Sur les côtes d'Orfédie [Haize, Muelle, Seiz]

J'étais un poids mort, inconsciente de ce qui m'entourait. Ma respiration était lente et les battements de mon coeur se faisait de plus en plus lents. Le canot contenant quatre marins du Sirfon venait enfin à notre rencontre. Durant ce laps de temps, il avait fallu à <arnhild beaucoup de force pour nous maintenir toutes deux à la surface. Une main m'agrippa par dessous les aisselles. Je me retrouvai alors dans le canot. Vint au tour d'Arnhild de monter à bord.
Les marins ramaient en direction du Sirfon où le baron, mon époux, nous attendait avec la plus grande des impatience. Je demeurai toujours dans cet état d'inconscience. Une fois remontée sur le pont du navire et la tension redescendue d'un cran, on put se rendre compte de ma tenue. Je ne portais plus ma robe de la veille mais une chemise d'homme entrouverte et tellement mouillée qu'elle collait à mes formes dans cette semi transparence.
Je n'avais toujours pas rouvert les yeux et mon souffle était toujours lent. Il me faudrait du repos et surtout être au chaud et me réchauffer pour que ma santé s'améliore. Pour le moment, j'étais dans cet état mi vie mi mort qui pouvait basculer de l'un à l'autre en un rien de temps.
On me conduisit dans l'une des cabines en me portant. Une fois dans l'intimité de cette pièce, on me dévêtit pour me sécher et me vêtir d'une chemise propre. On me coucha dans le lit et on me couvrit d'une couverture épaisse malgré la douce température ambiante pour que je ne prenne pas froid.
Il était temps de regagner la côte. Le navire avait abandonné l'idée de poursuivre le bateau pirate. Nous étions donc entrain de voguer vers Ysari, notre belle patrie. Au bout de deux bonnes heures sur les flots, on put entendre un fin gémissement provenir de mes lèvres et ma tête bouger un peu avant que mes paupières ne cherchent à s'ouvrir. Petit à petit, je reprenais conscience du monde qui m'entourai.

Du pont du Sirfon , Harnyll suivait la lutte désespérée de Lucrèce pour rester à la surface tout en hurlant à l’armement du canot de se dépêcher. Un bruissement de tissu à côté de lui le tira de ses pensées et il vit Arnhild sauter à l’eau et nager à vive allure vers sa femme. La mercenaire Nisétienne réussit à atteindre la baronne au moment même où celle-ci s’enfonçait pour un voyage sans retour vers les abysses. La chaloupe les rejoignit et les deux femmes furent hissées à bord.

Le trajet du retour parut interminable au baron qui voyait le corps inanimé de son épouse reposer dans les bras d’Arnhild. Une fois à bord, Lucrèce fut emmenée dans la grande cabine de poupe où son mari, aidé de la mercenaire et du médecin du bord, la déshabilla, la vêtit de propre et la mit au lit. Voyant l’air inquiet d’Hanryll, le médecin le rassura quand à l’état de santé de la frêle jeune femme endormie:

Elle a besoin de repos monseigneur, mais ses jours ne sont plus en danger.

Ayant demandé à ce qu’on le laisse seul, Harnyll s’assit sur une chaise aux côtés du lit. Le soleil qui fasisait son apparition vint éclairer la chambre, ses rayons s’allongeant au fur et à mesure que le Sirfon virait, mettant le cap sur le port d’Orfédie. Plusieurs heures passèrent en silence jusqu’à ce que les yeux de la baronne s’entrouvrent et qu’elle laissa entendre un fin gémissement. Lentement, elle revint à elle, en sécurité et auprès de ceux qui l’aimaient, après avoir frôlé un sort bien pire que la mort.

La première fut que pu voir Lucrèce en revenant à elle fut le visage souriant de son époux qui lui dit d’une voix douce :

Nous rentrons chez nous ma chérie.

HJ : Oui, oui, finit pour les nobles, mais nous on est encore dans le coin.

Le visage de Belair s'éclaira en un sourire ravi. En voilà une qui ne niaisait pas avec tout ça. Non seulement elle les débarrassait d'une noble qui risquait au final de seulement leur faire perdre du temps, mais en plus, c'était magnifique la manière dont elle arrivait à la faire boucler à ce petit con de Sepiida.

- ALORS, VOUS AVEC COMPRIS ! FAITES-CE QU'ELLE DIT ! tonne le capitaine, en reprenant contenance. ET ELLE VOUS A DIT DE LIBÉRER SON CHAMPS DE VISION !

Belair appréciait plus ou moins son assurance, mais il appréciait certes la patience qu'elle faisait perdre à Sepiida. Oui, elle lui nuisait, mais la sorcière ne savait pas à quel point elle le servait en même temps.

- SEPIIDA, POUSSE-TOI, TU LUI BLOQUE LE SPECTACLE !
- Mais on vire, elle a qu'à se bouger !
- C'EST PAS À TOI DE DÉCIDER ÇA ! ELLE L'A DIT, T'ES MÊME PAS DE L'ÉQUIPAGE. ELLE S'EST NOTRE INVITÉE ET TECHNIQUEMENT, T'ES NOTRE PRISONNIER PARCE QU'ON EST ALLÉs TE CHERCHER DANS LE GROS CHÂTEAU DE NOBLES ! ACCESSOIREMENT, T'ES UN TRAÎTRE À LA MARINE MARCHANDE !
- J'pas un traître ! proteste Sepiida.
- SI T'AS PAS LES FERS, le coupe Belair, C'EST QUE MADAME INGRID A DÉTERMINÉ QUE ÇA NE SERAIT PAS NÉCESSAIRE, MAIS SI FAUT QUE J'LE FASSE, J'LE FERAI. Belair adorait hurler. Et il adorait faire perdre patience aux gens. TEOH ! TU NOUS SORS D'ICI AUJOURD'HUI OU DEMAIN ?

Le demi-drow-nain avait pourtant effectué le 3-4 de la manœuvre, il ne restait plus qu'à prendre le cap de Meca, mais Belair savait très bien jouer sur les nerfs pourtant assez souple de Sepiida.

- Mais il le fait, laisse-lui le temps de terminer ! C'est déjà impressionnant le peut de distance qu'il a du faire pour le virer loft pour loft !

Belair était un bon pirate et il était de mèche avec Madame Ingrid. Belair savait ce qu'il devait faire et il le faisait à merveille, combiné à la capacité impitoyable de la sorcière. Belair adorait son rôle. Pour la première fois depuis qu'il était le capitaine, il semblait prendre son rôle avec acharnement.

- T'ES PAS LE CAPITAINE ! C'EST MOI LE SEUL JUGE DES CAPACITÉS DE MON ÉQUIPAGE ! SI T'ES TROP TOLÉRANT, T'AVAIS QU'À PAS NOUS TRAHIR ET T'AURAIS ENCORE LE FOSSOYEUR !
- J'pas un traitre !
- CAP SUR MECA !

Et la querelle dura longtemps. Chacun ne voulant céder le dernier mots, ils se réplique l,un et l'autre, Sepiida défendant les capacités de l'Équipage, Belair les traitant d'imbéciles et d'incompétents. Qui l'aurait cru en fait. Belair, depuis qu'il était capitaine, comptait tellement sur l'équipage. Oh, il beuglait des ordres, mais quand on demandait des précisions, il répondait invariablement de faire comme d'habitude.

Bref, ils se piquèrent, jusqu'à ce qu'ils en viennent aux coups. Personne n'intervient. Personne n'oserait s'interposer entre Haize Sepiida et un adversaire. Surtout pas quand l'adversaire est Belair. Un excellent pirate.

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