Venus pour affaire

Hiver, Julas de la première ennéade de Karfias,
18e année du XIe Cycle

Le dos de la main du marchand Sybrond frotta contre ses narines avec peu d’élégance, arrachant au long nez assez de poisse pour lui faire le poignet brillant. Une grimace de dégoût bien vite oubliée à la faveur du devoir, et secouant le bras comme si c’était là une solution miracle, il dut se résoudre à partager ses humeurs avec les cordages.

- C’est que le froid te réussis pas !

- Depuis quand c’est qu’il neige ici de toute façon ? le cou rentré entre les épaules, l’homme peste Tyra a quelque chose contre nous, c’est moi qui te l’dis.

- Faut croire que les prêtresses avaient raison. On a fini par faire sortir la Damedieu de ses gonds, alors elle nous a envoyé la sœur aux trousses !

- Raconte pas d’âneries ! le marchand tire sur le col de sa tunique pour l’arranger sous son manteau Depuis le temps qu’on fait ça, si elle en avait quelque chose à carrer de nous la Dame Blanche, ça fait longtemps qu’elle nous l’aurait fait savoir ! Les Déesseries c’est un truc de Nobles et de Bourgeois.

- Parce qu’on est pas assez Bourgeois à ton goût ?

- Pas quand on est à Thaar mon vieux ! Pas à Thaar !

Des rires gras furent échangés, et bien qu’avec un peu plus de difficultés qu’à l’accoutumée, le bateau termina finalement d’être amarré. Il n’en fallut pas plus au marchand pour faire démonstration de son pied marin, et sauter par-dessus le bastingage pour s’en aller en direction de l’intérieur de la Cité des Vices.

- Les affaires n’attendent pas ! la voix chante presque, en direction d’un marin resté sur le navire Profite bien des vins et des filles avec les gars pendant que je fais tout le boulot !

- T’inquiètes pas pour ça ! On connaît les bons endroits !


Pour autant qu’il ait paru jovial, jamais une fois l’homme n’avait été tranquille en s’engouffrant dans cette Cité de malheur, et encore moins lorsqu’il s’agissait d’affaires. Qualifier les gens d’ici de requins n’aurait pas été leur faire justice. Les Vaanis… les Thaaris surtout, c’étaient de véritables Norkan. Et de gros ! Au propre comme au figuré d’ailleurs. Mais les Thaaris restaient des gens avec qui l’on faisait de bonnes affaires. Ou du moins, les seuls avec qui l’on pouvait faire ce genre d’affaires.

D’endroit comme le marché aux esclaves, en Péninsule, il n’y en avait pas. Là-bas, ce genre de pratiques, il valait mieux les déguiser sous un autre nom. Des serfs, un service militaire, des miliciens, des impôts. Bref, c’est qu’il y en avait des mots pour parler d’esclavage sans avoir une seule fois à ne serait-ce que penser au mot.

- Vous n’avez pas mieux que ça ? l’Oliyan roulé avec l’accent Suderon paraîtrait presque un autre dialecte C’est que quitte à avoir des bras en plus, ce serait pas de trop qu’ils soient aussi agréables à regarder travailler.

- Et vous cherchez exactement ?

- Ce qu’il y a de mieux.

Un sourire carnassier du Sybrond et une main à sa poche laissent entendre tout ce qu’il faut, et ainsi commencèrent de longs aller-retour entre lui, et chacun des marchands d’esclaves de la place, l’un après l’autre, sans jamais qu’il ne se satisfasse de ce qu’ils pouvaient proposer. Il cherchait mieux. Il cherchait le luxe avec un grand « L ». Il cherchait à mettre la main sur ce que seuls les puissants peuvent s’offrir. Il était Bourgeois après tout.

Et ça, il ne pourrait le trouver nulle part d’autre que chez eux.
La garde du Palais fut grassement payée, non pas parce qu’il espérait la corrompre, mais parce que c’est ainsi seulement qu’un homme pouvait prouver à ceux qui protègent une Princesse qu’aussi infime fut sa fortune face à la sienne, elle était suffisante à faire de lui un potentiel partenaire.

« Pardonnez-moi Votre Altesse, il y a un marchand qui veut vous voir… »


Ce fut deux prunelles azurées d’une dureté sans égale qui se levèrent vers le serviteur qui venait d’entrer dans la pièce. Un regard froid, sans émotion avant qu’un soupir ne vînt traverser les lèvres roses de la Princesse.  Encore un… pensa-t-elle. Maralina se redressa avant de se caler un peu plus dans sa chaise ornée d’étoffe luxueuse. Elle n’eut pas besoin de dire quoique se soit que l’homme continua d’une voix tremblotante.


« Il a payé un membre de votre milice pour vous voir »


Elle ne leva même pas un sourcil, pas une seule réaction a un tel point que le serviteur se demanda si elle était confuse ou simplement ennuyée.  Ce n’était pas la première fois que l’on tentait d’utiliser ce stratagème, et la plupart du temps c’était une perte de temps, les pauvres âmes qui tentèrent de marchander finissaient dans le fond d’un cachot, ou tout simplement dans une position des plus inconfortables. La princesse avait en effet une réputation pour punir les gens de la façon la plus horrible qui soit pour la personne qui lui faisait face, après tout, les vrais monstres étaient souvent humains… Finalement, elle baissa finalement les yeux avant de continuer d’écrire sur le vélin pendant quelques secondes pendant que l’homme devant elle tordait de plus en plus l’ourlet de sa tunique. Le visage de plus en plus inquiet, il tenta d’avancer d’un pas, ouvrant la bouche avant de se faire interrompre par Maralina qui n’avait toujours pas lever la tête de son parchemin.  « Fait le attendre dans le hall d’entrée.   Dis-lui qu’il a deux minutes pour attirer mon attention sinon il regrettera de m’avoir dérangé. » Le serviteur fit rapidement une révérence en avalant difficilement. Sans demander son reste il sortit de la pièce d’un pas rapide faisant entrer l’homme, lui mentionnant qu’il n’avait que deux minutes, et surtout de ne pas s’approcher de la Princesse Marchande. Des gardes bien armés étaient de toute façon dans l’énorme hall, et aurait fait une bouché du soi-disant Marchand s’il aurait tenté quelques choses.


Au bout de quelques longues minutes, les grandes portent s’ouvrirent, laissant entrer la Princesse d’Uldal’Rhiz. Une entrée presque théâtre, mais après tout, on parlait de la Princesse de la Chair, qui aurait pu faire mieux? Les gardes semblèrent se redresser alors qu’elle fit son entré, on pouvait même voir certain serrer la garde de leurs épées. On aurait dit que la tension venait de monter d’un cran alors que les pas de la Princesse résonnèrent sur les murs de marbres blancs. Maralina s’arrêta à quelques mètres de l’homme, l’observant de la tête aux pieds, avant de le fixer de son regard glacial. Rien de spécial chez le marchand, rien qui semblait attirer l’attention, ou rien qui aurait pu laisser entrevoir une lueur d’espoir que cet entretien serait fructueux. Silencieuse pendant quelques secondes, elle observa le visage du marchand avant de finalement briser l’ambiance glaciale qui régnait dans l’énorme pièce. « J’espère pour vous que vous ne me ferez pas perdre mon temps. Si j’étais vous, j’essayerais d’attirer mon attention dès maintenant. » Elle redressa légèrement la tête, alors que ses yeux semblèrent ce rétrécir. Après tout, il n’avait que deux minutes pour attirer son attention avant de se faire montrer la porte d’une façon probablement spectaculaire…

Sur le papier, l’idée d’obtenir les meilleurs de la meilleure était excellente. En pratique cependant, une fois les portes de la demeure de la Princesse de la Chair passée, il devenait difficile de ne pas soi-même se sentir réduit à l’os, au muscles et aux humeurs. L’entrain du Sybrond s’était rapidement transformé en un performatif sérieux, lui servant de bouclier contre l’anxiété qui se faisait ici chaque seconde de plus en plus écrasante plus qu’il n’était reflet de sa véritable personnalité. Deux minutes… deux minutes… il passerait plus de temps à l’attendre qu’à négocier. Il n’aurait qu’une seule chance. Alors faisant les quatre-cent pas presque sur place, le Sybrond réfléchissait à comment utiliser ses deux minutes le plus judicieusement possible.

Les battants des grandes portes s’ouvrirent, et comme tout le reste des personnes présentes dans la pièce, le Sybrond se figea sur place, les yeux rivés sur la Demoiselle d’Uldal’Rhiz. Premier et seul mouvement qu’il s’autorisa, sa main droite alla se loger sous les pans de son riche manteau, et enserrer le porte-bonheur en pendentif à un collier que personne ici jusque-là ne devait – faute à un temps forçant les hommes à se couvrir de fourrures – le savoir posséder.

- Mes plus profonds respects, Ma Dame. le marchand s’incline aussi respectueusement qu’il s’exprime Il m’a été fait dire que… une goutte de sueur perle du front du petit homme si vous voulez bien m’excuser.

Etouffé par ses propres habits alors que la tension montait, l’homme se permet de se débarrasser d’une couche de vêtements, et de poser son manteau sur le premier objet à portée lui paraissant approprié. Se tentant ensuite à prendre une posture plus affermie, il s’accroche quelques secondes à son porte-bonheur, pour finalement poser les mains sur ses hanches .

- Vous avez les meilleurs hommes du marché, et mes collègues et moi avons désespérément besoin de main d’œuvre de qualité. le Sybrond arrive à peindre son visage d’un sourire On n’a jamais trop de bras, surtout avec la conjoncture actuelle. ses mains quittent ses hanches pour claquer ensemble juste en face de sa poitrine Et je sais que vous me direz que pour vous tout ça c’est juste du petit sou, mais ce que je vous propose, c’est d’y voir aussi une occasion. J’ai pas mal de collègues en manque de personnel qui sont vachement frileux à l’idée de mettre des sous en Ithri’Vaan. « Ils ont de mauvaises pratiques commerciales ! » qu’ils disent tout le temps. l’homme lève les yeux au ciel et ouvre les bras de manière grandiloquente Mais je vous le promet, votre marchandise est bonne, et il suffira que Votre Serviteur ici présent il se pointe lui-même du doigt parle aux bonnes personnes pour vous amener toute une nouvelle clientèle. il déglutit, la tension reprenant possession de lui « Mauvaises pratiques commerciales… » l’homme marmonne, cherchant du soutien dans le regard des personnes présentes C’est pas comme s’ils savaient mieux choisir leurs partenaires! l'assurance de l’homme termine de fondre à la fin de cette phrase Enfin… vous savez le faire vous et pas eux… et le reste n’est que suite de marmonnements dits à mi-voix à la recherche d’une once d’approbation Enfin… c’est pour ça que vous êtes riches… et plus riches que mes collègues et moi… parce qu’ils sont sceptiques… enfin… il se reprend au dernier moment Vous n’avez rien à y perdre.

Le regard glacial de la Princesse d’ Uldal Rhiz observa attentivement le marchand alors que son expression ne laissait entrevoir aucune émotion, qu’un visage de marbre. Elle adorait faire monter la nervosité chez les gens. C’était une des armes les plus révélatrices, telle une tempête fracassant qui atterre les paysages les plus parfaits et le marchand ne faisait pas exception. La pauvre âme avait l’air de se dérober sous ses pieds, complètement figés alors qu’elle le dominait de sa présence, après quelques secondes il osa finalement prendre la parole;


Mes plus profonds respects, Ma Dame. Il m’a été fait dire que… si vous voulez bien m’excuser.


Il enleva rapidement son manteau avant de le déposer rapidement sur une table, attrapant quelques choses autour de son cou du bout des doigts avant de poser ses mains sur ses hanches, mais le regard de la princesse marchande resta figé sur le pendentif du marchand alors qu’il continuait ses explications. Maralina avait peut-être l’air distraite, mais toute son attention était sur l’homme extrêmement nerveux devant elle. Elle écouta chaque parole et releva son regard pour le fixer, remarquant chaque expression,  chaque signe de nervosité comme si ses paroles étaient des plus importantes, alors que ses paroles le trahissaient sans relâche. La Princesse de la Chair le laissa finir, elle lança un petit signe de la tête à son serviteur avant de tourner les talons, sans dire un mot. Le serviteur se dépêcha de rejoindre le marchand avant de lui murmurer;


« Mais qu’attendez-vous? Suivez-la! »


Il lui donna une petite tape dans le dos pour l’encourager avant d’attraper son  manteau en suivant la Princesse. Cette dernière les conduisit directement dans son bureau richement décoré. Les murs de marbres blancs étaient encadrés d’immense bibliothèque emplie de parchemin ou de livre à la couverture en cuir, tandis qu’un immense foyer de marbre réchauffait la pièce. Le serviteur déposa doucement le manteau de l’invité sur le canapé avant d’aller s’assurer que les immenses fenêtres étaient bien fermées et lorsque le marchand entra finalement dans la pièce, ce fut le ton cassant de la Princesse Marchande qui emplit cette dernière. « Laissez-nous. » Les gardes firent un signe à la demie-elfe avant de sortir de la pièce, rapidement suivie par le serviteur qui ferma les grandes portes en bois derrière lui. Silencieuse, la Princesse Marchande observa le marchand avant de s’approcher d’un pas gracile vers ce dernier. Elle attrapa le pendentif du bout des doigts, observant ce dernier avant de relever le regard vers le péninsulaire.


«J’imagine qu’il a un message. » Dit-elle en relâchant le bijou, testant le péninsulaire. Si ce dernier avait osé voler le bijou, il ne sortirait pas vivant du palais…

Que se passait-il ? Le marchand avait bien du mal à le comprendre. Fallait-il qu’il la suive pour qu’elle lui présente quelconques documents ou marchandises, ou alors en avait-elle fini avec lui ? Ou peut-être souhaitait-elle continuer de délibérer seule ? Le Sybrond était resté pantois, ses yeux cherchant une réponse quelque part dans la – trop grande – salle, avant de finalement la trouver dans l’attitude du serviteur Vaani.
Au pas de course alors il s’avança, l’enchaînement de couloirs se refermant de plus en plus étroitement autour de lui, et les murs – alors qu’ils étaient partout tout autant majestueux qu’ailleurs en cette demeure – faisaient mine de se rapprocher. Quelque chose lui faisait craindre de ne pas ressortir libre de ces lieux. Voire de ne pas en ressortir tout court. Seulement il y avait l’appât du gain. La Princesse des Chairs était moins terrible qu’elle pouvait paraître. La Princesse des Chairs, comme tout un chacun avait ses points sensibles. La Princesse des Chairs n’était pas sans compassion ni sans sympathie. Et son porte-bonheur devait lui assurer de l’obtenir, la sympathie de la Princesse des Chairs. Tout ça ne pouvait qu’être bénéfique. Tout ça ne pouvait être que bon signe.

Seuls

Maintenant ils étaient tous les deux seuls. La sueur perlait sur le front du Sybrond. Qu’elle soit faillible, mortelle, capable de compassion ou de la moindre sympathie à l’instant n’avait aucune importance. La Princesse de Chairs l’effrayait plus que n’importe lequel des mastodontes armés jusqu’aux dents qui faisaient sa garde. Et maintenant, ils étaient seuls. Tous les deux. Qui sait ce qu’elle lui ferait ?
Elle s’avance. Elle s’avance vers lui. Il s’immobilise. Déglutit. Serre la mâchoire. S’empêche de s’émasculer lui-même. Et puis les doigts de la marchande enveloppent le collier. On ne lui avait pas menti. Il y a quelque chose dans cet objet qui le lie à la Princesse-Marchande. Il possède un peu de pouvoir. Juste un peu. Juste assez pour pouvoir parler.

- Je… Qui ? Ahem…

Peut-être son collègue avait-il plus d’accointances avec la Princesse qu’il ne le laissait croire. C’est lui après tout qui l’avait convaincu de tenter le tout pour le tout.

- Caio ? il demande sans vraiment y croire Je ne pense pas. Je ne sais pas. Il m’a donné le collier en me promettant qu’il me porterait chance pour les négociations… Alors je me suis dit qu’il devait savoir de quoi il parlait, et je me suis pas plus posé de question. ‘Fin j’aurais p’tet dû le faire vu ce qui s’passe en ce moment à Naélis, mais pour le coup, c’était l’occasion parfaite de se faire des gros sous et de se barrer avant que ça pète. Faut dire que jusque-là Caio m’a jamais mis sur un mauvais plan, et puis les affaires sont les affaires !

Le manant n’avait aucune idée de ce qu’il disait, aucune idée de l’importance de ses dires.  Mais parfois l’ignorance était de mise. C’était presque qu’un crime ce qui se déroulait devant ses yeux, une belle illusion, un homme qui croyait savoir ce qu’il faisait alors qu’en réalité il avançait avec certitude dans le noir, esclave de ses pensées et de son ignorance.  Croyait-il pouvoir fourber la Princesse Marchande? Elle l’avait vu cette expression alors qu’il tentait tant bien que mal d’inventer un nom. Ciao… oui certainement, ce Caio semblait être un opportuniste… Du moins, pour ceux qui ne comprenaient pas… Le regard azuré de la Princesse Marchande glissa soudainement pour retomber sur le pendentif, observant les fins détails du Phoenix.  Quelques choses de tout sauf péninsulaire. «Décidément ce Caio semble bien connaître mes affaires… Un peu trop bien même. » Son regard azuré retourna dans celui du marchand avant que la paume de sa main se dépose doucement sur son cœur, avant de remonter doucement vers sa joue. Un geste qui semblait des plus sensuels, faisant monter la pression du marchand. Le regard de Maralina sembla soudainement s’adoucir, alors qu’elle agrippait les cheveux de l’homme pour l’attirer un peu plus vers elle. L’arrêtant à un souffle de son visage, elle plongea son regard dans le sien avant de lui accorder un dernier droit de parole; « Qu’es qu’il a dit d’autres Caio? »


«Vous avez les meilleurs hommes du marché, et mes collègues et moi avons désespérément besoin de main d’œuvre de qualité.» Qu’il avait dit… oh oui, elle allait leur donner la crème de la crème…

De tout son Souffle, de tout son Être, le marchand s’abandonne au moment. La main d’une belle femme tout contre lui, il essaie d’oublier à quel point celle-ci peut lui paraître effrayante. Profiter de l’instant, autant qu’il peut, c’est la seule manière de ne pas sombrer à la panique, lorsqu’il sait très clairement tout ce jeu de la part de la Princesse Marchande n’être qu’une manière de l’amadouer, de le pousser à dire plus qu’il ne devrait, de lui soutirer un peu plus que ce qu’elle aurait normalement pu. Mais qu’y avait-il à soutirer ? Elle ne semblait pas prête à lancer quelconque enchère, et se contentait plutôt de plus en demander sur l’ami moussaillon, conseiller et oserait-il le dire ainsi, émissaire au sein de la pègre du Sybrond.

- Pas grand-chose en réalité. À moins que vous ne raffoliez des récits de marins. il retient un rire gêné De ça il n’en tarit jamais.

Les mains du commerçant prennent un peu en témérité, s’approchent légèrement des hanches de la semi-elfe, il veut saisir son moment jusqu’au bout… mais il a vite fait d’en abandonner l’idée, paralysé par l’appréhension au moment fatidique.

- Mais vous pouvez toujours lui parler vous-même si vous le voulez. À l’heure qu’il est, il doit probablement être en train de se saouler en attendant que je revienne.

Le regard perçant de la Princesse Marchande ne se détacha pas de l’homme. Tentant de déterminer s’il était réellement aussi innocent qu’il tentait le laisser paraître. Sa main descendant doucement sur son menton, s’arrêtant un moment. Soudainement, la Princesse Marchande eut un air sourire moqueur, l’homme était réellement paralysé par elle et cela l’amusait au plus haut point. Elle lâcha l’homme, avant de reprendre finalement la parole; «Pardonnez-moi, j’ai cru que vous étiez quelqu’un d’autre. Mais je crois m’être trompé.» La Vaanie claqua des doigts et une servante apparue de nulle part. « Va chercher Khaled. » La petite naine acquiesça rapidement avant de sortir de la pièce. Maralina attrapa rapidement le collier du marchand, profitant de l’effet qu’elle avait sur ce dernier et le fit passer par-dessus sa tête. Maintenant, en possession du bijou, la Vaanie lui tourna le dos en marchand de son pas félin vers son bureau. « J’adore ce bijou. Il me semble si léger et les détails sont impressionnants. Si vous me le permettez, je vous l’achèterais. » Pas comme s’il avait réellement quoi que ce soit à dire. Lorsque Maralina voulait quelques choses, elle le prenait tout simplement, mais elle se sentait bien généreuse aujourd’hui. «Je vous offre cent souverains pour. » C’était extrêmement généreux pour une si petite chose, surtout que le pendentif ne valait définitivement pas autant. Qui plus est, peu de personnes pouvait se vanter qu'une Princesse Marchande portait son bijou...


Khaled entra finalement dans la pièce, jetant un regard surpris au marchand qui se trouvait dans la pièce. Généralement, les gens qui réussissaient à monter dans le bureau de la Princesse Marchande étaient des gens d’exception, mais il avait bien du mal à déterminer ce que leur invité faisait là. « Vous m’avez demandé Votre Altesse ? » La Princesse se retourna, bijou en main, avant d’aller s’asseoir sur a son bureau. « Cet homme est venu voir notre marchandise. Je te fais confiance pour lui montrer ce que l’on a de mieux. Oh… et fais-lui un prix d’ami. » Un serviteur tendit une bourse au marchand, le cliquètement qu’elle laissa s’échapper  ne laissait rien au hasard quant à son contenue. Maralina se cala dans son fauteuil avant de les congédier du bout des doigts, reprenant son examen du pendentif. Son travail venait de commencer…