Les deux soeurs...[PV Daneva]

Sujet: Les deux soeurs...[PV Daneva] Lun 20 Oct 2008 - 10:30

Ils marchèrent tout trois vers le bâtiment administratif.

Térébantine grelottait encore de froid, mais traverser le port de Embruns, ses multiples baraquements emplis de la chaleur moite des marins en pleine beuverie, eut tôt fait de la sécher. Soledad marchait en tête, étrange fleur gironde dont la chevelure noire flottait au vent avec une simplicité déconcertante. Elle avançait le pas sûr et serein, son regard vert tendu vers l'avant. Moignon fermait la marche, l'air toujours égaré, ses os grinçant à chaque enjambée.
Le cortège étrange fit tourner les têtes de quelques marins avinés. Mais au final, les brumes de l'alcool étaient bien plus attrayantes que ses deux catins et leur escorte dégingandée.

Le Fortin était de belle taille et surplombait l'île sur sa falaise escarpée. Une tour d'ivoire pour protéger la princesse des Silencieux... Ou pour protéger la princesse des Silencieux, eux même ? Se demanda Térébantine tandis qu'un des plantons se dressait devant eux.
Avant que la chirurgienne ait pu réagir, Soledad avait déjà ouvert la bouche.

- Bonjour, Messire ! J'aimerais rencontrer votre supérieure, celle qui habite dans le bureau au sommet de cette tour. Dites-lui que je viens lui parler de Sin... Fit-elle avec un sourire déconcertant.

Le garde allait répondre vertement sur un mode goujat avec option "boue verbale éclaboussante" en sus, mais le nom de Sin le fit soudain pâlir. Révisant son jugement, il les pria d'attendre ici en bougonnant. Il remonta en quatrième vitesse dans les appartements de Daneva et frappa nerveusement à la porte.

-M'dame ! Y'a deux donzelles et un gars bizarre dehors qu'en demande après vous... C'est à propos de notre nouvel officier ... Il toussota... Sin !

Sujet: Re: Les deux soeurs...[PV Daneva] Mar 18 Nov 2008 - 13:40

Ca devenait lourd, très lourd. Cette chose immense qui lui servait de ventre gênait Daneva. Elle en avait assez. Bientôt neuf mois qu’elle supportait cet autre petit être au sein d’elle-même, neuf mois à espérer et à attendre. Bien sûr qu’elle l’aimait, cet enfant, mais elle brûlait de le tenir enfin dans ses bras ! Il pesait sur ses hanches depuis trop longtemps, il avait rendu ses membres lourds et maladroits, il avait ôté à sa mère sa chère liberté de mouvement… Le moment arrivait. Bientôt, très bientôt, lui avait dit la vieille guérisseuse de l’île. Pourtant Daneva ne savait plus si elle redoutait ou si elle espérait la délivrance, si elle la voulait dès maintenant ou si elle préférait que cela vienne plus tard. Elle se sentait si seule ! Sin était partie, depuis deux bons mois maintenant. Elle aurait déjà dû être de retour… Inquiète, Dane avait envoyé son nouveau garde du corps Loki sur le continent pour aller chercher sa précieuse amie. Ils devaient être sur le chemin du retour si tout s’était bien passé…

Gémissante, elle serra les mains sur son ventre. Cela devenait fréquent. Elle ne pourrait pas y arriver sans Sin… Elle savait qu’elle trouverait la force dans ses yeux, parce qu’elle était devenue pour Dane plus qu’une simple collègue. Cette dernière devrait affronter l’enfantement sans l’aide du père, alors elle avait reporté tout son besoin de soutient sur Sin. Sa chère Sin.

La vieille Adenie s’approcha de Daneva et lui passa un linge humide et chaud sur le visage. Elle dormait dans la chambre juste à coté, et était pratiquement toujours auprès de la cheftaine enceinte pour lui prodiguer ses soins.

On frappa à la porte, et Yedre je petit garde zélé y faufila son nez pour lui annoncer qu’elle avait de la visite. A cette heure ? Daneva ne s’étonnait plus de rien… Pourtant lorsqu’il mentionna le nom de l’officier aux cheveux de nacre, elle sursauta sur son fauteuil, et Adenie grommela en posant une main réprobatrice sur son épaule.

- Sin ? Fais entrer tout de suite les visiteurs !

Il sortit précipitamment pour s’exécuter, et Dane se releva tant bien que mal.

- Aide-moi à mettre quelque chose de plus présentable.
- Vous ne devriez pas vous agiter autant…

Adénie grommelle encore. Elle passe son temps à grommeler, la vieille, mais Dane l’aime bien. Elle est consciencieuse, et surtout elle sait y faire. C’est assez rassurant… Elle aida sa maîtresse à enfiler un long manteau de soie sombre, qui dissimula efficacement ses épaules blanches trempées de sueur, et ses cuisses dans un état similaire.

La porte s’ouvrit alors sur un étrange groupe de visiteurs… Deux femmes, dont l’une avait les cheveux d’un vert soutenu, et un homme d’aspect très étrange, comme si il était désarticulé. Dane se rassit lentement sur le grand fauteuil qui avait été déplacé au centre de la pièce pour laisser plus d’espace à la maîtresse des lieux. Après avoir jaugé les inconnus un bref instant, celle-ci tourna la tête vers Yedre.

- Cours prévenir Roc. Qu’il vienne le plus rapidement possible. Dis lui que j’ai des visiteurs.

Il détala une nouvelle fois. Dane s’empara de la dague croisée, sous le regard désapprobateur de son infirmière, et la posa sur ses genoux.

-Prenez place, je vous en prie…

D’un geste de la main, elle désigna les quelques sièges disposés en demi-cercle devant le fauteuil, séparés de celui-ci par une table basse encombrée de paperasse.

- A qui ai-je l’honneur ? Des amis de Sin ?

Sujet: Re: Les deux soeurs...[PV Daneva] Mar 18 Nov 2008 - 21:24

Térébantine observa froidement la dites Daneva sur son fauteuil. La Grande Silencieuse, chef incontestée des assassins et des tire-laines était une vulgaire femme enceinte.
Qu'elle ironie!
Térébantine témoigna de son hilarité patente en s'affalant sans grande classe dans un des fauteuils proposés. Son regard rubis ne cessa de fixer la brune créature et son monstre dans le ballon qui lui avait valu tout leur périple. Oh, l'espèce de sac à patate en soie qu'elle avait habilement enfilé était censé masquer plus ou moins cet état fait, mais elle avait pratiqué la gueuse en cloque et reconnaissait les signes caractéristiques. L'odeur de sueur rance accompagnant les derniers mois en était un.
C'était pour bientôt. Une semaine.. peut-être deux. Trop tard pour un avortement, quoi qu'un étouffement par cordon ombilicale était encore faisable. Ce serait un challenge néanmoins.

Soledad brisa le fil de ses réconfortantes réflexions avec son insupportable candeur.

- Oh ! Votre fils arrive bientôt ! ce sera un bel homme comme son père ! Fit la gironde demoiselle avec un sourire désarmant. oh ! Mais nous ne nous sommes pas présentés ! Je suis Soledad de Maloven, La sœur ainée de Sin de Maloven, votre fidèle officier je crois et voici Térébantine de Meca et son assistant, Monsieur Moignon qui me servent d'escorte... pour ainsi dire.

Elle fit une révérence aussi touchante que gauche avant de tendre sa main potelée vers Daneva avec un sourire enfantin. Par le cul rèche de cette salope de Deirdre, le lien filiale entre les deux sœurs était parfaitement inexistant : L'ainée était aussi brune, pâle et généreusement en chair que la seconde blanchie à la chaux, halée et svelte comme un chat.

Et cette impression de douce chaleur et de paisibles certitudes.

Comment diantre pouvait-elle savoir tout cela ? La nomination de Sin restait un secret bien gardé de la Guilde et cette référence au père de l'enfant....
Térébantine poussa un soupir agacé et bref. Ne pas s'énerver, garder le silence et rester calme .... Mais comment pouvais-ton le rester face à cette déconcertante femme-enfant ? Et cette sérénité totale était un pousse au crime assurément ! Pourtant elle la laissa faire. C'était ses volontés après tout.

Les dernières.

Elle se massa l'arrête du nez et observa les réactions de leur hôte improvisée avec une attention accrue.

Sujet: Re: Les deux soeurs...[PV Daneva] Mar 18 Nov 2008 - 23:41

La verte avait l’air hargneuse. Une teigneuse, conclu Daneva après le bref regard qu’elles échangèrent. Cela tombait bien, elle-même l’était aussi. Elles allaient s’entendre… Ou se déchirer, la réponse viendrait bien assez vite. Les nombreuses interrogations qui l’assaillaient depuis l’arrivée de l’hétéroclite procession furent partiellement estompées par l’intervention de l’autre femme. C’était une jeune humaine toute en rondeur, l’air doux.

Dane souleva un sourcil surpris lorsqu’elle mentionna Calis, le père de l’enfant. Qu’est ce que … ? Mais les questions soulevées par cela n’eurent pas le temps d’être formulées, car elle continuait déjà. La sœur de Sin ? Daneva fronça cette fois-ci les sourcils. On se payait sa tête ? Sin et cette femme étaient le soleil et la lune, il n’y avait strictement aucune ressemblance phys… Comment ? Cette fois-ci elle empoigna sa dague d’un air féroce.

- Meca ? Vous venez de Meca ? Si vous êtes de la Marine Marchande, vous n’êtes pas la bienvenue !

La fureur de Dane s’étouffa cependant dans sa gorge lorsque la brune lui tendit sa main dans un sourire. Un peu méfiante, elle la serra machinalement, sans lâcher son arme de l’autre main. Il semblait qu’il n’y avait rien à craindre, pourtant elle serait plus tranquille lorsque Roc serait là. Le regard de la verte était bien moins amical que celui de sa compagne… Quant à l’homme, il ne pipait mot, et elle avait fini par l’oublier.

- Qu’est-ce qui me prouve que vous me dites la vérité ? En vous regardant, et en vous comparant à la Sin que je connais, je me dis que n’importe qui pourrait entrer dans mon bureau et affirmer la même chose que vous.

Tout de même… Maloven. Etait-ce le véritable nom de Sin ? Dane ne le connaissait pas, et n’avait jamais cherché à le connaître.

La porte s’ouvrit sur ces entrefaites, laissant entrer dans la pièce un homme de haute stature et de carrure imposante, vêtu de sombre et silencieux comme un chat. Il s’approcha du fauteuil sur lequel gisait Daneva et ôta la capuche qui couvrait son visage, dévoilant les traits d’un homme de lutte, deux cicatrices barrant sa joue gauche. Il adressa un bref signe de tête à Dane avant de fixer ses yeux sur les trois inconnus, les détaillant à toute vitesse pour évaluer les risques de leur présence dans cette pièce.

- Cette femme dit s’appeler Soledad et être la sœur de Sin. Sa compagne et l’homme viennent de Meca…

Roc tressaillit légèrement et dégaina aussitôt une épée courte, qu’il maintint inclinée vers le parquet. Pas encore menaçante, mais présente. Daneva s’adressa une nouvelle fois à la brune, ignorant délibérément la dénommée Térébantine.

- Roc, l’un des trois officiers de la Compagnie. Il est là pour assurer ma sécurité… Elle se redressa sur son fauteuil. Maintenant soyez claire, que voulez-vous ?

Sujet: Re: Les deux soeurs...[PV Daneva] Mer 19 Nov 2008 - 8:38

Ah ! Forcément !
Que les gens étaient pénible avec leur arrogante suspicion ! On se croyait Reine de son caillou et on tringlait la peur de perdre ce ridicule privilège ? Malgré son détachement, Térébantine sentit poindre une once de colère à la vue de Soledad désappointée par une telle méfiance. Visiblement cette imbécile n'avait pas prévue qu'on ne la crois pas ! Forcément, c'était tellement évident...

Térébantine éléva sa voix grave et légèrement cassée de femme habituée à fumer. D'ailleurs elle ne rechignerait pas à un peu de tabac mécanien là, sur le champ. Elle esquissa un geste vers son opulent corset et en sortit une blague à tabac.

- Calmez vos ardeurs de femme enceinte princesse, vous effrayer notre ingénue. fit-elle d'un ton monocorde tout en roulant un peut d'herbe dans un papier fin. J'officie en toute liberté là où je le souhaite, mais Meca est l'île la plus ouverte pour établir mes activités médicales.... particulières. Je me fous pas mal de votre Marine Marchande. L'argent n'a pas d'odeur.

Demi sourire sans aucune chaleur. Ses yeux rouges ont quelque choses de profondément inhumains.

- Qu’est-ce qui
me prouve que vous me dites la vérité ? En vous regardant, et en vous
comparant à la Sin que je connais, je me dis que n’importe qui pourrait
entrer dans mon bureau et affirmer la même chose que vous.

-C'est pas faux, dans l'absolu ! M'enfin, regarder la tête de notre donzelle... Y'a qu'une cruche intimement persuadée de ce qu'elle est pour faire irruption chez vous avec un tel aplomb !

Soledad fit une moue enfantine proprement adorable.

-Je ne suis pas...cruche...

Térébantine leva les yeux au ciel.

- Oh, par les cinq non ! Vous êtes juste inconsciente, ma chère...articula la Marchande de Mort en glissant amoureusement sa cigarette roulée dans la bouche mais sans l'allumer toute fois. En fait, vous même "Daneva" vous ne savez pas qui est Sin...

Soledad serra ses poings généreux sur sa robe en se mordillant la lèvre inférieure.

- Mademoiselle Térébantine, je ne crois pas que...

Mais Térébantine ne l'écouta pas et poursuivi d'une voix monocorde, tenant gracieusement son cigarillo dans sa main relevée.

- Sin de Maloven, fille de Mahalia de Maloven et d'un violeur X tout à fait drow, reniée et abandonnée à la naissance par Andreï Castel de Maloven, le père bafoué et accessoirement le marchand d'arme le plus coté et le plus véreux de Miradelphia et également par la mère, devenue folle de chagrin et qui s'éteindra dans l'oubli quelques mois après l'odieuse naissance... Car l'enfant est née difforme. seule sa sœur ainée, ici présente, prendra en charge l'éducation de la petite chose immonde... jusqu'à ce qu'elle lui soit arrachée définitivement.

Soledad déglutit, les larmes aux yeux.

- Je vous en prie...

Térébantine se pencha vers Daneva avec un sourire carnassier parfaitement détestable.

- On la vend à un cirque. Elle y subit les pires maltraitances, et pourtant la mauvaise herbe bossue survit. Un jour on vint la chercher, on lui fit subir une opération chirurgicale délicate qui lui laissa deux cicatrices parallèles lui zébrant tout le dos.. et on la vendit à une maison close de la capitale... Elle passe son temps à remplir le vide de son âme du foutre des maris volages et des voyageurs solitaire de passage... A plusieurs reprises , elle espère que la souillure de sa vie disparaisse avec le flot de merdes des égouts mais...

- IL SUFFIT ! supplia Soledad. Deux larmes coulèrent le long de de ses joues rondes. Sin est encore une enfant. Elle mérite de connaitre une autre vie que celle qui la vu naitre.

Térébantine se releva, l'air plus arrogant que jamais. Le malaise entre les trois femmes est si palpable qu'on pouvait le couper au couteau. moignon , complètement ailleurs observait la scène de son œil creux, sans s'y inscrire.

- Les péchés de nos mères ont de longues ombres, ponctua légiste en s'éloignant vers un candélabre pour y allumer sa foutue cigarette.

Le dénommé Roc, profita de cette étrange interlude pour faire son apparition : un bon gros gaillard couturé de cicatrice , censé vous en imposer.

- Cette femme dit s’appeler Soledad et être la sœur de Sin. Sa compagne et l’homme viennent de Meca…

Comme pour vouloir se la jouer un peu plus il sortit son gros cimeterre de sous sa cape, bien en évidence.

- Roc, l’un des trois officiers de la Compagnie. Il est là pour assurer ma sécurité… Maintenant soyez claire, que voulez-vous ?

Pas spécialement dérangée par l'arrivée du colosse, Soledad essuya ses larmes et sourit au nouveau protagoniste de cet étrange opéra.

- Bonsoir, Monsieur Roc.

Avec simplicité, elle s'agenouilla auprès de Daneva et posa ses mains potelées sur les siennes,oubliant que celles-ci tenaient un poignard, prenant au dépourvu le garde du corps comme sa protégée. Térébantine, elle, s'était postée en spectatrice contre un mur , près d'une fenêtre qu'elle avait pris la liberté d'ouvrir.

- Ma dame, aussi sûr que vous aimez votre enfant à venir, j'aime ma sœur. Mais là où je vais, je ne pourrais plus veiller sur elle de la même façon, même si je lui serais bien plus utile. J'aimerais votre promesse de vous occuper d'elle et de l'aimer comme un membre de votre famille.

Elle se mordilla la lèvre inférieure, comme une gamine en proie à un dilemme intérieur. Finalement elle se résolu à dire :

- Le cœur de ma sœur est encore jeune et malléable... Il s'ouvre à peine.

Elle sera un peut plus fort les mains de la future mère. Son émotion n'était pas feinte : touchante et fatiguée, Soledad faisait pour la première fois sa trentaine d'années passées.

- Un jour quelqu'un viendra lui ravir. Il faudra que vous la protégiez de cela... Jurez-le moi !

Sujet: Re: Les deux soeurs...[PV Daneva] Sam 22 Nov 2008 - 5:30

Dire que Dane espérait passer une soirée paisible à attendre la venue de son enfant… Non, il fallait qu’une bande de joyeux clowns s’invite chez elle en tapant gaiement du tambourin. Cela lui donnait mal à la tête. Les répliques s’enchaînaient sans hiérarchie, un tempo qu’elle avait du mal à supporter ces temps-ci.

- Doucement, doucement…

A vrai dire, elle était touchée par l’histoire qu’elle venait d’entendre. Sin était une prostituée avant de devenir Silencieuse, cela elle le savait. Mais avant… Le récit de cette Térébantine sonnait douloureusement crédible à ses oreilles. Elle avait vu les deux cicatrices dans le dos de son amie et officier, mais ne s’était jamais permise de la questionner sur leur origine. En réalité, elles n’avaient que rarement eu l’occasion de se retrouver seules toutes les deux. Difficile, dans de telles conditions, d’en connaître plus sur sa vie. Et puis il y avait eu les affaires de la Compagnie, qui avaient demandé toute son attention depuis le départ…

La rondouillette Soledad lui prit les mains. Surprise, Dane ne bougea pas et écouta ce qu’elle voulait lui dire. Son attitude était déconcertante… Et son discours aussi. Touchant, même. Emue, la jeune femme se pencha vers l’avant pour sonder les grands yeux de la sœur de Sin. Elle n’avait plus aucun doute désormais.

- Soledad de Maloven, votre sœur est officier dans la guilde de la Compagnie des Silencieux. Plus que cela, elle est mon amie et m’a donné maintes fois raison de lui accorder toute ma confiance. Je ne suis pas de ces chefs qui ne font que peu de cas de la vie de leurs alliés, et je veille sur eux autant que sur moi-même. Si quelque chose la menace un jour, je serai à ses cotés pour faire face et me battre avec elle, dans la mesure de mes capacités…

Tout ce que venait de dire Daneva à cette jeune femme qu’elle venait à peine de rencontrer était parfaitement sincère. Elle n’avait pas besoin de promettre quoi que ce soit pour être certaine de faire ce qui lui était demandé, mais si cela pouvait rassurer la grande sœur…

- Je vous promets de m’occuper de Sin et de continuer de l’aimer comme si elle faisait partie de ma famille.

Elle marqua une pause, tentant de comprendre la menace sous-entendue dans les propos de Soledad. Quelqu’un qui viendrait ravir le cœur de Sin ?

- A qui faites-vous allusion ? A un amant ? Elle pinça les lèvres, réfléchissant. Si c’est le cas, vous arrivez trop tard, car elle en a déjà un.

Elle jeta un coup d’œil à Roc, qui ne pu s’empêcher de faire un petit sourire en coin. Même si ils étaient restés discrets, Sin et Raynox n’avaient pas pu dissimuler aux filous les plus rusés de la racaille humaine la relation privilégiée qu’ils entretenaient. Daneva serra doucement la main de son interlocutrice.

- Ne vous en faites pas pour ça, Raynox n’est pas du genre à torturer le cœur des jeunes demoiselles naïves… Ce que n’est pas votre sœur. Ils sont actuellement en mission hors de l’île, tous les deux. Rien de très dangereux, je vous assure… Cependant elle doit actuellement faire voile pour Nelen à l’instant même, j’ai… envoyé quelqu’un pour aller la chercher.

Soucieuse, Dane fronça les sourcils et dégagea doucement l’une des ses mains pour la poser sur son ventre.

- J’ai besoin d’elle de toute urgence.

Elle leva les yeux vers la verte, qui fumait près d’une fenêtre. Très à l’aise, la demoiselle. Puis elle reporta son attention sur la sœur.

- Souhaitez-vous l’attendre ?

Sujet: Re: Les deux soeurs...[PV Daneva] Lun 24 Nov 2008 - 10:11

Soledad parut profondément soulagée.

Toujours agenouillée aux pieds de Daneva, un sourire rassuré illumina son visage poupon. Elle sera plus chaleureusement encore les mains de la Princesse Silencieuse de Nelen.

- A qui faites-vous allusion ? A un amant ? Si c’est le cas, vous arrivez trop tard, car elle en a déjà un. Ne vous en faites pas pour ça, Raynox n’est pas du genre à torturer le cœur des jeunes demoiselles naïves… Ce que n’est pas votre sœur.

La jeune femme fronça légèrement les sourcils en proie à la réflexion.

- Raynox..? murmura-t-elle doucement. Ses yeus verts limpides s'en trouvèrent un instant voilés, comme si elle cherchait profondément en elle même une réponse inconnu. Le prénom de l'assassin vogua un instant silencieusement sur ses lèvres pleines.

-Oh ! Le Corbeau ! Non ça n'est pas lui, fit-elle soudain avec un rire léger, presqu' enfantin avant de changer brusquement de sujet et d'extirper une lettre froissée mais cachetée de son corsage. Il était claire que l'objet avait une importance particulière à ses yeux pour avoir voyagé jusqu'ici contre son cœur. Dame Daneva ? Pourriez-vous remettre ceci à ma sœur, en main propre ?

-Ils sont actuellement en mission hors de l’île, tous les deux. Rien de très dangereux, je vous assure… Cependant elle doit actuellement faire voile pour Nelen à l’instant même, j’ai… envoyé quelqu’un pour aller la chercher. J’ai besoin d’elle de toute urgence. Souhaitez-vous l’attendre ?

Soledad se releva lentement avec une gaucherie adorable. Pourtant son doux sourire démentait l'aspect maladroit de son attitude : il était serein et résigné.

- Je ne le puis malheureusement. mon destin m'appelle ailleurs...

Elle regarda soudain la pièce avec une once de nostalgie.

- J'aurais aimer voir Sin "danser" au moins une fois....

Elle secoua la tête comme pour chasser cette tristesse naissante qui venait soudain de marquer ses traits puis se pencha vers la future mère et l'embrassa délicatement sur la joue. Les mots qui parvinrent alors aux seules oreilles de Daneva ne purent que lui laisser un goût étrange dans la bouche :

- Merci Daneva, Calis serait fier de vous...

Elle se redressa toute droite et se tourna vers Térébantine qui avait couvert la scène de ses yeux sanglants sans y prendre part le moins du monde.

- Je suis prête, Térébantine , nous pouvons y aller.

La plantureuse dame aux cheveux de poison jeta négligemment son mégot par la fenêtre d'une pichenette adroite. Elle posa un instant ses pupilles terrifiantes sur le ventre rond de Daneva puis sur Soledad.

- C'est toi qui décide. répondit-elle sobrement.

La chirurgienne se dirigea vers la porte et l'ouvrit en grand, Moignon sur ses talons, trottinant comme en pantin désarticulé. Soledad les suivit mais avant de franchir le seuil de la porte, elle fit face une dernière fois à Daneva. La maitresse de guilde devait à jamais garder cette vision dans sa mémoire : ce sourire lumineux, ces yeux verts et frais,cette chevelure de nuit paisible, ces rondeurs maternelles et pleine d'amour....

-Adieux , Dame de Nelen.

Les deux soeurs...[PV Daneva] SoledadMira

Ce fut la dernière fois qu'elle vit Soledad de Maloven.

***

A l'aube du lendemain, un pêcheur qui s'apprêtait à démêler ses filets sur la plage fut attiré par un point blanc sur le gris pierreux d' une falaise. Il grimpa sur le promontoire rocheux en proie à la curiosité.

Ce qu'il y trouva le fit hurler de terreur.

Le corps laiteux et entièrement nu d'une jeune femme à la longue chevelure brune reposait sur le rocher, telle une nymphe en plein repos, les bras croiser sur sa poitrine. Le marin avait d'ailleurs cru que l'apparition féerique dormait avant de remarquer son teint cireux et l'estafilade rougeoyante sur sa poitrine généreuse.

Plus tard, les médecins de la guilde viendrait informer leur supérieure que le cœur de la morte avait était sectionné et excaver de sa poitrine, laissant un trou béant mais propre sur ce petit corps girond. Un travail d'une précision diabolique s'il en est.
Elle avait pourtant l'air si paisible, aucune trace de douleur sur son joli visage rond.
On ne trouva par ailleurs aucune trace de ses compagnons, la femme aux yeux de viande fraiche et aux cheveux d'algue et son assistant dégingandé. Ces deux là avaient soudain complètement disparus, alors qu'aucun bateau n'avait quitté le port.

Ce qui se passa par la suite, tint de l'ordre du miracle macabre et occupa les légistes Silencieux un long moment.
Le corps de la morte ne parvint jamais à décomposition, prisonnière de ce sommeil odieux et mortuaire l'ayant brusquement figée à tout jamais. Mais à la place de ce qui fut autrefois son cœur, un bourgeon se mit à germer, plantant ses racines dans la chair de plus en plus profondément à mesure que le temps s'écoula...

Ainsi s'en fut Soledad de Maloven...

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