Une soirée de détente avant le grand jour | Clémence et Andran

Lorsque Clémence sortit de derrière le paravent, elle était gênée. Gênée d'avoir dû se changer alors qu'une simple planche de bois la séparait du chevalier... Elle n'avait donc guère traîné à passer sa robe de cérémonie. Le reste des préparatifs étaient assez sommaires : une coiffure plutôt simple, un brin de toilette pour effacer toute trace des larmes qu'elle avait versé, et c'était terminé. Elle fuit bien vite le regard d'Andran pour se diriger vers le porte-manteau dont elle décrocha sa cape. Elle la passa et tous deux sortirent. La pluie avait certes faibli mais elle était toujours bel et bien présente. Tandis qu'ils marchaient, l'estrevine devait prendre garde à ne pas tâcher son vêtement aussi blanc que la neige. L'eau formait des flaques par endroit, soulevait la saleté, éclaboussait au moindre pas maladroit. Le trajet lui demanda un certaine gymnastique à laquelle elle se contraignit afin de tenter d'oublier le climat qui régnait entre elle et l'Inquisiteur. Un climat aussi froid que ce temps d'automne.

Finalement, ils parvinrent enfin à Sainte Deina où ils furent bien vite reçu par le prêtre qui avait achevé son enseignement et qui s'apprêtait à célébrer son entrée dans la religion pentienne. La cérémonie fut assez courte. De la même manière que pour les nouveaux-nés, on caressa son front et sa gorge avec la pointe d'une plume. Puis elle récita quelques paroles qu'elle avait appris par cœur et qu'elle révisait encore la veille au soir. Enfin, on lui demanda quel nom elle porterait désormais et elle répondit sans la moindre hésitation.

-Clémence Acciari.

Oui, cela ressemblait à Hadjaoui... Mais elle en avait besoin. En cet instant plus que jamais. Et puisqu'Andran lui avait assuré que son attachement à sa famille ne lui serait pas reproché, elle n'avait pas de raisons de s'en priver.

Quelques instants plus tard, la chose était faite. Mais forcé était de constater que la jeune métisse n'affichait qu'un sourire de façade et plutôt de manière malhabile. Après tout, elle n'avait jamais eu pour habitude de mentir. Elle ne le faisait ici que parce que c'était ce que l'on attendait d'elle. Mais son cœur était bien lourd tandis que son regard, s'il se tournait vers Andran, évitait soigneusement ses yeux.

Lorsqu'ils sortirent, la pluie tombait toujours... Ce voyage qui avait si bien commencé se terminait sous de bien mauvais hospices.