Perdue [ Jiv ]

La bataille est finie. Pour nous tout du moins. Après que le dernier Enfant du Chaos soit passé, j’ai franchit à mon tour le portail qui nous ramena instantanément à la maison. J’ai hésité à quitter le champ de bataille. Je ne voulais pas quitter Arashkam et la Voix, mais il a insisté. Il avait quelque chose à accomplir seul avec elle, et rien n’aurait pu le faire changer d’avis. Alors je l’ai laissé, sachant bien qu’il reviendrait tôt ou tard. En attendant, les Enfants se retrouvent privés de leur Fils. Il va falloir que les muses et moi-même fassions en sortes de diriger Abyssea sans lui. Ca me fait un vide dans le cœur tout ça.

Je regarde autour de moi, apercevant les drows qui commencent à s’en aller pour rejoindre le Puy. Ils n’aiment pas notre présence, elle les dérange. Ils ont peur des rumeurs qui courent à notre sujet. Comme si nous allions les manger. On commence à s’occuper des blessés, tandis que certains rentrent chez eux ou demandent où est Arashkam.

Je me tourne vers Lena, ma belle Tourmenteuse. Elle est belle ainsi, couverte du sang de nos ennemis. La créature la plus magnifique qui soit. Moi-même, je suis couvert de sang, les derniers instants n’ayant pas été des plus calmes pour rentrer. Il a fallut se battre sévèrement pour pouvoir passer. Quoi qu’il en soit, si je ne me retenais pas je lâcherais bien tout le sang qu’il y a sur son corps avant de l’honorer comme il se doit. Seulement quelque chose dans son regard m’alerte. Il y a un problème.

« Lena ? Tout va bien ? »

De ses yeux se mit à couler des larmes de sang. Qu’est-ce que… et soudain la voila qui s’effondre au beau milieu de la foule compacte. D’un coup tout le monde s’écarte tandis que je me jette à ses pieds, affolé.

« Lena ? Lena ? Réponds-moi, qu’est-ce qu’il se passe ? »

Je regarde rapidement son corps, cherchant une quelconque trace de blessure, mais rien, pas la moindre. Aucune trace d’épée, seulement la marque laissée par la flèche sur son épaule. Aucun organe vital n’avait été touché, et elle n’est pas hémophile. De plus une hémophilie fait tomber une personne dans les vapes si elle perdait trop de sang, mais là elle a mal pour une raison que j’ignore totalement. La panique me gagne. Je dois rester calme. Les gens réunissent autour de moi, et je sens Mina et Freyja non loin, inquiètes.

« Lena, où as-tu mal ? Réponds-moi mon amour je t’en prie… »

Le sang lui bouchait la vue, l’empêchant de me voir alors que je me tenais près d’elle. Elle avait mal, cela se voyait sur son visage, mais pourtant je ne trouvais nullement la source de sa douleur. Chaos tout puissant, mais que s’était-il passé enfin ? J’aurais du rester près d’elle, j’aurais du la protéger la défendre… mais contre quoi ? Qu’est-ce qui la mis dans cet état ? Je suis incapable de le savoir.

Reprends-toi Jiv, tu dois te concentrer. Réfléchis enfin, que peut-il lui arriver pour qu’elle soit dans cet état ? Un poison ? Un venin ? La flèche était enduite d’un poison, et c’est ça qui l’a mise dans cet état ? Peut-être. En ce cas une seule solution, lui faire boire mon sang. C’est le seul moyen de la guérir.

Ses jambes commencèrent alors à trembler, prises de spasmes violents. Oh non, le temps m’est compté ! Allez vite. Sa voix me parvient, faible, désespérée. Je lui prends la main, et la porte à mes lèvres. Je ne suis même pas sûr qu’elle se rende compte de ce que je viens de faire, ni même si elle sent autre chose que la douleur.

« Je suis là Lena ! Ne t’en fais ça va aller… je vais faire partir la douleur, je te le promets… »

Un nouveau spasme la prit, et du sang jaillit de sa bouche tandis qu’elle toussait. Mince, c’est pas un poison. Elle a été blessée à l’intérieur ! Voila pourquoi je n’ai rien vu. Saleté de saleté ! Toute façon ça revient au même, je dois lui faire boire mon sang. Seulement il vaudrait mieux que sa gorge ne soit pas obstruée sinon on est mal.

« Lena, écoutes-moi attentivement. Il faut que tu te concentres et que tu boives d’accord ? Il faut que tu boives ce que je vais mettre dans ta bouche. C’est le seul moyen de faire partir la douleur et de te soigner. Tu m’as entendue ? Bois le sang… »

Sans attendre je me coupe la langue avec mes griffes avant de me pencher sur ma Tourmenteuse et l’embrasser. Mon sang coule dans sa bouche, la remplissant de ce liquide rouge carmin, source de vie et seule capable de la guérir. Nous autres Enfants du Chaos avons reçu le don de nous soigner en nous nourrissant du sang des autres. Un don pratique sur les champs de bataille, et dans les situations désespérées. Comme maintenant…

*Bois Lena… je t’en prie bois mon sang…*

Elle n'avait jamais eu aussi mal de toute sa vie. Pourtant , le Chaos savait qu'elle n'avait pas eu une vie très heureuse avant qu'il ne rentre dans sa vie. Mais passons. Pour le moment , elle n'avait guère la tête à songer à son passé. La douleur l'empêchait de penser à toute autre chose. Lenalee prenait conscience d'endfroits de son corps qu'elle n'avait jamais soupconné. Ses entrailles étaient en feu. Elle avait l'impression d'être transperçée , encore et encore. C'était insupportable. Elle commencait à comprendre que cette fois ci , elle ne le vaincrait pas toute seule. Il lui fallait de l'aide. Elle en avait , mais ne s'en rendait pas compte. Jiv était là , près d'elle , il lui avait dit qu'il l'aimait... Et elle ne s'en était pas rendue compte. La douleur était beaucoup trop présente.


Lenalee se débattait contre un ennemi invisible. Elle n'aurait pas pensé que ce dernier puisse être aussi puissant. Elle lui avait déjà fait face , mais cette fois... Ses doigts se crispaient , se décrispaient... Et ses jambes s'agitaient sans qu'elle ne leur ait demandé. C'était étrange comme sensation. Comme si quelqu'un commendait son corps à sa place. C'était terrifiant. L'incompréhension la rendait folle. D'autant plus qu'elle ne voyait plus rien , plus rien du tout. Etait-ce vraiment la faute du sang ? Peut-être , peut-être pas... Une voix s'élève de nouveau dans les ténèbres. La sienne. Clignant des yeux plusieurs fois en vain , elle tourne légèrement la tête vers lui. Essaie de se tourner vers lui. Il fait qu'elle se calme. Sinon , tout est perdu...

Mais elle est terrorisée. Le sang , son sang l'empêche de respirer correctement. C'est une sensation horrible. C'est gênant , elle n'en peut plus. Elle veut sentir l'air s'infiltrer à nouveau dans ses poumons. Dans sa terreur , elle n'arrive pas à prier le Chaos de l'aider. Elle n'arrive plus à penser correctement... Elle se sent faiblir. Et puis , des lèvres se plaquent contre les siennes. Elle écarquille ses yeux aveugles sous le coup de la surprise. Maintenant c'est pire. Non non non ! Pas de sang ! Elle ne comprend pas que cela peut la sauver. Elle se débat , martèle le torse de Jiv de ses poings. Et puis...

Inconscience.

[ Pardon c'est nul u_u ]

Alors que je te tente de faire entrer du sang dans son estomac, Lena se débat, brandit les poings pour donner des coups sur mon torse. Elle a peur, elle est perdue et ne comprends pas que j’essayes de la sauver. Elle ne semble pas avoir entendu mes paroles tout à l’heure, sinon elle saurait que c’est le seul moyen. La panique gagne tout son corps, comme si je la tuais à petit feu jusqu’à ce que soudain… plus rien ne bouge.

Effrayé, je détache mes lèvres des siennes et la regarde. Plus un mouvement, plus aucune tension, plus rien.

« Non pas ça… »

Sa tête repose sur le coté, déversant le sang que j’avais mis dans sa bouche. Paniqué, je mets ma tête contre son sein et soulagé entends encore son cœur battre. Mais il est faible. Si faible. Elle s’est évanouit et n’en a plus pour très longtemps. Le sang s’accumule dans ma gorge jusqu’à déborder et couler sur mon menton et sur Lena. Il faut que je réessaye une dernière fois, mais autrement.

Je relève la tête de Lena, entrouvre ses lèvres avant d’ouvrir ma bouche et y déverser un peu de sang. Puis je lui referme la bouche et attends qu’elle déglutisse. En voulant faire une blague à Arash une fois je lui avais versé de l’eau dans la bouche, voulant qu’il croie qu’il se noie. J’en avais mis un peu, pour ne pas être trop méchant au début et j’avais été surpris de le voir déglutir et avaler tout le liquide. J’ai compris alors que les corps humain sont fais de manière à avaler des petites quantités de liquide. Mais quand il y en a trop, ils toussent, voulant expulser cette gêne de la bouche et de leurs poumons.

Après un bon moment à la regarder ainsi, elle finit par avaler. Chaos merci. Sans attendre je recommence l’opération, déversant de petites quantités dans sa bouche qu’elle avale, et finit petit à petit par guérir. Les résultats ne sont pas visibles, les dommages étant externes, mais ceux internes doivent s’être résorbés. Après quelques moments comme ça, elle se met à cracher le sang que je lui verse, son corps ne pouvant en supporter d’avantage. J’ignore à quel point elle est guérie, mais elle devrait au moins tenir jusqu’à ce qu’elle se réveille.

Devant les regards des autres Enfants, je prends ma Tourmenteuse dans mes bras et l’emmène jusqu’à notre chambre. Une fois dans l’intimité de notre appartement, je la déshabille, examinant ses plaies, soignant du mieux que je peux les blessures les plus profondes en attendant qu’elle puisse régénérer par mon sang. Ma langue a finie de saigner, mais de profonds sillons sont peints sur mon menton et ma gorge. Quand à mes vêtements, je ne me suis même pas changé. Ma priorité c’est elle.

J’attends sagement qu’elle sorte de sa torpeur, caressant son front, attentif au moindre signe de réveil, ou de douleur. Peu importe le temps qu’elle mettra à s’éveiller. Je resterais une année entière s’il le faut…

Combien de temps suis-je resté à son chevet ? Je l’ignore. Des heures. Une journée peut-être. Mon estomac a cessé de grogner, ou pas, je l’ignore, mais la faim est de loin la dernière de mes préoccupations. Tout ce qui accapare mon esprit, c’est Lena, et seulement elle. Elle est là, étendue, immobile, et rien, absolument rien ne peut me dire quand elle se réveillera.

Je suis assis par terre, attendant son retour parmi les vivants quand je la sens enfin bouger. Elle gémit, grogne doucement tandis qu’elle s’éveille. Ouf, enfin. Je ne dis rien, soulagé, et la laisse lentement reprendre conscience dans notre monde. Très vite elle se met sur les coudes et ouvre les yeux. Que… oh non ! Chaos tout puissant non ! Ils sont vitreux, comme morts. Le sang dans ses yeux les a détruits, et elle ne s’est pas nourris assez pour les réparer. Elle se les frotte, cherchant à faire entrer la lumière sans résultat. La panique la gagne tandis qu’elle réalise ce qui se passe.

Elle se lève et se cogne contre moi. Le cul par terre je la vois tâtonner à ma recherche. Je m’avance doucement, laissant une de ses mains toucher mon visage pour me rapprocher lentement d’elle.

« Je suis là Lena. »

Lentement, je m’avance à quatre pattes avant d’arriver à coté d’elle et de la soulever pour la mettre dans le lit. Elle frissonne, a froid, a peur. Je mets le drap sur elle tandis que je m’assois à son chevet et la serre dans mes bras.

« Je suis désolé… »

Désolé de ne pas l’avoir protégé, de sa cécité, de n’avoir pas réussit à la guérir assez pour éviter que ses yeux ne meurent. Mes lèvres viennent effleurer son front tandis qu’une larme coule de mes yeux. Depuis des années je n’ai pleuré que deux fois. Devant La Voix, et maintenant devant Lena. Pour elle.

« Je suis vraiment désolé Lena. J’aurais du être là pour toi. J’aurais du te protéger. »

Mon menton dans son cou, je la serre contre moi, prodiguant amour et réconfort à ma Tourmenteuse qui ne verra plus. Pourquoi Chaos ? Pourquoi faut-il qu’elle souffre ainsi ? Est-ce pour me punir ? Ou la mets-tu à l’épreuve ?

Aveugle… Ne plus rien voir du tout, ni la beauté d’Abysséa, ni nos frères et sœurs, ni même elle-même… Je ne peux imaginer ce qu’elle doit vivre, comment elle doit se sentir. Ce dit être horrible. Voire pire même. Et dire que je ne peux rien faire pour elle, je ne peux pas la guérir, lui faire recouvrir la vue ou quoi que ce soit d’autre. Nous ne pouvons que guérir les blessures ouvertes, celles faites sur le moment. Nous ne régénérons pas, ne guérissons pas les cicatrices, ne faisons pas repousser les membres morts. Chaos ne nous a pas donné ce pouvoir, et à dire vrai je n’en voyais pas l’intérêt. Les cicatrices font de nous ce que nous sommes, nous rendent uniques, montrent les épreuves que nous avons traversées.

Et Lena doit traverser la sienne. Chaos la met à l’épreuve, la teste, la punit ou me punit qui sait. Elle doit passer cette épreuve, elle doit surmonter cette épreuve, et peut-être parviendra-t-elle à revoir comme Trajan. Pour le moment, je ne peux que lui apporter mon aide, mon réconfort et mon soutien.

« Qu’as-tu donc pu faire pour mériter un tel sort ? N’est-ce pas plutôt moi qui ai pêché et toi qui en paye le prix ? »

Je la tiens contre moi, ne pouvant rien faire de plus, ce qui a tendance à m’arracher le cœur. Je suis impuissant, tellement impuissant. Il n’y a rien que je puisse faire, rien du tout. J’ai envie de hurler mon impuissance à la lune, et sans doute le ferais-je mais pas tout de suite, non pour le moment elle a besoin de moi.

« J’aurais du rester à tes cotés, Lena. Si j’avais été là ce ne serait pas arrivé. »

Non, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle n’aurait pas été blessée et verrait encore. Arrêtes Jiv, on ne vit pas avec des regrets. Il faut avancer, toujours avancer, c’est la règle. Je dois avancer, mais ce n’est pas pour autant que je ne me tiendrais pas responsable de son état. J’aurais du voir cette foutu sorcière détruire nos portails, j’aurais du l’empêcher de tout détruire, de semer la confusion dans nos rangs. Mais elle va payer, oh oui, elle va payer.

Les larmes de Lena coulent sur ma chemise tandis qu’une supplique jaillit. J’ôte ma tête de son cou pour venir l’embrasser.

« Jamais, Lena… Jamais je ne t’abandonnerais tu m’entends ? Me penses-tu lâches pour oser croire une telle chose de ma part ? »

Je lui caresse les joues et l’embrasse encore et encore et encore.

« Je suis là, et je resterais avec toi jusqu’au bout Lena. Rien ni personne ne pourra nous séparer. »

Pourquoi doit-elle ne plus rien voir ? Pourquoi la priver de ses yeux ? Qu’a-t-elle fait ? Ou qu’ai-je fais pour qu’elle mérite cela ? Lena a raison, qu’ai-je donc bien pu faire pour cela ? Je n’ai jamais douté de Chaos, alors quoi ? Pourquoi une telle torture, pourquoi ?

« Je ne sais pas. Je ne sais pas… »

Est-ce à cause de mon libertinage ? Est-ce pour que je ne la quitte plus ? Que je reste constamment près d’elle ? Arash lui-même est comme moi, ne se contentant pas d’une seule femme, alors pourquoi moi devrais-je payer ? Parce qu’il est son fils préféré ? Non, ça n’a aucun sens. Il nous aime tous. Ce doit être autre chose.

« Qu’est-ce que toi tu as bien pu faire pour mériter cela ? »

Lena reste collée contre moi, se calmant doucement au rythme de ma respiration. Elle respire plus doucement, plus calmement. Qu’allons-nous faire maintenant ? Que va-t-elle devenir ? Quoi qu’il se passe je ne la quitterais pas, non. Elle a dit ne pas avoir été prudente, et moi je n’ai pas été assez vigilent pour assurer sa protection. Nous sommes tous deux fautifs. Elle craint que je m’en aille, que je ne laisse à son triste sort mais je la détrompe, l’embrasse encore et encore pour la rassurer. Non je ne la quitterais pas, jamais je ne la quitterais. Je ne fuis pas l’adversité, et je ne vais pas l’abandonner à cause de sa cécité. Elle est toujours ma Tourmenteuse, et rien ne pourra changer cela.

Elle s’accroche désespérément à moi comme si j’allais disparaitre avant de me déclarer qu’elle m’aime. Je cesse de respirer face à cette déclaration inattendue alors que mon cœur manque un bond. Moi-même tout à l’heure je l’ai appelé mon amour sans m’en rendre compte. Elle croit m’aimer. Est-elle donc aussi peu certaine de ses sentiments que moi ? Aimer… j’ai aimé ma mère autrefois avant de la tuer. Aimer. Est-ce si dur ? Est-ce que j’ai peur de la faire souffrir ? De lui faire mal comme ma mère ? Je réfléchis trop, je ne sais plus.

Je recommence à respirer et approche doucement mes lèvres de Lena, prenant mon temps pour qu’elle puisse y répondre. Alors entre ses lèvres, un murmure presqu’inaudible se fait entendre.

« Je … t’aime… Lenalee… »

C’est dur, très dur même. Pourtant… pourtant je me sens comme soulagé, libéré d’un poids. Alors pourquoi est-ce que je pleure ?

Plus rien ne sera jamais comme avant. Les choses ont changées, irrémédiablement. Lena ne verra plus, mais ce n’est pas vraiment de cela que je parle. Je parle surtout de notre relation. Nous avons tous deux franchis une étape, une étape cruciale de notre vie commune. Plus de faux-semblants, plus d’hésitations, plus de demi-mesures. Aujourd’hui j’ai ouvert mon cœur à la femme que j’aime. Je lui ai dit que je l’aimais, plus fortement que ma vie même. Pour elle je suis prêt à tout, à tuer, dépecer, violer, égorger, tout.

Alors qu’Arashkam ne sait pas ce qu’il ressent, mais je n’osais me l’avouer. Parce qu’une seule fois j’ai aimé. Oui, j’ai aimé ma mère. Et je l’ai tuée. Je l’ai violée et dévorée. Avouer à cette femme que je l’aime me fait peur, parce que je crains de lui faire mal. Tous ceux qui m’approchent meurent, c’est inéluctable. Sauf les Enfants. Non eux ne sont pas morts. Jusqu’à aujourd’hui. Parce que je n’ai pas été vigilant. Non oublie cette idée, tu as fais de ton mieux. Tu ne pouvais prévoir l’intervention de cette petite peste.

La peur me fait pleurer, la crainte de blesser ma Tourmenteuse me fait verser des larmes chaudes sur mes joues. Elle a peur seule dans le noir, j’ai peur de ce que je pourrais lui faire. Deux enfants effrayés, voila ce que nous sommes. Peut-être est-il temps de devenir enfin adulte pour moi. De grandir, de dépasser celui que je suis. Le Chaos ma libéré de ma folie, ma fait libérer mes instincts si bien que je ne tue plus tous ceux qui m’approchent. Je me contrôle. Et ce depuis dix ans. Alors pourquoi flancherais-je aujourd’hui. Je tremble comme une feuille, comment pourrais-je lui faire du mal ? Je dois être fort, je ne dois plus avoir. Pour elle. Pour nous.

J’embrasse Lena, encore et encore, tandis que de mes lèvres jaillissent encore ces mots magiques. Trois petits mots. Ils ont été durs à prononcer au début, et pourtant maintenant, ils semblent si faciles. Je t’aime. Inlassablement, entre chaque baiser je le lui dis. Mes mains passent sur son visage, l’encadrent pour admirer sa beauté malgré ses yeux éteints.

« On traversera cette épreuve Lena. Et tu n’en deviendras que plus forte. »

Si Chaos lui impose cela, c’est qu’elle doit le subir afin de devenir plus forte, plus puissante encore. De s’améliorer, s’élever, prendre conscience de qui elle est vraiment. C’est en se perdant que l’on se retrouve.

« Quoi qu’il arrive je te soutiendrais. Je t’aiderais de mon mieux, jusqu’à temps que tu trouves la réponse et parvienne à la fin de cette quête. »