Avec du sang sur les mains. (PV Celanyth)

Une silhouette svelte, sombre et agile longeait rapidement le sentier, en prenant le soin de ne pas se placer sur la route elle même. Elle préférait se calfeutrer dans les arbres bordant le chemin, ces arbres serrés qui la rendaient presque invisible. Parfois, on entendait un grognement sourd, elle avait dû heurter une branche ou glisser dans une petite crevasse, un petit fossé. Dans ce bois, il faisait sombre. Mais la silhouette préférait cela à la lumière éclatante qui éclairait le sentier.

Bientôt, elle aventura simplement son visage à l'extèrieur de sa cachette, fit fuir un Glargass* de plus de deux mètres de haut. Par réflexe, le mouvement brusque de l'animal lui fit poser la main sur son arbalète d'ébène, elle trébucha soudainement et se retrouva sur la route de terre battue. La silhouette était une jeune Drow, sa peau grisâtre luisait au soleil, recouvrant une musculature se devinant facilement sous sa robe d'étoffe noire aux reflets bleutés. De plus, un pan de sa robe était déchiré, arraché au niveau de sa cuisse recouverte de maquillage d'un bleu métallique, cette couleur s'accordant parfaitement à celle de ses yeux. Sur les joues, un maquillage ressemblant, en forme de pointe, de peinture de guerre, avait coulé avec la pluie de la nuit précédente. Une taille fine complétait avec douceur sa poitrine conséquente, pourtant immobile dans son décolleté.

Ce beau spécimen vivant se nommait Dédale. Ses mains lui semblèrent rêches, elle baissa les yeux vers elles. Osseuses et avides, comme d'habitude, mais une petite originalité était venue s'y greffer : elles étaient recouvertes de sang. Dédale secoua la tête, réfléchissant. Cette substance sèche et rougeâtre provenait sans aucun doute du guerrier, Elon Drukh, qu'elle avait pansé avec générosité.

° Mais pourquoi est ce que j'ai fait ça moi ? Je ne vais quand même pas laisser reprendre le dessus à mes élans de bonté ? °

Pensive, la jeune Drow resta immobile quelques minutes.

Dédale était encore étendue sur le sol, pensive et totalement absente, quand elle entendit un pas rapide et léger, à quelques mètres d’elle, pas plus. Ce pas, elle l’avait entendu grâce à une ouïe de prédateur, cette ouïe qui avait le don d’ignorer le chant clair d’une rivière, les gazouillis radieux des oiseaux, les pierres roulant sous les pieds chaussés de dures chaussures de cuir. Sa race lui avait appris à ne se préoccuper que des sons qui pouvaient l’intéresser ou la mettre en danger. La Drow frémit, posa ses mains ensanglantées sur le sol et se mit debout souplement.

Enfin, elle regarda derrière elle et sursauta en poussant un grognement sombre et sourd.

Une Drow, grisâtre, le visage sévère, l’observait avec une moue méprisante. Dédale eut du mal à le croire, elle venait d’être humiliée, assise sur la terre poussiéreuse, le regard vide, devant une inconnue à l’air peu sympathique. Elle effleura de ses doigts crochus l’arbalète d’ébène pendue à sa ceinture. Tous ces membres étaient tendus, près à bondir. La jeune Drow était fatiguée, n’ayant quasiment pas dormi de la nuit, mais sa garde ne devait pas baisser, jamais. Elle avait appris à se méfier des gens de sa race, ils étaient cruels, vils et avides…elle l’était aussi, certes, mais essayait de ne pas tuer ou torturer pour rien.

L’inconnue se tenait en face de Dédale, inébranlable. Elle semblait forte, puissante, presque invincible, tant la jeune Drow était fatiguée. Malgré le manque de sommeil accumulé, la voleuse à la robe noire et déchirée ne voulait pour rien au monde baisser sa garde. A force d’errer, traînante et sombre, Dédale, furtive, avait appris à être très endurante, à ne pas dormir plusieurs nuits à la suite en étant en pleine forme le lendemain. Pourtant, elle n’avait plus l’habitude, à présent. Sa chevelure semblait plus lourde sur son crâne, son maquillage luisait moins qu’avant, tout son être semblait terni par des années de solitude atrocement longues, par des cruautés assommantes qu’on lui avait faites subir. Mais tous les jours, où que Dédale soit, quoi qu’il se passe, il y avait cette lueur dans ses deux yeux d’un bleu métallique. Cette lumière se révélait inquiétante, tant elle était haineuse et sans aucune limite. La Drow, blafarde, leva les yeux vers cette nouvelle arrivante, qui ne lui semblait pas bien intelligente, juste à en regarder son sourire féroce…mais presque niais en l’observant bien.

« Réfléchissez un peu. Pour quelle raison est ce que je voudrais vous tuer ? »

Dédale eut un léger sourire dédaigneux qui révéla deux canines acérées. Elle passa rapidement une main dans ses cheveux…ils étaient emmêlées, plein de sang et de boue. Pitoyable. La jeune Drow haïssait la saleté, et était vite partie de la ville de la Dross, qui dénonçait une cruelle salissure, autant des esprits que des corps.

Dédale sentait une faible brise caresser ses mains, aller et venir entre ses doigts, soulevant ses cheveux blancs avec une douceur extrême. Elle se concentrait sur ce vent léger et frais, pour ne pas succomber à l’envie d’égorger cette tueuse de l’ombre arrogante et sans aucun intérêt. L’inconnue se tenait trop près d’elle et son parfum était repoussant...la jeune Drow avait du mal à supporter l’odeur de la chair des siens, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle essayait le plus possible d’être très propre, pour ne pas porter l’odeur très puissante de cette espèce cruelle.
Dédale soupira. Les arbres dénudés et gris par l’hiver la rendait maussade. La nature était très importante pour elle, elle n’avait aucune haine envers cette mère qui créait tout, et tout le monde. Le « tout le monde », en revanche, la voleuse le détestait. Ce tout le monde cruel, vil, guerrier, sanglant la repoussait littéralement. La veille, Dédale avait soigné Elon Drukh, seulement parce qu’il lui plaisait physiquement, ce fut agréable pour elle de panser ses blessures…et de lui faire mal, au passage.

La jeune Drow reporta son attention sur l’autre femelle. Aux paroles de cette dernière, elle répondit par un grognement à peine perceptible. Ce cliché de son espèce si véridique la rendait hors d’elle. Quelle honte d’être née dotée de cette cruauté, de cette méchanceté sans aucune limite. Dédale observa l’inconnue. Elle semblait fière d’être elle-même, fière d’être encombrée par une poitrine trop opulente, fière de posséder une peau bleue aux reflets gris, comme une morte. La voleuse avait juste envie de faire demi tour, de courir à en perdre haleine, de plonger dans l’herbe et de s’y prélasser, seule avec les insectes, le soleil ou le crépuscule, sans la présence vulgaire et grotesque de cette nouvelle arrivante.

Dédale poussa une nouvelle fois un long soupir, elle ne pensait qu’à continuer sa route, tranquillement, sans savoir où aller, mais au moins, ne plus être encombrer de cette Drow. Elle fit un pas, bouscula l’inconnue avec une puissance surprenante, pour continuer son chemin…puis s’arrêta quelques secondes. La voleuse se demandait si elle n’avait pas fait basculer complètement l’arrogante.

[RP court, mais terminé.]

» Ecrivons sans grâce, mais avec du sang
» Le Sang appelle le Sang. Que l'on puise dans le même Puy | Khernal & Velkyn
» [Demeure Naerth] Le sang appelle le sang...
» Sang de mon Sang | Lettre à Oschide d'Anoszia
» Le sang appelle le sang | Shyn'Tae

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée