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 Je reprendrais bien des tétins à la framboise, moi...

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Arsinoé d'Olyssea
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MessageSujet: Je reprendrais bien des tétins à la framboise, moi...   Je reprendrais bien des tétins à la framboise, moi... I_icon_minitimeJeu 14 Aoû 2014 - 0:12


Entre chien et loup, dans le manoir d'Alcide Argyros

« Billevesées que cela ! »

La germe d’apophtegme résumait assez bien la pensée de l’intéressante. Un jour, son esprit franchirait sans doute le mur de la panique pour émerger dans la bonace de l’autre côté ; mais pas aujourd’hui. Ores, c’était plutôt un ressac d’haine inassouvie qui la rongeait, jetant son embrun sur tous ceux qui avaient le malheur de la contrarier. Un thète un peu bronzé lui faisait souvenance du Soltaar, et c’était son palpitant qui se mettait à quiller comme l’aze en rut. Au moindre glouglou d’un flacon – de vin ? –, et la curie de son esprit s’élevait contre la Blancheur gravide du val, l’invectivait vertement comme elle n’avait pu le faire aux royales funérailles. Elle se confisait dans sa haine, et ne le desservait-elle pas ? Ouy-da ! opinait bruyamment sa conscience cathédrante, appuyée par les licteurs Justice et Colère.

Dès l’abord, elle avait su que les lourds vantaux du portail de l’Argyros étaient trop moelleux pour être honnêtes. Un marmouset un rien précieux servait de heurtoir, affichait une moue désolée à l’adresse de ceux qui s’essayeraient au tapage et ne feraient qu’enfoncer leur pogne dans un empan de capiton velouté. C’était le genre de porte matelassée qu’ouvrait l’or, et rien d’autre. Dedans, l’antique adage vous frappait avec la force d’un sac de sel : L’argent n’a pas plus d’odeur que l’or n’a de visage. Et pour cause. Les bourses et aumônières étaient dodues de florins mais pas seulement ; il y avait aussi des pistoles du Ponant, des bezants du Levant et les marabotins d’Estrévent. Les convives étaient à l’image de leur hôte : une tourbe d’hobereaux fouaciers, de merciers et de métèques en goguettes.

A peine entrée, Arsinoé conchiait déjà ceux qui l’avaient poussé dans ce guêpier, l’avaient assuré qu’il aurait l’effet d’un liniment, d’un feutrage contre ses tourmentes, celles d’une papesse qui passent ses journées à frapper les méchantes gens de l’anathème divin. Elle se sentait comme une louve carnophobe dans l’agnelerie. Prudente et digne, elle se mit à déambuler en comptant ses pas ; ne voulant pas paraitre trop chiche, elle avait tranché que douze fois douze douzaines tout rond annoncerait son départ.

Cinq pétoncles, six pétoncles…

La villa était à la mode Scylléene, avec une cour à ciel ouvert serrée d’arcades et donnant d’un côté sur une ouche. Le patio concentrait la plupart des commensaux, ambulants autour d’une vasque de porphyre qui faisait rémanence d’une élégance malmenée, d’une harmonie déjetée. Ici, la superfluité était portée au rang des beaux-arts ; c’était l’œuvre d’un ensemblier pour qui « beau » n’était qu’un mot, peut-être un vague synonyme de « beaucoup ».

Les hétaires ondulaient entre les menses surchargées, tandis que d’autres, assises sur la margelle de la fontaine, grattouillaient par à-coups leur lyre de bois. Des eunuques porte-torches, le torse glabre frotté de benjoin, léchaient de leurs flammes l’étamine des velums. Des naugrims jonglaient des farfadets en état de pâmoison. Des précieux musiqueux rivalisaient de madrigaux. Et puis toute une multitude d’autres indigents qu’il serait inopportun de relever ; surtout ces bateleurs à l’humanité mâtiné d’elfie – Damedé ! –, qui batelaient à n’en plus finir.

Les parfums qui lui coulaient d’en dessous son mitre mouillaient de gouttes larges son scapulaire serti de perles, mais Gorman de Sales avait tout du tamarin qui a trouvé la clé de la bananeraie. Il promenait à l’entour ses mirettes ivres, flattait l’encolure des ilotes dans leur gandoura de gaze céladon, dévorait par la vue ce qu’il ne pouvait prendre. Il n’avait en fait rien d’intéressant, mais l’avuer évitait à Arsinoé de surprendre par mégarde le pantagruélique maitre du céans. La visu duquel chavirait toutes les considérations d’esthète de notre héroïne, la froissait jusqu’au cœur de l’aubier. C’était sa masse, cyclopéenne, qui ébranlait son sens du vrai. L’existence précède-t-elle l’essence ? N’était-elle que l’âme désincarnée d’un de ces tétins confis d’Hanglyosi à la framboise qu’enfournait par flopée la motte de beurre ? Les cris de ses consœurs sucrées stridulaient en acouphènes dans ce qu’elle appelait encore ses oreilles, et, comme l’articulation temporo-mandibulaire est l’une des plus complexes du corps, finissaient par lui démanger la gencive.

Cinq cent soixante-quatorze pétoncles, cinq cent soixante-quinze pétoncles…


Ses pérambulations l’avaient éloignée des lumignons. Au-delà des velariums, une double colonnade s’élançait dans la pénombre. Ces colonnes, elles portaient le poids des siècles, exposaient des inscriptions lapidaires sous leurs nippes de sarments comme le feraient d’antiques souillons. En traversant cette avenue qui faisait d’un bout à l’autre jusqu’à un jardin touffu, Arsinoé ne manqua pas d’énumérer chacun de ses pas.

Chemin faisant, l’apparition d’un verger ne manqua pas de la tirer de ses divagations. S’il est vrai que c’est dans l’obscurité complice que les vices s’assouvissent, les majestueux platanes abriteraient céans le pourpris des amours latents. Ici, les foules suantes et leurs babil incessant étaient comme forcloses, ne dépassaient pas les treillis chargés de vignes embaumantes. Çà et là, quelques statues verdâtres émaillaient l’enclos, comme un avertissement aux flâneurs égarés. Arsinoé avait le teint fardé des sycomores alentours ; elle ne  le savait pas encore, mais l’endroit préfaçait une longue suite d’instants essentiels dénoués dans le secret des vergers.

Elle picorait quelques dattes opimes dans la bourriche que lui tendait l’amie Mélisande quand un buisson bruissa un frissoulis équivoque.




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Oriabel
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MessageSujet: Re: Je reprendrais bien des tétins à la framboise, moi...   Je reprendrais bien des tétins à la framboise, moi... I_icon_minitimeMar 26 Aoû 2014 - 12:25

Par le con denté de Tyra! C'était bien du comportement de rupins ça! Habitués - non, blasés - par le pouvoir que leur conférait leur argent, ils tendaient des doigts aussi dodus que confiants vers des bêtes sauvages en écartant le dresseur à la vas-y que j'te pousse. Quand il s'agit d'un animal avec des crocs longs comme le vit de Mogar, la pertinence de l'idée mériterait d'être débattue avant application. Et après, hein? Quand on dîne, ou plutôt intègre le petit personnel, dans une grande maison, ça fait drôlement mauvais genre, une pimbêche qui se tient un moignon de doigt en hurlant.

Certes, d'aucuns y trouveraient à redire dans le réflexe du brave Triple-Quintal. Assommer promptement - mais quelle aisance dans le geste! - la poudrée avant de la jeter dans un massif de fleurs c'était cavalier mais hey! Aucun des Bastres n'osait se prétendre maître d'hôtel. D'ailleurs, confrontée aux autres idées avancées, dont celle du ragoût, on pouvait dire que la drôlesse s'en tirait à bon compte. Tout aurait pu rentrer dans l'ordre, la gênante plongée dans un somme pas si réparateur, le myynark  à peine dressé repu et nos amis de retour parmi les convives. Las! Trois hélas! La Fortune peu complice s'acharna sur les coquillards. Tandis qu'ils louvoyaient entre les platanes pour regagner la fête, deux faces enfarinées les jugèrent sévèrement. Enfin, aussi sévèrement que l'on puisse le faire les joues gonflées de dattes et des noyaux humides plein les doigts.

Tout en maudissant intérieurement la Destinée, le Potentat oriental, Ogomeï le Butor et les choux-raves, le cerveau d'Oriabel s'évertua à lui procurer de quoi détourner les deux mijaurées du corps de leur contemporaine. Fort heureusement pour elle, la solution se matérialisa aussitôt sous la forme de Kaëwet et de sa voix d'or accompagné par Triple-Quintal et ses airs de ténor.  C'est que, toujours engoncés dans leurs haut-de-chausses jaspés de rose et vert ainsi que d'inénarrables pourpoints mauves, ils faisaient forte impression. Pas forcément une bonne mais une sacrée impression quand même, dans leur genre.
"Ah danseletes c'est fort aimable de votre part de vous fendre ainsi d'une haie d'honneur pour les artistes, oui-da, nous n'en demandions pas tant, vous pouvez me croire!" Ca, si elles pouvait même décarrer fissa, la sauvageonne serait bien la dernière à se plaindre. D'ailleurs, pour accélérer quelque peu la manœuvre, elle les invita d'un air complice à la suivre tandis qu'elle entamait une farandole avec ses compagnons. "A vous les honneurs des premiers vers, vos Grâces!"

Parfois, on distingue le nervi du vrai baladin à son seul répertoire musical.

"Amie la gaupe!" Eructa Triple-Quintal, un large sourire lui balafrant le visage.

Hooohooohooo
Hooohooohooo
hoooohoooohooo hooo hooo hoo hooooo

Ma gaupe le temps n'est plus aux chansons
Il te faut racoler et rapporter du pognon
Et tout accepter même des Sybronds

Gaaauhooohooope!
Gaaauhooohooope!

Le long des rues où l'on trempe le biscuit
Catin de l'ombre, fille de la nuit
Arrange-toi pour que l'on t'y chope!

Gaaauhooohooope!
Gaaauhooohooope!

Tu auras mal et oublieras ta vertu
Rapporte moi tes gains ou je te tue,
Retiens donc cela si tu veux durer
Sans quoi pauvrette il te faudra endurer!

Gaaauhooohooope!
Gaaauhooohooope!

Pour les rupins Diantra est ville de délices,
Ils s'y dévergondent plus que des Soltarii,
Mais toi la gaupe riche de ta seule cicatrice,
De ce beau monde tu ne verras que les vits

Gaaauhooohooope!
Gaaauhooohooope!


"Aller, avec nous cette fois! Hooohooohooo!"
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Arsinoé d'Olyssea
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MessageSujet: Re: Je reprendrais bien des tétins à la framboise, moi...   Je reprendrais bien des tétins à la framboise, moi... I_icon_minitimeMer 3 Sep 2014 - 21:39


Elle traitait qui de danselete, la poissarde ? Alors comme ça, il suffisait de butiner un soir en haute société pour s'y sentir à l'aise comme un sanglier dans sa souille. L'effronterie était telle que même l’amie Mélisande, volubile parmi les jacassières, en perdit son vocabulaire.

Abasourdie, Arsinoé enregistra le contraste déroutant entre les muscles charnus des musicastres et la douceur de leurs pourpoints à crevés. Dans son état second, elle se serait normalement prise au jeu des baladins après s’être fendue d’un petit effet d’attente. Mais leurs tresses sales bouquetaient comme une singerie, mais leurs ongles crasseux grattaient le poil de panda roux de sa pelisse à coqueluchon ; la meneuse elle, lui collait au train avec l’empressement d’une saphique. Fin limier, l’intéressante soupçonnait déjà l’anguille sous roche : ces fripons qui posaient en préposés à la chansonnette chercheraient-ils à les détrousser ? Elles n’avaient rien, rien d’autre que des dattes, ça crevait pourtant les yeux ; qu’ils aillent plutôt colleter des gandins pourvus d'aumônières ! Ils étaient ivre de leur resquille, tandis qu’elle était juste ivre d'ambroisie ; et en les guignant du coin de l’œil, sa clairvoyance embusquée fit une nouvelle découverte : en vérité ça sautait aux yeux, c’étaient leurs pupilles effilées comme des ophidiens, c’étaient leurs esgourdes taillées en pointes, c’était leur teint verdâtre comme un étang moussu. Des elfes, pouah ! Plus qu’un rejet viscéral du forain, c’était une vérité profonde qui la cingla comme un coup de fouet. Car des représentants des peuplés cachés, elle en avait vu, et de toutes les couleurs : elle savait les apprécier à leur juste valeur. Mais ces corniauds portaient en eux la dégénérescence des races, l’abâtardissement des mœurs. Les dieux les haïssaient. Les yeux d’Alcide étaient-ils si plissés de gras qu’il ne devinait pas cette tare congénitale, ou jouissait-il au contraire de sa propre inconséquence ?

Mais il lui fallut remiser ces distinguos quand le chant reprit de plus belle, et avec lui la sarabande qui s’agitait au rythme des cymbales et des tambourins. Salement embrenée, l’Arsinoé se trouvait tiraillée entre la pogne vaguement moite de l’amie Mélisande, et celle franchement plus affirmée, et plus inquiétante, de la chapardeuse qui les avait repérées. Elle s’était faite une raison, et avançait clopin-clopant, cahin-caha ; elle brassait beaucoup d'air et faillit s'achopper sur ses falbalas à festons. Par deux fois, les nattes gominées de transpiration de sa cavalière manquèrent de l'éborgner. Mélisande aussi avait abandonné sa pudeur comme une mue inutile, et partageait alentours la rondeur de son timbre. Et puis, pourquoi pas ? Danser pour danser, autant s’impliquer ! Quand on prétend jouer les régentes, on a pas les foies blancs, non madame ! Ça et là, quelques élégants tapaient des mains et des pieds ; mais à tout prendre, le jardin restait charitablement désert. Il y avait bien ces moucharabiehs un peu traitres, aux étages du logis, mais…

« Mais toi la gouape sybronde...
Gouapant le monde...
Avec tes riches cicatrices...
Gooooooooohaaaape! »

Tout à sa verve,  elle demeura insensible aux œillades amusées que s’échangeaient les croquants. Sans doute s’enivrait-elle de sa voix qu’elle entendait se démultiplier puis se mêler au chorus de ses semblables, et des grillons aussi. Son esprit se veloutait, s’annelait à la manière de ces fumées de braseros. Probablement qu’elle s’imprégnait jusqu’à l’os de cette communion frappée au coin de l’amitié entre les races.

Grmbl.
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