Un désir partagé | Angelina de Solaria | Terminé

Jour 6 de la seconde ennéade
Verimios, premier mois d'été
An 10 du 11ème cycle

Soltariel s’était montrée des plus intéressante mais aussi des plus fatigante depuis l’arrivée des Sybronds. Le conseil de guerre avait semblé durer une éternité tant les seigneurs vassaux du duché ont profité d’une présence royale pour évacuer toute la colère qu’ils éprouvaient envers le couple ducal, oubliant parfois même la prime raison de leur venue : le conflit à venir. Et cette guerre se porterait sans aucun doute à une échelle bien plus élevée qu’on le l’aurait cru. A cela, ajoutez un moral des plus bas pour celle qui ne s’est toujours pas remise de la disparition de son tendre aimé et vous obtiendrez une Victoria des plus bougonne.

Il était temps, justement, de s’accorder un peu de temps et de profiter du faste que pouvait offrir le palais Soltari. Habillée d’une robe légère, Victoria sillonna les différents couloirs qui se vidaient au rythme de la lente disparition de l’astre flamboyant. Une coupe de vin à la main qu’elle tenta de garder pleine dès qu’un malheureux serviteur croisa sa route, la jeune femme s’arrêta soudainement.

« Que faites-vous donc là ? » Tonna-t-elle envers un garde, qui, au lieu de faire son travail, semblait épier quelqu’un par une porte légèrement entrouverte.

« Pardon ! Pardon votre Grandeur ! Je.. je surveillais la Dame de Solaria. » A cet instant, Victoria eut du mal à comprendre. Ils ne trouvaient absolument pas près des appartements qui avaient été affectés à la dame. Au lieu de cela, ils se trouvaient dans les thermes du palais.

« La Dame de Solaria ? Vraiment ? Est elle dans les bains ou se fait elle masser ?
- Dans… dans les bains, Ma Dame… » Un sourire se dessina alors sur le visage de la Comtesse.

« Et vous la surveilliez, c’est bien cela, n’est-ce pas ?
- Oui m’dame…
- Et forcément, vu le lieu où elle se trouve, ne serait-elle point dénudée par hasard ?
- Je… » Et puis il se tût, devant aussi rouge qu’il était possible de l’être, Victoria, elle, se mit à rire.

« Laissez-moi donc passer. Et que je ne vous surprenne pas à épier à nouveau, est-ce bien clair?! »

Entrant dans la pièce, celle-ci diffusa une chaleur humide plutôt agréable. La surderonne put se rendre compte de la présence de plusieurs masseuses. Celles-ci étaient certainement là pour surveiller la jeune prisonnière. Mais soit, elle ferait avec. Après tout, voilà une belle occasion d’entretenir une discussion avec la cousine de Tibéria, Victoria ne pouvait manquer cela.  

Un sourire toujours accroché à son visage, Victoria se dénuda avant de s’entourer d’une bande de tissu qu’elle noua autour de sa taille. D’un pas léger tout en détachant sa longue chevelure ondulée, la comtesse prit la direction du grand bassin où se trouvait Angelina.

« Maintenant que je vous vois, je comprends pourquoi ce garde vous épiait sans vergogne. » Commença-t-elle alors qu’elle plongea doucement dans les eaux chaudes. « Victoria di Maldi, ma Dane, enchantée. » poursuivit-elle en s’approchant légèrement. « Je vous aurais bien fait une révérence si seulement je n’étais pas à moitié immergée. »

La dame de Solaria n'avait guère jamais appréciée profiter des bains du palais, ils étaient un peu trop mondains a son gout. Comprenez par la qu'il y'avait peu de chance que vous y restiez seul longtemps. Mais après son séjour aux cachots et au vu d'une visite forcée au palais, qui se pourrait d’être longue, elle s'y était rendu bon gré mal gré. Le plus dure ayant été non pas d'en obtenir la permission, car curieusement sa surveillance n'était pas aussi accrue que l'on n'ait pue s'y attendre, a moins que les gardes soient d'une discrétion a toute épreuves, mais de faire fit de sa pudeur. Bien plus que ses formes, la Soltariel avait a cacher aussi quelques cicatrices, dont les longues marques de fouet qui lui couraient le long du dos.

Elle ne fut pas étonnée outre mesure quand la quiétude des bains fut perturbée par une nouvelle arrivée, néanmoins elle fut surprise par l'identité de celle ci. Si elle n'en laissa rien paraître, il lui fut plus difficile de cacher la colère manifeste qu'elle ressentie en apprenant que le bougre de garde qui l'avait accompagné jusque la était la quelque part, tapi dans l'ombre, occupé a l'épié. En voila un qui devait avoir envie de goûter la lame de son silex, un accident était si vite arrivé. Tranquillisée par cette pensée, se retenant d'ajuster la bandeau de tissu qui couvrait sa poitrine et s'appuyant contre les rebords des bains, afin de dissimuler son dos, la dame de Solaria adressa un sourire a la Di Maldi. " Je sais qui vous êtes comtesse, peut etre devais je dire a ce fameux garde d'entrer. Après tout il fut un temps la femme de votre frère s'était jurée d'obtenir ma tete sur une pique. Ce sur le simple fait du sang qui coule dans mes veines .. Oh ça et bien sur le fait que je soit plus légitime qu'elle meme sur son trône .. Comme si j'avais jamais voulue de cette maudite couronne. " Sa langue claqua en signe de désapprobation suivie d'une moue désabusée.

Point d'accusation en ses mots, simplement des faits. " Quand aux courbettes, je n'en ai jamais été amatrice et au vu de votre titre, il semble bien que ce serait a moi d'en faire. "   Un geste de la main pour se désigner, elle, puis l'eau les entourant. " Il est donc heureux que je sois tout aussi immergée que vous au point de devoir me passer de mes bonnes manières. " Ce petit interlude passé, la mine de la Soltariel se fit plus sérieuse. " Bien que tardive, veuillez acceptée mes condoléances pour la perte de votre frère. " Déclara t'elle plus doucement en plongeant son regard dans celui de sa compagne de bains. Les paroles n'étaient point issues d'un quelconque subterfuge, comme en attester la lueur de sincérité qui brillait en ses yeux. Angelina avait toujours été sensible aux sentiments d’autrui et sous ses airs bravaches, Victoria lui semblait mélancolique bien que la raison lui échappe. Elle lui adressa l'ombre d'un sourire. " Vous devriez prendre garde ma dame, un passage aux bains en ma compagnie pourrait vite se transformer en suspicion de complot. " Il n'était point un secret que Tibéria se méfier de tout et de tout le monde. Si elle avait ses raisons pour cela, il ne faisait aucun doute que cela finirait par lui porter préjudice.

A peine les présentations faites que l’interlocutrice s’arma de défenses plus aiguisées les unes que les autres. Croyait-elle réellement que la présence de Victoria serait une menace pour sa vie ? Venait-elle réellement de la comparer à cette catin d’Estréventine ? Le sang de la belle ne fit qu’un tour à cette simple idée, à ce souvenir douloureux de cette femme qui l’avait privé de son frère bien aimé. Mais pour qui cette gourgandine se prenait-elle ?!

Ainsi, alors que la Dame au Soleil s’arma de brûlants reproches, Victoria elle, détourna son attention pour se prélasser que davantage dans cette eau chaude légèrement parfumée aux nombreux pétales de fleurs qui y flottaient.

« Au point où en est son Altesse, elle serait prête à croire qu’une simple balade dans les jardins servirait à rassembler des pierres destinées à lui être jetées, ou alors qu’on en viendrait à dresser des papillons pour l’attaquer. » Tout cela était bien ironique, mais d’un réalisme non contestable sur l’état psychologique de la Duchesse. « Enfin, ce n’est point un secret dorénavant ; ce sont bien ses suspicions et son incroyable manque de confiance envers ses vassaux qui lui donne si mauvaise réputation. »

Avisant une pause, la Dame en profita pour se libérer de ce tissu devenu trop encombrant une fois son corps entièrement submergé. « Ne trouvez-vous pas cela ironique ? » Reprit-elle, laissant aucune occasion à la belle ensoleillée de répondre. « Vous me suspectez de vous vouloir du mal, me comparant sans vergogne à cette putain d’Estréventine qui a mené mon frère, Maciste, à sa perte. Vous savez, celui qui a su chasser le vôtre alors qu’icelui venait de trahir notre Roy ? Celui-là même qui su redresser Soltariel et offrir un nouvel essor au sud tout entier? Tous ces efforts balayés par un mariage mal choisit. Un mariage qui fut l’instrument de sa perte. Ah le mariage... quelle douce promesse bucolique. Elle nous attire telle une somptueuse rose rouge mais une fois cueillie, gare aux épines empoisonnées. N'est-ce pas votre propre union qui vous a menée à vous quereller avec votre cousine? Tibéria n'est elle pas, pour la seconde fois, discrédité à cause de l'homme qu'elle a décidé d'avoir à ses côtés?  A en croire... le secret finalement, serait de ne point se marier, vous ne croyez pas ? »

La dame de Solaria garda une expression neutre, ses mains traçant quelques sillons circulaires dans l'eau tandis que la Sybronde lui sembla quelque peu s'échauffer. Après ce rustre du nord, était il possible que toutes ses entrevues virent ainsi et ce jusqu'a ce qu'elle connaisse son devenir ? Si tel était le cas, préférerait t'elle encore la solitude. Bien que guère la mieux placer a l'heure actuelle pour cela, elle tenta de prendre la défense de la duchesse. " Ma cousine est encore jeune, peu habituée aux jeux de pouvoirs et il semble qu'elle ait choisie d'écouter mauvaise conseillère: La paranoïa. "  Un soupire tinter de tristesse. "Néanmoins au vu des trahisons répétées qu'elle a eut a affronter, pouvons nous réellement la juger pour cela ? Meme si je ne peux qu'acquiescer au fait que sa façon de gérer sa relation avec les autres ne saura que lui porter grand préjudice plus tard .. D’ailleurs il semble bien que ce plus tard soit d'or et deja de mise. "

Si elle croyait toutes les informations qu'elle avait pue glaner, Tibéria était en périlleuse position. Si l'on s'était servit de sa propre arrestation arbitraire, entre autres choses, pour la mettre sur le banc des accusés, il n'en restait pas moins que les motifs dernière cette action démontrait qu'un plus gros problème en était a l'origine. Tant que son altesse ne comprendrait pas cela, elle ne pourrait jamais exercée le pouvoir de la façon dont elle le voulait .. Du moins si ses idéaux de départ étaient encore les memes et de cela, Angelina commençait a en douter. " Pour ce qui est du reste, vous me voyez navrée de vous avoir heurter comtesse. Mes mots n'étaient destinés qu'a un trait d'humour. Il semble que les cachots aient quelque peu mit a mal ce trait de mon caractère. " Ce que la dame n'avait surtout pas escomptée, c'est que Victoria pusse prendre aussi mal son trait d'humour, mais visiblement la disparition de son frère et plus encore sa chute, de par son mariage avec Kahina, était encore sujet brûlant, elle en prit bonne note, se promettant de ne plus guère aborder le sujet.

Quand aux paroles de la Di Maldi sur son propre frère, elle les avait accueilli sans broncher. Hormis partager le meme sang et des parents communs, l'on ne pouvait faire deux êtres plus différents l'un de l'autre. " Ma dame il n'est guère un secret que c'est a peine si j'ai connue mon frère et cela est probablement chose heureuse car je doute que nous ayons eut quoi que ce soit en commun. " Un sourire, probablement la pour cacher le fait que les autres mots de la comtesse lui eurent étés bien plus douloureux. Oscario. Non, elle ne devait pas penser a lui. Elle ne pouvait pas penser a lui. Elle ne voulait pas penser a lui. Pas ici, pas maintenant. " Je ne crois pas en les mariages d’intérêt. Ma cousine s'est mariée deux fois pour obtenir puis garder pouvoir, en ce sens il y'avait fort a parier que cela ne puisse etre une grande réussite. Quand a ma propre expérience, sachez que je n'impute jamais a d'autres la culpabilité de mes propres choix. J'ai choisie de me marier avec mon époux, tout comme j'ai choisie d'avoir foi en ma cousine ... " Un bref hochement de tete puis un sourire .. Ou peut etre une grimace.

" Il semble que dans les deux cas mes choix n'aient guère étés pertinent. Ce que je sais en revanche, c'est que si le mariage ne m'a guère réussi, l'amour reste a mon sens la plus belle chose qui soit. Sans cela ne sommes nous pas de simples coquilles vides et alors a quoi bon vivre si c'est seulement bercé par le rythme solitaire de nos propres cœurs ? " Angelina détourna le regard, ne souhaitant guère que quelques mélancolies ne soient perceptibles en ses yeux. Oui son union avait été un échec, oui il était probable qu'elle lui coûterait tout, mais elle n'oubliait pas les bons moments, pas plus qu'elle n'oubliait l'incroyable cadeau que cela lui avait apporté: Faustina. " Si vous me le permettez ma dame, oserais je demander si vous meme vous avez déjà connue l'amour ? "  Faisait-elle référence a celui qui vous consume a vous en fait perdre la tete, qui vous pousse a épouser un homme au bout du monde ou au contraire a celui qui traverse les ans, prenant ancrage dans votre cœur sans jamais s'émousser et pour lequel vous seriez prête a renoncer a tout y compris a votre propre bonheur ? Mystère.

Voilà maintenant qu’elle parlait d’amour… Ah mais quel ennui cette discussion, vraiment ! Pendant un instant, la comtesse laissa son esprit s’évader, s’imaginant une présence bien plus agréable en la compagnie d’un homme qu’elle aurait sans nul doute tenté de charmer s’il s’était montré ici, dans son plus simple appareil. Mais non, au lieu de cela, sa seule compagnie n’était autre que la cousine de Tibéria, encore et toujours cette famille qui se montrait plus résistante qu’une foule de cafards qui auraient envahi le plus somptueux des palais. Mais tout comme les insectes qu’étaient les Anoszia, qui, grâce à l’incroyable flopée de marmots pondus tentaient de grouiller partout dans le Royaume, un seul coup de bottine bien placée suffirait à les exterminer. Et Victoria comptait bien s’armer de talons pour éclipser définitivement ces astres flamboyants, laissant ainsi place à l’ère lunaire.

« L’amour ? Non. Et je ne souhaite en aucun cas le connaître. Car l’amour est une faiblesse. Il vous pousse à l’erreur sans même se soucier de ce qu’il pourrait vous en coûter. » Victoria s’approcha un peu de son interlocutrice, laissant toutefois une distance respectable entre ces deux corps dénudés. « Vous me voyez désolée si c’est l’amour qui vous a conduit dans une telle situation. J’espère pour vous que le sentiment est réciproque et que votre bien aimé n’hésitera point un seul instant à vous secourir. Mais permettez-moi d’en douter… Un Anoszia… Tombé amoureux par le plus grand des hasard de l'une des seules femmes susceptibles de renverser celle qui a trahit son père. Peut-être a-t-il eu des envies de grandeurs. Après tout, Oschide devint Duc, Sisyphe Baron, son père Argentier du Roy... » Son regard se perdit un instant avant qu’elle ne se reprenne. « Mais enfin. Vous aurez peut-être bientôt votre réponse, j'imagine. Va-t-il venir secourir sa belle ou la laissera-t-elle dépérir en prison? Seule l'avenir nous le dira. »

L'ébauche d'un sourire triste se dessine sur le visage de la dame de Solaria. Est ce due aux paroles de la Di Maldi ? Probablement, mais lesquelles ?! Sa mention a Oscario, le nom d'Oschide tintant tristement a ses oreilles ou sa certitude que non son époux ne viendrait pas a son secours. " Vous êtes bien jeune pour etre déjà si amère comtesse. L'on s'attend d'ordinaire a cueillir ce genre de paroles sur les lèvres d'une vieille femme aigrie et non sur celle d'une dame dans la fleur de l'age. " Jamais amoureuse ? Angelina se permit d'en douter, ses mots sonnaient comme ceux de quelqu'un ayant été éconduit ou ayant perdu l’être aimé. Néanmoins, elle ne poussa guère plus ses interrogations, nul doute que si la Sybronde devait se confier a quelqu'un ce ne serait certainement pas a elle, une Soltariel voila tout ce qu'elle devait etre a ses yeux .. Comme elle l'était a ceux de beaucoup d'autre. Un fardeau qu'il lui avait fallut porté toute sa vie et dont elle ne se délesterait probablement jamais.

Accrochant son regard a celui de Victoria, elle lui parla avec franchise en ne semblant guère avoir prit ombrage du tour qu'elle avait donnée a leur conversation. " L'on ne demande pas a une femme amoureuse si l'élu de son cœur l'aime en retour, elle se fourvoiera forcément en la réponse. Mon époux n'est guère friand de grandes déclarations, il se distingue de par ses actes et en cela maintes fois il m'a prouvé son attachement a ma personne. C'est tout ce que je saurais dire car je ne suis pas celle a qui il faut demander si il m'aime. " Un léger soupir avant qu'elle ne s'appuie d'avantage contre le rebord des bains, jetant par la meme un regard distrait aux masseuses qui de loin les observent. " Néanmoins concernant vos doutes, ils n'en sont point pour moi. Asnozia ou non, amoureux ou pas, Oscario ne viendra pas a mon secours. Un bien trop grand risque. "

A nouveau son regard s'accroche a celui de la comtesse, il brille peut etre d'une part de tristesse, mais il est surtout résolu. Les mots qu'elle prononce lui font mal, mais pas tant que l'on pourrait s'y attendre. Ce sont la des faits qu'elle a acceptée depuis longtemps. " Probable qu'il m'aime .. Mais il aime aussi son père. Sa famille. Il leur sacrifierait tout. Il l'a deja fait. Il le referait encore. Moi y compris. " Elle secoue doucement la tete, comme si elle réfutait quelque chose pour elle meme. " Je ne lui ai jamais demandée de choisir et c'est chose qu'il est hors de question que je fasse a l'avenir. Il fait ses choix, je fais les miens. Chacun agissant selon ce qu'il croit etre son devoir, quand bien meme cela dusse nous séparer. " Et cela l'avait fait au point d'en déchirer le cœur de la dame. Mais au point ou elle en était tout cela n'avait guère plus grande importance, seule Faustina comptait et elle rendait grâce aux dieux que l'enfant soit en sécurité.  

Un sourire ironique s'en vient pour étiré les traits de la Soltariel. " Puis ma dame ne serait ce pas exagéré qu'après avoir offert ma tete sur un plateau a ce rustre de chancelier, je lui offre aussi celle de mon époux ? " Elle fit claquer sa langue, se moquant bien que l'on s'offusque de ses mots. L'on pouvait lui prendre sa liberté mais pas sa franchise. " Si il y'a une chose pour laquelle les Anoszia sont doués c'est sauver leur peau, nul doute alors que mon époux ne paraîtra jamais a Soltariel .. " Du moins pas en les conditions actuelles. Ou était-il d'ailleurs ? Avait-il vraiment regagné Ydril ? S'était-il joint a Altiom ? Ou avait-il fuit avec la déception que sa femme ne fusse jamais l'Anoszia qu'il aurait désiré qu'elle devienne ? Des questions dont elle n'aurait peut etre jamais la réponse, cela la rendit assurément mélancolique, pourtant elle n'en laissa rien paraître, par ce quand on est une Soltariel l'on excelle dans l'art des faux semblants, question de survie ...  

Aigre et amère ? Voilà donc un bien gros pavé qu’Angelina venait de lui lancer en pleine poire. Était-ce donc ainsi que l’on traitait les femmes avisées qui se méfiait de la fourberie des hommes ? Triste constat. Mais cela prouvait néanmoins une chose ; Angelina faisait partie de celles qui se laissaient facilement duper par un joli minois. Ce n’était nullement le cas de Victoria... Du moins, plus maintenant. A ce souvenir douloureux de Cléophas, la Comtesse exprima un regard larmoyant qu’elle tenta de dissimuler en se mettant dos au soleil. Oui, elle l’avait éperdument aimée et sans doute l’aimerait-elle jusqu’à la fin de ses jours, mais au vu des mots d’Angelina et de la situation délicate à laquelle elle devait faire face : Victoria se promit de ne plus laisser son cœur s’éprendre à nouveau d’un quelconque autre homme.

Fort heureusement, la jolie brune changea rapidement de conversation après avoir enfin comprit que l’amour n’était pas le centre de discussion préféré de la Comtesse. C’était sans compter sur le sujet que voulait dorénavant aborder Angeline ; le Chancelier. Ce Rustre de Chancelier... Autant parler de la pluie et du beau temps, cela aurait certainement intéressé davantage Victoria.

« Eh bien, voilà une révélation des plus tristes. » Répliqua-t-elle dans un premier temps sur l’aveu qui concernait les Anoszia. En réalité, Victoria en avait absolument rien à faire de cette famille de parjures et encore moins du sort que la couronne comptait réserver à son interlocutrice. La jeune femme se demanda d'ailleurs s'il n'était pas préférable de retourner dans son hôtel particulier tant la conversation était des plus ennuyante. Néanmoins, Angelina venait de lui révéler une chose fort intéressante : elle s’était entretenue avec l’Arétan. Curieuse de nature, la jeune femme ne pouvait laisser passer une telle opportunité d'en apprendre plus sur le nordien.

« Rustre ? Vraiment ? Que vous a-t-il donc fait pour mériter telle opinion de votre part Ma Dame ? »

En d'autres circonstances peut etre que la dame de Solaria n'aurait pas feint de ne pas voir les yeux brillants de la comtesse, mais il semblait évident que la Sybronde ne raffolait guère de sa compagnie et qu'elle eut préférait se trouver ailleurs. Angelina laissa donc son regard se perdre dans le vide afin de laisser a Victoria l'intimité de ses sentiments. Mais pour quelqu'un n'ayant jamais été amoureuse, la Di Maldi avait la larme facile quand il s'agissait d'amour. La discutions en vint a un sujet bien plus fâcheux que le précédent ou tout du moins plus ennuyeux .. Le chancelier. Au souvenir de son entrevue avec lui, son regard se ferma et une légère grimace étira ses traits .. Du dégoût, au mieux, probablement.

La Soltariel traça distraitement des cercles dans l'eau, celle ci s'agitant sous ses doigts. " Ce nordiste n'est guère un homme que l'on oubli aisément et croyez bien ma dame que mes mots n'ont rien d'un compliment .. " Elle secoue la tete, jetant un regard distrait vers les masseuses comme pour vérifier qu'elles fussent trop loin pour les entendre, puis reprit d'une voix plus basse. " Je n'oublis pas qu'il m'a fait sortir des cachots et probable qu'en cela je lui doive quelques reconnaissances. Mais pas au point que cella pusse excuser ses mots .. Et ses regards. " Elle tourne a nouveau son attention sur la comtesse, espérant ne plus lire le moindre trouble humide en ses yeux. " Oseriez vous croire qu'il a menacé de mettre a nue .. Et en termes bien moins gracieux que les miens cela va sans dire. Ah et si vous l'aviez entendue, possessions, biens, héritage .. Il n'avait que ses mots la a la bouche .. Une véritable obsession. " Et ce n'avait visiblement pas été la seule obsessions de l'homme, mais de cela elle préférait ne pas se souvenir.

Son regard se fait franchement désapprobateur quand s'en vient sa conclusion. " C'est un homme vulgaire et avec bien peu de manières. M'est avis qu'il vaut mieux évité de se retrouver avec lui dans l'intimité de la nuit et a l'abris des regards, qui sait de quel genre de comportement il serait alors capable .." Elle pensa a sa cousine et au fait que peut etre désormais elle entretenait une certaine proximité avec le chancelier, puisse t'elle ne pas encore faire le mauvais choix dans le but de garder couronne. Elle s'agaça de la tournure de ses propres pensées. Elle ne pouvait rien n'y faire et de toute façon tout cela ne la concernait plus. Tibéria s'était tout simplement désintéresser d'elle, il allait bien falloir qu'elle se résoudre a cesser de s'en faire pour elle.

L’Arétan ? Un homme qu’on oublie difficilement ? Victoria ne put s’empêcher de repenser à cette scène cocasse où elle dû faire face à la nudité de celui-ci. A y repenser, un haut-le-cœur vint subitement se manifester et à peu de choses près, les deux dames auraient fini par baigner dans le dégueulis de la Comtesse. Néanmoins, pour éviter le pire, elle se concentra sur la discussion où les révélations de la Dame de Solaria devinrent fortes intéressantes. Victoria n’aimait guère le chancelier, mais au vu de son comportement, quelque chose la poussa à s’en méfier davantage.

« Sachez que vous n’êtes guère sa seule victime ma Dame. Il a également eu un comportement des plus… déplacé à mon égard. Mais jusqu’à présent, je croyais n’être qu’un cas isolé… Que ce n’était qu’un simple malentendu des plus hasardeux. Mais au vu de vos mots, je commence à douter. Il se pourrait bien que le Chancelier ne soit finalement qu’un homme des plus pervers dont le fantasme que nous véhiculons, nous, femmes suderonnes, lui fait tourner la tête. Nous pouvons nous estimer heureuses d’avoir assez de tempérament pour refuser ses avances ou d’avoir assez de courage pour le remettre définitivement à sa place… Néanmoins, je gage que certaines femmes dans ce palais n’ont point le même caractère que nous. » Plusieurs femmes vinrent immédiatement à l’esprit de la Comtesse, dont la Duchesse elle-même. « Il serait préférable de mener enquête. De questionner les femmes du palais pour savoir s’il s’est mal comporté avec d’autres. Il est hors de question que je laisse un goujat du nord se permettre tel comportement dans nos contrées. » Victoria refit une pause, réfléchissant un instant. « Croyez-vous Ma Dame, d’être en mesure de m’offrir votre témoignage par écrit ? Quelque chose me pousse à me méfier de cet homme, malgré sa fonction d’officier du Roy, cela ne lui permet guère de mal se comporter avec les femmes. Je ne souhaiterais pas qu’il en fasse une arme pour nous intimider ou pis encore... »

Quand les paroles de la Di Maldi sonnèrent aux oreilles de la dame de Solaria, ont pu d'abord lire de l'étonnement en son regard, mais cette expression laissa vite place a une désapprobation totale. Si elle avait eut piètre image de Sire chancelier, elle avait surtout attribuée son comportement au fait de sa condition de prisonnière, qu'avait-il a perdre avec elle ? Rien. Mais qu'il ait eut pareil comportement, voir pire, avec une comtesse cela la laissa perplexe. Cet homme avait'il dont perdu toute raison et décence ? A moins qu'il n'en eut jamais eut. Les premiers mots d'Angelina ne furent sans doute pas ceux escomptés. " Ma dame êtes vous sure de souhaiter aller plus loin dans cette discutions, vous me semblez soudainement bien pale et j'ai crue un instant que vous ne fassiez un malaise. " L'attention qu'elle portait a son interlocutrice était sincère, d'ailleurs a voir sa mine défaite d'un peu plus tot, la Soltariel avait pris sévèrement sur elle pour ne pas tendre un bras secourable vers Victoria.

Si elle s'en était abstenue, c'est du simple fait qu'au vu du peu qu'elle connaissait de la comtesse, cette dernière n'aurait pas appréciée ce témoignage de son inquiétude. Néanmoins avant qu'elle prenne possiblement congé, elle prit soin de répondre a sa demande. " Croyez bien comtesse que je ne puis qu’être choquée de par les quelques révélations que vous m'apportez. Je le prenais pour un rustre, un grossier personnage, mais je ne m'imaginais certes pas qu'il pusse avoir détestable comportement avec une autre que moi. " Elle secoue la tete. " Pas que je me sente unique, loin s'en faut, mais de par ma situation actuelle qui irait l'accuser de quelques privautés envers ma personne .. Envers vous par contre, cela est inqualifiable cela va s'en dire. " Du bruit se fit entendre de l'autre coté des portes, preuve qu'elles ne seraient manifestement bientôt plus les seules a profiter des bains.

" Je veillerais a ce que soit apporté en vos appartements le témoignage demander bien que je craigne qu'en ce moment ma parole n'ait guère le poids voulut. L'on pourrait m'accuser de vouloir le salir pour détourner l'attention de mes propres crimes. "  Un sourire triste. " Mais si cela peut vous aider ou préserver des dames de caractère plus malléable que le notre alors ce sera fait. " Cela sonnait telle une promesse et la dame de Solaria était réputée pour avoir a cœur de tenir ses promesses .. Du moins tant que cela n'était pas au détriment d’autrui.

«  Je vous remercie ma Dame. » Commença-t-elle doucement avant d’enchainer : «  Sachez que je ne loge pas au palais, mais dans la Haute-Ville. Je m’y sens plus en sécurité et à l’abri de regards et d’oreilles trop indiscrets. » Victoria s’éloigna alors un peu de la Dame, estimant dorénavant être trop proche de la Dame de Solaria. «  Veuillez m’excuser, mais je vais devoir vous laisser. Je me sens souffrante. » Agrippant son voile de tissu, la Comtesse s’enroula soigneusement avant de sortir des bains. «  Je vous souhaites bien du courage pour la suite, Angelina. Que Néera guide vos pas avec plus d’intelligence à l’avenir. »

Puis elle disparu entre les colonnes.

De retour à son hôtel particulier...

« J’ai réfléchi, Gregorio.
- Oui Votre Grandeur ?
- Nous allons affecter nos espions en Estrévent à une autre tâche.
- Laquelle ma Dame ?
- Il nous faut trouver Franco.
- Le Duc ?
- Oui le duc, connaissez-vous un autre Franco peut-être ?
- Qu’avez-vous en tête ? » Victoria soupira, s’installant confortablement à son bureau où elle s’arma de sa plume de son encrier.

« S’il y a bien une chose que j’ai apprit récemment, Gregorio, c’est d’en révéler le moins possible.
- Vous n’avez point confiance en moi ?
- Bien sûr que si voyons. Vous êtes certainement la seule personne à qui je serais prête à confier mes plus noirs secrets.
- Mais ?
- On ne peut jamais être sûr quant à la présence de vermine en nos murs.
- Oserais-je vous demander ce qui a bien pu se passer dans ces bains, ma Dame ?
- Quelque chose de fort intéressant, Gregorio, de fort intéressant. »

Puis, elle s’attela à la tâche, adressant une missive à une certaine Princesse Marchande.

La dame de Solaria répondit aux mots de la Di Maldi d'un sourire courtois puis elle la suivit d'un regard pensif tandis que cette dernière quittait les bains. Il était difficile de cerner cette femme, surtout en partageant avec elle un si bref moment, mais néanmoins il était chose certaine que la mention du chancelier l'avait bouleversée. Une fois de plus les inquiétudes d'Angelina se tournèrent vers la duchesse, il se murmurait qu'elle voyait régulièrement cet homme .. Plus qu'elle ne devrait disait on. En quoi dont allait t'elle encore se fourrer ? La Soltariel secoua la tete, lasse de son propre cheminement de pensées. Tout cela ne la concernait plus, Tibéria de par ses dernières actions et son silence n'avait fait que démontrait qu'elle ne se souciait plus de sa cousine. Il serait tant qu'elle ne fasse de meme .. Mais c'était la chose plus facile a dire qu'a faire.

Un groupe de trois femmes pénétra bientôt dans les bains, la dévisageant les yeux ronds avant de se répandre en messe basses. Un soupire puis la dame de Solaria se hissa prestement sur les rebords du bassin afin de sortir des eaux pour les fixer avec effronterie. Rajustant le tissu qui la couvrait pudiquement en apparence, mais qui moulait outrageusement ses formes de part le fait qu'il soit imbibé d'eau, elle se dirigea vers la sortie. Arrivée a proximité des commères, elle lâcha tout sourire: " Allons mes dames ne me regardez pas ainsi, que penserez vos époux a vous voir le regard concupiscent poser sur une femme accusée de félonie. " Sa langue claque, le sourire se fait plus grand encore tandis que les autres semblent sur le point de défaillir. Grand bien leur fasse.

Elle meme s'empare d'un peignoir, qu'elle laisse glisser sur son corps avant de solidement le nouer a la taille, puis attrapant ses affaires elle ouvrit la porte avant de les jeter négligemment au garde qui l'attendait. " Si vous avez fini de vous rincer l’œil, je vous serez gré de me raccompagner a mes appartements. " Sans un mot de plus, la tete haute et le sourire aux lèvres,  elle se dirigea d'un pas rapide vers sa chambre, se moquant bien des visages qui se retournaient sur son passage, de ses pieds nus, de ses cheveux ruisselants dans son dos et laissant le pauvre bougre d'homme, rouge de confusion, la suivre en trottinant derrière elle tout encombrer des effets de la dame qu'il l'était. Les rumeurs qui se murmuraient d'oreilles en oreilles étaient vraies, cette Soltariel la était une sacré bonne femme, pensa t'il en s’efforçant de ne pas se laisser distancer.

Quelques heures plus tard, un pli fut livré la ou loger la comtesse Sybronde. Promesse tenue et plus encore vu que le témoignage se voyait accompagné d'un croquis. L'on y voyait une ébauche du chancelier, vêtu d'une peau de bête, le regard hagard, la bave aux lèvres, a plat ventre sur le sol tandis que Victoria gourdin en main, un pied sur son dos, le dominait, l'air triomphante. Angelina avait pris grand plaisir quand, de par des traits de fusain agiles, la scène s'était dessinée sous ses doigts, restait a espérer que cela rendrait l'ombre d'un sourire a la belle dame croisée aux bains.

Fin du RP.