas revoir ces corps mutilés, mais elle ne ferait pas l'affront de détourner les yeux. Elle avait assisté à leurs derniers instants, elle se devait de les respecter dans leur mort comme elle les avait respecté de leur vivant.

- "Ultuant..."

Le roi refusa son appel et Ambre pouvait deviner l'angoisse qui l'éteignait. Peut-être aurait-elle dû lui dire, peut-être aurait-elle dû mieux le prévenir. Mais au moins, il n'avait pas assisté à leur torture. Il ne s'endormirait pas avec leurs hurlements de douleur dans les oreilles. C'était mieux pour lui, vraiment. Ambre n'était pas de la famille, elle n'avait même jamais parlé aux princesses, mais elle passerait plusieurs nuits blanches après ça. Elle n'aurait pas osé imaginer la réaction d'un père assistant à la torture de ses enfants...

Le silence était tombé. Ambre attendait toujours, serrant les poings avec force jusqu'à s'en blanchir les articulations des doigts. Ultuant s'approcha des boites et souleva le couvercle. Un hoquet de surprise, une forte odeur... Ambre eut l'impression que son estomac de retournait mais elle n'esquissa pas le moindre mouvement. La reine s'approcha et poussa un hurlement à fendre l'âme. Ambre la regarda s'effondrer et se leva pour se porter à son secours. Au diable le protocole ! Elle n'allait pas rester les bras croisés tout de même ! Ambre lui releva doucement la tête, repoussant les mèches qui tombait sur le visage de sa reine. Une expression de douleur la marquait...

- "Emmenez la reine dans sa chambre."

Ambre tourna son regard sur les conseillers pétrifiés. Normal. Elle savait déjà ce qui contenait les boîtes, elle n'était pas aussi stupéfaite qu'eux... Trystan dut insister pour les sortir de leur torpeur. Elle posa sur le duc un regard surpris. Elle ne le connaissait pas très bien non, mais elle trouvait qu'il accusait très bien le coup ! Il gardait son sang-froid dans une telle situation ! Peut-être était-il aidé par ses yeux aveugles, finalement. Chaque défaut avec son avantage.

Ambre laissa les conseillers emporter la reine. Elle les regarda s'éloigner puis elle reprit sa place. Le roi ne disait plus rien, puis il ouvrit la deuxième boîte.

- "Duchesse Soltariel, comment vous êtes vous retrouvée mêlée à cela?"

Ambre retrouva un peu ses esprits et son regard redevint plus ferme. Le pire des moments était passé, elle l'espérait. Le duc n'oserait tout de même pas lui demander les détails, pas devant le roi... Mais peut-être que le roi lui-même voudrait savoir, pour poser des images concrètes à ses cauchemars.

- Comme vous le savez, je suis messagère des Plumes Vertueuses. J'étais au Quartier Général lorsqu'une lettre pour Alëandir est arrivée. Je suis donc partie pour la cité des elfes. En chemin, j'ai croisé le convoi attaqué des princesses. J'ignorai alors qu'il s'agissait d'elles, mais je n'ai pas eu le temps de me poser la question.

Elle leva les yeux vers le roi avant de reprendre son récit.

- Deux drows postés sur le chemin m'ont attrapé alors que je cherchais des survivants.

Elle frémit légèrement à ce souvenir. Etre attrapée comme ça, sans même avoir pu tuer un seul ennemi ! C'était une honte qu'elle ne se pardonnerait pas de si tôt ! Mais elle était aventurière, pas guerrière. L'entraînement qu'elle avait reçu ne faisait pas d'elle une combattant irréprochable. Cela dit les princesses avaient payé cher son incapacité.

- Ils m'ont amené à Tebryn et sur son ordre je me suis présentée comme messagère, puisque je parcourai alors les routes dans ce but.

Elle raconta ce qui avait suivi. Comment Tebryn avait décidé qu'elle lui serait finalement utile si elle pouvait apporter quelques petites choses au roi, comment il l'avait obligé à assister à la... mort des princesses. Ambre préféra éviter le mot "torture" et plus encore le mot "viol" en présence du roi. Il devinerait certainement, mais elle ne voulait pas que ses mots viennent également le hanter.

- Il m'a confié les colis, déclarant que si je ne remplissais pas ma tâche, il me traquerait et me ferait subir le même sort.

Comme si elle allait se laisser impressionner par un pareil discours ! Oui il lui avait fait peur, mais elle ne se laisserait pas abattre et au contraire, elle lui ferait payer pour ces filles qu'il avait massacré...

- Ainsi qu'à toutes les personnes proches de moi.

Elle préféra ne pas en rajouter. Elle n'expliqua pas comment il les avait dépacité sous ses yeux. Qu'importe sa propre horreur devant ce que ces jeunes innocentes avaient subis ?

- Il m'a remis la lettre et les colis, puis il m'a laissé partir.

Sur le coup, elle regrettait de n'avoir rien tenté pour tuer Tebryn. Qu'en aurait-il résulté de toute façon ? Un autre drow peut-être pire aurait pris sa place...

- J'aimerai que ces drows puissent pourrir chez Tari jusqu'à la fin des temps !

Ses paroles étaient sorties de ses lèvres bien malgré elle mais elle les pensait vraiment. Elle vit quelques conseillers hocher la tête tandis que d'autres restaient amorphes. Elle sentait son sang bouillir de rage mais tenta de se contenir en attendant les questions qu'on pourrait lui poser. Peut-être allait-on simplement la congédier.

Le garde bassa la tête en signe de soumission. Le regard insistant du Maréchal était bien plus vivace qu’il n’aurait cru et le simple fait de le sentir sur soi le déstabilisa complètement. Il tenta de grimacé mais restait figé sur place. Il haïssait ce genre de situation, de plus il respectait l’hybride qui avait sur gagné l’importance qu’il souhaitait et montré à chacun des soldats humains, qu’il était aussi redoutable que fin commandant.
En quelque mois il avait non seulement su crée sa propre légende et sa propre stature mais il avait aussi écrasé tout signe contestataire de son autorité. Les rapports qui provenaient des hommes sous sa direction, laissaient certains pontes totalement étonné et méfiant face à ces changements de bonnes augures. Veldrin avait déjà été attitré d’un surnom assez amère, on l’appelait « la bête sauvage »…Cet hybride avait su détourné nombre de règles sociales, d’éthique et de loi pour s’ériger au sommet et se forgé une place au sein de grands projets. Il représentait dans sa nature et sa position un paradoxe incroyable à lui seul.
Il inspira de manière profonde pour marquer son impatience. Le garde suait et fut étonné de sentir certaine émotion le prendre. L’hybride était arrivé de manière confuse et surprise, prenant tous le monde au dépourvu. Le garde qui tenait la porte close, était prit dans un étau de devoir et de dévotion. Il inspira profondément et ne mit pas plus de quelque secondes pour prendre sa décision. Si le Maréchal était là ce n’était pas pour rien. Il défit le loquet de la porte et la poussa avec douceur…Veldrin tarauda le garde pour lui faire comprendre qu’il n’oublierait pas cette attente, il ajouta un coup contre le porte qui la propulsa dans son angle d’ouverture maximum avec un grincement violent et sec.

La porte ne claqua pas, elle s’arrêta à quelques millimètres du mur dans un bruit sec et violent. Dans l’encadrement de la porte se dessina une silhouette masculine, il était vêtu d’une longue toge qui couvrait son corps et remontait jusqu’au visage, une capuche était rabattue pour masqué les traits du personnage. Des deux cotés de la capuche descendait deux tignasses de cheveux mal coiffés d’une couleur noire opalescente s’étalait sur ses épaules. La pénombre que créait la capuche ne laissait apparaître que deux fines lueurs bleuâtres marquant ses yeux, cela lui donnait un air aussi vorace que doux. Il fixait l’assemblé réunit et ses yeux finirent par se posé sur le paquet Il s’approcha en respectant le lourd silence qui c’était installé depuis que la porte c’était ouverte.

Bonjour à tous, je suis Veldrin Dëlisa, Maréchal situé sur la bordure de la forêt d’Aduram.

Il se tut comme pour marqué ce qu’il venait de dire, et fit un signe de tête à Trystan qui devrait tout de suite comprendre le fait de sa présence et surtout de savoir comment il pouvait savoir.

Bonjour à vous Conseiller.

Il déposa son regard azur sur la Duchesse.

Vous avez sûrement raison de les haïr mais respecter la mémoire de Tari, elle est seule maîtresse de ses vies. Et je ne pense pas que cela soit raisonnable d’entendre de telles choses venant de votre bouche, Duchesse Soltariel.

Il finit par s’agenouillé et plaça son bras sur sa poitrine en signe de soumission.

Votre Majesté…Pardonnez mon entrée fracassante mais certaines de mes sentinelles ont pu observer la scène. Ils n’ont pas pu réagir en vue de leurs sous effectifs, une action de leur part aurait pu rendre les nouvelles bien plus mauvaises. Une partie de mes hommes est prête à prendre place sur des positions fortifiées au sein des Terres Stériles. La plupart des troupes sous mes ordres sont actuellement stationnées sur la bordure des Foret d’Aduram. Je suis votre épée mon Seigneur, ordonnez moi et je tuerais sans vergogne.

Sa voix était clair et précise, autoritaire un tant soit peu juste la note nécessaire pour ne pas paraître irrespectueux. Trystan pu sentir l’esprit de Veldrin interagir rapidement…Il mentait, l’hybride avait quelque chose en tête.

Trystan écouta le récit d'Ambre sans dire un mot. Apparemment, elle s'était simplement retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Une horrible coïncicdence, rien de plus. Mais l'attaque du convoi n'était pas un hasard lui, alors la présence de la Duchesse de Soltariel pouvait-elle vraiment en être une? Le jeune homme avait beau fouiller dans sa mémoire, pa sune fois, il n'avait entendu dire que les Soltariels étaient défavorables au roi et complotaient contre lui. Pourtant les rumeurs de ce genre allaient bon train et les espions de Trystan étaient plutôt bien renseignés. Mais cette fois, il devait se rendre à l'évidence : hasard.

Dans la voix d'Ambre, il capta sa frustration de ne rien avoir pu faire. Mais qu'aurait-elle pu faire de toutes façons contre des drows surentrainés? Il fallait être réaliste, peu de personne seule auraient pus changer le cour des évènements.

- "Votre statut de messagère vous a sauvé la vie Duchesse et ainsi, avons-nous la certitude que votre récit est véridique et que vous avez prit grand soin de mener votre funeste et difficile mission à bien."

Il l'entendit jurer contre les drows, entendit quelques murmures d'approbation. Mais il se raidit, sentant un picotement familier dans son corps e tourna machinalement la tête vers la porte qui venait de s'ouvrir. Il n'avait même pas besoin d'entendre la voix pour savoir qui c'était.

Veldrin.

Quelle surprise... Et cette fois, il ne pouvait pas vraiment penser en termes de hasard. L'hybride se présenta à tout le monde et salua plus particulièrement Trystan, avant de reprendre les dernières paroles d'Ambre. Puis, il fit serment d'allégeance à un Ultuant absent, trop secoué par la mauvaise nouvelle pour être efficient tout de suite. Il jeta un coup d'oeil à Veldrin, puis à Trystan qui restait impassible. Mais Trystan savait que l'hybride avait une idée derrière la tête sans pouvoir pour autant mettre un nom dessus.

- "Maréchal d'Oësgard. Oui, je suis au courant de votre nomination. Il est réconfortant de savoir pouvoir compter sur votre épée. Pardonnez-moi, mais pour le moment, j'aimerai simplement honorer la mémoire de mes filles."

Il regarda Ambre.

- "Merci de votre célérité et de votre honnêteté Duchesse Soltariel. Prenez donc vos quartiers au château le temps de vous remettre de ce périple. Avec ma gratitude."

Ultuant fit appeler deux gardes et leur demanda de transporter les colis, puis il quitta la salle avec les restes de ses filles, abandonnant alors l'assemblée en proie à une vive confusion.

- "Veldrin, je suis heureux de te revoir, même si les circonstances son tragiques. Amène-moi vers la Duchesse tu veux?"

Il se etrouva alors devant Ambre et reprit à son attention :

- "Désirez-vous que je vous fasse préparer une chambre et de quoi vous restaurer? Vous avez du vivre des moments difficiles..."

Ambre tremblait légèrement, mélange de rage et de peur, essayant de cacher les violents sentiments qui l'envahissaient. Les drows... Elle vengerait ces filles. Non pas parce-qu'elles étaient princesses, mais bien parce-qu'elles étaient à peine sorties de l'adolescence. Elle voulait faire endurer aux dows les mêmes supplices qu'ils avaient fait endurer à ces innocentes. Son statut de messagère lui avait sauvé la vie oui. Elle ne pouvait pas le nier, si elle n'avait pas été messagère elle aurait sans doute subi le même sort que ces deux filles. Cette pensée lui arracha un frisson. Au moins, le grand-conseiller ne l'accusait pas de trahison et de complot. Dans l'état où elle était, la moindre insulte l'aurait tout simplement fait exploser de colère, sans distinction pour les personnes présentes.

La porte s'ouvrit d'un mouvement sec et Ambre sursauta légèrement, surprise par cette entrée. Elle tourna la tête, s'attendant presque à voir Tebryn lui-même arriver dans la salle du trône. Illogique oui, mais l'esprit d'Ambre était trop préoccupé par d'horribles souvenirs pour raisonner d'une manière parfaitement sensée. Ce ne fut pas un drow qui entra. Quoique... Ambre ne pouvait pas voir son visage, caché derrière une capuche qui ne laissait paraître que quelques cheveux noirs mal coiffés. Ses yeux bleus se posèrent sur l'assemblée. Qui était-ce ? Elle n'aimait pas les individus qui cachaient leur visage ! Que leur voulait-il ?

Bonjour à tous, je suis Veldrin Dëlisa, Maréchal situé sur la bordure de la forêt d’Aduram.

Un maréchal... Ambre fronça légèrement les sourcils. Pour un maréchal, il se comportait encore plus mal qu'elle. On ne restait pas le visage masqué pour s'adresser au roi et à ses conseillers... En tout cas, elle ne se souvenait pas d'avoir entendu parler de... Veldrin ? Peut-être... Elle ne s'en souvenait plus, si tel était le cas.

Bonjour à vous Conseiller.

Saluer le conseiller avant de saluer le roi... Ambre frémit. Puis elle croisa son regard lorsqu'il posa ses yeux sur elle.

Vous avez sûrement raison de les haïr mais respecter la mémoire de Tari, elle est seule maîtresse de ses vies. Et je ne pense pas que cela soit raisonnable d’entendre de telles choses venant de votre bouche, Duchesse Soltariel.

Ambre serra les dents et serra les poings pour contenir la colère qui l'avait saisi à sa dernière remarque. Peut-être qu'une duchesse ne parlait pas ainsi, mais elle était là en tant que messagère, après tout ! Et ces paroles lui avaient simplement échappées... Elle garda le silence. C'était mieux pour tout le monde dans la situation présente.

Veldrin s'agenouilla et s'adressa finalement au roi, expliquant que certaines sentinelles avaient assisté au massacre. Et qu'elles n'avaient rien fait... Ambre se raidit. Même si elle avait dû mourir, elle serait intervenue... Elle frémit également en entendant le maréchal déclarer qu'il suffisait au roi de lui ordonner de tuer pour qu'il commence un massacre. A quoi jouait-il ? Massacrer, tout simplement ? Elle n'aurait su comment le dire mais ces paroles lui paraissaient... l'écho de ce que le roi avait besoin d'entendre, rien de plus. Le roi prit finalement la parole, déclarant que pour le moment, il préférait honorer la mémoire de ses filles par le deuil. C'était mieux ainsi. Le regard du roi se posa ensuite sur la jeune femme.

- "Merci de votre célérité et de votre honnêteté Duchesse Soltariel. Prenez donc vos quartiers au château le temps de vous remettre de ce périple. Avec ma gratitude."

Ambre hocha la tête. La gratitude... Elle ne s'en sentait pas digne. Pas encore du moins. Pauvres filles... Pauvre Ultant ! Le royaume des hommes venait de subir un choc qui pouvait conduire à de nombreux drames bien plus graves... Des vies étaient en jeux et Ambre avait pour devoir de protéger ceux qui la servaient... Ultant confia les colis aux gardes et quitta la pièce. Il devait avoir besoin de solitude et personne ne lui en fit le reproche.

- "Veldrin, je suis heureux de te revoir, même si les circonstances son tragiques. Amène-moi vers la Duchesse tu veux?"

Ambre leva la tête et accueillit le conseiller d'un triste sourire qu'il ne pouvait voir.

- "Désirez-vous que je vous fasse préparer une chambre et de quoi vous restaurer ? Vous avez du vivre des moments difficiles..."

Ambre hésita un bref instant. Loger au château ou partir boire un peu à la taverne ? Elle aurait bien voulu faire la fête pour oublier un peu ces visions d'horreur, mais en la circonstance elle préférait respecter le deuil de tous.

- Je vous remercie grand-conseiller. Ce serait pour moi un honneur que de pouvoir passer la nuit au château, le temps que je reprenne la route...

Elle frémit à nouveau.

- Les moments difficiles que j'ai passé ne sont rien en comparaison de ce qu'elles ont enduré.

[hrp : un peu pressée par le temps sur la fin, je modifie s'il le faut ]

L’annonce avait été cinglante et mortelle pour le Roi Ultuant qui c’était retiré dans ses appartements. Faisant face à la pire douleur d’une vie, tout n’était plus qu’une question de temps. Veldin n’était pas du genre à prendre avec des pincettes et tenait à garder son impassibilité quelque soit la situation. Il y eut un bref échange en Trystan et Ambre, le Duchesse semblait ne pas avoir fort apprécié la prestation de l’hybride, il esquissa un sourire invisible, son visage fermé à toutes émotions, il restait stoïque. Il y eut quelques échanges formels et le Conseiller invita Ambre à demeuré au château.
L’hybride ne pu s’empêcher d’observer l’aveugle silencieusement, lui savait. Ce n’était ni le moment ni l’heure pour échanger quoique ce soit. Il s’approcha des deux humains présents, et s’inclina de manière légère devant la Duchesse.

Pardonnez moi Duchesse, la célérité et l’éloquence peuvent parfois être des défauts. Si vous voulez bien m’excusez. Conseiller.

Il salua rapidement Trystan et sans attendre de réponses, quitta la salle du trône en silence. La réforme allait tomber. Et tout deviendrait bien plus vivace.

HRP / C'est petit et court, mais j'avais pas du d'inspirations, à édité si nécéssaire, je souhaite que ça soit suffisant tout de même. / HRP

[T'inquiète, c'est juste pour clore xD]

Ambre accepta l'invitation à rester au château. Il aurait été de mauvais gout de refuser, même si trystan ne lui en aurait pas tenu rigueur. Il ne la voyait pas, mais il préférait cela en ce moment. Comme il préférait ne pas voir les mines atterrées ou encore les têtes déjà décomposées de ses nièces. il avait assez souffert de voir ça dans ses visions, pas la peine de se confronter à la réalité. Quel choc pour les parents... quelle tragédie. Trystan n'était pas père, mais il n'osait même pas imaginer sa réaction si un jour, on s'en prenait à ses enfants. Aux enfants de Lilianna. Cette pensée le traversa subitement. Un peu déplacée en l'occurrence et surtout effrayante. Voilà qu'il associait irrémédiablement Lilianna à son futur, sans se poser de questions... Il était vraiment fou d'elle.

Veldrin les salua alors, quittant le pièce rapidement, l'esprit déjà en ébullition quant aux mesures à prendre pour la suite. Concernant les affaires militaires, Trystan s'en remettait aveuglément à l'hybride. Chacun son domaine et celui de la guerre n'était pas sa spécialité première. Evidemment, il avait des bases concernant la stratégie et le maniments des armes, mais déjà plus jeune, il avait préféré les arcanes aux armes. Et de toutes façons, maintenant, il était bien incapable de se servir d'une épée autrement qu'en moulinant devant lui comme un imbécile.

Ambre répondit quelque chose qui fit réagir Trystan immédiatement.

- "Et il ne sont rien comparé à ceux que nous allons traversé Duchesse."

La phrase était sortie toute seule. Mais cette effroyable tragédie n'était pas la fin... Juste le commencement.

- "Reposez-vous et profitez de notre hospitalité le temps qu'il faudra."

Il fit un petit signe de tête à Ambre pour la saluer et se fit raccompagner par un Thibaut livide jusqu'à ses appartements.

[Fin pour moi aussi xD]

Ambre ne se remettait pas aussi bien qu'elle l'aurait voulu de ce qu'il se passait. La reine était tombée, le roi était en état de choc... Tout ce qui faisait les fondements de leur monarchie semblait d'être écroulé. Tebryn avait frappé, et il avait frappé fort. Ce geste ne serait pas sans conséquences, le royaume des hommes serait en deuil et affaiblis. Elle l'imaginait bien, en stratège qu'il était... Sans doute profiterait-il de la situation. A sa place, elle l'aurait fait. Elle aurait profité de la faiblesse adverse pour frapper avec rage, seulement ce n'était pas les drows qui faiblissaient, mais bel et bien eux... Son sang était en ébullition et criait vengeance pour ce crime odieux.

Le baron s'approcha d'elle et s'inclina, s'excusant pour ses paroles acides. Ambre hocha la tête. Une personne qui s'excusait ne méritait pas de rancoeur à ses yeux. Même si elle éprouverait sans doute quelques difficultés à excuser Tebryn dans le cas totalement improbable où ce dernier viendrait ramper devant eux et implorer leur pardon... Elle trouva la force d'esquisser un léger sourire alors que le baron quittait la pièce. Elle se demandait si elle avait déjà eu l'occasion de le rencontrer mais elle ne parvenait pas à s'en souvenir. Tout ça était si vieux pour elle... Elle avait été coupé de la noblesse pendant bien longtemps, mais à présent qu'elle était de retour, elle avait bien l'intention de ne pas rester sans réagir. Inconsciemment, elle voulait aussi se faire pardonner... de n'avoir rien pu faire pour ces deux jeunes filles. La faiblesse... C'était sa faiblesse qui n'avait pas pu empêcher de drame. Si elle avait pu être plus forte...

- "Et il ne sont rien comparé à ceux que nous allons traversé Duchesse."

Ambre frémit. Oui, les évènements qui suivraient ne seraient pas des plus réjouissants. Elle espérait de toutes ses forces que le roi saurait rapidement surmonter cette horrible nouvelle. Le royaume des hommes ne pouvait pas se permettre la moindre faiblesse... Mais que pouvait-elle faire, elle ? Oeuvrer avec la guilde à la destruction des drows, bien sûr. Rien d'autre ? Elle avait de l'argent, une certaine influence sur son duché...

- "Reposez-vous et profitez de notre hospitalité le temps qu'il faudra."

Il fit un petit signe de tête à Ambre pour la saluer. Avant qu'il ne quitte la pièce, Ambre, toujours à genoux et la tête baissée, posa son poing droit sur son coeur. Elle retint les mots qu'elle voulait prononcer, car elle ne savait pas comment les officialiser. Mais tous ceux qui pouvaient la voir savaient ce que ce geste de loyauté signifiait. Elle mettait sa vie et son honneur au service du royaume, elle aurait dû le faire depuis bien longtemps. Agir en solitaire n'apportait rien de bon. Lorsque Trystan fut parti, elle se releva et tourna les talons d'un mouvement ample, laissant le bas de sa cape accompagner son mouvement. Elle attendit qu'un serviteur la conduise aux appartements.

Lorsqu'elle s'y trouva, elle ouvrit la fenêtre pour permettre à Falcor de la rejoindre. Son compagnon à quatre pattes devrait patienter un peu. Lorsque le faucon l'eut rejoins, Ambre passa sa main dans le plumage de son compagnon, puis elle abattit un poing rageur sur le mur. La vengeance ne serait pas longue, elle trouverait un moyen de leur faire payer.

- Je jure que jamais je ne laisserai les drows me capturer ! Je jure que je leur ferai payer ce crime durant le reste de ma vie !

Elle poussa un cri de rage et s'allongea sur le lit, comme une enfant capricieuse. Peut-être était-ce le cas à ce moment précis. Peu lui importait. De son bras droit, elle se couvrit les yeux. Car après la colère, vinrent les larmes.