Un crépuscule nostalgique [PV]

Un crépuscule nostalgique

PV Arthur

Douce journée que celle là, les jardins royaux étaient des plus accueillant, entre bardes, courtisans et autres qui se promenaient, une ambiance de faste et de paix, le château de Diantra pour mettre un nom a ce lieu. Qui contrastait tant avec les bas quartier de la ville. Ainsi était le monde, beau pour les riches et misérables pour les pauvres.

Aranel avait passé la journée a travailler dans son bureau, journée de travail, pauvre en événements, juste remplit de quelques interruptions de malandrins de toutes espèces, mais le soir venu, le baron sorti dans les jardins.

Comme a son accoutumé, Aranel se rendait dans les jardins, la nuit tombé ce lieu était le refuge de l'ambassadeur, un endroit calme pour y réfléchir et y méditer, une des rares places ou la végétation était entretenu, rappelant légèrement les terres elfiques.

C'est donc parmi des arbustes et fleurs que le Baron errait, laissant ses pensées passaient d'une pousse à l'autre, l'esprit calme et nostalgique, se rappelant des doux moments, dans sa terre, ses longues soirées passé sur la plage a admirer un couché de soleil, il l'admirer aussi ici, plus près de l'ouest.

Mais par caprice, le baron elfique changea d'endroit pour ce soir, délaissant son coin parmi les buissons près d'une petit fontaine, pour en chercher un autre. Un pied devant l'autre, il avançait dans cette endroit, l'œil aux aguets malgré que la sécurité soit total ici.

En cette début de soirée, les jardins n'étaient pourtant pas vide, un homme était assis sur un banc contemplant le ciel. D'aussi loin il était impossible de le reconnaître, mais après quelques pas, Aranel reconnut Arthur de Melaisnir.

Sa dernière rencontre avec lui remontait a la nuit où il avait tué ses bandits, et ou ce dernier l'avait traité de hors la loi. Peut être il l'était bien finalement, mais la justice était si capricieuse. En tout cas les dernières attaques des nobles humains contre l'AD, et maintenant contre lui même le laisser songeur et mélancolique.

L'ambassadeur elfe, se rapprocha du banc et pus mieux reconnaître Arthur de Melaisnir, assis sur ce dernier. Il semblait lui aussi aimé les moments de calme et de paix. Représentant officiel des SSR. Un titre qui donnait peu d'informations sur son véritable travail.

-Messire, désolé de vous déranger, il semble que nous sommes tout deux des animaux de nuit, ou de crépuscules, pour l'instant présent. Puis-je?

En parlant, Aranel montrant du doigt la place sur le banc a coté de l'homme, attendant une réponse, le regard posé sur le soleil qui commençait son déclin vers un autre monde.

Les soirées se font plus douce et fraiche, annoncant l'arrivée proche de l'hiver, c'était ses conclusions au fil des soirées qu'il passait dehors à cet instant toujours unique malgré ses répétitions qu'était le crépuscule. Toujours fidèle au rendez-vous, à sa place habituelle, celle qui, dans ces jardins permettaient le mieux d'en profiter, il se dit qu'approchait le moment où il devrait prendre une cape chaude avec lui quand il viendrait pour ce qui pouvait se rapprocher d'une prière.
Arthur savait que la plupart y voit un beau paysage, un instant magique et un moyen de se perdre, certains y voyaient un rappel de leur petitesse... Lui y voyait les trois premiers et au delà... Il en était venu à personnifier, presque diviniser ce seul moment, c'était un confident et un de ses plus précieux amis, d'abord il le prenait par la main, le tirant bien loin de cette lourde pesanteur et ensuite... Ensuite ils pouvaient discuter, et dans ses réflexions, ses questions, il trouvait l'écho d'une réponse, un indice pour l'amener sur la bonne voie, le bon chemin où il devait progresser pour trouver les solutions à ses interrogations.
Le Ciel lui avait-il accordé une faveur particulière d'en avoir fait l'un des rares avec qui il conversait ou bien tout ceci n'était que le fruit d'une imagination créative, Arthur voulait rêver, il en avait besoin, tant et si bien qu'il n'avait jamais vraiment cherché à prêter explication logique... Le Ciel, son confident depuis son mariage, il y a maintenant quatorze années lui parlait, l'un et l'autre échangeait des idées avec un fond de contemplation perditive dans un sublime tableau.

Quand vint le Baron d'Actellys, Arthur ne le repéra pas, déjà perdu dans le Crépuscule naissant, absorbé il ne faisait guère attention au monde l'entourant... Folie dans certaine situation, mais il n'allait pas la rencontrer ici et puis, au pire, son esprit s'égarera à jamais dans ces cieux, sans un corps à retrouver, quelle plus belle fin pour lui ? C'est quand il lui adressa quelques mots et une question qu'il du abandonner à regret sa contemplation pour revenir à la réalité et au demi-elfe se trouvant à proximité... Il murmura tout bas, fermant les yeux, quelques mots non pas à l'adresse d'Aranel mais du Ciel.

- Désolé... Nous reprendrons demain.

Il quitta l'air rêveur, lointain qu'il avait eu à l'arrivée du Baron et reprit ce visage calme, serein mais sérieux, dégageant toujours cette chaleur apaisante et comme réfléchissant encore une bonne minute, encore quelques peu troublé par ce départ précipité, il finit par reprendre parfaitement ses esprits et s'adressa avec courtoisie à son interlocuteur du soir.

- Bonsoir Baron... Il semblerait en effet que cet instant soit l'un des plus propice à la rencontre, mais vous pouvez bien entendu vous asseoir, il n'est rien qui vous en empêche, après tout.

Il s'écarta légèrement, allant vers le bord du banc et le jaugea toujours du regard... Cet animal là, il ne l'avait vu qu'une fois la nuit, et les circonstances étaient des plus déplaisantes... Quoique cela lui permit de rencontrer Ange et certaines autres choses aussi troublantes qu'agréable que le noble préféra repousser, il n'était pas moment de repenser à ce genre de choses.
Légèrement curieux, il reprit la parole une fois l'interlocuteur installé.

- Je ne vous ai jamais vu, sauf cette fois là, vos errances nocturnes vous mèneraient elles toujours dans la ville ?

Aranel alla s'asseoir sur le banc, l'esprit songeur, le banc était fait en pierre, et à travers le pantalon de soie, le demi elfe sentit la froideur rocailleuse. La nuit enveloppait les deux hommes crépusculaires de son voile naissant, déposant ses toiles sombres et inquiétant. Ainsi le représentant des services secrets royales, lui gardait mauvaise dent de la nuit de leur dernière rencontre.

Cette nuit qui avait vu l'arrestation d'Haize, et de Matador Kondor, une arrestation qui avait fait honte à Aranel, encore aujourd'hui il en avait honte. Certains le traitait de lâche et de couard, mais pour lui c'était bien pire que tout cela, c'était un manque d'honneur bien plus grand, bien plus vaste, mais l'honneur et la raison se battait toujours, et la raison avait gagné sur l'honneur lors de cette nuit, sa dernière victoire.

-La ville n'est point mon refuge la nuit, trop sombre et trop triste, là fois ou nous nous sommes encontrés, je résolvais un problème d'ordre monarchiques, je pense que vous en aviez était informé. Je passe la plupart de mes débuts de soirée ici, enfin non point ici, mais plus loin dans le jardin, un petit endroit peu connu avec peu de passage. Venez vous donc ici tout les soirs ?

Il semblerait que oui, vu la dernière question de l'homme. Cet homme était un bien grand mystère, de quoi vivait-il son devoir ou la justice ? Au vu de leur dernière rencontre un mélange des deux. Voilà une occasion de mieux comprendre comment il vivait, comment il pensait, et s'il était un serviteur royal, comme trop ici, ou un chevalier voué à la monarchie, comme bien peu.

La différence entre les deux ? Bonne question , pour certains il n'y en a pas, pour d'autres il n'y a aucun lien, le demi elfe, avait une vision plus particulière, il s'estimait être un chevalier au service de la royauté, mais laquelle? Voilà le vrai problème, il servait la couronne elfique par son engagement en tant qu'ambassadeur, et en tant que baron, mais il servait le roi humain, depuis Alonna, et depuis qu'il lui avait offert ses services, une promesse qui ne semblait pas être resté dans la tête du roi, ni même dans son cœur, venant faire regretter une fois de plus les terres elfiques.

Mais là au trop serve leur roi, le baron du nord servait aussi son honneur, l'honneur, cette notion si flou, certains comme l'Ancenois voyait l'honneur comme une notion d'amour propre, et de fierté, d'autre voyait l'honneur comme un sentiment de respect envers soi-même, mais l'honneur d'Actellys était différent, une voie de vie. Même plus que cela une raison de vivre, vivre dans l'aide aux plus faible, sauvant et protégeant la veuve et l'orphelin comme les contes chevaleresques, voilà l'honneur, vivre pour ce dernier, vivre pour la gloire et la fierté, mais non sa gloire celle du bien, celle de l'honneur.

Trop de politique tuait le chevalier, et Aranel comprenait cela maintenant, il avait renvoyé son honneur derrière la façade des services envers ses fonctions, derrière ce mur du devoir. Maintenant il ne savait plus ou était sa place, il avait envie de partir à la guerre avec ses hommes, d'aider les pauvres et les infortunés, mais il aimé cette vie calme d'un autre coté, vivant dans une tour d'ivoire, une existence égoïste qui lui donnait envie de vomir par moment.

-Sieur, si je peux me permette de vous interroger, j'aimerais vous demander quelle notion du devoir vous avez ?

Trop sombre et trop triste… Ainsi définissait-il la vie nocturne de la capitale, Arthur n’était pas de cet avis, bien qu’il n’y passe pas toutes les nuits. Au-delà de l’existence même de la criminalité, il avait lors de ces visites eut l’occasion d’assister à de véritables spectacles, des soirées plus festives qu’aucune superbe réception de noblesses, les chants traditionnels qu’on ne trouve que dans les tavernes… La vie pouvait être joyeuse, peut-être pas partout, certes, mais la réelle joie et la franche luminosité des cœurs se trouvaient dans ce monde que le seigneur d’Actellys voyait en opposition… La noblesse, bien qu’il l’eut accepté, bien qu’il se soit fait à ce monde dans lequel il évoluait, dans lequel il était né, était un monde froid et mesquin où l’erreur était bien moins permise qu’ailleurs… Le Baron trouvait-il ce monde accueillant et chaleureux ?
Il ne dirait mot de cette opinion, remerciant la question de ses rendez-vous quotidien en cet endroit pour échapper à une absence de réponse devant ces paroles. Il se tourna vers le ciel où la nuit avait déjà prit son droit, il avait manqué cette discussion, cette seule idée lui arracha un léger soupire, une teinte d’agacement s’y perdant.

- Je ne viens pas ici tout les soirs, quand il est des affaires qui m’appellent en d’autres lieux, je ne peux me le permettre, vous devez bien vous en douter… Quand je suis à Diantra néanmoins, je viens en cet endroit quand vient le crépuscule, m’interrompant dans mes obligations et mon travail quand c’est possible, juste le temps de souffler un peu devant un beau paysage…

Avait besoin de raconter tout ce qu’inspirait le ciel, la personnification presque divine dont il faisait l’objet et ses réflexions à son égard… Non, pour l’heure, le seigneur d’Actellys n’avait pas montré à Arthur un quelconque intérêt approchant le sien, il n’avait donc pas, ne ressentait pas le besoin de s’ouvrir à ce sujet.
Le sujet de la discussion s’évadait alors bien loin des contemplations célestes, le ramenant à leur première rencontre où deux visions et concepts de la Justice s’étaient affrontés en une joute verbale de courte durée… Maintenant venait le devoir, sa notion de cette idée… Le Baron cherchait-il à saisir les fondements de son interlocuteur ? Autant la question pouvait-être simple à poser, autant la réponse l’était bien moins, vaste et pouvait se perdre en une multitude de chemins, car le devoir se déclinait sous d’innombrables formes tout au moins pour Arthur.

- Le devoir hein ? La manière la plus simple de le définir est de dire que c’est l’obéissance à certaines responsabilités, découlant de la profession que l’on exerce et qui donc serait des obligations ou bien des valeurs et des principes qui fondent l’individu et donc serait des choix… Pour moi, l’individu aura forcément les deux… Le devoir par l’obligation, ses engagements et son métier, mais aussi par le choix, comme celui de protéger, de demeurer fidèle, la loyauté… Mais je suppose que ce n’est pas une définition aussi vague que vous voulez, n’est ce pas ? Pourtant, c’est la ma définition, certes imprécise et sans exemple concret du devoir.

Oui bien sûr, il voulait savoir comment pense Arthur, son fonctionnement… Mais il n’était pas de ceux qui se livre ainsi, offrant plus que ce que la question suggère… Il lui offrait réponse, elle était convenable, pourtant, il n’aurait rien de concret concernant l’individu qu’il tentait de sonder…

- Mais dites-moi, pourquoi cette question ?

Ainsi le devoir était l'obéissance, mais vivre à servir un autre, était-ce une vie, obéir à un roi, le servir était louable, mais si étrange, si soumis, cette vie n'était pas celle de ses rêves d'enfants, cet existence qu'il menait n'était pas celle qui voulait. Voilà pourquoi il avait échoué dans la politique, amenant l'Armée des Divins à être exclu, se voyant lui même exclu, il n'était pas fait pour cette vie, il n'était pas fait pour être ainsi, maintenant il le savait.

Arthur sembler vivre son métier assez sereinement, pourtant il avait besoin de se recueillir, de se retrouver, ici même, avec lui même, en arrivait-il aux mêmes conclusions que lui ? Peu probable au vu de son discours sur la justice, et celui-ci, ou regrettait-il peut être, que mystère que tout cela, qui le resterait longtemps sûrement.

Aranel savait maintenant, il savait ce qu'il devait faire, ce qu'il avait toujours fait avant Alonna, il était chevalier, comme son père avant lui, et celui du sien,... Il s'était détourné de cela pour son envie personnel, il était devenu ce que les Actelliens haïssait tant, comme leur ancien duc, un politicien, un être inconstant, il avait bafoué leur culture, et plus que cela, il avait piétiné son honneur, croyant le servir au lieu de quoi il n'avait fait que l'écraser, même depuis la fameuse nuit des bandits de Diantra, il n'avait pas changé, attendant un signe, une raison, pourtant il devait forcer la vie, et prendre les avants, il devait retourner a travers les contrées, et repartir chasser le drow, il le devait en hommage à son père, et à sa mère, pour pouvoir se présenter à eux une fois son heure venu, en les regardant, et trouver la fierté dans leur regard, et non la honte.

Pourquoi il avait posé cette question ? Voilà une autre question tout autant pointilleuse, l'envie, le doute, le besoin de savoir, le conseil, tout cela à la fois et rien de tout cela. Plus un besoin de parler, et d'essayer de comprendre, ce qu'on devait faire, comment on devait agir, et vivre, voilà comment.

-Je m'interroge... je suis perdu, je ne sais plus quoi faire, la vie d'ambassadeur est reposante, fatigante, quelques fois ennuyante je dois le reconnaître, mais calme au fond, et cela me sied pas totalement, même pas du tout, j'ai accepté ce poste par ambition, par envie d'être, par envie de pouvoir même, pourtant je ne veux rien de tout cela au fond, et je ne suis pas fait pour cela, je crois avoir perdu mon honneur.

Le crépuscule, ou l'amas d'un trop plein ? Les deux, conduisait à ses révélations, le besoin de parler, sans savoir à qui le racontait, et le hasard avait conduit celui-là même qui l'avait réprimandé sur la justice. Qu'il est eut tord ou qu'il fut dans la raison, cela restera flou et impossible à dire. Mais il croyait en ses idées, il les défendait, il savait ou aller. Aranel ne pouvait pas en dire autant.

Ce dernier se pencha et ramassa une fleur, arraché de sa terre sans doute par des courtisans trop peu soigneux de la nature, ou des petits animaux de passage. La fleur était douce et sentait bon, elle était aussi morte, mais conserver encore son parfum, pour peu de temps. Les pétales se détachait à la moindre brusquerie, perdant de sa beauté et de sa grâce.

-Comme cette fleur j'ai l'impression de mourir, à chaque fois que je commet un acte peu chevaleresque, j'ai l'impression de perdre une partie de moi même, comme cette fleur perd ses pétales à chacun de mes brusquerie, sauf qu'elle est déjà morte, et ne peut plus rien faire pour changer, je me demande si je peut changer quelque chose.

Faire marche arrière était impossible, il avait mentit, trahit, et fait enfermé des gens avec qui il avait négocié. Cela il le savait et vivait avec, pourtant c'était une action louable, trouver les ennemies du roi, et les arrêter, louable, mais lâche. Ou était l'honneur dans tout cela. Il se montrait maladroit avec les nobles, les attaquant, attirant leur foudres et leur apathie, tout cela par amour-propre. Il s'était perdu dans les méandres de la politique, lui, son but, sa vie, son être.

-Veuillez m'excuser, je vous importune avec mes problèmes, j'en suis navré, je me montre que trop mélancolique par ce crépuscule.

Le baron laissa tomber la fleur, sans pétales, qui glissa dans l'air avant de se poser délicatement sur le sol, ayant tout perdu, elle était maintenant en paix, vidé, et reposé.

Arthur écouta sans un mot pour interrompre le seigneur d'Actellys, il était bien plus attentif qu'à son arrivée, s'intéressant car l'un de ses devoirs morals se trouvait en ces sentiers sinueux. Il était étrange de penser que cet homme plus vieux qu'il ne saurait l'être de sa vie mortelle et bien courte se montre finalement plus fragile qu'il n'avait su l'être, sur le respect de certains principes, sur les fondations même de l'existence... Etait-ce avec l'âge qu'on se corrompt, plus sensible à la tentation et l'avidité, à l'attrait du pouvoir ? Non, certains hommes savaient demeurer droit en toute circonstance et malgré les écarts nécessaire, il serait l'un d'eux, accordé à ses fondements. Qu'est-ce qui fait qu'un homme d'honneur se perde ainsi et tombe en disgrâce..? Une seule réponse lui vint, il ne jugerait pas le baron de la sorte, mais à ses yeux, seule la faiblesse, un manque de confiance en l'efficacité et la nécessité de ces principes pouvaient conduire à la déchéance... Pendant un temps, ce seigneur qui se dit chevalier n'a plus cru en ce qui faisait de lui ce prétendu chevalier et le voila perdu... C'était la seule explication, la seule qu'envisagerait car même la corruption serait une trahison, l'homme droit ne saurait y être sensible.

Il pensa ensuite à ces derniers mots, "je me montre trop mélancolique par ce crépuscule" et ses yeux se portèrent sur le ciel, ses pensées s'y concentraient sans qu'une seule ne s'égare ailleurs, il l'interrogea car le rôle de ces cieux crépusculaires lui étaient encore étranger, finalement. Son rôle, ses traits, le message qu'il portait devait-il changer selon la personne qui s'y plongeait. Il se souvenait d'Ange, elle avait le sentiment que le ciel lui rappelait toujours combien elle était misérable devant l'immensité d'un univers s'étendant au delà des Cieux Profonds... Elle trouvait en lui un rappel pour l'une de ses pensées, sa vie n'était qu'un grain de poussière, son importance était aussi grande que tous les autres grains, il n'y avait pas une seule différence à l'échelle de l'univers... Il aurait peut-être été bon de lui dire qu'à l'échelle du royaume, du duché de Soltariel, sa vie était des plus importantes, elle a été la barrière empêchant ce qui aurait pu être un mauvais souverain d'accéder au trône, après tout, il importait peu qu'on soit insignifiant dans un domaine qui nous dépasse de très loin, l'essentiel était de faire quelque chose qui prend sa place dans le petit monde restreint dans lequel on évolue... Cette seule pensée lui inspira l'idée qu'il devrait lui écrire, qu'importe la manière dont elle prendrait cette attention, des remerciements au delà du cadre de sa profession, plus humain serait sans doute une bonne chose.
Pour lui, c'était un ami, un confident et un guide avec qui il conversait chaque soir, cherchant des réponses, s'interrogeant et trouvant des indices sur des lignes de pensées directrices, il n'y avait là rien de néfaste, rien de rabaissant, aucun rappel, aucun sentiment pouvant être un tant soit peu désagréable...
Aranel lui y trouvait la mélancolie des temps avant sa propre déchéance, les regrets d'une trahison envers un code qu'il avait sans doute apprit et suivit de longues années. Arthur en pensée s'adressa au ciel, l'interrogeant:
"Crépuscule, dis-moi... C'est pour l'aider à retrouver son chemin que tu lui offres un tel sentiment ? Il ne retrouvera jamais le chemin qu'il arpentait autrefois, tu le sais aussi bien que moi, il ne saurait que retrouver une alternative plus respectable que le sentier actuel... On ne peut jamais revenir en arrière, la vie est ainsi faite, on peut tenter d'en corriger la trajectoire mais on ne trouve plus celle qui était la notre... Il pourra se remettre, il pourra à nouveau obéir à ce code de chevalier, comme il dit, mais il n'oubliera pas, il sera marqué par le souvenir de cette trahison et il ne cessera de vivre pour tenter de la réparer...
Toi et les Cinq avez vous amené à cet instant..?"
Bien entendu, il n'eut pas de réponse, pas un mot, pas une voix... Mais il devait pourtant agir ainsi, c'était son rôle, non pas en tant que représentant ou bien chef de quoique ce soit, mais en homme...
Une seule pensée, une dernière à Crepuscule: "Soit, je vais le faire...".
Sa voix était désormais dénuée de tout le sérieux qui devait exister entre les deux rangs de l'un et l'autre, c'était un homme s'adressant à un autre, rien de plus...

- Sire, si je puis me permettre ces quelques mots sans vous offenser, vous les prendrez ou les laisserez s'échapper, emporter par les brises nocturnes, cette décision là vous reviendra, je ne suis qu'une voix, rien de plus.
Vous vous êtes perdu, vous avez douté un instant de vos principes, du bien fondé d'un code que vous respectiez sans doute depuis bien avant ma naissance, et aujourd'hui, vous voila égarez, envahit par les remords et les regrets d'une vie passée... Ce que vous devez faire, ce n'est pas vous tourner vers un passé révolu qui ne reviendra jamais, se morfondre sur ce que l'on ne retrouvera pas est vain et ne vous conduira que plus profondément dans les ténèbres des doutes, tourmentant votre esprit sans cesse de ces sentiments, de cette mélancolie. Ce que vous devez faire, Sire, c'est abandonner l'idée même de la retrouver, ne plus vous souvenir de ce que vous avez perdu et vous concentrez sur ce que vous avez devant vous... Votre vie a changé, vous ne serez jamais plus pleinement ce chevalier d'autrefois, c'est un fait qu'il va vous falloir accepter comme il est présenté, ne cherchez pas à en modifier la forme, ce serait stupide et inutile, contentez vous de prendre.

Il fit une pause et continua.

- La vie est ainsi faite et l'homme droit demeurant fidèle et loyal envers les principes et les fondements même de son code est bien rare, les évènements en modifient la trajectoire et si peu parviennent à tenir, encaissant les chocs sans dévier d'un pas. Pour les autres, deux choix se présentent et les évènements ne cesseront de le proposer tant que cette question sera posée... Vous pouvez continuer de vous perdre, vous égarant bien loin de ce qu'on peut appeler la Voie du Juste. Tout ce que vous y trouverez c'est un regard permanent en arrière, la mélancolie et les regrets, vous aurez l'envie de retrouver votre honneur d'antan mais jamais vous n'y arriverez car elle n'est plus à votre portée...
Le second choix, c'est de prendre une alternative, un chemin parallèle et proche sans être le véritable... Vous pourrez respecter à nouveau ce code qu'on vous a enseigné, retrouver vos principes, la seule chose c'est que vous saurez qu'au fond, vous n'êtes plus sur le chemin d'origine, c'est le seul point noir...

Il resta un instant silencieux avant de conclure.

- Contrairement à cette fleur, le choix vous appartient encore... Vous avez dévié une fois, vous pourrez vous détourner de ce nouveau chemin, car tout n'est pas encore écrit, tout n'est pas encore pleinement décidé, vous avez un choix, à vous de le faire maintenant, de vous en donner les moyens.

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