Premier Coup [Solo]

<<< Venus pour affaire

Julas, Ie ennéade de Karfias, An XVIII, Cycle XI
Palais Irohivrah, Les Soieries, Thaar

« Tu m'as demandé? » La Princesse Marchande ne releva même pas la tête alors qu’elle fixait doucement les flammes qui virevoltaient dans la grande cheminée de marbre, l’air complètement absorbé par le spectacle qui se présentait à elle. Cela faisait à peine quelques heures qu’elle avait reçu la visite du marchand Sybrond, et pourtant tout s’était embrayé rapidement. Très rapidement. Les puissants furent mis au courant pendant que Maralina analysait méticuleusement les prochaines étapes, et les possibles épreuves qui se dresseraient sur son chemin.  La politique était souvent plus dangereuse que la guerre. On ne pouvait tomber que d’une seule façon au combat tandis qu’en politique, les façons étaient innombrables et souvent bien plus catastrophiques. Ulric s’approcha doucement de la Princesse d’Uldal’Rhiz, en étant le plus silencieux possible. Il ne savait que trop bien ce qui se passait lorsque l’on dérangeait la Princesse Marchande. Ce fut au bout de quelques secondes que cette dernière soupira avant de se retourner vers ce dernier.


« On va finalement bouger. C’est commencé. »


Ulric avala difficilement sa salive, se doutant que trop bien de ce qu’elle parlait et ce qui se mettait en marche. La Princesse d’Uldal’Rhiz venait de bouger quelques grosses pièces dans l’échiquier et les conséquences pourraient être désastreuses si le plan n’était pas bien planifié. Maralina pointa un coffre du doigt, et l’elfe alla attraper ce dernier avant de la déposer sur une petite table. Inutile de préciser ce qui se trouvait à l’intérieur. Les cliquetis ne laissaient absolument rien au hasard.


« Il faudra user de la plus grande discrétion. Utilise des intermédiaires. Au moins deux et assures toi que personne ne peut remonter à nous. »


Le commandant de la milice hocha fermement la tête avant de sortir rapidement de la pièce. C’était le moment de lancer le premier coup.

***

Panahos, Ière ennéade de Karfias, An XVIII, Cycle XI
Taverne du fond de baril, Thaar

« Hey! Tavernier! Une autre mousse! Asoir je célèbre! » répondit le gringalet aux vêtements crades. Le tenancier soupira avant de lui verser son breuvage dans un nouveau gobelet. Il le déposa sur le bar avant de se faire interpeller par un nouveau client.


« Bah voyons Garin! Tu célèbres quoi? »


« Pas l’droit t’le dire, Aymon! Mais j’te dis! C’est le début de que’chose de bin grandiose! » répliqua le gringalet en souriant. C’était un solide coup qu’on venait de lui donner. Une tâche hors du commun! Un jour les gens le verraient comme un héros! Lui qui, jusqu’à tout récemment mendiait pour trouver un repas décent et travaillait sans relâche dans l’espoir d’avoir un meilleur lendemain. Net amélioration n’est-ce pas? Il renifla bruyamment avant de se passer la main sur le nez.


« Pffttt t’es pas du monde! » dit son ami en lui jetant un regard ennuyé.
Il finit sa chope d’un trait, l’air satisfait avant de se retourner vers le tavernier; « Bah?!? Est ou ma coupe? Elle arrive? »


Le tavernier se retourna vers le client crasseux, l’air réellement ennuyé, avant de pousser le breuvage vers ce dernier du dos de la main. Son expression ne laissait rien au hasard, s’il savait que son établissement était définitivement peu recommandable, cela ne l’empêchait pas de se remplir les poches avec les pauvres âmes qui venaient boire leurs tristessec ou leurs économies. Le dénommé Garin soupira avant de se lever pour attraper sa troisième pinte de la soirée. Un luxe! Lui, qui avait peine à amasser assez de souverains pour remplir son estomac à chaque jour. Il alla se rassir – pardon – se laisse tomber – presque – gracieusement sur sa chaise avant de porter une nouvelle fois la chope à ses lèvres, vidant son contenu presque d’un trait.


« Hey faut te calmer ti-père! Si tu continues de même tu vas finir la tête première dans bol! »


Garin déposa bruyamment sa coupe sur la table, ses lèvres encore recouvertes de mousse avant de sourire à son ami. Il aurait tant voulu lui expliquer la rencontre qu’ils avaient eue et tout l’argent qu’il s’était fait, mais l’homme n’avait qu’une parole et la promesse faite par son bon samaritain valait définitivement son silence, surtout pour le peu d’effort qu’il avait fait pour. Il se redressa soudainement sur sa chaise, allant même jusqu’à lever son doigt pour répondre, mais fut soudainement étourdi. Il se laissa tomber à nouveau tomber sur sa chaise.


« J’me sens pas bien tout à coup. »
« T’es juste une petite nature! T’as probablement rien mangé de la journée! T’es juste bourré. »


L’humain ferma rapidement les yeux, posant ses deux mains sur son visage en tentant de reprendre ses esprits. Ignorant, les blagues de son ami. Il pouvait sentir son cœur accélérer alors que sa respiration devenait de plus en plus difficile. Ses pensées devinrent floues, ses yeux se fermèrent, alors que son corps tomba brutalement sur le sol, pris de convulsion. C’est à ce moment-là que les gens comprirent ce qui se passaient. Si certains allèrent directement aider la victime, d’autres sortirent rapidement de la taverne, soit pour aller chercher de l’aide soit pour éviter une confrontation avec la garde de Thaar. Et dans toute la mêlé de gens qui quittaient la taverne, une grande silhouette encapuchonnée s’éloignait de la scène du crime, alors que la première étape venait de se jouer.