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 Messieurs les vrais de vrai [terminé]

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Altiom d'Ydril
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MessageSujet: Messieurs les vrais de vrai [terminé]   Messieurs les vrais de vrai [terminé] I_icon_minitimeLun 30 Mai 2016 - 14:20

Cinquième jour des festivités, milieu de soirée.
Pesamment vautré sur son siège à la manière d'un pacha thaari, Altiom attendait. Le museau trempé dans sa chopine en corne, les arpions calés sur un tabouret, on le voyait déjà tout somnolant, porté qu'il était par les doux murmures à l'entour, le ronron ambiant des discussions, la ferveur des paris avinés et l'atmosphère enfumée par les chandelles de suif du vieux bouge. Pourtant l'heure n'était pas à la roupillade ! Ici, ce soir, on discuterait de l'avenir, on forgerait le futur du Royaume, on referait le monde autour de bonnes grosses pintes bien moussantes ! Et qui sait, peut-être pas qu'en paroles.
Car voilà, plus tôt dans la journée, on était allé susurrer quelques mots aux oreilles des grands, mots qui sortis de la bouche des petites gens n'attirèrent point l'attention de toute la méprisante élite. On y voyait tantôt une souillon qui tenait son seigneur et maître informé du repas de ce soir, sans doute, tantôt un loufiat rapportant les dernières histoires de coucherie du palais à son marquis, allez savoir. Et l'on se désintéressait de la chose aussi vite qu'elle était venue. Mais les deux destinataires de ces messes basses, eux, surent leur prêter toute l'attention requise en feignant la plus profonde indifférence. À l'un comme à l'autre, on avait passé l'adresse d'une certaine gargotte de la rue des Pisse-Dru - qui décidément s'était changée en véritable quartier général de la petite bande d'exilés -, où l'on désirait causer à l'abri des regards comme de la soif. Deviser jusqu'à l'aube des maux de cette terre, sans retenue, sans préjugés, comme trois vieux camerluches, trois vétérans des guerres passées s'imaginant un monde différent, serein, un monde en paix. Et peut-être bien, dans la foulée, trouver de quoi sauver cette bonne vieille Péninsule.
Bien évidemment, le stratagème n'aurait su être complet sans les truculents noms de code dont on affubla nos braves suzerains ! Et ça oui il en fallait de la bravoure : là où le Brochant écopa du sobriquet de Jacquelet le Leste, son confrère héritait de l'attrayant patronyme d'Hildebert Vantrepelu, et tous deux auraient à s'adresser au bien (re)nommé Folquetin Gondebiault ! Enfin l'on dévoilait furtivement une broche de livrée que portaient habituellement les gens de l'archonte, cachée sous un repli ou dans une manche, pour effacer tout soupçon des esprits. On précisa encore que le rencard aurait lieu sitôt les complies sonnées, qu'une compagnie discrète et des frusques du même acabit étaient de rigueur, et la parenthèse auriculaire fut close.
Ainsi les clochers de Serramire tintinnabulaient encore tout ce qu'ils savaient qu'une nouvelle paire de trognes pénétrait les brumes fuligineuses de l'endroit. Alors à la vue du Sauveur des Marches, flanqué de cette espèce de mastard de Berthildois - qu'on lui avait dépeint comme le produit de l'inavouable idylle d'un bûcheron wandrois et d'un bearog-, le suderon s'éveilla comme d'un songe. Ils étaient venus. Lui-même n'avait osé y croire ! Soucieux de parfaire la couverture du joyeux trio de pochards, il sentit alors venu le moment d'éructer un tonitruant :
HOLÀ JACQUELET, HOLÀ BÉBEEEERT !, en les alpaguant de grands signes de la patte, les babines étirées jusqu'aux oreilles. V'nez donc poser vos derches ! Patronne, am'nez-y voir trois belles rousses !
- J'vous rajoute des chambrées derrière ou c'est juste là pour la compagnie ?
- Hein ? Non mais des qui s'boivent ! Soit, l'appellation de gargotte était peut-être un poil réductrice en fin de compte. Disons établissement polyvalent. Et tandis que les seigneurs prenaient place, le déchu se pencha en avant, l'air gouailleur : bon, c't'un peu faiblard comme planque mais j'débute dans le domaine, c'est mon premier complot. M'excus'rez j'risque d'être décevant, surtout pour un Ydrilote eh ! Toujours été à la traîne là-d'dans, la honte de la famille ! Mais trêve de cornichonneries, le drille se redressa, abandonnant son sourire, plissant les traits. Diable il se sentait.. perdu. Intimidé presque ! Comme un gosse devant ses deux aînés. Un bête nobliau en exil face aux deux grands marquis de la Péninsule. L'un qu'il admirait, l'autre qu'il ne connaissait que trop peu. Ah il fallait bien attaquer la parlotte un jour ou l'autre pourtant ! Se passant une main sur la bouche, soufflant un coup pour se donner un peu de courage, Altiom jouerait comme toujours la carte de la franchise.
- Je n'sais comment vous le dire bien, alors je vais le dire simplement : j'ai peur pour notre Royaume. Depuis longtemps en fait, mais vous savez c'que c'est, on s'inquiète, on voit les choses se dégrader petit à petit, et finalement tant que la barraque tient à peu près debout on se dit bah !, ça n'va pas si mal. Et puis le Voile a ébranlé le monde. Et puis Trystan est tombé, et Aetius s'est emparé de la couronne encore chaude sur sa tête. Et puis à son tour a disparu, emportant avec lui le dernier des Fiirams. Alors votre cousine, dans la droite ligne de son mari s'est arrogé la régence. Et puis tout a basculé. Sachant l'instant critique, l'archonte crut bon d'éclairer ce point d'ombre une bonne fois pour toutes : comprenez-moi bien Godfroy, jamais je n'ai désiré prendre les armes contre elle. Contre qui que ce soit à vrai dire, mais Scylléens et Soltarii occupaient déjà l'Ydril. Que je rejoigne son parti ou celui de mon duc, ma terre aurait été déchirée par la révolte. C'était inévitable. Alors j'ai choisi de me retirer, de refuser l'hommage, refuser cette guerre qu'on m'imposait. La pire connerie de ma longue carrière de couillonnades à l'évidence ! J'ai tout perdu cette nuit-là. Plus d'amis que j'n'peux en compter, Ydril.. AAH ÇA POUR SÛR CHEZ LA GERMAINE Y A DU MONDE AU BALCON ! beugla-t-il tout soudain en voyant radiner la tenancière. Et mooooon vieux z'avez pas vu sa sœur heheh ! 'rci bien ma bonne dame. La voilà qui repartait ! L’œil en coin, le suderon reprit aussi sec : et voici où nous en sommes désormais. Le Royaume est à l'agonie, mais il nous reste encore un peu de temps avant que tout ne sombre. Et vous avez tous deux déjà tant fait ! Aymeric, vous avez su unifier le Nord, rassembler ses mille bans, pacifier les Marches et redonner espoir à toute une terre ! Godfroy, j'ai eu vent de vos tentatives pour rallier tous les grands seigneurs à votre cause. Vous êtes parmi les plus puissants hommes de tout notre Royaume, à vous deux vous pouvez faire basculer son sort, ici, ce soir ! Mettons sur pied une alliance, une alliance vraie, définitive, une alliance fondée sur notre seul amour pour cette bonne vieille Péninsule ! Laissons de côté les ambitions, les différends, les rancœurs passées ou à venir, endossons notre seul véritable rôle, celui de nos pères et de leurs pères avant eux, celui qui nous échoit de par notre sang et que nous ne saurions renier : celui de protecteurs de la Péninsule et de son peuple ! Si nous marchons de concert, si nous prouvons à tous quelle foi nous anime, le Médian nous rejoindra et c'en sera fait du Soltaar et son ramassis d'usurpateurs ! J'ai déjà tout donné pour mon Royaume, et je donnerai plus encore s'il le faut, par pitié Godfroy, Aymeric, faites de même.


Dernière édition par Altiom d'Ydril le Ven 25 Nov 2016 - 7:44, édité 1 fois (Raison : Edit titre rp torché)
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Godfroy de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Messieurs les vrais de vrai [terminé]   Messieurs les vrais de vrai [terminé] I_icon_minitimeLun 30 Mai 2016 - 23:30

« Qui est-ce, Benoît ? »
« Altiom d'Ydril, monseigneur. Ancien archonte d'Ydril, renversé par les actions de votre cousine. »

Mathieu Meridont était l'homme de l'ombre de Godfroy. C'était lui qui s'était rendu à Diantra rencontrer le duc de Langehack. Était-il viable de se fier à un homme comme lui ? Nul n'aurait su le dire. Le fait était que Meridont avait servi tous les dirigeants de Sainte Berthilde, et ce avant même Aegar Kal'han. Il avait beaucoup officié sous le marquisat d'Arsinoé, qui avait su voir en lui les mêmes qualités que ses prédécesseurs. Il était l'un des rares à ne pas user de pincettes pour s'adresser au marquis, à son plus grand plaisir : les affaires de l'ombre demandaient de la clarté.

« Mh. Tiens mes hommes prêts au besoin. Et tiens-toi prêt, toi aussi. »
« Je le suis toujours, monseigneur. »

Ce fut la fin de la conversation. Le soir même, Godfroy fit un effort pour ne point se faire voir. Accompagné au total d'une vingtaine d'hommes de sa garde, la moitié était en civil, et s'étaient rendus à l'endroit convenu avant l'heure du rendez-vous. L'escorte du marquis était réduite et dispersée afin de ne point attirer l'attention. Alors qu'il arrivait, il aperçut le marquis de Serramire. La coïncidence étant trop grande, et Godfroy ne croyant nullement au hasard, il pencha pour deux hypothèses : une rencontre fort secrète, et capitale, pour qu'on y convie les deux plus grands seigneurs du Nord - si ce n'était du royaume, ou une tentative d'assassinat pour achever de jeter le chaos en maître du royaume. Dans les deux cas, il était prêt, et l'un de ses hommes portait, à quelques pas de là, sa hache, au besoin.

Tendant son avant-bras à Brochant, il l'empoigna fermement et virilement, s'échangeant d'homme à homme, de marquis à marquis, d'égal à égal, un signe de respect. « L'auberge des marquis, voilà comme on devrait la renommer. » lâcha Godfroy, faisant preuve d'un humour fort médiocre. Ne perdant point un temps précieux pour les deux hommes, ils s'engagèrent dans l'auberge, et un gus les interpella à grands renforts de gestes voyants.

Fallait-il qu'il soit question de cela, un soir où l'amusement était à son comble ? Ne rejetant pas sa choppe de bière, le marquis de Sainte Berthilde ne manqua pas d'en commander une seconde, alors qu'il entamait sa première par grande lampées.

« Écoutez, seigneur...Vous nous surestimez. J'ai tenté de rallier les nobles autour de ma personne. De me proposer comme Roy, en effet, de composer avec tous les seigneurs. Voyez où cela m'a mené. J'ai eu affaire à des individus, prétextant défendre la couronne, le peuple, l'honneur, ou la tradition, mais qui ne s'intéressent qu'à leur place et au pouvoir. J'ai eu affaire à des gens capables de croire, sans preuve, qu'Arsinoé d'Olyssea était morte dans un naufrage, mais incapables de comprendre qu'une mère ne se sépare pas de son enfant. J'ai eu affaire à des gens qui se réjouissent de la mort d'une personne qu'ils n'auraient su manipuler, et qui fomentent, ou croient, à ce Bohémond du Sud. J'ai eu affaire à des gens qui se réjouissent de l'instabilité politique du royaume tant qu'elle leur est profitable, et qui refusent le retour d'un Roy fort. J'ai eu affaire à des gens qui s'arrogent des droits, et qui se taillent la part du Lion, affirment être justes et bons, droits et intègres, mais qui attendent de voir quel râtelier a le meilleur goût pour s'y ranger. »

Prenant une gorgée de bière, Godfroy reprit.

« Je chie sur le Médian. Je chie sur le Garnaad. Je leur ai donné une chance de composer avec moi. Ils n'en auront pas deux. Je chie sur Soltariel, et sur ceux qui croient à la survie de mon Roy, de mon petit cousin, que j'ai vu et connu plus que tous les nobles de Soltariel - et d'ailleurs - réunis. Et je chie sur ceux qui disent, ou pensent, que j'y trouve un intérêt. Je soutiendrais les droits d'Alcyne de Hautval à la couronne. Mes vassaux me soutiennent inconditionnellement. Je maintiendrais ma position. Et je ne participerais à rien qui inclut le mensonge du duché de Soltariel. Si unir le royaume est votre souhait, ami, alors il se réalisera en Alcyne de Hautval. Et en personne d'autre. »


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MessageSujet: Re: Messieurs les vrais de vrai [terminé]   Messieurs les vrais de vrai [terminé] I_icon_minitimeMar 31 Mai 2016 - 20:30

Et tout cela ferait une sacrée pelletée de merde à déblayer assurément, mais n'arrangeait pas notre bon archonte. Car à chier sur le monde on se gardait des pleutres et des combinards, soit, mais l'on ne voyait pas avancer grand'chose. Bah, au moins le marquis avait-il un nom en tête ! Alcyne.. ? Hélas la généalogie, les histoires de successions et toute cette science séculaire de qui avait giclé dans quelle bedaine pour démouler quel chiard (dont toute la noblesse semblait si friande) n'étaient pas le fort du drille. À cela ne tienne, Hautval au moins lui était familier ! Un lopin de terre férocement vallonné d'où l'on tirait le meilleur rouquin de tout le Royaume ! Ha ça, voilà qui lui parlait déjà mieux !
- Une fille de la baronne c'est bien c'la ? Pensez qu'elle nous enverra deux trois fûts de Carruw en remerciement une fois sa gamine sur le trône ? Et d'ajouter avec un sourire lumineux en écartant les ailerons : ce s'ra là le prix d'mon allégeance ! Descendant sa rousse à grosses goulées, il se donna le temps de gamberger deux secondes aux implications de l'affaire. Vous conchiez donc tout le Médian pour épargner les Hautvalois. On vous y a donné réponse plus favorable ou avez-vous déjà quelque plan pour la régence qui suivra ? Non parce que j'nous vois mal laisser les rênes du Royaume à la mère de la p'tiote, la dame m'inspire aussi peu confiance que votre cousine. Enfin c'est p'tet mon côté suderon qui parle, on finit par s'méfier de sa propre ombre en grandissant dans mes pénates. Et puis, fronçant les sourcils, et bien décidé à sauver les meubles du Médian, voilà qu'il revenait à la charge : son époux, Nimmio de Velteroc. Je l'ai rencontré déjà. Peu importe qui le côtoie ou le conseille dans sa Ligue, en bien comme en mal, il n'est pas homme à vouloir mettre en danger l'unité de cette terre, ni s'accaparer des droits et des pouvoirs qui ne lui reviennent pas, je puis vous l'assurer ! Ah il a une fâcheuse tendance à foutre les deux pieds dans le plat et s'attirer les foudres de.. em plus ou moins tout le monde à ce qu'on m'a raconté, mais toutes ces historiettes d'Ogre du Médian et je n'sais quels autres clabaudages : du vent ! Des pets d'lapins, des chiures de mouche à l'image de ceux qui les fomentent ! Je me porte garant de sa vertu Godfroy, il saura reconnaître la justesse de notre cause. À vrai dire il tenait plus ses convictions en le duc d'un certain vieux bonhomme en soutane et chapeau pointu que de leur brève entrevue à Diantra, mais cela il n'irait pas le fanfaronner sur les toits. Lui avez-vous parlé, quels ont été ses mots exacts ?
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Messieurs les vrais de vrai [terminé]   Messieurs les vrais de vrai [terminé] I_icon_minitimeSam 4 Juin 2016 - 11:12

Il n'était pas dans les habitudes d'Aymeric de se rendre à des rendez vous de cauteleux dans sa propre ville. Il était certes rompu à l'intrigue, et pas si réticent à la feinte, cependant, c'était une des rares fois où le marquis allait aux artifices dans sa maison même. La seule curiosité l'avait fait accepter cette entrevue : que pouvait bien vouloir Altiom d'Ydril, ce soulard notoire et pique-assiette patenté des cours de péninsule et d'ailleurs, qui fut trop confidentiel pour n'être dit en audience privée ?

Il eut bientôt sa réponse, quand il découvrit à sa silhouette massive le marquis de Sainte-Berthilde, Godfroy, celui que l'on surnommait l'Effroyable. Les deux hommes avaient échangé peu avant le tournoi, et Aymeric redoutait d'ors et déjà leur entrevue, qui devait fatalement arriver. Elle se produisait plus vite que prévue, par le truchement de monsieur d'Ydril. Les deux seigneurs pénétrèrent dans la gargote servant d'antre à l'ancien Archonte. Était-ce par soucis de maintenir sa couverture, ou pour avoir trop longtemps écumé les tavernes ? Cet homme se comportait là comme un ivrogne assermenté.

Là où son commensal de Sainte-Berthilde répondit dans la bibine, Aymeric, quant à lui, se garda de toucher à quoi que ce soit. À vrai dire, il garda jusqu'au silence même, tandis qu'Altiom expliquait la raison de cette entrevue. Le drôle déballa alors pêle-mêle ses poncifs, ses boniments, sans autre idée vague derrière sinon sauver le roi, le royaume, la veuve et l'orphelin. Cruellement déçu, Aymeric se confina au mutisme tandis que son voisin répondait le premier. À l'évidence, Godfroy apporterait plus à cette entrevue que le triste sire d'Ydril, réduit au soliloque aviné. Dès ses premiers mots, le seigneur de Sainte-Berthilde révéla bien plus qu'il n'en avait jamais instruit son voisin - et dont seul le bruit avait informé ce dernier de la chose. Comme s'il se fut agit d'une guigne, Godfroy annonçait avoir nourri des ambitions royales, et abandonné aussitôt, faute de soutien. Voila qui en disait long sur le personnage, et Aymeric, muet, se félicita d'être venu dans ce misérable troquet.

Il finit cependant par rompre son mutisme presque monastique, quand l'ancien archonte s'éprit à nouveau de logorrhée en goguette. Plus l'ydrilote s'épanchait en palabres, plus le marquis regrettait ses pensées précédentes, et maudissait son arrivée dans un pareil bourbier. L'homme, rodomont rare par l'idiotie, pérorait  sur les affaires d'un monde qui l'avait chassé, et dont il ne connaissait visiblement rien. C'était suffisant pour le marquis, qui éleva la voix : "J'en ai assez entendu."

"Ce que vous nommez des historiettes, j’appelle ça de la félonie. Vos clabaudages, des forfaitures. Vos chiures de mouche, de la haute-trahison. Nimmio de Velteroc, son nom soit maudit, a porté les armes contre son suzerain le duc d'Erac, puis contre les armées du Roy. Il est entré dans Diantra le glaive au poing, a rejeté la couronne, et aujourd'hui préside une coterie de rebelles s'imaginant que leurs succès et leur nombre les rendent légitimes. Vous avez plus de chance de restaurer le royaume avec l'aide du drow qu'avec ces hommes là, Monsieur d'Ydril."

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Godfroy de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Messieurs les vrais de vrai [terminé]   Messieurs les vrais de vrai [terminé] I_icon_minitimeSam 4 Juin 2016 - 16:26

Godfroy leva un sourcil circonspect, sceptique qu'il était à l'écoute des paroles de l'Ydrilote. Un instant, il avait cru qu'il avait été convié pour être courtisé, mais il était en réalité invité pour défendre Nimmio de Velteroc. On apporta la seconde bière du marquis, mais il ne l'entama pas. En réalité il n'avait même pas fini sa première, bien qu'il avait escompté, en premier lieu, la finir. Le marquis de Serramire avait beau lui avoir enlevé les mots de la bouche, il avait également prit position contre la régente, déclarant qu'elle était son ennemie, pendant l'épisode de la Marche d'Oësgard. Et si aujourd'hui une conscience royaliste émergeait, la mort de la régente l'arrangeait au plus haut point.

Laissant une pièce sur la table, pour payer sa bière, Godfroy se leva. « Je n'ai rien à rajouter, messire. J'ai donné une chance à ceux par-delà l'Erac de se repentir pour leurs méfaits. Il n'y en aura point de seconde. Et comme je vous l'ai dis : j'ai eu affaire à toute sorte de gens, à tel point que mes oreilles saignent, et que j'ai grand besoin de repos. Nous parlerons de l'avenir, peut-être, lorsque celui-ci se construira sur les cadavres des traîtres et des opportunistes, et sur les ruines de leur terre. »

Voyant leur marquis se lever, et s'en aller, certains de ses hommes en civil se levèrent également, en même temps, sans même prendre la peine d'être discrets, ou de sortir un par un. La troupe sortit de la taverne, pour ne plus y revenir.


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MessageSujet: Re: Messieurs les vrais de vrai [terminé]   Messieurs les vrais de vrai [terminé] I_icon_minitimeMer 15 Juin 2016 - 14:20

Achevant par le geste ce qu'Aymeric avait amorcé par la parole, le marquis Godfroy prit aussitôt congé. Levant son séant d'un fauteuil qui ne demandait que ça, l'Effroyable rappela une fois de plus qu'il avait tenté de rallier la Ligue à sa cause, en vain. Derrière l'homme, que la complexion laissait supposer de guerre, se cachait adonc aussi un conjuré. Regardant le colosse partir, Aymeric se surprit à la méfiance, envers celui qui l'avait pourtant aisé dans sa lutte contre les puysards. Les Cinqs seuls savaient quels buts recherchaient le marquis de Sainte-Berthilde.

Les menées, en revanche, de l'Ydrilote, étaient connues, et à l'évidence, relevaient de la fantaisie. Altiom, aussi nobles qu'eussent été ses buts, n’écoperait que de refus polis, à vouloir réconcilier des partis que les armes et la trahison avaient dressé les unes contre les autres. L'ampleur du propos laisserait même à penser que l'ancien Archonte officiait pour les ligards, si l'on ignorait son exil naelisien, et ses escapades en Adurie. Quoiqu'il en soit, ses désirs, mâtinés de bonne volontés, devaient rester lettre morte pour ce soir. C'est non sans pitié pour cet homme, qui malgré son inconvenance, professait avec maladresse des vœux pieux, que le marquis prit congé à son tour.

"Ne désespérez point, Monsieur d'Ydril. Le Royaume retrouvera le chemin vers la grandeur ; mais cela ne se fera pas en s'associant avec des félons. Je ne crains que vous ne soyez resté trop longtemps hors de la Péninsule, et que votre exil en Naelis vous a fait perdre le sens des réalités. D'ici à ce que vous vous souveniez ce que c'est d'être un homme du Royaume, je vous invite à la discrétion, pour votre propre bien. Que les Cinq vous gardent."

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MessageSujet: Re: Messieurs les vrais de vrai [terminé]   Messieurs les vrais de vrai [terminé] I_icon_minitimeVen 25 Nov 2016 - 7:43

C'est l'histoire d'un Halvdan qui rentre dans une taverne. Hélas la blague ne trouve point sa chute, car le bougre lui n'y trouve qu'un triste archonte avachi sur sa chope. Si, en fait, en cet instant c'est lui la blague. Lui le comte comédien, le seigneur saltimbanque, le pitre sans public, l'amuseur sans auditeurs, lui le lâche qui abandonne sa terre par apathie, ses frères par défaut, ses titres par l'inaction, lui qu'on chasse au fond d'un cachot ou d'un bois maudit sans plus y penser, lui qui efface l'affront d'un sourire qui ne trompe plus, lui qui fuit le monde par l'humour, lui qui brandit ses galéjades avinées, ses éclats franchouillards et toutes ses rodomontades dignes d'un bouffon de foire comme tant de glaives, d'écus et de remparts dressés face à ses peurs et ses pertes et ses plaies. Une grande citadelle qui l'élèverait au-delà de tous ses échecs, qu'assiégeraient ses regrets chaque jour et chaque nuit passant sans jamais pouvoir la percer. Au plus profond de laquelle il engeôlerait tous ses démons. Mais la forteresse ébréchée avait dû repousser trop d'assauts, la pierre endurer trop d'hivers, déjà le mortier s'effritait, déjà dans le foyer de la grand'salle n'ardait plus qu'une terne flamme. Et tandis que la ruine lui rongeait les entrailles, que les vents coulis se glissaient glacials au cœur de ses corridors, que ses fresques de vertus craquelées, où rayonnaient jadis gloire vaine, honneur souillé, sacrifice oublié, disparaissaient dans la poussière, la vieille bâtisse croulante voyait les flammes noires consumer ses fondations, car depuis les profondeurs remontait le sourd murmure des choses enfouies. Une rumeur, une promesse, un pacte scellé loin du regard des dieux.
- D'jà torché ? s'enquérait Halvdan en prenant pesamment place à la tablée, une patte déjà tendue vers le godet orphelin du marquis.
- Hm. Le salut du Royaume ne viendra pas du Nord, ces seigneurs ont abandonné les idéaux pour la froideur des faits.
- A'ors ? renquilla-t-il, n'y comprenant manifestement goutte.
- Alors il ne nous reste plus pour réchauffer nos âmes que les feux de la vengeance.
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