C'est l'intention qui compte! [pv le premier qui va répondre]

La délégation quitta Soltariel dès que l’ordre fut donné. Il n’y avait pas de temps à perdre, quitte à épuiser les chevaux, ces hommes devaient rejoindre le nord en toute hâte. Ils étaient une vingtaine d’hommes de rouges et d’or vêtus à l’exception de dix d’entre eux, sobres et discrets, qui suivaient à la traine en échangeant à voix basse. Ce n’était ni des nobles ni des guerriers. Tibéria parlait d’eux comme des casseurs. S’il y avait un mur à franchir, une porte à ouvrir, un pont à détruire ou une tête à couper, ces hommes feraient le boulot avant même que la cible n’ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Leur ordre était simple : appuyer l’effort du nord d’une façon ou d’une autre si le besoin se faisait sentir. Ils arriveraient peut-être trop tard, mais ils étaient là quand même. À la tête du groupe, Marcus Bonasoli ouvrait le chemin. Il devait remettre une lettre aux autorités nordiennes en main propre. Il avait eu à peine le temps de rentrer de Diantra qu’il devait repartir. Le plan de départ était d’attendre à la capitale, mais la duchesse avait une fois de plus changé d’idée. Le cafouillage en Ydril en plus de sa grossesse l’obligeait à rester à Soltariel, car sinon elle aurait fait la route. Marcus avait encore cette image irréelle en tête de ce petit brin de femme au ventre arrondi, vêtu d’une tenue de cavalière et prête à prendre la route face au chef de la garde qui faisait de gros efforts pour ne pas perdre patience. Finalement, elle capitula lorsque même ses conseillers s’en mêlèrent. Elle cherchait à redorer la réputation de Soltariel, mais il faudra plus que sa présence pour que cela arrive.

Aux côtés de Marcus chevauchait Christian Giovanelli dont l’humeur s’assombrissait à mesure qu’ils s’éloignaient de Soltariel. « Mais c’est tellement une mauvaise idée. Vous savez qu’ils font griller les mages au nord? » Marcus le regarda du coin de l’œil, las de l’entendre gémir depuis leur départ. « Alors, pourquoi avoir accepté de venir? »

« Parce que la duchesse me l’a demandé! » S’exclama-t-il d’une voix si forte que son cheval, une bête nerveuse au caractère aussi irritable que son cavalier, fit une embardée, manquant précipiter Christian au sol. Après s’être repris, le mage enchaîna sur un ton tout aussi dramatique. « Elle m’a regardé avec ses yeux… Vous savez qu’elle les plisse légèrement lorsqu’elle est mécontente. Avec ses longs cils, on a l’impression que l’iris est soudainement noir comme le plus sombre cachot de Soltariel. Elle a dit que je pourrais être utile pour faire une distraction, et comme je m’étais mi au service de la cour, il était temps de faire mes preuves. Elle a ponctué le tout de son ravissant sourire et moi, comme un idiot j’ai accepté. Première chose que j’ai réalisée, c’est que j’étais sur un cheval en direction de l’endroit exact où je ne devrais pas aller. » Marcus leva les yeux au ciel. « Vous allez là en tant qu’émissaire pour Soltariel. On ne vous attaquera pas. » Lui assura le capitaine pour la dixième fois au moins. « Une flèche est si vite arrivée… »

Christian n’était pas le seul mage du voyage, mais à force d’entendre leur compère gémir sur une éventuelle fin tragique de leur existence, ils commençaient à être nerveux aussi. Marcus n’était pas inquiet. Il allait transmettre la lettre comme on le lui avait demandé et avisera ensuite. À savoir, on allait leur demander de rester en dehors du chemin, ce qui ne manquerait pas d’agacer le Soltarii qui aimerait bien faire des preuves. Il commençait enfin à avoir un peu plus de reconnaissance. D’abord Diantra, maintenant cette mission. Les choses auguraient bien pour lui. Ce qu’il ne savait pas, c’est que Tibéria l’avait envoyé, car il était celui qui connaissait le mieux la situation actuelle de Diantra et qu’il serait en mesure de répondre aux questions qu’on lui poserait. Sinon, elle aurait choisi quelqu’un d’autre. C’est le genre de détails qui ne font pas mal quand on ne les connaît pas.

Éventuellement, le groupe atteignit le camp nordien et leur arrivée ne passa pas inaperçue. Sur leur passage, les regards se tournaient. « Bien droit sur vos selles messieurs, on nous regarde. » Souffla Marcus à l’intention de ses compatriotes vêtus de rouge. « C’est vrai, tant qu’à mourir, autant le faire avec panache. » Ajouta Christian sur un ton clairement sarcastique. « On nous dévisage comme si nous étions couverts de pustules, quel charmant accueil. » Marcus claqua la langue en signe d’agacement. « Parce que, jusqu’à présent, le sud c’est fait plutôt discret sur l’effort de guerre… D’ailleurs, ça fait partie des points à aborder… Et puis, il n'y a qu'à vous entendre vous plaindre depuis notre départ pour comprendre le genre de réputation qu'on peu avoir... » Il s’arrêta, un homme venait à leur rencontre. « Qui va là? » Aboya-t-il dans son plus parfait accent du nord. « Marcus Bonasoli de Soltariel. Je viens en tant que représentant du duché. J’apporte une lettre à remettre en main propre à un responsable et j’ai également des nouvelles du sud. » À côté de lui, Christian parvenait non sans difficulté à conserver son sang-froid et à afficher cet air suffisant qu’on les nobles Soltarii à défaut de pouvoir prendre ses jambes à son cou comme son instinct lui disait de faire.

HRP:

« M'est d'avis que par tans, ça va crachiner! »
« Qu'est-ce que t'en sait? T'as d'soudains talents de clairvoyance, ou je sais pas trop ? »
« Tu sens pas, là, comme sur la langue? C'est l'humidité, on vient que ... Heuh ... Bah qu'on la goûte. »
« Tu me diras comment tu as fait, après. »
« Quoi, pour goûter ? »
« Non, pour te beurrer la gueule comme ça sans qu’on ait sous la main une gouttelette d’alcool. » Termina le bon gaulthier en se raillant sans ménagement de son compaing, qu’il rudoya d’une claque amicale à l’épaule. Ces deux bonhommes, en dehors de leur badinage de bonne femme, s’occupaient entre autre, au rabotage des fûts à flèches. Et pendant qu’ils s’adonnaient corps et âme à leur tâche cruciale, un étrange personnage bêchant la terre de son pas célère, les apostropha en leur témoignant à peu près ce patois :

« Le … Le sud! S… Ils sont là! »
« Quoi?! L’armée du sud se joint à nous ?! » S’étonna le jouvenceau, tout en encochant de son rabot l’une de ses pousses de flèches, complètement ébaubi par la nouvelle.
« Pfft…Hmpf! » Reprit-il, le souffle si bref qu’il en avait misère à balbutier ces mots simplets. « Non, d… Deux ..Hmpf... »
« Deux milles piques?! Deux cents?! »
« Deux dizaine, pour l’amour de la Damedieu! » Et tandis que le bougre veillait à reprendre une cadence respiratoire plus prompte, un silence des plus absolu s’installa.

Silence. Regard dubitatif. Puis, la plus hilarante des marrades jamais vécue depuis le début de ce long périple! Pour sûr, jamais ces deux pignoufs ne s’étaient jamais autant poiler, à en voir leurs yeux bouffis de larmes amusées et leur mâchoire presque décrochée! Une patte aux abdominaux –souffrants et endoloris, tant la farce les avaient éprouvés-, les deux malheureux retournèrent au marathonien, comme pour l’inciter à poursuivre.

« Ils veulent un responsable. »
« Son Excellence Louis, lève le ton avec son Connétable, il me semble, pas très loin. » Ainsi dut-il réitérer sa course jusqu’au jeune cerf, qui comme il s’en attendit, tomba comme un cheveux sur la soupe, alors que s’entâmait des pourparlers entre les deux personnalités notoires.

« Comment faut-il que je vous le dise, Louis ?! Je vous le jure sur les cendres de mon crétin de fils : jamais je ne bois de flotte! » S’en alla hurler Thibaud, comme s’il dut débattre de ce fait anodin avec pleine vigueur, pendant des heures.
« Non, non, non! Je ne peux me résoudre à croire de telles sornettes! Je n’en crois pas un traître mot, fichtre! Nous sommes ainsi fait, Thibaud! Sans eau, point de vie! Vous avez bien dû vous dessécher le gosier quelques fois d’un peu de flotte! » Et pendant que s’énervait le faon, son connétable s’en amusa de plus belle. S’ils n’étaient point copains, au moins se permettaient-ils quelques écarts de sérieux en temps morts.
« Excusez-moi, mes Seigneurs, mais un contingent du Sud vient de poser pied sur le flanc sud de notre campement. Ils demandent d’ailleurs, à engager la discussion avec un dirigeant de notre campement. Ils ont des choses à nous dire, soutiennent-ils. »
« Moi aussi! J’ai certaines choses à leur faire entendre. » Répliqua un Thibaud bien remonté, tirant à demi sa lame de son fourreau avant de s’en faire couper l’herbe sous le pied par son suzerain.
« Retenez-vous de la sortir, mon ami! Patience est mère de sûreté, dit-on. Déjà, allons voir ce qu’ils ont à nous dire avant de direr quelconque conclusions. » Et c’est ce qu’ils firent séance tenante, enfourchant leur palefroi de concert, pour les mener jusqu’à leurs invités.

Ainsi se présentèrent aux Suderons les deux commandants notoires de cet ost Berthildois ; les cheveux plus gras encore que de la cochonaille, fagotés de vêtements usés et en certains endroits boueux et pardessus tout, la mine gravement accablée par l’insomnie. Voilà le déguisement d’hommes lige envers leur cause. Quand bien même que leurs guénilles trompaient l’œil, il n’en restait pas moins indiscutable qu’ils étaient les hommes de la situation. Leur amble ne trompait guère, qui qu’ils soient, ils avaient en main les rênes de ce campement.

« Qui que vous soyez, déclinez votre identité. Louis de Saint-Aimé, le Régent du Marquisat de Sainte-Berthilde vous le demande céans! »

Marcus avait vu des accueils plus chaleureux dans sa vie, mais vu l’endroit où ils se trouvaient, fallait pas s’en étonner outre mesure. Un jeune homme se présenta devant lui. Non, les apparences étaient trompeuses. Il semblait jeune, mais quelque chose dans son regard le vieillissait. Marcus reconnaissait ce regard. Ce jeune loup avait vu beaucoup de guerres dans sa vie et il n’était visiblement pas impressionné par l’apparition soudaine des Soltarii, surtout en si petit nombre. Le capitaine se redressa sur toute sa hauteur. « Je suis le capitaine Marcus Bonasoli de Soltariel et je vous amène des nouvelles du sud. Est-ce que le Sénéchal Aymeric de Brochant est ici ? J’ai une missive qui lui est spécifiquement adressée. » Il espérait vraiment que le sénéchal soit présent, car dans le cas contraire, il avait ordre de reprendre la route. Il ne voulait pas perdre de temps précieux, surtout que la situation au sud pouvait changer dramatiquement d’heure en heure. « Sinon, voici pour vous. » Tibéria avait fait une version plus courte d’une même lettre avec uniquement l’information qu’ils avaient besoin de savoir.

4ème jour de la troisième ennéade
Barkios
Soltariel

À qui de droit,

Je suis parfaitement consciente de l’absence très remarquée de Soltariel dans la guerre du Médian, mais elle s’explique aisément. En Favrius, Altiom d’Ydril a décidé de revenir réclamer son titre en Ydril. Dans sa démarche, il a reçu l’appui de Glenn Hereon, roi de Naélis. Ils ont débarqué en pleine nuit et tué bon nombre de partisans à la couronne afin d’asseoir son éventuelle prise de pouvoir. Lorsque nous avons réalisé ce qui se passait, le mal était déjà fait. Il semble n’avoir rien laissé au hasard et, autant que je sache, il est appuyé par Aléandra di Systolie, la comtesse en place.

Au début du printemps et avant l’attaque, nous avions décidé de déployer des hommes à Diantra ainsi qu’à Vaillancourt avec l’intention de pacifier les lieux et sécuriser les points de passage. Des vivres et de la main-d’œuvre furent également envoyés afin de soutenir la population locale qui a grandement souffert de l’hiver. L’homme qui vous a remis cette lettre pourra vous parler plus en détail de ce qui a été fait dans la capitale. En réponse à l’attaque, j’ai naturellement fait rappeler mes troupes à Soltariel. Même si les combats n’ont pas dépassé la frontière Ydrilotte, la présence d’Altiom constitue un problème. J’ai clairement fait savoir mon intention de le faire arrêter, mais si au moment d’écrire cette lettre, la situation n’a pas évolué, elle pourrait s’être dégradée depuis. Naélis c’est retiré, mais je garde en tête qu’il pourrait revenir. Dans un pareil cas, il me faudra toutes mes troupes pour le contenir. Malgré tout, je vous laisse à disposition quelques hommes. Si vous voulez entrer quelque part, faire tomber un mur ou même cibler une personne en particulier, ce sont les meilleurs. Ils obéiront à vos ordres aussi longtemps que nécessaire.

Ne doutez point de mon désir de vous soutenir. J’aurais grandement aimé faire le voyage à la tête de mon armée et me joindre à vous, mais Altiom d’Ydril a vraiment choisi son moment pour vouloir retourner chez lui.

Que les cinq vous gardent

Tibéria de Soltatiel
Duchesse de Soltariel

Il n'y avait qu'à voir la trogne de ce capitaine et sentir son odeur pour savoir de quel coin du royaume il venait. L'écouter renforça d'autant plus l'impression d'exotisme. Guère habitué à voir pareils convives, il fallait avouer que cette présence surprise avait réussi à les sortir de leur quotidien. Adonc le soltaar se manifestait enfin, une fois le plus gros accompli. Mieux valait tard que jamais, quand bien même il eut été préférable de les voir arriver plus tôt pour servir de viande fraîche. A cela s'ajouta dès lors une belle missive saupoudrée de l'héraldique de son émissaire. Pour le coup, ça pétait de classe et d’esthétisme, il y avait pas à chier !

Aux côtés de Louis durant la lecture de la lettre, il se surprit à exprimer quelques rictus grossiers tandis que son suzerain affichait une étonnante impassibilité. Pris d'un petit rire nerveux, totalement incontrôlable, il regarda le capistan soltaar droit dans les yeux pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas là d'une monumentale farce. A l'air grave et triste du messager, il en conclut que non. Fichtre, le bougre ne se payait pas leur face !

– Est-il possible que votre duchesse ait perdue sa fierté en même temps que son comté pour venir ainsi se lamenter sur son sort ? Ou bien, vient-elle faire part de son incapacité à diriger ses propres terres pendant que nous nous évertuons à remettre des terres parjures dans le giron royal ? Car s'il y a des deux, il faut avouer qu'il y a de quoi se gausser.

Thibaud échangea un regard avec Louis, lui faisant comprendre qu'il n'en avait pas terminé.

–  Une vingtaine d'hommes pour nous aider à gagner la guerre, Louis ! Et ce, pour entrer quelque part où même franchir un mur.

Il cracha un mollard non loin des soltaris.

–  J'ignore encore comment nous pourrons les remercier !

À parcourir les lignes de ce vélin ampoulé d’excuses à l’absentéisme cuisant du Soltar, Louis apporta pouce et index à ses tempes, question d’en faire le massage. Sur le coup, il s’imaginât son connétable prompt à une explosion de railleries incontrôlables. Eût-il désiré le bâillonner, lui couper la langue, qu’il aurait tout de même trouvé moyen de parvenir à ses fins. Un soupire allongé, las à outrance s’échappa d’entre les lèvres du Régent, intimant ensuite le silence à son voisin moqueur d’une patte à son épaule. En quelque part, ces boutades dédaigneuses n’étaient certes point appropriées … Mais elles plaisaient au régent, qui ne manquait pas de partager l’avis de son connétable. Bien que le transport ne fût le bon, le fond lui, l’était tout à fait.

« Est-ce là toute la considération que possède Madame la Duchesse envers le Nord, messieurs? Nous ne sommes point endimanché de la sorte pour le plaisir ; nous arpentons les terres du Médian depuis pratiquement deux mois. Ces félons qui sapent la paix de vos terres se font-ils bouter depuis aussi longtemps? Cette missive dont vous êtes le porteur, nous l’attendions alors que nous abordions les contrées de Beltrod, il y a de cela plus d’un mois, monsieur. Tibéria m’a une fois témoigné qu’elle était favorable à une telle entreprise au nom du Roy, pourtant elle est restée tapie chez elle, à festoyer l’arrivée printanière comme si elle avait vécu un hiver difficile … » Pour le coup, alors qu’il eut envie de sourire aux propos de son voisin, l’amertume d’un souvenir pas si lointain lui laissait en bouche un âpre goût. Louis marqua une pause, tout en inspirant profondément pour retrouver un timbre de voix plus naturel, avenant comme il avait habitude de prendre.

« Enfin! Votre Suzeraine vit des moments difficiles et acceptons avec joie son aide. Toute aide est ici symbole de fidélité envers cette juste cause! » Louis retrouva son sourire naturel, roulant des épaules comme pour chasser ce début d’entrevue gauchement mené.

« Mais là! Vous vous êtes montré bien preste, messieurs. Nous vous trouverons un petit endroit où vous pourrez vous repaître et essuyer votre soif, avant que le restant des hommes de madame la Duchesse n’arrivent. À ce propos, à quand leur arrivée? » Louis sonda les vingt hommes d’un coup d’œil, s’imaginant mal que la toute puissante Tibéria n'ait envoyé pour le coup que ces quelques baragouineurs de sortillèges ...

Marcus Bonasoli, capitaine dans l’armée de Diantra, n’était pas là pour défendre l’honneur de Soltariel, mais pour délivrer des lettres. Pourtant, il sentit la pointe directement en pleine poitrine. Il savait que ces hommes étaient fatigués. Après deux mois de guerre, le moral diminue malgré les victoires. La fatigue et le désir de rentrer chez soi pour simplement dormir dans son lit et retrouver l’étreinte chaleureuse de sa femme devaient en tirailler plus d’un. Il savait tout ça, mais il devait faire avec les nouvelles qu’il apportait.

« Non, il n’y a pas d’armée de Soltariel qui vient à votre rencontre. » Répondit-il gravement. Marcus regarda le jeune Louis dans les yeux, conscient de la colère que cela pourrait provoquer, mais il était un militaire, il comprenait comment le jeune homme se sentait. « De toute façon, de ce que je peux voir, ce n’est pas de troupes supplémentaires dont vous avez besoin, mais de femmes. Je dirais une quarantaine, bien plantureuses, pour préparer de bons plats chauds et tenir compagnie à vos hommes. » Marcus était parfaitement sérieux. Le soutien moral des troupes ne devrait jamais être sous-estimé. Un petit groupe d’homme motivé peut faire bien plus de dégâts qu’une grande armée découragée. « Vous êtes en fin de guerre. À ce stade, notre présence ne servirait à rien. Aurions-nous dû être présents? Oui, sans aucun doute. Je suis un soldat, ça aurait été un honneur de me battre à vos côtés et j’espère que ça arrivera avant que je sois trop vieux pour servir. » Marcus n’était pourtant pas très vieux, mais vu l’ampleur de cette guerre en temps et en ressource, il risquait de s’écouler un certain temps avant qu’un autre conflit se déclare. « Sauf que les choses ne sont pas allées comme prévu. Entre une duchesse enceinte et très malade, un duc plus souffrant encore et un traître qui a décidé de prendre Ydril… J’ai vu des situations plus brillantes. L’envoi de ces hommes est un geste maladroit et je parle en toute franchise, mais la duchesse fait son possible présentement, sans l’appui de son époux et sans connaissance militaire, pour reprendre le contrôle. Elle n’est pas en état de le faire, mais elle le fait. Maintenant, avec tout le respect que j’ai pour vous, je dois trouver le sénéchal. Soltariel ne fera peut-être pas la guerre avec vous cette fois, mais il a certainement son traître à chasser... »

Si Marcus crut voir la colère poindre aux traits du cerf, il serait bien déçu d’apprendre que plutôt, c’est l’amusement qui fit s’étirer les traits faciaux crasseux du Saint-Aimé. Crut-il réellement que Louis attendait d’avantage d’hommes d’une femme qui avait prit deux mois de retard avant de lever la main, afin de faire le témoignage de sa présence? Non, de son soutient moral? Adoncques, ces hommes dont Tibéria leur refilaient désiraient se défiler aussi rapidement qu’ils étaient venus. Pas étonnant, ces langues ensorcelées n’étaient bonnes qu’au spectacle, à l’amusement et au divertissement! Là, Louis dût le reconnaître franchement car il avait belle envie de s’esclaffer sur le champ.

« Oui-da, monsieur Marcus! Nos hommes écument à l’idée de voir se pavaner l’une d’elles dans nos retranchements. En seulement, on m’a dit le Soltar versée dans l’exotisme. Or il appert que mes hommes risquent très fortement de rester sur leur faim en voyant ce que la très généreuse Duchesse leur envois! Ces femmes qui vous accompagnent savent-ils seulement ce qui les attendent, là dans cette foule avide de chair? » Louis étira un sourire en coin, alors qu’il jeta un regard vers les sorciers qui accompagnaient Marcus. Ils n’avaient rien de femmes, mais aux yeux d’un peuple aussi fier, l’usage d’un tel art n’avait rien d’homme.

« Mais allons! Trève de gaillardises! Monsieur le Sénéchal est malheureusement porté absent, il s’affaire à régler quelques houleuses questions aux vassaux de notre très juste Roy. S’il vous faut obtenir entrevue séance tenante, je vous suggère de vous adresser à nos émissaires, qui sont au fait de l’endroit où il se trouve. Pour l’heure, entrez et venez, nous avons de quoi rassasier ces estomacs, avant que nos braves acquiescent à ce si affriolant présent de son Excellence Tibéria. » Toujours, Louis préservait son sourire et son oeil taquin, complice de Thibaud qui avait sans doute à renchérir avant de quitter.

Leur venue était au final un coup d’épée dans l’eau. Une pensée lointaine, d’une noble pansue du Soltar, qui désirait rappeler qu’elle existait.

Il n'y avait même plus de quoi se mettre en rogne. La niaiserie s'échappant de la bouche du sodomite soltaar ne trouva que peu d'intérêt à ses yeux. Au lieu de ça, il les regardait encore, un par un comme s'il avait zyeuté de la marchandise reçue. Pour lui, ils n'étaient que du bétail même pas assez dignes pour rejoindre les veaux et les chèvres du campement. Pourtant, ils n'étaient clairement pas là de leur plein gré contrairement aux fadaises racontées par leur capitaine. Loin de chez eux ; au près de leurs « voisins » du nord pour qui ils ne partageaient pas le moindre point commun ! Thibaud alla même jusqu'à se demander si ces vingts flans n'étaient pas des prisonniers que l'on aurait forcé à l'exil plutôt qu'à une mort rapide et libératrice. Il attendit que Louis termine de s'amuser pour reprendre à sa suite. Il fallait dire que le jeune feon n'y était point allé avec le dos de la cuillère.

-Ne dit on guère qu'il n'y a pas mieux qu'une femme à la tête d'un pays pour le perdre ? balança-t-il sans une once de plaisanterie. Vous qui goûtez si bien aux poisons et autres armes de lâches, aidez donc votre pauvre dame à quitter son époux inutile pour en prendre un qui saura rendre à Soltariel un tant soit peu d'orgueil à défaut d'un honneur définitivement perdu.

Le sud et Thibaud n'avait jamais été une grande histoire d'amour. Les voir ainsi, devant lui, la queue entre les jambes, lui donnait plus l'envie de vomir que de les étriper. Qu'aurait donc dit le Brochant en les voyant débarquer ainsi ? L'affront eut été sûrement plus grand. Le motif d'un Cassus Belli aurait probablement été annoncé avec humour.

-Qu'ils restent loin de nos hommes, Louis, je ne leur fais pas confiance.

« Eh bien, nous ne sommes pas si exotiques que ça quand même. Soltariel n’est pas l’Ithri’Vaan. Ces hommes sont vaillant et très capables dans leur champ d’expertise. C’est peu, mais elle n’a pas envoyé n’importe qui. » Rétorqua Marcus sans perdre son sourire cependant. « Merci pour l’offre, mais je ne veux pas m’attarder ni abuser de votre hospitalité dans ces circonstances. On m’a dit que c’était urgent. J’arrêterai seulement quand la lettre sera entre les mains du Sénéchal. Je vais donc m’entretenir avec vos émissaires et reprendre la route sur-le-champ. » Il s’inclina respectueusement. Marcus faisait son possible pour ignorer les propos désagréables du nordien. Sa place n’était pas de critiquer, surtout pas ici. Il fallait être profondément ignorant pour dire de pareilles choses et, honnêtement, ça regardait mal à unification de la Péninsule. L’humeur des hommes derrière s’assombrissait également, mais ils avaient ordre de tenir leur langue pour ne pas envenimer les relations déjà très tendues, mais ça ne les empêchaient pas d’imaginer comment ils pourraient mettre en broche cet homme. De son côté, Christian se disait qu’il pourrait très bien faire flamber tout ce camps s’il le voulait. Les façons de vivre n’étaient pas pareilles d’un endroit à l’autre, mais ça ne voulait pas dire que ce qui est différent était nécessairement mauvais. Les suderons sont fières, mais généralement plus ouvert d’esprit à cause de leurs nombreux contacts avec l’Ithri’Vaan. Si l’un et l’autre continuaient à se cracher au visage de cette façon, l’avenir ne s’annonçait pas tellement brillant.

Marcus réfléchissait à ce qu'il pourrait faire lorsque quelque chose accrocha son regard. Un petit groupe de soldats passa près d'eux. Il reconnu aussitôt l'emblème sur leur poitrine. Il haussa un sourcil. Si les hommes de Serramire étaient encore ici, le Sénéchal reviendrait sans doute pour eux. « Les hommes se Serramire sont ici... Je vais me retirer à leur camps. Merci encore.» Il s'inclina une fois de plus et invita tout son petit monde à le suivre.

hrp:

9^ème jour de la 6^ème énéade de Barkios, 10^ème année du 11^ème cycle.

Revenu le jour même de son escapade en terre royale, Aymeric avait repris ses quartiers à l'Est de Chrystabel, autour de laquelle se massait désormais un Ost encore plus nombreux. On avait appris au marquis la capture d'un des seigneurs assiégés, et à n'en pas douter, la ville vivait ses derniers jours sous la férule des Velteriens. Leur nombre offrait un avantage écrasant aux assiégeants, qui depuis trois énéades avaient cru en force chaque jour. Il serait bientôt l'heure de convoquer un nouveau conseil, et l'on déciderait alors de l'assaut sur la cité.

Cependant, le marquis devait s'entretenir avant cela avec d'autres personnes. On lui avait rapporté, peu après son arrivée, comment une coterie de magistères au service de la duchesse de Soltariel s'étaient porté auprès de leur camp, désireux de s'entretenir avec lui. Aymeric ayant été absent, c'était les Berthildois qui s'étaient chargés de l'accueil - avec pertes et fracas, lui avait-on dit. Cela ne surprit ni n'émut guère le marquis, coutumière de la rustrerie nordienne, et de leur atavisme vindicatif à l'endroit des suderons.

Il ne se berçait pas d'illusions, du reste, quant à la venue des soltarii. Une énéade auparavant, c'était un émissaire semblable, venu de Sybrondie, qui avait apostrophé le marquis. Aymeric connaissait bien la fierté et l'arrogance de cette race ; c'était elle qui avait longtemps tenu éloigné les suderons des nordiens, mais c'était aussi elle qui aujourd'hui amenait ce rapprochement. Peu d'hommes au Sud n'avaient en effet su saisir l'ampleur de la campagne qu'Aymeric présidait ; de même, rare étaient ceux à avoir pris l'attaque du rebelle Altiom au sérieux. Désormais, tous se poussaient auprès du Sénéchal, que ses succès faisait la coqueluche du Royaume, pour demander son soutien face aux félons d'Ydril.

Cela n'empêcherait pas, pensa-t-il en voyant la mise chamarrée et le port hautain de ses invités, ceux-ci d'exercer leur dédain coutumier, quoiqu'ils venaient ici presque à quatre pattes. Considérant cela, Aymeric regretta de ne pouvoir se gausser des drôles comme l'eussent fait ses voisins du Berthildois. Toutefois, l'homme ne parlait non plus pour lui seul, mais pour le Roy dont il portait les armes. Adonc, quand il s'adressa à eux, le marquis se montra volontairement affable et bien disposé : « Soyez les bienvenus! lança-t-il gaillardement, j'ai eu vent des tourments que vous eûtes à subir aux mains de mes alliés. Pardonnez la rudesse de ces hommes que deux mois de chevauchée au service de notre Sire le Roy ont échaudé vertement! Oncques mais! Sachez que désormais, vous vous trouvez chez un ami. Adonc, parlez librement : je vous écoute. »

La mine hautaine, pas tant que ça, à vrai dire. Marcus était soucieux et cela se voyait aux traits de son visage. Il avait attendu le retour du Sénéchal en gardant ses distances, mais l’œil alerte sur ce qui se passait autour de lui et l’oreille toujours tendus. Ce qu’il entendait ne lui faisait guère plaisir. La réputation du duché était au plus mal et cela l’attristait profondément, car il aimait sa terre et les gens qui y vivaient. Oh, la vie n’y était pas parfaite, mais son ciel bleu, ses collines verdoyantes et sa mer d’azur aussi capricieuse que belle lui tenaient à cœur.  Il aurait voulu dire que ces hommes se trompaient, qu’ils avaient tort, que les Soltarii ne sont pas ainsi, mais il devait ravaler sa fierté de soldat et se taire. Il était là pour la lettre, seulement ça, mais comme il aimerait leur montrer qu’il n’est pas un lâche.

Lorsque le sénéchal vint enfin, Marcus se présenta à lui, ses vêtements poussiéreux et les joues creusés de fatigue. Il était simplement incapable de dormir. « La duchesse de Soltariel m’a ordonné de vous donner cette lettre en main propre. » Marcus lui tendit la lettre, froissée à force de la garder constamment sur lui, mais le sceau était intact. Il ne l’avait pas ouverte.

4ème jour de la troisième ennéade
Barkios
Soltariel

Sénéchal,

Vous vous demandez sans doute, comme plusieurs, pourquoi Soltariel n’a pas pris les armes contre le Médian. Voyez-vous, nous avions décidé au début du printemps d’envoyer 900 hommes en direction de Diantra et Vaillancourt. L’intention première était de pacifier les lieux et sécuriser les points de passage et éventuellement remonter vers le nord à votre rencontre. La situation de la capitale après un hiver particulièrement pénible était au plus mal. Avec des ouvriers et des vivres, nous sommes parvenus à stabiliser la situation. Marcus Bonasoli, l’homme qui va remis cette lettre, pourra vous parler plus en détail de ce qui a été fait étant le responsable des opérations dans la capitale.

Au même moment, j’ai eu l’immense plaisir d’apprendre que j’étais enceinte de mon premier enfant, mais la joie fut de courte durée. La grossesse m’a rendu très malade. Je dépérissais au point de ne plus être capable de remplir mes fonctions. C’est à ce moment que le traître Altiom d’Ydril a décidé d’envahir Ydril dans une frappe éclaire avec les hommes de Glenn Hereon, roi de Naélis. De mon côté, trop mal en point, j’ai été envoyé à Beronia, le domaine de ma famille, laissant Franco prendre le contrôle de la situation. J’ai tout de même réussi à passer des ordres afin de rapatrier toutes nos troupes à Soltariel en sachant qu’on aurait besoin d’eux éventuellement. N’étant guère doué dans les affaires militaires, je faisais confiance à Franco pour organiser le reste dès que les hommes seraient revenus. Dans la première ennéade de Barkiòs, j’étais suffisamment remise pour retourner à Soltariel où j’y découvris que non seulement rien n’avait été fait, mais que mon époux était confiné à son lit, terrassé par un étrange malaise qui le paralyse encore à ce jour. J’ai convoqué le traître en urgence, sans les résultats escomptés? Au moment où je vous écris, la situation est stable, mais elle pourrait avoir changé entre-temps. La flotte de Soltariel et la flotte de Sybrondil vont patrouiller les côtes et bloquer les ports du comté. Je compte également sur la présence d’Ysari. Les frontières terrestres seront également bloquées afin de mettre la pression sur Altiom. Je n’ai pas l’intention d’attaquer directement dans l’immédiat et j’espère ne pas me rendre-là, mais les mesures escaladeront en l’absence de collaboration.

Ne prenez pas cette missive comme une demande d’assistance de ma part, bien que j’apprécierais avoir un peu votre expérience militaire. Vous êtes surtout le sénéchal et vous devez savoir ce qui en retourne. Nos hommes étaient prêts à se joindre à vous, mais Altiom d’Ydril nous a obligés à revoir nos plans. Il a chassé et tué des hommes fidèles à la couronne. Comment peut-il prétendre aimer une terre en agissant de la sorte? Il est venu avec une armée d’étrangers sur les terres du roi qui revendiqua en plus une province d’Ydril! On m’a fait la leçon sur son courage. Je n’ai pas nié qu’il puisse être courageux, mais à ce niveau, c’est de la folie! Et mon époux qui est malade en plus...

J’espère que cette lettre vous apportera des réponses à vos interrogations. Malgré les nombreux rebondissements, la situation est tout de même sous contrôle dans l’immédiat. Il me reste beaucoup à faire et je n’ai pas l’intention de rester inactive.

Que les cinq vous gardent

Tibéria de Soltariel
Duchesse de Soltariel

C'était un copieux vélin que s'était vu remettre le marquis. Ce dernier, toutefois, n'en ôta pas immédiatement le sceau. Il observait l'homme qui venait de lui confier la missive. Aux traits émaciés, à la barbe négligée, ce dernier faisait grise mine. Ses yeux rougis et son teint pâle trahissaient le tracas, probablement subséquent des quolibets écopés auprès des Berthildois. Aymeric se serait aisément gaussé de cette pudibonderie - Eh, quoi ? Parce qu'on s'était moqué de lui, le petit Marcus peinait à faire ses nuits ? - si elle n'en avait écorné la politesse du drôle. Le marquis l'avait accueilli en ami, et voila que cet homme lui jetait son vélin à la gueule.

L'en-tête seul de cette lettre suffit à convaincre notre héros que toute convenance avait déserté la cour soltariie. Voila que la duchesse s'adressait à lui comme à un clébard, omettant ses titres, sa maison, jusqu'à son nom même. La prétention au raffinement chez les suderons n'en était définitivement qu'une. Après les paraphes pompeux et interminables du Mervallois, Aymeric se coltinait désormais les bavures médiocres d'une cadette mal dégrossie, devenue duchesse au mépris de toutes les probabilités.

Le reste de la missive était édifiant. Tibéria s'y livrait comme une adolescente se confierait à son journal intime, contant ses maux et ses affreuses péripéties au sénéchal. La guerre menaçait ses vassalités et les terres du Roy, mais ah! pensez vous, la pauvrette était enceinte. On bataillait ferme dans le Médian, pour expurger le Royaume de ses plus grands félons ? Franco, lui, avait la toux. Visiblement pressée de se répandre en excuses crasses, la duchesse trahissant par ses élucubrations un doute plus profond. À travers ses assurances, le marquis lisait la peur de voir une armée nordienne, au prétexte de la lutte contre les rebelles ydrilotes, débouler à l'extrémité de la Péninsule et faire payer aux suderons leur indolence. Cette crainte, en vérité, était légitime, tant il est vrai qu'une armée en campagne, fut-elle alliée, peut parfois causer plus de mal que de bien.

Mais de tout ceci n'était qu'une trame de fond dans l'esprit d'Aymeric. Les tribulations ydrilotes lui étaient bien lointaines, et son regard se portait avant tout sur une cible plus proche. « Messer... Bonasoli, je présume ? interrogea-t-il le capitaine, votre suzeraine, dans sa lettre, a longuement vanté vos exploits et votre dévouement à restaurer la capitale de sa Majesté le Roy. Oncques mais! Je gage qu'elle ne s'y est guère rendu, adonc dites moi avec franchise : qu'en est-il de la cité aux cinq-cent-soixante-quinze tours ? »

Marcus le laissa lire la lettre en silence tout en réfléchissant déjà à son itinéraire de retour. Il se demandait si ça valait la peine maintenant de laisser à Diantra les dix solarii qui y étaient restés après le départ des troupes. Il pourrait passer par la capitale et les prendre avec lui. Ils avaient pour mission d’informer les troupes du nord lorsqu’elles arriveraient à la capitale. Or, ça n’avait plus tellement lieu d’être à présent et ces hommes, même s’ils n’étaient qu’une dizaine, seraient bien plus utiles ailleurs.

La lettre lue, le sénéchal lui demanda plus de détail sur l’état de la capitale. Visiblement, il en était fait mention dans la lettre et il était plus qu’heureux d’en faire un compte-rendu.  « Honnêtement, nous n’avons pas accompli de miracles. À notre arrivée, la population était au bord de la famine. Désertée par les nobles locaux et tous ceux qui ont pu se permettre de partir, elle est habitée principalement par des veuves, des orphelins, des vieillards et des estropiés. Aucun gouverneur, aucun corps de gardes ou même d’un semblant d’organisation armée pour mettre de l’ordre dans la capitale. On a commencé par éliminer les dernières poches de résistance et sécurisé la parti qui entoure la porte sud vu que c’est par là que nous sommes arrivés. On a constaté une assez bonne présence d’estréventin. Cette vermine… on en attrape un, il y a 10 autres qui apparaissent… tsss. » Le capitaine soltari se renfrogna légèrement avant de reprendre.

« Nous avions apporté de Soltariel des vivres, des outils ainsi que de la main-d’œuvre. Impossible de reconstruire en si peu de temps, mais nous avons dégagé les débris et sécurisé les infrastructures encore debout. Selon nos maçons et nos charpentiers, il n’y a pas grand-chose à faire avec les secteurs les plus touchés par l’incendie. Le mieux sera sans doute de tout raser et de recommencer à neuf. Les quartiers les plus riches sont encore en bon état, mais plusieurs demeures ont été dévalisées par la population. Mon but était de redonner un peu de vie aux lieux. J’ai envoyé les personnes valides dans les champs pour les ensemencer avec le grain que nous avions. Avec un peu de chance, ils auront une récolte cet automne et pourront passer l’hiver s’il est plus clément que celui que nous venons de traverser. Maintenant, est-ce que la ville est en état de recevoir le roi? Non. Il faudra compter plusieurs années pour la reconstruction des gros ouvrages de pierres et ça nécessitera certainement un effort commun. En attendant que la cour ne s’y réinstalle, il faut vraiment encourager la population à y retourner, mais je suppose que vous avez des plans en ce sens, n’est-ce pas?»

HRP: