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 De retour du feu [Urgoll'Ven]

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Aerianna Hiisi
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MessageSujet: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeSam 13 Juil 2019 - 17:01


Karfias, milieu de la troisième ennéade
An dix-sept du onzième cycle

Suite de ce rp.

Ketill pensait que ce n’était pas un travail pire qu’un autre, de garder un prisonnier normalement inoffensif et complètement entravé par des chaînes qu’on réservait uniquement aux plus brutaux des prisonniers. Si la pièce de marbre était presque complètement vide et éclairée uniquement par une bougie – l’eldéen ne pouvait d’ailleurs pas avoir une vue directe sur la flamme alors qu’elle était cachée dans un recoin – le mercenaire d’un jour avait droit lui à un fauteuil confortable. Il avait haussé un sourcil en se rendant compte que même les caves de cet établissement qu’il protégeait en temps normal uniquement des plus alcoolisés avaient leurs parois faites de marbre. Mais après tout il était dans les Soieries et était conscient que ce n’était pas le même monde que le sien, pas lorsqu’il faisait autre chose que son travail en tout cas.

Son travail n’était rien d’autre que d’emprunter le passage qui donnait sur une autre pièce assez similaire à celle-ci et de prévenir que le prisonnier avait bougé quand il le ferait, et Ketill avait fortement confiance en sa capacité à se réveiller si les grosses chaînes venaient à bouger. Car oui, un fauteuil et de la quasi obscurité n’étaient qu’une invitation à un peu de repos. Mais il s’était promis à ce que cette sieste soit temporaire, forcément, et il comptait respecter cette promesse qu’il s’était faite à lui-même, même si tout le rassurait dans la façon avec laquelle était contraint le Daedhel. Les grosses chaînes de la masse assoupie étaient fixées à ses poignets et chevilles, et allaient jusqu’à des crochets dans deux murs opposés, de sorte qu’il ne puisse ni se rapprocher d'aucun des deux murs. Les crochets devaient servir à il ne savait quoi, mais il ne se posait pas trop de questions sur leur utilité, en vérité. Elles pouvaient dater de la première fonction du bâtiment et même la maîtresse des lieux ne devait rien en savoir. Ils semblaient assez solides en tout cas, et ça suffisait à tout le monde pour l’instant.

Sinon, ses ordres changeraient lorsqu’il ferait appeler la Princesse et il n’aurait qu’à lui obéir et faire attention à ce qu’au premier problème elle soit mise hors de danger. On ne lui avait pas fait de résumé des événements de la veille mais il avait entendu parler de ses blessures, et si la même chose avait lieu sous sa garde il le paierait très cher, surtout si son père apprenait qui était de faction. Ce sont ces craintes qui allaient le réveiller de sa sieste d’ailleurs, et inquiet il rapprocha le fauteuil de la porte avant de souffler sur la bougie pour l’éteindre. Là, c’était bien aussi une obscurité totale, surtout quand un élémentaliste assez puissant au moins dans l’élément du feu pouvait s’en servir. Et d’un coup il n’avait plus sommeil, ayant complètement changé d’attitude avec quelques pensées mal choisies. Ou bien choisies, ça dépendait des points de vue, c’était surtout le point de vue de la sieste qui en avait pâti.


Dernière édition par Aerianna Hiisi le Ven 9 Aoû 2019 - 14:38, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeSam 13 Juil 2019 - 17:30


Le froid. Le froid qui, lentement dévore, se déploie. Qui imprègne et enserre. Qui éteint et enterre. Le froid. Le froid qui l'emplie... Pourtant... Une braise. Rougeoyant faiblement. Lentement, réchauffant.

Gouffre. Il ouvre les yeux pourtant, mais l'obscurité demeure. Un temps, où il n'ose bouger. Un temps, il ne fait qu'écouter, percevant le froid, percevant la faim, percevant... Un corps affaibli. Le sien. Les paupières s'abaissent. Se relèvent. Nul changement. Rien. Immobile, dans le silence... Non. Il y avait quelque chose. Un être. Vivant. Un souffle. Un frémissement. Écarquillant les yeux dans le noir, le sombre bondit. Se jetant en avant, de toute sa masse. S'arrachant au carcan du froid comme s'il n'était rien. Tendant ses battoirs vers l'ennemi.

Brutalement, il découvrit le poids. De son être, engourdi. Du froid, qui lui enserrait les membres. De tant de choses... Aussi soudainement qu'il s'était jeté en avant, le métal claqua sourdement. Lourdement, le géant tomba au sol. Muet. Sa gueule s'ouvrit sur son souffle suspendu d'incompréhension. De surprise. De douleur. Les tiraillements revinrent, anciens et nouveaux, dus à son inconscience. Au froid. A la faim. A l'immobilisme. D'innombrables bêtes lui mordillaient les chairs. Ses muscles tressautaient. Ses plaies brûlées le lacéraient. Le sombre était agité de spasmes violents. Serrer. Serrer. Crocs et poings. Attendant.

Peu à peu, le grand corps cessa de bouger. Retombant, épuisé, assommé, dans un cliquètement de métal.


Dernière édition par Le Brûlé le Sam 13 Juil 2019 - 21:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeSam 13 Juil 2019 - 21:44

Ketill n’eut pas vraiment le temps de trouver le temps long que le corps qu’il surveillait s’agita dans un grand fracas, plus grand encore qu’il ne s’y serait attendu. Il n’y avait pas de lumière et il ne pouvait pas faire grand-chose d’autre que de deviner qu’il avait tenté de tirer sur ses chaînes, en vain. Ou plutôt, il ne devina que c’était en vain que quand la masse se laissa tomber au sol, laissant les battements de son cœur se calmer alors qu’il se sentait particulièrement rassuré. Ce n’était pas vraiment dans son rôle, mais il avait attendu juste assez pour s’en assurer, pour s’assurer qu’il n’y avait aucun danger. Il se redressa et tourna son corps vers la porte pour la déverrouiller avec les clés qu’il avait sur lui. Il était bien content de s’en être approché, car dans l’obscurité il n’aurait jamais réussi à la trouver après une telle frayeur, et alors que l’autre était redevenu silencieux, il aurait pu simplement tomber dessus, ce qui le fit frémir un peu.

La porte ouverte, il fut bien heureux de retrouver une lueur provenant d’une autre bougie, et il chuchota à un autre homme que la bête s’était réveillée, et cet homme accourut pour prévenir la Princesse. Le deuxième homme était un drow, Ketill pensa, n’aurait-il pas été plus à même de gérer le monstre enfermé avec lui s’il avait réussi à se dégager ? Ou étais-ce prévu que le drow soit la deuxième ligne alors que la première se ferait déborder par la surprise ? Avec quelques doutes il retourna s’asseoir sans verrouiller la porte derrière lui, acceptant même que la lumière entre, même si elle n’éclairait pas la forme au sol.

***

J’accueillis la nouvelle avec un bâillement avant de me préparer à descendre. J’avais essayé de dormir, et j’avais même réussi à plusieurs reprises, mais jamais pour très longtemps, me laissant réveiller par des rêves de feu. Des rêves ou des cauchemars, ça dépendait de qui était dans les flammes. Quand c’était Esteldur c’était agréable, quand c’était Aethka… Je secouai la tête avant de me lever. Une servante fut directement prête à me passer une robe, une robe d’un violet pourpré, la première qui vint en l’absence de blanches, et un moment plus tard j’étais déjà dehors, à dévaler des marches. Je voulais le voir à mes pieds, après tout ça, et je répondrais à la question de Noruì en fonction de ce qu’il ferait. Je croisai mes hommes sur le passage, des hommes vêtus de noir, armés pour la plupart, ceux qui allaient faire en sorte que si quelque chose clochait le palais soit le tombeau du monstre.

La luminosité allait par contre en s’amenuisant, plus on était proche de la cave plus on avait souhaité éloigner les sources de lumière, et il ne restait que des rares bougies. Et c’est en remarquant ça et en pensant à ce qui m’attendait au bout que je fis volte face, ravie que ma servante ait osé me suivre jusque là. J’avais la pierre dans ma main et je la lui tendis. « Amène ça dans ma chambre, et tu n’es pas obligée de revenir. » Elle tremblait, et je ne m’en rendis compte qu’en touchant sa peau, je n’allais pas lui demander d’être confrontée à ça. Quoiqu’il en était, j’avais frôlé la catastrophe, je pensai avec un soupir. Le cœur plus léger je fis volte face une deuxième fois avant d’arriver dans la pièce qui précédait la plus importante. Cette dernière était plongée dans l’obscurité et j’interrogeai le Daedhel du regard puis par quelques mots. Il se rua à l’intérieur pour allumer à nouveau la bougie.

Quand j’entrai, le fauteuil était illuminé par l’unique bougie devant ce que je devinais à peine être la forme du Daedhel enchaîné. Mes deux hommes se postèrent de part et d’autre de la chaise et je m’assis dedans, scrutant tant qu’il ne bougerait pas la première menace tangible sur ma vie.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeSam 13 Juil 2019 - 22:22


Reprendre son souffle. Dérouler ses muscles, plus lentement. L'être parti, sans qu'il n'y prête grande attention. Respirer. Relâcher. Bouger. Les lippes crispées, le drow s'y attela. Le sang courait, ravivait, tiraillait sa carcasse. Sur le sol de marbre froid, le grand corps frémissait, au rythme d'un souffle grondant.

Il y eut une silhouette. Lumière. Chuchotis de pas. D'autres... La figure anguleuse du sombre se redressa. Découvrit l'éphémère assise, et les deux autres. Les yeux sanglants se plissent devant la lumière. Peu à peu, le géant se redresse, fixant... Reconnaissant. Les lippes se retroussent sur des dents anormalement carnassières. Il fixe le daedhel. En silence, le géant gris se relève. Sa respiration tire sur la peau usée, parcourue de cicatrices anciennes comme récentes, de lames comme de crocs.  Sa crinière crasse dégringole sur les masses tendues, amaigris, rattachées à ses os. De muscles, d'os et de crocs... Brusquement, le sombre tend le bras.

Dans un cliquètement, les chaînes vibrent, soulevées. La grande pogne reste levée... Alors que le regard du sombre parcourt les chaînes l'entravant, scintillant à la faveur de la lueur. Il relâche prise... Puis tend à nouveau. Chaîne. Poids. Métal. Froid. Un étrange sourire aux lèvres, il joue avec ses entraves, comme ayant oublié ceux qui lui font face. A la cacophonie du métal, succèdent le grondement de ses entrailles vides. Le rictus se fait grimace. Les gestes plus brusques. Bientôt, la peau des poignets est entamée : sur le gris de son terme, de ses poignes furieuses, perle le sang. Sans qu'il y prête attention... Tirant seulement plus sur ce qui le retient, le sang de ses yeux s'accrochant avec rage aux silhouettes découpées par la lumière d'une bougie.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeDim 14 Juil 2019 - 19:34

Le spectacle était terrifiant bien qu’à moitié dissimulé dans une pénombre que j’aurais bien voulu ne pas exister. Avec cette luminosité là, au lieu de dévoiler assez de la menace pour qu’elle semble moins dangereuse, l’unique bougie en faisait un spectacle encore plus inquiétant. Le monstre tirait, tirait et tirait encore, nous laissant tous prier pour que les chaînes tiennent, moi la première, alors que je me souvenais de la destruction qu’il avait causée même quand il n’usait pas de sa magie. S’ils avaient su, peut-être ne se tiendraient-ils pas ici ? Ulk savait, et Ulk n’était pas venu. Je me posais des questions à son sujet en réalité, mais ces questions n’étaient pas là depuis que la bête s’était à nouveau éveillée, après une courte attente quasiment dans le noir. Sur le sol, entre le fauteuil et le monstre, il y avait une marque tracée à la craie, on m’avait dit que c’était le plus proche que je pouvais me trouver sans qu’il ne puisse m’atteindre, mais l’entendre allait me dissuader de poursuivre sur ce chemin.

Mais quelque chose allait me montrer que peut-être je devrais, que dans toute cette situation – une situation à laquelle je m’étais préparée, que j’avais voulue – le monstre n’en était peut-être pas autant un que ça. Ce quelque chose était le grondement bien organique qui avait empli la pièce au même titre que le vacarme du métal contre lui-même ou contre le marbre. Un grondement qui signifiait aussi sûrement que si quelqu’un s’approchait de lui il s’en emparerait pour le dévorer, même le Daedhel, même celui qui partageait une partie de son sang. La tentation de lui offrir ce qu’il voulait était grande, mais j’y résistai. Il y avait tellement de témoins potentiels, et même si j’arrivais à écarter un de mes hommes d’ici il faudrait que je me mette moi-même en danger. Non, c’était idiot. Je ne savais vraiment pas quoi faire de lui, je n’avais pas réfléchi aussi loin, et que m’apporterait le fait de le frustrer plus avant ? Rien, sûrement.

« Je fais une bien piètre ravisseuse, non ? » J’avouai à mi-voix, avant de me rendre compte que peut-être n’allait-il jamais me comprendre, si seulement il redescendait de sa rage idiote. Je me tournai d’abord vers le Daedhel à ma droite avant de changer d’avis et de regarder l’humain barbu, qui même si le monstre décidait de me parler tout de suite – quelque chose de très improbable – il me faudrait un des siens pour le comprendre. « Faites apporter de quoi le nourrir et dites à Ulk que j’ai besoin de lui. » Si l’autre allait suffire là tout de suite, il me faudrait éventuellement un traducteur de confiance, et la décision de ramener de quoi le nourrir ne m’empêchait pas non plus de changer d’avis plus tard.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeMar 16 Juil 2019 - 11:05


Tension. Brutalité. Douleur. Le métal claque. Son bras vibre. Puissant. Sanglant. Les gestes se font plus amples, le souffle plus emporté, indifférent aux mots... Définitivement, la gueule est hideuse, carnassière, crispée, le mince rouge fixant, transperçant les silhouettes face à lui... Hors d'atteinte de ses coups; de ses crocs; de sa rage. Sa charpente frémit de fureur et de faiblesse, alors qu'il lance ses deux bras en avant, y jette son corps, coincé, retenu, ses mâchoires claquant si loin d'eux. Il ne peux. Bête enchaînée. Créature ivre de colère.

Les oreilles emplies des clameurs du métal, le sombre cesse brusquement ses assauts. D'un pas erratique, comme manquant tomber, le souffle court, il recule, s'éloignant de la maigre lueur... Avant de faire les cent pas, s'agitant, de droite, de gauche, tirant là sur ses liens, puis de l'autre côté, sa carcasse agitée par son mécontentement, ses pieds sales, aux cales râpeux et épais, frappant le marbre froid à chaque pas.

Clameur. De nouveaux pas. Un être qui s'avance, fébrile, les bras chargés d'un grand plat contenant... Le sombre l'ignore, jusqu'à ce qu'il perçoive qu'il s'approche.

A grandes enjambées, il est sur lui. Les chaines se tendent, tintent, pèsent. Le métal mord un peu plus la chair; la chair saigne et se déchire... Le sombre tire, rageur, les muscles bandés, ses pognes au bracelets sanglants vibrant, suspendues, retenues loin de leur cible, la figure grise et sale tournée vers l'éphémère. Le plat explose au sol, répandant son contenu sur la roche lisse. De surprise, le pauvre hère l'a lâché, se recule, tremble, jetant des regards nerveux à sa maîtresse et à l'être obscur ayant jailli des ténèbres. Derrière lui, un nouveau daedhel est arrivé, reste hors d'atteinte.

Dédaignant la nourriture, l'être, presque blafard pour sa race, se rejette en arrière, plus libre de ses mouvements, de secouer, de tirer, en une marche furieuse et bruyante, soutenue. Inlassable. Enragé d'être enchaîné. Vrillant son regard sanglant sur les silhouettes esquissée par la lueur de la bougie.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeMer 17 Juil 2019 - 18:24


C’était terrifiant, mais c’était aussi particulièrement pathétique, et ça allait durer encore longtemps. Ce n’était pas tant lui qui était pathétique, plutôt le fait qu’un spectacle aussi peu intéressant avait quand même réussi à attirer un public qui s’attendait à bien autre chose. Enfin, de mon côté je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, mais Ulk devait bien craindre quelque chose pour ne pas se montrer sans que je ne lui ordonne, et l’humain semblait à cran. Le Daedhel que j’avais fait rester lui avait décidé que nous étions déjà bien trop nombreux et s’était retiré sans même vérifier auprès de moi qu’il le pouvait. Mais j’étais concentrée, malgré la déception quand au fait que je pensais – peut-être bêtement – que la nourriture allait changer quelque chose. En attendant j’imaginais plus que je ne pouvais voir que chaque tension brusque devait entamer ses poignets et je savais qu’il était des êtres qui ne reculeraient pas même devant ça pour se libérer.

J’avais été idiote, ne pas lui laisser de place aurait été tellement mieux, j’aurais pu m’en douter, j’aurais m’en douter, alors que Krish Al’Serat elle-même m’avait appris ce que je savais de Kiel. Sans-même aller jusqu’à Kiel d’ailleurs, j’étais une de ceux là. Je faisais trop attention à mon intégrité physique pour vraiment me libérer de cette façon, mais si je devais choisir entre la mort ou la liberté la douleur ne serait jamais un obstacle.

Seulement c’était exactement ça le problème, ce n’était pas la mort qui l’attendait, je n’avais aucune intérêt à le voir mort, pas tout de suite en tout cas. Je ne tenais même pas particulièrement à le garder captif si quelque chose justifiait que je le libère, mais il fallait le convaincre, et il ne se laisserait pas aller tant que je ne l’aurais pas fait. Je ne tournai même pas un regard vers Ulk en sifflant à travers mes lèvres. « Ça suffit. Dis lui d’arrêter ses conneries, dis lui que je ne veux ni le voir mort ni le garder ici pour toujours. Dis lui quelque chose pour qu’il arrête. » L’ordre était assez brouillon, et je ne saurais sûrement jamais comment il allait le présenter, mais si ça fonctionnait rien n’était moins important que ça. Avant que l’argenté n’ait le temps de dire quoique ce soit je me levai et me postai plus près du monstre, toujours à une bonne marge de sécurité, loin de la marque de craie invisible au sol.

Puis l’argenté s’avança jusqu’à mes côtés et s’exprima dans son langage aux mélodies perturbantes et peut-être même violentes – il n’y avait que Ssin’Ssivah que j’avais jamais trouvé mélodieux, mais ça avait peut-être plus avec la situation dans laquelle je l’avais entendu qu’avec le mot lui-même. « Cesse de te comporter comme une bête et peut-être que ces chaînes cesseront de te retenir comme une bête sauvage. » J’avais beau ne pas comprendre ce qu’il racontait ça me paraissait bien mou comme demande. J’étais prêt à lui donner le bénéfice du doute, mais peut-être avait-il oublié comment c’était de communiquer avec les siens ? D’ailleurs, cette situation ne devait pas que s’appliquer à l’argenté, l’autre avait-il également oublié comment se comporter autrement que comme une bête ?
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeJeu 18 Juil 2019 - 4:00


Muscles bandés. Pas. Regard furieux. Tension. Sang suintant. Respiration rauque. Froid. Poids. Insistance. Rage. Flamme... Le sombre arpente l'espace sans calme ni raison. Aux paroles de l'une comme de l'une, il se secoue, respire plus fort, marche plus fort, tire plus fort. Ses yeux vrillent sur la silhouette avancée, puis foudroient l'autre sombre. Lippes retroussées, rictus agressifs, gueule carnassière. Il ne révèle rien d'autre qu'une rage continuelle. Violente.

Peu à peu, pourtant ses gestes se font autres. La grimace se fait inquiétant sourire. Il faut un temps pour reconnaître dans ce chaos... Une chorégraphie. Quelque chose qui ait un sens. Quelque chose qui signifie... La trame arcanique est soudainement tiraillée. Le sombre sourit. Un grondement se fait entendre. Pied, jambe, bassin, épaule, bras main... Les gestes s'enchaînent et se poursuivent, formant quelque chose de martiale et presque coordonnée. Un crissement de la pierre... Avant que le sombre ne hurle.

De surprise. La douleur s'impose. Bien trop. Le rythme est perdu, il s'effondre... Et la magie est relâchée, informe, brutale. Le sol craque, le plafond, les murs, quelques-fois fissures, d'autres fois invisibles. Poussière, Le géant, lui, est à genoux, la figure crispée, contractée par la souffrance, alors que sa carcasse semble se replier sur elle-même, tressauter, torturée. Un battoir se plaque sur son torse... Sans rien y trouver. Les ongles cassés griffent la peau sans qu'il le sente. Il n'y a que la magie qui l'écartèle... Car il lui manque quelque chose. Autre chose, encore.

Gémissement du marbre. Lentement, douloureusement, la figure blafarde se tourne vers les silhouettes qu'éclairent la flammèche. La peau est tendue. Le regard étréci. La respiration, violente. Les crocs, évidents. Sous la pression, un mince filet rouge se répand sur les gencives. Un instant, fou, où il ne fait que les fixer, les transpercer, les tuer mille fois du regard... Puis il y a une torsion, et la grimace est distordue en un sourire hideux.

Une jambe lourdement jetée. Un corps qui ploie... Pour mieux se relever. Dans ses yeux, la volonté de continuer. Alors même que son corps en frémit encore.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeVen 19 Juil 2019 - 9:31


C’est Ulk que je vis bouger le premier, seulement il ne pouvait pas faire grand-chose pour éviter que le monstre use de sa magie. Comme Noruì avant lui il aurait pu essayer de l’endormir et faire en sorte qu’il arrête, mais ce serait aller contre mes directives, et puis, lui avait besoin d’un contact avec la peau de l’organisme qu’il décidait d’altérer, ce qui compliquait vraiment tout. De mon côté j’avais écarquillé les yeux, pas en reconnaissant la danse du monstre, ni à cause du hurlement – qui me fit bien sûr sursauter particulièrement haut – mais en me rendant compte qu’il n’avait pas que le feu pour lui, et qu’il était enfermé dans une pièce dont il pouvait façonner les murs. Et… même sans cette pierre précieuse… Il se tuerait en essayant, certainement, alors que je reconnaissais ce manque de contrôle qu’on avait plusieurs fois mentionné en essayant de m’apprendre. Mais si sa magie pouvait le détruire, elle pouvait aussi détruire le palais au dessus de sa tête en se faisant.

Ketill était effrayé, lui aussi, et sans que je ne m’en rende compte il parvint à se glisser jusqu’à moi et me susurrer quelques mots à l’oreille. Il voulait que je tue le monstre, il voulait que je le tue puis qu’on oublie tout et retourne à nos vies. L’offre aurait pu être tentante, mais le fait que lui me la propose alors qu’il était censé être l’homme fort de la pièce, celui qui résistait à toute peur, celui qui me sauverait si les choses tournaient mal… C’était trop fort pour moi et je refusai tout en bloc, pour le principe. Par contre, je reconnus qu’il n’y avait rien que notre présence allait pouvoir achever ici, alors qu’elle provoquait le puissant mage qui se tuerait éventuellement rien que pour avoir notre peau. J’essayais de penser le moins possible au marbre qui avait bougé, au marbre qui avait craqué, et je me levai doucement sans un regard vers lui. Lui que je ne pouvais de toute façon pas réellement voir. Les deux hommes comprirent mon intention et me suivirent, non sans avoir soufflé sur la flamme de la bougie et plongé la pièce dans le noir.

J’ignorai toute tentative qu’il aurait de se rendre intéressant, refoulant la peur au plus profond de moi. Je reviendrais sans aucun doute bientôt et à mon prochain passage il faudrait que je trouve le moyen de le voir vraiment si je voulais essayer d’avancer.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeSam 20 Juil 2019 - 12:51


Obscurité. A la mort de la lueur, elle n'est que plus profonde. Le corps lourd, la voix du sombre tonne... Le lui revient qu'un écho de plus en plus faiblard. Silence. Tirant sa carcasse à la force d'une volonté folle, le géant n'a cure du départ de ceux qui lui faisaient face. Il n'y a que ses chaines. Leur poids, leur morsure froide. Le manque. Le vide. Il ne devrait pas être là. Il ne devrait pas être ainsi. Il doit...

Chaque geste est une brûlure, pourtant il se meut. Dans la noirceur la plus obscure, il est aussi aveugle qu'un éphémère... Mais il n'en a pas besoin. Il ressent. La roche autour de lui. Ses entraves... La pierre accrochée à son cou a disparu, ne lui reste que les gestes, des siècles de répétition. Forçant son corps au delà de la douleur, il l'attire encore. Magie. L'appelle, l'arrache au alentour, s'en gorge comme il sait, la rejette sur sa prison... Et en paie le prix.

La porte est close. Ainsi, nul ne voit, seulement perçoit. La pierre qui murmure, grince, craque. Des frémissements obscurs, à la source chaotique, dérangeante. Le froid de la peur, à l'approche de la destruction... Qui, soudain, se perd dans son ascendance, comme hoquetant, hésitant, finissant sur un chuchotement presque timide. Mais, à ces dernières sensations si légères, une autre s'impose : un hurlement. Pour qui se tient près de la porte, pour qui est sensible aux arcanes, il y trouve l'écho d'une douleur comme nul autre : celle du mage se consumant dans l'appel de la magie. Celle du mage encore capable de sentir son corps être ravagé de l'intérieur.

Dans le silence assourdissant de l'antre de marbre lisse, se fait à peine entendre le murmure d'une vie. Le géant git, au milieu de petits bloc de roche. De nouvelles fissures sont apparues, l'une des chaîne a vu son support se décrocher du mur. Un membre ainsi est libéré, enchaîné à un morceau de marbre... Mais son porteur n'est plus à même de poursuivre. Dans l'air, il y a cette odeur de chair brûlée. Sur l'être inconscient, de nouvelles marques crépitent et meurent, faute d'être alimentées. Ainsi, les flancs sont traversés de larges lacérations, peu profondes mais à vif... Elles se poursuivent jusque dans le dos, déjà couvert d'une peau cicatricielle crasse.

Plus aucun son... Si ce n'est le murmure, rauque, presque éteint, d'un être qui ne se résout pas à mourir.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeLun 22 Juil 2019 - 20:16

Il y eut un silence terrifié quand le petit tremblement de terre – ou de palais – secoua l’auberge, un silence lors duquel tous avaient figé leurs corps en même temps que leurs langues, un silence rompu par le fracas sourd d’une pierre qui tombait plus loin dans les souterrains, une pierre plus lourde que toutes celles tombées jusqu’ici. Et quand le tremblement cessa et que le silence revint j’avais été la première à oser un petit rire soulagé qui s’étendit à tous ceux autour de nous. S’il s’était arrêté, c’était sûrement qu’il avait poussé trop loin avec sa magie… ou qu’il n’avait plus besoin de pousser… dans les deux cas, il fallait vérifier ce qu’il en était. Pas moi, j’avais mieux à faire, ou non, je n’avais rien à faire, mais le rien que j’avais à faire impliquait moins de danger et aucune confrontation avec le monstre, ce qui était largement préférable. Je donnai des ordres à tous ceux à mes côtés excepté Ulk qui m’accompagnerait pour une discussion très importante. Les ordres étaient simples, s’il s’était libéré il fallait l’achever, si non le ligoter assez serré pour qu’il ne puisse plus incanter, ou danser, je ne savais trop.

Je passai le voir deux ou trois fois dans les trois jours qui suivirent, l’observant avec une faible luminosité mais plus forte que la dernière fois que je m’étais trouvée avec lui. Juste assez pour avoir une bonne vue de ses blessures et de la façon dont on l’avait ligoté. L’agencement des chaînes était ingénieux mais semblait un brin stupide. Les chaînes toujours accrochées aux murs faisaient plusieurs tours emberlificotées autour de lui, un autre crochet avait été installé ailleurs, et il gisait face vers le sol avec le bloc de marbre coincé sous son torse pour surélever sa tête – il y avait une calle sous son front pour lui laisser l’opportunité de reposer sa nuque à chaque fois qu’on n’avait pas besoin de le rendre présentable pour manger ou pour que je le voies. Mais comme on le disait, si c’est stupide et que ça fonctionne, ce n’est pas stupide. Ou en tout cas, c’est ce que Ketill avait déclaré en voyant mon visage se décomposer. Mais s’il me promettait que le Daedhel ne pouvait pas bouger et que ça lui permettait de se nourrir en tendant le visage vers le sol, je ne pouvais que le croire. Enfin, croire… Je lui avais bien déclaré que si ce n’était pas le cas c’était lui qui nourrirait l’eldéen, pour faire bonne mesure. J’avais pris soin à ce que personne d’autre que lui ne l’entende, en le susurrant à son oreille après avoir posé une main sur son torse. Son expression me confirma qu’il s’attendait à tout autre chose.

Et quand on vint me prévenir qu’il était vraiment réveillé, pas dans son état amorphe des derniers jours, je fis le déplacement. Ulk m’avait conseillé de répondre à sa violence par plus de violence et je l’avais au moins entendu, suivant son conseil de porter des bottes qui juraient beaucoup avec cette nouvelle robe blanche qu’on m’avait trouvée. Ce n’était qu’un élément parmi tant d’autres, peut-être même le moins utile, mais j’avais aimé l’idée. Sur le chemin je me rappelai une nouvelle fois tenir la pierre précieuse dans ma main et je dus la confier à une servante, toujours la même à priori. C’était une sacrée introduction que je faisais auprès de mes serviteurs Thaaris, je pensai, alors que j’avais tout juste eu la nouvelle que tous les autres étaient rentrés sains et saufs à Geresh et que mon père m’avait laissé un message plus doux que tous ceux que j’avais reçu en plus de vingt-sept ans. Et quand j’arrivai devant le prisonnier précédée par un Ketill qui alluma la bougie à moitié dissimulée et un Ulk en allumant une autre de l’autre côté de la pièce je m’accroupis devant lui un instant, plus proche que je ne l’avais jamais été, avant de me relever, de me placer à ses côtés et de lancer un coup de pied dans le flanc. Dans la continuité du coup porté je me retrouvai dos à lui, un pas plus loin.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeDim 28 Juil 2019 - 23:33

Fin 3eme ennéade de Karfias de l'an 17

Vivant... Il le demeurait. Enchainé, ridiculement, lourdement... Par le métal, comme sa propre chair. Pesante de faiblesse. Frémissante d'une fièvre familière. Les flans s'écartaient toujours, résolument, malgré les plaies à vif, que frottaient les chaînes, qu'étiraient son souffle. Borné à vivre. Il finit par rouvrir les yeux, toujours écarlates, à présent seulement las, vagues. Puis... La lumière revint. Et un coup fut porté.

Un long frisson. Crissement de dents. Respiration qui se bloque... Sombre grondement qui s'échappe. La chevelure crasse coule, salie de tant de choses, de temps, de blessures et de sueur, formant un rideau autour de la figure grise, plongée dans l'obscurité dansante, où s'amusent les ombres de la bougie. Le corps parle assez pour la figure. Muscles tressautant, mains se crispant, chair suppurante... Hoquet, large torse qui tressaute, respirer, éviter, si, peut-être, ha... ! Un rire s'enfuit. Rire, grondement, raclement usé quoique inquiétant d'une gorge bien plus habituée à la rage qu'à la parole. Un amusement malsain se mêle aux derniers hoquets douloureux, tandis que le géant retrouve son souffle. Son calme.

"...yyyYYYiiibiiinnn..."
...Faible...

Murmure, raclant, sifflant, comme trop usé pour prendre pleinement forme, se faisant grondement plus aisé. Un temps, où se fait seulement entendre le souffle rauque, sombre, grave... Puis le chuchotis du métal, le soupir de la peau contre le marbre... La figure se tourne, tout juste, de quoi darder l'ombre d'un regard écarlate sur l'éphémère, que dessine la maigre lumière. Dans les mires, rien, si ce n'est le reflet de la bougie, au milieu de la figure creusée, profondément... Lasse. Dans l'ombre de la gueule qui s'entrouvre, l'éclat d'une canine. Mais c'est bien un râle qui s'extirpe de la gorge, tendue par la tension, la position inconfortable. Où des sons persistent, traînent, prennent du temps pour, finalement, former quelques mots.

"...Jivvvvin...elgg...eeel...Vel'b...ol... d...oooos... ssinssriiiiin..."
...Jouer... Tuer... Mourir... Quoi... Tu veux...

Rampant, traînant, presque un murmure fragile, un écho essouflé, tandis que les paupières flanchent face à la lumière. Comme hagard, le regard vacille, erre, entre la lumière et les ombres, les silhouettes qui s'y dessinent...
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeLun 29 Juil 2019 - 19:06


Je m’étais retournée, et il avait enfin parlé. Je crus avoir mal entendu au début, mais ce n’était pas n’importe quel grognement, et si je restai immobile il me le confirma en s’essayant à d’autres mots. Je ne comprenais rien, évidemment, mais le sens n’était pas ce qui m’importait, même si l’argenté se rapprocha de moi en prenant bien soin de contourner la masse au sol avant de me répéter les mots. Pas dans l’ordre, j’imaginai, alors qu’il avait fait l’effort d’interprétation pour moi, en me précisant que le monstre avait l’air de se questionner sur mes intentions, me demandant même si je souhaitais mourir. Il aurait pu me poser la question plus tôt, sur la route, et ça nous aurait épargné à tous bien des désagréments. Et je n’aurais pas rencontre Noruì… Concernant la traduction, je faisais confiance à Ulk et ne la questionnai pas, c’était exactement pour ça que je le préférais lui à l’autre Daedhel. Jouer, tuer ou mourir, donc, le choix me paraissait bien évident, et la question bien idiote.

Je vins me poster devant le monstre, assez loin pour qu’il n’essaie pas de m’arracher un bout de chair avec les dents, et m’accroupis. Ketill se rapprocha et en tirant sur sa chevelure releva la tête de celui qui avait l’air d’un animal. L’humain tremblait, mais c’était la face du captif qui m’intéressait. « Amenez la lumière. » J’ordonnai doucement, alors qu’un autre humain faisait ce que je souhaitais, positionnant la bougie de telle sorte que sa flamme soit reflétée dans nos deux paires d’yeux. Je le détaillais du regard, je regardais ses crocs, je regardais ses yeux entièrement rouges, je regardais tout ce que je pouvais regarder, et j’étais fascinée, car aussi hideux qu’il était, tout était unique, même sa peau qui aurait dû être plus sombre. Ce n’est que l’argenté – qui de son aveu était à l’origine de son propre teint – qui m’interrompit en posant une main sur mon épaule. « Je lui réponds quoi ? »

Je restai pensive un instant, la réponse était évidente mais voulais-je y répondre tout de suite ou le faire mariner un peu ? « Pas tout de suite, dis moi juste comment il a dit jouer. » Et se penchant sur moi, l’ancien eldéen me prononça les deux syllabes, jiv-vin. Je souris à la masse presque détruite qui gisait devant moi, car c’était bien ça que je venais faire, jouer. Je me levai et tournai légèrement autour de lui avant de pointer dans la direction de son flanc une longue pointe de métal, là, le point sensible désigné par Krish, il était là. Je pouvais m’être trompée, je ne savais pas trop ce que je faisais, mais j’espérais tirer une bonne réaction du monstre, et normalement il ne serait pas abîmé. Seulement, avant même de connaître sa réaction, je savais que je n’en tirerais aucun plaisir. C’était sûrement la première personne que j’essayais de torturer, après les travaux pratiques, et je n’en tirerais aucun plaisir… Enfin, on verrait bien, mais je n’avais que peu d’espoirs, et comme pour illustrer mon hésitation je murmurai un mot d’un ton interrogateur.

« Jivvin ? »
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeLun 29 Juil 2019 - 22:18


La tête tirée comme un gisant indigne. Observé comme une bête curieuse. Sous le regard intrigué, la moindre tremblante. Le mot, interrogateur, file, alors que le poids se fait sentir, à nouveau. La roche sous son torse, les chaînes sur son corps, les braises qui se meurent... A jamais. Rougeoient. Meurent. S'éveillent. Pour mieux être soufflées. Le grand drow gronde encore, avant que le rythme ne se fasse plus heurté, hoquetant, railleur. L'éphémère contourne, évite, questionne, observe, hésite... Le temps qui file, pèse, creuse, plus... Tantôt, le géant semble mourant, tantôt il frémit, agité d'une énergie obscure.

A présent, la gorge vibre. La salive goûte, alors qu'il a un rictus, tête baissé, fermant les yeux... Car le rire s'impose, le secoue, tire sur les chaînes, triste comme moqueur, brisé comme railleur. Comment savoir... ? De nouveau, un murmure grave, rocailleux, rude, se fait entendre.

"...jaaaEed..." crache-t-il.
...Ignorante...

Le lourd corps s'agite et se tend. Un sifflement accueille le geste, la plaie suppure, le flanc blessé frémit... Le son sec et malsain n'en demeure pas moins, alors que se perd l'écarlate, fiévreux, entre les paupières mi-closes. Ce qu'ils ont mis sous lui, le supporte, le pique et le tiraille, à chaque inspiration, une pression, une insistance. L'esprit qui se focalise, les lèvres qui forment hideusement des mots, le souffle qui ne le porte pas. Finalement, pourtant... Alors qu'il retombe, se détend. Le rire se fait plus court, presque aigu, précipité.

"...uss...Tan....zhauuun..."
...Jeee... Saiiis...

Informes, il semble que les mots s'étranglent comme il hoquète de rire. Le rictus, lui, s'étend davantage. Pourquoi articuler ? Ce qu'il a a dire rampe hors de sa gorge comme autant de promesse. Autant d'égarements. Autant de folies.

Quand la tête se relève, c'est de son fait, le regard de sang remonte sur la silhouette de la fille. La figure est celle d'un halluciné. A l'ombre, se devine le blanc de ses dents.

"...usstan...J...ous...?" Dit le géant, avec un tranquille - et soudain - intérêt. Amusé.
...Je... M...ontre...?


Dernière édition par Naukhel le Mar 31 Aoû 2021 - 21:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeMar 30 Juil 2019 - 16:11

J’arrivais fascinée à aller au-delà de sa forme, de son apparence, juste pour l’observer. Je n’avais pas peur, autant parce qu’il était complètement coincé que parce que la peur ne faisait pas énormément de sens quand on était en face de quelque chose de si fascinant. D’autant plus que j’avais eu tout le loisir de trembler quand il n’y avait pas de lumière, et que les sons avaient été beaucoup plus terrifiants à ces moments là, que maintenant, tous les sons produits étaient particulièrement bien localisés. La pointe de métal toujours dans la main je revins devant lui, non, je ne voulais pas nécessairement m’en servir sur lui. La torture était plus agréable à subir qu’à donner. « Il veut te montrer… t’apprendre quelque chose que tu ignores. » La main d’Ulk était revenue, et ses mots semblaient être une version bien différente de ce que j’avais entendu, je levai un sourcil interrogateur dans sa direction et il me confirma d’un hochement de tête. « Dis lui oui… » Ce fut au tour de l’ancien eldéen de lever un sourcil. « A la condition qu’il me dise ce qu’il veut me montrer. » Il hocha la tête et obtempéra.

Encore une fois les mots hideux, et encore une fois je me reposais sur cette confiance. « Elle veut savoir ce que tu veux lui montrer, mais tu l’intéresses. » Je ne saurais peut-être jamais qu’il n’avait pas retranscrit mes mots de façon honnête, qu’il utilisait sa position de force pour me protéger, mais de son point de vue il ne devait pas y avoir de mal à ne pas me voir risquer revenir sur ma parole. En tout cas, une fois qu’il eut fini, je servis mon sourire le plus curieux alors que mes yeux brillaient déjà. Les rares fois où j’avais dû côtoyer des eldéens ça avait été particulièrement enrichissant, et lui avait en plus la magie, même s’il s’en était servi pour essayer de me détruire. Il y avait juste le bon équilibre de danger, de risque, et de potentielle récompense. Si je voulais le garder, il faudrait que j’accepte aussi ce qu’il me proposait, ou ça n’avait aucun sens et je ferais mieux de m’en débarrasser maintenant. Alors que mon imagination débordait sur tout ce que ses mots pouvaient signifier, alors que mon attention était toute à lui, alors que mon regard était porté sur ses lèvres pas très agréables à regarder, je commençai à mordiller ma lèvre inférieure dans l’attente.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeVen 2 Aoû 2019 - 10:26


Le géant n'attend pas la question pour s'agiter. Le temps qui s'écoule, s'enfuit et le tiraille. Des mots, encore des mots... Du bruit du vent, de la pluie, des cendres... L'éphémère qui hésite et se penche, questionne sans comprendre... Le rictus a disparu, le regard se détourne, comme oubliant qui questionne, fouillant les ténèbres au delà de ce qui luit, se tendant dans une direction autre...

D'une brusque torsion, le corps se contracte et lutte à nouveau, dans un fracas de métal, lourd. Tant de chaînes, de poids, qui entravent et gênent. Un grondement monte alors que la plaie suinte, est écrasée. La tension. Il ne peut guère bouger, pas plus qu'un vermisseau pris dans une toile. La masse se contracte, le torse s'emplit de l'air fade et froid du sous-sol... Gratte la pierre qui le supporte, gratte la chair, gratte la plaie, grincent les crocs...

"...jivviiin ka...il ssINssrin..." chuinte la voix grave et rauque.
...Jjjouer si...elle veut...

Un grondement-rire, sombre et pesant. Court. Le mastodonte gris s'agite, brusque, impatient... Soudain se contorsionne plus fort, s'arque, tombe et tire, aussi vain cela soit-il. De joueur, il se fait furieux; d'amorphe, il se fait agité. Le temps, temps qui s'écoule et s'enfuit, creuse encore le creux...

"...duUl'sso uns'aA..." gronde-t-il entre ses crocs.
...Libère-moi...
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeSam 3 Aoû 2019 - 17:29


Il sifflait, il grondait, et ces sons horribles donnaient des mots que je ne pouvais comprendre, mais des mots que je voulais entendre. Comme plus tôt je levai un sourcil en direction de l’argenté qui semblait hésiter à tout traduire. « Qu’est ce qu’il vient de dire ? » Il continua d’hésiter mais ouvrit finalement la bouche pour laisser entendre qu’il n’approuvait de rien de ce qu’il se passait. « Il… achève-le, arrêtons ces idioties, je ne sais même pas pourquoi tu l’as ramené ici… » En réponse ma voix siffla à son tour, alors qu’il n’avait pas réussi à dévier mon intérêt pour les mots du prisonnier. « Tu m’as mal entendue ? Je me fous de ce que tu penses de sa présence ici. » Il osait me regarder de ce regard dur, comme s’il se prenait pour mon père. « Ne te mets pas en danger pour rien, il a déjà failli prendre ta vie, pense à S… » Je l’interrompis d’un geste, avant de répéter d’une voix froide. « Qu’est ce qu’il a dit ? » Ulk céda enfin, s’inclinant légèrement alors qu’il traduisait enfin les mots du monstre. « Il veut que tu le libères, il veut jouer avec toi. »

Je restai un instant à le regarder, bouche-bée, comme si je n’y croyais pas, mais son avertissement confirmait qu’il ne voulait pas que j’entende ça et que c’était la vraie traduction. Je réussis à cesser de le regarder et mes yeux se posèrent enfin sur le monstre en question avant de se figer à nouveau. Là, comme ça, il me demandait de le libérer, pour jouer. J’avais envie de dire oui, là, tout de suite, je voulais m’offrir ça, mais il y avait bien des questions qui restaient en suspens. Je n’avais aucune confiance et je ne le pensais pas stable, un regard sur l’aiguille me confirmait qu’il y avait encore d’autres raisons de le lui interdire, et je n’avais pas l’aval de l’argenté. Mais à part l’aiguille ces raisons étaient aussi des raisons qui rendaient tout plus excitant. La décision fut rapidement prise et les détails arrangés en un instant. « Je veux une ligne de lances devant lui, puis quelqu’un pour le détacher, puis quelqu’un pour lui ramener de quoi se laver, puis quelqu’un pour lui amener un nouveau pantalon à sa taille, puis quelqu’un pour me prévenir qu’il est prêt. »

Quelques hommes entrèrent et des lances commencèrent à passer de mains en mains alors que d’autres étaient partis donner mes ordres. Moi, j’étais prête à quitter la pièce mais Ulk trouva judicieux de me suivre. D’un geste j’attirai son attention avant de lui donner ses ordres à lui. « S’il danse un seul instant tu peux donner l’ordre de l’exécuter sur le champ. Mais uniquement s’il danse… et dis le lui tout de suite. » L’argenté obtempéra avec d’hideux mots et d’un coup d’œil je fis confirmer par un autre drow que c’était bien ce qu’il avait dit. Le visage plus tranquille j’ajoutai quelques mots de plus à l’intention du monstre, pour lui faire comprendre qu’il m’avait convaincue. C’est mon mage de vie qui me fit une deuxième traduction. « Elle accepte, mais pas tout de suite… Si tu fais ce qu’on te demande, te tiens tranquille et ne fais pas de scène elle accepte de jouer avec toi aujourd’hui. Et elle a rajouté s’il-te-plaît. » Comme pour appuyer ces derniers mots je souris d’un vrai sourire à celui qui avait tenté une fois de me tuer déjà, pleine d’espoir.

Sur le chemin du retour jusqu’à mes quartiers je croisai des serviteurs avec des bacs d’eau ainsi qu’une couturière. Je n’avais aucune idée de si tout ça fonctionnerait, de s’il serait capable de réfréner sa sauvagerie assez longtemps pour arriver jusqu’à moi, jusqu’au jeu, mais j’en avais bien envie, par curiosité, surtout.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeSam 3 Aoû 2019 - 20:15


L'oeil rouge qui observa. Les crocs qui apparurent dans un rictus. Le géant frémissait entre ses chaînes, lorgnant le moindre geste avec avidité. Aux mots, il gronda d'amusement. Aux lances, il sourit, leurs pointes et la lueur fragile se reflétant dans ses mires. Bientôt, des mains se posèrent, fébriles, sur ce qui l'entravaient... Il laissa faire. Observant, les yeux grands ouverts. Un corps, prêt à rugir, frapper, se battre... Qui demeura passif. L'éphémère était parti, bien des yeux le fixaient dans la faible lumière. Aux frontières de l'ombre... Avec un claquement plaintif, pataud et sonore, les chaines finirent au sol. Ses membres furent libérés. Le souffle comme suspendu, il ne réagit pas alors que le vermisseau reculait précipitamment, se cachant derrière les armes.

Alors, le sombre respira. Amplement, puissamment. D'un coup du buste, il fit tomber ce qui trainait encore sur lui. Ses paumes se posèrent à plat, libres, sur la pierre. La mâchoire crispée, il se releva, raide, sa respiration dérapant alors que la peau tirait sur la plaie. Bientôt, il fit jouer ses poignets meurtris, rouler ses vastes épaules, sa nuque... Sans jamais quitter du regard ceux qui veillaient. Le rictus s'était dissipé, la gueule se verrouillant, les yeux fixant avec une intensité dérangeante. Libre. Un vêtement lui fut jeté, qu'il ignora tout à fait, arpentant seulement l'espace à sa disposition. Il en alla de même pour un bac d'eau. Pas de danse, pas de grondement. Seulement un visage gris et usé, au regard agressif, dont les pas lourds claquaient dans l'air froid.

La gueule se tourna vers la porte que l'on ouvrait à nouveau. Il huma l'air, ses lippes se relevant légèrement sur sa dentition singulière... Jusqu'à ce qu'il fasse volt-face quand l'ouverture fut refermée, sa marche trouvant chez les autres. Ses pieds foulaient le métal sans qu'il ne s'y attarde, sa tête allait de droite et de gauche en un vas-et-vient vif, chaque respiration mettant en exergue le réseau de cicatrices sur sa peau. Griffes, lames, crocs, superposées, croisées... Trop nombreuses pour être comptées, quant bien même son dos et sa nuque n'étaient plus qu'une étendue irrégulière et crasseuse de tissu cicatriciel.

Brusquement, il porta son attention au delà des lances, vrillant ses mires sur l'éphémère femelle. La figure du drow s'anima d'une volonté mauvaise, grondante et joueuse. Sa marche le ramena près de la lumière, du 'mur' armé qui s'interposait.

"...vel'bolen...nibele..." susurra sa voix de sifflements rudes, raclant sa gorge sèche.
...quel...jeu...

Il n'était qu'une montagne maigre de muscles, au regard de sang, défiant toute patience de ses aller et venus nerveux. Les armes pointaient, séparaient, menaçaient... Soudainement, un pas résonna. S'arc-boutant, il jeta l'un de ses battoirs sur une hampe et tira brutalement, dans un même mouvement, l'arme vers lui. La pointe érafla son flanc, et le lancier fut jeté à terre avec fracas. Les lances s'agitèrent aussitôt.

Le drow avait fait un pas en arrière.

Il riait.

"...vel'bolen.... ste'KOL !" s'exclama-t-il.
...quel... jouet !

La tête basse, les épaules relevées, il se faisait massif, se repliant sur lui-même... La lance gisait à terre, le geignard faisait mine de se relever... Et de ses mires sanglantes, le sombre fixait la fille, les bras écartés. Attendant.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeLun 5 Aoû 2019 - 15:36


Il n’avait obéi à rien, c’est ce qu’on m’avait rapporté en tout cas, et j’aurais dû m’en tenir là, le faire exécuter, et l’oublier, comme on oublie certaines expériences, bonnes comme mauvaises, simplement parce qu’elles ne sont pas intéressantes. C’était le conseil de l’argenté en tout cas, celui qu’il m’avait fait passer par cette servante, car si on ne pouvait pas obtenir de lui qu’il suive des ordres simples, il restait un trop gros danger. Moi, j’avais d’autres idées en tête, alors que j’avais cessé de jongler avec la pierre de Phish Oura et l’avait lancée sur un lit. La pierre aurait pu servir comme avertissement, alors que je n’avais rien du Phish Oura qui avait dû être un sacré adversaire si l’eldéen avait décidé de s’en faire un focalisateur, mais les avertissements et moi-même n’allions que rarement bien ensemble. Non, j’allais jouer, et finalement, sa désobéissance n’était pas quelque chose de négatif. Et puis, quel intérêt de le garder si à sa première résistance je le jetais, comme ça.

La ligne de lance avait tenu, en tout cas, et je me postai derrière avec Ulk qui n’avait pas donné d’ordre contraire aux miens. Le monstre, même face à une rangée de lances, était libre de mon fait, et j’allais lui offrir un pouvoir plus grand encore, plus grand que personne de ce palais n’en avait jamais connu… à l’exception de celle qui n’était protégée que par une rangée de lances, et qui était prête à le lui offrir. Je n’eus le temps de rien dire que le monstre s’agitait, retirant une lance au mur, mais ne se jetant pas le désarmé, s’amusant. Je lançai un regard à la ronde, me rendant compte que j’étais la seule à être intéressée par le geste, la seule à ne pas plus avoir peur de lui. Du moins en apparence, alors que ma peau commençait à doucement luire. Il fallut un regard vers Ulk et un hochement de tête pour qu’il comprenne que ce n’était pas le moment. Lui écarquilla les yeux, il savait, maintenant, pourquoi j’étais revenue, et me répéta à contre-cœur les mots prononcés par le daedhel ainsi que leur traduction.

Je m’avançai soudainement au milieu des lances, regardant le géant dans les yeux. Il était grand, mais j’avais vécu plus grand, et lui était moins imprévisible, et je n’aurais pas à laisser la magie m’inonder pour faire le prochain pas. Avant de faire le prochain pas, je fis un geste, signifiant aux lanciers de reculer un peu, de ne plus bloquer l’ouverture sur le flanc de la pièce. Car si le chaos retrouvait son emprise sur le monde, le danger serait plus grand encore si j’étais enfermée avec l’animal. Quand ils eurent obtempéré j’articulai d’abord un unique mot en fermant les yeux et pointant un index sur ma poitrine. « Ste’kol. » Je fis alors mon prochain pas, m’éloignant encore plus des lances pour me plonger dans la gueule du loup, avant d’ouvrir les yeux et finalement sourire du sourire de la folie. « Vel’bolen nibele ? » La question lui avait été retournée, et comme lui j’allais ouvrir les bras, alors que je lui offrais du pouvoir, le plus grand pouvoir qu’il aurait jamais dans ce palais.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeMar 6 Aoû 2019 - 23:50


Les mires qui se plissent. Les lippes qui se retroussent. Les mains qui se crispent. A grand pas lents, le géant s'avance. L'éphémère s'est avancée au delà des lances. Lui vient à sa rencontre. Aux mots prononcés, la grande carcasse frémit. Il y a comme un trouble dans les billes de sang... Qui ne dure pas. Du moins, aucun que la femelle puisse interpréter. Pas alors que le chaos y reprend sa place, alors qu'un battoir s'est refermé sur sa gorge. Grande main grise, rude, calleuse, sèche, abimée, dont la paume couvre la moitié de la gorge pâle, les doigts le reste, tandis que le pouce oppresse la gorge. Le dessous de la mâchoire. Le bras se contracte, de même que le dos, tandis que sans un mot, le sombre soulève le corps qu'il tient durement.

"...golhyrrrr..." gronde bas la voix rauque, aride.
...piège...

Le rire a disparu, de même que la joie. Il n'y a que tension, jugement, dans le masque qu'est le faciès aride. Lentement, le regard de sang va de l'éphémère aux lances, de la lance à l'éphémère. Progressivement, il monte plus haut. Serre plus fort. Le pouce appuie... L'ongle cassé pique la peau. D'une main, il ne peut broyer. D'une main, il ne peut que malmener. Profonde, la respiration. Lourd, le regard. Pesante, la tension.

"...usstan...xta'rl..." Les lippes abimées s'ourlent d'une vile façon.
...je...touche...

Sans hâte ni déraison... Lenteur précautionneuse. Contrôlée. La main se resserre encore, le gros doigt appuie... Soudain, appuie, jusqu'à ce que du rouge perle. Le regard reste fixe, concentré... Dans ses tréfonds, un bouillonnement sanguin, alors que sa stature est de pierre. Tendue et immobile.

"...nind...elgg...xta'rl..."
...ils...tuent...

Un frémissement nait dans la musculature... Et il lâche. Aussi brusquement qu'il a saisi, le bras retourne contre le flanc. Sans bouger d'un pas. Sans essuyer le peu de sang sur son doigt. Sans un mot, le sombre fixe seulement l'éphémère, avec une intensité dérangeante. Entre les lèvres, se devinent les crocs.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeMer 7 Aoû 2019 - 10:30


Il n’y avait que l’argenté pour connaître cette Aerianna là, les autres, ceux qui tenaient les lances, ils n’avaient qu’entendu de moi les cris d’extase quelques jours plus tôt, et si j’avais pu me tourner vers eux j’aurais pu voir des visages figés entre incompréhension, effroi, et dégoût. Il n’y en avait qu’un qui soit amusé et peut-être même impressionné, et si Ulk s’en était rendu compte, il exigeait d’eux tous, sans exception, qu’ils restent attentifs et concentrés, et que quand il le signalerait ils viennent à ma rescousse en abattant le monstre. Avec la gigantesque main refermée sur ma gorge il n’avait pas vraiment d’autre choix que m’obéir, pour l’instant, mais quand elle me libèrerait… Il se maudissait d’avoir été si faible, il se maudissait de ne pas avoir empêché mes envies malsaines de s’exprimer de cette façon, mais là, il était coincé, et à chaque fois qu’un mot était lancé par le colosse, il le traduisait dans un murmure qui parvenait tout juste à mes oreilles.

Mais tout ça, je n’en avais pas conscience, pas depuis que la main m’avait soulevée comme on soulève une poupée de chiffon, pas depuis que sa main avait commencé à m’écraser la trachée, pas depuis que j’avais mal. Mais comme toujours, la douleur venait s’interposer entre la peur et moi-même, comme une alliée fidèle que j’invoquais. Une alliée qui m’empêchait de trembler, une alliée qui m’empêchait de défaillir, une alliée qui m’empêchait de montrer autre chose qu’un grand sourire à ce tortionnaire que j’avais choisi. Il serrait encore, et l’alliée allait m’aider à ne pas ramener mes mains sur son bras, à ne pas résister, de peur d’envoyer le mauvais message à ceux qui attendaient derrière. Non, mes bras allaient rester écartés, et ils comprendraient que j’étais sérieuse depuis le début, et sûrement folle. Ils ne pouvaient pas comprendre, de toute façon, et ils ne pourraient sûrement jamais comprendre. Puis le sang se mit à couler légèrement alors que le temps semblait se figer…

…avant de se mettre à couler à nouveau. Mes genoux heurtèrent le marbre froid dans un fracas alors que la tension m’avait fait me crisper et légèrement replier mes jambes sans même que je ne m’en sois rendue compte. En plus du fracas l’on entendit un gémissement, celui qui avait attendu si longtemps que ma gorge soit libérée pour s’exprimer, celui qui déclarait que l’expérience était plus agréable qu’elle n’en avait eu l’air. Il m’avait lâchée et je m’étais étalée devant lui alors que mes paumes avaient tant bien que mal absorbé une partie de la chute et protégé mon visage. « Non. » Il n’avait fallu qu’une paire de secondes à peine pour que j’entende un seul pas derrière moi, et une autre pour que je souffle l’ordre entendu et compris par ce que j’imaginais être un petit miracle. Il ne fallait pas qu’ils troublent le moment, il ne fallait pas qu’ils interviennent, et c’était non négociable.

Dans la position d’une esclave, à quatre pattes et les yeux rivés sur le sol sur lequel cascadaient ma chevelure désordonnée, je décidai de peu à peu relever les yeux, détaillant tout ce que je pouvais voir de ce corps monstrueux, poussant sur mes paumes pour redresser le buste, avant de me retrouver uniquement sur les genoux et de jeter ma tête en arrière, dégageant mes yeux de cette masse sombre qui les avait voilé. Mes yeux se rivèrent enfin dans les siens. Un instant plus tard et Ulk était penché, il murmurait, il me disait que j’en avais vu assez, il me disait d’arrêter, mais ce regard… Non, je ne pouvais pas. J’essayais encore de prendre de grandes inspirations mais je n’avais pas le temps et je forçai une réponse. « Dis moi… ce qu’il a… dit… » Il obtempéra. « Qu’est… ce que… ça veut dire ? » Pas de réponse. « Dis lui… pareil… que vous ne tuez que… s’il me tue… que vous attendez… sinon… »

« Dos elgg, udos elgg. Dos xta'rl, il ssinssrigin, udos kyorl. »
Tu tues, nous tuons. Tu touches, elle aime, nous attendons.

L’argenté s’écarta ensuite, retrouvant le couvert des lances. De mon côté j’essayai de me relever mais un genou qui irradiait de douleur refusa de pleinement me supporter et je ne forçai pas. Pas pour éviter la douleur, pour éviter de risquer ne plus faire face au monstre, ne plus voir ses yeux, ne plus sembler aussi gracieuse, même dans un tel moment.
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Naukhel
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 11:57


Face à leurs gestes, le géant scarifié n'a pas frémi. Indifférent à l'hostilité des lances, il ne fixe que l'éphémère. A quatre pattes, puis à genoux. Qui lui rend son regard, aussi obscur que celui du drow est noyé dans le sang. Le grand corps se tend sans bouger, les poings se contractent, le faciès se crispe... Si tendu qu'il semble un temps devenir pierre, verre, capable de voler en éclat... Avant que sa silhouette ne se casse, se courbant. Les muscles roulent, la chair blessée est tirée... Frémissement. Regard fixe. Crocs dardant sous lèvres. A la hauteur de l'agenouillée, le faciès gris parvient à se tordre encore. Hargneusement.

"... dosst... ssrigg'tul... Les mots suintent et s'arrachent à la gueule crispée. ... qua'laen... ussta... duul'ssom... siyo ?..."
...ton...plaisir...contre...ma...liberté... oui ?...

L'autre sombre parla... Et l'éphémère acquiesça.

Frémissement. Regard sombrant, vacillant, cherchant. Rictus incertain. De légers spasmes au niveau des mains. Les épaules s'agitent. Le yeux de sang voient sans voir, détaillent, interrogent... Mais, finalement, font de nouveau face au mires noires, fiévreuses. Les pognes qui frémissent, s'ouvrent lentement, alors qu'un grondement bas se fait entendre.

Sans prévenir, une grande main agrippe la cascade noire et tire, tordant la tête, exposant la gorge... Où se plantèrent des dents.

Non.

L'attaque se fait morsure légère. Brutalement, alors qu'il a avancé une jambe, se penchant en avant, la femelle se retrouve presque sous lui, plaquée contre un torse trop vaste, sale et parcouru de cicatrices, qui s'emplit d'une brusque inspiration. Les crocs descendent en un tracé appuyé et douloureux, l'autre battoir se referme sur son poignée, le maintient bas et serre. Comme s'il allait le broyer. Faisant crier ses os. L'odeur âcre de vieille charogne. Celle, riche et neuve, de la femelle. Tendue entre l'étau maintenant sa tête, et la poigne qui lui tire le bras, l'éphémère se retrouve petit à petit écrasée par le corps qui se penche vers elle. Qui souffle puissamment, presse la chair à la limite du sang, puis mord à travers le tissu...

Une inspiration. Puis deux. Souffle de forge.

Tout aussi soudainement, le contact est rompu. Relâchant main comme cheveux, le géant se recule, un rictus carnassier sur la figure, le regard étréci, et frappe, paume ouverte, l'éphémère. Claquement sonore, tête qui part... Pas de quoi tuer, seulement faire mal, jetant le corps à terre. A seulement un pas de distance, le drow transperce la femelle du regard, les lèvres retroussées, respirant trop vite, ses pognes plaquées sur ses genoux, s'agitant comme des bestioles nerveuses. Se forçant. Attendant, trop grand, tremblant.


Dernière édition par Naukhel le Mar 31 Aoû 2021 - 21:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 20:54


Que puis-je faire d’autre qu’acquiescer ? Que puis-je faire d’autre qu’accepter de le laisser monnayer son service ? Il serait toujours temps de revenir sur cette décision ensuite, si j’en avais l’occasion, mais là, dans l’instant, rien d’autre n’importait que le plaisir que j’éprouverais, rien d’autre n’importait que ce qu’il avait commencé, et ce que je lui demandais de continuer. Cette fois c’était en empoignant ma chevelure qu’il m’avait soulevée, qu’il m’avait portée jusqu’à lui, jusqu’à ses dents. Et alors que la douleur n’avait pas encore toute son emprise sur moi, j’eus un doute. Et si c’était déjà fini ? Et s’il n’avait pas l’intention de respecter quoi que ce soit ? Et si, là, il m’ôtait la vie, sans que le plaisir de la douleur ne puisse m’envahir. Mais c’était bien trop tard pour y penser, et je n’allais pas me débattre.

Mais les crocs que je ne pouvais discerner alors que mes yeux restaient rivés sur le plafond ne se plantèrent pas, ils mordirent simplement, alors que la gueule devait goûter à mon sang, celui que le monstre avait déjà fait couler plus tôt. La peur elle s’était estompée, et je ris doucement, clairement, en réalisant qu’il allait faire exactement ce que je lui avais demandé. Il s’avança légèrement dans un mouvement qui allait plaquer mon corps contre le gigantesque sien, et mes yeux se posèrent un instant sur le groupe d’hommes qui veillait. La douleur s’intensifiait encore et toujours par le grand nombre de ses attentions alors que les crocs descendaient le long de ma peau et que mes os craquaient dans le poignet. Il y eut des gémissements que je ne pus contrôler alors qu’ils découvraient leur Princesse, qu’ils découvraient ce à quoi elle résistait, qu’ils devinaient ce à quoi elle avait résisté quand son corps s’était trouvé embrasé quelques jours plus tôt. Ils comprenaient d’où venaient les cicatrices, et ils voyaient d’où viendraient les prochaines.

Ce n’était pas le dégoût ni le respect que je cherchais, ils n’étaient que ceux qui veilleraient à ce que je ne meurs pas, de vulgaires outils. Non, le dégoût et le respect, accompagnés de florilèges d’autres émotions, ils n’étaient que des effets secondaires.

Un nouveau long gémissement surgit, lancé par la morsure, prolongé par cette sensation d’être écrasée. Une chose était claire, la magie ne serait pas nécessaire, la magie ne ferait que tout gâcher, elle me ferait confondre ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas, elle me ferait oublier l’extase de se sentir autant malmenée. Elle me ferait oublier que si je peux, seule, provoquer toutes ces sensations, il n’y a pas de doute, il n’y a pas de surprise, il n’y a pas de violence. Elle me ferait oublier qu’on me refusait cette violence. Elle me ferait oublier que je n’avais pas trouvé de moyen de la vivre en parallèle des émotions positives que deux ennéades plus tôt j’avais découvertes. La magie faisait oublier, la douleur faisait vivre, et là, je vivais. Je résistai à y faire appel quand le monstre m’avait lâchée, laissant la douleur sourde des blessures prendre la place de celle plus vive de l’instant.

Je relevai la tête quand il m’en laissa l’opportunité, ne me maintenant plus la tête en arrière, je relevai la tête et le vis. Il profitait, lui aussi, j’avais bien choisi en lui offrant le plaisir d’assouvir ses pulsions, et pour l’instant il en acceptait le prix. Un prix élevé, celui de devoir retenir ses coups.

Je pensai un instant qu’il l’avait oublié d’ailleurs, alors que sa paume prenait ma direction à toute vitesse, et encaisser le choc ne m’ôta pas de tous mes doutes alors que ma tête s’envole et que le corps suit à grande peine. J’allais rester sonnée de longue secondes alors que mon corps s’était effondré, mais éventuellement un gémissement plus bref et plus bruyant que le précédent allait se faire entendre. Les lances restaient immobiles, et je me relevai face à elles, respirant avec une force nécessaire pour recouvrer l’envie d’y retourner, comme si les lances m’étaient destinées, comme si les rôles s’étaient inversés, que le monstre était ma protection, les lances mes ennemies. J’allais ramper jusqu’à lui, me tirer jusqu’à lui en utilisant mes bras et en ne poussant presque pas sur les jambes, et une fois arrivée, l’avidité face à la douleur me forçait à me redresser sur mes genoux, la recherche du plaisir instantané me forçait à reprendre la position qui avait été mienne ce qui semblait être un instant plus tôt, quand il m’avait soulevée.

J’étais revenue… et avec ce regard plein d’attentes vers le colosse, j’en redemandais.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 22:49


L'entendre... Et la voir revenir. Le géant, accroupi, frémit. Le rictus s'efface, tremble, incertain. Un pas en arrière. Vain.

Les mires noires retrouvent celles de sang, et celles-ci plongent en un instant. Ignorent les lances, ignorent les présences, voient seulement l'être qui se traîne et s'assoit. Ayant encaissé. En redemandant. Les mains tremblantes se crispent sur les genoux, les dents crissent les unes contre les autres, le regard s'étrécit et les lèvres se crispent. Sans un mot, le géant détourne le regard... Mais la présence est là. Proche. De même que l'effluve. Le souvenir...

Un grondement vient, et avec lui, un rictus amer qui disparait, vite. Le sang cherche l'ombre la trouve et la percute dans un même mouvement.

Cette fois, ce ne sont pas les mains seules mais le corps entier qui se meut, se jette brutalement vers l'avent. L'agenouillée est plaquée au sol, un corps trop grand la recouvrant, lourdement, pesant et sourdant d'une vie furieuse. Un instant. Car le sombre se redresse sur ses bras. La faible lumière fait danser les ombres sur son visage marqué, mangé par un regard fixe et un rictus vile. Telle une bête dominant la frêle chose pâle, il la dévore des yeux... Avant de se risquer à la sentir.

Un étau de doigts brutaux se referme sur la gorge fine. Lâchant un grattement de gorge grave, la tête se penche et inspire le fumet du corps, de la chair sous le tissu. Les entrelacs de muscles jouent sous la peau scarifiée, frémissent et se contractent sous l'effort, son propre poids, sa propre envie... La note rude se fait plus grave encore alors que la main serre, serre, empêche la respiration... Pour mieux assaillir. Un battoir saisit durement une cuisse, y enfonce ses doigts, alors qu'un étaux se resserre sur les masses de chair se devinant sous le tissu blanc. Tantôt pointent les dents, tantôt non, alors que la mâchoire mord avec une retenue brutale tout ce qu'elle peut saisir.

Soudain, la poigne se desserre, laissant respirer à nouveau l'éphémère... Alors que le sombre lui broie la jambe d'une main, tout en pesant sur sa cage thoracique. Nulle douceur, nulle mesure... Rien qu'une retenue crispée, au grondement plaintif.
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MessageSujet: Re: De retour du feu [Urgoll'Ven]   De retour du feu [Urgoll'Ven] I_icon_minitimeVen 9 Aoû 2019 - 12:18


J’encaissai le choc dans un cri qui mêlait la surprise plutôt que la douleur à l’extase, me laissant écraser sous lui sans essayer un instant de résister, ne tendant de muscles que pour éviter avec succès que mon crâne ne s’éclate sur le marbre. Il n’allait pas m’écraser bien longtemps, ôtant du poids que je devais supporter avec ses bras, mais la pression restait près d’être ce que beaucoup auraient trouvé insupportablement douloureux. J’étais pleine d’attentes, toujours, lorsqu’il laissa ses yeux se promener sur moi, probablement alors qu’il réfléchissait au prochain geste, aux cibles qui l’intéressaient le plus, à ce qui lui apporterait autant de plaisir à lui qu’il ne m’en apporterait. Et peut-être qu’il l’avait trouvé, car il se remit en mouvement en saisissant à nouveau de sa gigantesque main ma gorge déjà malmenée et en respirant mon corps qui acceptait beaucoup trop facilement une douleur que la plupart de ses victimes avaient dû refuser, en respirant ce corps qui acceptait et qui l’exprimait à travers des gémissements de plaisir à moitié étouffés. Car il n’y avait au final que peu de différence entre la violence d’un monstre tel que celui-ci et la tendresse d’un amant.

La main serra encore, plus fort qu’elle n’avait encore serré cette gorge, et à la douleur venait s’ajouter la désagréable impossibilité de m’exprimer, la désagréable impossibilité de respirer. Seulement elle n’était qu’un prix à payer pour ajouter à l’incertitude, elle n’était qu’un prix à payer pour me permettre de me poser une nouvelle fois la question de si ma dernière inspiration était déjà passée. Le genre de question qui amplifiait tout ce qui pouvait l’être, qui ajoutait au plaisir, qui ajoutait à l’extase, qui me faisait fondre sous les différentes attentions du monstre, des attentions qui s’accompagnaient toujours de doutes, sur ses intentions à lui ou sur la résistance de ce corps qui n’avait jamais été habitué à autant de brutalité. Je m’attendais à perdre ce souffle que je retenais, je m’attendais à sentir cette cuisse éclater sous la pression de ses doigts, je m’attendais à voir ce menu sein se voir arracher par les crocs, et au lieu de me faire peur, ne pas contrôler ce vecteur de douleur était terriblement excitant.

Puis vint une nouvelle opportunité de prendre une petite gorgée d’air, les doigts se faisant moins pressants, son corps sur mon thorax laissé comme seul obstacle. La pression renouvelée sur ma cuisse m’arracha un gémissement qui allait libérer avec lui tous ceux retenus jusqu’ici pour n’en former qu’un encore plus intense que les précédents. Il libérait de la tension, il me permettait d’encaisser encore plus, avec comme effet le rôle de rassurer les lances, de rassurer l’argenté, de leur confirmer que la Princesse n’avait aucune raison d’être sauvée, pas encore. Et eux avaient besoin d’être rassurés, car ils avaient de moins en moins envie d’être confrontés à cette sauvagerie, et le doute qui faisait sa place dans leurs esprits – celui qui leur faisait se poser à chaque instant la question de s’ils avaient besoin d’intervenir – avait besoin d’être repoussé le plus possible. Et il l’avait été, alors que les lances ne s’agitèrent pas, qu’elles restèrent immobiles.

La jambe qui n’était pas maintenue au sol tenta de s’enrouler autour du géant, cherchant une prise en glissant contre sa peau rugueuse, le bras au poignet meurtri tenta de s’enrouler autour de son cou et de s’agripper à ce qu’il pouvait, se contentant de la chevelure sale s’il ne trouvait rien d’autre, et la tête se redressa légèrement pour souffler d’une voix brûlante et avec toute le désir du monde un mot à l’oreille du monstre, un mot dont le sens n’importerait peu à celui qui ne semblait pas parler sa langue. « Continue. »
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