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 Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]

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Elëa Varnestel
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MessageSujet: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMar 20 Avr 2010 - 15:54

Pour quelqu’un ayant une vie aussi longue que la mienne, il est intéressant de voir comment évolues les villes humaines. Chez les elfes, les choses ne varient guère, les changements ne survenant qu’au bout de plusieurs siècles pour la plupart. Chez les humains c’est différent, les villes poussent comme des champignons, grandissant, s’étoffant au fur et à mesure que la population grandie. Le besoin de place obligé ses changements. Chez les êtres éternels, telle chose n’arrive pas pour la simple et bonne raison que Kÿria les rendus moins fertiles, afin d’éviter la surpopulation. Vu leur longévité, la situation aurait été des plus critiques à n’en pas douter, et aurait déclenché des guerres pour obtenir plus de territoires, comme les humains.

Je constate sans amertume ni joie, que je parle des mes peuples paternels et maternels comme s’ils n’étaient pas les miens. J’ai pourtant vécu auprès de mon père, un elfe immortel dont j’ai hérité nombre de choses. Seulement, je suis par trop différente pour être membre de ce peuple. Je suis demi-humaine pour eux. Et demi-elfe pour les humains. Ma place n’est nulle part et partout à la fois. C’est le cas de tous les ménestrels. Je ne suis pas triste, après tout j’ai choisie cette vie et je l’adore.

Arétria est une ville portuaire située au nord de Diantra. J’y suis venu plus d’une fois au cours des quatre-vingt-dix ans passés sur les routes. Toutes mes visites n’ont pas amenés des changements, mais j’en ai la plupart, voyant se construire des maisons, des quais, des tavernes… C’est d’ailleurs dans l’une d’elle, L’escale du marin, que je me trouvais actuellement. Il était midi passé, mais les hommes, marins, ouvriers ou voyageurs, étaient réunis autour d’une choppe de bière, parlant fort, riant, chantant des chansons à boire pour la plupart. Le patron, un ancien marin du nom de Timmy, m’autorisa à jouer auprès de la cheminée. Malgré la saison, l’air frais du large obligeait à avoir un peu de braises pour que les clients n’aient pas froid.

Assise sur mon tabouret, j’étais vêtue d’une robe de voyage bleue, dissimulant mes jambes ainsi que les petits fourreaux de dagues attachés à mes cuisses. La robe laissait mes bras dénudés, mais collait assez à ma peau pour dévoiler que ma poitrine était aussi menue que celle d’une elfe. Mon visage lui tenait plus de l’humain, même s’il était trop doux pour l’être totalement. Mes cheveux longs et noirs corbeau, étaient totalement libres, mais je les mis derrière mes oreilles pointues histoire qu’ils ne me gênent pas pendant que joue. J’affichais pleinement ma nature, n’ayant aucune honte de ce que j’étais. J’acceptais mon métissage et tout ce que cela impliquait.

Je pris mon chamélie à deux mains, et commençait à souffler dedans. Une mélopée doucereuse en sortit, inondant la taverne de notes joyeuses. Les yeux fermés, je jouais tout en devinant au silence qui suivit les premières mesures, que tous me regardait et écoutait. Il était rare de voir de simples ménestrels de nos jours, les troubadours étant foisons chez les humains. Tous aimaient entendre le chant ou les balades accompagnant la musique, si bien que celle-ci devient la plupart du temps inutile. La valeur de la musique est oubliée, ne servant qu’à ponctuer le narrateur dans ses récits. Seuls les chanteurs mettent en valeur la mélodie, et sont prisés dans les théâtres ou à la cour, ne venant plus jouer aussi souvent qu’autrefois dans les simples tavernes comme celle-ci.

La musique se termina en s’éteignant doucement, jusqu’à mourir. Les clients ne se mirent pourtant à applaudir que lorsque j’ôtais ma bouche du bec de mon instrument. Cela me faisait toujours chaud au cœur de les entendre ainsi récompenser ma musique. Le jour où cela ne me fera plus rien, alors j’arrêterais. Cela ne sert à rien de jouer si l’émotion et la joie ne sont plus présentes. Posant mon chamélie, je pris mon rebec , la calais contre mon bras et me mis à jouer avec l’archet. De nouvelles personnes entraient dans la taverne, attirées par la musique. Voila pourquoi les propriétaires aimaient tant les bons ménestrels, ils leur amenaient pleins de client prêts à boire une choppe tout en écoutant la musique.

Quand je finis de jouer, la salle était comble. Des gens de tous bords étaient venus pour m’écouter et m’applaudir. Mon regard parcourut la salle un moment, puis je rejouais plusieurs autres morceaux, pour leur plus grand plaisir. Après plus d’une heure à jouer, je me levais, au plus grand déplaisir de l’assistance. Ils ne se rendaient pas compte de combien c’était épuisant de jouer aussi longtemps, et cela me faisait sourire. Je rangeais mes instruments dans mon sac tandis que plusieurs clients versèrent des pièces dans un chapeau de voyage posé par terre à cet effet.

Je ne faisais pas cela pour l’argent, mais il fallait bien manger et dormir. Je ramassais mon chapeau, et comptais mes gains. J’avais là de quoi me nourrir copieusement, et dormir confortablement pour au moins deux semaines. Et la journée n’était pas encore finie. D’autres surprises m’attendaient…
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMer 21 Avr 2010 - 2:03

Deuxième jour à Arétria…
La première qu’il décidait de passer seul, ou presque, à l’écart du reste de l’équipage, désireux qu’il était de porter son attention et sa curiosité sur autre chose que le souvenir d’Abysse… Non pas qu’il soit inintéressant, la soirée d’hier le lui avait apprit, mais il estimait devoir la laisser seule à présent, et puis, il devait se réconcilier avec Itarillë !
Après qu’il eut fait son devoir, soignant les blessures des pochtrons de l’équipage, blessures qui étaient prévisible, n’est ce pas, endormit les plus affectés, il se mit en route à travers la ville… Non sans être finalement accompagné de son âme sœur reptilienne.

*Tu n’espères pas t’en aller comme ça, sans que je t’accompagne !*
*Et bien, tu ne boudes plus après ce qui s’est passé hier ?*
*On verra !*

Il eut un sourire amusé après ce petit dialogue privé, ils étaient finalement réconcilier, même si elle se plaisait à ne pas l’admettre, elle souhaitait tout autant que lui découvrir ce nouvel endroit dont ils n’avaient effleuré que la surface.
Ainsi passèrent les heures de la matinée, à passer d’un lieu à un autre, d’une boutique à l’autre avec la curiosité d’un enfant pour chaque chose qu’il découvrait, car malgré les années passées en territoire humain, il était des produits de l’artisanat dont il ignorait jusqu’à lors l’existence. Il assistait doucement à l’éveil de la ville, et les hommes et femmes, enfants de tout âge vagabondant dans les rues, jouant au milieu des passants, non sans bousculade ni cri d’adulte fort inutile car le morveux ne s’est pas même arrêté et sera déjà tellement loin.
Enfin… Tout se déroulait bien, malgré les regards persistants qui se posaient régulièrement sur lui… Il faut dire qu’il avait de quoi attirer les yeux, tant féminins que masculins… Entre ses traits elfiques à peine détériorés par ses origines métissés et la petite dräke, très peu commun, ce duo formait un appât à regard évident.

Puis vint midi passé, et l’instant où sa route se détourna de la visite touristique… Il passait à cet instant devant L’escale du marin, qui, pour le coup portait à merveilles son nom, pour son cas tout du moins. De cette taverne s’échappait les mélodies envoûtantes jouées par une personne qui savait y faire, c’était certain… Et pour l’amateur de musique, trouvant délicieux à ses sens ce qu’il entendait, c’était une tentation bien trop grande pour y résister, aussi rentra t-il dans l’auberge, jetant un œil vers celle qui était à l’origine du charme qui avait opéré sur le demi-elfe.
C’était une demi-elfe, à ne pas en douter, enfin… Grâce aux oreilles pointues caractéristiques des elfes, aux traits du visage malgré tout trop humain pour être digne d’un véritable sylvain, et puis, une elfe ne serait pas là à chanter… Il put la détailler en attendant un verre d’eau commandé alors qu’Itarillë se posait sur l’arrière train, regardant autant qu’Eärnil la musicienne.

Oh, elle était mignonne, un joli petit bout de femme, du moins, pour ses critères, bien que certaines choses attirent plus son attention, surtout cette cicatrice au cou, cette trace bien étrange qui amenait à bien des questions. Aussi remit-il à plus tard les questions et se laissa-t’il aller à l’écoute des mélodies jouées par cette jeune femme.

Une heure… C’est à peu près le temps que dura la « représentation », un sublime moment à passer, et qui plut à son public, c’était certain. Lui, s’il applaudit, attendit d’abord un moment que les gens aient fini de récompenser l’instant par quelques pièces, nombreuses d’ailleurs, avant d’aller à la rencontre de sa congénère, Itarillë allongée sur son épaule, la queue légèrement enroulée autour de son cou, la tête relevée, posant son regard sur cette jeune femme.

« Très jolie prestation. »


Il se permit alors, sans vraiment demander l’autorisation, espérant ne pas la déranger, de s’asseoir à sa table, déposant quelques pièces au passage, même si c’était sans doute pas une obligation, c’était mérité, amplement.

« Si vous voulez bien… Sinon, je partirais, y a pas de problème. »

En priant pour qu’elle ne lui demande de coller ses miches sur un tabouret situé à une autre table, ce qui serait fort regrettable puisqu’il voulait bavarder avec sa semblable en bien des choses…
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMer 21 Avr 2010 - 9:49

M'étant assise à une table pour compter mes gains, une voix me fit relever la tête. Le compliment, car s’en était un, venait d’un grand homme, appartenant à mon peuple paternel. Mais pas totalement. Pour quelqu’un ayant autant voyagé, il était facile de reconnaitre un elfe d’un demi-humain. Ou demi-elfe, cela dépend de quel coté de la barrière on se trouve. Personnellement, je préfère que l’on nous appelle des métis, ainsi il n’y a pas de jugement. Bien qu’appartenant aux deux peuples, il avait pris plus d’ascendant elfes qu’’humains, le rendant agréable à regarder pour une elfe. A n’en pas douter, il avait de quoi faire tourner toutes les têtes des humaines.

-Merci, répondis-je.

Ma voix était aussi faible que le murmure du vent. Un humain aurait du tendre l’oreille, mais lui n’en avait pas besoin pour m’entendre vu ses ascendants. Il déposa quelques pièces dans le chapeau et me demanda l’autorisation de rester. Comme tous les hommes, il s’était assis avant de demander l’autorisation, mais son ton et sa question montrait qu’il partirait si je le lui demandais. Cela faisait du bien de rencontrer quelqu’un de courtois ici-même.

-D’ordinaire, on demande et on attend la réponse avant de s’assoir. C’est la moindre des politesses, ne trouvez-vous pas ?

Je restais sans rien dire un moment, le faisant un peu mariner avant de continuer :

-Toutefois, vous avez eu l’aimable politesse de proposer de vous retirer. Pour cela, j’accepte votre compagnie.

Je lui souris tandis que je rangeais les pièces dans ma bourse, que je raccrochais à la ceinture qui me ceignait la taille, dessous ma robe. Pour me voler, il faudrait me passer sur le corps. Comme l’autre fois…

Chassant vilaine pensée, je remarquais alors le petit dräke sur l’épaule du demi-elfe. A en juger par sa taille, sa tête et ses écailles, je dirais une femelle, à moins que ce ne soit encore un enfant.

-Vous avez là une bien jolie compagne messire. Vous avez de la chance qu’elle vous ait choisie.

Oui, bien chanceux. Les dräkes ne se liaient que rarement aux autres races, mais avaient longtemps étaient les compagnons des elfes. Depuis que l’on s’est mis à les chasser, ils préféraient se cacher et rester solitaires. Elle devait l’aimer beaucoup, et être un assez honnête homme pour qu’elle se soit attachée à lui.

-Pourrais-je connaitre vos noms à tous deux ?

Sur ce, le tavernier arriva et m’offrit une cruche d’hydromel en me faisant un clin d’œil. Offert par la maison, dirait-on. Je souris et demandait à mon compagnon demi-elfe :

-Peut-être désirez-vous boire quelque chose vous aussi ?

Sans qu’il ne puisse le voir, je dénudais une de mes jambes, libérant ainsi l’accès à mes dagues pour le cas où je me tromperais sur son compte. J’avais appris à me méfier des hommes, quels qu’ils soient. Prudence est mère de sûreté.
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMer 21 Avr 2010 - 10:40

« D’ordinaire, je n’ai plus l’habitude des usages… Vous m’en voyez désolé. »

Fut la réponse qu’il offrit à la remarque sur le manque de politesse dont il aurait fait part en s’installant avant l’autorisation accordée… Bon, elle avait raison hein, il ne disait pas le contraire, mais bon, quand on vit entouré de soûlards qui ignorent même le sens du mot politesse, on a tendance à oublier quelques usages, tout au moins leur application au quotidien pour des manières plus… rudes.
Il n’était nullement offensé, il en fallait bien plus que cela, et tout était dit posément, calmement et de façon agréable, sincère. Surprit, il l’était de voir une personne attachée à la politesse franche, car là où il vivait à présent, on en trouvait pas tellement, n’est ce pas ?

Enfin, peu importe, elle l’avait accepté à sa table, et il ne s’en plaignait guère, bien au contraire… Il ne lui arrivait pas tout les jours de croiser une semblable, encore moins dans ce genre d’endroit, et elle avait la même ascendance que lui, qui plus est… Des métissés aux ascendances humaines, plus violent et vulgaire, il en avait déjà croisé, et n’en gardait pas de très bons souvenirs.
Elle remarqua bien vite la petite chose sur son épaule, mais qui aurait pu manquer l’espèce bien rare, tout du moins mêlés aux populations les plus civilisées… Personne, sauf l’aveugle, ou l’ivrogne affalé dans un coin, qui ne passerait pas la nuit sans être détroussé. Et les mots qu’elle offrit fut un prétexte qu’il ne pouvait que saisir pour embêter sa charmante compagne reptilienne, aussi répondit il avec un sourire.

« Jolie, jolie… Ca reste à démontrer… Il en est de même pour la chance, vous ne pouvez imaginer combien elle sait se montrer peste la plupart du temps. »

Il était amusé, la provoquant gentiment, et celle si ne lui répondit qu’en relevant légèrement la gueule pour le fixer un instant, avant de la détourner par dédain, crachotant une petite flamme.

*Tu sais ce qu’elle te dit la peste !*

Il se retint de rire, ce n’était pas vraiment une chose à faire devant la demi-elfe qui n’aurait pas vraiment comprit le sujet de l’hilarité, mais il savait la vengeance de l’âme sœur pour bientôt, c’était évident. C’est avec les noms qu’il reprit tout son sérieux, tout du moins, celui qu’il avait quand il n’était pas en train de penser à une farce ou à un mauvais tour à faire.


« Je me nomme Eärnil, et ma petite amie, c’est Itarillë… Et pour vous ? »

Il ne répondit d’abord pas à la proposition de boire, et interpella une serveuse qui passait par là. Faisant cette éternelle commande qui attirait les regards des habitués de ces lieux.

« Je voudrais un verre d’eau, le plus propre possible, si ça ne vous dérange pas… Et de l’eau également dans un bol, quelques choses de ce goût pour mon amie… Merci. »

Bien sûr, dans son dos, quelques commentaires fusèrent, sur sa sensibilité, des fillettes par ci, des chochottes par là… Oui, il ne buvait pas d’alcool, chose difficile à admettre pour un homme fréquentant une taverne… Et plus encore si on le savait pirate, mais c’était ainsi… Il gardait un régime « sain » et qu’importe les regards et les avis.
Quand il fut servi, remerciant la serveuse, il reporta son attention sur la demi-elfe alors que la dräke quittait son épaule pour se poser gracieusement sur la table, approchant du bol avant de poser un regard sur son compagnon qui répondit.

« Oui bon, j’ai compris, pas la peine de me faire ces yeux là. »

Et ce faisant, il passa une main sous la table, ce qui pouvait peut-être alerter la demi-elfe face à lui, mais bien vite la main refit surface avec une bourse, de laquelle il sortit quelques baies qu’il déposa à côté du bol, laissant volontairement la bourse sur la table, entre-ouverte, pour que la dräke se serve au besoin.

« Pardon… Mais vous savez, ces petites bestioles, quand elle réclame, on peut difficilement les faire attendre. »

Il fallait partir sur un autre sujet… Il n’allait tout de même pas converser des caprices de sa dräke, c’était déplacé, c’est sûr. Aussi chercha t’il rapidement dans sa caboche un sujet de conversation différent.

« Dites-moi… Vous pratiquez la musique depuis longtemps ? Car vous jouez très bien, ce qui me surprend d’ailleurs, au vue de l’endroit où vous exercez. »
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMer 21 Avr 2010 - 16:39

Je haussais un sourcil, souriante, en entendant l’inconnu me dire qu’il n’avait plus l’habitude de la politesse. Un marin très certainement, ayant tellement vécu en mer qu’il ne savait plus ce que voulait dire bienséance et politesse.

-Il n’y a pas de mal.

J’autorisais l’inconnu à s’assoir à ma table, tout en rangeant mes affaires. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas parlé à quelqu’un, et cet homme était plutôt agréable, tant physiquement que dans ses manières. J’espérais que ce n’était pas qu’une façade, je n’avais guère envie d’abimer quelqu’un aujourd’hui.

Je remarquais que mon compagnon de table n’était pas seul, ayant sur son épaule une petite dräke bleue. J’étais pour le moins impressionné que quelqu’un puisse avoir l’honneur d’être lié à d’une dräke, mais cela devait venir du fait qu’il avait du sang elfe dans les veines. Je doutais qu’un humain, sauf cas exceptionnel, puisse avoir cette chance.

-Attention messire. Il est dangereux de vexer une femme, quelque soit la race à laquelle elle appartient.

La vengeance d’une femme pouvait être terrible, plus terrible que tout ce à quoi les hommes pouvaient penser. Je n’osais imaginer celle d’une dräke vexée et jalouse. Je remarquais toutefois qu’elle lui tourna la tête, la boudant pour ses moqueries, tandis que lui souriait. Ce devait être un jeu entre eux. Mais je ne doutais pas un instant qu’elle se vengerait de lui.

-Elëa.

Le tavernier m’apporta de l’hydromel, pour me remercier de lui avoir amené autant de clients, et Eärnil commanda de l’eau à une serveuse, dans un verre et dans un bol. J’arquais un sourcil, surprise, mais je ne fis aucun commentaire. Il était très rare de voir quelqu’un, qui plus est un homme, ne pas boire d’alcool. A moins qu’il ne voulait pas émousser ses sens parce qu’il devait repartir, ou avait un travail à accomplir. Je bus tranquillement une gorgée, regardant avec admiration le calme imperturbable d’Eärnil, insensible aux railleries des autres clients. Ce ne devait pas être la première fois, et ce ne serait certainement pas la dernière.

Les eaux arrivèrent, et Itarillë se posa sur la table avant de lancer un regard à son compagnon qui sortit une bourse pleine de baies. Il en déposa certaines sur la table, le reste restant dans la bourse ouverte, au cas où.

-Ne vous excusez pas, je comprends.

Je regardais la petite dräke manger et boire, amusée, lorsque mon compagnon me posa une question qui me fit relever la tête. Son compliment me dit sourire et rougir un peu.

-Merci beaucoup. Je joue depuis que je suis toute petite. J’ai du commencer quand j’avais douze ans je crois, je ne sais plus. Le compte des ans n’a pas d’importance pour les elfes.

Il devait en savoir quelque chose. Je pris une nouvelle gorgée, calmant l’irritation qui commençait à poindre dans ma gorge. Elle était supportable pour le moment, mais bientôt je ne pourrais plus me permettre de parler. Ma voix faible et rauque déraillait et me faisait mal quand je parlais trop longtemps. Le fait de n’avoir pas parlé à quelqu’un depuis un moment, m’a fait oublié ma faiblesse et qu’il fallait que je parle le moins possible. Il faudrait que je prenne congé de lui, ou qu’il sache lire. Je verrais bien.

-Et vous ? Que faites-vous dans la vie ?

Ma voix était devenue légèrement plus rauque. C’était faible, mais reconnaissable si on avait l’oreille. Je devais pouvoir continuer encore quelques minutes, mais guère plus.
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeJeu 22 Avr 2010 - 7:05

« Oh vous savez, depuis que nous nous sommes rencontrés, je l’ai bien appris, à mes dépends. »

Oui, ça c’était sûr… Plus d’un demi-siècle de cohabitation leur en avait apprit pas mal… De bien comme de mal d’ailleurs, mais il était heureux qu’en général, le plus souvent, au grand damne des autres, ils s’entendent et s’accordent merveilleusement bien. Les taquineries étaient sujets à revanche qui finirait dans une hilarité partagée.

*Elle a raison, attention !*

Elle avait posé sur lui un regard presque menaçant, pour appuyer les propos de la jeune femme, ce qui fit sourire de plus belle le seul homme de cette table. Il la tenait par l’estomac, il ne craignait rien, la gourmandise de sa camarade était contre elle, et elle le savait…

Elëa… Ainsi se nommait celle avec qui il partagerait un verre… Et la commande du dit verre, si particulière quand il s’agit d’Eärnil, amena deux réactions… Il y eut d’abord de la surprise, elle s’attendait sans doute, mâle rustre qu’il était, à ce qu’il prenne une bonne bière dans un verre aussi sale que possible… Mais non, c’était un buveur d’eau, il côtoyait suffisamment les pochtrons pour ne pas vouloir en devenir hein, voyez-vous.
Puis euh…De l’admiration ? Tout ça, juste pour le calme sans limite qu’il laissait paraître devant les quolibets qui avaient plu sur son compte. Il dit calmement, en réponse à ce regard.

« Ne soyez pas si surprise… Il y a tant d’années que j’en entends de ce goût là, et plus crue encore, je m’y suis fais. »

Et puis, à part dans ses bêtises, il était de façon généralement calme, la seule crainte serait que ça tourne en bagarre, surtout ce soir en fait, il ne voulait pas que ses choix et décisions affectent la jeune femme qui se trouvait devant lui… Surtout pas.
Puis elle répondit à sa question sur la musique, et deux choses attirèrent l’attention d’Eärnil, deux choses bien distinctes… D’abord, elle avait commencé tôt, surtout pour une elfe, mais cela s’en ressentait, bien qu’il ignore l’âge qu’elle affichait désormais… Elle devait déjà posséder ou approcher de l’expérience d’un artiste de talent chez les humains… Mais il y avait surtout ce qu’il entendait, au-delà des mots, et il ne mit pas longtemps à faire le rapprochement avec cette cicatrice blanche qui défigurait son cou.
Et quand elle lui demanda ce que lui faisait, sa voix était devenue plus rauque, légèrement certes, mais largement assez pour capter toute son attention, aussi, en guise de réponse, il se leva, venant à son niveau, s’accroupissant et posant un regard sur elle avant de répondre.

« Je fais quelque chose qui va, je pense, vous êtes très utile dans un avenir presque immédiat… Je suis guérisseur… Guérisseur et médecin de bord d’un navire. »

Il ignorait la source du problème, ce qu’avait causé cette vilaine blessure qui avait été bien pire, c’était certain, mais il saurait sans doute, avec son arsenal magique poussé retarder une perte de voix, même temporaire.

« Qu’est ce qui est arrivé à votre gorge, Elëa ? »

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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeJeu 22 Avr 2010 - 12:40

Je ne doutais pas une seule seconde qu’elle lui avait déjà fait payée ses commentaires. Mais cela ne l’empêchait pas pour autant de recommencer à l’asticoter. Un vrai couple en somme. La petite dräke regarda son compagnon, comme pour lui faire comprendre que j’avais raison. Je savais qu’ils pouvaient nous comprendre, mais c’était tout de même amusant de la voir ainsi appuyer mes propos.

Nous nous présentâmes l’un l’autre, avant de commander à boire. Enfin lui commanda, moi je n’en eu pas besoin. J’étais surprise je l’avoue, de le voir commander de l’eau, mais admirative de le voir résister aux quolibets que l’on usait à son encontre.

-Je ne suis pas surprise, mais plutôt impressionnée. D’habitude chez les êtres comme nous, le sang humain a tendance à refaire surface et nous pousser à repousser les accusations. J’ai vu cela un nombre impressionnant de fois. Je suis heureuse de voir que vous savez garder votre sang-froid.

Une trop grande phrase, je m’en rendais compte. Elle m’irrita la gorge, si bien que je du boire pour apaiser un peu le feu qui me brûlait. Légèrement calmé, je répondis à ses questions sur la musique, mais ma voix me trahit un peu, devenant un peu plus rauque. J’avais oublié la prudence, et allait bientôt devenir aphone. Mais je continuais de parler, voulant discuter le plus longtemps qu’il m’était donné avec cet homme. Il n’y a vraiment qu’avec les métis que je m’entends bien, comme Aidan. Mais lui c’est spécial, après tout c’est mon demi-frère.

Alors que je lui demande quel est son métier, le voila qui se lève et s’approche de moi avant de se mettre à genoux à mes pieds. Repoussant un pan de ma robe, je dissimule ma jambe nue et les dagues accrochées pour ne pas le rendre soupçonneux. Pour le moment il s’était montré digne de confiance, mais je me méfiais tout de même. J’avais des raisons d’être prudente.

Il m’avoua son métier, et je soupirais. Il l’avait remarqué.

-Vous ne pouvez pas m’aider Eärnil. Les plus grands guérisseurs ont tenté de me soigner, mais en vain. Ma voix est brisée, faible, grave et rauque alors qu’elle était claire et mélodieuse. C’est ainsi, nous n’y pouvons plus rien désormais.

Un voile de tristesse emplissait ma faible voix. Ne plus avoir de voix m’avait fait redoubler de talents pour la musique, afin de compenser l’absence de chants. Pouvoir chanter me manquait, je le reconnais, mais surtout ne plus pouvoir parler tout mon saoul qui me rendait triste.

A la mention de ma cicatrice, instinctivement je portais la main à mon cou et la caressait. Je détournais la tête tandis que les souvenirs revenaient. La douleur, la tristesse emplissaient mes yeux, et je ne voulais pas qu’il la voit. Fixant le bord de la table je répondis :

-N’est-ce pas évident ?

Je me retournais alors vers lui, et approchais mon visage du sien, si près que je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres. Mon regard rivé dans ses yeux bleus azur, je chuchotais telle une confidence :

-Je suis morte Eärnil. J’ai été assassinée…
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeVen 23 Avr 2010 - 10:51

« Vous savez… Je suis bien plus elfe que je ne suis humain... Avec soixante ans au cœur d’Anaëh, je n’ai que certaine tendance, mais pas l’agressivité certaine de ces « mortels ». »

Oui, il se considérait très différent des humains… Et s’il était issu d’un métissage, il ne tolérait guère qu’on le compare aux humains, car son ascendant et ses origines, sa nature était à ses yeux bien clairs… Il était un elfe, un peu moins certes, mais pas de quoi tant ternir le tableau, bien qu’il ne soit pas immortel, pas assez pour le considérer proche des humains. Il ne toisait certes pas les humains, mais n’appréciaient pas qu’on l’associe à ces derniers…

Puis elle tint un surprenant discours… On ne pouvait pas l’aider ? « Les plus grands guérisseurs » avaient échoué… Mais des guérisseurs humains ? Aussi sensible et proche de la magie qu’un requin de ses petits ? Oui, sur ce qui à trait à la magie, Eärnil était du genre très sceptique au sujet des humains… Ils n’avaient pas l’affinité des elfes, ou même des demi-elfes dans ce domaine…
Il paraissait bien curieux que des guérisseurs, si ils étaient bien les plus grands, aient échoué dans une opération certes sensible et délicate, mais pas tellement irréalisable, à son sens… A moins que ce soit quelques vauriens et autres charlatans prétendus reconnus pour leur talent qui n’hésitait pas à mettre en péril la santé pour quelques écus facilement gagné.
Aussi posa t’il sur elle, et sur la blessure un regard pensif, non vraiment… Il doutait… Quoiqu’un problème se posait, plus sérieux… Ces charlatans de grands chemins, vadrouillant de villes en villes à prétendre à des miracles avaient peut-être plus endommagés qu’ils n’avaient guéris, et dans ce cas, il lui serait guère aisé de s’en occuper… Même pour lui.

« Êtes-vous certaine d’être tombée entre les mains des meilleurs guérisseurs ? Vous savez, il y a beaucoup de malhonnêtes qui se targuent d’être les meilleurs alors qu’ils sont piètres et menteurs… Et il est fort probable qu’ils aient même aggravé votre état avec quelques manipulations hasardeuses. »

A sa question sur la cicatrice, elle eut une réponse classique… Oui, c’était évident, mais il est parfois mieux de discuter et de demander plutôt que de deviner… Ca créait des liens comme on dit… Car on peut presque tout apprendre d’une personne en l’observant sans jamais lui parler, mais il n’est pas un de ces êtres qui s’isolent et s’enferment dans une bulle, à porter un regard critique sur le monde.

« Si, ça l’est… Il faudrait être idiot ou ignorant pour ne pas comprendre… Mais est-ce un mal de le demander ? Je ne crois pas. »

Et puis, il y eut cette confidence… Etonnante d’ailleurs, car il ne pensait pas qu’en quelques instants, on puisse en venir à ce genre de rapport là… Mais soit, il ne s’en plaindrait pas… Quoique la confidence le déstabilisa, qu’est ce qu’elle racontait ? Morte ? Assassinée ? Non, non, elle était bien vivante, bien loin du cadavre en décomposition, l’odeur nauséabonde qu’on aurait tenté de dissimulé sous un parfum, amenant à une senteur pire encore… Non, elle n’était pas morte.
Il lui répondit donc dans un murmure identique au sien.

« Qu’est ce que vous racontez… Vous êtes vivante, Elëa. »
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeVen 23 Avr 2010 - 11:50

-Vous êtes resté plus longtemps que moi. Moi je n’ai attendu que trente-deux ans avant de partir sur les routes, mais c’était suffisant pour être aussi immunisé que vous aux regards et aux commentaires.

J’avais bien sentit dans sa voix et dans ses propos qu’il n’aimait guère sa nature humaine. Mortel. Nous l’étions tous deux. Certes notre vie serait plus longue que celle des humains, mais nous étions tout de même mortels, de part le fait que la vie s’échappe de nos corps au fil du temps. Notre vie avait une fin, contrairement à nos parents elfes, qui eux vivraient aussi longtemps qu’ils le désireraient. Il n’est de plus grand malheur qu’un enfant meure avant ses parents, c’est pourtant ce qui arrivera avec moi, à moins que la guerre ne le fauche avant que ma vie ne touche à son terme.

Eärnil remarqua ma cicatrice, et proposa de m’aider, chose qui était impossible désormais. Il douta des bienfaits des guérisseurs qui s’étaient occupés de moi, et peut-être avait-il raison, peut-être avaient-ils aggravés la situation. Mais désormais, il était trop tard. Je lui souris tristement en disant :

-Mon père est elfe, pensez-vous qu’il m’aurait laissé aux mains de charlatans humains ?

Puis mon expression redevint sérieuse tandis que j’ajoutais :

-Les guérisseurs sont unanimes Eärnil. Le mal est fait. Ceux qui m’ont soignée à l’époque ont fait de leur mieux, mais peut-être n’étaient-ils pas assez doués comme vous dites. Si vous aviez été là à l’époque, peut-être auriez-vous pu m’aider, mais aujourd’hui, tout ce que vous pouvez faire c’est alléger un peu ma douleur. Vous ne pouvez guérir que les blessures, or je n’en ai plus. Je n’ai plus que des cicatrices, aussi bien physiques que morales.

Ma gorge commençait à me faire de plus en plus mal, si bien que je baissais au fur et à mesure le ton de ma voix, pour mobiliser le moins possible mes cordes vocales. Eärnil demanda ce qui m’était arrivé, ce à quoi je répondis de manière rhétorique sans le regarder. Toujours sans le regarder, je poursuivis :

-C’est un mal inconscient pourtant. Cela fait remonter des souvenirs par trop douloureux, des souvenirs que l’on voudrait oublier…

Mais quelque chose comme ça ne pouvait pas s’oublier. Cela restait ancré en vous, surtout quand votre corps vous empêchait d’en oublier les conséquences. Chaque fois que ma gorge me faisait mal, chaque fois que ma main passait dessus, les souvenirs revenaient. Moins puissants qu’autrefois, mais ils revenaient. Je ne pleurais plus depuis longtemps, et je croquais la vie à pleine dents, plus fortement qu’autrefois.

Eärnil me forçait à me rappeler, et je lui révélais alors ce que j’avais au fond de mon cœur. Pour lui je parlais par énigme, mais il allait vite comprendre ce que je voulais dire. Toujours sur le ton de la confidence, je répondis :

-Je suis morte sur une route près d’Aduram. Des hommes sont venus, m’ont détroussée, m’ont…forcée… m’ont tranchée la gorge…

Ma main caressa à nouveau la cicatrice qui barrait mon cou.

-Alors que la vie s’échappait de mon corps, ma voix l’a accompagnée. J’ai sombré dans le néant, et quand j’ai rouvert les yeux, j’ai su que je n’étais plus moi. Celle que j’étais… était morte…

Mes yeux reflétaient toute l’horreur et la tristesse que j’avais ressentie à l’époque. Je ne pleurais pas, je ne pleurerais plus jamais sur cette époque. Cela ne servait à rien. Ma voix se brisa encore plus qu’elle ne l’était déjà, et même Eärnil du tendre l’oreille pour en saisir les mots.

-J’étais barde… j’étais barde…

Je lui souris maladroitement avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres. Un pardon, une excuse, un geste irréfléchi qui en disait plus que des mots. Pardon de vous infliger cela, pardon de sembler faible, pardon de vous faire partager ma détresse…
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeVen 23 Avr 2010 - 13:39


« Comment vouliez-vous que je le sache, je ne sais rien de votre vie après tout… »

C’est vrai ça ! Comment aurait-il pu prétendre à savoir que son père avait prit soin d’elle ? Non sérieusement, il ne le pouvait pas, il était guérisseur lui, pas un de ses vauriens abuseurs de crédulité qu’étaient les devins et les voyants et autres liseuses de bonnes aventures.
Mais c’était dit sans méchanceté, plutôt avec une légèreté, il aurait été dommage de tout gâcher, n’est ce pas ? Bref, non, mais il était rassuré bien que très surpris que même des elfes ne parviennent pas à guérir correctement ça… Ca avait été si terrible, avant d’être cette cicatrice ?
Bon, on avait peut-être pu lui couper net la gorge… Auquel cas, sa survie était un miracle, et le fruit d’une intervention très rapide… Peut-être précipité… Trop précipité pour être soigné correctement. C’était peut-être ça le problème, et dans ce cas, ça pouvait expliquer que même les plus talentueux n’aient pu faire grand-chose pour elle.
Elle suggéra une chose au quelle il pensait, apaiser sa douleur, ça, il savait faire… Ca ne serait que temporaire, mais au moins, cela lui rendrait une voix, et cela serait plus agréable pour elle de parler qu’actuellement, où elle semblait peiner à chaque phrase.

« Vous pourriez ne pas vous souvenir que je comprendrais tout à fait… C’est une question au quelle vous ne seriez pas forcée de répondre si vous le désiriez. Mais je m’en excuse.»

On pouvait rejeter des souvenirs, oui… Et il n’était pas de ceux qui contraignent et obligent, non… Plutôt de ceux qui demandent, mais qui comprennent et acceptent quand les questions demeurent sans réponse, quand celle-ci est trop dur pour qu’on accepte qu’elle refasse surface. Pourtant, elle lui répondit… Racontant avec cette voix douloureuse et faible un pan marquant de son histoire… Sans doute l’un des évènements les plus ancrés, à la conséquence importante, même aujourd’hui.
Elle continuait à se dire morte, bien sûr, c’était au sens métaphorique, c’est évident… Car l’évènement a bouleversé sa vie, a tout changé à son existence… En soit, c’est une mort et une renaissance, c’est vrai, mais il était étrange de le dire comme si c’était un fait, comme la vie avait cessé d’être et qu’elle était devenue une âme en peine, errant sur ces terres.

Quand elle eut terminé son histoire, drame malheureusement fréquent, quoiqu’en général, les victimes n’en réchappent pas, il n’eut d’abord aucun commentaire… Et quand bien même il eut voulu en faire, elle eut un geste qui l’aurait coupé… D’abord dans ce qu’il était, puis dans le sens qu’il devait posséder… Un baiser, court, éphémère, sans saveur… Ponctué par un commentaire déplacé dans le contexte.

*Eh beh ! Elle ne perd pas de temps dis donc… Ton charme ravageur sans doute.*

Itarillë, si elle ressentait la peine qui se dégageait de tout ça, ne comprenait pas, elle ne connaissait pas cela, et avait rarement du traverser des coups durs et des phases de grandes tristesses avec celui qui à bien des égards respirait la joie de vivre, en toute circonstance.
Mais le demi-elfe n’y fit pas attention, regardant interloqué, surprit, celle qui venait de l’embrasser, il savait que ses origines se trouvaient dans la détresse, mais il n’en saisissait pas vraiment le sens, ni l’intérêt…

« Que… ? »

*Oh, reste pas bouche bée comme ça, reprends toi !*

Oui, se reprendre, c’est ce qu’il ne tarda pas à faire… Et il devait trouver les bons mots pour lui remonter le moral. Aussi doucement, dans un murmure, il dit simplement.

« Je n’ose même imaginer ce que vous avez pu vivre et ressentir… Et peut-être, je ne saurais en témoigner, avez-vous été une barde… Mais en l’absence de voix pour chanter, vous êtes devenue une fabuleuse musicienne… Vous n’avez pas besoin d’elle pour envoûter, enchanter un public… »

Il posa sa main sur son cou, se risquant à cette audacieuse manœuvre avant qu’une faible lueur ne se dégage de sous sa main, une légère chaleur irradiant la peau à l’endroit de la cicatrice… Un petit cadeau, un adoucissement de la douleur… Une solution temporaire certes, mais toujours bonne à prendre.
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeLun 26 Avr 2010 - 18:09

-Tout comme moi je ne sais rien de la votre…

Nous étions deux inconnus l’un pour l’autre, et pourtant par ses manières j’avais tendance à vouloir faire confiance à cet homme. Il s’inquiétait pour moi, pour ma gorge, et je suis à peu près certaine qu’il aurait aimé être présent ce jour fatidique pour me soigner. Seulement son destin était d’être ailleurs, et moi d’être abandonnée. Aussi paradoxal et triste que ce soit, je devais me faire égorger pour être la ménestrel que j’étais aujourd’hui.

-Le souci ne vient pas que je ne parvienne pas à me souvenir, Eärnil, mais de ce que je ne parvienne pas à oublier. Ce souvenir restera à jamais gravé dans ma mémoire, et jusqu’à la fin de ma vie. Je n’aime pas raconter ce qui s’est passé. Pourtant… ce jour est essentiel aux autres pour me comprendre aujourd’hui.

Oui, pour comprendre qui j’étais devenue. M’approchant de lui, je lui révélais ce qui m’étais arrivé : mon viol… mon meurtre… mon réveil… Je n’entrais pas dans les détails, car ils n’étaient nullement nécessaires. Il ne voyait que trop bien la scène. Du fond de mon cœur, dans un souffle presqu’imperceptible, je révélais celle que j’étais, celle qui est morte. Barde…

Voulant m’excuser de l’exposer ainsi à ma détresse, je déposais un baiser sur ses lèvres. Il était surpris, ne comprenant d’abord pas mon geste. C’était compréhensible. Je ne doutais pas qu’il ne se méprendrait pas sur mon geste, le contexte étant ce qu’il était. Après un moment d’hésitation, il reprit la parole, et dit alors ce que je savais être vrai.

-Si je suis devenue aussi bonne musicienne que vous le dites, c’était avant tout pour compenser ma perte de voix. J’apportais joie et bien-être à ceux que je rencontrais en chantant pour eux. Maintenant, je fais pareil avec mes instruments.

Je lui souris, tentant de ne pas grimacer tant la douleur commençait à me tirailler la gorge. J’avais beaucoup trop parlé et pas assez bu. J’avais été prise dans mon histoire et mes sentiments, et j’en ai oublié mon corps. Au moment où j’allais me redresser, Eärnil posa sa main sur ma gorge. La méfiance était passée, si bien que je ne sortis pas mes dagues et le laissa faire. Une chaleur bienfaisante emplit ma gorge, et la douleur commença à diminuer pour finir par disparaitre. Quand il eut fini, je tâtais ma gorge, heureuse de ne plus souffrir, et déposais un baiser sur sa joue. Souriante, je lui dis :

-Merci beaucoup, mon ami. J’apprécie votre geste.

On m’avait rarement fait des cadeaux, mais celui-là était l’un des plus beaux. Pouvoir continuer à parler… j’étais aux anges… Preuve en était que je l'avais appelé mon ami. Rares étaient les hommes à s'être vu qualifié de ce titre. Surtout aussi rapidement que lui...

-Comment puis-je vous remercier ?

C’était la moindre des choses après tout…
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMer 28 Avr 2010 - 20:26

« C’est pas faux. »

Non, c’est vrai… Elle avait pas tord sur le fait qu’elle ne savait rien de la sienne. Mais il n’avait pas l’intention de raconter sa vie comme ça… S’aurait été déplacé que de se dévoiler, là… Comme ça, sans contexte ni raison… Et par les Cinq, qu’est ce qu’il aurait eu l’air con s’il l’avait fait.

*Plus que tu n’en as l’air au naturel ?*

Eh mais ! Non, il n’avait pas l’air con au naturel… Curieux oui, bizarre avec parfois ses attitudes de saltimbanque jouant en duo avec sa compagne reptilienne… Mais con. Non, désolé mais c’était une bêtise de le qualifier ainsi, et c’était blessant, si il n’avait pas eu une compagnie comme celle de la demi-elfe, il aurait feint la larme à l’œil, mais il valait mieux éviter n’est-ce pas ? S’aurait été vraiment de mauvais ton, vu l’ambiance de la discussion.
Pour ce qui est de son explication sur le souvenir… C’était le même cas qu’Abysse la veille… Des souvenirs marquants qu’on a du mal à effacer. Aussi loin que lui s’en souvienne, il n’en avait pas d’aussi dramatique… Oh bien sûr, il y avait la mort de sa mère… Mais c’était un évènement qu’il avait su voir venir, et la rencontre avec Itarillë avait eu tôt fait de rétablir la balance. Dur de se mettre à sa place, même si il pouvait imaginer sa douleur, du moins, l’approcher…

« Peut-être les autres n’ont-ils pas besoin de connaître et de ranimer la douleur pour savoir ça… Enfin… Peu importe. »

Il voulait écarter un sujet de conversation qu’il savait par expérience difficile, tant pour ceux qui confessent que pour lui, qui n’était guère habile dans ce genre de situation… On ne peut pas être un pitre et un conseiller social en même temps… Dommage, mais c’est ainsi et il n’y pouvait pas grand-chose. A l’histoire musicale, il finit par conclure simplement.

« Le drame ne vous a pas enlevé votre talent… Même si il a été reconverti, et c’est là l’essentiel, non ? »

Oui, c’était bateau, mais que pouvait-il dire ? C’est vrai quoi… Elle avait « perdu » la voix certes, mais pas le talent naturelle qu’elle avait avec la musique, elle s’était faite à sa situation, et avait su devenir une musicienne talentueuse… Tant voudrait se relever aussi bien que ça, dans le fond, elle avait su se montrer assez forte pour bien s’en tirer, et c’était digne de louange.
Après les soins apportés, elle le remercia… Et croyez le, croyez le pas, mais c’était une chose rare… Non parce que certes, il soignait du monde, mais fallait voir les morceaux qu’il devait supporter habituellement, en règle générale, et ces derniers s’intéressaient guère à des notions comme la reconnaissance quand on n’était pas fournisseur de rhum.

Bref, en plus de ça, bah… Pour lui, c’était naturel, normal… Elle avait besoin de soin… Plus que ses habituels patients, alors bon… Quand elle lui demanda ce qu’elle pouvait faire pour le remercier, il en resta pantois et commença par s’installer à nouveau à sa place.

« Et bien… Deux choses en fait. D’abord, ne plus pensez au passé, ensuite… Payer mes consommations de la soirée. »

Il eut un sourire, car la facture serait assez légère pour que la « récompense » ne lui pèse pas trop.

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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeJeu 29 Avr 2010 - 10:08

« Les autres, peut-être pas. Mais vous oui… »

Je ne racontais mon histoire qu’à très peu de personnes, des personnes que j’appréciais. Je ne connaissais cet homme que depuis quelques minutes, mais je l’appréciais déjà. Sa bienveillance, sa gentillesse… On pouvait me mentir avec des paroles, mais pas avec les yeux. Il n’y avait aucune mauvaise intention dans les siens. Il était rare de rencontrer des personnes qui s’intéressaient à moi sans arrière-pensée. C’était plaisant.

Je lui contais donc mon histoire, mentionnant mon ancien métier de barde et ma reconversion en ménestrel de par ma blessure à la gorge. Eärnil m’avait écouté sans broncher, et tenta même de m’apporter du réconfort en vantant mes qualités de musicienne. Je savais ce que je valais, et mes qualités, mais cela faisait toujours plaisir à entendre.

« C’est l’essentiel oui. On ne perd jamais rien dans la vie. Ce que l’on croit avoir perdu est en fait transformé. C’est une leçon que j’ai comprise il y a fort longtemps. »

L’amitié devient de l’amour, l’amour devient de la peine, le peine devient de la nostalgie… Des exemples de changements, il y en a des tas. C’est la règle Universelle. Un être meurt, un autre nait. Un Gardien disparait, un autre s’éveille. Les Dieux ont instaurés cette loi, et elle prédomine dans la vie de chaque être vivant. Ma voix a disparue, mais ma musique s’est éveillée.

Eärnil me soigna, apposant sa main sur mon cou pour soulager la douleur qui me voilait la voix. C’était temporaire, nous le savions très bien, mais c’était un tel soulagement que j’en souriais de bonheur. C’était un magnifique cadeau qu’il venait de me faire là. Je le remerciais et lui demandais ce qu’il voulait en échange. Etrange qu’il soit surpris. Personne ne remboursait ses services sur son bateau ? Personne ne le remerciait pour ses soins ? C’était pourtant la moindre des choses non ?

Le demi-elfe s’assit, et proposa à ce que je paye les consommations. Je me retins de rire pour ne pas détruire ses efforts. C’était vraiment léger comme remboursement. Un verre et un bol d’eau… L’addition serait salée, c’est sûr…

« Si ça vous fait plaisir… »

Je souriais, amusée par son prix. Je bus tranquillement ma cruche d’hydromel, frottant sans m’en rendre compte ma gorge, soulagée d’avoir sentit la douleur s’évanouir. Mes pensées s’égarèrent un moment, avant que je ne revienne au demi-elfe. Combien de temps avais-je rêvassé ainsi ?

Secouant la tête, une mèche de cheveux vint se rabattre sur le devant de mon visage, si bien qu’il ne restait plus qu’une moitié de visible. Je n’y faisais guère attention, ayant l’habitude d’avoir le visage à moitié dissimulé dessous.

« Vous restez à terre combien de temps encore ? »

La question était sortie sans que j’y réfléchisse. Il était trop tard pour se rétracter, mais je me demandais comment il le prendrait. Je ne savais même pas pourquoi moi je l’avais posée…
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 14:12

Avait-il vraiment besoin qu’elle ranime des plaies vous sa belle gueule ? Quand bien même c’était le cas, ça ne saurait être accepté que si c’était une chose qu’elle faisait pour elle, pas pour satisfaire la curiosité parfois malsaine d’un vulgaire vaurien itinérant et naviguant sur les mers, comme il pouvait l’être, aux yeux de certains.

*Ca te ressemble pas de t’abaisser de la sorte.*

Répliqua la dräke, imperturbable dans sa dégustation, s’étant déjà mis à piocher dans la bourse. Bon, elle avait raison…

*Bien sûr que j’ai raison ! Comment peux-tu en douter ?*

Chut ! Bref, oui, elle avait raison, il n’était pas du genre « vas-y que je me montre humble » et toutes ces sornettes bonne à sortir dans les cérémonies pompeuses et pleines de mauvaises fois de la noblesse, mais tout de même, il n’était pas non plus de ces arrogants et prétentieux devenus bien incapable de passer les portes tant les chevilles étaient enflées, qui coulerait à pic à cause de ce poids dans les jambes si on les jetait à l’eau, alors pour cette fois, il serait humble, en pensée tout au moins.

« Si vous estimez que je sois digne que vous raviviez vos souvenirs pour moi… Soit, je vous en remercie. »

Il valait mieux accepter que de discuter cent-sept ans pour savoir si c’était légitime et bon pour elle, surtout que sa Capitaine n’attendrait pas autant de temps pour les yeux, certes superbes, de son médecin de bord. La perspective des coups de pieds au cul ou d’une oreille tirée ne le réjouissant guère, il ne fallait pas s’attarder sur quelques idées inutiles et qui ne faisaient que prolonger le calvaire.
A cela suivit une leçon de vie, non qu’il ait besoin d’y réfléchir, mais dans le fond, elle avait raison… Mais y gagnait-on au change ? Prenons-lui… Bah quoi, on peut non ? Il avait autrefois perdu sa mère, mortelle de sa condition, elle n’aurait pu guère voir son fils vivre toute sa vie, et en retour, peu après, la vie lui avait offert Itarillë…

*Je te déconseille d’aller au fond de ta réflexion sans quoi je te grille un sourcil.*

Ce à quoi, la dräke leva la gueule vers lui, quand il fut rassit, semblant mécontente, prête à bondir tel le fauve en embuscade, et le demi-elfe déglutit à l’idée de voir la reptile mettre en forme sa menace, la concrétisant et anéantissant sa belle gueule harmonieuse.
Elle sourit ensuite à ce qu’il proposait comme remboursement des soins qu’il lui avait apporté, et à sa réponse, il se lança dans une exagération évidente mais se voulant joueur, réponse à ce sourire amusé.

« Vous n’imaginez pas à quel point ! Nombreux hommes offriraient leurs vies pour une si grande et inestimable récompense… Ne s’élevant guère plus qu’à un écu. »

La fin de sa phrase était dite plus simplement, plus doucement mais avec le sourire, qui se perdit dans les rêveries de sa compagnonne de tables qui semblait s’évader dans quelques songes éveillés. Quand elle en sortit, c’est une question qui aurait pu troubler le demi-elfe, surtout après qu’Itarillë eu mit son grain de sel dans sa tête, ajoutant

*Bah dis donc, elle ne manque pas d’audace pour te faire du charme !*

*Mais dis-moi, tu ne serais pas jalouse ?*

Ce à quoi, elle ne répondit que d’un mouvement de gueule de dédain… Si elle n’avait guère les connaissances pour comprendre absolument tout ça… Plus de 50 ans avec le demi-elfe lui avait apprit quelques uses et coutumes, des mœurs et habitudes d’êtres humains ou elfiques. Bref, il aurait pu en être troublé, surtout après ça, le baiser, mais il préféra ne rien afficher.

« Combien de temps… Eh bien, je dois dire que je n’en sais absolument rien, quand mon capitaine aura décidé qu’on reprendra le large. Mais pourquoi cette question ? »

C’est vrai ça, pourquoi ?
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 19:56

L’esprit est quelque chose d’étrange, surtout en ce qui concerne les souvenirs. Certains évènements font qu’il est impossible de s’en souvenir, d’autres qu’il est impossible d’oublier. Parfois cela ne vient pas des évènements mais des personnes. Voire des deux. Le souvenir de ce jour restera à jamais gravé dans mon esprit. Seul s’estompe doucement la douleur de ce jour. Qui sait, peut-être un jour pourrais-je raconter cette histoire comme n’importe quelle autre. Mais c’est avec douleur que je la narrais à Eärnil, lui qui semblait vouloir la connaitre sans me forcer.

Mon récit se conclut par un baiser que je lui donnais, en guise de remerciement et de pardon. Il le méritait. Aucun homme jusqu’à ce jour pouvait se targuer d’avoir reçu un baiser de moi depuis mon viol. Même si celui-ci était tout à fait innocent, il était néanmoins le premier à qui je le donnais. Mais ça, je ne lui dit pas.

Le guérisseur s’occupa de soulager la douleur de ma gorge, et je le remerciais en lui demandant ce qu’il exigeait en retour. Sa réponse me fit sourire tant elle était insignifiante pour le baume qu’il avait posé sur ma gorge et mon cœur.

« Dois-je comprendre que les hommes tueraient pour qu'une femme paye leurs consommations ? Ou pour que JE paye leurs consommations ? »

Il était courant que les hommes payent pour deux comme l’exigeait la galanterie. Plus rares étaient les femmes qui payaient tout simplement à cause de l’orgueil masculin. Du moins, cette chose était vraie chez les humains. Du coup la réponse d'Eärnil m'intriguait au plus haut point.

Je laisser mon esprit s’égarer un peu avant de revenir au présent et de sortir la première chose qui me passait par la tête. J’aurais mieux fait de réfléchir avant de parler.

« Pour savoir si j’allais m’attarder un peu plus dans cette ville. »

Je le regardais dans les yeux, avant de lui adresser un sourire en coin.

« En tant que ménestrel je voyage de village en village, ne m’attardant jamais longtemps dans un endroit. Je ne suis pas forcément bien vue partout, beaucoup me voyant comme une mendiante qui joue de la musique pour survivre. Aussi lorsque je rencontre quelqu’un d’aimable et gentil comme vous, je me dis que je pourrais profiter un peu de sa compagnie. J’ai une existence solitaire, et guère confiance envers les hommes. Avoir un ami ne me ferait pas de mal je crois… »

J’avais parlée doucement, lentement pour ne pas détruire en un coup le travail d’Eärnil. Ayant ménagée ma voix, elle ne me faisait pas mal mais commençait doucement à me tirailler. Je pouvais tenir encore un peu si je faisais attention. Par contre ma dernière phrase fut dite dans un soupir. Voyager de ville en ville me plaisait, mais ne pas avoir de véritable ami me manquait. Certes j’avais Aidan et LilY, mais ce n’était pas pareil. Eux c’était la famille.

Je finis ma choppe d’hydromel, histoire de cacher un peu la gêne que j’avais devant mes révélations. Je venais ni plus ni moins de lui avouer que j’aurais aimé l’avoir pour ami. Avoir révélé cela à une femme ne m’aurait pas posé de problèmes, mais à un homme… J’avais encore du mal à croire que je l’avais fait.

Je me concentrais sur Itarillë et souris, amusée de la voir se goinfrer ainsi.

« Elle a un sacré appétit à ce que je vois. »

Je le reconnais, j’essayais de changer de sujet.
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeVen 7 Mai 2010 - 11:47

« Oh, et bien ça, je l’ignore. J’en doute, j’ai pu constater que les hommes, tout particulièrement les humains, mais ceci, il le dit à voix basse, pouvaient trouver toutes sortes de prétextes, plus idiot les uns que les autres d’ôter la vie, alors ma foi, je l’ignore… C’était là qu’une plaisanterie… Vous tenez tant à m’offrir quelque chose, alors que vous l’avez déjà fait, alors c’est la première chose la moins prenante qui m’est venu. »

Enfin… Sa conception du cadeau, non parce que bon, il savait des individus assez égocentrique et égoïste pour qu’un cadeau appelle à un service, ou autre, mais la valeur des objets, des écus, il ne l’avait pas, enfin si… Mais il s’en foutait. Ses besoins n’amenaient pas à de grandes dépenses, alors bon… Elle lui avait offert un appréciable présent auditif, il lui rendait la voix, ne serait-ce que temporairement… C’était un échange tout à fait convenable, non ? Mais peut-être s’était-elle fait tout un autre schéma, toute une conception de la mentalité qui avait amené Eärnil à agir de la sorte… Mais non, il ne fallait finalement pas chercher bien loin.

Bref, elle répondit ensuite à sa demande, concernant les raisons de son questionnement sur la durée de présence du demi-elfe ici, à Arétria… Et sa réponse le surprit… Enfin, oui et non… Ca allait et s’harmonisait avec quelques mots et gestes qu’elle avait eu, mais le demi-elfe était bien curieux d’en comprendre le sens complet… D’abord un baiser innocent, cette question puis cette remarque… S’attarder en ville, pour lui ? Tout ceci tendait vers une direction, mais s’il savait ce que c’était, il ne saisissait pas bien la suite, et la manière de réagir, tout au moins pour lui.
Il était un elfe avant d’être un humain, et si il les savait peu patient, peu enclin à prendre le temps de bien faire les choses, lui adhérait à la philosophie de ses vrais ancêtres… Prenant le temps qu’il possédait pour faire les choses correctement… Alors ce qui pouvait apparaître comme de la précipitation le troublait, et il faudrait, si cela continuait, décevoir pour faire comprendre sa façon d’être.
Il comprenait son histoire… Dans le fond, était-il aussi un solitaire dans l’âme, quoique ces rapports et la complicité avec Abysse tendent à penser le contraire, mais justement… N’était-ce pas trop dangereux que de s’attacher à un individu, surtout comme lui ? Oh, il n’était pas ermite, ayant un bon contact avec les gens, et sans doute aurait-il plaisir à revoir certaines personnes, mais de là à les considérer comme ami… Non, pour ça, il fallait du temps… Beaucoup plus que quelques minutes autour d’un verre.
Aussi la suite et la réponse qu’il ferait n’allait peut-être pas plaire, mais elle était nécessaire… Il perdit son air rieur pour être sérieux, un instant… Juste un instant.

« Je comprends, mais peut-être ne devriez-vous pas trop vous attacher… Je veux dire, ce n’est pas contre vous, et ce n’est pas que je me moque de vous et soudainement, je suis touché par le remord, non… Mais voila, il est possible qu’au-delà de cette soirée, on ne se revoit pas, aussi devriez-vous garder quelques réserves et distances, pour ne pas trop souffrir ensuite. »

Par la suite, elle recentra la discussion sur un autre sujet… Sujet qui d’ailleurs releva la gueule, jaugeant l’un après l’autre les demi-elfes quand elle comprit qu’on parlait d’elle.

« Oui… Elle finira par ne plus réussir à décoller, à force. »
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeVen 7 Mai 2010 - 13:41

La subtilité de la plaisanterie m’avait échappée, si bien qu’en la comprenant je ne dis qu’un :

« Oh ! Je vois. »

L’humour était une chose qui m’était un peu étrangère je l’avoue. Les elfes n’en étaient pas très friands, jugeant cette chose trop triviale pour être digne d’intérêt. Du moins dans certains milieux. Mon père étant soldat, il ne goûtait guère à l’humour. Je ne l’avais découvert qu’auprès des humains, et celui des hommes étaient pas trop grivois et porté sur la chose pour que j’y trouve un semblant d’intérêt.

Par la suite, je posais la question qui allait compliquer tout. Une gêne s’installa tandis que j’avouais les raisons de ma question. Eärnil perdit son air jovial un moment pour me parler le plus sérieusement. A ses propos je compris qu’il s’était trompé sur mes dires. Je secouais la tête et le regardait le plus sérieusement du monde.

« N’est-ce pas plutôt l’inverse ? N’est-ce pas vous le marin, qui ne voulez vous attacher à quelqu’un de la terre ? »

Je lui offris un pauvre sourire avant de continuer.

« J’ai peur de m’être mal fait comprendre tout à l’heure. Je n’attends pas de vous que vous me considériez comme une amie. Nous nous connaissons à peine, et ce serait idiot de croire qu’une amitié pourrait naitre d’une rencontre de quelques instants. Après tout, nous ne sommes pas des humains. De par mon… accident… j’ai perdu toute confiance envers les hommes. Je me méfie d’eux aussi sûrement que les humains des demi-drows. Les seuls en qui j’ai confiance ce sont mon père et mon demi-frère. »

L’amitié prenait du temps à se construire. Pour les elfes cela pouvait mettre des années. Pour moi… A vrai dire je n’avais jamais eu vraiment d’amis. Ni elfe ni humaine, j’étais toujours regardée de travers où que j’aille, si bien que je ne m’attachais à personne. Cela ne me dérangeait pas outre mesure. Du moins jusqu’à maintenant. Après plus d’un demi-siècle de solitude, le manque d’amis commençait à se faire sentir. J’avais besoin de quelqu’un en qui avoir confiance, mais n’allait pour autant pas prendre n’importe qui. Eärnil était digne de confiance, mais croyait que je le considérais déjà comme un ami. Il me fallait le détromper.

Ma gorge recommença à me faire mal, mais je fis abstraction de la douleur pour finir de dire ce que j’avais à dire.

« J’espérais pouvoir passer un peu de temps avec vous pour, qui sait, pouvoir un jour vous considérez comme un ami. Nous avons des siècles devant nous et Miradelphia n’est pas aussi grand que l’on pourrait le croire. Qui sait si cette rencontre sera unique ou non. Vous avez gagné ma confiance, ce qu’aucun homme autre que ceux de ma famille n’a pu se targuer. De cette confiance naitra de l’amitié ou non, cela le temps seul nous le dira Eärnil. »

Ma gorge me brûlait et était devenue rauque. Finissant ma chope pour atténuer la douleur, je changeais la conversation en posant une petite question. La petite dräke releva la tête comprenant visiblement qu’on parlait d’elle. Eärnil répliqua qu’elle ne pourrait plus décoller à force de se goinfrer. Au moins cet humour je le comprenais. Soupirant, je déposais un écu sur la table pour les consommations du demi-elfe et de sa compagne, et pris mon sac.

« Je vais vous… laisser… »

Ma voix était complètement cassée et douloureuse.

« J’ai… de la route… à faire… »
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MessageSujet: Re: Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil]   Un peu de douceur dans ce monde de rustres...[Eärnil] I_icon_minitimeSam 8 Mai 2010 - 14:41

Etait-ce l’inverse ? Oh, ça devait jouer, c’était évident, mais la question n’était pas tant l’attachement mais l’intensité de celui-ci… Des bons rapports, il s’en faisait à chaque escale, là n’était pas la question… C’était quand on en venait à parler « amitié » que les choses avaient tendance à se compliquer d’elle-même… Bah ouais, chez Eärnil, l’amitié n’était pas une friandise qu’on distribue par baril entier à tous ceux qu’on croise et qui nous plaise, non ! Bref…

« Vous avez peut-être raison… Ou peut-être suis-je soucieux des gens que je rencontre et dont j’apprécie le premier contact… Ou un peu des deux, qu’en sais-je. »

Ce qui suit… Au-delà des explications afin d’éclairer un peu mieux ce qui semblait apparaître comme de la confusion de sa part, il y eut des mots sonnant bien étrangement. Devait-il se considérer coupable de ce conditionnel qui semblait tendre vers le « J’espérais, mais puisque vous ne voulez pas, tant pis et à la prochaine, peut-être. » ? Peut-être bien, mais au fond, il n’avait pas envie de s’interroger… Quand bien même elle aurait finalement mal prit ce qu’il lui avait dit, cela ne changerait rien, nul regret, nul remord…

« En effet, seul l’avenir nous dira si nous nous reverrons. »

C’était tout ce qu’il trouvait finalement à dire… Il pouvait être heureux d’être quelqu’un qui lui apparaissait digne de confiance, il l’était mais ne l’exprimait pas, car les mots si ils semblaient sonner étrangement annonçaient la suite…
Ce fut une brève mais intéressante et agréable rencontre, une part des souvenirs qu’il aurait de sa première venue à Arétria lui serait dédiée.
Alors qu’elle se relevait posant le « dû » en la présence de cet écu symbolique, Eärnil se leva rapidement, pour ne pas qu’elle s’envole sans qu’il ait fait ce qu’il avait en tête depuis que sa voix avait recommencé à dérailler. Sa main sur la gorge, l’espace de quelques secondes, et la même sensation que précédemment.

« Prenez soin de vous, Elëa. »
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