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Jena Kastelord
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| Après une semaine quelque peu chaotique à Missède, le médecin personnel du couple régent d’Alonna profita d’une amélioration dans l’état de Jena pour organiser le voyage qui les ramènerait à la citadelle. En effet la jeune femme n’avait pas bien vécu le voyage de retour entre Ysari et Missède. Elle avait du garder le lit, plusieurs jours et près d’une semaine après son arrivée, elle avait pu enfin faire quelques pas. L’idée même de devoir reprendre la route rendait Jena malade, mais avec cette éclipse qui s’éternisait – déjà environ cinq jours – elle n’avait qu’une hâte. Rentrer chez elle, près des bras réconfortant de son époux. Par les dieux qu’il lui manquait.
Après avoir fait ses adieux au Baron de Missède et l’avoir remercié pour toutes les attentions qu’il lui avait prodigué, Jena était montée dans le carrosse frappé des armoiries de la Baronnie d’Alonna. Elle en aurait pour plusieurs jours de voyage. Le médecin avait exigé des pauses toutes les quatre heures et il ne voulait pas rester plus de deux heures à l’arrêt. Bref il avait déjà imposé toute une allure et les quelques gardes qui accompagnaient l’épouse du régent devaient se plier à ce programme.
Les premiers jours se passèrent plutôt bien. Quelques douleurs se firent ressentir, mais rien d’inquiétant selon Jena et son médecin. Cependant Clarys n’était pas des plus rassurée et elle aurait aimée écrire à Hanegard pour l’avertir de l’état de sa femme, mais elle n’avait rien pour écrire et encore moins le temps de le faire.
Cependant la veille de leur arrivée, elle avait fait partir un coursier pour avertir la citadelle. L’état de Jena ne s’était pas améliorée, loin de là même. A l’heure actuelle, à quelques heures de rentrer à Alonna, Clarys avait les yeux posés sur une Jena pâle comme un linge, allongée sur la banquette le corps couvert de sueur et pire que tout, gémissante. Le médecin avait refusé de faire une halte. Selon lui, il valait mieux finir le trajet d’une traite pour que Jena retrouve le confort de sa demeure plutôt que de perdre un jour de plus.
Après moult dispute entre la demoiselle de compagnie et le médecin, Clarys avait fini par s’écraser en pestant contre cet incompétent.
Les portes de la citadelle se dessinaient à l’horizon. Clarys se pencha au dessus du visage de Jena en lui souriant pour la réconforter.
- Nous arrivons. Je t’en prie accroche toi encore un peu. Bientôt tu seras dans ton lit…
Ses paroles, Jena se le répétait. Il n’y avait que cela qui la faisait tenir. Elle ne voulait pas perdre connaissance, ça non. Née ra sait ce que lui aurait fait le médecin une fois dans les vapes. De toute façon, la première chose qu’elle ferait une fois remise, se serait de renvoyer ce bon à rien. Elle ne pouvait plus le supporter, d’ailleurs il devait être responsable de l’état de ses nerfs !
- Nous y sommes, Jena. Ouvre les yeux... je t’en prie…
Et bien voilà, elle qui ne voulait pas s’évanouir, c’était loupé. Alors qu’elle ouvrait les yeux, elle pouvait voir par la petite ouverture, les murs gris des ruelles de la citadelle, défiler. Elle venait tout juste de se redresser – difficilement – lorsque le carrosse s’immobilisa dans la cour. Un garde se précipita pour ouvrir la porte, tandis qu’un page détalait pour avertir le régent de l’arrivée de son épouse.
Clarys voulut aider Jena à descendre mais la jeune femme gémissait et grimaçait de douleur à chacune de ses manœuvres. Finalement ce fut le garde qui se proposa de porter la jeune femme pour la déposer sous les arches. On n’aurait sur dire si on était en pleine journée ou en pleine nuit, en tout cas il faisait noir et les torches étaient allumées comme si le soleil était couché depuis des heures.
Une fois reposée sur ses pieds, Jena sollicita encore un peu le garde pour qu’il la soutienne à chacun de ses pas. C’était laborieux. Il lui fallait reprendre son souffle à chacun de ses pas, et puis elle venait tout juste de remarquer qu’elle ne voyait plus ses pieds tant son ventre avant grossit.
- Je ne vais pas y arriver Clarys…
Sa voix n’était qu’un murmure, sa pâleur inquiétait sa demoiselle de compagnie et la sueur qui couvrait son front lui donnait l’impression d’être en face d’une femme qui avait couru des heures.
- Pourriez vous la porter jusqu’à sa chambre ? demanda Clarys au garde avec un léger tremblement dans la voix.
Dernière édition par Jena le Lun 27 Sep 2010 - 11:17, édité 1 fois |
|  | | Hanegard Kastelord
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| Le régent d’Alonna poussa un soupir de soulagement en s’affalant dans le grand fauteuil de son cabinet privé. Ces derniers jours avaient été éreintants, et même un peu plus que cela.
Alors qu’il se trouvait encore à Ysari avec son épouse, Hanegard avait reçu une missive inquiétante de Sargril faisant état de troubles le long de la frontière. La proximité du Voile semblait agiter les brigands qui se terraient juste hors de portée du royaume. Unis pour la première fois depuis longtemps, les rapports d’espions indiquaient qu’ils semblaient désirer profiter des festivités pour mener des raids contre des villages frontaliers.
Echaudé par le raid drow mené quelques mois plus tôt, au moment de son arrivée à Alonna, Hanegard était bien décidé à ne pas laisser l’histoire se répéter. Cette fois, les pillards allaient trouver à qui parler !
Laissant donc son épouse revenir plus tranquillement avec le baron de Missède – qui malgré leur dispute ne semblait pas en tenir rigueur au régent – il avait chevauché à brides abattues jusqu’à sa baronnie pour prendre personnellement le commandement de la troupe qui traquerait les brigands. Plusieurs centaines de cavaliers étaient partis d’Alonna en direction des concentrations des brigands.
Le reste… bah, les pillards espéraient tomber sur des miliciens abrutis par l’alcool durant les fêtes du Voile et s’étaient retrouver face à des soldats de métier prêts à en découdre. Le régent avait ordonné de ne pas faire de quartier, et les bandits prisonniers pendaient maintenant aux branches des chênes comme signe que l’autorité central de la baronnie ne pouvait être bafouée impunément.
Revenu quelques heures plus tôt, Hanegard s’attendait à pouvoir profiter d’une petite sieste lorsqu’un page entra en trombe.
Monseigneur, votre épouse est de retour et… elle n’est pas bien.
Quoi ?
Se levant d’un bond, toute fatigue oubliée, le régent mis le cap vers la chambre à coucher conjugale ou reposait Jena. La jeune femme était souffrante depuis quelques semaines, bien que leur séjour à Ysari ait pourtant semblé lui faire du bien. Etait-ce une rechute ?
Entrant dans la chambre ou une Jena en sueur et épuisée reposait sur le lit, Hanegard vint s’asseoir à ses côtés et lui posa une main sur le front. Glacée… elle était glacée. Se tournant vers Clarys qui se tordait les mains d’inquiétude, Hanegard ordonna :
Allez quérir le grand prêtre de Néera au temple. |
| | | | Jena Kastelord
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| Se laisser aller….voilà une idée qui lui paraissait plaisante. Elle n’avait qu’une envie, s’était de lâcher prise et de se laisser aller. Jena n’avait pas vu le moment où on l’avait déposé sur le lit, ni même comment elle s’était retrouvée en simple chemise. Elle avait ouvert les yeux et avait croisé le regard angoissé de Clarys. La pauvre, elle était constamment angoissée, il faudrait penser à lui dire de lever un peu le pied… Alors que cette idée lui donnait envie d’éclater de rire, Jena sentit une douleur fulgurante défigurer ses traits. Elle avait envie de pleurer, de crier, de vomir…bref rien de réjouissant.
Clarys s’était rapprochée d’elle en l’entendant gémir, elle lui murmurait quelques paroles qu’elle n’entendait pas puis, brusquement, elle se releva et s’éloigna de quelques pas. Comme si elle était en train de réaliser une chorégraphie bizarre.
Avant que Jena comprenne pourquoi sa demoiselle de compagnie agissait ainsi, elle sentit le matelas s’abaisser sous le poids d’une visite. Ouvrant les yeux, elle croisa le regard de son époux. Il était divinement beau et elle avait envie de se jeter à son cou pour l’embrasser. Cela faisait des jours qu’elle ne l’avait pas vu et elle mourrait d’envie de se blottir dans ses bras. Mais lui, au lieu de l’enlacer ou de l’embrasser, il venait poser sa main sur son front et il ne lui adressait aucun sourire. Que pouvait-il bien se passer ? Pourquoi un air si grave ?
Jena tenta de se redresser mais une quinte de toux la cloua au lit. En voilà une surprise ! Cette toux qui l’avait pratiquement quitté en Ysari, voilà qu’elle revenait avec force. Et son ventre….bon sang qu’elle avait hâte d’avoir son bébé dans les bras.
- Comme je suis contente de te voir….
Une nouvelle quinte de toux lui brûla les poumons et en dépit des protestations de son époux, Jena parvint enfin à se redresser. Elle parvenait mieux à reprendre son souffle dans cette position. Une fois assise, aussi étonnant que cela puisse paraîttre, elle se sentit mieux. Comme si la pression dans son ventre se relâchait.
- Ne t’inquiète pas, je vais bien chéri, murmura la jeune femme presque devenue aphone à force de tousser.
A cet instant elle se rendit compte qu’elle tremblait. De froid. Pourtant on était en été, elle aurait du mourir de chaud. Mais là, elle avait les mains gelées et les pieds frigorifiés. Alors qu’elle murmurait à son époux qu’elle avait froid, Jena se rapprocha de celui-ci pour se blottir dans ses bras. Son ventre l’empêchait de manœuvrer avec l’agilité qu’elle possédait avant, mais elle parvint tout de même à se caler confortablement, la tête contre son torse.
Une couverture venait d’être étendue sur elle, mais s’était loin de suffire à la réchauffer totalement. Malgré le froid et la douleur, Jena était heureuse d’avoir retrouvé son époux, elle n'aimait pas être séparé de lui. D'autant plus que sa grossesse lui en faisait voir de toute les couleur et qu'il n'y avait que son époux pour la rassurer. Pourtant, là, elle s’en voulait de l’inquiéter autant. Elle savait bien qu’elle n’était pas au mieux de sa forme, elle savait que son état pouvait paraître grave, pourtant, près de Hanegard, elle se sentait déjà mieux.
Une nouvelle fois, l’envie de se laisser aller lui vint à l’esprit. Et cette fois dans les bras de son époux elle était heureuse de céder. Fermant les yeux, elle lui murmura qu’elle l’aimait avant de sombrer.
Dans un sommeil profond ? Dans un état comateux ? Appelez ça comme vous voulez, en tout cas, elle n’était plus consciente du tout.
Clarys ne put retenir un petit cri étouffé lorsqu’elle revint dans la pièce. La scène qu’elle avait sous les yeux pouvait lui faire envisager le pire. Pourtant elle se trompait et le prêtre de Néera ne fut pas aussi dupe qu’elle. Malgré la pâleur de Jena, on pouvait la voir respirer, tousser aussi dans son sommeil, parfois même l’entendre gémir.
Le prêtre s’avança sans hésitation vers le couple régent.
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| | | | Hanegard Kastelord
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| Hanegard se retourna en voyant entrer le grand prêtre du temple de Néera. Accompagné de ses acolytes en tenue légère (talons aiguilles, string et cravate), le vieillard à l’œil lubrique s’avança d’un pas… complètement banal.
Le régent s’écarta un peu le temps que les panneaux publicitaires à la gloire de la déesse soient collés au mur afin d’attirer du crédul… euh du consommateur, pour employer le terme professionnel.
« Néera, just do it ! »
« Néera, assurance vie à taux garantie 5,30%* »
« Une déesse pour la vie ! Votez Néera ! »
* TEG fixe 3 mois, reportez vous à la documentation visée par l’AMF sur le site www.iloveneera.com
Soupçonneux, le régent se retourna vers le grand prêtre qui se paluchait en matant un film porno sur le home cinéma de la chambre des Kastelord.
Oui mais non… attendez, c’est Jena qui a voulu l’abonnement à ces chaînes, ce n’est pas moi ! A la base je ne voulais pas, j’avais juste pris les chaines histoires et découverte, c’est elle qui a rajouté les autres. Vous me croyez hein ?
Non ?
Enfin bref, Hanegard hésitait à placer l’argent volé dans les caisses de sa baronnie sur un placement aussi peu fiable que ceux proposés par Néera Finance.
Mouais, ca sent l’embrouille… 5,30… mais seulement pour les trois premiers mois hein ?Choupinet, entre Néera et toi, cela doit fonctionner à la confiance.
Confiance… confiance… et mon cul, c’est du poulet ? De toute façon si je t’ai appelé, c’est pour voir ce qui ne va pas avec ma régulière.
Grommelant, le grand prêtre éteignit la télé au meilleur moment du film et alla (enfin) s’occuper de sa patiente qui gisait toujours sur le lit. En homme d’expérience, le diagnostic fut aisé et, se relevant, il annonça doctement le remède qu’il fallait utiliser :
Seule la divine sodomie peut chasser le mal de son corps. Ecartez vous, je vais procéder !
Sortant son goupillon béni par Néera elle-même et l’agitant fièrement face à l’assistance pour en montrer toute la vigueur, le grand prêtre s’avança afin d’accomplir son devoir rituel.
[Bien, maintenant, je peux rédiger le vrai post. Quoi ? Vous n’aviez pas compris que jusqu’à présent c’était du pur délire ? Et bien vous n’êtes pas futés…]
Hanegard se retourna en voyant entrer le grand prêtre du temple de Néera. Le vénérable vieillard qui avait marié les deux époux quelques mois plus tôt s’avança lentement dans la pièce, esquissant une bénédiction à l’attention des présents.
Merci d’être venu. Ma femme est souffrante et les médecins semblent impuissants à la soulager.Ayez foi en la déesse mon fils. Je vais voir ce que je peux faire.
Se penchant sur la malade, le grand prêtre marmonna quelques paroles à voix basse, comme réfléchissant pour lui-même. Soulevant une paupière de la régente, puis posant une main sur son ventre, il murmura à l’adresse d’Hanegard :
Votre femme est en effet bien souffrante seigneur. Une mauvaise fièvre, une infection des bronches… heureusement le bébé semble lui en bonne forme.Une chance.Remerciez en Néera mon fils.Je n’y manquerai pas, mais pouvez vous soigner Jena ?Je peux essayer en tout cas.
Rabattant sa capuche sur la tête, le vieil homme apposa ses deux mains sur le visage de la jeune femme. Une douce lueur bleutée commença à envelopper ses mains, se répandant peu à peu sur le corps de la malade, glissant somme de l’eau, suivant les contours de la peau. Aucunement adepte des sorts divins, le régent regarda faire sans trop comprendre, se doutant bien qu’il s’agissait d’un sort de guérison.
Lentement, la clarté s’atténua puis disparut. Les jambes flageolantes, le grand prêtre se traina jusqu’à un fauteuil placé près du lit et murmura d’une voix cassée :
La magie de guérison est plus épuisante qu’il n’y parait. |
| | | | Jena Kastelord
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| Une douce sensation de bien être avait envahit Jena. Etait-ce ce que l’on ressentait une fois mort ? Alors que l’idée faisait son chemin, la jeune femme la chassa violemment. Certes, elle se sentait mieux, mais la fatigue et la douleur qu’éprouvait son corps n’avaient nullement disparues. Ainsi donc elle ne pouvait pas être morte….et une fraction de seconde elle s’était demandée si cela n’aurait pas été mieux…Une seule fraction hein ? Parce qu’elle s’était rappelée de tout ce qu’elle avait et tout ce qu’elle aurait perdu. La douce chaleur qui l’enveloppait s’évapora bientôt et à nouveau un vent glacial souffla dans ses veines. C’était une sensation extrêmement désagréable. Tellement désagréable qu’elle s’est mise à frissonner et à remuer légèrement.
Après de longues minutes qui ne lui parurent à elle durer qu’une poignée de seconde, Jena ouvrit les yeux.
Elle fut surprise de voir tous ces visages inquiets penchés sur elle, voire même, agacée. Aucune intimité ! Mais enfin voyons, elle était en chemise….et avec son tour de taille, le tissu remontait un peu plus haut que le genou. Elle n’avait franchement pas envie de se faire reluquer par un Grand Prêtre, par son disciple, par Clarys, par le valet qui avait accompagné cette dernière jusqu’au temple et par les deux gardes en faction devant les appartements du couple régent qui lorgnaient par l’embrasure de la porte.
Au premier battement de cils de Jena, Clarys s’était pressée près d’elle pour savoir comment elle allait, et visiblement sa réponse en intéressait plus d’un.
- J’irais mieux s’il n’y avait pas tant de monde….Chéri…
Sa voix s’était faite suppliante lorsqu’elle s’était adressée à son époux. Elle savait qu’il avait parfaitement compris sa demande silencieuse. Elle était épuisée, et se donner en spectacle à un tel moment n’avait rien de réjouissant pour elle.
- Aide moi à m’allonger, a-t-elle murmuré toujours à l’attention de l’homme de sa vie.
En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Stade Toulousain », Jena s’était retrouvée emmitouflée dans les draps de son lit. Tournant la tête vers le fauteuil dans lequel était assis le Grand Prête, la jeune femme lui adressa un sourire remplit de remerciements et de gratitude. Elle savait en le regardant, qu’il avait usé de sa magie sur elle. On ne pouvait pas dire qu’elle était guérie, loin de là, mais au moins il y avait du mieux ! Et dans le cas présent c’était déjà bien.
Sentant son époux bouger près d’elle, Jena lui attrapa la main au cas où il était en train de penser à partir.
- Reste avec moi. S’il te plait. Parle moi, raconte moi quelque chose. N’importe quoi, je veux juste t’écouter.
Un nouveau petit sourire, pour être sure qu’il ne refuserait pas ! Et oui une femme sait user de ses charmes ! Et puis il lui avait tellement manqué, alors pour une fois, elle pouvait bien se taire et l’écouter non ? ! De toute façon elle n'avait plus la force de parler.
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| | | | Hanegard Kastelord
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| Tandis qu'Hanegard remerciait chaleureusement le grand prêtre, Claris bordait une Jena toujours épuisée mais apparement un peu plus en forme qu'avant.
Je repasserai voir demain comment elle se sent. Le mal était profond et je veux être sur d'en avoir arraché les racines.
Je vous remercie mon père. Les gardes vont vous accompagner jusqu'au temple.
Resté seul avec sa douce et tendre, le régent s'assit au bord du lit et caressa le visage de Jena. Dire qu'il avait failli la perdre...
La jeune femme, un petit sourire mutin aux lèvres, lui demanda de raconter quelque chose. Allons, si elle pouvait déjà de nouveau user de ses charmes, elle n'allait plus si mal que ça. Il allait se faire un plaisir de tomber dans le filet qu'elle lui tendait, trop heureux de la voir aller mieux. Remontant bien la couverture pour qu'elle ne prenne pas froid, il commença :
Hmm... il y a un projet dont je voulais te parler ma chérie. Lorsque notre enfant sera né et que le calme sera revenu suite à cette curieuse éclipse, je pensais que nous pourrions partir quelques jours tous les deux, avec une escorte minimale et discrète, pour... nous retrouver. Depuis que nous nous connaissons, et d'autant plus depuis notre mariage, nous avons eu peu de moments vraiment à nous.
Il fallait admettre que les responsabilités d'Hanegard pour remettre de l'ordre à Alonna lui prenait beaucoup de temps, ce que d'ailleurs son épouse lui avait vertement reproché quelques semaines plus tôt.
Il y a un lieu que j'aimerai te montrer, non loin de là où je suis né, près des montagnes. A l'automne, les premières neiges tombent sur les sommets, étendant un blanc manteau sur le haut des pics. Plus bas dans les vallées, la nature se pare d'or et de roux, et donne à ce lieu une magie que je n'ai jamais revu ailleurs. C'est un lieu unique ou l'homme est seul face à la nature, un lieu préservé et hors du temps.
Les yeux dans le vague, le régent se replongea dans ses souvenirs.
J'aimais à partir en excursion là bas... au detour d'un chemin on peut croiser un grand cerf, une renarde et ses petits... le soir venu, on s'abrite sous l'un des grands pins, et à ce moment tous les soucis et les tracas de ce monde paraissent bien loin.
Caressant de nouveau la joue de sa femme, le régent murmura :
Cela te plairait-il, Jena ? |
| | | | Jena Kastelord
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| Ecouter parler Hanegard était tellement reposant. Il avait une voix si douce et si chaleureuse que Jena ne pouvait s’empêcher de lui sourire. Elle était calée sur un oreiller extrêmement confortable mais lorsqu’il revint s’asseoir sur le bord du lit, la jeune femme glissa dans les draps pour se rapprocher de son époux et se blottir dans ses bras.
Quitter Alonna quelques jours ? Rien qu’avec lui ? Elle n’aurait jamais cru cela possible, à cause de ses fonctions à lui, à cause de leur bébé…à cause de tout un tas d’autres choses. Pourtant en croisant le regard d’Hanegard, Jena vit bien qu’il ne lui mentait pas. Il ne lui racontait pas une histoire juste pour lui parler. Il avait visiblement pensé depuis longtemps à ce petit voyage et l’idée faisait déjà envie à la régente.
Mais ils n’y étaient pas encore. Il fallait attendre son accouchement, et son rétablissement. Et puis elle aurait sûrement du mal les premiers mois à laisser sa fille aux soins de quelqu’un d’autre qu’elle.
- Cette idée me plait énormément. Quand notre enfant sera enfin là, je serais heureuse de t’accompagner là bas. Cet endroit à l’air si magique, si merveilleux. T’entendre me parler de cette vallée me donne terriblement envie de m’y rendre. Mais nous allons devoir patienter encore un peu, dit-elle en passant sa main sur son ventre arrondi.
Elle se garda bien de mentionner qu’elle espérait être toujours vivante à ce moment là. Quoi de plus effrayant pour une femme enceinte que de penser ne pas survivre à son accouchement. C’était pourtant une chose courante. Et si ce n’était pas la mère qui mourrait en couche, c’était le bébé qui ne survivait pas à sa première année. Dans le village où elle avait grandit, il y avait si peu d’enfant qu’elle avait passé des soirées à entendre les adultes s’en lamenter au coin du feu.
Pourtant il y avait des familles gâtées, ils avaient été trois dans la sienne, et ils auraient tous grandit en bonne santé s’il n’y avait pas eut cette épidémie de grippe.
Le médecin de l’époque avait du annoncer à ses parents que leur unique fils était mort…et que leurs filles auraient sûrement les poumons fragiles. D’ailleurs n’était-ce pas la preuve aujourd’hui qu’il avait raison.
Dès qu’elle aurait un peu plus de force, elle se rendrait au temple de Néera pour prier la déesse de lui donner une meilleure santé. Pas pour elle mais pour son époux et pour son bébé. Elle n’avait pas la moindre envie de les laisser derrière, de leur causer du chagrin en les quittant prématurément. D’autant plus qu’elle savait que cette nouvelle perte affecterait profondément Hanegard.
Ouvrant à nouveau les yeux, Jena adressant un sourire rempli d’amour à son époux.
- Chéri, si jamais je ne pouvais pas faire ce voyage avec toi….promet moi de le faire avec notre enfant et de lui montrer toutes les belles choses que tu m’as décrites.
C’était sa façon de prévenir le risque. Il fallait que Hanegard soit conscient de cela. Jusqu’à présent elle avait demandé à Clarys et au médecin de ne pas parler de cette éventualité devant le régent, mais peut-être qu’ils l’avaient fait…et puis Hanegard n’était pas bête, il connaissait les risques. Il savait que vue l’état de santé de Jena, son accouchement serait probablement plus difficile que prévu.
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| | | | Hanegard Kastelord
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| Déglutissant nerveusement, Hanegard tenta de sourire et de prendre à la légère les paroles quelque peu funèbres de sa femme.
Voyons chérie, ne parles pas ainsi, bien sur que tu pourras faire ce voyage avec moi.
Bien entendu, ni l’un ni l’autre n’était dupe. La mortalité infantile et les décès en couche restaient des fléaux que personne ne pouvait éradiquer. Dans le village natal d’Hanegard, nombre d’enfants grandissaient sans leur mère, et nombres de buchers funéraires servaient pour des nouveaux nés ou des nourrissons morts trop tôt.
Du fait que les guerriers mourraient régulièrement à la guerre, cela maintenait un équilibre et les couples se reformaient tant bien que mal. Mais cela ne faisait que masquer une terrible réalité.
Oh, bien sur, Jena accoucherait dans des conditions d’hygiène et de sécurité bien au-delà de la norme. Son époux avait déjà prévu de réquisitionner les prêtres qu’il faudrait en cas d’urgence, de faire appel à une accoucheuse expérimentée, et non pas à une de ces matrones plus ou moins efficaces qui gagnaient ainsi leurs vies dans les bas quartiers. De par ces faits, les risques seraient plus faibles mais loin d’être nuls hélas.
Pourtant, dans les yeux de sa femme, Hanegard lut que ses paroles n’avaient pas suffi. Jena voulait autre chose que des paroles creuses ou des encouragements vides de sens. Cette femme courageuse savait affronter la réalité en face, et son époux ne pouvait pas faire moins. A plusieurs reprises déjà, face à Tarkel puis dans les mines, Jena avait frôlé la mort.
Déposant un doux baiser sur son front, le régent murmura :
Je te le promets chérie.
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| | | | Jena Kastelord
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| Maintenant qu’elle avait sa promesse, la jeune femme pouvait s’endormir paisiblement. Pour le moment elle était optimiste. Elle survivrait et son enfant aussi. Mais son courage et sa force de volonté ne tenaient qu’à un fils et elle avait besoin d’entendre son époux la rassurer. Croyez-vous que c’est facile une grossesse ? En plus de tous les changements physiques et hormonaux, il faut aussi se coltiner les sautes d’humeur, les envies diverses et variées en matière de nourriture, les pieds enflés, les fréquentes envie d’aller faire un tour aux toilettes. Bref, ce n’était pas une partie de plaisir. Pour l’heure, Jena avait juste envie de dormir. Son voyage l’avait complètement épuisée, et même si le prêtre avait soulagé sa toux, il ne l’avait pas complètement guéri. Elle était persuadée qu’à son réveil elle aurait une faim de loup…et elle devrait faire en sorte de ne pas trop craquer pour éviter de prendre trop de kilos. Ca l’aurait achevé moralement de ne plus ressembler à rien !
Mais pour le moment elle était ravie. Elle avait un joli ventre rond. Quoi de plus agréable pour une femme enceinte ? ! Alors qu’elle se recouchait sur son oreiller, la jeune femme entendit un petit bruit sur sa gauche et lorsqu’elle tourna la tête pour voir de quoi il s’agissait, elle ne pu s’empêcher de sourire en voyant la petite tête de son chaton. Milla n’était plus aussi petit que la première fois ou elle l’avait sortit de la petite boite percée. Il était visiblement ravi de retrouver sa maîtresse et se frotter à elle en ronronnant bruyamment.
Au bout de quelques minutes à se faire caresser et dorloter, la chatte vint s’enrouler près du cou de Jena et s’endormit en même temps qu’elle.
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