Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

 

 N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeSam 18 Mar 2017 - 3:26




« HÉ HO ?! Z’AVEZ PAS BIENTÔT FINIT, OUI ?! » Tonna une voix lointaine, grinçante et bougrement courroucée, accompagnée d’une flopée de coup de manche à balais au plafonnement de l’établissement. La vieille mégère, mais propriétaire de l’auberge, semblait en avoir plus qu’assez du tapage nocturne auquel s’adonnait l’un de ses uniques clients, accompagné d’une donzelle piquée à la volette. Car oui voilà, devenus tous deux musiciens, les deux tourtereaux improvisés chantaient férocement la chansonnette de l’amour à grands cris, hurlements et miaulements! Ayant à leur orchestre l’aide des percussions que causait leur couche à moitié ravagée par leur sauvage lutte, les deux maestro se donnaient même en rappel ! Le spectacle, pour les oreilles qui désiraient s’y prêter, de gré ou de force, assistaient au coït des animaux depuis passé l’heure. Rudoyant sa belle à grands coups de reins, le « preux » chevalier n’allait pas perdre le moindre sou en donnant congé si facilement à sa dulcinée rémunérée. Éloigné depuis une poignée d’ennéade des deux femmes qui tourmentèrent son cœur, Tancrède s’était évertué à voler d’un lit à l’autre comme le voulait ses vieilles habitudes. Garer son épée d’un fourreau à l’autre, conquérir le castel d’une fame ou d’un autre, partager la couette avec de la puterelle, voilà qui lui paraissait une saine méthode pour se tenir loin des maux de cœur.

Le sport se termina non sans satisfaction des deux côtés, ce même si de prime abord, l’allure de la gueuse disait le contraire. Les cheveux en bataille, des rougeurs tatouées ici et là à se faire brouetter tous bords tous côtés et les joues empourprées sous l’euphorie –feinté ou non- de leur ébats, la coureuse de rempart n’avait pas été chère payée pour sa performance et les permissions qu’elle accorda à son amant. Enfin, ils se permirent un prime repos, en se laissant choir près l’un de l’autre sur leur couche désordonnée, en tâchant de récupérer un semblant de souffle. Et pendant que Tancrède retombait droit dans ses deux bottes, il se mit à penser, à réfléchir … Et s’il aurait dû rester au service de Maélyne, quand bien même fût-elle mariée et lui à la botte de sa cousine ? Et s’il aurait été autrement en prolongeant son séjour à Hiviène, à la dextre de Mathilde ? Son avenir aurait pu basculer du tout au tout, eut été d’une décision différente … Pourtant, il était là, à fixer le plafond d’une taverne toute pouacre, à partager le plumard avec une pure inconnue et à faire le point dans une chambrette qui empestait un amalgame d’odeurs d’écurie et de sexe.


« À quoi penses-tu? » Lança tout bas la jeune donzelle, s’accoudant de travers pour faire face à Tancrède et appuyant sa propre tête contre la paume de sa main. Sans daigner lui accorder le moindre regard, il haussa les épaules en restant tout au plus évasif.

« Rien de particulier. Et ne t’imagine point obtenir plus d’or de ma giberne en me faisant la conversation. » Lui répondit-il en passant le revers de son avant-bras contre son front pour en faire le retrait de quelques téméraires gouttelettes de sueur. Et il fallut un moment avant que la pauvrette enchaîne vers une autre tirade. Parole qu’elle accompagna de quelques serpentins qu’elle dessina du bout de l’index contre le poitrail velu de son cavalier.

« Tu as une monture … Et une épée, ainsi qu’une armure et des atours plus que convenables. Tu n’es certes pas du bas peuple, je me trompe? » Miaula-t-elle tout bas, d’un œil brillant de malices.

« Je fais autant parti du bas peuple que tu gagnes honorablement ta vie, oui … J’aurais dû m’assurer que tu ne venais pas avec ta langue en prime, quand je t’ai payée, la vilaine! Tu m'escagaces à la fin. » Fort agacé par la remarque, comme s’il n’avait que faire de lui faire la conversation maintenant qu’il venait de réalisé la distance qu’il avait parcouru, loin de celles qui faisaient battre son cœur.

« Qu’est-ce qu’un noble comme toi fait ici, alors? » Insista-t-elle, toujours en caressant d’une main perdue cette région qu’était son buste musclé.

« Je m’en vais rejoindre mon chez-moi, en Alonna. » Soupira-t-il finalement, cédant à ses questionnements et insignifiantes remarques.

« Oh, j’ai vu le drapeau de l’Alonna pas plus tard qu’hier ainsi qu’une flopée de gardes bien harnachés. Ils se dirigeaient justement vers leur Castel… C’est drôle, tout de même. »

« COOOMMENT ?! » Cria-t-il en se redressant aussi fermement que le fit son braquemart la dernière heure, tout en venant poser sa grippe contre l’épaule de la pauvresse. « Y avait-il une femme avec eux?! Une femme aux cheveux longs et bruns! Les yeux bleus et richement vêtue! » S’énervait-il sans même qu’elle n’aille le temps de répondre promptement.

« Euh…! Peut-être …! Je ne sais pas, j’ai plutôt tapé dans les bonhommes qui étaient avec … » Et sans qu’elle n’achève sa réflexion, la première lance de Léjante se propulsa de leur petit nid d’amour pour quérir ses braies de même que ses affublements ainsi que son matériel usuel. Presque effrayée, laissée dans la plus totale des incompréhensions, la bougresse s’exclama aussitôt :

« Mais! Ou tu t’en vas?! Il fait nuit noire et il neige! Tu n’es pas pour sortir à cette heure?! »

« Tais-toi donc la gueuse! Naros a déjà surmonté bien pis et je me suis fait fort trop attendre! Tiens, voilà pour toi et retourne t’en chez toi! Tu as assez pour donner un congé à ton con, pardi. Profites-en pour te dégoter un travail qui ne fera pas honte à tes aïeuls. » Répondit dare-dare le chevalier en lançant une petite besace potelée vers la toute nue, tout en boutonnant son surcot et s’harnachant de vêtements chauds. Avait-il oublié qu’il venait d’encourager le métier de la jeune fille en la besognant fièrement? Et ce fût la dernière image qu’elle eut de lui, car c’est sans demander son reste que le preux gagnait la selle de son partenaire de route, en emboîtant séance tenante un triple galop vers l’Alonna.

Embourbés par quelques lames de neige poussée par les rafales septentrionales, c’est non sans grandes embûches qu’aux matines, le cadet Léjantais tomba nez à nez avec un troupeau de chevaux scellés dans une écurie de fortune et où flottaient allègrement les étendards des Broissieux. Le bout du nez congelé et les doigts scléroser jusqu’aux phalanges par la froidure, Tancrède pénétra dans la coquette mais vaste chaumière qui offrait le couvert de la Baronne.

Heureusement, elle dormait encore, tout comme le faisait la majorité de ses hommes. D’ici à son réveil, il aurait au moins le bonheur de goûter à un plaisir aussi jouissif que celui du coït, celui d’une flambée ardente après une nuitée passée en cavale dans la neige …


Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeLun 3 Avr 2017 - 0:00

L'âtre ne parvenait pas à la réchauffer. La maisonnette était brinquebalante bien que dans un relatif bon état général. De toute manière, ils n'avaient pas trouvé mieux et il était préférable un chaume que le froid pénétré ardemment que la neige qui tombait à mesure que le vent soufflait.L'hiver était bel et bien arrivé avant eux. La route devenait difficilement pratiquable au dehors. A dire vrai, il s'en serait fallu pas plus d'une énnéade pour qu'elle ne devienne impossible à trouver. L'épais manteau blancprenait place, annonçant une saison bien plus rude que celle des années passées. Peut-être était-ce pour cela aussi que son sommeil fût bien mauvais.
Au combat avec ses vieux démons, la baronne seretrouvait dans la nuit bien seule. Si elle avait moult fois envié ce retour, elle ne souhaitait que repartir sitôt venue. Elle craignait de ce qu'elle allait découvrir. Pour sûr il y aurait la misère d'une guerre trop longue, d'un temps trop peu clément et des chamailleries somme toute nobles. Il en allait de même depuis des siècles dans la petite enclave qu'était Alonna. Si belle était sa terre, si riche était ses gens, si doux était leur souvenir elle n'arrivait à en apprécier les qualités. Elle était las de tout cela. Las de ces querelles et de ces choses qui jamais n'avançait. Elle marchait un pas après l'autre – puis soudain la dure réalité la ramenait six pas en arrière. Le trajet qu'elle empruntait aujourd'hui était le même qu'il y a une année déjà et serait certainement identique à l'année suivante. La Douce avait la volonté de faire mais ne parvenait à rien. Bien sûr qu'elle pouvait se targuer de ses jolis titres et de ses jolies terres. Bien sûr qu'elle avait fait des traités, monté des alliances. Elle ?
Non pas. Elle n'avait jamais été au milieu de ses propres réussites. L'on n'avait point céder le trône à elle mais à son cousin. Elle n'était certes pas étrangère à leur victoire conjointe, pour autant ce n'était pas elle qui était allée épée à la main. Pareillement lorsqu'elle épousa Duncan. C'était un homme brillant – au moins autant qu'elle ne l'était – pour autant il avait quelque chose qu'elle n'aurait jamais : le courage. Le courage de s'imposer face à l'adversité, d'imposer ses choix et de s'affirmer au milieu du vacarme de la cour. De cela il avait été un excellent professeur ; et pour ces raisons il avait été celui avec qui elle aurait pu partager sa vie et son ambition. Mais il n'était plus, consummé par les flammes vengeresse. Elle l'avait tant haït de l'avoir laissé là. Juste là. Seule et nue au milieu des loups qui n'attendait que le bon moment. L'avoir laissée, elle l'agneau qui apprenait à devenir un loup. Avait-elle réellement les épaules pour tout cela ?
La nuit s'acheva sur le visage porcelain d'un enfant. Un nourrisson dont elle se souvenait le visage avec tendresse sans parvenir à deviner de qui il s'agissait. Il riait de sa bouche sans dent, illuminant par sa simple présence la pièce vide dans laquelle ils se trouvaient tout deux. Puis l'enfant cessa de sourire, ses yeux gris, la quittèrent et elle s'évapora aussi vite qu'elle était apparu. Puis, l'évidence la frappa alors qu'elle tombait à genoux sur le sol froid. Elle n'avait point reconnu sa propre fille. Qu'était devenue Pénélope à présent ? Elle allait bientôt fêter ses un an et voilà qu'elle ne l'avait pas vu grandir. Désemparée, elle enfouit son visage dans ses mains tremblantes. Tout autour d'elle vascilla.
Le soleil jouait à se cacher dans les épais nuage. Il neigeait encore dans la petite contrée et la maison était toujours aussi froide pour autant, les draps de la baronne étaient trempés de sueur. Les mèches brunes collaient à son visage tandis qu'elle écrasait du revers de la main une larme sur sa joue. Les nuits se suivaient avec le même désespoir au levé. Elle avait fini de rêver ses grands projets. Aujourd'hui elle connaissait ce qu'impliquait tout cela – tout ce qu'elle avait toujours voulu. Plus l'ambition était grande, plus le prix à payer était gros ; elle aurait dû se douter que tout avait une contre partie et qu'un jour, il lui faudrait payer. Et à ses jours de baronne de l'Alonnan, elle donnait chacune de ses nuits, vivant inlassablement ses angoisses jusqu'à ce qu'enfin l'astre du jour pointe ses rayons blâfards sur sa trogne fatiguée. Elle entendait les bruits de pas des chevaliers en armure au dehors de ses appartements. Parfois même venait habillait le silence une conversation badine sur les choses de la vie. Voilà tout ce qui la rassurait, la consolant maigrement des soirs agités. Elle resta là un instant, contemplant les poutres grinçante du plafond. Une brève seconde de paix. « Jean ? ».
« Votre Honneur »
Elle soupira. La voix grave venait du couloir et elle devinait aisément la tête de son homme d'arme. Il avait été une épaule solide durant ce périple, et bien qu'il était du peuple – aussi bien qu'elle ne lui avouerait jamais – elle lui en serait éternellement reconnaissante. « Prépare les chevaux. Je ne tiens pas à dormir dans un taudit une nuit de plus ».
« Bien votre Honneur ». Mais elle ne l'entendit pas s'éloigner.
« Il y a un soucis ? »
« Votre cousin nous a rejoint cette nuit »
Il lui fallu quelques secondes pour saisir de qui il causait. Puis ses sourcils se défroncèrent tandis que son cœur eut un raté. Le palpitant au bout des lèvres, elle n'aurait pu être plus heureuse qu'à cette heure-ci. Les choses n'allaient peut-être pas être aussi mauvaises qu'elle le prévoyait.
« Fais lui dire que j'arrive au plus vite et prépare moi un cheval de selle et mes fourrures ».
« Ma Dame,avec tout le respect que je vous dois, il serait préférable que.. »
« Assez Jean ».
« Bien votre Honneur ». Et il s'en fut.
Elle s'habillait aussi vite qu'elle le pouvait, enfilant chausses de monte, laçant ses bottes et son corsetage et ajustant l'épaisse robe en laine avant de natter ses longs cheveux. Elle avait des allures de voyageuse – si l'on omettait la qualité dispendieuse de ses habits. La baronne avait chaud dans un pareil accoutrement mais elle ne s'en plaignit pas : c'est que cela lui serait bien utile lorsqu'ils braveraient le froid du débit de l'hiver. Alanya n'était pas une amazone, pour autant elle tenait bien en selle – assez pour qu'on lui fiche la paix sur la route. Elle en avait plus qu'assez de cette maudite voiture qui, de facto, ne pourrait pas aller bien loin s'il continuait de tomber de la neige. Les escaliers grincèrent et les hommes qu'elle croisa la saluèrent avec égard. C'était des hommes fidèles, une garde somme toute très bien choisi par son sénéchal. Il n'aurait jamais confié sa vie à une poignée de chevaliers si ces derniers n'étaient pas des preux.
Mais le seul preux qu'elle voulait voir était un visage on ne peut plus familier. Ses mirettes ne parcoururent pas longtemps la petite foule avant de l'apercevoir, assis non loin de l'entrée. Le sourire accroché au visage, elle hâta le pas jusqu'à arriver face à lui, les bras ouverts. « Mon bien aimé cousin ! Si je m'attendais ! ».
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeVen 21 Avr 2017 - 18:20





Au moins n’était-il plus le glaçon ambulant qu’il était lors de son arrivée, au petit matin. Sans avoir belle mine, il n’en restait pas moins disposé à se présenter devant sa maîtresse et cousine ; si tant effectivement, elle sommeillait à cet endroit! Entre-temps, il s’était défait de la doucereuse et réconfortante compagnie de ses fourrures, mais avait paressé à dénouer les multiples sangles qui retenaient les mailles de sa cotte. C’est ainsi alors qu’il allait se présenté à elle, authentique comme il était ; un soudard du nord qui peinait à enfiler de beaux affublement et qui préférait largement l’inconfort du métal de son armure. D’ailleurs, si ses habitudes vestimentaires ne défaillaient point, sa binette, elle avait mutée! Son bouc au menton avait poussé allégrement et abondament, de même que la mauvaise herbe qui lui servait de tignasse. Ainsi déguisé sous ces poils hirsutes et parfois frisés, on ne lui reconnaissait désormais plus aussi aisément cette pointe d’arrogance qui planait constamment à son faciès. Mais ses yeux pers, eux, toujours intenses et curieux à outrances, ne mentaient pas lorsqu’on les croisait ; c’était bien le hardi!

Les premiers hommes armés déboulèrent lâchement et lourdement du haut des escaliers qui menèrent à la salle à manger, de même qu’à l’entrée principale de l’établissement. Sans faire ni une ni deux, après s’être frotter les yeux à poings fermés, dans l’espoir de balayer l’ultime voile qui barrait leur vision, l’un des hommes de main se précipita vers la tablée du Léjantais, main au pommeau et écumant pratiquement comme un raton atteint de rage. « Déclinez votre identité immédiatement! » Tonna le reître, bien prêt à faire du boucan, si la réponse ne lui plaisait pas.

« Ahh je vois, à défaut de vouloir rompre la mie, tu sembles avoir grande envie de rompre la quiétude de ce lieu! Tu aboies fort, mais mords-tu seulement ? » Répondit le hardi, en toute provocation vers le garde du corps, le sourire à demi affiché au visage. « Comment oses-tu t’adresser ainsi à la garde de la Baronne ?! Je m’en vais te le faire re… » Ajouta l’homme de main, tout juste avant de se faire couper par Tancrède. « Je suis le cousin de ta maîtresse et son plus fidèle serviteur, range ton acier avant que je ne te le fasse ravaler! Va plutôt m’annoncer à elle, au lieu de baver sur le plancher. L’endroit est bien assez crasseux tel qu’il est. »

Connaissant seulement de loin qui était l’homme, maintenant qu’il s’était présenté à lui, de peur de recevoir les représailles de sa maîtresse, icelui s’exécuta sans autres sommations, s’en retournant la queue entre les jambes. Ce ne fût que peu de temps ensuite, que le hardi pu admirer le paysage qui défila devant lui. Si lui avait changé depuis le tournoi, elle, était resté tel quel. Ses traits fins, ses pommettes singulières, le bleu sombre de ses yeux et sa crinière brune … La cousine qu’il avait laissée à Serramire la dernière fois qu’ils s’étaient croisés. Son faciès s’illumina évidemment d’un sourire avenant, venant dans un premier temps répondre à l’appel des bras ouverts de sa famille, en l’enlaçant affectueusement avant de lui chuchoter secrètement, au creux de l’oreille : « Tu m’as manquée... » Trois mots qu’il prononça en messe basse, avant de faire un pas de recul pour venir poser le genou devant elle tout en abaissant les yeux sur les planches grafignées et usées par le temps, en guise de soumission.

« J’ai fauté, Baronne. Mon absence prolongée, aussi irrespectueuse soit-elle, n’est pas digne des engagements que j’eus pris envers votre grandeur. Pardonnez-moi. »

Les yeux ouverts en hibou, le soldat qui tantôt s’était fait corrigé, avait la gueule grande ouverte jusqu’au sol lorsqu’il aperçut son tourmenteur ainsi soumis à la Broissieux. C’était à se demander si l’étendue de la servitude de tous les laquais d’Alanya, s’approchait seulement un tantinet de celle du Hardi …

Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeLun 24 Avr 2017 - 18:24

Pour sûr, la première lance de Léjante avait beaucoup changé depuis leur dernière rencontre, au tournoi. La barbe saillait ses joues comme deux buissons touffus et mal entretenu. Ses cheveux étaient bien plus longs aussi. Ainsi son cousin faisait bien plus homme, elle devait lui concéder mais sa tenue lui suggérait tout autre chose : ses braies étaient guère propre et sa mine était tirée de fatigue. Qu’avait-il donc fait durant son absence ? La Sainte Mère lui pardonne, mais elle regrettait à présent de ne point l’avoir convié au voyage. Il avait grise mine et si ses muscles semblaient toujours aussi prompts à la bataille elle n’en doutait point ; Tancrède avait bien changé. Elle ne savait encore s’il s’agissait là d’un mal ou d’un bien mais préférant la prudence, elle était prête à se faire excuser mille fois pour ses manquements tant de suzeraine que de cousine.
Pour sûr, elle avait retrouvé plus qu’un parent lorsqu’il était venu la trouver au castel des Trois-Murs. Et à dire vrai, sans le savoir, il avait été de ceux qui permirent à la baronne de tenir bon malgré les tristes aléas qui semblaient s’abattre sur elle et son enclave. Non, ce n’était pas qu’un simple cousin qu’elle tenait dans ses bras ; c’était un véritable ami. Comment, de ce fait, ne point s’en vouloir de l’avoir quitté sans un mot du jour au lendemain, ne l’informant pas même de sa destination aussi dangereuse qu’elle fût ? Et ses mots. Ces mots, à moitié chuchotés dans le creux de son oreille furent à la fois le poignard assassin et la douce caresse d’un retour à sa patrie. Elle était de nouveau chez elle et pourtant elle avait encore tout à prouver –même à lui. Surtout à lui. Après tout il était l’un des rare à qui elle tenait encore.
Aussi, ses yeux s’écarquillèrent un peu lorsqu’elle le vit ployer genou. Par Tyra, ce n’était point à lui de se faire pardonner. Il avait dû faire avec ce qu’elle avait laissé et il avait certainement bien plus souffert de son absence que l’inverse. Comment pouvait-il penser une seule seconde qu’elle lui tiendrait rigueur de tout cela ? C’était elle la coupable. Elle l’était pour beaucoup de choses d’ailleurs. Honteuse de le voir ainsi se flageller, elle lui attrapa gentiment les épaules pour le relever. Son minois l’implorer de l’absoudre mais elle souriait. Un rictus qui exprimait parfaitement la joie qu’elle éprouvait d’être près de lui à cet instant, la joie d’être rentrée.
« La faute m’en revient Tancrède ». Elle abandonnait la solennité pour une voix douce propice à la confidence – car c’est ce qu’elle faisait là ; elle se confiait à mi-mot. « Je suis partie sans même te laisser un mot alors s’il revient à quelqu’un de punir ce jourd’hui, c’est toi mon cher cousin ». Elle l’embrassa à nouveau et s’écarta d’un pas pour le contempler de pied-en-cape. « Mes yeux ne m’ont point trompé, tu es un autre homme ! ». A en juger par l’intonation mise, ce n’était pas là un reproche. Bien au contraire, elle était impatiente d’entendre les récits de son absence.
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeMar 2 Mai 2017 - 19:12




Seuls les vassaux peuvent fauter, votre rang ainsi que votre noblesse vous exempt de cela, aurait-il voulu répondre à sa messe basse, alors que sa cousine se repentait de son absence. À pleine poigne elle avait pris la poudre d’escampette à peine le tournoi terminé, mais lui en revanche, avait fait pis encore ; il n’avait pas cherché à la retrouver. Point chien, ni cabot ni animal domestique, mais chevalier, il n’en restait pas moins qu’il devait allégeance à nulle autre qu’icelle et qu’en cas d’absence, il se devait de retrouver sa maîtresse pour veiller autant à sa sécurité qu’à ses besoins. Enfin, si elle le voyait d’un œil différent, il n’allait pas chercher à lui faire comprendre et la laissa s’absoudre à son péché, gratifiant ses plates excuses d’un sourire doux et avenant. « Un autre homme, je ne saurais dire ; en vérité, ce ne sont que des poils, des cheveux qui ont poussés tout le long de mon interminable voyage! » Dit-il, non sans un œil rieur, la main venant farfouiller son menton velu, puis le grattouiller pour donner pesanteur à sa dernière tirade. « Mais avant de t’en dire d’avantage, il est de bonne mœurs de se sustenter aux matines. » De suite à quoi, il tendit son bras saillant pour qu’elle s’y accroche, dans un geste empreint de sa naturelle galanterie.

« Monsieur le queux, faites toaster quelques miches pour son excellence, qu’elle puisse se sustenter sans autres délais! Il me hâte de sentir le bon pain et la confiture, ces odeurs seront accueillies à bras ouverts pour ces retrouvailles. Son ventre gargouille à plein, m’est d’avis! » Ajoutait-il finalement, non sans consulter d’un œil mutin celle qu’il accompagnait jusqu’à sa tablée, d’ores et déjà préparée pour sa venue. « Je m’en voudrais de vous imposer ma présence en vous privant de ces délicieuses victuailles … Prenez place, je vous en prie. » Lui tirant son assise, celle-ci dominant la tablée rectangulaire. À sa place, les couverts attendaient les assiettes, donnant compagnie à un gobelet de lait. Tôt, elles arrivèrent : miches fumantes toutes droit sorties du four, potage de légumes, bouillie d’orge et de miel, saucissons et lardon, ainsi que quelques confitures, vinrent se poser devant elle, de sorte à ce qu’elle puisse choisir à sa convenance. L’endroit n’avait certes rien de très prestigieux, pour ce qu’elle pouvait en dire, mais niveau pitance, l’auberge n’avait pas à en pâlir, car icelle faisait preuve d’un certain talent en la matière.

« Lorsque nous nous sommes quittés, en Serramire, le goût de la défaite m’a semblée plus amère qu’elle n’aurait dû l’être. En vrai, en dépit des conseils avisés du Marquis, monsieur de Brochant, elle m’a dégoûtée jusqu’à l’os. J’exécrais le faux gagnant de ce tournoi de toutes les fibres de mon corps, je le haïssais autant le jour que la nuit … Puis, je me suis éloigné, j’ai pris mes distances et je me suis laissé guider vers des terres qui m’étaient jusqu’alors inconnues. En périphérie de Diantra, une petite citée vibrait sous l’allégresse de ses gens qui fêtaient haut et fort. Il faisait soif et l’ennuie guettait de m’engloutir totalement ; il me fallait aller voir. Là-bas, j’y ai rencontré quelqu’un … Quelqu’un qui me fit oublier l’amertume de ce tournoi. » Son ton de voix avait foulé tous les niveaux, de l’amertume au dédain, passant par le nostalgique et la mélancolie. « Une femme, que j’avais préalablement rencontrée en Serramire, dont le regard seul saurait me désarçonner … Elle était là, en catimini, sous le couvert d’une fausse identité, à masquer la pureté de son sang nobiliaire …Tout en levant le coude! Qu’elle coquine toute de même, de vouloir fouler le même sol que les soudards et la roture! Je la vois encore me lancer de ces regards provocateurs, de ces sourires sous-entendus … Et toute la nuitée, nous avons dansé, nous avons festoyé … Nous nous sommes embrassés … » Tancrède perdit peu à peu de sa fougue à raconter son triste récit. « Puis elle s’est envolée. Et le goût de la défaite me tenailla à nouveau la gorge, si tant que je quittai Diantra la nuit même, à peine capable de talonner les flancs de Naros, tant l’hydromel m’avait enivré. Depuis, plus jamais je ne me suis coupé les cheveux, ni la barbe. » Et il termina non pas sur une note de tristesse, mais plutôt d’amusement, tandis que sa main retournait farfouiller quelques poils de sa barbe hirsute, de sorte à ce qu’Alanya ne s’en fasse pour son état.

« Et il me plait de savoir que vous êtes restée la même, aussi belle et authentique qu’à notre prime rencontre, en votre Castel. Abstenez-vous de faire comme moi, la barbe ne saurait rendre grâce à votre beauté.» Tout souriant, tandis qu’il restait dans son champ de vision, sans prendre place. Du moins, pas avant d’en être invité.



Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeMer 3 Mai 2017 - 18:39


Elle n’avait pas particulièrement faim en vérité mais l’intention de son cousin acheva de la convaincre tout à fait. Par la Sainte Mère, s’il n’avait point été chevalier, pour sûr qu’il aurait été un bon marchand ! Quoi qu’à la réflexion, il avait bien trop de cœur pour ces travaux de peu de foi. Il fallait dire, qu’en ces temps plus que troublés même les plus riches avaient bien du mal à vider la bourse – et parallèlement, les marchands gonflaient le solde bien plus que de raison. Un cercle perfide qu’elle comptait bien endiguer à son retour chez elle. Les choses avaient été laissé telle quelle depuis son départ et à en juger par l’absence de missives de son conseil, rien n’avait dû changer. Et, au fond, cela ne lui déplaisait guère ; au moins n’y avait-il eu rien de dramatique et il était chose plus aisée de créer que de rattraper les fautes commises par d’autres. Ô certes, elle s’attendait que trop aux désagréables et tumultueux débat avec ses vassaux – ils avaient toujours été plus enclin à la haine qu’à l’amour. Et à défaut de l’aimer pour ce qu’elle voulait instaurer, ils préféraient de loin la blâmer pour ce qu’elle ne faisait pas. Peut-être – sûrement même – en était-il ainsi partout ailleurs. Les mécontents semblaient toujours plus nombreux que les satisfaits, certainement car ces derniers, contents de ce qu’on leur offrait, se taisaient plutôt que de faire face aux bruyants détracteurs. Toutefois, les molosses les plus dangereux n’étaient point ceux qui aboyaient. C’était d’ailleurs là sa plus grande hantise. Et si ce silence n’était que le mutisme macchabé de sa désertion ?
Par Tyra, elle ne voulait point trop songer à cela maintenant ! Elle aurait bien le temps de savoir ce qu’il en était réellement le moment voulu. Son long périple aurait à coup sûr des conséquences qu’elle était prête à assumer mais pour l’heure, elle avait mieux à penser. Voilà que son parent n’y allait pas de main morte. Elle le trouvait si charmant. De toute jeune, elle se souvenait de sa bonté naturelle. Quoiqu’un peu filou – les rigueurs de l’enfance somme toute – il avait toujours eu ce que son frère n’avait point encore acquis aujourd’hui. Néera seule savait, gardienne silencieuse de leurs secrets enfantin, à quel point le fringuant Tancrède pouvait être doux et affectueux. Il avait, comparé aux autres, une douceur et une dévotion peu commune. Parfois un peu trop à son goût. Il avait pour sûr la fâcheuse tendance à offrir trop à la mauvaise personne. A y regarder de plus près, il en avait toujours été ainsi, à commencer par son cadet. Magneric de Léjante était un homme jaloux et rigide qui n’avait laissé au puîné qu’une amère rancœur et un désamour fort bien affiché et malgré tout cela, elle savait que le pauvre bougre l’aimait au fond de lui. Il l’aimait d’un amour fraternel, ce même amour qui avait certainement dû le pousser à fuir plutôt que le mettre à bas. Elle jeta un regard un peu compatissant alors qu’installée, elle commençait à grignoter pour lui faire plaisir. Elle connaissait ce sentiment-là. Au final, elle en venait à penser que ce n’était point la haine et le dégoût qui l’avait subrepticement poussée à commettre son crime envers son époux, mais plutôt l’amour. Non pas un amour véritable, comme il aurait été entendu d’avoir de la part d’une épouse mais un lien fraternel, un lien de chair et de sang. Ce même lien qui lui causait un vide en elle – et lorsqu’elle observait sa tendre fille.
D’un geste, elle l’invita à se servir. Elle ne mangerait pas tout et l’homme semblait avoir vécu des siècles sans se sustenter correctement. Elle le trouvait un peu plus sec, derrière ses poils brunâtres. Pas totalement émacié mais moins épais. Ses pérégrinations l’avaient certainement tenu loin d’endroits fréquentables pour quelqu’un de son rang et de son avis, ces dernières énnéades avaient dû être bien plus remplie de taudis que de chambre confortable. Autour d’eux s’affairaient sa poignée de garde personnelle tandis que derrière son comptoir, le tenancier guettait les aller et venue. Il était plutôt rare de voir passer un convoi nobliaire par ici et le bougre avait été bien ravi d’ouvrir sa masure pour la nuit. Il avait reçu une somme plus que convenable pour l’hiver qui s’annonçait. Et son cousin commença alors son récit.
« N’ayez crainte mon ami. Vous n’êtes point le seul que cette mascarade a froissé et je n’ose croire que le bon Marquis n’y a point pris plaisir. Nous avons tous deux un passé agité et je ne serais que trop sotte d’imager l’acclamation pour Roderik comme un simple devoir de sa part. L’Arétan n’est certes pas le plus honnête mais le Corbac l’est d’autant moins. Dès lors que le bon peuple Serramirois s’est mis à huer la fourberie, il s’est bien gardé de vous attribuer la victoire. Mais voyez, comment pourrait-on avoir un juste arbitrage alors même que l’arbitre semble corrompu ? » Elle lui adressa un sourire avant de croquer dans une tartine. « M’est-avis mon cher cousin, qu’il avait tout à gagner de se mettre ce troublions de la Malelande dans la poche tout en me punissant par votre défaite. Il s’assurait d’une main peu sûre d’un investissement à long terme tandis que de l’autre il flattait son égo ». Et il avait bien eu raison. Aujourd’hui, bien qu’elle s’était tenu loin des affaires du Nord, elle savait que Wenden siégeait toujours et plutôt aisément alors même qu’on disait le trône du comté maudit. Peut-être était-ce simplement qu’il attendait le derrière de ce monsieur. « Si cela peut vous apaiser, je n’ai point oublié l’humiliation ». Elle n’oubliait jamais, elle attendait simplement.
Elle arrêta de déjeuner, poussant avec délicatesse l’assiette à peine entamée qui se trouvait face à elle. « Mais là n’est pas le sujet ! Qui est donc la chanceuse qui aurait volé le cœur de mon bien aimé chevalier ? ». Elle lui octroya un sourire taquin et ses yeux brillaient de malice. Il était clair que le bel homme était tombé sous le charme de la malheureuse. « L’avez-vous seulement rencontré qu’une seule fois ? Savez-vous son prénom ? ». Des dizaines de questions lui venaient aux lèvres. «  A vous entendre, cette femme vous a fait un drôle d’effet. Je ne vous avez point comme ça depuis votre amourache avec la petite Marguerite des écuries mais nous n’étions que des gamins ! [/color]». Elle eut un rire franc à l’évocation de ce souvenir. Que savaient-ils de l’amour à cette époque ? Qu’en savaient-ils aujourd’hui ?
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeJeu 4 Mai 2017 - 3:04





Hahh … Qu’elle était douce et agréable au contact, cette caresse empathique dont lui faisait preuve sa cousine germaine. Tancrède ne demandait qu’à faire une croix sur ce vil souvenir, l’enterrer et ne plus jamais se le ressasser : voilà qui serait solution fort aise à ses yeux. En seulement, voilà la réalité : c’était chose impossible, ou plutôt improbable tant que Roderik resterait aux yeux des Serramirois le véritable champion. Oh, il avait semblé fort bon joueur lorsqu’il avait céder la victoire à son adversaire, la première lance de Léjante, mais les faits restaient. Autant les honneurs que l’or, le filou avait empoché tout le pactole et s’en était allé, riant dans sa barbe d’avoir sur son honneur, acheté sa victoire malhonnêtement. De savoir que la Baronne se souvenait, qu’elle attendait le bon moment pour faire justice à cet affront, ce fût là le plus beau des présents qu’elle aurait su lui témoigner. Attendait-il réparation directe, autant du principal intéressé que de celui qui cautionna les vilenies de l’Arétrian ? Certainement pas, mais il s’imaginait d’ores et déjà un retour du balancier, un pendule encouragé par la ténacité et la ferveur de sa maîtresse et suzeraine. « Sans vous offenser, je crois ne pas me fourvoyer en vous disant que je jacte autant le langage de la politique que la langue noire. Vous seule savez réellement les intentions qu’avait monsieur le Marquis ce jour-là et, je m’en remets entièrement à votre sagesse et jugement. » Boucla-t-il le sujet, non sans un sourire entendu, comme quoi elle avait gagné d’office son admiration ainsi que sa confiance.

Puis vint le temps, ce moment où il comprit qu’il avait peut-être trop parlé. Car s’il avait omit inconsciemment le nom de sa tourmenteuse, maintenant il comprenait pourquoi il devait taire son nom. Loin de lui l’idée de traîner Maélyne dans la boue, pas après tout ce qu’ils avaient ensembles entretenus …
« Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, à vrai dire … C’est presque croire que notre destin était lié, pour tout vous dire. » Il se surprit à sourire, constatant que la coïncidence de leurs rencontres impromptues. « Je l’ai sauvée, deux fois plutôt qu'une en Serramire ville … Aux sales pattes d’un coupe-jarret et près d’un lac, abandonnée à elle-même. Nous nous sommes revus par la suite à cette fête dont je vous fis mention plus tôt, puis récemment, sur les terres de Wenden … Suite à quoi je l’ai escortée jusqu’à Kulm, en compagnie de sa suite et de ses sbires. Puis ce fut la dernière fois que je l’aperçue, la dernière fois qu’elle me jeta le moindre regard … » Plus il en disait, plus il savait qu’il s’embourbait et que tôt, il ne pourrait plus taire son nom. À ce moment, les yeux de sa cousine illuminaient presque la salle à manger, tant l’intrigue l’émoustillait. N’avait-elle jamais entendu de pareilles histoires d’amourettes ? Il fallait croire que trop peu souvent, car icelle n’en démordait pas et, cherchant à lui tirer les vers du nez, elle réitéra en lui demandant son nom. Encore, et encore, jusqu’à ce qu’il crache le morceau non sans difficulté. « Je … C’était la dame de Lourmel. »

Comme jamais, le minois du Léjantais changea. Du naturel confiant, icelui se confondait dans la gêne et la honte, comme si ce fut le pire des pêchés que de tomber sous le charme d’une femme au sang bleu dont la main était déjà confiée à un autre homme. L’importance qu’il rattachait au rang ne mentait pas : ses yeux étaient bas, comme ceux d’un chien coupable, de même que l’auraient été ses oreilles si ce fut possible. Jamais il ne fauta en cette histoire, car jamais il n’avait franchi la limite, hormis ce soir arrosé autour du feu … Et pourtant, les occasions n’avaient pas manqués, car la tentation fût plus que cuisante aux côtés de cette succube de Lourmel. Il se souvint ces regards tentateurs, ces invitations et ces sous-entendus à double sens … À y repenser, sans doutances aucunes Tancrède aurait tout sacrifié pour la posséder sans gagner au change le moindre remords, lui faire crier son nom et lui arracher les plus lascifs soupires … Au moins ne pouvait-on point lui reprocher de faire toutes ces choses et plus encore, en rêverie, une fois retourné en sa couche solitaire …


Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeJeu 4 Mai 2017 - 16:59


Sa trogne se rida soucieusement. Non pas qu’elle n’était point heureuse que son cousin aille à la rencontre de charmantes compagnies – bien au contraire – mais l’évocation de la Dame de Lourmel la refroidit quelques peu. Elle n’aurait jamais imaginé que son fier chevalier s’en revienne tout penaud qu’il était, gauche en amour comme en politique, à cause d’une vipère. Car voilà ce qu’elle était. Elle ne l’avait pourtant vu qu’une seule fois mais dès lors, elle lui était apparue bien moins fréquentable que d’autres donzelles de petites vertus. Qu’il s’en aille trousser de la coquine mais par le Saint con de la Mère, pas elle ! La baronne avait vu sous son joli minois – car voilà une chose qu’elle ne pouvait nier – une aigreur peu commune. La Lourmelloise lui avait fait autant d’effets qu’une sauce cameline dont le vin aurait été tourné ou dans laquelle on aurait craché. Et puis, il fallait se souvenir que l’impudente était à présent mariée – et baronne ! Grands Dieux, voilà bien longtemps qu’elle n’avait point exécré quelqu’un. La Broissieux aurait pu lui concéder leur désamour mutuel pour leur suzerain, le fourbe Corbeau mais elle n’en avait point la foi. Non, voilà même qu’elle se mettait à imaginer un bouton disgracieux sur sa trogne et des cheveux pauvres. En vérité, elle essayait de contenir le rouge qui lui montait aux joues. Il n’était pas digne, ni même respectueux pour son cher Tancrède d’avoir de telles pensées. Pour autant, elle ne pouvait s’en empêcher. Son petit palpitant pompait tant qu’il pouvait, tandis qu’elle mesurait sa respiration.
En vérité, elle n’était certainement pas prête à voir son fringuant cousin – son plus vieil ami – s’en aller loin d’elle dans les bras d’une femme qu’elle connaissait. Qu’elle fût mariée ne l’intéressait guère, elle pouvait bien se faire soulever par qui elle le souhaitait seulement il était clair que l’évocation de ce souvenir rendait l’homme face à elle étrangement nostalgique. Il aurait fallu être sot pour ne pas y voir un entichement certain et l’être deux fois plus pour croire qu’il ne s’était passé que cela. Elle lui avait volé une petite partie de son gentil cousin et cela l’agaçait. Comme une enfant, elle lui aurait bien volontiers tiré les cheveux et glisser quelques cloportes dans son jupon, par pure vengeance. Mais elle n’était point-là, à cette table et la Belle avait depuis longtemps passé l’âge de raison. Elle détendit sa mine pour adresser un petit sourire à son partenaire. Qui était-elle pour juger ? Il était après tout bien assez grand pour mesurer ses actes et apprendre de ses erreurs – aussi douloureuses fussent-elles. « Point étonnant qu’elle ait pris les jambes à son cou. Avec ton minois entiché, tu as dû paraître pour un idiot ! ». Elle avait abandonné le ton formel, se laissant aller comme s’ils n’avaient été que tous les deux. Après tout, ils étaient bien plus liés que par un simple serment, et la conversation devenait bien trop intime pour garder l’air solennel. D’autant plus que même s’il s’agissait là d’une boutade, elle y mettait un peu de son venin. Elle lui envoya un clin d’œil avant d’apercevoir Jean du coin de l’œil.
Il était toujours près d’elle, ces derniers temps. Toujours, si bien qu’il n’était pas difficile pour les hommes qui l’accompagnait de caqueter comme des oies quelques bourrus commérages. Tout comme elle n’avait pas eu besoin de beaucoup de temps pour être mis au parfum. Les hommes étaient bien des choses, mais la discrétion n’était certes pas une de leurs qualités. Oh, bien entendu ces rumeurs étaient bien infondées mais elle ne les avait pas encore démenties. Pour sûr, c’était un bel homme, froid et franc, de petite naissance mais qui avait le mérite – à l’image de son cousin – de lui être dévolu. Il avait été une épaule solide sans même qu’elle eut besoin de se confier de quelques façons qu’il soit. D’autant plus qu’il était le seul à lui tenir tête lorsqu’elle dépassait les bornes. Elle se racla la gorge, essayant de se concentrer sur la discussion plutôt que sur les divagations de son esprit.
« Les rêves les plus doux ont souvent la réalité la plus rude, Tancrède. Tu savais que cela n’aurait jamais été possible, n’est-ce pas ? ». Une autre question lui brulait les lèvres mais elle s’abstint de la lui poser. Il semblait déjà assez désemparé pour ne pas y ajouter sa curiosité maladive. « Toutefois, je te comprends mon cousin. C’est une belle plante et un bon parti ».
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeJeu 4 Mai 2017 - 18:49





Lui aussi changea de visage lorsqu’elle l’accusa d’être aussi prévisible. Ses traits s’étaient tirés d’agacement, peut-être car lui-même réalisa la bourde qu’il avait commise, en s’empêtrant toujours plus profondément dans les sentiments qu’il avait développés envers la Lourmeloise ? Tout le long de sa fréquentation, il le savait, toujours il s’était interdit à elle, du moins, il avait tenté. Mais son cœur battait plus ardamment que sa raison, car quand bien même essayait-il de se convaincre des conséquences dévastatrices d’une telle aventure, une fois devant elle, il perdait tous ses moyens. Maélyne fut son baptême en amour, car avant cela, ce mot n’avait su exister pour le rustre qu’il était. Courir la gueuse, trousser la coureuse de rempart, faire s’escambiller de la servante, voilà qui lui suffisait amplement! Et même, non seulement cela lui plaisait, mais ce mode de vie lui seyait fort plus élégamment qu’à tous les autres sacs à vin de bas étages : au soir, il était un chevalier, au service du crépion de sa dame! Tout était plus simple, tout était plus doux ; nulles ruptures, nulles querelles, nuls heurts, que du plaisir. « Oui-da, je le savais depuis le tout début, cousine. Vous savez toute l’importance et le respect que je dévoue au sang bleu, de même qu’à la fame mariée … Jamais je ne me serais permis quoi que ce soit, s’eut été sacrilège que de faire autrement … En seulement, à moins qu’un sortilège m’ait été jeté, elle me semblait à l’époque bien encline à me pousser à la faute … Je n’ai rien imaginé, fichtre! » S’emporta-t-il pratiquement, à se ressasser tous ces regards sous-entendus et ces propos à double sens. Et c’était d’autant plus frustrant, lorsqu’elle ajoutait qu’elle était bon parti. Sur ce point, elle se fourvoyait royalement et c’était peu dire!

Si la Broissieux se laissait transporter à l’odeur du pouvoir, qu’elle rêvassait la nuitée tombée, à des jours où elle pourrait s’élever au-dessus de son propre rang, alors tant mieux pour elle. De son côté, le hardi n’en avait cure ; la politicaillerie et les jeux de pouvoir le dégueulait, c’était en partie pour cette exacte raison qu’il n’avait jamais réclamé le trône de son frère aîné, Magneric. En son sens, l’avoir fait l’aurait empêché d’être ici ce jourd’hui devant sa charmante cousine, non, c’est emprisonné à Léjante, croulant six pieds sous terre d’ennui, qu’il serait. Si pour la Lourmeloise il avait développé des sentiments, ceux-ci naquirent d’une supercherie ; une identité cachée, qui naturellement permit l’abstraction de toutes marques de respect qu’il se devait d’entretenir pour le rang de Maélyne. En remplacement, à leur prime rencontre, il s’était comporté en parfait soudard, en homme du bas peuple, fier roturier aux éperons chevaleresque. Cela avait ouvert des portes qui jamais n’auraient dû être ouvertes ; elle était de la haute société, lui issue d’une noblesse plus que commune et peu enviable.

Heureusement, aujourd’hui, l’histoire n’était plus et, il espérait, ne serait plus jamais.
« Je vous narre ceci car vous avez demandé, mais en vérité, après avoir vaincus mes démons la concernant, une autre s’est ajouté au portait, préférant caresser mon cœur plutôt que de le boteculer. »


Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeVen 5 Mai 2017 - 18:17


« Une autre ? ». Le ton était faussement détaché car non content d’en avoir émoustillé une, une autre vilaine venait se mêler à ce joyeux bordel. Et le bordel, c’était peu dire ! Elle ne connaissait guère la Maélyne mais à en croire les dires de son ami, il s’agissait là d’une sacré coquine. Grand Dieux, elle avait bien faillit faire sortir le démon de Tancrède, agitant – elle en jurait !- ses pêchés défendus comme tant de guerres à mener. Pour sûr, elle n’ignorait rien de l’amour de son cousin pour les femmes, et les belles. Mais peut-être que là c’était différent. Ce n’était point son lingam qu’elle avait touché mais le cœur sensible du bellâtre. Et le voilà, tel à Damoiseau, à jaqueter ses peines d’âme. La Moribonde avait été plus aiguisée qu’une lame sur un champ de bataille, entaillant sans vergogne le chevalier enclin à la sensiblerie. Maintenant, elle se retrouvait face à un madrian qui non content de s’être en amouraché d’une  grotte conquise, s’était consolé avec une autre histoire d’Arcam le passionné. Foutre-Ciel mais qu’avait-il entre ses esgourdes ? Elle aurait voulu le corriger comme une marâtre mais à quoi cela aurait-il servit ? Il n’avait clairement pas l’esprit dans la tête et faute d’être conduit par son vît il l’était par son cœur. Elle qui n’avait aimé qu’une fois – qui aimait toujours ? – savait très bien à quel point cela rendait nigaud.
Elle se souvint d’Arichis. Il n’y avait qu’une personne qui connaissait la nature de sa relation avec le Patriarche Anoszia mais à cet instant elle aurait voulu lui dire. Elle souhaitait clamer : « Regarde-moi, Cousin, rongée par mes propres ignominies. L’amour n’est bon que pour la gueuserie, nous en avons été privé de naissance ». Et cela aurait été juste. Il n’avait guère le choix du mariage. Tandis que le père choisissait pour la donzelle, l’homme se devait d’apprécier la dot. Certes, elle connaissait assez la lance de Léjante pour savoir que ces choses-là, il n’y gouttait que peu. Il l’avait bien imaginé avec la Marguerite, se marier au milieu de l’écurie. Il l’aurait fait s’il n’avait pas eu seulement dix ans à cette époque. Et au fond, elle lui enviait cela. Elle le jalousait de sa liberté et de son effronterie invoulue, tout comme elle jalousait les chanceuses qui avait goutté à sa gentillesse et sa dévotion. Il ferait un époux formidable, pour sûr mais il ne semblait pas pressé d’épousailler la cocotte. Pourtant, elle y avait réfléchi. Certaines alliances lui seraient d’autant plus profitable à elle et lui que les donzelles en question, sans être des statues Langecines, n’étaient pas des laidrons. Mais comment pouvait-elle le contraindre à épouser quelqu’un qu’il n’avait pas choisi alors que c’était cela même qui l’avait toujours répugné ? Non pour sûr, elle n’était pas une marieuse. Elle ne lui prêterait main forte que s’il venait lui demander
« Les chevaux sont prêts votre Honneur ». Jean la fit sursauter. A déblatérer sur le sens la vie, elle en avait presque oublié les préparatifs de leur départ – et par la même la présence de son maitre d’armes. Elle tourna la caboche pour mieux le jauger. Il se tenait droit comme un I, à une distance respectable pour ne point paraître intrusif mais assez proche pour se permettre de prendre la conversation à la volée. Finalement, ses yeux cendrés retrouvèrent le visage non moins familier de Tancrède. «  Cher cousin, je n’ai pas encore eu le loisir de te présenter celui à qui je dois la réussite de mon périple. Messire Jean, chevalier nommé par le seigneur Nosthor Jersada de son temps ». Nosthor avait succombé à une toux alors qu’il avait déjà atteint un âge canonique. C’était un homme loyal et un très bon négociant de surcroît, qui avait fait beaucoup pour sa terre avant que le temps ne l’emporte au profit de son fils aîné.
« L’un des dernier », il se tourna vers l’intéressé. « J’ai pu vous voir jouter Messire. Un fort bon bras et un vaillant destrier que vous aviez ». Le regard surpris de la baronne allait de pair avec le compliment. Il était rare d’entendre quelques gentillesse de la bouche de cet homme de guerre et cela le rendait d’autant plus beau.
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeSam 6 Mai 2017 - 3:27





Quand bien même avait-elle pratiquement le même âge que lui, son lignage plus illustre et l’importance de son titre le fit se sentir bien inférieur. Le ton de voix de sa cousine germaine avait évolué, son air également, se montrant plus austère et moins prompte aux confidences. À force de se livrer à elle, chose qu’il ne faisait en temps normaux à quiconque, il en oublia sa propre fierté. Il quitta le temps d’un moment l’image du chevalier fort, droit et vertueux pour celle d’un menu bambin meurtri. Ainsi, son regard croisa celui de la Baronne … Sans être capable de le soutenir, car son jugement envers lui transpirait par-delà ses mires ténébreuses et bleutés. Il eut envie de quitter les lieux, tant la honte commençait à lui remonter dans la gorge, à l’instar d’une gorgée de vinasse en trop qu’on aurait ingéré. « C’est une histoire bien moins romancée que la première … Je vous épargnerai l’ennui de vous la narrer, si vous me le permettez. »  S’était-il prononcé, de sorte à s’esquiver d’une nouvelle situation où elle pourrait le juger derechef. Mathilde de Clairssac s'en était sauvée pour le moment, de même que Tancrède. Du moins, jusqu'à ce qu'elle sache lui tirer les vers du pif...

Et il arriva, cet homme qui semblait guetter les arrières d’Alanya comme une ombre, immuable, ce même lorsqu’elle n’avait de lumière pour la faire vivre. Sa posture irréprochable, de même que la rondeur de ses bras à peine léché par ses affublements laissa Tancrède dubitatif. À peine pouvait-il le juger d’un prime regard, qu’il se joignait à la masse en s’imaginant quelconques accointances entre les deux fortes têtes. Il fallait dire, tout de même, que les deux ne feraient pas beau couple ; Alanya avait de beauté assez pour faire rougir toutes les femmes du nord et lui, n’était pas des plus blèche. Et ce fût suffisant pour le haïr, juste parce qu’il y avait cette possibilité en flottaison dans l’air, qu’un simple bidasse ait partagé la noblesse de sa suzeraine.

Ainsi il se fit présenter et avant même qu’il n’ait le loisir de se présenter, l’homme en question surenchérissait la bienséance en lui lançant des fleurs, des compliments lancés sur le volet mais qui n’étaient pas pour le laisser indifférent, au contraire. Sa blessure, racontée à son amie d’enfance devenue Baronne, était encore fraîche et de voir que quelqu’un reconnaissait son adresse, apaisa la douleur qu’elle avait provoquée.
« Ainsi, c’est à vous qu’il me faut remercier, pour avoir veillé adéquatement sur la Baronne … »  Tancrède le mesura, toujours le séant posé sur son assise près d’Alanya, puis il se leva, en bon camarade, pour venir étreindre de sa grande patte l’avant-bras de son interlocuteur, en bonne poignée de main chevaleresque. « Il me plairait de voir si le vôtre l’est autant, de bras. » Se permit-il d’ajouter, en demi-vérité, alors qu’il placarda un sourire mutin sur sa bouille chevelue. « Mais je crois que nous aurons tous le loisir de faire connaissance, le temps de nous rendre à destination. D’ailleurs, où vous dirigez-vous, votre Honneur? »  Questionna Tancrède vers sa cousine, sans jamais faire abstraction du protocole, ce quand bien même partageaient-ils une partie de leur sang.

Debout, on en venait à oublier les péripéties passées de son cœur, de même que les actuelles et celles à venir. Debout, on retrouvait le chevalier de Léjante, vigoureux et fin prêt au labeur ; rien ne l’effrayait plus, désormais. Ses démons étaient derrières lui et de s’être confié, avait fait leur passer le boulet à la cheville. Plus jamais ils ne le tourmenteraient.

Pour le moment.




Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeMar 16 Mai 2017 - 16:34


Le cheval renâclait de la brume dans le bruissement duveteux de ses pas dans la fine couche enneigée. La baronne, quoique bien emmaillotée n’osait trop bouger ses doigts gelés sur les rênes de cuir de peur qu’ils ne se cassent. Pour autant le temps capricieux de ce début d’hiver ne la rebutait pas. C’était en fait bien le contraire : elle n’avait que trop subit la chaleur des contrées lointaines pour ne point apprécier la froidure du Nord. Elle s’y épanouissait bien mieux que par devant les rivages caniculaires, et pour cause, n’était pas du Nord l’homme qui ne supportait ce mauvais temps. Il forgeait le caractère et les cœurs purs, joyaux brutes dont l’éclat ne prenait sa mesure que lorsqu’aucune autre âme ne pourrait affronter pareilles intempéries.
Le chemin qu’ils empruntaient était assez large bien qu’irrégulier. Il leur faudrait certainement une journée de plus pour atteindre Serramire et une de plus encore pour en atteindre le palais du Marquis. Le paysage se ressemblait où que se posaient ses yeux. Les champs se trouvaient blanchit par la neige. La route, si elle avait été pratiquée par quelques paysans locaux, formait une bouillasse collante. Parfois, au rythme cadencé de leurs montures, ils pouvaient apercevoir un petit bosquet ou quelques chaumes. La vie prenait une autre allure à la morne saison. Une allure à la fois paisible et inquiétante. Ils discutaient âprement de quelques banalités depuis leur départ de l’auberge, et si la conversation était chaleureuse ses joues lui piquaient un peu sous la gelée. Elle avait hâte d’arriver, surtout que le soleil déclinait doucement laissant la petite bise faire son œuvre à travers les vêtements et les fourrures.
« D’ailleurs, cher cousin, n’espérez point échapper à la questure ! Vous n’avez point fini de me raconter vos péripéties sentimentales et j’entends bien un jour vous trouver épouse ». Elle eut un petit sourire en menant son cheval à sa hauteur. « Mais comment le pourrais-je si vous me cachez jusqu’à l’identité de votre prétendante ! »
Jean était sur leurs talons et si elle ne parvenait pas à le voir, elle imaginait sans effort sa mine sérieuse et ses sourcils froncés. Il était homme d’arme et le voilà contraint d’ouïr quelques histoires enfantines d’amour et de peine. Il ne comprenait que peu le bien que cela faisait à sa suzeraine. C’était un remède comme un autre pour ne point penser à de fâcheuses choses et éloigner un temps son esprit de la politique et des efforts qu’elle devrait employer pour tenir les choses en place. D’une main elle fermerait le poing sur la corde de sa terre et de l’autre elle tentera de sauver le fragile équilibre de paix. Une tâche bien plus ardue dans ce pays belliqueux et opportuniste.
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeMar 16 Mai 2017 - 23:00





Tandis que refroidissait sa peau la brise hivernal, s’entretenir avec sa cousine lui réchauffait le cœur, car de fil en aiguille, il se souvint de comme ils furent près, de leur jeunesse. Point inséparables, mais bien confidents, eux d’eux avaient aisance à se côtoyer, comme un frère vis-à-vis une sœur, excepté qu’elle était sa cousine germaine et que son sang valait plus que le sien. Ça, c’était ce que lui rappelait cruellement son aîné, lorsqu’il tenta de la retenir chez lui, alors qu’elle devait quitter pour l’Alonna. Désormais, ils n’étaient plus les bambins insouciants qu’ils furent jadis, mais à les entendre discuter, on comprenait que leur complicité n’avait été en fait, qu’enterrée par le temps et qu’elle ne demandait qu’à être redécouverte.

Entre deux frissons indésirables, quelques ricanements secoua son poitrail d’amusement, alors qu’ils se narraient encore et encore des souvenirs de leurs jeunesse. Il eut le fou rire particulièrement lorsqu’il fit mention d’un certain souvenir, où sa cousine s’était embourbée jusqu’au cou dans l’embarras. Imaginez un peu cette scène digne des meilleures anecdotes! Il faisait chaud, à en suer à grosse goutte même lorsqu’on restait immobile ; une journée presque surnaturelle, dans ce nord reconnu pour sa fraîcheur annuelle … À la recherche d’un endroit où fuir le climat presque désertique, eux deux, à peine âgé d’une dizaine d’années, déambulaient vers les quais, là où fourmillaient les multiples marins et autres charpentiers, à faire la maintenance des divers navires. Après s’être promenés de longues minutes sur ces ponts houleux faits de pruche, à se menacer mutuellement de se pousser à l’eau, bambins qu’ils étaient, Alanya décida de prendre pause. Là, c’était l’endroit idéal, une vue presque utopique sur ces terres qu’elle chérissait plus que tout, même à cet âge précoce. « Ne sommes-nous pas chanceux, de vivre ici, cousin ? » Avait-elle dit, d’un regard fiévreux et limite amoureux, embrassant le paysage de ses mires scintillantes. Chose à laquelle Tancrède n’avait dit mot, lui aussi n’y échappant pas : la vue était à couper le souffle. Et ses yeux se dérivèrent point du large, du moins, jusqu’à ce qu’ils se retournent en panique vers sa cousine qui hurla en tombant en bas des quais, en même temps qu’un autre immense bonhomme, marteau à la main, lui aussi criant d’ores et déjà la souffrance que lui procurerait une chute si monumentale! La pauvresse s’était accoudée contre une échelle posée sur la coque d’un navire en réparation, en maintenance par le balourd qui l’accompagna dans sa chute!

Tancrède en avait presque eut les larmes aux yeux, tant le souvenir lui avait secoué la rate. Enfin, elle se vengea, d’une manière bien cruelle, lorsqu’en rapace elle tenta d’obtenir plus de lui, plus que ce qu’il lui avait préalablement confié en taverne. Le nom de celle qui avait fait les premiers soins à son cœur meurtri, celle qui avait avec patience, ramassé morceaux par morceaux, les restants de ce dernier et l’avait embrassé de sorte à ce qu’il garde d’elle, l’image de celle qui pourrait un jour être à sa dextre jusqu’au trépas.
« Hmphf … Vous êtes tenace, cousine … »  S’était-il permit, non sans son œil toujours un brin mutin, comme s’il se plaisait de la voir aussi vorace de détails. « Si vous désirez me trouver femme à épousailler, alors n’oubliez jamais ce nom, car il n’est nulle autre qu’icelle avec qui aimerais-je passer mes jours. Elle se nomme Mathilde de Clairssac. La Dame d’Hiviène. »


Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeLun 22 Mai 2017 - 17:09

Son petit cœur eut un raté. Etait-ce l’ironie du sort ou un sort ironique que lui jouait le Destin ? Pour autant, les yeux de son ami ne trahissait aucune autre émotion que celle de l’entichement qu’il portait – sûrement bien malgré lui – à la Dame d’Hiviène. Pour sûr, il aurait été un temps où elle aurait pris un fou rire sans mesure, laissant le chevalier se déconfire sur sa monture. Elle avait changé sur bien des points. La fougue et l’animosité s’étaient envolées laissant place à plus de réflexion et l’amertume. Aux joutes verbales elle préférait désormais la patience – car c’était là une règle qu’elle avait appris durement. Aussi, l’envie fugace de fustiger son parent s’échappa sur les rênes de la bride qu’elle serra un peu plus. Il n’y était guère pour quelque chose : on choisissait rarement l’élue de son cœur et Mathilde était la sienne, nul doute qu’il n’en démordrait pas. On ne faisait pas passer l’amour comme un mauvais rhume, il n’y avait pas de potions contre cela. Alors, plutôt heureuse de ne point avoir cédé à la pulsion, elle accorda un regard ni doux ni dur à Tancrède. En vérité, elle réfléchissait. C’était un homme d’honneur et si elle ne connaissait pas la Mathilde, elle n’en restait pas moins la sœur cadette de la Licorne avec lequel elle avait eu quelques différents. Enfin, cela était un euphémisme. Elle ne doutait pas qu’aujourd’hui encore il lui en tenait rancœur. Jérôme était un homme brave pour qui la politique était une chose difficile. Il n’avait ni l’art ni la manière – et de cela la Baronne en avait largement profité, laissant son voisin sur le banc de touche tandis qu’elle s’éloignait de son emprise. Mais, pour autant, il n’avait jamais rien intenté de plus. Il se contentait d’un désamour partagé, préférant l’ignorance à quelques pourparlers, et elle lui concédait allègrement : le dialogue s’était ni empiré ni amélioré depuis les champs de guerre et Duncan, et Alanya préférait de loin ce silence que l’étalage nobiliaire. Cela aurait certainement fait bien mauvaise presse, à Alonna comme dans tout le Nord. Et puis n’avait-elle pas déjà été fiancée à son frère un an plus tôt ?
Elle s’écarta un instant de la Licorne pour diriger son esprit sur un problème autrement plus important. Son cousin était certes un homme loyal et bon, mais il n’en restait pas moins émotif. Qu’il courtise en si peu de temps deux Dames l’inquiétait autrement plus que sa petite querelle avec Jérôme. Certes, dans la fleur de l’âge il n’avait jamais vraiment succombé à une damoiselle mais voilà qu’aujourd’hui il semblait prêt à rattraper le temps perdu. Aussi, venait une question autrement plus importante : aimait-il réellement l’Ethernane ou n’était-ce pas aimer l’idée de l’amour ? Après tout, il se retrouvait propulsé depuis son départ de Léjante dans un univers bien différent de celui qu’il avait connu dans le cocon familial. Oh certes ! Il n’avait pas été en mal de femmes mais, elle le voyait, cela n’était plus pareil. Quelque chose avait changé sans qu’elle ne sût dire quoi.
« Mon doux cousin, n’est-il point un peu tôt pour vous emmouracher ? Non pas que je doute de la bonté de la Dame ! A vrai dire, je ne la connais point. Mais voyez : je vous quitte hier et aujourd’hui votre esprit a déjà vogué entre deux femmes, si belles soient-elles ». Elle approcha son destrier du sien, juste assez près pour lui poser une main sur l’épaule. « J’ai connu deux mariages, Tancrède. Il m’est encore difficile d’en parler –même à vous. C’est une chose de convoiter une biche, s’en est une autre de partager sa vie jusqu’à la mort ». Sa voix s’étriqua, un nœud se formant dans sa gorge. Elle n’avait pas pour habitude de parler de ces choses-là, pas même à sa famille la plus proche.
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeSam 27 Mai 2017 - 21:07





Quelle agréable chevauchée s’eut été, si sa somptueuse cousine ne s’était pas mêlée de cette affaire si compliquée! Plus que son âge, son titre peut-être, lui intimait de le materner et autant cela pouvait l’amuser, autant commençait-il à croire qu’elle était large la curiosité d’Alanya à propos de ses histoires personnelles ! N’avait-il point droit à son petit jardin secret, lui aussi ? Ah non, que nenni ! Les hommes se devaient d’être féroces, impétueux et dominant, nulle place aux émotions et encore moins aux déceptions ! Néanmoins … Dans le ton de voix de sa cousine, flottait une once d’empathie et même de sagesse, car icelle avait vu plus que sa part du pays en ce qui attrayait le mariage. Plus encore que les affaires politiques, ces choses du cœur n’avaient pour elle presque plus de secret. Ainsi, elle avait belle position, que dis-je, belle posture pour insuffler au hardi chevalier quelques paroles tempérées. « Tôt ? Pas même le plus bourrin des baroudeurs ne saurait faire entendre raison à son cœur, s’il devait battre la chamade pour une jouvencelle! Il me plairait de pouvoir trousser la première venue, croyez-moi ma douce cousine, pourtant, force est d’admettre que mes nuits sont hantées par le sourire d’une autre. J’en viens même à m’imaginer sa présence, ce que serait ma vie de chevalier Alonnien, si elle était à mes côtés pour me recevoir, les vêprées venues. Hahhhh … Ce serait trop aisé, de refouler ces sentiments. Sincèrement, je le voudrais, mais voilà où j’en suis ; réduit à me satisfaire que d’images du passé. » Et il ravala sèchement sa langue, lorsqu’il entendit livrer un peu de son jardin secret a elle, la belle d’Alonna. Pauvre d’elle, son amour n’aura été qu’éphémère à chaque fois. Il n’était alors guère ardu de comprendre que la pauvresse avait désormais un tout autre avis sur le pouvoir du cœur.

« Je suis désolé pour vos deux mariage, ma tendre cousine. Vraiment. » Les mots qu’elle avait employé étaient forts et portants, car non seulement sifgnifiaient-ils qu’il devait au-delà du mariage, espérer avoir de l’amour en suffisance pour la même donzelle jusqu’à leur trépas, mais aussi que la mort seule pouvait rompre ce lien d’amour. Et qu’elle arrivait parfois de manière inopinée, qu’elle surprenait mais surtout, qu’elle blessait à outrance celle qui en subissait les dommages collatéraux –c’est-à-dire la personne vivante-. « J’entends bien vos mots, mon amie et … Vous avez peut-être raison. J’essaierai de me tempérer … Peut-être n’était-ce qu’un coup de foudre, comme en vivent les jeunesses … »


Revenir en haut Aller en bas
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Ancien
Alanya de Saint-Aimé


Nombre de messages : 1016
Âge : 224
Date d'inscription : 08/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  32 ans à la fin de l'Ellipse
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeLun 29 Mai 2017 - 17:34

[/color]» Allons cousin… ». Elle sentait dans sa voix la fâcheuse posture dans laquelle elle venait de mettre son parent. Pour sûr, il était facile à elle de juger alors que son cœur ne battait pas à tout rompre pour un Amour qu’elle n’aurait probablement jamais. La réalité était bien douloureuse par maints égards. La pauvre Mathilde dépendait de ses frères et elle doutait qu’ils acceptent un mariage d’amour avec un noble chevalier sans terres. La Baronne soupira avant de tourner sa tête un peu raidie par le froid et la fatigue de la monte.
« Tancrède, je ne suis pas seulement ta suzeraine. Je veux que tu entendes qu’avant tout cela, je suis et resterai ta cousine et ton amie ». Elle eut un petit rire espiègle qui s’évanouit doucement dans l’air frais de la fin d’après-midi. « Et je compte bien te marier ! Aussi écoute moi noble chevalier ! ». Elle bomba le torse théâtralement, prenant une voix forte afin de souligner le comique de la scène. « Si d’aventure la donzelle venait à s’enquérir de toi, invite là à souper. J’irai la questionner quelques heures et si je l’en trouve digne – et cela sera ardu – je te donnerai des terres afin que tu puisses l’épousailler et qu’elle me ponde quelques filleuls ».
Si elle avait poussé à la marrade, la proposition était néanmoins vraie. Elle tenait assez à son cousin pour qu’elle veille à son bonheur, aussi fugace fut-il. Ils avaient passés bien trop de temps loin de l’autre et aujourd’hui elle se sentait l’obligation de combler ce vide autant qu’elle le pouvait. Et si un jour il advenait qu’il ne l’aimât plus eh bien soit ! Un mariage ce n’était guère difficile à faire annuler pour un homme – d’autant plus si la baronne en venait à appuyer sa demande au clergé. Tancrède était un homme d’honneur qu’elle voulait gratifier pour tout ce qu’il était et tout ce qu’il lui apportait – même durant ses absences. A défaut d’avoir sa sœur ou même son frère laissé en Serramire, il était le phare au milieu de l’abysse qu’était sa vie.
Revenir en haut Aller en bas
Tancrède de Léjante
Humain
Tancrède de Léjante


Nombre de messages : 107
Âge : 35
Date d'inscription : 20/04/2016

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  25 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitimeMar 30 Mai 2017 - 0:12




Foutrediable, allait-elle être la première à lui faire gagner le cramoisi au joues ?! Les lèvres pincées, il s’en était tenu au secret en gardant sa langue bien au chaud dans la prison de ses dents. Car oui elle l’avait un rien choqué, à se mêlé de son ressenti pour la dame d’Hiviène, mais ce ne fût qu’éphémère, car sa rage fut tempérée par le regret. Il avait oublié au milieu de ses obligations qu’il ne servait pas simplement que la Baronne, mais aussi sa cousine et, une amie chère de surcroît. Puis, elle ajouta aux confidences sa touche humoristique, une pincée goûteuse auxquels peu avaient auparavant eut chance d’apprécier. Son sourire renaquit de plus belle lorsqu’elle bouffonna un moindre chevalier, le torse bombé et le dos arc-bouté de sorte à donner plus d’amplitude à sa comédie. À un poil de la rigolade, à un cheveu du ricanement, il retomba sèchement les pieds sur terre. Elle, la marier ? Ils n’en étaient pas là, fichtre pas! « Mollo mollo, ma belle amie! Je ne suis pas certain hors de tous doutes qu’elle sache ce que j’éprouve pour elle ; le temps nous a manqué et c’était un rien précipité pour la chose. Si elle me contact, certes je la ferai venir mais n’allez pas l’effrayer! Elle pourrait bien s’en retourner d’où elle vient au triple galop, si d'inadvertance elle venait à être mal informée. »  Il savait sa cousine directe et concise, jamais on ne lui avait présent son côté subtile et pour cela, Tancrède craignait le pire, si elle devait passer en entrevue sa belle.

Des terres ? Vraiment ? À cette promesse de présent, le hardi resta un moment réservé. C’est que la chose méritait qu’on s’y penche ; il aurait un endroit où faire vivre sa femme, où il pourrait la faire pondre sans qu’elle ne manque de rien, les gens s’adresseraient à elle avec diligence : elle aurait le même traitement qu’à Hiviène, en somme. Quant à lui, il se devrait d’asseoir son séant sur un fauteuil, à se claquer les doléances de tous et chacun et pardessus tout, se devrait de ménager ses consommations d’alcool … Ne valait-elle pas mieux sa vie de simple obligé ? Une question qui ne manquait pas de pours et de contres, qui se devait d’être sagement pesée et mesurée. Pour l’instant, il la remercia dûment en hochant profondément de la tête et en ajoutant :
« Vous m’honorez, vraiment, cousine. J’ai la mémoire longue, je saurai m’en souvenir en temps voulus. »

La compagnie Alonnaise approchait de leur destination finale et, tandis que certains commençaient à envisager de monter le bivouac, d’autres plus téméraires et intrépides suggéraient de finir la chevauchée, comme quoi avant que les lunes ne soient au plus haut, les protections de Serramire auraient tôt fait de les couver. Chose certaine, ils arrivaient et enfin, ils pourraient passer à un autre sujet.

Pour une fois, les lupanars ne verraient ni la tronche du Léjantais, ni l’ombre de ses piécettes dorées.



Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] Empty
MessageSujet: Re: N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]   N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ] I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
N'est point vassal sans suzeraine à servir [ Alanya ]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» N'est point plus belle récompense que l'estime de sa Suzeraine [ Alanya ]
» Dormir point trop n'en faut [ Alanya ]
» N'y est point vu, n'y est point pris | Glenn Hereon
» L'encombrant vassal
» Un vassal, un allié, un ami ? ( PV Enrico. )

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: PÉNINSULE :: Duché de Serramire :: Baronnie d'Alonna-
Sauter vers: