Quand une souris se glisse au palais [PV: Candice]

La nuit tombait petit à petit sur la forêt d’Anaëh, marquant la fin d’une longue journée de travail pour nombre d’elfes au sein de la forêt. Mais dans le grand palais des Holimion la journée était loin d’être terminée. Les domestiques finissaient leurs taches diverses et variées, courant dans les couloirs ou restant planté à certain croisement à attendre qu’un des maîtres passe.

L’un des maîtres arriva justement à l’un de ces croisements où l’attendais un jeune domestique qui s’empressa de s’approcher du vieux duc pour l’aider à transporter les quelques livres que ce dernier transportait. Se voyant ainsi alléger sa charge, le duc sortit d’une de ses poches un papier qu’il relu pour la énième fois, le tout en continuant d’avancer d’un pas rapide dans les longs couloirs du palais. Passant dans le corridor extérieur, le vieil elfe arriva devant les portes de la grande annexe qu’il s’était jadis fait construire. Passant les deux battants de la porte que deux gardes en factions ouvrirent à son arrivée, Enialis pénétra dans le hall principal de l’annexe et emprunta l’un des escaliers menant à l’étage supérieur. Sur son passage les domestiques se collèrent au mur et baissèrent la tête, murmurant des « bonsoirs » et autre salutations du même genre.

Passant les portes de son bureau qu’ouvrit le domestiques qui l’accompagnait, Enialis lui demanda d’un geste qu’il pose les livres quelques part sur le près de son fauteuil. Coutumier du fait, le jeune domestique s’exécuta et après avoir remis une bûche dans le feu s’en alla, sans un bruit. Enialis lui déposa son parchemin sur le son bureau et alla s’installer devant le feu dans son fauteuil.

Il c’était passé beaucoup de chose depuis la mort du dernier roi, et dernièrement les événements semblait se bousculer. D’abord le poison, maintenant la famille royale, alors que dans le même temps les humains subissaient des faits similaires et que les nains perdaient leur roi les uns après les autres, tout allait de mal en pire mais bon les elfes en avaient vu d’autres.

Assis dans son fauteuil, Enialis soupira. Il était Maître-Epervier, il allait devoir trouver un moyen de se faire connaître du prochain dirigeant sans qu’il soit découvert par d’autre. Plongé dans ses pensées il n’entendit qu’à peine la porte s’ouvrir derrière lui.

Dans son repaire, Candice grignotait distraitement un bout de pain. Cela faisait quelque temps qu’aucune mission ne s’était présentée, elle en profitait pour se reposer un peu. Toute à ses pensées, elle n’entendit pas la clochette d’annonce sonner, les coups frappés a la porte la firent sursauter, d’autant que l’homme entra directement après les coups.


Elle dégaina prestement ses armes et se mit en position de combat, ramassée sur elle-même telle une lionne prête à bondir. Entra un grand homme vêtu de cuir. Il annonça d’une voix rauque, élevée à la bière :


« Du calme Douce-lame, je ne suis pas venu te faire du mal »


Candice se détendit un peu et fit signe à l’homme de continuer, les lames toujours au clair.


« Je suppose que tu te moques de savoir qui je suis ? , Candice confirma d’un imperceptible hochement de tête, Bon, j’ai une mission qui peut te rapporter pas mal, mais évidemment ce ne sera pas évident. Il faut que tu t’infiltres dans la demeure d’Enialis Holimion, c’est un vieux duc elfe qui habite à l’extrême Est de son duché éponyme, ensuite il faut que tu découvres pourquoi il refuse de commercer avec ses voisins, et si tu peux découvrir des informations, disons, croustillantes sur lui, ce serait
bon, très bon. Aller, je te laisse, voila un bel acompte, le triple t’attends à la fin, va, tu as tout ton temps. »


Ceci dit, il lança à Candice une jolie bourse bien rebondie et s’en fut. Candice soupesa la bourse, l’ouvrit et consulta son contenu ; 5 souverains. Une somme bien rondelette. La
mission lui plaisait, elle alla donc chercher son immortelle musette qu’elle remplit du matériel du bon infiltré, rossignol, passe partout, trousse de maquillage, nécessaire de coiffure etc.….


Elle choisit ensuite une tenue de cuir noire moulante et silencieuse, l’idéal pour ce genre de missions. Elle enfila par-dessus un long manteau pour la route, saisit son bâton de marche, une longue route l’attendait. Son déguisement de voyageuse complet, elle ferma la porte bardée de fer gardant sa planque et se mit en route.


Le voyage se déroula globalement bien, aucune escarmouche, quelques compagnons de routes bien agréables, de nombreuses auberges visitées, de lapins assassinés au grand dam du grand cœur de Candice. Un matin elle arriva enfin dans le Duché Holimion et s’arrêta dans une toute petite bourgade pour demander le chemin de la demeure du duc de cette région.


Le chemin indiqué, elle y parvint en deux jours de marche. La, sa tache commençait vraiment… Elle passa les six jours suivants à observer ; guetter et explorer le château et ses environs. Elle repéra plusieurs entrées, les personnages importants, concierges, gardiens des clés, intendant etc. … Le nombre des servantes étant assez élevé pour que la disparition d’une et l’apparition d’une autre passe relativement inaperçue.


Elle passa a l’action un soir, elle avait repérée une petite soubrette don la taille était proche de la sienne, ladite servante rentra donc un soir dans sa chambre, elle la vit a sa fenêtre du second étage, a coté de cette fenêtre courait une gouttière, Candice était en pleine ascension de cette dernière quand une fenêtre s’ouvrit juste au niveau de Candice, celle-ci se figea…


Fausse alerte, personne ne s’y pencha. Candice continua son escalade. Arrivée au second étage, elle scruta la chambre ; rideaux tirés, elle pourrait crocheter la fenêtre facilement. Ce qu’elle fit dans un minimum de bruit, elle ouvrit le battant ; écarta légèrement les rideaux, la servante, enchemise de nuit, était de dos. Candice s’approcha discrètement, elle saisi la servant et lui couvrit la bouche de sa main ;


« Parle, cire ou fait le moindre bruit sans que je te l’ai demandé et tu meurs, fait le moindre geste contre moi et tu meurs, respire sans mon autorisation et tu meurs, compris ? »


Elle avait chuchoté ces mots a l’oreille de la jeune fille, elle lui demanda ensuite ou étaient ses vêtements, la commode lui fut indiquée Elle essaya une des robes ; la taille était bonne, juste trop serrée a la poitrine, il est vrai que la servante était moins bien lotie que Candice mais bon, ça irait.


Elle se dirigea vers la jeune fille qui la regardait avec des yeux terrifiés, elle exécuta ensuite un prise consistant a pincer très violemment un point précis des muscles a la jonction cou/épaule, cela eu pour effet de faire immédiatement tomber la jeune fille dans une était proche du coma, elle avait appris cette prise d’un vieil ami qui se faisait appeler Mr Speauque.


Elle sorti après avoir enfermé, ligoté et bâillonné la pauvre fille dans sa chambre. Elle se rendit suite aux cuisines, à peine entrée, la chef cuistot l’apostropha, lui colla un plateau dans les mains et lui ordonna de l’apporter au duc, son thé du soir, enfin, il parait.


Elle se fit indiquer la localisation du duc dans l’annexe, il était dans son bureau ; Elle traversa la maisonnée endormie en direction du cabinet de travail. Elle frappa doucement à la belle porte, n’entendant pas de réponse, elle prit une mine innocente de soubrette impressionnée et entra discrètement. Le maitre de céans était assis dans un grand fauteuil dos à la porte, il ne se retourna pas a son arrivée, elle posa donc le plateau sur un buffet et se prépara à repartir quand le duc pivota sur son fauteuil…

Le doux frou-frou du frottement du tissu sur le tissu se fit entendre quand le maitre de céans se retourna sur son fauteuil. Candice, qui n’avait jamais demandé à être en présence du Duc si rapidement détailla son objectif.

Le Duc était un grand échalas mince, pour un elfe, son visage accusait d’un âge avancé. Il paraissait un peu fatigué et las mais son regard vif et intelligent démentait cela. Cependant, ses investigations faciales furent brusquement interrompues lorsqu’il ouvrit la bouche.

D’un coup, toute la personnalité qu’elle s’était construite vola en éclat. Tout ses masques tombèrent, Candice Douce-lame laissa place pendant quelques secondes a cette enfant abandonnée sans nom qui n’a pas vécu son enfance.

Cette voix, ce roulement grave, c’était le seul souvenir qu’elle ait eu du jour ou ses parents avaient étés tués, cette voix l’avait bercée dans sa toute jeune enfance, la voix qui l’avait sauvée de la mort. Pourtant cet elfe lui était totalement inconnu.

Candice repris bien vite contenance et s’aperçut qu’elle avait agrippé le meuble à en avoir les jointures blanches et que ses genoux avaient pliés sous le choc. Elle se redressa, très digne, à l’ opposé de l’ai qu’elle avait en entrant dans la pièce. Elle regarda dans les yeux le vieil elfe et murmura ;

« Vous… puis elle reprit plus clairement Vous, qui êtes vous ? »

Elle se dirigea lentement vers la chaise indiquée par le Duc, elle était complètement désarçonnée par ce chavirement soudain dans sa mission et dans sa vie. Elle venait à peine d’assimiler la question et y répondit après un court silence ;

« Non, je ne l’ai pas tuée, mais elle risque de passer une assez mauvaise nuit … »

Les révélations du vieil elfe laissèrent Candice totalement perdue. Des questions, elle en avait des tas, des milliers lui brulaient les lèvres à chaque seconde du silence qui s’était installé. Cependant une d’elle occultait toute les autres, une question très simple, la plus simple qui soit, celle que les enfants posent en permanence au grand désespoir de leurs parents…

« Mais…. Pourquoi ? »

La question avait franchi ses lèvres sans qu’elle s’en rende compte et donc de manière assez inintelligible. Son interlocuteur s’excusa et lui demanda ce qu’elle avait dit. Elle répéta sa question de façon plus compréhensible mais avec une petite voix de souris piégée.

La réponse quelle qu’elle soit allait mettre Candice mal a l’aise et susciterais encore plus d’interrogations. Et alors que le Duc s’apprêtait à parler, elle s’empressa d’ajouter:

« Ça veut dire que vous connaissez mes parents, qui étaient ils ? Qu’étaient-ils ? Parlez m’en, s’il vous plaît. »

Les révélations qui se feraient dans les prochaines minutes allaient être un tournant de la vie de Candice ; Assise devant cet elfe dont elle ne savait rien mais qui savait plus sur elle que quiconque. Elle se dit que sa propre appréhension devait être palpable, d’autant que l’elfe ne devait pas être totalement a l’aise non plus, mais si c’était le cas, rien n’en paraissait…

Elle avait donc des parents, le rêve de tout enfant de la rue… Nathaniel, Naorah… ces noms lui flottaient dans la tête… Brusquement, elle se senti le besoin de respirer, elle étouffait physiquement sous le poids de ces révélations. Elle jeta le chapeau de servante d’un geste rageur et dégrafa et quitta sa robe pour révéler sa tenue de cuir habituelle, elle en détacha quelques sangles pour se sentir plus à l’aise.

Ceci fait, elle prit une grande inspiration, sentant toute sa musculature se détendre. Elle regarda à nouveau ce vieillard devant elle cet elfe, cet inconnu qui venait prendre une place énorme dans la vie de Candice. Il y avait bien longtemps, pour ainsi dire jamais eu de moment ou elle avait été repoussée si déstabilisée.

Cependant pourquoi cet elfe, si vénérable, vivant si reculé dans les terres elfiques avait il eu des contacts avec un négociant d’Ydril ? Et voilà, son esprit pratique revenait à la charge, elle ne voulait plus être pragmatique en ce moment, elle voulait rêver un peu, aussi rejeta elle ses pensées trop terre à terre dans un coin de son esprit. Pourtant … elle ne pouvait s’empêcher, aussi, elle demanda quand même :

« Mais, comment avez-vous pt connaitre mes parents alors que vous vivez si loin d’Ydril, qu’y faites vous ? »

Cette question pouvait d’ailleurs, l’aider dans sa quête. Elle jura de cette pensée dans la demeure de son esprit, mais finalement, elle pouvait peut être retourner cette situation a son avantage. Elle était en proie à un duel interne des plus violents entre les instances de son esprit, un silence s’installa, Candice avait les yeux légèrement dans le vague, toute a ses pensées, Énialis prenait son temps pour répondre. Candice prit distraitement la tasse qui était sur la petite table et but une lampée de l’amère boisson chaude.

Son vis-à-vis devait sentir la duplicité de la question car il prit le temps de se réajuster dans son fauteuil et de boire une longue gorgée de thé avant de répondre.

Toujours assis dans son grand fauteuil, buvant à petite gorgé sa tasse de thé, le vieux duc ne faisait que toujours qu’observer cette jeune femme, son arrière-arrière-arrière…arrière-petite fille. Cette jeune femme qui portait en elle un soupçon du sang qui coulait dans ses propres veines, un soupçon de ce sang que tous qualifie d’aussi noble que celui des rois et des reines qui se sont succédé sur le trône de la grande Alëandir. Mais si seulement ils savaient, tous autant qu’ils étaient, que ce sang, si pur à leur yeux contenait une part plus sombre et plus mauvaise que celui des drows d’aujourd’hui.

Bien que n’en laissant rien transparaître, le duc était en pleine réflexions, dans son cerveau millénaire que même le temps n’avait réussi à abimer par son inexorable passage, les pensées circulaient à une vitesse folle, le duc, réfléchissant à ses prochains mots, pesant le pour et le contre de ses futures déclarations, de ses futures propositions. Tout actes entraine immanquablement des conséquences, conséquences que le duc, avec son expérience toute personnelle de la vie, taché de prévoir, d’anticiper, choisissant la meilleure solution pour lui. Puis, comme il ne pouvait pas rester silencieux trop longtemps, le duc mis fin au silence qui régnait dans la pièce.

- Comment j’ai connu tes parents ? Et bien malgré l’éloignement de mon duché, mon duché a des intérêts dans l’Ouest et notamment dans la ville d’Ydril. Ce n’est un secret pour personne que le commerce est un formidable moyen de gagner de l’argent et l’Ouest est actuellement un excellent terrain commercial. Étant une force économique importante ayant la mainmise sur le commerce maritime Est, il est naturel que je me sois implanté dans l’Ouest. Et à l’occasion quand l’envie m’en prend, je vais voir comment se porte les intérêts de mon duché, ça me fais voir du pays.

Finissant sa phrase dans un sourire, le vieil Enialis se releva dans son siège, dégagea de la place devant lui sur son bureau puis ouvrit et ferma plusieurs tiroirs de son bureau, sortant, dans l’ordre, une liasse de feuille, un encrier et une plume ainsi qu’une belle bourse bien rebondit, puis se leva de son fauteuil et alla chercher deux livres dans sa bibliothèque, l’un à droite à de son bureau et l’autre dans la partie la plus éloignée de sa bibliothèque avant de revenir s’asseoir dans son fauteuil.

Ouvrant l’encrier, Enialis y trempa sa plume et ouvrit le plus petits des deux livres qu’il venait de récupéré, c’était plus un carnet usé par le temps qu’un véritable livre, de nombreuse feuilles dépassant de certaines pages. Ouvrant précisément à l’une des pages du carnet, comme s’il savait précisément sur quelle page était écrit tel ou tel chose, Enialis écrit quelques mots d’un geste rapide et précis sur son carnet, dans une langue semblable à l’elfique mais possédant certaine différence marquante. Une fois ceci fait, il posa son carnet sur un côté de son bureau et sa plume devant lui et ouvrit l’autre livre qu’il avait récupéré, l’ouvrit à une page précis et examina les quelques morceaux de parchemins qu’il avait glissé à l’intérieur puis referma le livre et revint à son interlocutrice qui semblait un peu dépassé par les événements.

- Ma petite Candice, maintenant que nous nous connaissons un peu mieux, j’aimerais te faire une petite proposition. Mais sache qu’a partir de maintenant tout ce que je vais te dire ne dois pas sortir de cette pièce, si jamais j’apprends que tu as trahis ma confiance ma vengeance sera terrible. Et ne me sous estime pas.

Le vieux duc marqua une pause, laissant à sa descendante prendre la pleine mesure de ses paroles. L’attitude du duc avait changé du tout au tout, le duc avait abandonné ce masque de gentillesse et de bonté qu’il portait au quotidien, pour laissé apparaître son sérieux. Un sérieux qui donnait une nouvelle dimension au vieux magicien, les yeux dépourvus de cette bonté habituelle, le magicien laissait échapper un peu de sa magie, répandant un air froid autour de lui, personne ne le voyant ainsi n’aurait pensé à le contredire ou à le douter du sérieux de ses propos.

- Tu dois te douter qu’un vieux duc comme moi doit avoir de nombreux secret. L’un de ces petits secrets est que le dispose d’un important réseau d’informateur à travers tout le continent, cela fait bien longtemps que j’ai compris l’importance d’un tel réseau. De plus je sais que tu trempe toi-même dans des affaires qu’une jeune fille de ton âge ne devrait même pas connaître, aussi je te propose de travailler pour moi. Je te rassure, je ne veux pas t’engager comme une simple informatrice, j’ai d’autres projets plus intéressant pour toi. J’ai besoin de quelqu’un qui pourrait remplir pour moi quelques missions peu orthodoxe, et ça dans la plus grande discrétion.

Le duc marqua à nouveau une pause, puis reprit avec un petit sourire qui n’avait plus rien avoir avec les sourires chaleureux qu’il lui avait adressé précédemment.

- Être à mon service, ne veux pas dire que tu devras arrêter ton activité actuelle, bien au contraire, tu continueras à vivre la vie que tu menais jusque là, si tu le souhaite, mais tu auras désormais mon soutient. C'est-à-dire que tu n’auras plus jamais de problème d’argent, tu auras toujours, dans presque toutes les villes du continent, un endroit où tu pourras dormir, manger, ou te cacher sans que personne ne te demande rien en échange. La seule condition est de faire passer les missions que je te demanderais d’accomplir en priorité, de répondre présente à mes appels et à ne jamais rien dire sur moi et mes activités. Je pense que c’est une bonne proposition, non ?

Les yeux braqué sur la jeune Candice, Enialis, attendit la réponse de celle-ci. Il ne craignait pas qu’elle refuse sa proposition mais il était curieux de voir comment elle allait réagir à cette singulière proposition de la part d’un personnage aussi respecté que lui. L’avenir promettait d’être intéressant.

Les paroles du duc furent accompagnées d’un brutal refroidissement de l’air. Instinctivement Candice se frictionna légèrement ses bras nus, mais ne vain. Ainsi donc, il lui proposait une sorte de travail, un mercenariat privilégié en gros.

Non que cela lui déplaise en termes matériels, avoir un tel soutient pouvait être des plus appréciables lors de missions ultérieures mais cela la faisait plus ou moins dépendre de quelque organisation ou personne. Là ça devenait plus complexe…

Sans même qu’elle s’en rende compte, ses yeux virèrent de leur couleur vert clair à un bleu pâle, signe d’intense réflexion, de doutes, de tiraillement entre deux partis.

En effet, être affiliée a quoique ce soit était inenvisageable, en même temps, elle devait aussi chercher à se stabiliser dans se vie, même si l’aléatoire d’une vie de roublard lui convenait, elle devait se poser de temps en temps, après tout, elle était encore jeune.

Tous ces facteurs se bousculaient à vitesse grand V dans sa jeune tête. Elle profita de ce moment d’intense réflexion pour boire machinalement une lampée de thé brûlant. Ce qui en soi, ne la réchauffa pas.

Elle demanda donc au duc, d’une voix qu’elle essayait (sans grande réussite) de rendre calme :

« Vous serai-je affiliée ? Ou je serais quand même libre d’accepter d’autres missions ? »

La réponse du vieil elfe conditionnerait probablement le reste de la conversation, cependant, plusieurs problèmes restaient ; son ancien commanditaire, a qui elle devait toujours de remplir la mission qu’il lui avait assigné.

De plus, malgré sa proposition alléchante, le vieux duc restait un inconnu total, certes elle acceptait des missions de commanditaires anonymes mais là, c’était plus important qu’une mission classique. Elle ajouta, avant que le duc ne réponde :

« Enfin, mais au-delà de ça, pourquoi vous ferais-je confiance ? Après tout, n’êtes vous pas pour moi qu’une cible un peu particulière ? Un commanditaire attend le rapport de ma mission, et je ne saurais faillir à une mission. »
Le regard du duc se durcit, elle se demanda si elle n’en avait pas fait un peu trop finalement,. Elle se tassa dans son fauteuil, comme une souris piégée devant un gros matou…