Un avenir pour Sainte Berthilde ? [PV: Trystan de Diantra] [Terminé]

Le crépuscule était tombé depuis bien un moment lorsqu’un homme richement vêtu atteignit le pont-levis majestueux du château de Diantra que des torches éclairaient. Il pénétra dans la cour d’honneur où il salua les gardes en faction, avant d’entrer dans la gigantesque demeure de pierre du roi. La châtellenie de Saint Aimé faisait bien pâle figure à côté, mais elle avait un charme tout autre, celui de la tranquillité, c’était un lieu où le repos trouvait refuge et où il faisait bon vivre. Les gardes l’avaient laissés passer sans aucune hésitation, car ils étaient au courant qu’un noble mineur avait été convoqué par le roi pour un entretien en privé après le tournoi.
Le chevalier était souriant, car il avait passé une après-midi des plus plaisantes dont il en gardait un souvenir matériel dans une de ses poches.
Un serviteur vit que Godfroy était arrivé et vint à sa rencontre.

« Bonsoir, monseigneur, vous êtes Sir Godfroy de Saint Aimé, chevalier de la Châtellenie de Saint Aimé ?
- Oui, lui-même, le roi m’a fait mander cette après-midi.
- Veuillez m’excuser, je vais immédiatement le prévenir que vous êtes arrivés.
- Merci, c’est très aimable de votre part. »

Le serviteur partit pendant de longues minutes. Il faut croire que le chemin était long. Quand il revint, il hocha de la tête et lui fit signe de le suivre.

« Veuillez me suivre monseigneur, le roi vous attend dans sa salle d’audience.
- Vous m’en voyez flatté. »

Godfroy était exagérément polie, mais il trouvait qu’il était normal de prononcer toutes ces politesses. Il gravit des marches, suivit des couloirs et termina son chemin face à une porte magnifiquement ouvragée à laquelle toqua le serviteur dont les habits étaient d’ailleurs plus que convenables.

« Votre Majesté, puis-je faire entrer Sir Godfroy de Saint Aimé ? »

Il y eu une parole derrière la porte. Cela suffit au serviteur qui ouvrit le battant et laissa le seigneur seul face au roi, du moins en privé, mais deux gardes étaient postés en faction dans le couloir à côté de la porte et avaient salué le noble chevalier avant qu’il n’entra.
La porte se referma derrière lui et il fit une révérence lente et solide.

« Je vous demande pardon pour mon retard, j'ai eu... un imprévu. Je suis honoré que votre Majesté s’intéresse à quelqu’un de mon rang. J’ai moi aussi à vous parler… »

Un peu plus tôt dans la journée…

Godfroy était assit dans les tribunes du Grand Tournoi de Diantra, où il discutait avec une noble avec grands gestes et sourires. La femme semblait plus intéressée par l’homme que par le tournoi, tandis que l’homme semblait s’intéresser autant à l’une qu’à l’autre, le tout dans une grande politesse.
Il commentait chaque joute avec un œil critique de connaisseur et faisait étalage des exploits qu’il avait accomplit lors de la guerre civile, car la jeune femme était curieuse et souhaitait en savoir plus sur ses talents de chevalier. Les maladresses fréquentes de Godfroy semblaient plus charmer la noble que la gêner. Ce dont le chevalier ne se rendait pas vraiment compte et demandait pardon de manière gênée. L’après-midi s’écoula aussi paisiblement, dans une discussion allant jusqu’aux origines des deux individus et leurs souhaits pour l’avenir. Le seul instant d’interruption fut lorsqu’un valet vint porter un message à Godfroy.

« Bonjour Sir, je suis navré de vous déranger, mais Sa Majesté le roi souhaiterait s’entretenir en privé avec Monseigneur Godfroy de Saint Aimé lorsque le tournoi sera terminé. Souhaitez-vous lui répondre ?
- Et bien, dites lui que je suis très honoré de son invitation. Je me libèrerai au crépuscule afin d’accéder à sa requête. En espérant que ce ne soit pas trop tard pour Sa Majesté, je ne veux en aucun cas le gêner.
- Bien monseigneur, je vous souhaite de passer une bonne journée. Au revoir.
- Merci, je vous le souhaite également, au revoir. »

Le messager partie à grandes enjambées et disparu très vite au milieu de la foule, tandis que Godfroy se réjouissait d’être convoqué en personne par le roi. Il n’avait plus à aller demander une audience au château, celle-ci était déjà programmée.
Quant à la jeune noble qui se trouvait à ses côtés, elle n’avait pas loupé un seul mot de l’interruption.

« Sir, je ne savais pas vous étiez influent au point que le roi veuille vous parler en personne. Vous m’en voyez encore plus flattée d’attirer votre attention.
- Alors je suis également encore plus flatté que vous m’accordiez autant d’importance. » Ils se regardèrent un instant l’un l’autre, puis la jeune femme interrompit le silence.

« Malheureusement, cette réjouissance nous empêchera de continuer notre discussion ce soir. J’avais l’intention de vous inviter boire le thé dans mes appartements. Ce n’est pas grave, vous avez plus important à faire, sachez que je vous soutiens.
- Ce n’est que partie remise et sachez également que votre soutien m’est très cher. Soyez certaine que nous nous reverrons le plus tôt possible.
- Voilà qui va ensoleiller mes journées à venir.
- Cessez donc, vous me gênez. »

La jeune femme rit et continua à parler de la vie qu’elle menait. Le tournoi s’éternisa et fini par toucher à sa fin pour la journée. Godfroy raccompagna la femme à la porte du bâtiment où se trouvaient ses appartements le temps du Tournoi.

« Rosière, sachez que vous serez toujours le bienvenue chez moi. Passez une bonne nuit.
- Restez un peu, le crépuscule commence à peine, le roi s’attend à vous voir arriver plus tard. »

Godfroy regarda le soleil couchant, puis la jeune femme et hocha la tête. Elle avait raison, il se devait d’arriver à l’horaire qu’il avait prévu. La damoiselle l’invita à entrer et l’emmena dans ses appartements.
Elle fit apporter du thé et ils continuèrent de discuter. Les sujets de discussion concernaient petit à petit des éléments plus intimes des individus, mais le jeu s’arrêta lorsque le chevalier se rendit compte que le crépuscule était tombé depuis un moment. Alors qu’il tenait les mains de la jeune femme entre les siennes, il les lâcha et se leva.

« Qu’avez-vous ?
- Je vais être en retard au château. Vous m’en voyez désolé, mais je dois vous quitter.
- Ah ! C’est de ma faute, je n’ai pas vu le temps passer, je suis navrée ! Tenez ce mouchoir en souvenir de cette belle journée. »

Godfroy prit le mouchoir et inspira fortement afin d’imprégner ses narines de l’odeur qu’il renfermait.

« Je vous remercie, votre douce essence m’accompagnera dans tous mes voyages et me redonnera du courage.
- Vous vous sous estimez, votre courage n’en a pas besoin. Allez, partez vite, avant que le roi ne s’impatiente.
- Nous nous reverrons vite, je vous le promets. Bonne nuit. »

Godfroy baisa la main de la jeune femme qui rougit du geste, avant de s’en aller avec de grandes enjambées afin d’apprendre ce pour quoi le roi l’avait convoqué.

L'entretien avec Hanegard Kastelord venait de s'achever. Il était satisfait d'avoir confié les rênes d'Alona à un homme de cette trempe. Certes, il n'avait pas apprit à gérer ce genre de terres, mais au final, il préférait un baron guerrier à un baron courtisan. Le roi saurait bien placer quelques conseillers dans l'entourage de Hanegard. Des conseillers qui sauraient aussi lui faire un rapport sur les activités et progrès du nouveau régent d'Alona. Trystan était devenu méfiant, à raison.

Mais il lui fallait maintenant recevoir une autre personne, pour la même raison : allouer une terre qui se retrouvait maintenant sans personne à sa tête. Aegar de Sainte Berthilde avait comploté avec Merwyn de Serramire pour profiter du chaos ambiant et gagner en pouvoir. En ne venant pas secourir le roi et en délaissant les frontières. Ils avaient agi par bêtise, surement, mais le résultat était le même : Serramire et Sainte Berthilde se retrouvaient sans personne à leur tête et avec les drows aux frontières, cette situation critique ne pouvait s'éterniser.

Non, Trystan de Diantra n'oubliait pas le nord.

Jamais.

Ainsi était-il tourné vers la fenêtre qui se trouvait derrière son bureau quand Godfroy de Saint-Aimé fut introduit auprès de lui. Le roi s'était beaucoup renseigné sur les nobles de Sainte Berthilde, sur leur allégeance, leurs actions, leurs faits d'armes... Sur tout. Godfroy fut le premier à parler. Le roi se tourna lentement vers le noble, le visage neutre, dépourvu de toute émotion. Son regard aveugle était dérangeant, car il semblait voir au delà des apparences.

- "Vous désiriez me parler? Alors allez-y Messire de Saint Aimé, vous êtes ici mon invité."

Le roi fit un geste de la main pour inviter le noble à s'asseoir et fit de même en posant les mains sur le dossier de son fauteuil pour y prendre place sans une hésitation, mais avec une certaine lenteur qui trahissait sa cécité.

- "Installez vous Messire. Je vous écoute."

Godfroy avait espéré que le roi donne en premier la raison qui l’a poussé à le convoquer, cependant cette espérance fut vaine. En effet, Trystan profita que le noble ajouta qu’il avait lui aussi quelque chose à dire pour lui laisser le premier mot. Il devait donc se lancer et dire ce qu’il pensait de la situation actuelle de Saint Berthilde. Le marquisat était décapité, ce qui rendait le commerce plus hésitant et rendait inquiet le peuple qui l’habitait. Voir ainsi les terres de sa défunte nièce dépérir le chagrinait et il souhaitait y apporter un vent de changement.
A première vue, le roi ne lui paraissait pas aussi accueillant qu’autrefois, du temps où il n’avait pas encore le lourd fardeau de son statut actuel. Les yeux du roi semblaient sonder la moindre parcelle de pensée du chevalier. Cela avait le pouvoir de le désarmer psychologiquement et de le perturber.
Il se fit ensuite inviter à s’asseoir, ce qu’il fit sans broncher, tandis que les mouvements du roi traduisaient la cécité dont il souffrait. Une fois que ce dernier fut assit, Godfroy prit la parole.

« Monseigneur, l’heure est grave, Sainte Berthilde souffre de sa situation. Je sais bien que Serramire est davantage mal en point, cependant, cela ne justifie pas qu’une si belle terre nourricière dépérisse par manque d’hommes de parole. Certes le commerce a été florissant quelques temps après la destitution d’Aegar, mais la crise ne s’est pas fait attendre bien longtemps. Les commerçants ne voient plus en Sainte Berthilde une terre d’avenir, ils recherchent un lieu stable où prospérer, ce qui n’est plus le cas dans le marquisat. De plus, la guerre civile a détruit de nombreux champs de culture, ce qui appauvrit notre apport en ressources. C’est pourquoi je vous demande à ce qu’un homme de parole prenne les rennes de Sainte Berthilde, afin de rétablir l’ordre des choses. Je suis certains qu’un tel être permettrait à cette belle terre de prospérer dans le luxe de l’abondance. Je vous sais juste et je suis persuadé que vous n’abandonnerai pas le Nord au détriment du peuple. »

Il avait tout dit d’un trait, se soulageant de ce qui le tourmentait depuis de nombreux jours. A présent, l’avenir de Sainte Berthilde était placé entre les mains du roi, car Godfroy ne pouvait guère en faire plus pour le peuple. Au fond de lui-même, il espérait que le roi verrait en Godfroy l’ « homme de parole » qu’il avait évoqué, car il craignait que le futur dirigeant du marquisat ne fasse le même chemin que Le Déchu. En ces temps troublés où les drows semblaient de plus en plus féroces, le peuple humain devait se consolider afin de pouvoir faire face à d’éventuelles attaques d’envergures inimaginables, car nul ne savait le nombre d’engeances que protégeait la terre drow.
Godfroy attendit la sentence du roi, l’air grave, les mains serrées sur les bras de fauteuil nerveux.
L’atmosphère de la salle s’accordait avec la tension qui disputait le soulagement à l’intérieur du chevalier, à la fois chaude et froide, un vacarme silencieux dans les murs, tandis que ses yeux se perdaient dans l’omniscience aveugle des yeux du roi.

Comme Hanegard avant lui, Godfroy se mit à plaider avec ferveur la cause de sa terre. C'était normal après tout, le roi ne semblait pas enclin à s'occuper du nord, s'amusant même à faire un tournoi et à laisser s'installer d'onéreuses et futiles festivités le lendemain d'une guerre déchirante. Et au vu des actes de trahison d'Aegar et Merwyn, les nobles du nord devaient craindre pour leurs têtes... Si le roi décidait de représailles, il leur serait difficile d'y échapper. Mais Trystan ne souhaitait pas faire une purge sanglante de ces contrées rebelles. Il préférait y mettre des gens capables et de confiance.

- "Je vous entends Messire de Saint-Aimé et je comprends votre inquiétude pour une terre chère à votre coeur. Comme beaucoup de nordistes, vous semblez craindre que mes préoccupations n'aillent pas aux terres du nord... Pourquoi délaisserais-je une moitié de mon royaume? Pour quelques félons? Non, bien sûr que non."

Les longs doigts fins de Trystan se mirent à tapoter énergiquement sur le bois du bureau. Chez certains, cela était signe de nervosité. Chez le roi, cela semblait juste être un tic alors qu'il laissait le silence s'installer et imprégner son interlocuteur.

- "Ce tournoi, ces jeux, ces festivités... Cela n'est que poudre aux yeux. L'amusement est une excellente façon de s'accorder les grâces du peuple. Il a souffert et je lui offre de quoi se divertir et se nourrir gracieusement pendant quelques jours. C'est également une façon pour les chevaliers de montrer leurs talents... et pour les nobles de sceller des alliances."

Nouvelle pause, avant de reprendre d'un air matois :

- "Quelques que soient ces alliances, aucune ne devra contester mon autorité. J'entends bien prouver une fois pour toutes à tous que je suis le seul seigneur et maître de ce royaume et que je ne tolérerais plus le moindre écart. Et ce tournoi est l'occasion de nommer les nouveaux dirigeants des terres abandonnées. Ainsi, avant la fin de la semaine, Sainte Berthilde aura un nouveau marquis à sa tête."

Un fin sourire recourba les lèvres du roi aveugle alors qu'il demandait d'une voix suave et maligne :

- "Dites-moi, vous semblez avoir mûrement réfléchi à la situation... Quel homme verriez-vous à la tête du Marquisat? Qui, selon vous, aurait les qualité néecessaires pour reprendre ces terres et leur rendre leur gloire d'antan? Quel homme serait un excellent dirigeant, un chef de guerre avisé et un loyal sujet de la couronne?"

Qu'avait-il derrière la tête? Godfroy devait bien se le demander et également s'interroger que la meilleure réponse à apporter à une question aussi délicate.

Godfroy n’avait pas interrompu Trystan durant tout son discours, il avait attendu que ce dernier lui pose une véritable question, plutôt qu’une rhétorique. Godfroy avait été sot, ce qu’il avait dit était stupide, il s’en rendait compte maintenant, cependant cela l’avait soulagé d’exprimer ce qu’il avait sur la conscience, cela pouvait paraitre égoïste, mais à présent il rendait le roi responsable de ses difficultés, alors qu’avant il se jugeait lui-même incapable de subvenir au besoin de ses serfs.
Il était idiot de penser qu’un roi abandonnerait volontairement une part de son royaume, qui voudrait perdre quelque chose ? Une parcelle de son pouvoir ? Peut-être quelqu’un qui y aurait plus à y gagner. Peut-être avait-il collaboré avec Gaucelm ? Sinon, comment le duc d’Odélian aurait-il pu mettre aussi facilement la main sur Etherna ? Mais pourquoi ? Trystan était-il corrompu par un drow ? Serait-il possédé ? Les réflexions farfelues pouvaient aller bon train, ce n’était pas chose difficile. Godfroy devait être fidèle au roi et ces réflexions pouvaient relever de la traitrise et suffisaient à le déchoir de son statut, cependant elles étaient complètement irréfléchies et n’avait donc aucune valeur.
Le roi paraissait nerveux, il tapotait énergiquement la table avec ses doigts fins et Godfroy se demandait s’il avait perçu ses égarements insensés.
Après ce signe apparemment nerveux, Trystan expliqua son comportement, pourquoi il avait organisé des festivités, en des temps où l’argent n’était pas à utiliser inutilement. Godfroy n’était pas d’accord, les paysans ne profitaient pas du tournoi de Diantra, bien au contraire, et ils pourraient voir cela comme un acte de pure fantaisie de la part d’un roi apparemment aveugle physiquement et mentalement. Cela n’était poudre aux yeux que pour ceux qui étaient épargnés par les soucis, mais étant aveugle, peut-être ne savait-il pas exactement comment agissait la poudre sur les yeux. Ce n’était pas avec des dépenses inutiles que l’on aidait à reconstruire, mais avec un soutient. Pour ce qui est de montrer ses talents à l’épée, les chevaliers pouvaient bien le faire en croisades en terres drows, ce n’était pas en se blessant les uns les autres que l’on viendrait à bout de la menace. Ensuite, le roi exprimait la réelle raison de toute cette mascarade, cela permettait de rassembler la noblesse et de restructurer le royaume. Pour Godfroy, c’était le seul et unique but du roi, mais il le comprenait et se demandait pourquoi il manquait de franchise sur ce plan.
Après ce passage peu réjouissant, le roi manifestait sans le vouloir ses craintes et ses méfiances. Il affirmait ce qu’il ne pensait pas. Il n’était pas le seul seigneur, Merwyn, entre autres, l’avait prouvé. Il n’était pas le seul maître, dans le bas peuple, une toute autre hiérarchie régnait dans certaines régions. Et puis, lorsque Godfroy se rendait compte d’un écart, il était déjà un peu tard pour limiter la casse, alors pourquoi la situation ne serait pas la même, ou pire, pour un roi ? Ce que le roi disait dans ce même souffle confirmait les idées de Godfroy. Il utilisait le tournoi pour avoir une noblesse fidèle, qui ne lui ferait pas défaut et qui pourrait combler les trous avec perfection. Il termina ce souffle par énoncer ce que Godfroy désirait, il lui agitait sous le nez ce qu’il convoitait intentionnellement, comme s’il était un chien dans un cours de dressage.
Puis Trystan sourit et reprit. Il devait penser que son charme opérait, ce qui était plutôt vrai. Il lui posait une question piège, à laquelle Godfroy comptait bien lui répondre également un sujet piège. Une fois que le roi eut terminé, Godfroy prit la parole.

« Monseigneur, je pense qu’aucun homme ne peut réunir toutes vos conditions. Un homme possédant de telles qualités convoiterait un pouvoir plus grand, perdrait donc sa loyauté et présenterait un grand danger, peut-être était-ce le cas d’Aegar, peut-être était-il trop efficace, trop aimé, trop influent. Cependant, je pense connaitre un homme convenant à ces critères. Le duc Gaucelm d’Odélian. C’est un homme qui sait s’occuper de ses terres et les rendre glorieuses, il est excellent dirigeant, chef de guerre avisé – comme vous pouvez le constater à Etherna – et loyal à la couronne du mieux qu’il en est capable. Il a également de l’ambition, il saura innover. Cela semble être un choix avisé, qu’en pensez-vous ? »

Une légère ironie teintait la deuxième partie des propos de Godfroy, tandis qu’un petit sourire entendu flottait sur ses lèvres. Il se demandait comment allait réagir le roi, il y avait surement pensé. Les manœuvres du Gras – comme disait le bas peuple - ne lui étaient surement pas passées inaperçues.

Trystan du se retenir de rire en entendant la proposition de Godfroy. Gaucelm d'Odelian, duc de Sainte Berthilde. Ah ça, pour sûr, il avait de nombreuses qualités, mais il n'était pas très aimé de son peuple, à cause de l'annexion d'Etherna et ses pairs le méprisaient le plus souvent. En revanche, Godfroy parlait avec sagesse et sa réponse plut au roi.

- "Jolies paroles."

Il se tut et laissa le silence s'installer, réfléchissant davantage. Confier les terres de Sainte Berthilde à un homme n'étais pas chose aisée et il fallait absolument faire le bon choix. S'il avait pu voir, il aurait regardé Godfroy et haut en bas, longuement. Finalement, il décida de rompre le silence :

- "Vous parlez avec sagesse et Gaucelm d'Odélian a en effet bien des qualités. Mais ce n'était pas à lui que je pensais... Dites moi, Messire de Saint-Aimé, vous sentiriez vous capable de diriger les terres de Sainte Berthilde? Vous sentiriez vous capable de devenir marquis et de reprendre en main le marquisat économiquement et militairement messire?"

La question était posée, les projets du roi dévoilé en ce qui concernait Godfroy. Il avait longuement étudié le parcours de cet homme, ses qualités, ce qu'on disait de lui... Et son choix s'était donc porté sur cet homme. Restait à savoir s'il était assez ambitieux pour accepter cette lourde tâche.

[HJ : C’est bien marquis, non pas duc ? J’ai répondu comme si tu avais dis marquis. ]

Godfroy n’avait pas remarqué que le roi s’était retenu de rire lorsqu’il avait évoqué le nom du duc d’Odélian, mais il se doutait que cela l’amusait, car rares étaient les Berthildiens qui appréciaient l’annexassions d’Etherna par le Gras. Cependant, il ne semblait pas avisé de parler de cela à Trystan pour l’instant. Mieux valait ne pas créer de conflits avant même d’avoir accédé à ses fonctions. De plus, le Gras avait des bases solides, tandis que Godfroy, lui, était un petit nobliau. Le silence fut long après que le roi l’ait complimenté sur son discours, mais c’était un silence où la balance pesait implacablement le pour et le contre et qui se termina par la victoire de Godfroy. Ainsi, marquis il voulait être, marquis il était. C’était une grande évolution pour toute sa lignée. Le chemin était à présent tout tracé, il ne restait plus qu’à l’emprunter, il amenait vers un futur meilleur aux bifurcations inconnues.

« Je m’en sens capable, sans aucun doute, car le doute attire les mauvaises actions. C’est un très grand honneur pour toute ma lignée, je vous suis très reconnaissant de cette immense faveur que vous me faites et qui, je sais, est impossible à rembourser, mais sachez que je ferai mon possible pour vous la rembourser, je vous serai d’une fidélité sans faille. Ma lame et mes pensées sont votre. Exigez de moi ce que vous voulez, je le ferai, même si la mort se trouve au bout du parcours. »

La tâche était à présent acceptée, restait à savoir comment il y arriverait aux yeux de tous et quand est-ce qu’il obtiendrait le marquisat. Il lui fallait également une descendance, pour que ses actes profitent à d’autres, mais chaque chose à en son temps.

« Quand entrerais-je en fonctions votre majesté ? Quand dois-je partir ? »

Un grand bonheur irradiait du noble dont les possessions s’étaient soudainement considérablement agrandies.

[Effectivement, me suis emmêlée les pinceaux Un avenir pour Sainte Berthilde ? [PV: Trystan de Diantra] [Terminé] Icon_redface

]

Terminés les faux semblants et la rhétorique. Il était temps de dévoiler ses projets et de confronter Godfroy à la décision du roi... Cela dit, Trystan ne doutait pas que le nouveau marquis était ravi et qu'il avait bien escompté gagner ce titre. Il était irréprochable, gérait ses terres de main de maître et venait d'une ancienne lignée, bien que pas aussi importante que d'autres. Mais qu'importe, c'était davantage les compétences et le mérite qui intéressaient le roi.

- "Je ne demande pas davantage. Votre fidélité est la meilleure façon de montrer votre reconnaissance Messire. Mais je n'en ai jamais douté."

Cela valait mieux pour lui de toutes façons. Le roi avait des alliés solides qui lui avaient été d'un grand secours lors de la tentative de le renverser. Ses appuis demeuraient et il en gagnait de nouveau, ayant évincés Merwyn et Aegar qui avaient eu la folie de faire un traité, de s'allier et de vouloir créer un royaume indépendant... Godfroy revint à des questions pratiques et trystan répondit simplement :

- "Demeurez jusqu'à la fin du tournoi à Diantra. Là, j'annoncerai officiellement votre prise de fonction. Et vous pourrez regagner Sainte Berthilde en tant que nouveau Marquis. Toutefois, il vous faut savoir qu'Etherna est désormais terre Serramiroise et qu'elle n'est plus sous votre autorité. La Guerre Civile a bouleversé bien des choses et à tous les niveaux."

Il marqua une pause, avant de reprendre, afin de congédier Godfroy :

- "Profitez de la fin des festivités Messire... Car vous n'aurez plus guère de temps par la suite. Je compte sur votre discrétion jusqu'à mon annonce officielle. Vous pouvez y aller."

Ça, du travail, il allait en avoir par dessus la tête. Il fallait redresser le Marquisat, gagner la loyauté de ses vassaux, prendre ses fonctions... il espérait que Godfroy ne serait pas submergé, mais il avait confiance en ses capacités.

[Fin du topic pour moi, tu peux répondre si tu le souhaites ou en rester là Wink

]

[J'en reste là, topic terminé. ^^]

» La Garde de Sainte-Berthilde [Terminé]
» Pour la plus grande gloire de Sainte-Berthilde [Louis, Eléonore]
» Un entrevu pour l’avenir [Trystan]
» Aegar de Sainte-Berthilde [Marquis de Sainte Berthilde]
» Arsinoé de Sainte Berthilde - Marquise de Sainte-Berthilde

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