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 Les yeux ouverts - Les pieds sur terre

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Krish Al'Serat
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MessageSujet: Les yeux ouverts - Les pieds sur terre   Les yeux ouverts - Les pieds sur terre I_icon_minitimeLun 23 Juil 2018 - 23:34

<< Roque du roi noir


été - 5e jour 4e ennéade de Karfias
11e année du XIe Cycle



Les cris et la brûlure du soleil au zénith.

Krish ouvrit les yeux. Juste devant elle, deux enfants se disputaient. Une fillette et un garçonnet qui ne devaient pas avoir plus de vingt ans. Les mots qu’ils employaient étaient chantant mais bien au delà de sa compréhension. Leurs visages bruns d’écorce et leurs cheveux aussi vert que la canopée qui les surplombait dévoilaient une violente colère. Leurs yeux rouge sang s’affrontaient. Le ton monta brusquement et le garçon se jeta sur la fillette pour lui tirer les cheveux, la griffer, la mordre. Ils crièrent de rage et de douleur. Elle rendait coup pour coup.

Une violence dérisoire… Mais un absolu sans faux semblant dans leur monde à eux.

Le soleil se couvrit, remplacé par une chaleur baignant chaque parcelle de la peau de l’eldéenne. Elle baissa les yeux sur le sol de pierre. Elle connaissait cette chaleur. Le fracas des armes lui fit lever la tête. Des êtres rablets et barbus se frappaient à coup de lame et de marteau. Leurs armures rudimentaires luisaient faiblement sous la lumière que dispensait les champignons luminescents et les cristaux. Des cris rauques. La chaleur qui augmentait graduellement. Des ordres. Des armures et des armes de plus en plus belles, de plus en plus travaillées. Des armées plus grandes. Des victoires. Des défaites. La chaleur qui augmentait toujours. Une tentative de paix.

Un tremblement. Le visage d’un daedhel aux yeux d’or. Un visage qu’elle connaissait. Elle approcha la main. Une gerbe de lave fit rompre la roche. Des hurlements d’agonies. Une profonde satisfaction. Un grand pas en avant. Elle sourit.

Un autre feu au creu de la terre. Elda. D’autre batailles. Contre les humains. Contre les dragons. Contre les elfes. Contre eux même. Et pour chacune d’elle, les survivants, les vétérans. Des hommes et des femmes qui se dépassent, se relèvent et vont toujours plus loin. Qu’ils soient elfes ou drow. Des êtres débordant de force. Une force qu’elle sentait vibrer dans leurs yeux.

Tout cela, elle l’avait déjà vu. Les mains de Néo lui avaient transmis un Appel qu’elle n’était pas digne d’entendre. Mais contrairement à l’époque, la douleur qui rognait sa peau et rongeait ses os n’était pas un problème. Le spectacle ne l'emplissait plus de peur ou de doutes. Fascinée, elle regardait les combats changer la face du monde. Coincé dans une froide torpeur pendant si longtemps, elle se rendait maintenant compte de la magie de ce qui l’entourait. Le Feu réduisait en cendre le Linoïn pour qu’une nouvelle évolution puisse avoir lieu. Chaque couleur, chaque émotion, chaque acte était poli par la guerre jusqu’à en devenir rayonnant. La colère au ventre, ils avançaient toujours plus loin et l’univers tremblait sous leurs pas.

Les pertes n’avaient pas d’importance. La douleur faisait parti du processus. Il fallait maintenir l’affrontement. Et cette Guerre, par sa nature même, pousserait le monde vers une meilleur version de lui-même.

Un monde d’une Pureté Sauvage ou la médiocrité n’aurait plus sa place.

Le chemin était aussi plaisant que la finalité. Vivre ou mourir. Vaincre ou abandonner.



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Wydrin sauta sur ses pieds en voyant la silhouette d’Ekmir se glisser sans frapper dans le bureau de l’Intendant.

- Alors ?
- Son crâne et sa colonne vertébrale sont réparés. Le bras, les côtes, le bassin et les jambes également. Honnêtement, vu son état, soit elle a été torturée pendant les derniers mois, soit un dragon lui est passé dessus. Le reste dépend des dieux. S’il y a des atrophies ou qu’elle a perdu l’esprit, je n’y pourrai pas grand chose.
- Et pour Wik ?
- Le petit chien respire toujours… Et je suis bien obligé de lui reconnaître une certaine combativité. Il y a deux jours je pensais déjà qu’il ne passerai pas la nuit.

En quelques pas, la prêtresse était arrivée au niveau du bureau. Wydrin ne put s’empêcher de sourire à sa réflexion. Oui… Wik était plutôt du genre buté sous ses aspects de servile esclave de glace. Par contre elle se demandait comment il faisait pour faire tourner la boutique avec autant de facilité, parce que rien que le fait d’organiser le déblaiement et les réparations du Palais avait été un véritable calvaire à ses yeux.

Trois jours après la destruction du marché libre, la panique était redescendue d’un cran et les choses reprenaient doucement leur cours… Du moins c’est ce que le Capitaine de la Garde d’Argent espérait parce que si Krish était réapparue au centre de ce genre d’évènement après une disparition aussi soudaine qu’inexplicable à Elda, cela pouvait aussi vouloir dire beaucoup d’ennuis en perspectives. Des ennuis que seule une myriadénaire dans le coma pouvait leur décrire.



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Une présence écrasante culminait sur le spectacle infini qui se déroulait autour de l’eldéenne. Il n’y eut pas de mot cette fois-ci. C’était inutile. Seulement cette présence brûlante qu’elle sentait pulser au creux de son corps au rythme des tambours de guerres.

Un pas.

Sur les champs de bataille incendiés par les derniers dragons, elle avança parmi les héros de son peuple. Un homme au doigt duquel brillait un rubis. Une femme portant une émeraude. Elle courait pour éviter les lames des serviteurs de l’Empire et les flammes de leurs mastodonte rouge.

D’un mouvement sec, elle arracha une épée du sol craquelé.

Elle ne mourrait pas.

Ses poumons s’alourdirent. Elle suffoqua. Ses jambes se dérobèrent. Elle bascula en arrière. La douleur faisait parti d’elle mais des mains tentaient de l’agriper pour la trainer vers le néant.

Non.

Elle ne mourrait pas.



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Badoum - Badoum

Un rythme lent et égal.

Badoum - Badoum

Un rythme profond. Un courant infime qui caressait sa peau. Un calme écrasant. Les sons distordus par le liquide qui l’entourait.

Badoum - Badoum

Des voix. Lointaines. Connues. Des chants vibrants. Le goût du sang. Métallique. Le poids du liquide visqueux la dissuade d’ouvrir les paupières. Elle fronce les sourcils. Quelque chose manque. Quelque…

Sa poitrine se sert violemment. Elle étouffe. Elle suffoque. Elle s’agite, remontant vers la surface aussi vite que possible. Elle crève la surface mais le liquide lourd ne quitte pas sa poitrine. Elle crache, se traîne à l’aveugle à l’extérieur du bassin, tirant sur ses bras. Les craquements de ses articulations résonnent. Son coeur bat de plus en plus vite mais ses poumons ne se vident pas. Des voix crient. Des voix inquiètes.

On s’empare d’elle. Un coup. Un flot de sang sur le sol. Entre deux quintes de toux, enfin ses poumons se déploient. Elle respire.

On la soulève. On la tend. On la pose. La douleur augmenta. Elle augmenta jusqu'à ce que des cris prennent la place du liquide dans ses poumons.

… Et le monde s'éteind de nouveau.



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été - 6e jour 6e ennéade de Karfias
11e année du XIe Cycle


Au loin, des rires d’enfants résonnaient dans des couloirs qui ne semblaient pas avoir de fin. L’oreille de Krish frémit et elle se redressa sur un coude, passant la main sur son visage pour chasser l’impression collante qui y persistait. Le bord d’un drap fin appuya sur son épaule, l’empêchant d’aller jusqu’au bout de son geste. Elle ouvrit pleinement les yeux.

Une couverture de soie blanche couvrait son corps jusqu'à son cou, soigneusement bordée. Elle était allongée dans un vrai lit. Elle rebondit légèrement pour tester le sommier et le matelas. Agréablement dur. Elle sourit malgré elle, lâchant quelques éclats de rire en se laissant retomber sur le dos, les cheveux pêlemêles sur l'oreiller. Une longue inspiration vint couronner ce petit moment de pur bonheur.

Depuis quand n'avait-elle pas eut l'occasion de dormir dans un lit ? D'ailleurs... une question la heurta soudain : Dans quel lit ?

A droite et à gauche, des rideaux. Un plafond haut. Des rires d'enfants. Des respirations amples. Un lit confortable mais sans fioriture. Un hospice ? Un temple ? Pourquoi n'était-elle pas chez elle ?

Poussée par la curiosité, elle s'assit au bord de son lit, s'étira comme un chat... Et s'immobilisa. Elle rabattit brutalement les bras qu'elle avait levé, inspectant ses mains avec la plus grande minutie. Au fur et à mesure que ses doigts remontaient le long de son bras gauche, son sourire s'étirait. Couturé de cicatrice, il était de nouveau droit et ses articulations étaient dégrippées. Ses deux doigts étaient toujours recroquevillés et faibles, mais les autres os de sa main tenaient sans bandage. Puis le reste lui vint petit à petit. Elle respirait sans douleur. Les muscles de son côté étaient cicatrisés. Les côtes ressoudées. Même en inspirant à fond, elle ne sentait aucune masse lui oppresser la poitrine. Elle s'y essaya deux ou trois fois, riant toute seule. Ses bras retombèrent sur ses cuisse. Un frisson lui remonta jusque dans la nuque.

- Par Uriz... " murmura-t-elle en baissant les yeux. Elle agrippa ses genoux à pleine main, remontant le long de ses cuisses, descendant jusqu'à ses chevilles. S'appuyant sur la tête de lit, le cœur battant, elle se hissa sur ses jambes. Elle était chancelante, mais elle était debout. Ses muscles lui répondaient. Elle se laissa retombé sur le matelas et cette fois, elle ne tenta pas de se retenir. Elle éclata d'un rire à la limite de l'hystérie.

En quelques secondes, une silhouette rouge tirait le rideau pour la découvrir avachie sur le dos, la tête reverser en arrière, secoué d'un rire frénétique.

- Que... Vous allez bien ? "

Elle avait réussi. Elle était de retour. Elle avait survécu. Elle avait ses jambes. Elle se fichait de ne rien sentir de la gauche, les deux réagissaient lorsqu'elle essayait de les bouger. Elle se fichait de l’approximation de ses mouvements, elle se savait capable de se remettre en condition. T'Challa et Elghinn étaient en vie. Ils seraient là d'ici quelques jours. Elle était de retour ! Les Piliers soient loués ! Uriz puisse la voir !

Enfin... Et elle allait pouvoir faire de ce monde une sanglante perfection.

Ses rires s’éteignirent sous les questions de la novice de Natha qui venait de venir s'enquérir de son état. Avec autant d'énergie qu'elle le pouvait, elle se redressa, s'appuyant sur sa visiteuse. Ses bras passèrent autour de son cou, s'appuyant avec délectation contre les parcelles de peau que la tenue sacerdotale de la jeune femme laissait nues.

- Oh oui. " Elle dévoila ses crocs en un sourire carnacier. " Je ne me suis jamais sentie aussi bien. "



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MessageSujet: Re: Les yeux ouverts - Les pieds sur terre   Les yeux ouverts - Les pieds sur terre I_icon_minitimeVen 27 Juil 2018 - 10:06


été - 8e jour 6e ennéade de Karfias
11e année du XIe Cycle


Depuis deux jours, Krish s'efforçait de retrouver sa mobilité, ne laissant de répit ni aux prêtres, ni aux soigneurs, ni à son corps. Ses muscles n'avaient pas eu le temps de s’atrophier mais les sensations étaient différentes. Les réajustements qui avaient été faits dans tout son corps l'obligeaient à travailler sa posture et sa précision, mais elle marchait et courrait. Elle avait des jambes ! Le mélange d'euphorie, de passion et de profonde sérénité qu'elle avait ressentit en se relevant pour la première fois ne l'avait pas quitté.

Elle était en train de s'entrainer dans la cours du temple lorsqu'on vint la prévenir qu'un jeune enfant ensanglanté, juché sur une panthère avait été arrêté par Wydrin aux portes du Palais d'Argent. Un ordre en retour et quelques minutes plus tard, Elghinn franchissait le seuil du temple de Natha sous les yeux exorbités d'Ekmir. Krish se jeta à genou pour venir le serrer contre elle. Il allait bien. Le sang qui couvrait la poitrine, le cou et les manches du garçonnet était celui de quelqu'un d'autre.

Pas une seule fois Krish n'avait envisager qu'il en soit autrement. Cela faisait plusieurs ennéade que son fils haut comme trois pommes s'était envolée dans un monde hostile et sauvage mais elle n'avait eut aucune angoisse à son sujet. Il était tellement évident qu'il finirait par revenir.

Les petits bras du garçon s'accrochèrent à sa mère. Il soupira de soulagement. Après un câlin tout aussi chaleureux à l'intension de T'Challa, elle le souleva de terre pour l'emmener dans la petite cellule qu'on lui avait attribuée sans répondre aux questions silencieuses de la Grande Prêtresse.

L'odeur d'encens était agréable. L'une des plus belles odeurs qu'Elghinn avait senti depuis son arrivée dans ce monde. Pourtant, il ne se détendait pas. Sa mère le déposa sur le bord d'un lit simple couvert d'un matelas moelleux sur lequel il laissa courir ses mains. Cette pièce était d'un tel luxe... Ses yeux épiaient le petit bureau de bois, la table de toilette toute simple vers laquelle sa mère se dirigeait, l'épaisseur minime du matelas qui le surélevait. Et sa mère elle-même... Elle semblait plus droite. Son bras et sa main gauche n'étaient plus contraints par des bandes. Sa démarche était plus souple.

Lorsqu'elle revint près de lui pour lui donner un linge humide, il fronça les sourcils. Sa gorge se nouait. Il se sentait... en colère et triste à la fois. Et même plus. Son visage chiffonné ne connaissait pas le mensonge et Krish n'eut aucun mal à suivre la descente aux enfers qu'il était en train de vivre. Elle s'agenouilla sur le sol, le coude appuyé sur le lit, laissant le garçon la surplombé de toute sa taille.

- Qu'est-ce que tu as ?
- C'est de ta faute. " répondit-il du tac au tac. " J'ai eu peur pour toi. Tout le voyage. Et je te retrouve ici. Et tout va bien. Et je me sens... Je ne sais pas.
- J'ai passé un millier d'années à survivre seule. Il ne fallait pas tant t'en faire.
- Oui mais... ! " Il hésita, butant sur des émotions plus complexes que celles qu'il avait expérimentés jusque là. Dans les Ombres, il lui en avait voulu de ne pas faire ce qu'il fallait. Il en avait voulu au monde de l'avoir fait lui, comme il était. Mais là... C'était autre chose. Et le fait qu'elle lui dise qu'elle n'avait pas besoin de lui était encore plus douloureux. Douloureux... C'était le mot. " Oublie !" jeta-t-il en sautant à terre. " Je saurais à quoi m'en tenir maintenant. " Il lança le tissus avec lequel il venait de se débarbouillé le visage sur la table de toilette et s'avança d'un bon pas pour quitter la pièce. Une jambe couverte d'un ample lin blanc lui barra le passage.
- On se calme jeune homme. Pourquoi tu es en colère contre moi comme ça ?
- Et toi ?! Pourquoi tu n'es pas venu à ma recherche ?! Tu m'as juste... Juste envoyé boulé ! Tu es mieux ici qu'avec moi. Très bien ! Tu n'as pas besoin de moi, très bien ! Et bah je ferai sans !

Elghinn serra les poings, ferma la bouche et baissa les yeux. Krish soupira en se glissant jusqu'à lui. Assise en tailleur, elle le força à relever la tête vers elle du bout des doigts.

- Écoute chéri. Je t'aime. Tu es mon fils. Tu es courageux, sauvage, fort et débrouillard. J'ai confiance en toi et je sais que tu es capable d'affronter n'importe quel danger. Rien ne pourra changer l'amour que j'ai pour mon petit garçon et la fierté qu'il représente pour moi. "
Elle scruta les grands yeux grenat de son fils avec un sourire et vint poser un baiser sur son front malgré la rage contenue qui l'emplissait toujours. Il tenta déchaper à son étreinte, de la repousser, mais elle tint bon. " Elghinn...
- Quoi?!
- C'est parce que j'ai confiance en tes capacités que je veux que tu traces ta propre route. Je suis là pour toi et je serai toujours là, mais il faut que tu testes des choses, que tu rencontre des gens, que tu expérimentes le mensonge, la peine et la joie. Et tu ne peux faire ça que par toi même, tu comprends ? ... Tu comprends, Elghinn
- Non. Maintenant que tu as retrouver le monde qui te plait, tu veux simplement me laisser de côté. C'est tout.
- ça mon chéri, c'est de la jalousie. " sourit l'eldéenne, goguenarde. " Je ne t'appartiens pas et je n'ai pas besoin de toi. Mais je t'aime. Je ne te ferai pas l'affront de te manipuler alors il va falloir que tu apprennes a faire avec.

Le gamin se dégagea d'un coup bref, les yeux noirs d'une rage qui le faisait presque ressemblé à un enfant de son âge. Krish sourit d'autant plus. Elle ne le laisserait pas se défiler devant tous les désagréments de la vie et il était hors de question qu'elle en fasse un fils à maman décérébré. Non. Il lui était bien trop précieux pour cela.

- Ferme là et ravale ce putain de sourire. " cracha-t-il  avant de sortir dans une explosion de porte furieuse sous les rires à peine contenus de la seule personne qui n'avait jamais compté pour lui.

Le lendemain, Krish, Elghinn et T'Challa retournaient s'installer au Palais malgré les quelques travaux qui étaient encore à prévoir. Le petit n'adressait toujours pas la parole à sa mère mais une longue discussion finit par lui faire entendre raison au moins pour un temps. Elle se doutait qu'il ferait de nombreuses autres crises avant de réellement se sentir chez lui dans ce monde et dans son corps, mais au moins, il ne restait pas fâché trop longtemps. Par contre, une certaine distance s'établissait entre eux. Une distance froide et désagréable que Krish s'escrimait à ignorer. Il fallait qu'il s'éloigne d'elle pour entrer en contact avec le monde. Elle le savait. Mais jamais elle n'avait éprouver de telles difficultés pour aucun de ses enfants.

De son côté, Elghinn trainait parmi les esclaves et les gardes. Wydrin le gardait discrètement à l'oeil. Elle avait toujours du mal à croire qu'il s'agissait bien du bébé de moins d'un an qu'elle avait vu deux mois auparavant. Cependant, elle avait assez à faire avec la surveillance de Wik pour être toujours derrière le gamin. Si leur cher intendant était vivant et au travail, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Défiguré, les jambes brûlées au point que même la magie des prêtres n'avaient pu les sauver, il avait fait juré à tout le monde de maintenir le secret au sujet de sa survie. Il ne voulait pas voir leur Maîtresse et encore moins qu'elle le voit ainsi diminuer. Son calme habituel s'était changé en un froid irascible ou pointait quelques pulsions destructrices... Et à son grand désarrois, Wydrin était l'une des grandes amies de cette loque. Plus les jours passaient, plus il était clair que Krish ne comptait pas rester plus longtemps que nécessaire... Et plus Wydrin pensait à rester à Thaar au lieu de la suivre.
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