[Quais] Les pieds sur terre, qu'y disait ! [PV Haize - Térébantine]

La fin de la traversée ne s'était pas si mal passée.

Hum.

Disons que ça n'avait pas été une putain de catastrophe, si l'on oubliait le fait que la ciéleuse était tombée malade à crever peu de temps avant d'arriver à quai. D'ailleurs, Azadeh s'était demandé si ça avait pas un rapport avec le fait d'aller fourrer sa langue dans la bouche de Sepiida, et ça l'avait un peu inquiétée. Mais d'une part, le peu de langue qu'elle avait mis dans ladite bouche lui avait indiqué, de part ses qualités gustatives indéniables, que l'hygiène de l'endroit était tout à fait convaincant. D'autre part, sa langue avait plus trainé sur le reste du capitaine que dans sa bouche. Et enfin, peut être le plus important, elle ne se sentait pas du tout malade.

Mais cette petite réflexion avait eu de quoi l'occuper jusqu'à la fin du voyage.

Pour le coup, l'arrivée au port avait été anarchique, car avant même de débarquer quoique ce soit, il s'était agit de débarquer la donzelle, et de trouver un moyen de la rapatrier au plus vite vers sa ville d'origine. Ca avait piaillé, malgré la promesse faite par l'insupportable cap'tain d'aller rapidement - dans la mesure de sa notion de la rapidité - retrouver celle qu'il était censé rencontrer.

Voilà comment, après moult agitation et autres "on l'avait bien dit qu'ça portait malheur des paires de miches à bord", le Fossoyeur se retrouvait enfin amarré à quai, son équipage sur le pont plus occupé à observer une calèche emportant une Angelotte en route pour retourner au ciel qu'à décharger quoique ce soit.

Et c'est dans cette ambiance suspendue dans le temps qu'Azadeh pointa sa face de suie hors de la cale, s'extirpant d'une des nombreuses siestes qui lui avaient été nécessaires pour retrouver la forme après son excès d'héroïsme amèrement regretté par son fessier en ayant écoppé quelques bleus.

Elle vint s'acouder à la rambarde, poussant un peu Bishop pour se faire une place, et regarda la calèche filer :
"Bah ? L'cap'tain s'arrache d'jà ?"

Le temps que ses yeux arrivent jusqu'au pont montant au bateau, les mots étaient déjà sortis, et c'est seulement là que son esprit analysa que Sepiida remontait à bord après avoir livré son colis :
"Ha bah non... " Elle haussa le ton à l'adresse de son capitaine : "Hey s'pas aujourd'hui qu'j'vais réussir ma mutin'rie si vous m'laissez pas l'bateau cap'tain !"

Eclat de rire franc, alors qu'elle s'avachissait un peu plus sur la rambarde pour regarder en bas, à la limite de passer par dessus bord :
"On fait quoi maint'nant ?"

Pour le coup, la donzelle découvrait un avantage innatendue à faire partie d'un navire... Ne pas décider où aller quand elle n'avait pas la moindre idée de là où elle voulait se rendre !
Quelque chose en moins à ranger dans les innombrables cases de son esprit déjà trop rempli par une multitude d'idées aussi inutiles qu'indispensables.

Foutre putain de Dieux !

C'est gueux Ydriliens ne semblaient pas décemment comprendre ce qu'était le professionnalisme ! la lenteur de leurs réponses laissaient à penser que leur cerveau avait mariné trop longtemps dans la bouillabaisse douteuse de leur crâne. Térébantine se demanda un instant, en bonne scientifique qu'elle était, si le sel de mer n'avait pas fini par se cristalliser et boucher les synapses du pauvre gars devant elle, à qui elle demandait pour la troisième fois :

- Votre bateau prend-il des passagers ? Je dois me rendre à Meca

- Des... Des quoi ?

- Des passager , Des particuliers.... Des êtres humains voyageant d'un point A à un point B. Vous voyez l'idée ? Genre traversée de la mer... avec un bateau...

- C'est qui ces gens particuliers là.. A.. et B.. j'les connais point !

-...

- Z'êtes pas claire ma p'tite dame...Moi je m'y entends bien avec la poiscaille..; Et on pêche pas de c't'éspèce là, nous... C'est-y quoi encore ça.. Abé...

Térébantine se frappa le front avec la paume de sa main. Trucider cet abruti ne lui apporterait rien de plus que des ennuis. N'empêche, elle était tentée de lui servir une fricassée de sa cervelle à diner ! Elle était quasi certaine qu'il ne ferait pas la différence.

Elle s'éloigna du crétin avec un petit grognement excédé.

C'est pas qu'elle raffolait des voyages en mer. Pour ça non ! Elle détestait le sel, elle détestait le poisson, et elle détestait les marins qui puaient le sel et le poisson. M'enfin, elle, elle connaissait la valeur du mot professionnalisme. Et son rendez-vous sur Meca avec la Petite Mouchetée ne saurait souffrir d'être repoussé.
Elle arpenta les quais, Moignon collé sur ses talons avec l'ardeur d'un toutou empaillé tout en sortant un étuis à cigarette de son corsage. Il lui fallait une dose, sinon elle allait craquer. Des heures qu'elle errait dans le port à la recherche d'un capitaine avec un tant soit peu de Q.I.

A croire que leur alimentation à base d'écaille de poisson ne favorisaient pas l'épanouissement des cervelets...

- Bah ? L'cap'tain s'arrache d'jà ?

Cette voix...? Non... Non.. ça devait être un mauvais tour de bourrasque marine. Pourtant cette petite note de gouaille absolument peu classe était foutrement familière à l'euthanasiste.

- Hey s'pas aujourd'hui qu'j'vais réussir ma mutin'rie si vous m'laissez pas l'bateau cap'tain !

Térébantine releva la tête un peu vivement, en arrêt tant et si bien que Moignon se cogna contre son dos. Pitié... faites que.. Pas la elle...

- Azadeh... Fit une voix masculine dont elle ne repéra pas la provenance de suite.

Par les ovaires périmés de sa pute de mère ! Boule de suif était sur le continent ! Une seule solution... LA FUITE !
Térébantine tourna brusquement les talons et entreprit de s'éloigner au plus vite de cette jetée maudite, de ce port maudit, de cette ville maudite !

Et ce au plus vite et sans la moindre dignité.

Azadeh se balance toujours sur sa rambarde, à moitié grimpée dessus. Décidément, elle tient jamais en place, quitte à grimper sur n'importe quoi. Mais pas sur n'importe qui.

Elle écoute les directives du capitaine en dardant sur lui son regard un peu trop vivant pour être rassurant. La perspective de débarquer, c'est toujours l'excitation de se demander si on va réussir à remonter à bord, ou crever la gueule dans le caniveau.

- Pour
l'instant, il faut vider le navire, certains marchands attendent
là-bas. Ensuite, je relâcherai presque tout le monde pour la semaine,
on verrouille le Fossoyeur et, comme j'ai pas bu une putain de goutte
depuis le départ, pour la première nuit, j'vais vider la première
taverne que j'croise. Ensuite, je verrai.
Et vous, Azadeh, que comptez-vous faire durant vos premiers quelques jours de permission ?

La donzelle hausse un sourcil :
"Bah merde, c't'une question ça, pas un ordre."

Elle l'a pensé tout haut ? Pour ce que ça change...
Assise en tailleur sur la rambarde, elle penche la tête sur le côté, vers le vide, pour regarder Sepiida comme un animal curieux, affichant un sourire franc dans une rangée de dents impeccables - peut être la seule chose impeccable chez elle, mais ça fait partie du boulot d'entretenir sa bouche. Pour la cuisine s'entend :
"J'sais pas trop, faire l'tour du port c'est pas une mauvaise idée, j'ai des souvenirs pas dégueux ici. Des goûts, solides ou liquides, d'la bouffe, des gars, et des concours de qui s'ra l'plus con pour remporter la mise, ce genre de trucs 'voyez. Ptêt' essayer d'remettre la main sur c't'empaffé d'voleur qui m'a promis d'la rascasse et r'filé des restes de font d'filets... Pis..."

En énonçant à haute voix tout ce qui lui passe par la tête, elle regarde machinalement les quais, comme pour alimenter sa caboche de nouvelles idées :
"...Ptêt' aussi essayer d'mettre la main sur un ferailleux efficace qui pourrait m'aiguiser mes lames sans les foutre en l'air, et r'faire le plein de ... OH PUTAIN !"

Tiens, elle vient de gueuler en se remettant sur ses jambes, maintenant accroupie sur la pauvre rambarde qui aurait préféré rester en contact avec ses fesses qu'avec ses bottes.
Machinalement elle tend une main vers Sepiida, pour lui agripper l'épaule et s'en servir comme ancrage pour se pencher encore plus par dessus bord, pointant de son autre main une robe rouge surmontée d'une envolée de cheveux verts qui leur tourne le dos en claquant le talon sur les quais, juste au niveau du ponton du Fossoyeur :
"La donzelle tartare ! J'veux bien m'faire frire les doigts si c'est pas elle !"

Ha, apparemment elle connait la silhouette. Est ce qu'elle parle à Sepiida ? Un peu, sans doute, partant du principe qu'il comprend ce qu'elle raconte, de toute façon.

Tiens, d'un coup la voilà redescendue sur le pont. Elle s'est téléportée ? Elle est en train de courir vers le quai. Rapide. Insaisissable. Du moins, insaisissable quand elle l'a décidé. Bref, en quelques secondes, la voilà courant derrière le nouvel objet de son intérêt, descendue du Fossoyeur, poussant un peu un pauvre gars qui demandait qu'à décharger ses caisses au passage.

Elle tend une main vers la susnommée donzelle tartare, visiblement dans le but de lui agripper l'épaule :
"Hey ! J'savais bien qu'tu m'chercherais ? Vas y tu viens m'le dire ce que j't'ai d'mandé ? J'ai su son nom entretemps !"

Azadeh vient de continuer une discussion interrompue voilà presque un an, et ce, comme si une seconde s'était passée.

Et elle vient de le faire en gueulant suffisemment fort pour être à portée de voix de l'intégralité du Fossoyeur, du quai... Et peut être bien d'Ydril tout entier, voir de Diantra si le vent va dans le bon sens...

Haize observe et écoute attentivement Azadeh, se demandant ce qu'une femme comme elle peut bien faire quand elle fait pas ce qu'elle fait en ce moment. Elle n'était pas marin depuis longtemps, elle ne devait donc pas avoir ce besoin vital de se défoncer dans une taverne et de s'envoyer en l'air avec la première venue. Enfin, sans doute le premier venu dans son cas à elle. À moins que... sublime fantasme.

D'un autre côté, elle était peut-être faite pour la mère et être marin sans la mer. Certains l'étaient. y'a toujours des possibilités sur tout. La vie était pleine de surprise et de hasard plus ou moins heureux. D'ailleurs, ça l'étonnait un peu qu'il ne voit pas Azadeh comme une rivale, mais plus comme une complice. Et si rapidement. Si naturellement surtout. Elle n'est pas si loin de la vérité quand elle parle de se mutiner. C'est pas certain que sa tentative serait un échec.

Et puis, elle parle et elle parle. Et il l'écoute, parce qu'elle pourrait raconter n'importe quoi, une description détaillée d'une plume qui tombe, par exemple, et il en serait tout aussi captivé.

- ...Ptêt' aussi essayer d'mettre la main sur un ferailleux efficace qui pourrait m'aiguiser mes lames sans les foutre en l'air, et r'faire le plein de ... OH PUTAIN !

Il cligne des yeux, brusquement expulsé de son attention.

- Euh... ?

Et elle s'agrippe à son épaule pour regarder plus loin, vachement plus loin sur les quais. Il la retient en l'attrapant par une bras, mais il a beau regarder les quais, il ne voit rien d'alarmant. Manquerait plus que ça, un truc alarmant... serait vraiment pas une bonne idée. C'est pas du tout le temps d'un truc alarmant.

- La donzelle tartare ! J'veux bien m'faire frire les doigts si c'est pas elle !

Il lève les yeux vers Azadeh et la dévisage, le temps qu'elle disparaisse, manquant de lui arracher l'épaule au passage, mais c'est pas grave... il exagère de tout façon... il jette un oeil à Bishop.

- T'as compris quelque chose ? Bishop se contente de secouer la tête. Haize sourit. Imprévisible, ronronne-t-il en la regardant filer sur les quais.

Il est interrompu par un toussotement discret.

- Hum... Capitaine ?

Il se retourne et fait face à l'inopportun. Ah, non, pas vraiment inopportun. Il lui sourit.

- Ah, George. Vous êtes prêt à partir ?

George jette un coup d'oeil vers l'intérieur des terres, inspire, puis expire. Oui, elle était prête à marcher, même courir jusqu'à Diantra. Et elle le ferait même à genoux si ça pouvait l'assurer de retrouver Merri. Mail il n'y avait pas de doutes à avoir. Merri lui avait dit qu'il serait à Diantra, chez le roi Ultuant. Elle allait se rendre là-bas et le retrouver. Un plan simple, non ? Elle hoche vigoureusement la tête.

- Oh oui. Je suis prête.
- À la bonne heure. Vous avez tout ce qu' il vous faut ? demande-t-il en jetant un rapide regard vers le dernier endroit où il a vu Azadeh... enfin, vers l'endroit où il entend sa voix, malgré la cacophonie ambiante du port.
- Oui. Enfin... je crois...
- Tsk tsk tsk. Non, il vous manque quelque chose. Machinalement, George se fouille et tente mentalement de se remémorer de tout ce qu'elle a fourré dans son sac.
- Euh...

Non, elle ne voit pas... elle a tout... Azadeh lui a même refilé quelques trucs à bouffer pour la route... d'ailleurs, ça pèse plus que ses quelques possessions. Haize profite de le recherche de George pour espionner la conversation Azadeh et... c'est quoi ça ? Une plante verte sur patte ? Mince, les mages ne savent plus quoi inventer pour avoir de la compagnie. Il finit par fouiller dans la poche intérieur de sa redingote et pour sortir une petite bourse bien remplie. Il la tend à George. Elle regarde la bourse et fronce les sourcils. Elle secoue la tête.

- Non, c'est pas à moi, dit-elle avec la plus pure innocence qui puisse exister. Haize et Bishop la dévisagent un instant, l'air interdit, puis Haize réagit.
- Euh... non, je sais que c'est pas à vous, c'est à moi... mais je vous l'offre... je vous la donne.

Il lui prend la main, la dépose dedans et lâche tout. Elle fixe la bourse un instant, puis semble déduire ce qu'elle contient. Rapidement, elle l'ouvre et regarde à l'intérieur.

- Oh, mince... c'est vrai ? Vous me la donnez ? Mais... mais... je sais pas quoi dire... enfin... si... merci !

Et elle lui saute au coup, reconnaissance spontanée et totalement irréfléchie. Mais au diable la bienséance hiérarchique, Haize apprécie le contact... même si elle s'appelle George... quand elle consent à le lâcher, il lui pose une question.

- Vous avez la carte ?
- Oui ! affirme-t-elle en se touchant la poitrine.

Haize se contente de sourire. Y'a des gens qui cachent des trucs à de drôles de places... amusantes dans ce cas ci.

- Alors, adieu et bonne chance, George. Rapidement, elle se penche à son oreille et lui murmure quelques chose qui le fait sourire. D'accord.
- Aurevoir, capitaine ! Et merci !

Et joyeusement, elle abandonne la mer pour la terre, sans oublier de ranger la petite bourse de cuir rouge dans les replis de ses vêtements.

- Brave gamin, que ce George, commente Haize en reportant son attention sur Azadeh et la plante verte.
- Il n'a rien d'un gamin...
- Pourtant, il est tout jeune.
- Mais c'est pas UN gamin...
- Que voulez-vous dire, Bishop ? interroge-t-il en posant un regard bleu acéré sur le cook.
- Bah... euh... rien...

Raté...


Térébantine se raidit violemment quand elle sentit la poigne crasseuse et ferme de la Charbonnée sur son épaule délicate. Elle détestait qu'on la touche. Elle détestait cet abominable contact physique qui en clin d'œil vous transmet autant de bactérie qu'un batifolage de cochon dans du purin.

Difficile de se faire passer pour une autre avec un physique aussi particulier que le sien.

Elle ferma les yeux un instant, histoire d'y puiser la ressource nécessaire pour faire face à son petit démon personnel. Puis se tourna avec lenteur pour poser son regard sanglant sur l'importune.

Azadeh.

Azadeh de sans nom.
Azadeh de Meca.
Azadeh sa tortionnaire intime.

-Azadeh, quelle....Surprise ! fit elle avec un sourire à peine lisible mais franchement grinçant.

Moignon pencha la tête sur le coté en regardant la petite furie noire gesticuler autour de sa maitresse. Signe peut-être d'écho à de lointains souvenirs ?

-'savais bien qu'tu m'chercherais ? Vas y tu viens m'le dire ce que j't'ai d'mandé ? J'ai su son nom entretemps !

Térébantine plissa les yeux. La technique était simple. Ne pas la relancer. Ne pas la...

- Te chercher ? Pourquoi, tu t'es enfin décidée au suicide ? Ce serait un acte miséricordieux pour notre brave Miradelphia.

Aaah ! tentation trop vive pour un esprit supérieur !
Vite ! Du tabac... Elle aspira une large bouffée de sa drogue pour calmer ses prémices d'envie de trépanation. Par les cinq tanches, elle était soudain sacrément curieuse d'étudier l'impact du cerveau sur la vélocité de la langue !

- Et puis, je souhaite pour toi que tu l'ais remplacé par un autre plus vivant entretemps, de capitaine...

Elle lui recracha un nuage toxique en pleine figure, ne doutant pas un seul instant que la graisse collée à ses cheveux retiendrait l'odeur de sa cigarette. Peut-être cela l'aiderait à supporter la longueur de ces pénibles retrouvailles.

Azadeh aurait pu être capitaine. Dans une autre vie. Elle aurait eu la poigne et la désinvolture qu'il fallait, et un caractère suffisamment merdique pour ne pas flancher.
Elle aurait pu mener des insurrections et des mutineries poitrine à l'air et cheveux au vent, jusqu'à tomber sur plus fort qu'elle et crever en mer couverte de gloire - ou de sable, à défaut.

Seulement voilà. Pour survivre, Azadeh a fait en sorte d'être libre. De laisser glisser son esprit loin, loin au delà des limites du raisonnable - et de la bienséance, pour le coup. Trop libre pour porter des hommes, de la gloire, ou même du sable dans son sillon.

Azadeh se contente donc de vivre en s'accrochant de branche en branche en fonction de ce qu'elle trouve sur son chemin. Et de s'être arimée au Fossoyeur, c'est déjà un immense pas en avant. C'est aussi qu'elle s'est pas sentie enchaînée, avec ce drôle de capitaine aux réactions suffisemment innatendues pour attirer son attention, et donner envie à la cook de s'activer en cuisines pour lui. Aux fourneaux ou les fesses sur un tonneau.


Mais là, elle vient de se retrouver face à la lubie qui l'a tenue en haleine assez longtemps pour que l'attrait de la nouveauté Fossoyeuse ne suffise pas à l'effacer.

Pendant que George dépouille Sepiida à la force de l'innocence de ses yeux - un sacré pouvoir qui a même fait chavirer l'affection de l'intraitable Azadeh - la cook se retrouve donc face à une poupée rouge et verte aux accents de tabac épicés.

-Azadeh, quelle....Surprise !

Sans se soucier du sourire crispé de Térébantine, Azadeh lui rend un sourire à pleines dents, ravie :
"Ha moi aussi ça m'fait plaisir ! T'es moins occupée qu'l'autre fois ? Oui, forcémment, puisque tu glandes sur l'port, c'est que tu dois t'emmerder ! Hé ça tombe bien hein?!"

Enthousiasme. Trop d'enthousiasme. Elle parle vite, avec entrain. Et rien dans la voix tranchante de cynisme de la poupée tartare ne semble pouvoir entâcher cette satisfaction.

- Te chercher ? Pourquoi, tu t'es enfin décidée au suicide ? Ce serait un acte miséricordieux pour notre brave Miradelphia.

Azadeh hausse un sourcil... Et rit à nouveau. Bordel, elle est de bonne humeur. La traversée, le retour à la terre, retrouver Térébantine, la promesse de quelques soirées à Ydril, tout va merveilleusement bien ! Et même le rappel du métier de la marchande de mort et de ses conséquences ne peut pas entâcher ça :
"Ha non ! Hé ! Tu sais quoi ? J'ai lu ta brochure ! Bon, pas toute, j'ai utilisé un bout pour emballer un poisson. Mais je pouvais pas rater l'occasion, du requin tout frais sur l'marché, top qualité, fallait que j'le prenne au retour ! Bref, j'ai emballé avant de finir de lire, mais j'ai un peu compris ton métier. Hé ! C'est dégueulasse ! C'est pour ça qu'tu voulais m'avorter ? Bref. Non non, le suicide toujours pas, hein ! Hé, c'est toi qu'a découpé ton copain à moitié moche là ? "

Elle parle, elle parle, vite et fort. Trop vite et trop fort...

- Et puis, je souhaite pour toi que tu l'ais remplacé par un autre plus vivant entretemps, de capitaine...

La donzelle de suie fait une petite moue boudeuse. Une seconde. Avant de hausser les épaules... Petite pause... Et soudain ses yeux s'écarquillent... Oh, non... Une idée a du germer dans son esprit tortueux.

"Ha oui ! Mais non pas remplacé, mais j'ai un capitaine, pasque c'est pas la même chose! L'autre c'était juste un, lui maintenant c'est moi !"

Il y avait un ordre d'origine à ces mots ?

"Hé Holgen qu'y s'appelait t'sais le capitaine plus vieux ! Et ouais ! J'ai fini par l'savoir sans qu't'ai à bouger ta bouche au tartare ! Mais bon, j'attend qu'tu m'dises la suite de l'histoire hein... Pourquoi tu l'as suicidé tout ça... Oh!"

Nouvel éclair de génie. Qu'est ce qu'elle fait, là ? Haaaaa, elle retend sa main vers Térébantine, pour la refermer sur la manche de sa robe, fermement. Et tirer dessus. Elle vient de décider de la trainer vers le Fossoyeur :
"J'vais te montrer mon capitaine, viens ! Le miens celui là, et ouais !"

Serait elle un brin possessive sur tout ce qui l'entoure ? En tout cas elle agite déjà sa main libre en direction de Sepiida, alors qu'en parallèle son esprit essaie d'analyser la raison pour laquelle George est en train de descendre toute seule, c'est risqué pour un jeune gamin ça... Mais sa langue se remets en action à l'attention du capitaine, chaque chose en son temps :
"Hoy Sepiida, regardez c'que j'ai trouvé ! "

Il est censé être intéressé par la trouvaille en question ?
Aux yeux d'Azadeh, visiblement, oui...

Bishop et Sepiida observent Azadeh qui converse. Elle semble s'amuser follement, tandis que l'autre a tout de celle qui revoit passer un rat qu'elle croyait bien avoir empoisonné, sauf le sourire, mais Azadeh n'est pas un rat. Pas du tout.

Haize porte son attention quelques secondes sur une caisse qui vient d'être échappée, mais semble pas y avoir de dégâts... il ne se souvient pas vraiment ce qu'elle contenait.

Puis en revenant à Azadeh, il la voir qui remorque la Verte.

- Elle l'amène ici ?
- Semblerait.
- Moi ça me fait peur.
- Moi, pas encore.

Il quitte la rambarde et se rend jusqu'au pont. Il prend toute la place dans l'ouverture, affichant ses airs de grand capitaine. À savoir une arrogance agaçante et une assurance rehaussée par un dernier souvenir de LeNoir.

- Hoy Sepiida, regardez c'que j'ai trouvé !

Il sourit et pose les yeux sur Térébantine. Il la détaille des pieds à la tête. C'est pas comme si les marins avaient à se retenir de lorgner les dames comme ça.

- Jolie plante. Et on la voir s'épanouir de quelle manière ? En l'arrosant ?
- On va tout de même pas la balancer à la flotte. Si ?
- Ça va dépendre si elle est ravie de nous rencontrer ou pas.

Et il leur adresse un sourire de pur ravissement.



[HJ : Désolée de pas en faire plus, j'ai pas trop le temps le matin.]