La rencontre de la belle et la guerrière ( PV: Maélyne)

Lourmel... Vivement. Elle avait hâte de rentrer, vraiment hâte. Pourtant il fallait bien s’arrêter, se reposer, laisser les chevaux s’abreuver.  La Dame voyageait néanmoins légèrement. Sans calèche, dormant généralement à la belle étoile ou dans une auberge lorsqu’ils en croisèrent une. En cette soirée de 9eme ennéade, en ce 5eme jour, ils étaient à mi-chemin entre Hasseroi et Serramire-la-ville.  La Dame, accompagnée d’une dizaine d’hommes, se reposait lorsqu’elle entendit soudainement les gardes crier « Halte ! ». Elle se tourna alors vers eux, et vit une silhouette, plutôt fine même si celle-ci était enrobée sous plusieurs peaux d’animaux. Il s’agissait certainement d’une femme, Maélyne eu la confirmation de ses soupçons lorsque celle-ci se mit à parler. Ses propos interpelèrent cependant la Lourmelloise. Cette femme connaissait-elle Maélyne ? Pourquoi proposait-elle son épée sans même s’entretenir avec ledit seigneur ? Trop de questions sans réponses donnaient l’envie à la Dame d’aller trouver la guerrière.

« Enchantée Lyarra Courevent. Je suis honorée de rencontrer la fille d’un ancien chevalier qui servit notre Duc. Mais j’en oublie la politesse la plus élémentaire. Je me présente, je suis Maélyne de Lourmel, Dame de Lourmel et d’Outremont. »

Elle fit une légère révérence avant de regarder Lyarra.

« Vous proposez votre épée pour me servir. Mais me connaissez-vous? Ou proposez-vous votre épée... vos compétences à une personne totalement inconnue ? »

Point mot ne sortit de sa bouche lorsque la jeune femme qui lui faisait face termina son discours. La dame était en réalité perdue. Devait-elle le prendre comme un affront ou rire de la scène qui s’offrait à elle ? Mais d’où venait-elle pour dénigrer autant la classe féminine ? Il y eu un léger rire, face à l’incompréhension de la Lourmelloise.

« Vous m’abordez… vous me proposez votre épée alors que vous ne me connaissez pas. Vous ne savez rien de moi à part que j’arbore de fiers couleurs. Vous dénigrer mon rang par le simple fait que je sois une femme. Ensuite vous me demandez de vous envoyer l’un de mes meilleurs guerriers alors que nous sommes actuellement en guerre ? Croyez-vous que j’ai du temps et des hommes à perdre ?  »

Elle s’approcha d’elle, souleva son visage en posant ses doigts sur son menton. Puis d’un regard, elle la regarda de haut en bas. Ses habits cachaient son corps mais elle put devenir une silhouette assez musclée pour une femme.

« Vous dites chercher un but, mais la menace de sombres ne vous en a donné aucun ? » Elle fit un arrêt. « Vous semblez errer à la recherche d’une quelconque gloire alors que vous venez de quitter une contrée qui en offre au rabais. »

Maélyne reprit sa place, et lui offrit un léger sourire, comme si elle compatissait au désarroi que l’étrangère lui offrait.

« Accompagnez-moi jusqu’à Lourmel, apprenez à me connaitre, à connaître mes gens et mes terres. Et si l’envie de me servir ne vous a pas quitté, alors nous en rediscuteront. »

Un léger silence s’installa, puis, Maélyne lui répondit.

« Vous vous contredisez sans cesse. Vous venez de me donner votre opinion sur la noblesse, sur ces « hommes » qui dirigent, qui ordonnent, alors que les femmes, elles, n’ont rien à dire. Vous dîtes ne pas vouloir être soumise à l’un d’eux, pourtant vous vous êtes présentée à l’un de mes gardes, souhaitant proposer votre épée, alors que vous ne saviez même pas si j’étais un homme ou une femme. Je n’aime pas ce mot ; soumission. Je n’aime pas votre opinion car je la trouve déplacé, irrespectueuse envers la femme que je suis mais surtout la femme que vous êtes mais je la respecte tout de même car j’estime que chacun doit avoir le droit de juger. Vous reprochez tant de choses à la noblesse mais connaissez-vous seulement son fonctionnement ? Je ne crois pas. »

Maélyne fit une légère pause, cette femme la faisait pitié, oui pitié c’était le mot.

« Il m’est insupportable l’idée de vous considérer comme l’une des nôtres si vous me considérer ainsi. Suivez-nous si cela vous plait, écoutez-moi ou décidez de m’ignorer si cela vous chante, mais en l’état actuel des choses, je refuse votre épée. »

Elle fit un signe de tête puis tourna les talons. D’une main, elle ordonna à ses gardes de lever le camp. Elle enfourcha Kaya, sa jument blanche puis lança un dernier regard à l’étrangère.

« Un cheval est à votre disposition, prenez votre décision car nous partons. »