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Cécilie de Missède
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Cécilie de Missède


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MessageSujet: Derniers Hommages | Solo   Derniers Hommages | Solo I_icon_minitimeSam 18 Mar 2017 - 12:47

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8e jour de la 4e ennéade de Barkios
9e année du XIe Cycle
Missède-la-ville

De retour de Langehack, enfin libérée de son mariage de façade, Cécilie ne pouvait s'empêcher de sourire. Poudreuse s'immobilisa à la suite de la monture du garde chargé de guider Cécilie. La jeune femme s'attendait à entendre le pas lourd et dynamique du géant qui partagerait officiellement sa vie d'ici quelques jours tout au plus mais il devait être retenu avec ses hommes car ce fut l'un de ses gardes anonymes qui l'aida à glisser à bas de sa monture. Elle sourit. Jindanor prenait son devoir tellement à cœur... elle ne doutait pas un instant de sa justesse et de son honneur lorsqu'il s'agirait de protéger Beaurivages.

Ses pieds heurtant le pavé devant la demeure des de Laval à Missède, Rose fut rapidement près d'elle. On vint les accueillir. Où ? Quand ? Comment ? Elle ne s'en rappelle pas vraiment. Ce qu'elle ne peut oublier en revanche, ce fut la suite d'une question posée au détour d'une conversation banale, comme si cela n'avait pas assez d'importance pour la prévenir à son arrivée.

« Ou est mon père ?
- …
- Et bien ? Qui a-t-il ?
- Il... Il est retourné à Beaurivages sous bonne garde... Ma Dame... Il y a eu une attaque. Il y a deux nuits de ça... Une dizaine d'hommes se sont frayés un chemin dans le manoir. Ils ne portaient pas de couleur et... Ils ont tués plusieurs domestiques avant d'arriver aux appartements de maître. Les deux gardes en factions ont rapidement été submergés et même l'intervention de Sire Numanor n'a pas suffit à les arrêter. Heureusement votre père est indemne. »

Une pointe de soulagement lui perça le cœur... tandis qu'une autre bien moins clémente lui poignardait douloureusement la poitrine.

« Et Jindanor ? … Je veux dire, et les gardes ?
-Et bien... les deux gardes sont morts en quelques minutes. Sire Numanor a tenu contre neuf assaillants pour que votre père ait le temps de quitter ses appartement par l'accès des domestiques. Le temps que nous arrivions, il en avait tué six... Mais il a été... gravement blessé. »

La peur s'était rapidement emparée d'elle.

« Dieux ! Ou est-il ? »

Seul le silence lui avait répondu tout d'abord. Un silence de plomb, gêné... désolé... Finalement ce fut une voix inconnue qui lui répondit, soucieuse :

« … La blessure était trop grave... Tyra l'a emporté ce matin. »



« … Ou est-il … ?
- Cécilie...
- Où... est... il ? »

Une main s'empara de la sienne pour la guider à travers le dédale de couloir dont elle ne reconnaissait plus rien.

Le grincement d'une porte... Et une odeur acre d'herbe médicinale, d'huile, et de sang. De l'encens brûlait. Ses jambes la portèrent à peine jusqu'à ce que Rose pose la main qu'elle tenait sur le bord du lit. Une couverture gondolait à un souffle des doigts de la jeune musicienne. Elle approcha, tremblante, de ce surplomb étrange sous lequel se découpait à bras. Elle le suivit, incapable de penser ou de respirer, jusqu'à trouver sa main, découverte par le drap fin. Ses doigts épais et rudes dont elle connaissait la moindre cicatrice... étaient froids.

Elle recula d'un pas chancelant.

« Sa main est froide... Pourquoi est-elle si froide...

- Cécilie... »

Rose tenta de la soutenir mais se fit violemment repousser. Debout, la jeune femme passa ses mains sur son visages avant de lancer.

« Sortez... »

Un bref flottement dans la pièce. Une multitude d'yeux braqués sur elle.

« SORTEZ ! »


Cette fois la populace s'égailla mais elle ne s'en rendit même pas compte. A peine la porte claqua qu'elle se remis en mouvement. Doucement, elle s'assit sur le bord du lit, rabattant la couverture sur la main qu'elle avait déjà frôler, comme pour la tenir au chaud. Elle avait arrêté de respirer, arborant un sourire tendre.

Elle retrouva la main de pierre. Une pellicule de sang en encroûtait encore les ongles. Elle remonta le long du drap. Jusqu'à son épaule. Jusqu'à son visage qu'elle dégagea de son carcan malgré la coutume. Elle se moquait qu'une part de son Souffle reste coincé dans ce monde à cause d'un simple drap retiré. Ses mains outrageusement chaudes coururent le long de sa mâchoire carrée couverte d'une barbe drue. Aucun souffle. Aucune mouvement. Aucun battement sourd du sang sous ses doigts.

Elle remonta, redécouvrant ses oreilles et ses tem... Elle frémit et retira sa main. A la place de la tempe droite, un vallon difforme. Un long moment. Plusieurs tentatives. Enfin elle parvint à reposer ses mains sur son visage. Elle découvrit avec horreur la monstruosité de son crâne déformé. Fendu peut-être ? Elle ne voulait pas savoir.

« Mon amour... »

Aussi blême que lui, elle se pencha sur ses lèvres sans vie pour les embrasser. Une fois. Deux fois. Plus passionnément. Plus désespérément. Les larmes noyèrent son visage. Elle voulait sentir cette main si forte se refermer sur sa nuque, emprisonnant au passage ses longs cheveux. Elle voulait sentir ses doigts la serrer contre lui, son souffle rauque sur son visage, l'empressement qu'ils avaient l'un et l'autre sans arriver à le réprimer en cette présence si tendre. Sentir son odeur. Se blottir dans son cou, se lover contre sa poitrine.

Il ne bougeait pas.

« Non... »

Sans interruption, elle ne pouvait empêcher ce simple refus de l'évidence de glisser sur ses lèvres. Elle suppliait. Elle appelait. Elle priait. Écroulée sur ce torse de marbre, sa vie ne valait pas plus que les larmes qu'elle versait. L'oreille posée sur son cœur silencieux, la main sur le pansement qui lui couvrait toujours le flanc, elle ne pouvait le lâcher. Il lui avait dit un jour qu'elle était son monde. Qu'il la suivrait toujours. Qu'il la protégerait.

« Jindanor... »

Qu'il l'aimerait. A Jamais.

Plus jamais...

Prise d'un violent sursaut, elle se jeta en arrière, chancelante, trouvant une table sous son bras elle s'y appuya maladroitement alors que son estomac se retournait sur le planché, la pliant en deux sous la violence de la crampe.

Tout son être semblait se serrer violemment.

Alors c'était ainsi ? Pas de dernier mots ? De dernier baiser ? Pas d'au revoir. Elle n'avait même pas la possibilité de savoir ce qui s'était déroulé en son absence...

On lui arrachait le cœur de la poitrine.

Et on ne peut point vivre sans cœur.

Le silence l'écrasa.






Un souffle régulier glissait près d'elle. Fort. Vivant.

« Jindanor ! »

Ses mains heurtèrent un corps froid. Mais cette fois ci, ce n'était ni plus ni moins que son armure métallique. L'odeur de sang était toujours présente et gouttait en filets chauds sur le visage où ses mains avaient trouvé leur place. Il ne prononçait pas un mot. Elle ferma les yeux., se blottissant dans son cou, inspirant son odeur à grand trait.

La large main caparaçonnée de métal du chevalier lui fit relever la tête, pressant sa nuque pour qu'elle vienne joindre ses lèvres aux siennes. Un baisser brûlant contre ses lèvres rêches dont elle sentait la moindre gerçure. Une langue gourmande qui lui ordonnait impérieusement de rendre les armes. Il recula légèrement. Elle restait abandonnée, pantelante dans ses bras puissants. Elle n'était qu'une brindille qu'il pouvait briser d'un geste et pourtant elle n'éprouvait pas la moindre peur. Car il était son Protecteur, son Chevalier, son Ami, son Homme. Elle l'avait attendu toute sa vie. Il l'avait attendu tout le temps qu'elle lui avait demandé. Elle entendait distinctement un sourire dans le souffle chaud qui se perdait sur son visage. Les yeux clos, elle ne pouvait qu'attendre qu'il l'embrasse une fois de plus à présent. Qu'il s'empare d'elle une fois pour toute.

Derniers Hommages | Solo 642702lastway

Mais il n'en fit rien.

Un temps infini, elle refusa de bouger.

Et la première goulée d'air après le dernier rêve de sa vie qui volait en éclat.

« Tout va bien Cécilie. Je suis là. » susurra la voix de Rose près de sa tête.

Elle reposa doucement la tête sur son oreiller, toujours sous le choc, ne trouvant que quelques larmes alors qu'elle serrait Rose contre elle comme si un simple souffle d'air entre elles aurait suffit à la faire disparaître. Dispersant le silence qui s'était installé dans l'esprit de son amie, la jeune suivante essayaient tant bien que mal de trouver ces mots apaisants qui ne peuvent rien faire mais donne l'impression de servir à quelque chose.

Cette nuit là, Cécilie ne trouva pas le sommeil.

Au matin, elle ne put que constater que c'est la chaleur même du soleil qui faisait défaut aux grisailles automnales.

Ensevelie sous une lourde cape fourrée, près d'une assiette emplit d'un plat déjà refroidi dans le silence d'un petit salon, elle tournait et retournait un espadon elfique entre ses doigts fuselés. Dans un coin de la pièce, Rose brodait de fils d'argent un mouchoir bleu nuit.

« Rose ?
- Oui ?
- Fait apprêter une calèche. Je rentre à Beaurivages pour les funérailles.
- Très bien. Quand voulez-vous que nous part...
- Pas 'nous', Rose. J'y retourne. Toi tu restes ici et tu attends le retour d'Ernest d'Ethin.
- Mais...
- Rose. »

Elle n'avait pas monté le ton, mais la réplique était cinglante, ne souffrant aucune protestation. Les yeux de glace de la jeune femme s'étaient redresser vers un horizon qu'elle était la seule a apercevoir, son visage dépourvu de la moindre émotion. Ses doigts s'étaient immobilisés sur les incrustations dans la lame stupidement légère qui reposait sur ses genoux.

- Je passerai m'entretenir avec le Juge Richard de vive voix avant de partir. Prend des notes... Antoine vient avec moi. Je veux qu'il soit formé auprès du Capitaine. Toi, tu attendras le retour d'Ernest d'Ethin. Dès que tu le pourras, tu lui feras savoir qu'une tentative de meurtre a eu lieu et que mes dispositions ont changées. Tu lui diras que je serais de retour dans une ennéade et que j'aurai besoin de m'entretenir sérieusement avec lui. Tu enverras également une lettre au Temple d'Othar qui se trouve à Rochenoire en leur demandant des nouvelles de la novice Lyarra. S'ils peuvent la contacter, dit leur qu'elle est mandé à Missède et qu'elle peut venir accompagnée si elle le souhaite. Tu enverras une autre missive adressée à Walther Hohenburg pour lui annoncer le décès de Jindanor Numanor, membre de l'Ordre du Calice. Est-ce que tu as besoin que je répète ? »

Le frottement de la plume sur le vélin mis encore quelques instants à s'éteindre mais Rose répondit finalement par la négative. Sa voix était tendue et sombre mais Cécilie n'y prêta pas attention.

« Bien. Le convois doit être prêt à partir à Midi.

- Comme tu voudras... »


Dernière édition par Cécilie de Laval le Sam 18 Mar 2017 - 18:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Derniers Hommages | Solo   Derniers Hommages | Solo I_icon_minitimeSam 18 Mar 2017 - 13:02


9e jour de la 4e ennéade de Barkios (soir)
En l'en 9 du XIe Cycle
Citadelle de Beaurivages


La côte était balayée par un vent frais dont la température ne semblait pas vouloir cessé de descendre. Le temps s'était beaucoup refroidit depuis leur départ pour Missède à la fin de la 3e ennéade. Lorsque le bûché funéraire fut allumé, toutes les personnes présentes restèrent d'une grande solennité. En arrivant la veille, et armée de la lettre d'investiture portant le sceau de la cour comtale, Cécilie avait immédiatement mis Clarence, Adélie, Gaël, Colombe et les chapelains au courant du changement qui s'annonçait. Évidement, Gaël s'était emporté et elle aussi. Mais l'un dans l'autre, ils avaient réussi à ne pas briser les maigres interactions qu'ils avaient rétablis à force d'effort depuis le mariage de l'héritière... Et lorsqu'il avait appris l'identité de l'homme d'arme que les prêtres de Tyra préparaient dans la chapelle, le jeune chevalier s'était grandement radouci, cessant toute protestation véhémente.

Curieusement, nul ne savait où était leur père. Il semblait bel et bien être parti de Missède, mais son convoie réduit n'était jamais arrivé à Beaurivages... Cécilie doutait qu'il court le moindre danger mais pour faire bonne mesure, quelques chevaliers avaient été envoyés sur ses traces. Elle utilisa cependant cette préoccupation de façade pour expliquer son insomnie et passa une bonne partie de la nuit a faire rédiger des lettres par l'un ou l'autre des occupants du palais capable de tenir une plume. Chacun devrait venir prêter serment à la nouvelle Dame de Beaurivages au plus tôt et selon la tradition, elle ne pourrait couper à la retraite religieuse et au bal entourant les Hommages et la remise de la chevalière du Chef de famille... Celle là même qui avait été remise au chapelain Louis, par précaution lorsqu'Arnaut avait été suspecté d'avoir pris part au meurtre des deux ethiniens.

Dans un élan de bienveillance envers elle-même, elle avait décidé de se laisser trois jours pour digérer les funérailles et de ne partir en retraite qu'au 4e jour de la 5e ennéade. Pendant ses heures de prières, ses futurs vassaux auraient le temps d'arriver à la Citadelle. Certains verraient sûrement un signe de mauvais augure dans cette succession étrange mais ils prêteraient serment par égare à la famille qui entretenait avec eux des relations étroites, quitte à lui mener la vie dure par la suite. Il faudrait qu'elle fasse attention mais au moins cela donnait-il un peu de temps et de mou pour pouvoir régler les problèmes de Langehack et de Missède avant de chercher à imposer sa légitimité en toute quiétude.

En attendant, elle restait planté devant le bûcher. Les voix des prêtres et des fidèles se mêlaient en une symphonie à laquelle elle préférait rester sourde. Il n'y avait rien de beau. Rien de prenant là dedans. Rien du tout et c'était mieux ainsi...

ça aurait été mieux ainsi...

Mais elle ne pouvait s'enlever du cœur cette idée... Cette idée de ne pas avoir été là. De ne pas savoir comment tout cela s'était produit. De ne pas avoir partager une pensée de plus, un mot de plus, une étreinte de plus. Il n'y avait pas eu de dernier baiser. Elle ne l'avait pas senti rendre son dernier souffle. Il n'était pas mort dans un acte que pourraient chanter les bardes en contant sa mémoire. Tout s'était passé... comme un drame ordinaire... et à présent, il ne lui restait plus que cette odeur d'encens et de chair brûlée.

''Il est partit en voyage.'' auraient pu dire certains. Mais lui n'aurait pas put partir sans un regard ni une explication... N'aurait-il vraiment pas put ? Ne l'avait-il pas déjà fait après tout... ?

Qu'importait en réalité. Car cette fois-ci, il ne reviendrait pas.

L'odeur âcre lui soulevait le cœur et le Souffle.

Enfin, ils étaient allé jusqu'à la jeté pour disperser ses cendre dans la mer.

Au creux des bras de Tyra.

Une brève étreinte de Colombe. Une brève étreinte d'Adélie, de Clarence. Et ils étaient tous rentrer d'un pas égal.

Puisque tout reprendrait son cour... Ce n'était qu'une question de jours pour eux qui l'avaient si peu connu...

Après tout ce cérémonial, la jeune Dame était depuis quelques heures dans ses appartements, étendue sur son lit sans réussir à rassembler assez d'énergie pour bouger ni assez de courage pour dormir. Elle portait dans les bras l'espadon aussi démesurément long que léger qui ne l'avait pas quitté de la journée lorsque quelques coups retentirent à la porte. Elle se releva et glissa l'arme sous son lit avant d'inviter son visiteur à entrer... Visiteur qui n'était autre que son très cher frère.

« Cécilie...
- Quoi ? Tu vas me faire une scène sur ma prise de pouvoir sur Beaurivages ? Est-ce que tu peux au moins attendre demain ? Demanda-t-elle d'une voix lasse.
- Je voulais seulement savoir comment tu allais...
- Bien merci. »

La porte se referma. Cécilie soupira en entendant les pas de son frère encore à l'intérieur de sa chambre. Il vint jusqu'à elle pour lui offrir une brève accolade avant de la pousser vers le fauteuil qui trônait près de la fenêtre. Après un silence obstiné, elle fini par délier les lèvres, une colères à peine voiler dans la gorge, railleuse de toute une perspective qu'elle retraçait à grand traits.

« Tu dois t'en moqué mais tu sais... C'est étrange... Depuis mon mariage avec Enrico, j'avais la diffuse impression que quelque chose comme ça finirait par arriver... C'est comme... Comme si je m'y attendais... Nous avons bravé les dieux, mentis et parjuré... C'était normal après tout. Tous les hommes sont mortel et il était bien trop téméraire. C'est même à cause de cela que nous nous sommes rencontré... »

Elle rit sans pouvoir observer le visage de son frère rester mortellement sérieux.

« Mais il a frôler la mort tant de fois... Et a chaque fois il... Il est revenu près de moi... Et moi, je le faisais attendre... Je refusais... »

Elle marqua un temps d'arrêt alors que Gaël prenait ses mains pour l'empêcher de continuer à se les tordre. Le bord des ongles de la jeune femme était déjà rongé et gratté jusqu'au sang.

« Cesse de t'en vouloir. Ton honneur, celui de ta famille...
- L'honneur de ma famille a tué l'homme que j'aime !
- Tu n'es pas responsable. »

Elle voulut se détourner mais il gardait fermement ses doigts enfermés. Comme seul un homme pouvait le faire. Comme seul un frère pouvait le faire.

« C'est atroce Gaël... » murmura une voix brisée qui ressemblait si peu à celle de la Mériale de Beaurivages «  J'ai l'impression qu'on m'écrase la poitrine à m'en faire suffoquer à chaque fois que j'essaie de respirer... Je ne mange plus... Je ne dors plus... J'aimerai qu'on m'arrache le cœur une bonne fois pour toute pour ne plus entendre son pas dans chaque échos du couloir, sa voix derrière chaque porte... On dit qu'on ressent toujours la présence de l'être aimé, où qu'il soit... Mais moi je ne sens rien du tout.. Rien d'autre que le vide...

On vient de m'enlever une moitié de moi-même... Et je ne peux rien dire... Alors s'il te plaît... Laisse moi m'occuper de tout ces problèmes politiques... Ne m'oblige pas à m’épancher encore sur le sujet...  »

Il y avant tellement plus à dire... Tellement plus qu'elle ne pouvait dire qu'à lui... Malgré les déchirures de leur famille. Malgré leurs guerres et leurs désaccords. Malgré la haine qu'elle le savait porté à son égare depuis qu'ils les avaient surpris tout deux à Lourmel... Elle n'avait plus que lui comme soutient inconditionnel... Quel étrange coup du sort...

Il l'avait prise dans ses bras de garçonnet comme ce soir fatidique l'année de ses quinze ans en haut de la tour nord. Mais cette fois la douleur et la peur ne s'effaceraient pas si facilement. Elle avait fondue en larme plus profondément qu'elle se l'était permis avec Rose, le père Louis, Colombe ou qui que ce soit d'autre envers qui elle n'aurait put expliquer un trop grand élan du cœur. Elle était agrippée à sa tunique, misérable et secouer de sanglots incontrôlés. Cela sembla durer un temps infini mais Gaël ne montra pas le moindre signe d'agacement ou d'impatience. Le menton posé sur les boucles rousses de sa sœur, sa main passant encore et encore dans son dos, il avait gardé le silence, ne sachant que dire pour apaiser cette douleur trop vrai et trop profonde pour se tarir si vite.

Il la souleva pour la conduire à son lit, s'installant avec elle, assis contre le mur pour la laisser se recroqueviller contre son torse. Le soleil était déjà couché depuis longtemps lorsque, épuisée et agité des derniers sursauts que son corps endoloris pouvait encore produire, elle réussit à reprendre la parole.

« Merci...
- Je suis là pour toi... »

A moitié assoupit l'un contre l'autre, elle semblait chercher quelque chose sur sa propre épaule. Il lui donna sa main. Elle glissa ses doigts entre les siens, un soupire lui venant aux lèvres.

« Je sais qu'il te répugnait...
- Tu te trompes. Je le détestais mais c'était un homme droit qui méritait le respect... Et je suis heureux d'avoir put rétablir un tant soit peu nos relations lorsque vous êtes passé à Beaurivages il y a deux ennéades... Comme je comprends que tu puisses en être venue à éprouver des sentiments pour lui, même si je ne peux le cautionner. »

Il resserra légèrement sa prise sur la main de sa sœur. Elle serra en retour.

« Quelque chose a changé entre vous lorsque vous étiez ici, n'est-ce pas ? »

Elle hocha légèrement la tête, les souvenirs lui revenants par vague. Les larmes auraient débordé à nouveau si elle avait encore eu la moindre force... Mais elle était même trop vidée pour ressentir quoi que ce soit. La faim, la soif, la fatigue, la peine, la joie... Tout cela semblait tellement abstrait... Aussi elle commença :

« Le soir où nous sommes allé sur le Beau Rivage pour remercier Tyra de nous avoir épargné pendant la traversé... Je lui aies avoué avoir découvert que sa famille était de sang noble.
- Comment ?!
- Les Barvelike... La famille de feu le mari de notre tante Irys... J'ai commencé à réunir quelques preuves... Je n'aurait jamais pensé les trouver dans les archives de Langehack mais c'est pourtant bien là qu'elles étaient... C'est une faille d'Oesgard qui avait un fief à la frontière Wandraiser. En creusant un peu nous en aurions eu la preuve formelle... Et en défaisant mon mariage avec Enrico tout en échappant aux décisions de notre père nous aurions put nous marié...

Mais ce n'est pas tout... Je crois... J'ai voulut lui offrir un souvenir... Mais en touchant sa mémoire... Je crois que... que j'ai vu... Je ne me l'explique pas. Je n'en suis même pas sur moi-même... Mais il s'est passé quelque chose de... d'important... Qui n'aura sûrement plus jamais lieu... »





Peu après, Gaël ferma la porte de la chambre de sa sœur dans un chuintement furtif. Ce qu'elle venait de lui raconter le laissait perplexe... Et quelque peu amère envers un sentiment dont il ne pouvait pas la protéger. Mais d'un autre côté, il ne pouvait s'empêcher de craindre que la fragilité de valeur contre laquelle leur père l'avait toujours prévenu prenne le pas sur sa raison... et alors il y avait fort à parié que Méliane de Lancrais soit un modèle de bon sens et d'implication comparé à ce que sa sœur pourrait être...

Il secoua la tête. Il ne pouvait pas lui tenir rigueur de cet épanchement le jour même des funérailles de l'homme qu'elle projetait d'épouser depuis un an. Il lui faudrait attendre... et voir.

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