Un petit accord [Corporation Marchande]

La Corporation recrutait de jour en jour. Des marchands d'étoffes, de chevaux, de céréales, des joailliers, des enchanteurs, tous les corps de métier semblaient être satisfait pas les offres plus qu'alléchante de la guilde marchande. Il fallait bien avouer que dans des temps comme cela, il était toujours bon d'avoir des revenus supplémentaires et de ne pas risquer sa vie chaque jour à cause du prix élevé de ses marchandises. Malgré cela et un soutien grandissant même auprès de riches propriétaires, il n'en restait pas moins une grande tâche à accomplir : convertir les nobles à cette institution.
Aldénor avait été contacté il y avait peu de temps, par un des comtes humains. C'était le peuple le plus prompt à accepter cette nouveauté et nul doute qu'il en tirerait un avantage substantiel bien avant que les autres races ne veuillent s'en préoccuper à large ampleur.
Le comté d'Arétria en vue, le maître d'arme espérait beaucoup de cette rencontre. Il avait l'appui de Langehack et de sa duchesse, il ne tarderait pas à avoir ceux de ses vassaux. Mais cela ne suffisait pas, il fallait une stratégie globale, englobant un maximum de personnes et en l'occurrence de nobles propriétaires.

Il arriva finalement dans la demeure du comte, où il fut escorté jusqu'au bureau qui allait accueillir l'entrevue. On l'y attendait. Cette personne n'avait prévu aucun faste a priori ni aucun protocole pompeux et long. C'est donc sans perdre un instant qu'Aldénor entama la conversation.

" Bonjour messire d'Islaïl. Mes hommes ainsi que mes sincères considérations. Je me prénomme Aldénor, fondateur et chef de la Corporation Marchande, guilde récemment créée et ayant pour ambition de réguler le commerce Miradelphien. Je me présente à vous dans l'espoir de signer un accord commercial qui pourra nous satisfaire et nous arranger tous les deux.
Cependant, avant de ne tomber dans cette discussion, je suis à votre disposition pour répondre à toutes vos questions car vous devez en avoir je suppose. "

Voila, la discussion était lancée. Du moins pas totalement. Aldénor patientait debout, attendant la permission de s'assoir ou un autre signe le guidant sur l'attitude à apporter dans cette discussion. Il était toutefois serein, les tractations avec les nobles n'étaient pas une partie de plaisir mais n'étaient pas un calvaire non plus. Les apports de la Corporation étaient bien plus que commerciaux et les souverains y étaient forcément plus sensibles.

Gilrad était paisiblement installé dans son canapé.

Le retour avait été long de la capitale… Et les récents événements ne lui avaient pas permis de repos.

En effet, Gilrad venait d’être nommé Amiral de la marine Royale. Il avait dû aller faire un tour du côté du port et du chantier naval de Diantra. Il s’était désespéré face à la charge de travail qui était devant lui… Un corps d’armée venait de lui être assigné alors que la marine n’avait jamais eu de vrai succès, et que l’armée humaine, bien que vaste, n’était pas d’un renom exceptionnel pour le peuple… De plus, un seul navire en état de naviguer et de combattre était encore intact : « La pourfendeuse de vents », un magnifique navire de trois mats, avec une rangée de rames rétractables quand le vent n’était pas satisfaisant et deux rangées de canons… une véritable merveille. Malheureusement, c’était le seul bateau encore intact… Et toute une flotte était à reconstruire suite aux batailles navales contres les pirates qui ont détruites toute la flotte Royale.

Enfin, face à ses obligations, Gilrad était retourné dans son modeste comté pour régler des affaires et donner la marche à suivre à son intendant en son absence. Une absence qui allait être longue…

Le comte dormait sur le même canapé que le jour où il était arrivé dans son comté pour la première fois. Il aimait ce canapé, pour une raison qui lui était inconnue.

Un de ses vassaux vint le tirer de son paisible sommeil :

-Messire ! Réveillez vous ! Un homme souhaite s’entretenir avec vous…a propos de la corporation marchande !

-Fais le entrer… dit Gilrad, en s’étirant de tout son long.

L’homme entra dans la pièce quelques instants plus tards, et commença à parler :

-Bonjour messire d'Islaïl. Mes hommes ainsi que mes sincères considérations. Je me prénomme Aldénor, fondateur et chef de la Corporation Marchande, guilde récemment créée et ayant pour ambition de réguler le commerce Miradelphien. Je me présente à vous dans l'espoir de signer un accord commercial qui pourra nous satisfaire et nous arranger tous les deux.
Cependant, avant de ne tomber dans cette discussion, je suis à votre disposition pour répondre à toutes vos questions car vous devez en avoir je suppose.

Gilrad l’invita à s’assoir, et lui proposa une collation :

- Je vous en prie, assoyez-vous pour parler. Souhaitez-vous quelque chose ? Une boisson ? Notre région n’est pas riche, mais elle à des vignes excellentes… des vergers impressionnants et des champs a perte de vue. Nous avons une des régions les plus agricoles du royaume humain…

Sur ces mots, Gilrad fit venir un valet, qui ramena deux verres et ouvrit la table basse située entre les deux canapés pour révéler une multitude de bouteilles.

-Choisissez, la qualité est excellente et il y a ici les plus grands crus du royaume… mon prédécesseur était amateur d’alcool il semblerait, et ma fois… cela me plait bien.

Pour en revenir au sujet, j’ai en effet quelques questions… J’aimerais connaître les avantages pour mon comté de l’implantation de votre guilde… Sachant qu’il y a de nombreux paysans, des champs, des vignes, des vergés, quelques élevages… Peu être la création d’une coopérative agricole ? Quelque chose qui permettrait une exportation à travers tout le royaume ? Car voyez-vous, ces personnes vivent plutôt dans des conditions qui sont assez dur… Votre corporation leur permettrait de vivre plus aisément pensez-vous ? Et pour ce qui est de la sécurité ? Je n’ai qu’une cinquantaine de gardes qui sont chargés de la justice et de faire régner l’ordre sur les routes et dans les villages…et ils sont pour la plupart d’anciens paysans… Seriez vous dans la mesure d’assurer la protection de vos installations, vos commerces peu être, ou les greniers et les granges ? En échange de quoi, vous auriez une partie de la production, ou un bénéfice de cette production…

Mais là, je m’éloigne… qu’avez-vous a me proposer de plus pour mon comté ?

Gilrad regardait son interlocuteur, tout en savourant le gout sur sa langue et la chaleur agréable que provoquait le grand cru. Un grand cru très spécial, puisqu’il n’était produit que dans le comté d’Arétria, il était le fruit de la distillation de la « pomme d’Arétria »

-Si cette boisson est exportée dans le royaume… Elle va ruiner les producteurs des autres duchés, dit Gilrad un sourire au coin des lèvres.

L'homme n'était pas vraiment un de ces nobles pédant et puant d'orgueil et de vanité comme beaucoup. Il était plus de ces hommes chaleureux, bon vivant et conscient que son titre lui apportait beaucoup de responsabilité et d'obligation grâce à une multitude de pouvoirs. Ce genre de souverains conscient était plus à même de reconnaître la valeur des marchands puisqu'il n'avait pas se voile d'égocentrisme qui les poussaient à se penser invincibles et au dessus des lois naturelles dont le commerce faisait partie. La proposition était certes alléchante, il n'était pas donné à tout le monde de déguster un grand cru gratuitement. Au grand regret d'Aldénor, cela allait être impossible, il devait repartir aussi rapidement qu'il était venu afin de reprendre l'entraînement des troupes de Langehack. Bien qu'un verre n'aurait probablement aucune influence sur son état, il fallait rester prudent, surtout pour un militaire en mission pour un duché étranger.

" Ho euh non merci, vous êtes bien affable mais l'alcool ne me réussit guère avec les longs trajets. Cependant je ne peux qu'être admiratif devant votre production. J'ai eu l'occasion de goûter une petite liqueur d'abricots d'Arétria, pas une grande cuvée mais c'était très bon et je dois dire que si tous vos alcools sont de la sorte, nous ne tarderons pas à les faire connaître dans tout Miradelphia. "

La promotion de l'alcool était une chose à laquelle Aldénor n'avait jusqu'à là pas pensé mais il pourrait en effet se servir de ses comptoirs pour promouvoir certains produits si l'on y mettait le prix... C'était donc un bon moyen d'attirer le comte à un accord commercial. Les alcools Arétrians seraient bientôt reconnus partout dans Miradelphia.

" Cela pourrait d'ailleurs faire partie de notre accord. En effet, seule la Baronnie de Hautval est reconnue pour sa production vinicole dans les royaumes humains. S'agissant d'une baronnie, ses moyens sont moins importants qu'un comté et ses exportations ne suffisent pas à combler la demande. Vous avez donc une sérieuse opportunité à développer avec notre guilde. Nous promouvons vos alcools dans tous les royaumes occupés par notre Corporation et vous voyez donc vos ventes et vos revenus considérablement augmenter. De plus, plus vos alcools seront connus plus ils seront recherchés et payés chers, vous assurant des revenus croissants. "

L'idée avait fait son chemin et Aldénor s'était emporté à la développer au milieu de son entrevue laissant au comte apparaître tous les rouages d'une mécanique bien huilées. Même si cela répondait en partie aux questions du comte, il était désormais important pour Aldénor de revenir au sujet central et de donner les réponses aux questions posées par le comte.

" Concernant vos questions, je vous répondrais comme à tous : nous réduiront les prix et nous améliorerons les techniques de production. Votre peuple n'aura plus à se fatiguer autant à la tâche pour produire et pourra donc mieux vous apprécier et consommer plus, ce qui augmentera vos revenus. Cependant, ce n'est qu'un accord commercial et seuls les marchands appartenant à la guilde pourront opérer de telles réductions. Notre efficacité n'est maximale que si vous adhérez pleinement à la Corporation Marchande auquel cas toutes les transactions faites sur votre territoire seront régies par nos accords.
En échange, nous ne demandons que peu puisqu'il s'agit de réduire les taxes marchandes et de nous aider à sécuriser les routes et les convois. Cela nécessitera sans doute un investissement important au départ mais la Corporation peut vous apporter une aide financière au besoin. Sur le long terme, les profits que vous tirerez de nos activités seront bien supérieurs à vos dépenses, je peux vous en assurer.
Nous ne réclamons donc qu'une baisse des taxes et une meilleure protection sur les routes en échange de prix plus faibles, d'une promotion de vos produits à travers Miradelphia et des revenus en hausse pour votre comté. "

Il avait répondu aux questions le plus simplement et explicitement possible afin de prévoir d'éventuelles autres questions. Cependant, il ne pensait pas avoir besoin d'insister plus encore sur les avantages à tirer de cette entente et plus encore d'une participation pleine et entière à la Corporation.

" Si cet accord vous va, nous pouvons le signer directement, il faudra juste régler les derniers détails mais si déjà nous avons cet accord de principe les choses seront facilitées. "

Il espérait pouvoir signer rapidement cet accord après avoir réglé les derniers détails en privé. Cet accord serait sans doute le premier d'une longue liste. La guilde avait tout pour cela, il ne manquait plus qu'à convaincre un maximum de nobles.

« Si cet accord vous va, nous pouvons le signer directement, il faudra juste régler les derniers détails mais si déjà nous avons cet accord de principe les choses seront facilitées. »

Aldénor avait tendu une feuille devant lui. Elle expliquait en quoi l’accord consistait, les bénéfices de chacun et les couts qui allaient suivre. C’était raisonnable. Aucune dette ne pesait sur le comté, les gens pourraient mieux vivre, tout en travaillant moins et en étant plus protéger… Quelques paysans allaient devoir être envoyés au fort de Valliance, mais une petite dizaine seulement.

Le papier était en règle, était clair et restait simple. Une sorte de symbiose où chacun retrouvait son compte à long terme y était expliqué. Cependant, la rapidité de l’entretien sema le doute dans l’esprit de Gilrad. Mais sûrement était-ce l’alcool qu’il avait bu… Le comte se dit qu’Aldénor était un de ces commerçants pressés, qui avait du travail par-dessus la tête.

« Je signe l’accord, mais ne rejoins pas votre guilde… Je suis un homme très pris… Comme vous l’avez peut être constaté, j’ai été promu amiral de la marine royale, et une charge énorme de travail m’attend… Je signe donc l’accord, mais sous réserve de pouvoir renégocier les prix plus tard… Lorsque votre guilde aura pris de l’ampleur, vous n’aurez plus besoin de mes gardes, et vos bénéfices seront tels que vous pourrez supporter les taxes marchandes… contrairement a mes sujets qui, au début, vont le payer assez cher… je vais devoir mettre de ma poche pour ne pas qu’ils se révoltent, bien qu’ils seront content quand ils verront leurs moyens de production augmenter… Enfin bref… cet accord me coûte socialement parlant au début… mais va vite nous ravir chacun de notre côté. »

Sur ces mots, Gilrad prit la feuille et la signa avec une magnifique plume rouge, qui venait d’un oiseau qu’il ne connaissait pas, malgré son lourd enseignement. Sans doute un oiseau disparu…

Gilrad se resservit un verre… et contempla son invité avec un large sourire, satisfait pour lui et pour ses sujets de l’acte qu’il venait d’accomplir.

» Audition de la Corporation Marchande. [PV]
» A la recherche d'un accord [PV Méliane]
» Un accord entre l'Abysse et le Souffle [Eylohr]
» Lally la Drow [Magicienne] {Changement de fiche avec Accord}
» [Lettre] Corporation commerciale entre Ydril et Naëlis

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