> Une mauvaise journée |Libre

Zeïn attrapa sa victime par les cheveux et souleva la tête sans corps pour la brandir fièrement vers le publique. Hurlements hystériques. Vague d’applaudissement. Mouvement d’agitation. Ç’avait été un beau combat. Son adversaire était un des plus grand duelliste de se côté de la ville. Il combattait en ce jour pour un vieux noble qui se mourrait. Et ç’avait été son dernier combat. Zeïn, haletant et couvert de sang, eut un sourire narquois. C’était le plus dur adversaire qu’il avait eut jusqu’à aujourd’hui. Il laissa retomber la tête décapitée qui roula sur le sol imbibé de sang et prit la direction de la sortie. Déjà, la foule se mouvait pour revenir à leurs tâches initiales.

Ils avaient presque pris l’habitude de venir sur la place de Ternâa pour voir le jeune homme se battre. Le noble Holvac de l’Ordre du Dragon s’amusait de voir comme ce lieu avait alors la réputation d’être l’endroit où il faisait exécuter les duellistes de ses ennemis. Bien que Zeïn était au service de l’armée, il gagnait aussi sa vie en servant ces fous pleins aux as. Surtout ce cinglé d’Holvac. Pour eux, ce n’était qu’un divertissement de plus. Les parties d’échecs étaient trop fatigantes à leur goût : réfléchir ? Non merci. Regarder son meilleur duelliste se battre contre celui du voisin était bien plus plaisant !

Seulement, aujourd’hui, Holvac avait mis la barre très haut. Il avait demandé un duel pour régler ses différents avec un de ses cousin éloigné, un fier et vieux noble qui pouvait se payer les meilleurs duellistes. Zeïn était fort, mais trop jeune… Son adversaire devait faire une tête de plus que lui, il était massif, puissant, sûr de lui… Et il avait de quoi. Le jeune homme ne dû sa survit qu’à son agilité et sa rapidité. Sans ces atouts, il aurait été écrasé, tout simplement, par le duelliste. Ce combat l’avait achevé.

Zeïn tituba un moment, s’aspergea le visage d’eau à une fontaine, et tenta de reprendre ses esprits. Seulement… Seulement une blessure barrait son torse et la douleur faisait tourner le monde atour de lui. Le guérisseur n’était pas compris dans le duel : de toute façon, l’un des deux combattant mourrait. Et l’autre, et bien qu’il se débrouille. On le payait pour ça, non de non, c’était son boulot ! Dommage, ça le lançait vraiment… Il resta un moment à ressembler ses forces et se rendit chez lui. Il « habitait » une chambre de taverne à l’année. Elle était étroite, sombre, mais propre et une salle de bain y était attenante. Avec de l’eau froide mais après tout, Zeïn était habitué au froid.

Il se changea, se lava, et banda sa blessure comme il put. Il ne connaissait rien aux premiers soins mais la laisser frotter contre le cuir n’était sûrement pas la bonne solution. Le jeune homme resta longuement allongé sur son lit, sur le dos, les yeux fermés. C’était douloureux. Mais bien évidemment, les blessures sont le lot des duellistes… Un boucan du diable venant de la rue attira son attention. Il se redressa en grimaçant. Cette ville n’était pas des plus calmes ! Il enfila des bottes de cuir sombre et sortit dans le couloir. Il dévala les escaliers qui menaient à la sortie de derrière, réservée aux locataires sur longue durée, et ouvrit la porte grinçante menant sur une impasse d’une petite ruelle.

Quelques bruits vinrent troubler le silence de la ruelle. Une pierre qui roule, un soupir las, le murmure de pas feutrés.. L'endroit était calme, pourtant dans les rues adjacentes, les hommes s'activaient comme des fourmis, provoquant un vacarme incessant depuis le lever du soleil. Au petit matin, la jeune femme responsable du trouble de la ruelle avait franchi les portes de Diantra, pour la deuxième fois en l'espace de quelques jours. Elle revenait d'Ydril, où elle n'avait rencontré que les tourments de souvenirs, et qu'elle avait quitté l'avant veille. Finalement, la capitale des hommes était une place agréable. Il y avait toujours quelque chose à y faire, et la bonne humeur ambiante emballait de coeur de la jeune femme. Cepepdant, elle était actuellement troublée. Elle avait suivi un groupe de personnes bavardant, se laissant distraitement guider par leurs pas et s'était retrouvée sur une certaine place Ternâa. L'attroupement au coeur de cette place l'avait intriguée, et Aewyl s'était frayée un chemin entre les spectateurs pour voir de quoi il en retournait.

Une fois devant la scène, elle grimaça. Un duel se déroulait sous ses yeux. Duel qui s'achèverait inéluctablement sur la mort d'un des deux combattants. A ce propos, l'un d'entre eux, un jeune homme aux cheveux corbeau qui se battait avec ardeur était nettement désavantagé! L'homme contre qui il luttait était plus grand et plus fort que lui, et il menait le combat. Quoique.. A la reflexion, et après observation, il s'avérait que le duel semblait équitable. Le jeune escrimait avec ferveur, et sa rapidité payait. Aewyl n'était pas une amatrice particulière de ce jeu barbare qui exposait ainsi les vies de deux hommes pour régler les conflits futiles entre deux couards, incapables de saisir leurs propres lames. Néanmoins, elle ne bougeait pas d'un pouce, observant chaque mouvement des duellistes. Après quelques minutes d'une lutte acharnée, le plus massif tomba, nettement décapité par le tranchant vif de l'épée adverse. Le visage dur fut exposé à la vue de tous, provoquant une réaction enthousiaste dans la foule. Pourtant, cette vision n'avait rien d'excitant. Voir ainsi la tête d'un homme figée dans une grimace horrifiée était glaçant. La jeune femme tourna les talons et quitta la place, tandis que la foule l'imitait.

Dès lors, elle avait erré dans les rues de Diantra, cherchant de quoi détourner ses pensées du visage exsangue, mais celui ci revenait invariablement. Pourtant, des hommes morts, elle en avait vu. Certains avaient même perdu la vie de sa propre main. Peu, certes, mais tout de même. Et la mort ne l'avait jamais vraiment choquée. Sauf aujourd'hui, alors qu'une vie somme toute innocente venait d'être écourtée à cause des frasques de deux lâches. Finalement, la jeune femme s'engagea dans une ruelle calme, vide de toute présence humaine. Après tout, elle n'avait pas fermé l'oeil de la nuit et un peu de repos ne lui ferait que du bien. Elle se laissa tomber, dos contre le mur, sur les pavés de la ville, et ferma les yeux. A quelques pas d'elle, une porte grinçante attira son attention. Un homme en sortait, de taille moyenne, l'air jeune, et les cheveux d'un noir corbeau. Elle se releva promptement, scrutant le visage du nouveau venu. Le hasard faisait-il bien les choses? En tout cas, il les faisait bien étrangement. Le regard du duelliste sorti vainqueur croisa l'espace d'un instant celui d'Aewyl..