Sur les côtes d'Orfédie [Haize, Muelle, Seiz]

Se retrouver à nouveau sur un navire remémorait à la Nisétienne son voyage depuis ses terres natales jusqu'en Diantra. Elle n'avait pas espérée se retrouver aussi vite à nouveau sur les flots mais la situation l'exigeait maintenant que Lucrèce avait été enlevée par des pirates. Elle ne connaissait que peu les pirates de ces mers, juste qu'ils étaient assez puissants pour faire régner le danger sur les cotes Ouest de Diantra. Mais les rumeurs n'allaient pas forcer la mercenaire et les soldats avec qui elle se trouvait à rebrousser chemin.
Même s'il fallait aller chercher la vicomtesse jusqu'en Meca alors la jeune femme était prête à y aller. Après tout son statu lui permettait de s'introduire sur n'importe quel territoire.

Le navire dirigé par le Baron avait foncé au travers de la nuit afin de rattraper un navire aperçu durant la journée. Il s'agissait certainement du bateau recherché mais il fallait s'approcher pour en être certain. D'ici là c'était une attente interminable qui avait débutée. Les soldats du Baron n'étaient pas très habitués des voyages sur les flots et seule la Nisétienne gardait la forme malgré la houle. Mais les remous de la nuit ne permettaient pas vraiment de se reposer tranquillement, à cela il fallait également ajouter le stress qui commençait à pointer en prévision de l'abordage de demain. Du coup il était assez dur de dormir sereinement.
Au petit matin, la mercenaire monta sur le pont afin de se préparer. Il ne fallait pas se réveiller à la dernière minute sinon elle ne serait jamais prête physiquement pour le combat.
Arrivée sur le pont, elle aperçue le Baron qui s'était également levé tôt, il devait être plus inquiet qu'elle-même.
Du fait de l'aube, il était encore trop tôt pour savoir si le navire pourchassé était le bon. Arnhild passa néanmoins le plus clair de son temps pour se mettre en condition en prévision d'un abordage. Elle n'était pas du tout familière des combats entre navires, elle avait eu seulement une formation de combat sur terre. Mais, comme la houle s'était un peu calmée, le pont d'un navire pouvait être comparé à la terre ferme.

A la fin de ses exercices, elle alla se restaurer dans la salle commune de l'équipage. Ce n'est qu'en remontant de la soute, revêtue de ses armes qu'elle entendit qu'un navire avait été repéré. Au vu des ordres du Baron il s'agissait du bon navire. Aussitôt le pont du navire s'agita dans tout les sens afin de filer droit sur le pirate.
Arnhild, n'ayant aucune action à faire, alla se placer sur le gaillard avant afin d'observer le Fossoyeur. Ses armes étaient prêtes. Elle avait décidée de ranger sa lance de combat, une arme qui ne convenait pas trop au combat pour un espace aussi serré qu'une mêlée que le pont d'un navire. Au lieu de son arme favorite, la Nisétienne avait privilégiée deux épées qui pendait sur un harnais spécial situé au bas de son dos.
De sa position, elle ne quitta pas le navire pirate des yeux, bientôt elle allait pouvoir rattraper son combat perdu sur le rivage d'Ysari.

Oh non, Haize Sepiida ne voulait surtout pas donner des ordres. Il n'avait pas du tout envie de reprendre la capitainerie du Fossoyeur. Il ne voulait pas être capitaine. il voulait retourner à Soltariel. Il voulait être avec Ange. D'ailleurs, elle allait être furieuse. Il n'avait même pas eut la possibilité de dire quoique ce soit. Une SA-LE-TÉ d'embuscade. Bande de salopards. Mais il aurait du se rappeler que de refuser d'emblée n'allait pas les inciter à filer sans lui. Bon sang...

Il s'en désintéresse et revient sur Lucrèce. Elle allait avoir très froid cette nuit. Surtout que le temps se couvrait. Il ne le voyait pas par la vitrine du château, mais le temps allait se couvrir. Il le sentait. Haize Sepiida a toujours su d'où vient le vent. Cette sorcière était une plaie.

Il se retourne vivement vers elle et la pointe du doigt.

- C'est pas un ordre, coupe-t-il, sèchement, c'est une demande... j'ai quand même le droit de faire des demandes, non ? Allez flirter avec Seizaar ailleurs ! !

Sepiida est tout de même d'une patience inouïe, mais cette s... femme était une saleté d'échec. Le genre de contrariété qui reste présente... trop présente... il pourrait la balancer à la flotte. Bien sûr, Belair a dit non, mais s,ils veulent tellement que Haize reprenne sa place de capitaine et son poste d'Amiral, une sorcière à la mer ne devrait pas vraiment changer leurs plans. Mais au moins il aurait la satisfaction de ne plus l'entendre.

- Haize... Je... Pourrai je...

Ah oui, son otage... enfin, leur otage. C'était l'otage des pirates... pas son otage. Il délaisse la sorcière, puis revient sur Lucrèce.

- Quoi ? demande-t-il, brusquement, visiblement très exaspéré.
- Pourrai je vous demander une chemise pour me changer le temps que ma robe sèche?
- Pas question. En attendant que sa robe sèche ? Ils sont en pleine mer, voyons ! Cette robe va vous tuer, même sèche. Ingrid, va chercher quelque chose pour l'habiller.
- T'es pas l'cap...

Elle s'y mettait aussi. Ok. c'était déterminé. C'était un complot contre lui. Tout ça était une putain de mutinerie... mais inverse... bordel de merde.

- S'IL-TE-PLAIT ! Ouaip, Haize était vachement exaspéré. Ingrid hoche la tête, un subtile sourire sur les lèvres et va fouiller dans la petite pièce adjacente. Haize la suite des yeux, jusqu'à ce qu'elle disparaisse. C'est vraiment un complot. Vous êtes sur un navire ici, Lucrèce, et y a un grain qui se prépare. Votre robe ne vous servira à rien. Et puis, y a pas grand chose ici pour la sécher. Et le vent qui peut s'infiltrer en dessous... non, faut quelque chose de convenable pour un navire, autrement, vous ne serez même pas sur Meca qu'on devra jeter votre cadavre à la mer. La pneumonie fait des ravages sur l'Eris.

Ingrid revint avec des étoffes sommairement pliées, d,une couleur indéfinissable et quand elle les étale, ils semblent aussi d'une propreté douteuse. Si Lucrèce voulait d'un 5 étoiles, fallait pas se faire kidnapper par des pirates. Une odeur d'humidité imprègnent les vêtements. Il s'agit en effet d'une chemise, de coton grossier et d,un pantalon d'une étoffe tout aussi grossière. Ingrid tend les pantalon devant Lucrèce.

- Vachement grand... Haize, va chercher une corde, faudra faire tenir ça. Je vais vous aider à vous défaire de votre robe. Seizaar, retournez-vous ! Sans ménagement, elle se met en frais de défaire la délicate robe de la poupée de porcelaine. Ça vaut pour toi aussi Haize !
- Tu voulais une corde, la voilà ta corde, bougonne Haize en lui jetant la corde.

Ingrid marmonne quelque chose d'indéfinissable, puis termine de déshabiller la jeune fille.

- Bon sang... vous croyez vraiment que vous aurez des fils avec des hanches aussi étroites ? J'me demande comment le pantalon va tenir... il vous faudrait presque des bretelles... autrement, ça va glisser tout le temps.
- Et un pantalon qui tombe sur le pont d'un navire, c'est mortel, littéralement.
- Te retourne pas, Haize, dit-elle sans même regarder Haize.
- J'me suis pas retourné !
- Si je fais un noeud là, et que je l'attache ici... ça peut faire des bretelles... Elle prend la main de Lucrèce, la pose sur les cordes et ferme ses doigts autour. Tenez ça et l'échappez pas sinon on va TOUT voir.

Elle s'éloigne, va chercher Marion à la ceinture d'Haize, puis vient trouer la ceinture du pantalon. Le poignard entre les dents, elle y glisse la corde, puis la passe dans le cou de Lucrèce, avant de revenir l'attacher au même trou. elle fait un nœud solide.

- C'est pas parfait, mais ça tiendra. J'ai vu des choses pire.

Elle se recule et observe Lucrèce. Ça fait bizarre de voir une si délicate jeune femme vêtue d'une chemise trop grande d'un beige douteux et défraichi et d'un pantalon troué, avec des taches d'on ne sait trop quoi, d'un noir délavé par le soleil et le sel de la mer. Par-dessus, ce qui cache la corde passé en licou, elle lui enfile un surcot d'homme d'un tissus matelassé et au piqué très usé. On peut voir les vestige d'une broderie de jadis. Inutile de demander à qui appartenait ces habits. Personne ne veut le savoir de toute façon. Le surcot a pour première fonction de garder la frêle Lucrèce plus au chaud. La seconde fonction est de prévenir la transparence si jamais mademoiselle se mouille.

Haize détaille la baronne de la tête aux pieds. Il hausse un sourcil.

- C'est... spécial...

Alors que Muelle pinaillait sur le fait que Sepiida donnait soit disant un ordre, celui ci s'en défendit avec une certaine véhémence. Ce n'était soit disant qu'une demande, une simple demande et non un ordre. Je sais que je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais cela ressemblait plus à un ordre qu'à une demande. Une demande doit se formuler plus poliment.
Je m'apprêtais à lui faire part d'une requête mais le ton sec avec lequel il reçut mes premières paroles me fit baiser les yeux de gênes. Il ne semblait pas très enclin à être aimable à ce moment. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais rester dans cette robe trempée. Prenant en main le peu de courage que j'avais en moi, je réussis finalement à faire ma demande.
Ma demande fut visiblement mal reçue car il la refusa catégoriquement. Baisant le regard et sentant les larmes montaient dans mes yeux devant ce refus, je l'entendis alors nuancer son propos. C'était non pour que je remette ma robe une fois que celle ci aurait séché mais ce n'était pas non pour me prêter des vêtement secs.
Ordonnant alors à Ingrid d'aller me chercher quelque chose pour me vêtir, celle ci lui arqua qu'il n'était pas le capitaine. Elle s'y mettait elle aussi. Décidément tout le monde se liguait contre lui. Il devait se sentir bien seul à ce moment... Haize ajouta alors une formule de politesse qui fit sourire sa mère avant que celle ci ne disparaisse chercher des vêtements. Je voulus alors remercier le pirate de cette attention mais à peine eus je le temps d'ouvrir la bouche sans émettre le moindre son qu'il prit la parole.
Il m'annonça qu'on était sur un navire, cela je le savais très bien qu'on était pas sur la terre ferme. Si on était à terre, je ne me serai pas foulée ni la cheville ni le poignet. Il parla ensuite d'un grain qui se préparait. J'ignorai de quoi il s'agissait et bêtement je laissai échapper mon ignorance.

Un grain?

Il continuait sur son petit discourt disant qu'une robe n'était pas pratique sur un navire car le vent pouvait la soulever, qu'il n'y avait pas de quoi l'étendre pour la sécher. D'après lui, il fallait quelque chose de plus convenable. Chaque milieu ayant ses codes vestimentaires, il serait bien entendu mal vu de refuser les leurs pour un caprice de jeune fille noble.
Quand il m'annonça que cela pourrait en plus causer ma mort, mon sang se glaça. Non, je ne pouvais résolument pas mourir pour une chose qui avait aussi peu d'importance au final. C'était décidé, je porterai donc les vêtements que l'on m'apporterait.
Ingrid revint avec dans ses mains des morceaux de tissu. A première vue, on pouvait se demander si c'était des vêtements ou seulement des bout de tissu, de plus ceux ci étaient pliés plus que sommairement et dégageaient une certaine odeur d'humidité. L'odeur me piquait les narines.
Dépliant les vêtements, elle tendit le pantalon devant moi. Trop large, beaucoup trop large... Elle demanda alors une corde. Je la regardais sans vraiment comprendre ce qu'elle comptait faire de cette corde.

Ingrid passa dans mon dos et commença à dénouer les lacets de ma robe. J'étais gênée, terriblement mal à l'aise. Le joue me montait aux joues tellement la honte était grande. Elle ordonna alors à Seizaar de se retourner. Certes cela était peu mieux mais j'aurai préféré être seule pour faire cela. D'habitude Camille se chargeait de me vêtir et j'avais beaucoup de mal quand c'était une autre servante. Je suis d'un naturel pudique.
Alors qu'Ingrid défait le laçage de ma robe, elle ordonne à son fils de se retourner également. Celui ci tenait une corde dans ses mains comme le lui avait demandé sa mère. Heureusement que ma robe n'était pas sur mes chevilles à ce moment là mais seul le laçage était défait.
Alors que Haize s'était retourné à son tour, je me retrouvai nue sous le regard de Muelle et d'Ingrid. Je frissonnais car il faut dire qu'il ne faisait pas spécialement chaud et que j'avais la peau encore un peu moite à cause de ma robe. Ingrid lâcha alors un commentaire sur mes formes.

Je suis encore bien jeune pour enfanter...

Murmurai je sur le fait de donner des fils. Encore pour cela fallait qu'il y ait une relation charnelle avec mon époux, chose qui ne s'était encore jamais passée. Si elle savait, elle se moquerait bien de ma situation.
Même avec la corde en guise de ceinture, le pantalon glissait dangereusement sur mes hanches. Haize fit un commentaire assez ironique là dessus d'ailleurs. Il se moquait de moi. Je murmurai alors avec une voix déçue.

Ce n'est pas bien de se moquer...

Ingrid sans même se retourner ordonna à Haize de ne pas se retourner et celui ci essayer de se justifier bien qu'il ne se soit même pas retourner. Je laissai faire Ingrid. Saisissant ma main droite, elle la posa sur la corde et me dit de tenir si je ne voulais pas qu'on voit tout. Elle était bien insistante sur le tout.
Un poignard en main, elle fit un trou dans le pantalon pour y faire passer la corde. Enfin même si ce n'était pas parfait, cela avait le mérite de tenir. Je devais la remercier car seule je n'aurai vraiment pas réussit à m'habiller et encore moins à faire tenir tout ce bazar.

Merci...

J'avais l'air ridicule mais cela était mieux que rien après tout. Elle m'enfila un surcot pour dissimuler la corde et me tenir plus chaud. Haize se retourna alors et me scruta de son regard. Un commentaire, encore un autre. Il est vrai que ma tenue était spéciale. Je me sentais mal à l'aise dans cette tenue d'homme. C'était la première fois que j'étais vêtue de la sorte et que je portais un pantalon. Il faut une première fois à tout.

Comment font les hommes pour porter pareil accoutrement?

Je me posais cette question avant tout à moi même mais j'avais eu le malheur de l'énoncer à haute voix... Je crois que la réponse n'allait pas se faire tarder... Je me mis alors à pousser un soupire puis un bâillement. La fatigue se faisait sentir. Sans doute l'air maritime et toute cette aventure qui me fatiguait plus que de raison.

C'était tout de même une situation intéressante. Ingrid savourait les événements. Haize allait craquer bien vite sous les assauts désagréable de la sorcière. Du Grand Art. Ingrid l'avait vu au premier coup d'oeil que cette sorcière avait un quelque chose de... comment dire... retors ? Non... enfin, peut-être... mais disons qu'on pouvait lui faire confiance si on se méfiait d'elle. Perfide. Parfaite pour faire craquer Haize. Étrange pour une mère de vouloir faire craquer son fils... mais Ingrid avait des projets pour son fils.

- Un grain?
- Vent et pluie. Pas de tempête, mais ce sera pas de tout repos.

Pendant que Ingrid la changeait, la Diseuse de Bonne Aventure tentait de déterminer de quel type était la jeune Lucrèce. Elle les dévisageait tous d'un air à la fois craintif, terrifié par moment... pas étonnant face à la sorcière, mais en même temps, elle semblait encline à être de bonne foi. Une sorte de curiosité malsaine. C'était amusant. Une jeune noble, qui, comme bien d'autres comme elle, ne voulaient pas quitter leur confort douillet, mais rêvaient d'aventures. Et, en y réfléchissant, elle était bien tombée. Kidnappée pour ne pas être tuée, Haize n'était pas un mauvais bougre. Trop bon pour un pirate. Faudrait remédier à ça.

- Je suis encore bien jeune pour enfanter...

Ingrid lui jette un coup d'oeil noir et hoche la tête.

- Z'êtes mariée, m'p'tite dame, ça viendra assez vite. À moins d'avoir une très bonne apothicaire sous la main, mais elles sont rares de ce côté-ci de la forêt.

Sa soeur avait été une bonne apothicaire. Une très bonne apothicaire... mais chacun ses lubies. Et puis, elle était morte maintenant. Haize avait trouvé le bon mot. C'était spécial de la voir dans cet accoutrement. Et en plus, elle ne semblait pas à l'aise. Ingrid non plus n'aurait pas été à l'aise... pas assez de tissus autour des hanches et des jambes... Ingrid avait un pantalon, au moins sept jupons grossiers et une robe de laine épaisse. Elle n'avait pas froid. Bon, elle ne devait éviter de tombe à l'eau.

- Comment font les hommes pour porter pareil accoutrement?
- Oh, y'a qu'aux vrais homme que ça sied. C'est pour cette raison que les "hommes" dans votre coin détestent ça aussi, se moque Haize, sourire en coin.
- Ah ! Là je reconnais mon fils !

Haize se renfrogne. Dehors, on entent le vent se lever. C'est un vent qui gronde. Le navire tangue.

- Aucun lien !

Puis soudainement, on entend un cri de détresse.

- MUEEEEEEEELE !!!

Des bruit de course sur le pont, puis la poignée s'agite avant que la porte s'ouvre à la volée.

[justify]
C'était de fausses accusations. En plus, ses arguments étaient bidons ! Mais elle ne pouvait pas dire pourquoi elle se retrouvait en possession de ce collier. Muelle lui avait dit de ne surtout pas dire à qui que ce soit qu'elle avait été demoiselle de compagnie de la Reine et de la Princesse. Et maintenant, ce type l'accusait d'avoir prit des trucs dans le trésor du navire. Il sentait le lendemain de veille et il ne marchait pas droit.

- Muelle !

C'est probablement pour cette raison qu'elle avait eu le temps de rafler le sac que Ingrid lui avait donné parce que son baluchon tombait en lambeau et qu'elle avait prit de l'avance dans l'échelle qui monte sur le pont. Elle devait trouver Muelle. Muelle seule pouvait la défendre et savoir quoi dire. Mais où elle était ?

- Muelle !

Une fois sur le pont, elle court, mais elle sait que le pirate n'est pas loin. Ils connaissent mieux le navire qu'elle. Et puis, ils ont l'habitude que ça bouge tout le temps.

- Muelle !
- Cabine du Capitaine.
- VOLEUSE, grince le pirate qui jaillit de la cale et s'élance sur elle.
- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!

Un hurlement aiguë, strident, de gamine terrifiée. Mals al direction a déjà été dévoilée. Elle s'élance, mais le pirate arrive à lui agripper l'épaule et de lui arracher quelques cheveux dorés, mais il l'échappe.

- MUEEEEEEEELE !!!

Elle se rue sur la porte et a la bonne idée de tourner la poignée avant de pousser. Mais le pirate la suit de près. De trop près. En fait, il lui fonce carrément dessus, c'est donc une pirate qui jaillit dans la cabine, emmêlé avec une gamine qui pousse des couinement stridents en se débattant. Elle repère Muelle, agrippe son sac, puis bondit du pirate à Muelle. Avoir été capable, elle lui aurait grimpé sur la tête.

Mais le pirate n'a pas le temps de se relever. Une pied botté lui écrase soigneusement les doigts.

- Arrrgh !

Les mains sur les hanches, Ingrid le fixe sévèrement, tandis que Haize le saisit par le collet. Une fois bien entre les mains de Sepiida, Ingrid lève son pied.

- Qu'est-ce que tu as fait à cette enfant ?
- Rien, mais c'est une voleuse !
- MENTEUR ! hurle la gamine, terrifiée autant que vexée et furieuse.

Elle s'accroche à Muelle, mais avec une envie folle d'aller coller un coup de pied sur le tibias de ce vilain monsieur.

- Allons, allons, qu'est-ce qu'elle a volé ?
- Un collier de notre trésor.
- Pas vrai, il est à moi ce collier !
- Et si tu me le montrais ?

Zoile, son sac serré contre elle, jette un coup d'oeil à Muelle.

- Non, c'est à moi !

La gamine est habillée d'une manière très différente des pirates. Ses bottes, révélées parce qu'elle est dans les bras de Muelle sont d'excellente facture. Pas du genre à être durable et résistante, mais de bonne facture. Le tissus de sa robe bleu n'est en rien de ce que les autres portent. Ce sont des tissus de luxe, qui n'aurait pas du être portés par une enfant pirate. Ni même par une enfant sorcière. Ce sont des riches tissus de Langehack. Ça vaut une fortune. Et tout semble à sa taille. Ne n'est pas le fruit d'un vol de vêtements. Même la broche qui referme sa cape est trop élégante pour être pirate. Certes, ça pourrait aisément être le butin d'un vol, mais tout est trop sale et un peu maltraité pour être neuf. Comme une petite princesse parmi les pirates... un peu comme Lucrèce, à son arrivée sur le navire.

La métisse eut un vilain sourire… Ses yeux d’or flamboyèrent : « Ça, tu peux le dire qu’il y aura un grain… Toute une tempête je dirais… » ricana-t-elle dans le dos de l’ex-capitaine. C’était une augure ou une certitude ça? Quelque chose dans le ton de sa voix donnait à penser qu’elle était le genre de femme à avoir la volonté nécessaire pour changer les augures en certitude. Elle en était à repousser Seizaar lorsque les premiers signes de la tempête se firent entendre… Curieusement la tempête hurlait son nom… Wow… Ça c’est nouveau par contre… Tu parles d’un sens du timing!

Zoile fit irruption dans la pièce comme si elle avait un alligator à ses trousses, et se jeta sur elle. Quelle horreur!!! La gamine se r-é-f-u-g-i-a-i-t dans ses jupes! En voilà fait de sa réputation, finie, foutue… ARGL!

À bout de bras, Muelle maîtrise l’enfant et la soulève de terre par le dos de ses précieux habits… « Tu me déçois beaucoup » fit-elle entre ses dents… « T’es une sorcière maintenant, tu te rappelles? » grinça-t-elle encore en lui donnant une petite secousse qui fit craquer ses coutures. Elle la fourra dans les bras du soigneur : « Tiens moi ça, j’en ai pour une minute… »

La sorcière remit posément de l’ordre dans ses habits. « Sepiida, lâche ce pirate… » lui ordonna-t-elle même si elle n’est pas capitaine.

Remettre de l’ordre dans ses habits quand on est à peine chiffonné et qu’on s’en fichait visiblement un instant plus tôt, relève de l’alerte rouge sur l’échelle de la bonne bagarre. Elle aurait pu retirer un gant en tirant lentement sur chacun de ses doigts, mais Muelle n’enlevait jamais ses gants…

Muelle vint se planter à un pas du pirate. Elle le toisa quelques interminables secondes, parce que l’appréhension, c’est très bien et les sorcières savent la susciter. Elle lui jeta un regard, un regard de sorcière en colère… de celle qui se penche sur les berceaux pour prédire une mort stupide le jour de vos 16ans… Un regard qui ferait frissonner même le pirate le plus sanguinaire… « Voleuse? C’est la casserole qui traite le chaudron de cul noir… Tu traites mon apprenties de voleuse? » Elle ne le laissa pas répondre… Ce n’était pas nécessaire… Tout le monde l’avait entendu une première fois… À peine les mots se formait-il sur ses lèvres que le poing de la sorcière s’écrasa à la pointe de son menton, les lui faisant violemment ravaler. « Sepiida? Vous pouvez le reprendre. » fit-elle d’un ton hautain. « Je vous tiendrai personnellement responsable si elle fait des cauchemars cette nuit. »

Elle revient vers la gamine et lui tendit les bras pour la poser par terre. « Ça, c’est la bonne manière d’éduquer les importun. Il n’y en a qu’une. » Elle lui tendit une main ganté, l’invitant à y glisser la sienne. « Vu ta hauteur, tu peux viser l’entre-jambe… » Spécifia-t-elle d’un ton docte. « Seulement… » regretta-t-elle, « Ça a moins de style… »

La sorcière traversa la cabine pour prendre la porte, espérant esquiver les questions… Au passage elle haussa un sourcil dédaigneux à l’adresse d’Ingrid… Tsss mettre en doute la parole d’une sorcière et proposer de vérifier! Et quoi encore!

Riche? Non, la sorcière n’était pas riche de cette manière. Son or, muelle le portait dans ses yeux… De l’or liquide. Fauve. Surnaturel. Un regard de grand prédateur. Dans l’humidité chaude du navire, elle avait enlevé son long manteau de feutre noir… Le reste de ses vêtements avaient également été noir : différent niveau d’usure et de qualité de teinture, différente teinte de gris… Les sorcières des haies ne se vêtent pas traditionnellement de noir… Une lubie personnelle? Il faudrait alors avoir un sens de la mise en scène particulièrement fort.

Quelques minutes plus tard, quelque part dans les cales...

« Zoile? Trouve Seizaar le soigneur… Demande lui discrètement de l’eau douce, du sel et ce qu’il faut pour éclisser des doigts… j’crois que je me suis pété la main en frappant ce foutu pirate…. »

Seïzaar en temps normal aurait obéit à Haize... Même s'il n'était plus le Capitaine. Tout simplement parce qu'il s'agissait de Sepiida... Seulement, Muelle était présente aussi dans la pièce et... Ben en gros, le Soigneur était franchement dans un autre monde. Les yeux fixés sur la sorcière, il avait beau entendre toute l'agitation autour, incluant le commentaire par rapport à Muelle et lui-même ainsi que la scène durant laquelle Lucrèce fut changée et durant laquelle il dut regarder ailleurs sous les ordres d'Ingrid, même si c'était loin d'être elle qu'il regardait... Rien n'attirait son attention et il n'était attentif à rien du tout sinon à la beauté sauvage de la Sorcière... Quand la voix d'Ingrid mit une conclusion au rhabillage de Lucrèce, Seïzaar daigna finalement y porter un peu d'importance... Il y avait tout de même des limites à tout, même à idolâtrer une Sorcière, les yeux dans le vague pendant plusieurs minutes sans rien dire...

- C'est pas parfait, mais ça tiendra. J'ai vu des choses pire.
- C'est... spécial...
- Elle ressssemble à un p'tit cure-dent dans un rouleau de bandages.

Fit vaguement le Soigneur en posant les yeux sur la frêle jeune femme, quittant la sorcière du regard pendant quelques secondes seulement.

- Comment font les hommes pour porter pareil accoutrement?
- Oh, y'a qu'aux vrais homme que ça sied. C'est pour cette raison que les "hommes" dans votre coin détestent ça aussi
- Ah ! Là je reconnais mon fils !

Seïzaar a un fin sourire bien calme qui se profile sur ses lèvres... C'était marrant de voir une toute petite femme aussi menue que Lucrèce, autant vêtue, on aurait dit une enfant portant des vêtements d'adulte...

- Aucun lien !

Une voix retentit alors près d'eux, à la porte... Une toute petite fille... Blonde comme les blés... D'où elle sortait celle là ? Se précipita sur Muelle...

- MUEEEEEEEELE !!!

Un pirate la poursuit... Évidemment ils le connaissent tous, mais il poursuit quand même une gamine... Ingrid lui écrase les doigts tandis que Sepiida s'empare de son collet pour le soulever du plancher.

- Qu'est-ce que tu as fait à cette enfant ?
- Rien, mais c'est une voleuse !
- MENTEUR !

Elle a du coffre en tout cas la p'tite... Vu son accoutrement en tout cas, ce n'est pas une vagabonde... Et encore moins la fille de Muelle. Elle est richement vêtue... Une autre princesse ? C'est une invasion ou quoi ? Décidément, faudra en balancer une ou deux par dessus bord, ça commence a faire beaucoup de monde à bord...

- Allons, allons, qu'est-ce qu'elle a volé ?
- Un collier de notre trésor.
- Pas vrai, il est à moi ce collier !
- Et si tu me le montrais ?

La petite resserre son sac contre elle, visiblement, le trésor volé n'est pas volé... Et Seïzaar aurait tendance à la croire... Les petits voleurs n'ont généralement pas très envie de défendre aussi chèrement leur butin dans un endroit aussi clos qu'un navire pirate en pleine mer...

- Non, c'est à moi !

Mais Muelle réagit finalement à l'assaut de la fillette en la décrochant d'elle par les vêtements, la tenant à bout de bras avec une force inimaginable pour une Sorcière... Lui qui s'était toujours dit que les utilisateurs de magie devaient rien avoir dans les muscles... Erreur de jugement manifestement. Il fronce les sourcils alors que la belle brusque un peu l'enfant... En voilà des manières... Mais cette pensée est vite refoulée quand il croise le regard d'or de Muelle... Il ferait n'importe quoi pour elle, définitivement...

- Tu me déçois beaucoup. T'es une sorcière maintenant, tu te rappelles ?

...Quoi, la p'tite aussi ?! C'est son "élève" alors ...? Mais à peine le Soigneur a t-il le temps d'esquisser un mouvement de lèvres pour poser la question qu'il se retrouve avec le petit ballot de riches tissus et de blonde fillette dans les bras...

- Tiens moi ça, j’en ai pour une minute…

Évidemment le Soigneur ne refusa pas... Tenant la petite fille dans ses bras comme on tiendrait une mariée... Enfin, c'est pas comme ça qu'on prend des enfants, mais Seïzaar en est pratiquement encore un à la limite, du coup, il ne sait pas trop y faire avec les gamins... Pas plus qu'un gamin lui-même.

- Sepiida, lâche ce pirate…

Fronçant les sourcils, il tourna les yeux vers Muelle.

- Voleuse ? C’est la casserole qui traite le chaudron de cul noir… Tu traites mon apprenties de voleuse ?

Il fallait l'avouer, un pirate qui traite quelqu'un de voleur, c'est l'hôpital qui se moque d'la charité... C'était pas très crédible... Un poing vola, un choc sourd... Et ce fut terminé. La menace sous-entendue avait été portée a exécution, il devait effectivement regretter ses accusations à présent. C'était un magnifique coup sur la gueule qui aurait fait honte à n'importe qui devant un tel public. Seïzaar aurait eu envie de dire "Bien fait !"...Mais bien fait pour quoi...? Il n'était même pas certain d'avoir tout saisi...

- Sepiida ? Vous pouvez le reprendre. Je vous tiendrai personnellement responsable si elle fait des cauchemars cette nuit.

Les yeux posés sur la fillette, le Soigneur lui sourit timidement... Avant que Muelle la reprenne et la repose par terre en lui donnant une leçon sur la manière dont on traite les menteurs... Il s'arrangerait pour ne jamais mentir à la Sorcière... Et ne jamais lui faire de coup fourré. Ce coup de poing lui avait donné l'impression qu'une brique venait d'être balancée en pleine gueule du pirate... Il avait pas envie de subir le même sort. Il regarda donc la Sorcière s'éloigner vers la porte, faisant de l'attitude à Ingrid... Un soupir amoureux lui échappa, son sourire ne s'étant jamais effacé depuis qu'il l'avait offert à la fillette, il observa les moindres mouvements de Muelle, les imprimant dans son esprit... Pour s'en souvenir et rejouer cette scène encore et encore... Celle durant laquelle elle était sortie de la cabine avec ce regard de tigresse...

Des cris retentirent et la porte s'ouvrit dans un claquement sourd laissant apparaître une petite fille qu'un pirate coursait. Elle se jeta dans les bras de Muelle alors que Haize retint le pirate par le col. Où étais je tombée? Il y avait beaucoup de personne sur ce bateau.
L'homme traitait la gamine de voleuse et celle ci se défendait de cette accusation. J'avais remarqué que contrairement aux autres, son habillement était plus riche dans les étoffes et dans les détails. A première vue, cette enfant n'était pas une pirate, une orpheline recueillie peut être mais une pirate issue du bas peuple, cela n'était pas imaginable.
Posant un regard attendri sur la petite, je pris la parole comme pour la défendre.

Je suis sûre que cette jeune demoiselle dit la vérité. De plus, croyez vous que si elle avait dérobé quelque chose, elle agirait de la sorte? Je ne le pense pas et jusqu'à preuve du contraire, elle est innocente!

Il est vrai que les préjugés et les raisonnements tout fait avaient la vie dure. Une fois le marin corrigé pour son excès de zèle, la petite et Muelle sortirent de la cabine.
Dehors on pouvait sentir les vagues commencer à se déchainer et la luminosité décliner rapidement. Effectivement, il y allait avoir une tempête. Ce n'était pas la première tempête que je voyais mais c'était la première où je serai seule. D'habitude Camille était toujours là quand j'étais enfant.
Il se faisait tard et la fatigue me gagnait à grand pas. Un bâillement interrompit mes pensées qui commençaient à divaguer. Lentement mes paupières commençaient également à se fermer. La voix reflétant ma fatigue.

Je me sens lasse. Où puis je me reposer cette nuit?

Une question toute bête mais qui prenait un sens. Je n'avais encore jamais dormi dans une cabine en compagnie d'inconnus et cela m'effrayait un peu, il faut l'avouer. Certes, je ne connaissais pas Ingrid ni Haize suffisamment mais ils ne m'apparaissaient plus comme de total inconnus et je savais qu'il ne m'arriverait rien de fâcheux tant qu'il veillerait sur moi.

Pas que Sepiida soit du genre docile avec les sorcières... enfin, si, ou presque. Sa mère est une prêtresse, c'est presque la même chose, en quelque sorte, mais c'était pas une raison. Tout de même quand celle-ci lui ordonne de lâcher le pirate, il obéit. Pas par docilité, mais plutôt parce qu'en fait, il n'en a pas grand chose à faire. Les règles sont claires chez les pirates. On fait ce qu'on veut, mais les autres aussi.

Il doit reconnaître mentalement que la "punition" fut à la hauteur. Pas physiquement à la hauteur, mais fièrement à la hauteur. L'orgueil du pirate était entaché pour au moins quelques jours. Mais c'était tout de même intéressant de connaître la provenance du collier. Mais la fillette refuse de le montrer. D'ailleurs, c'était la première fois qu'il la voyait cette gamine. Depuis quand les pirates laissaient monter des enfants si jeunes, des filles de surcroit. Un apport de la sorcière probablement.

Lucrèce prit la défense de la petite et Haize ouvrit la bouche pour la première fois.

- Oh, vous savez, Lucrèce, la plupart des voleurs affirment que ce n'est pas eux lorsqu'ils se font prendre. Mais je m'en fiche, c'est pas mon trésor celui-là.

Son trésor actuelle, il l'avait laissé dans un manoir à Soltariel. Bon sang. Pourtant, la houle lui avait manqué. Il la sentait d'autant plus maintenant qu'un orage se préparait. Ça commençait à secouer un brin.

- Sepiida ? Vous pouvez le reprendre. Je vous tiendrai personnellement responsable si elle fait des cauchemars cette nuit.

Cette fois, Sepiida eut un rire franc.

- Ha ha ! Avec la tempête qui approche, elle ne dormira pas, c'est certain ! Toi, dégage, crache-t-il au pirate avant de le pousser d'une bourrade. Certains ne se rendaient pas compte de la chance qu'il avaient.
- Je me sens lasse. Où puis je me reposer cette nuit?

Il tourne la tête vers Lucrèce. bon sang, ça frappait de la voir habillée de la sorte. Il eut n sourire en coin.

- Je vous aurais bien proposé ma cabine, mais c'est plus ma cabine. Il eut une brève hésitation, puis il hoche la tête. Mais je doute que le capitaine s'en serve cette nuit. Il n'aura pas le temps.

Dehors, le vent rendait l'environnement extérieur assourdissant. Les gouttes de pluies frappaient le château dans un vacarme assez impressionnant. L'Eris en colère si près de soi, y'avait de quoi craindre le pire.

Il franchit en quelques enjambées la distance qui le sépare de la porte qu'avait emprunté Ingrid avant de revenir avec les vêtements pour Lucrèce.

- Venez. Un fois à l'intérieur, il s'assure que toutes les portes, de l'armoire et de la vitrine où sont exposées des armes soient toutes verrouillées. Surtout parce que c'est très dangereux avec les vagues si ça s'ouvre. Recevoir une vitrine de lames, ça coupe. Voilà. comme j'ai dit, je doute que vous dormiez. Cette première nuit en mer sera la plus longue de votre vie. Profitez-en.

Muelle ne sembla pas apprécié cette arrivée inopinée. Pourquoi elle la décevait ? La gamine ne comprit pas. Quel devait être le lien entre la situation et le fait qu'elle soit sorcière ? Sous le choc de ce reproche inattendu, Zoile resta un instant estomaquée et sensiblement choquée. Une fois dans les bras de Seizaar, elle s'enfouit la tête dans le creux de son épaule et lui noua les bras plein de tissus soyeux autour du cou. Mais ça ne dura que quelques secondes. Rapidement, elle reposa les yeux sur la scène, beaucoup trop curieuse. Elle eut un sursaut quand elle entendit le craquement résultant du coup de poing. Elle esquissa aussi une grimace douloureuse. Ça du faire mal, ça.

Muelle revint vers elle et lui tendit les bras. Sa déception sembla passé, du moins dans les yeux et elle tendit aussi les bras pour que Muelle la repose par terre et elle lui tend la main. Muelle était son mentor. Elle n'allait pas refuser la main tendue. Elle la prit délicatement. Mais écoutant les explications de Muelle, elle eut une expression dubitative.

- Je croyais que c'était pas permis de frapper sous la ceinture... Muelle compléta son apprentissage. Oh, moins de style... impressionner tu veux dire ?

Et elles sortirent toutes les deux de la cabine, sous le regard pensif d'Ingrid. Zoile eut un frisson indescriptible. Ou peut-être que c'est Lufotu qui en eut un... difficile à déterminer. Elle retournèrent dans la petite portion de cale qui leur avait été attribuée. Les pirates l'évitaient, ce coin depuis que les sorcières s'y étaient installées. Aussitôt, Zoile extirpe Lufotu de ses vêtements et entreprend d'ajouer à la plume ce que Sam vient de lui dire. elle note tout. Elle apprend quoi.

- Zoile? Trouve Seizaar le soigneur… Demande lui discrètement de l’eau douce, du sel et ce qu’il faut pour éclisser des doigts… j’crois que je me suis pété la main en frappant ce foutu pirate….

Zoile lève les yeux, sans cesser d'écrire, puis elle hoche la tête.

- Oui, d'accord. Elle pose Lufotu et l'encrier, puis se dirige vers l'endroit ou pourrait être Seizaar. Ça du style, mais à moins de frapper vraiment trop fort, c'est moins facile de se briser un genoux en frappant sous la ceinture.

Conclusion qui ne demandent pas de réplique, elle quitte leur coin et elle cherche Seizaar, faisant bien attention à ne pas croiser le pirate qu'a frappé Muelle. elle finit par dénicher Seizaar. Elle s'approche discrètement, puis lui tire sur la manche. Il s'approche un peu, mais c'est pas assez proche. Elle tire donc un bon coup sec, pour que son oreille arrive à la hauteur de son visage.

- Muelle veut que tu viennes la voir, chuchote-t-elle à son oreille avant de le laisser se redresser. Il faut des éclisses pour les doigts, du sel et de l'eau, ajoute-t-elle à voix normale.

A ma demande de pouvoir me reposer pour la nuit, Haize me proposa après quelques secondes d'hésitation sa cabine qui n'était plus la sienne soit dit en passant mais celle du nouveau capitaine du Fossoyeur. D'après lui, il ne s'en servirait pas cette nuit. Je pourrai donc passer une nuit sans à craindre l'arrivée impromptue d'un homme inconnu dans la même couche que la mienne.
La tempête commençait déjà à faire rage à l'extérieur. On pouvait entendre la pluie battre les vitres de la cabines et le vent sifflait comme les nuits d'orage très violent. Je dois avouer que je n'étais pas rassurée d'être en pleine mer par un temps pareil mais la fatigue était telle que je m'endormirai contrairement à ce que pouvait penser Sepiida.
Le regard dans le vague suivant sans vraiment sans rendre compte les déplacements du pirate, il me sortit de pensées en me demandant de le suivre. Visiblement il y avait une pièce à côté, je pensais qu'il s'agissait d'un simple débarras dans lequel sa mère était partie dénicher ces vêtements pour moi.

Me levant du canapé, je me dirigeai vers lui en boitant un peu à cause de ma cheville foulée. Une fois dans la pièce, je le vis vérifier que toutes les portes des placards qui contenaient des armes étaient bien closes. Les vérifiait il pour moi ou pour lui? D'après ses dires, c'était pour ma sécurité...
Me dirigeant vers le lit, je m'assis avant de continuer à l'observer. Cette corde me faisait mal aux épaules. Je n'étais que peu habituée à porter de si grossières étoffes qui me râpaient la peau, me laissant des marques rouges.
D'un geste de la main, je fis glisser la corde qui pesait sur mes épaules. C'était toujours aussi inconfortable mais je ressentais moins le poids de la corde de chanvre. Retirant alors le pantalon, je pris la décision de rester simplement en chemise. Après tout je n'avais besoin de rien d'autre pour dormir, cette chemise était suffisamment grande pour faire office de chemise de nuit.
C'est alors que Haize me dit que je ne pourrai certainement pas dormir et que cette nuit me paraitrait être la plus longue de ma vie et qu'il fallait que j'en profite. Qu'entendait il par là? Je ne comprenais pas... y avait il quelque chose à comprendre après tout?

M'allongeant sur le lit, je ne dis aucun mot. Fermant alors les yeux, je fis semblant de dormir. Je savais qu'il était encore là. Il avait raison, je ne pourrai dormir avec tout ce remous malgré la fatigue qui était pesante.
La nuit passa. La tempête fut violente et à plusieurs reprises j'eus peur du grondement du tonnerre. Ce n'est qu'au petit matin que la tempête se calma. Je n'avais pas dormi, bien au contraire. Je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit même si je le voulais tellement.
Profitant de l'accalmie, je me redressai dans le lit. Comme la nuit avait été mauvaise, je décidai alors d'aller prendre l'air sur le pont. Sans même prendre la peine de remettre le pantalon que m'avait déniché Ingrid, je sortis de la cabine non pas sans difficultés.
Ma cheville me faisait mal à chaque fois que je posais le pied sur le sol. Dans l'escalier, je fus obligée de me coller au mur pour ne pas tomber. Une fois à l'air libre, je pris une profonde respiration.

M'avançant sur le pont qui semblait désert, je faisais face à présent à l'océan qui paraissait calme à présent. Au loin se dessinait la silhouette d'un navire que je reconnus. C'était le Sirfon. Que faisait il ici? Je croyais que... Peut être était ce mon époux qui s'était élancé à ma poursuite? Je priais Tira alors pour que ce soit le cas.
Dans mon dos, un craquement de planche se fit entendre. Tournant la tête, je vis qu'il s'agissait d'un pirate. Je me mis alors à pousser un cri de peur. Il n'était pas anormal de trouver un pirate sur le pont à cette heure ci...
Je n'avais pas prêté attention à cela mais Haize se tenait là également. Je pensais avoir déjoué sa vigilance mais en réalité non... Je ne pourrai donc pas quitter ce navire aussi facilement.

Laissez moi partir, Haize. Je vous promets alors que mon époux ne vous poursuivra pas alors...

En disant cela, la silhouette du Sirfon se faisait de plus en plus nette. Les pirates pouvaient le voir sans difficultés. Une bataille allait être engagée connaissant mon époux à moins qu'ils ne me laissent quitter le navire.

Au bout d'un moment, durant la conversation entre Lucrèce et Haize qui avaient finalement changé de pièce, Seïzaar considéra donc l'option de retourner à son patient dans la cale... En espérant qu'il soit toujours en vie. Sortant sur le pont pour descendre à la cale, il n'eut le temps que de dévaler l'escalier avant d'être rattrapé par l'élève de la Sorcière... Ravissante petite fille. Il lui offrit donc un sourire quand elle le tira par la manche et il se pencha vers elle. Bon garçon comme il était, il ne pouvait pas faire autrement que te gentiment lui tendre l'oreille si elle avait quelque chose à lui dire. Le Soigneur l'écouta donc et se rapprocha un peu encore quand la petite tira plus fort...

- Muelle veut que tu viennes la voir

Seïzaar se redressa lentement, fixant sur la fillette de grands yeux étonnés. Elle voulait... Le voir ? Lui !? Il pinça les lèvres et se sentit complètement décontenancé... Pour lui dire quoi ? Pour faire quoi ? Qu'est-ce qu'elle lui voulait ? Il l'avait tout bêtement demandée en mariage et elle l'avait pris au sérieux ? Ou alors elle voulait lui jeter une malédiction ? Ah non, pas besoin de le voir pour lui jeter une malédiction, si ? Maladroitement, il entrouvrit la bouche pour demander pourquoi mais Zoile reprit rapidement.

- Il faut des éclisses pour les doigts, du sel et de l'eau.

Blessée ! Elle était blessée !...Restait qu'il se demandait pourquoi elle avait besoin de lui alors qu'elle avait si bien fait le boulot avec la cheville et le poignet de la princesse mais il obéit malgré tout, hochant la tête vivement... Trainant la petite avec lui à la cuisinette où il remplit à nouveau le seau d'eau qu'il avait ramené de la chambre et récupérant le peu de sel qu'il put trouver dans la cale après avoir laissé l'autre dans la cabine, il fourra le petit sac de sel improvisé avec un torchon dans les bras de la fillette et souleva le seau et son gros sac noir.

- Je sssuis prêt.

Siffla t-il en levant fièrement le menton.

- Elle est où ?

Demanda t-il en bombant le torse, essayant de se la jouer héroïque... Médecin sans peur, prêt à secourir la belle en détresse !

- Au fait, comment tu t'appelles ?

Demanda t-il en baissant les yeux vers la petite, rattrapant le seau avant de le laisser tomber par terre.

Déjà incommodée pas le roulis du vaisseaux…

Vautrée dans un hamac gagné aux dés, Muelle tenait sa main au-dessus de son cœur pour limiter les dommages… Une douleur lancinante faisait briller ses yeux d’or dans le noir. Comme un fauve dans la nuit… Un fauve blessé, dangereusement acculé à la faiblesse.

Lorsque Zoile ramena le soigneur dans leur repaire, Seizaar pu distinctement entendre un soupir de mécontentement. « De l’eau douce, du sel et des éclisses fines… Je ne crois pas avoir mentionné le soigneur… » maugréa-t-elle dans la pénombre, « Discrètement… dans le sens de n’alerter personne… » Et pourtant elle avait besoin d’aide… Muelle savait être honnête dans de très rares occasions. Toutes les directives qu’elle pourrait donner à Zoile ne pourraient rivaliser avec les soins de Seizaar, aussi se résigna-t-elle.

Avec une délicatesse extrême, elle retira son gant droit, révélant ses longs doigts caramel dont la dernière phalange était complètement noire comme si elles avaient été trempées dans la teinture. L’enflure était contenue par son gant et elle pouvait sentir son cœur pulser dans la blessure. « Métacarpe du majeur et de l’annulaire. » fit-elle en lui présentant sa main. Muelle avait une connaissance surprenante de l’anatomie humaine pour une sorcière des haies. Elle serrait les dents et ça s’entendait.

Seïzaar entra dans la pièce en compagnie de la fillette sans se douter dans quel état la sorcière pourrait être. Après tout, elle avait l'air parfaitement bien quand elle était sortie de la cabine. Il ne s'en était pas fait pour elle du tout et s'était simplement demandé quand il la reverrait ? Quand est-ce qu'il pourrait lui parler... ? Mais pour lui dire quoi ? C'est à peu près là qu'il en était dans sa tête au moment où il posa les yeux sur Muelle, dans son hamac, tenant sa main, la lueur malveillante de la bête blessée prête à mordre si on la touchait dans les yeux... Mais le Soigneur connaissait ces yeux là. Les yeux de l'orgueil. Quand on est médecin sur un navire bourré de pirates tous plus chiants à soigner les uns que les autres, on apprend a dealer avec ce genre d'attitude. Seulement, il ne savait pas encore ce qu'elle avait... Bien qu'il se doutait qu'avec de quoi faire des éclisses, elle s'était fracturé quelque chose... Elle soupira.

- De l’eau douce, du sel et des éclisses fines… Je ne crois pas avoir mentionné le soigneur…

Le ton qu'elle avait indiquait exactement ce qu'il s'était imaginé en voyant le regard luisant de la sorcière dans le noir au fond de la pièce. Elle voulait seulement le nécessaire, pas le personnel qui venait avec. Seulement, comme il était là...

- Discrètement… dans le sens de n’alerter personne…
- Persssonne ne m'a vu desccccendre.

Siffla Seïzaar avec un sourire candide... Bien qu'il avait compris qu'elle ne voulait pas être vue dans un tel état de faiblesse. Mais elle s'était brisé la main en frappant quelqu'un, qu'est-ce qu'il y avait de si gênant à ça ? Le soigneur s'approcha du hamac et posa son sac par terre tandis que Muelle se débarrassait du gant qui cachait la peau mâte de sa main blessée... Quand il se releva, il vit qu'elle lui tendait sa main et il n'hésita pas une seconde à palper la fracture... C'était pas grand chose, c'était très fréquent même à bord du Fossoyeur comme blessure... Ça arrivait souvent qu'les pirates se foutaient des taquets dans la tête... Surtout Teoh'dor...

- Métacarpe du majeur et de l’annulaire.

Il leva les yeux vers elle... Il ne connaissait pas très bien lui-même les termes utilisés en médecine. Il avait appris sur le tas comme on dit, toute sa vie durant. Il était devenu soigneur par lui-même, par nécessité plus que par envie... Mais c'était vite devenu quelque chose qui le passionnait puiqu'avec le drow qui se foutait toujours dans les embrouilles il avait de quoi explorer... Lui-même avait chopé toutes sortes de saloperies à cause de Teoh'dor... Enfin, bref, il tâta la fracture habilement avant de regarder ce qu'il avait sous la main... Puis de refaire exactement ce que Muelle avait fait plus tôt pour Lucrèce utilisant cette fois du bandage plutôt que de déchirer un beau morceau de vêtement... Posant le sachet de sel improvisé et mouillé sur la fracture, il leva les yeux vers la Sorcière...

- Çcca par contre, j'peux pas l'faire.

Fit-il en souriant doucement, se poussant un peu pour laisser la place à la fillette à côté de lui pour voir... ou agir, c'est selon la volonté de Muelle.

« Zoile? » Appela la sorcière pour que son apprentie se rapproche. « Tu sais lorsque je t’ai expliqué la différence entre la magie Bénéfique et Maléfique? Et bien en fait il y a une autre sorte de magie… La magie Pratique… » Un regard en biais au soigneur : Merci, bonsoir, on se débrouillera sans vous… « Naturellement, un sel, en se dissolvant dans l’eau, produit de la fraîcheur… C’est le contraire du sucre… Tu as certainement déjà remarqué qu’il est impossible de sucrer une limonade fraîche sans quelle se réchauffe? » Oui alors quoi, il va partir non??? « C’est la même chose… Il faut juste exagérer le ‘frais’ pour qu’il devienne ‘froid’ et sans me geler la main. » Autant en prendre son parti, il ne partira pas… « Tu te souviens de ce que je t’ai dit dans la chambre de la reine? À propos de la magie ambiante qu’on attire à soi pour la modeler selon notre volonté? » Elle avait déjà puisé dans ses réserves pour Lucrèce. « Et bien il n’y a pas de magie ambiante sur ce bateau… L’océan est un désert avec quelques oasis très rares… » Elle chasse la main de César pour la remplacer par celle de son apprentie. « Alors dans nos réserves… Les miennes parce que Lufotu ne me laissera pas prendre en toi… »

Muelle recouvrit la main de zoile de la sienne et ferma ses yeux d’or. « Je vais te passer de ma magie… Ça va picoter… Laisse toi faire… Laisse la magie te traverser… Concentre toi, ressent la fraîcheur du sel et dirige mon pouvoir vers elle, imagine-toi qu’elle augmente et elle va augmenter… Ensuite tu n’auras qu’à la maintenir… »

Sujet: Re: Sur les côtes d'Orfédie [Haize, Muelle, Seiz] Mer 3 Mar 2010 - 2:32

Le soigneur ne se fit pas prier longtemps. Même pas du tout. Il se mit aussitôt en action. Elle n'avait pourtant pas dit grand chose. Mais ça avait eu l'air suffisant. Maintenant, elle suivait le soigneur à la trace, observant chacun de ses déplacement. De l'eau, du sel et des éclisses. Ouais, il avait tout ça.

Elle reçoit le sac de sel et elle ne bronche pas. Il vient soigner Muelle, c'est la moindre des choses de transporter quelque chose elle aussi. Et puis quoi, Zoile a été bien élevée.

- Elle est où ?
- En bas, dit-elle, criante de vérité, parce que c'était effectivement le cas.

Muelle était dans le petit coin en bas dans la cale que les pirates avaient désertés. Un pirate était un pirate, peu importe le genre et la race. Mais Muelle n'était pas une pirate... et en plus c'était une femme ! De quoi éviter ce coin de cale. Heureusement, elles ne s'étaient pas installées dans un coin trop fréquenté.

- Au fait, comment tu t'appelles ?

Elle eut une brève hésitation. Muelle lui avait bien spécifier de ne pas trop en dire... mais son prénom, ça devait aller. Muelle avait bien dit le sien. Alors elle donna le sien.

- Mon nom à moi, c'est Zoile.

Et chargé du sac de sel, ils descendirent à la cale et ils trouvèrent Muelle dans le coin où Zoile l'avait laissé.

- De l’eau douce, du sel et des éclisses fines… Je ne crois pas avoir mentionné le soigneur…

Zoile reste interdite quelques secondes. Oui, bon, c'est vrai qu'elle l'avait pas dit... mais elle l'avait pas interdit non plus.

- T'avais pas précisé qu'il devait pas venir...
- Discrètement… dans le sens de n’alerter personne…
- Persssonne ne m'a vu desccccendre.

Ravie, elle adresse à Seizaar un sourire resplendissant. Les enfants sont souvent content quand on prend leur défense. Pas que Muelle soit tyrannique, mais...

- Métacarpe du majeur et de l’annulaire.

Et Seizaar se mit au travail, sous le regard inquisiteur de l'apprentie sorcière. Apprendre à soigner les doigts brisés, c'est pas une mauvaise idée. elle ne connaissait pas Muelle depuis longtemps et ça faisait deux fois qu'elle avait besoin de soin. Alors mieux valait tout apprendre pour la soigner. Étrangement, elle eut la certitude d'être capable de déterminer la forme de la cicatrice sur l'os une fois soigné. Bizarre, pourquoi elle aurait besoin de savoir reconnaitre ce genre de blessure sur les os ?

- Çcca par contre, j'peux pas l'faire.

Elle relève les yeux, les sourcils froncés. Comment ça pas capable ? De quoi il parle, hein ?

- Zoile?

Zoile, en bonne apprentie, devint parfaitement attentive à Muelle. Les yeux grands ouvert, elle écoute attentivement ce que son mentor raconte. Elle obéit au doigt et à l'oeil. Elle hoche la tête à quelques reprises, pour marquer sa compréhension. Mais ce que Muelle dit est plus facile à dire qu'à faire. Quoiqu'elle a l'impression qu'elle l'a déjà fait. Pas pareil, mais semblable.

Sa main sur celle de Muelle, elle se concentre tout d'abord à tenter de ressentir ce que Muelle lui passe. Elle ne sent rien durant quelques secondes, puis elle a l,impression d'avoir la chaire de poule. Mais pas de froid. D'autre chose.

- Oh...

Son regard devient très rond, très grand et très noir. Elle le sent. Maintenant, elle se concentre à penser à du froid... mais pas trop. Comme un frisson de pluie. Oui, ça lui semble bon, ça un frisson de pluie.

Sujet: Re: Sur les côtes d'Orfédie [Haize, Muelle, Seiz] Mer 3 Mar 2010 - 2:55

Frais! Frais mais pas froid… Faudra définitivement enseigner les nuances à cette gamine… « Va falloir faire mieux que ça… » fit la voix rauque de la sorcière. « Souviens-toi du froid dans les jardins du château, de la neige… Pense à ce froid là… » l’encourage-t-elle sans réaliser quelle vient de mentionner le château devant un témoin. Un témoin qui a pu observer les taches sur ses doigts.

Muelle lui refilait de sa magie… Ses réserves… Une pratique courante de maître à apprentie… La sorcière aurait de toute manière toujours plus d’aisance à recouvrer du pouvoir. Sauf que Zoile, à ses débuts, gaspille énormément, éclaboussant partout, la magie ruisselant entre ses doigts.

Le feu ardent des pupilles de la métisse est progressivement voilé par ses paupières… De plus en plus affaiblie, la belle s’endort alors que les premiers signes de la tempête berce le vaisseau. La source que manipule Zoile se tarit.

Il s'était assit sur le rebord du lit, jusqu'à ce que Lucrèce soit bien installée. Puis il avait attendu. Un long moment. De l'autre côté des cloisons de bois, la tempête faisait rage. La tête, d'Haize, comme une boussole, sentait qu'ils changeait de cap. Mais c'était difficile de contrôler un navire et il était convaincu que Teoh'Dor faisait de son mieux. Il n'était même pas certain que lui même y arriverait. Enfin, si, il y arriverait. C'est pour cette raison qu'il avait été nommé Amiral. Mais maintenant, il ne l'était plus. Pourtant, son équipage était revenu le chercher. De force certes et ils y étaient parvenu à cause de cette maudite sorcière

Dehors, il entend le vent, le navire qui grince, les voiles qui claquent et les ordres qui sont donnés. Ça barde ne haut en déduit-il. D'un autre côté, c'était pas difficile à deviner, ils était au minimum de l'équipage pour contenir une tempête. Et lui il était là à tenir compagnie à une noble qui ne dormirait pas de toute façon. Bon, d'accord, il n'avait pas choisit d'être ici... enfin, pas en ce moment... mais il était là. Il jette un coup d'oeil à la princesse qui ne dort pas, mais qui s'efforce de faire semblant. Il émet un reniflement de pur mépris.

Sa place n'est pas ici. Elle est sur le pont avec ses hommes. Enfin, pas ses hommes, maintenant, mais avec... avec les autres pirates. Et puis, ça l'air d'une superbe tempête. Un frisson d'excitation lui parcourt l'échine. Oh bon sang... oui, il se doit d'être sur le pont. Tranquillement, pour ne pas réveiller la poupée qui ne dort pas, il se lève, repasse dans la cabine du capitaine et va enfiler ses bottes. Puis sort sur le pont.

Ce fut une admirable tempête. Rien d'incroyable, mais à si peu d'équipage et sans aucun mort, au matin, c'est admirable. Maintenant que la mer est calme, il faut tout remettre en ordre et réparer les dégâts. Et parce que Haize et Belair ont toujours travaillé ensemble, avec Prewett, c'est presque naturellement qu'il recalcule avec eux la position du navire. Ouais bon, ils ont rebroussé un brin leur chemin. Vraiment une mauvaise tempête finalement. Et avec si peu d'équipage ? Un exploit !

- TEOH !! TU ME REBROUSSES LE CHEMIN ! DEMI-TO...
- Navire drette là !
- Han ?
- N'avant !

Puis ils entendirent une hurlement strident. Haize et Belair accoururent et retrouvèrent Lucrèce devant un pirate ahuri.

- YS'PASSE QUOI ?!
- Bah j'sais pas, a m'a vu pis elle a hurlé.
- Y A PERSONNE QUI HURLE PLUS FORT QUE MOI !
- Laissez moi partir, Haize. Je vous promets alors que mon époux ne vous poursuivra pas alors...
- N'IMPORTE QUOI ! ILS VEULENT JUSTE QU'ON AVANCE SUR EUX POUR NOUS ATTAQUER !!
- Il a raison, mais si on poursuit notre route et qu'on leur fonce dessus, on aurait le dessus, prédit Haize en grimpant sur le bastingage pour mieux voir l'autre navire qui approche.
- ...
- Euh...
- QUOI ?! T'ES MALADE !
- Bah non... ben regarde, oui il sont plus nombreux, mais on a déjà fait bien plus risqué. On a déjà fait du 8 contre un tu te rappelle ?
- Oui, me Je beuglais les ordres, je ne les donnais pas. TEOH ! QU'EST-CE QUE TU FOUS !
- Mais j'te dis que c'est super facile ! Il est moins haut ! Et ce sont tous des côtiers. On les bouffe en 10 minutes.
- Ouais, mais t'es pas le capitaine. TEOH !!

Et le Fossoyeur amorça un demi tour risqué. Il avait le temps. C'était risqué, mais il avait le temps. Tandis que le Fossoyeur décrivait un large cercle pour tourner, le capitaine du Fossoyeur et l'ex-capitaine du Fossoyeur se criait dessus. Nous vous épargneront les détails, mais le terme de lâche et de prétentieux venant du premier et les termes peureux et grande gueule venant du deuxième furent souvent répété.

Muelle prenait l’air… Penchée sur le bastingage… D’un bras, elle se retenait à la lisse, de l’autre, elle retenait ses longs cheveux pour ne pas se vomir dessus. Zoile lui tapotait le dos d’une façon qui se voulait réconfortante… Muelle lui aurais volontiers arraché les 2 bras pour avoir souligné sa faiblesse en publique en lui démontrant de la compassion mais elle n’en avait pas l’énergie…, Son teint caramel avait une couleur de melon pas mur… Elle était verte-verte-verte… Le mal de mer… Virulent…

« J’vais mourir… » chuchota-t-elle d’une petite voix… « J’vais mourir et ils s’en fichent… » Elle eut un autre haut le cœur… « Si seulement ce damné bateau pouvait arrêter de bouger… Mais non, on va faire demi-tour, et ensuite on va refaire demi-tour… » grinça-t-elle avec une rancœur presque palpable… « Et pourquoi on ne leur tournerait pas autour juste pour s’amuser?? »

Elle se retourna soudainement et d’une démarche chaloupée, ivre de nausée, elle vint rejoindre le trio composé de Belair, Ekaitz et Lucrèce…

« Toi. » fit-elle en pausant sèchement sa main sur sa poitrine pour l’écarter d’un pas. « T’es plus capitaine… Alors ta gueule… » Elle passa ensuite familièrement un bras autour des épaules de Belair, guida Lucrèce par la taille devant elle, et les força à admirer l’océan et l’autre navire. « Permettez-moi de vous résumer la situation… Ce bateau va vous attaquer d’un moment à l’autre parce que vous détenez un otage qu’il veut récupérer… Vous n’êtes pas vraiment en position de vous battre… Vous êtes sévèrement désorganisé… » poursuivit-elle en désignant d’un coup de menton par-dessus son épaule ‘l’autre capitaine’, « Et en ce qui me concerne, je crois que j’ai vraiment mal au cœur… Alors réglons ça au plus simple… »

Pragmatique… Jusqu’à l’écœurement… Négligemment, Muelle balança Lucrèce à la mer d’une bonne poussée dans le dos et une gerbe d'éclaboussure.

PLOUF!

« Maintenant, tirons-nous… » fit-elle avec une économie de mot amusante… « Ils vont mettre une éternité à la récupérer… » Elle posa la main sur l’épaule d’Ekaitz en repassant près de lui… « Je veux que tu saches qu’en d’autres circonstance, j’aurais pu être de ton côté… »

La tempête s'était calmée... Et Seïzaar avait squatté près du hamac de Muelle pendant longtemps... Vérifiant régulièrement son état. Elle n'allait pas bien... Et c'est pourquoi quand elle s'éveilla et qu'elle monta sur le pont, il l'avait accompagnée. Elle et sa petite élève. Restant près du bastingage à la regarder vomir, il hocha la tête... Quelle idée aussi de s'embarquer sur un navire pirate alors qu'on est malade en mer ? Parce que c'est c'que c'était... Le mal de mer. Elle était toute verte, faible et nauséeuse... Idée de con. Définitivement. Mais il ne pouvait pas non plus s'empêcher de se dire qu'il ne l'aurait probablement jamais rencontrée si elle n'avait pas eu cette idée d'débile... Ce qui résultat donc qu'il lui pardonna d'être montée a bord malgré tout... et ce, sans même qu'elle sache qu'il lui en avait un jour voulu...

Décidément, Seïzaar s'écrivait un véritable roman dans sa tête... Il vivait une relation mentale avec elle sans son consentement alors qu'il ne la connaissait que depuis quelques heures... Alors que les "Capitaines" hurlaient sur Teoh'dor qui ne savait plus quoi foutre de sa peau et qui était sur le point de se mettre à hurler lui aussi, le Soigneur qui se penchait pour tenir les cheveux de Muelle recula soudainement alors qu'elle se redressait puis qu'elle se retourna... Pour faire la morale aux deux autres. Sepiida et Belair se turent et la belle prit la parole...

- Toi. T’es plus capitaine… Alors ta gueule…

Ça avait le mérite d'être honnête... Bien que personne sur ce bateau n'avait l'air de saisir que c'était bel et bien Belair qui commandait et pas Sepiida... Puisque tout le monde agissait comme s'ils l'étaient tous les deux...

- Permettez-moi de vous résumer la situation… Ce bateau va vous attaquer d’un moment à l’autre parce que vous détenez un otage qu’il veut récupérer… Vous n’êtes pas vraiment en position de vous battre… Vous êtes sévèrement désorganisé…
- On est pas désorganisés ! On est à équipage réduit ! Nuance !

Fit le demi-drow depuis la barre alors qu'il la faisait tourner pour diriger le navire dans le sens inverse...

- Et en ce qui me concerne, je crois que j’ai vraiment mal au cœur… Alors réglons ça au plus simple…

...Et la ravissante Princesse fut balancée à la flotte sans plus de cérémonies...

...

- Euh...
- Et ben.

Fit Ostrea, appuyée au mât depuis peu, étant rentrée se protéger du vent et de la pluie dans la cale... C'est pas bien bon pour les sorcières de feu, la pluie battante comme ça...

- Maintenant, tirons-nous…
- Quoi...? Comme ça ?

Demanda Teoh'dor en détachant son regard de la masse qui remontait à la surface, alors qu'ils s'en éloignaient doucement... Ils n'avaient pas cessé le mouvement pour la balancer à la mer après tout... Lucrèce dans la flotte resta donc là alors que le navire continuait sa route.

- Ils vont mettre une éternité à la récupérer…
- Ben c'est sûr que s'ils savent pas qu'elle est là, ils risquent d'mettre un moment, oui.

Reprit désagréablement le demi-drow... Bien qu'il devait admettre qu'il en avait plus que rien à foutre de la Poupée qui prenait un bain salé obligé dans l'océan...

- Rissquent de mettre un moment à comprendre que sssi on l'a plus çsa ssert à rien d'nous attaquer aussi.

Fit ensuite Seïzaar... Mais Teoh'dor continua malgré tout la manoeuvre de demi-tour... Parce que Belair l'avait ordonné... Et c'était quand même un ordre du Capitaine... C'était pas Sepiida qui commandait mais il aurait bien foncé dans le tas lui aussi... Puis le Soigneur s'approcha de Muelle...

- Et ssi vous restiez près du bastingage hein ? Au lieu d'vomir partout sur le pont et d'nuir à l'équipage ?

Demanda t-il candidement.

Sur le Sirfon, le branle bas de combat battait son plein. Les basses voiles carguées, les servants accroupis à côté des balistes, les archers le long des bastingages, le navire s’apprêtait au combat. Des mousses couraient un peu partout pour épandre du sable sur le pont afin qu’il ne risque pas de glisser lorsque le sang se mettrait à couler.

Sur la dunette, Harnyll observait le Fossoyeur qui suivait une route convergente à la leur. Bien que n’étant pas un marin, il estimait que l’abordage n’était plus qu’une question de minutes. Désormais la distance rapetissant permettait de commencer à voir des détails à bord du pirate. En tout cas, ça bougeait dans tout les sens et, en tendant l’oreille, le baron pouvait vaguement entendre des cris. Apparemment une explication franche avait lieu à bord. Enfin franche… bruyante constituerait un terme plus adapté.

Soudainement, la silhouette du Fossoyeur s’allongea. Qu’est ce que… ? Un marin sur le gaillard d’avant compris ce qui se passait avant son seigneur.

Capitaine ! Ils tournent !

Krengar de Hautetour s’approcha du baron, un sourire cruel aux lèvres.

Les imbéciles, le temps qu’ils prennent leurs nouvelles amures, nous les aurons rattrapés. Timonier, maintiens la barre droit sur ces rats.

Barre dessus capitaine.

Tout en vérifiant que son épée glissait correctement dans son fourreau, le capitaine marmonna :

Décidément, je ne comprends pas la stratégie ces pirates. Par vent arrière ils sont plus rapides que nous mais ils n’auront jamais le temps de finir leur demi-tour avant que nous les ayons rattrapés.

Et en effet la distance diminuait rapidement, les voiles du navire pirate claquant à contre vent tandis qu’il virait lof pour lof. Continuant sur sa trajectoire, le Sirfon lui courait sus. Quittant le gaillard d’arrière, Harnyll parcourut du regard ses hommes qui se préparaient au combat. Un vieux marin, accroché à une basse vergue, observait attentivement l’océan et soudain il tendit le bras et demanda :

Monseigneur, dans l’eau, là bas, regardez.

Plissant les yeux, Harnyll vit dans le sillage du navire pirate une forme qui se débattait. Ces cheveux blonds…. Ça ne pouvait être que…

Lucrèce !

Se ruant sur la passerelle, Harnyll montra du doigt la direction à suivre et hurla d'une voix presque hystérique :

Laissez filer le Fossoyeur ! Récupérez ma femme !

Tribord toute ! Du monde dans les hauts, carguez les voiles ! Parez à armer le canot !

Au loin, le Fossoyeur s’était mis au grand largue dans l’axe du vent et ses voiles se gonflait déjà tandis qu’il prenait de la vitesse. Le navire pirate allait pouvoir donner la pleine mesure de ses capacités manœuvrières et Harnyll savait que le Sirfon ne pourrait désormais plus le rattraper. Abandonnant la poursuite, le lourd navire de guerre s’approcha rapidement de la jeune femme.

Installée à l'avant du navire, la mercenaire observait la distance entre les deux navires se réduire au fur et à mesure. Sur le pont du côtier l'agitation régnait toujours alors que l'équipage et les soldats se préparaient à un abordage en règle. Pour le moment le Fossoyeur se laissait rattraper, peut être se préparait il aussi pour un affrontement. La différence de taille et de mature entre les deux navires était flagrante mais le fait qu'ils soient parvenus à rattraper le pirate était une bonne chose, maintenant il fallait en finir pour délivrer Lucrèce.
La mercenaire dégaina ses armes alors que le navire du Baron amorçait la dernière phase d'approche. Autour d'elle les autres soldats étaient prêts malgré le fait qu'ils avaient été malades toute la nuit, ce n'était pas le moment de flancher.
Durant l'approche, la Nisétienne observa le Fossoyeur et l'agitation qui régnait à son bord. Dès l'abordage elle avait prévue de se frayer un chemin vers la plage arrière, à où devait se trouver logiquement Lucrèce et ce n'était pas quelques pirates qui allaient l'arrêter. Maintenant elle savait à quoi s'attendre, elle allait combattre pour libérer et non protéger. Il ne fallait plus repousser l'ennemi mais se frayer un passage dans son sang, à ce jeu seuls les plus talentueux y arriveront dans la fureur d'un abordage.

Mais, alors que la manoeuvre d'approche se concrétisait, un marin signala un point sur l'océan. Tournant la tête, chacun pu voir une silhouette se débattre dans les flots non loin du navire. La chevelure blonde de la personne dans l'eau confirma à tous son identité, il s'agissait de Lucrèce. Le navire, virant de bord, s'approcha de la silhouette et chacun pu confirmer qu'il s'agissait bien de la Vicomtesse qui avait été passée par dessus bord. Dès à présent le navire pirate profitait du répit pour hisser ses voiles et prendre la fuite, l'équipage avait préféré se débarrasser de son otage plutôt que de risquer un combat.
Sur le navire du Baron, une nouvelle effervescence gagna le pont et l'équipage s'affairait à mettre une chaloupe à la mer. Mais l'opération semblait terriblement longue. La mercenaire observait Lucrèce tentant de rester en surface, savait elle nager ? était une noble de bonne famille elle n'avait pas du apprendre ce genre de chose. Et le temps que la chaloupe ne la rejoigne il risquait d'être trop tard.

Arnhild n'attendit pas que l'équipage ait terminé de mettre la chaloupe à la mer. Se délestant rapidement de ses armes et de ses protections ainsi que des vêtements qui pourraient la gêner, elle couru sur le pont et sauta par dessus le bastingage.
Plongeant dans l'océan, la mercenaire se mit à nager vers Lucrèce qui commençait à fatiguer. La Nisétienne était une bonne nageuse mais il allait falloir quelques instants avant qu'elle n'atteigne Lucrèce et ne la prenne dans ses bras pour l'empêcher de couler.

Un cri strident dans le semi silence qui régnait sur les ondes nautiques, ce cri était mien. Haize et un autre pirate apparurent alors qu'un autre pirate se tenait près de moi. Un cri qui se voulu plus fort que le mien arriva en même temps que les deux pirates. Ce dernier hurlait que personne ne devait hurler plus fort que lui. Ses vociferements me firent peur et je ne dis mot, les larmes montrant ma peur de cet homme. L'homme continua à hurler quand je demandai à Sepiida de me libérer mais ce dernier ne semblait pas être d'accord avec ce fait.
Les deux hommes continuèrent leur discution sur la manoeuvre à suivre alors que le Sirfon s'approchait de plus en plus. Un dialogue... Oui mais un dialogue de sourd car sans cesse cet homme hurlait et refusait en bloc les propositions de l'ex capitaine, il lui rappela même ce détail.
La manoeuvre s'amorçait doucement. On faisait demi tour. Non! Il était si près que déjà je revoyais l'éloignement se prolonger. A croire que le destin se refusait à ce que je revienne au près de mon époux. Cette femme, celle qui m'avait soignée, Muelle s'approcha alors de nous dans une démarche qui laissait penser à un ivrogne.
Répétant une énième fois que Haize n'était pas le capitaine, en l'écartant de son chemin, elle posa son bras sur les épaules de Belair et m'attrapa par la taille. Un petit cri de surprise de faufila entre mes lèvres quand elle m'attira de la sorte à elle. Nous avançâmes de la sorte tous les trois alors que Muelle nous expliquait sa vision de la chose.
Elle était plutôt réaliste car elle voyait bien que les pirates étaient sous nombres face au navire de mon époux qui avait pour seul but de me récupérer quitte à livrer combat. Elle fit mention de ses nausées et de sa solution. Solution que je n'eus pas le temps d'entendre car elle me poussa par dessus bord avant de vomir.

AAAaaaaahhhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!

Un long cri qui se fit entendre tout le long de ma chute. Puis un bruit sourd, un PLOUF. La navire pirate continuait sa route en laissant son fardeau dans l'eau. Je ne savais pas nager. Je n'allais jamais plus loin que là où j'avais pieds quand je me baignais. Qu'allais je faire? Mourir noyée? Il y a avait de fortes chances.
Je me débattais à la surface de l'eau alors que les vagues passaient par dessus ma tête pour me plonger dans l'eau et me faire boire la tasse. J'essayais de crier d'appeler de l'aide mais je n'y arrivais pas. A chaque fois que j'ouvrais la bouche pour crier ma détresse, l'eau saline s'infiltrait dans mes poumons.
Petit à petit je commençais à suffoquer, je luttais pour garder la tête hors de l'eau mais la fatigue musculaire se faisait de plus en plus pesante au fur et à mesure que les flots me plongeaient dans leur univers. Je n'avais pas vu qu'une personne s'était je tée à l'eau pour me secourir bien trop occupée à lutter pour ma survie. La distance avec le Sirfon était encore importante à mes yeux.
Lentement, mes paupières se fermèrent. La force m'avait quittée et je sombrais dans les abysses maritimes du monde de Tari. Je coulais, attirée par les fonds. La surface se trouvait à un peu moins de deux mètres au dessus de ma tête quand cette vague m'avait entrainée.
J'allais mourir, cela ne laissait plus aucun doute alors que mon esprit se fermait. Je sentis quelque chose m'attraper par le bras pour me remonter vers la vie. Etait ce Néera qui me venait en secours? Non c'était Arnhild mais je l'ignorais car mes yeux étaient toujours fermés et que ma respiration des plus faibles laissait envisager qu'une minutes de plus, il n'y aurait eu plus rien à faire pour me sauver.
Comme je n'étais plus vêtue de ma robe mais d'une simple chemise d'homme, il n'y avait pas de difficultés outre les ondes marines pour Arnhild ne me remonter à la surface et de m'y garder. Une robe aurait été un piège maléfique qui m'aurait fait couler bien plus tôt car le tissu mouillé collant sur les jambes m'aurait empêché de les battre et par conséquence de lutter un maximum pour garder la tête hors de l'eau.

On ne se méfie jamais assez des sorcières...

« Ben oui, comme ça! » fit-elle avec mauvais humeur au (…) c’est quoi ça au fait, un demi-drow? « Pourquoi ça aurait besoin d’être compliqué? Allons, ne restons pas là ou ils risquent de vouloir se venger de l’enlèvement ET du sauvetage… »

La sorcière alla s’affaler au pied du grand mat… L’axe du navire était forcément l’endroit qui bougeait le moins… « Franchement, vous quitteriez des yeux le pont d’un bateau que vous vous apprêter à aborder vous? » critiqua-t-elle… « Mais quel genre de pirate êtes-vous? » C’est une évidence quoi… Un chasseur ne quitte pas la proie des yeux… S’agit de bataille et de meurtre quoi… Le seul risque subsistant est que le noble époux accorde plus d’importance à laver son honneur qu’à la dame… Ça s’est vu… Oui oui…

« Tenez… ils affalent de la voile… » nota-t-elle d’un ton incroyablement satisfait… Avoir raison lui rendait un peu de ses couleurs… Si elle avait douté un instant de sa stratégie, il n’en paraissait rien… Dire que cette sorcière était orgueilleuse était un doux euphémisme… Autant comparer la planète Jupiter à un canard. « Et je nuis à qui là, hormis à Sepiida? Il ne fait même pas partie de l’équipage! » Avoir jeté Lucrèce à l’eau semblait lui rendre sa bonne humeur en même temps que son assurance… « Allez, poussez-vous de là, vous me gâchez le spectacle… » termina-t-elle sèchement en désignant, déjà loin sur l’horizon, le sauvetage de Lucrèce…

On ne se méfie jamais assez des sorcières… Et celle-ci est bénéfique...

Arnhild nageait à toute vitesse vers le point jaune que représentait la chevelure de Lucrèce. Alors qu'elle s'approchait, elle voyait bien que la jeune femme était à bout et menaçait de couler à tout instant. Lucrèce avait du endurer bien des tourments sur ce bateau pirate, elle qui faisait une peur chronique des violences autour d'elle. Le simple fait que la Nisétienne se soit battue à quelques mètres d'elle l'avait plongée dans une crise de panique sans pareille, on ne pouvait imaginer ce qui lui était arrivée après avoir été enlevée.
Elle espérait arriver à temps, déjà la Baronne s'enfonçait dans l'eau. Arnhild accéléra la cadence, ne prenant aucune attention en arrière pour voir où en était la mise à la mer de la chaloupe. Intérieurement, elle adressa une rapide prière au Dieu-dragon Jörmungand, le Seigneur des Mers, pour qu'il empêche Lucrèce de couler et qu'elle-même arrive à temps.

La mercenaire atteignit Lucrèce au moment où cette dernière venait de disparaître sous les flots. Ne perdant pas de temps, Arnhild plongea à sa suite et parvint à la rattraper quelques mètres sous la surface. L'attrapant par le col de la chemise, la mercenaire remonta le plus vite possible malgré le poids mort d'une Lucrèce inconsciente. Le temps paru horriblement long mais le soulagement gagna les esprits lorsque Arnhild ré-apparue à la surface, tenant fermement Lucrèce dans ses bras. La Vicomtesse ne porta pas sa robe habituelle, les pirates avaient dus la changer sur le navire. Cela avait grandement aidé le sauvetage car la robe, en se gorgeant d'eau, aurait alourdi Lucrèce de manière significative et Arnhild aurait eu de grandes difficultés à la remonter, sauf en déchirant la robe mais cela aurait pris quelques secondes de plus alors que le temps pressait.

Empêchant Lucrèce de se retrouver à nouveau la tête sous l'eau et s'assurant qu'elle respire, Arnhild attendit l'arrivée de la chaloupe qui les rejoindrait sous peu. Lucrèce était sauvée des eaux mais elle ne serait saine et sauve qu'une fois ramenée sur le navire.

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