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 [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo

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Andran Straggen
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MessageSujet: [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo   [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo I_icon_minitimeMar 16 Fév 2021 - 13:24

Calimehtarus 75 Barkios de l'An XVIII du Onzième Cycle,
à Lün, Comté d'Arétria, Royaume de Péninsule.

Terrance Duiliff
Un bon jour de printemps brillait de son éclat sur Lün. Un ciel bleu, parfois terni par quelques nimbus, laissait le soleil inonder la ville de ses rayons. Pourtant, cette atmosphère qui inspirerait le bien-être n'importe où sur Miradelphia n'inspirait que la damnation ici.  Toute romance, toute innocence était immédiatement annihilé par l'odeur de la mer et de poiscaille entremêlée à l'odeur du brûlé et du sang. Cette ville aurait sa place dans les pires prophéties elfiques ou nisétiennes tant elle était une réelle souillure humaine. Une année passée ici n'habituerait pas un dieu capable de tout à vivre dans un tel lieu. Terrance fréquentait cet endroit depuis trop de temps… du moins c'est ce qu'il pensait. Le plus ironique, c'est qu'il ne s'essayait jamais au pire quartier de la ville, celui que les gens du coin appelaient "le Crachoir". Quand on y mettait les pieds la première fois, on se rendait rapidement compte que l'on appelait alors un chien un chien. Il en avait vu passer des putes, des bandits, des ivrognes, des artisans, des pécores et des escrocs. En temps normal, Terrance n'hésitait pas toujours à s'envoyer en l'air avec une prostituée ou à meuler la gueule de trois voyous. À Lün, plus rien n'avait de saveur. Ni la bouffe, ni les femmes, pas même les combats. Ce qui l'aurait éhonté il y a quelques mois ne le surprenaient même plus.

Le chevalier arpentait les rues de la ville en toute quiétude équipé de son armure de plates, sa cape aux couleurs d'Othar, épée à la hanche et bouclier sur le dos. Un tel attirail avait l'avantage de repousser la plupart des voyous et leur matraque en bois pourri, mais le cruel défaut d'attirer toutes les catins qui préféraient s'offrir à un homme propre et élégant plutôt qu'à un porc. Il faut bien gagner sa vie, et ce n'est pas comme si ces pauvres femmes avaient le choix. Terrance se fraya un chemin entre elles et la populace jusqu'à un bâtiment imposant, fiché à l'Est de la ville, fort heureusement éloigné des quartiers bourrés de tavernes, de bordels et d'ivrognes. L'édifice était vétuste, sombre, assaillis de plantes grimpantes et il avait même un trou dans son toit. Il était à l'abandon depuis des années, et certainement trop repoussant pour que quelqu'un n'essaie d'y passer une seule nuit, même clandestinement.

Le chevalier jeta un œil aux alentours comme s'il s'attendait à une guet-apens. Il soupira. Il regarda une nouvelle fois les alentours. Puis il soupira à nouveau. Il leva les yeux au ciel et s'approcha de l'édifice. Il gravit les quelques marches menant à l'entrée, gardée par deux grandes portes de bois. Il y posa ses mains afin de pousser pour les ouvrir. Terrance subit là son premier revers. Au lieu de s'ouvrir normalement, les portes s'écroulèrent sur le sol dans un bruit sourd, soutenues par des gonds rouillés et cabossés par le temps et le pillage. Un nuage de poussière s'envola autour de la zone d'impact, dans une salle qui empestait déjà le renfermé, et dans laquelle il y faisait encore plus noir que dans le Royaume de Tyra. Terrance s'avança prudemment comme s'il s'attendait à ce qu'une créature maléfique lui tombe dessus, son pas lourd faisant grincer les portes sur lesquelles il était obligé de marcher. Dans la salle, un lustre en métal noir était suspendu au plafond, menaçant d'ailleurs de s'écraser sur les seuls meubles flétris qui ne s'étaient pas effondrés. Un pupitre se trouvait au fond de la salle, et sur lequel était même posé un parchemin jauni, dont l'encre était encore lisible.

« Othar, le Feu, le Marteau, la Persévérance,
Que nos cœurs soient guidés par ta grande fureur,
Que nos bras soient les messagers de ton ardeur,
Que nos souffles ne s'abandonnent au déshonneur,

Othar, La Colère, La Guerre, la Constance,
Que s'embrase et soit bénie la ferveur guerrière,
De celui qui vivra de force et de colère,
Dans le dessein de devenir ton légionnaire. »

Terrance avait lu le texte à voix haute. Sa voix avait résonné dans ce bâtiment qui n'était finalement que les vestige du Temple d'Othar à Lün. En toute logique, cela devait être le texte accompagne le rite d'intronisation d'un nouveau prêtre, ou éventuellement d'une Corneille. Mais il n'avait jamais entendu parler d'une Corneille à Lün, la plupart de celles dont il avait entendu parler venait d'Oësgard ou d'Alonna. Peut-être même que ce rite était organisé de sorte que le nouvel initié soit tatoué du symbole d'Othar. Les plus courageux choisissaient parfois de se la faire marquer au fer rouge sur le corps. Cela rappelait le feu, la rage, la persévérance. Les Marcheurs Austères avaient repris cette tradition, et les nouveaux chevaliers choisissaient l'endroit où ils voulaient être marqué ou tatoué. Terrance avait sa marque sur le triceps, et Korm sur la nuque. Mais, le papier que le chevalier avait sous les yeux ne précisait pas le déroulement du rite, pour peu qu'il y en avait un.

« Une prière écrite en alexandrin… C'est la première fois que je vois cela. » commenta Terrance, toujours à voix haute. Il se saisit du parchemin et le retourna, n'y voyant que le jaune d'une page vierge laissée trop longtemps à l'air libre. « Hm hm… je suis bon pour faire réécrire tout ça sur de vélin propre et neuf. Sinon, ce temple perdra les derniers souvenirs de son passé. »

Terrance relut plusieurs fois le parchemin, comme s'il cherchait à l'apprendre par cœur pour le réciter, puis le reposa sur le pupitre. Il se mit à s'aventurer dans les autres salles du Temple, vides de ses biens les plus précieux lorsqu'il y en avait. Certains étaient encore conservés dans la salle des coffres du castel, le reste avait peut-être été vendu, ou détruit. Un blasphème de plus ou de moins ne changeait rien pour un hérétique. Le temple était composé de dortoirs pour les prêtres qui y officiaient, d'une salle d'armes, et d'un genre de bibliothèques ou étaient supposés être conservés les livres d'Othar et de son Culte. Tout avait été volé, ou presque. Terrance trouva dans un corridor une épée sur le sol. Rouillée et émoussée, il s'agissait d'un glaive ancien… et surtout, symbolique. Il dénicha sa jumelle dans la salle d'armes, accrochée au mur devant lequel siégeait grand braséro sur un râtelier. Il accrocha le glaive qu'il avait dans les mains, trouva de quoi allumer le braséro. Les bandits n'avaient pas volés les petites buchettes, et encore moins les silex servant à allumer un feu. Alors que les flammes commencèrent à crépiter et à s'élever, Terrance s'en éloigna enfin. Il dégaina son épée, mit un genou à terre, tenant son épée par la garde, la pointe de la lame sur le sol, et baissa la tête. Ses yeux se fermèrent, sa méditation commença.

Othar recouvrera ce qui lui a été arraché.
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MessageSujet: Re: [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo   [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo I_icon_minitimeVen 19 Fév 2021 - 17:29

Terrance Duiliff
Alors que seul le crépitement du feu ne se faisait entendre, Terrance rouvrit les yeux, comme un homme sortant de sa torpeur après une longue nuit. Il ne bougea pas de sitôt, conservant sa position comme s'il fallait lui rappeler où il était, et pourquoi. Il tourna la tête à gauche, puis à droite, avant de lever le regard sur le braséro et les deux glaives croisés accrochés au mur. Il étira un sourire. Son cœur était plus léger, mais il manquait un vrai combat pour accomplir le rite. Tant pis, il s'en passera bien pour aujourd'hui. Le chevalier se releva, détendu et souriant, comme s'il avait passé le plus beau moment de sa vie dans son refuge, loin des conflits, loin de Lün, loin des bûchers. Il rengaina son épée en admirant le feu du braséro. Othar reviendra.

« Je me charge de tout. »

Terrance avait prononcé cette phrase d'un air de dire “ne vous inquiétez pas, mon dieu, je ne vous décevrai pas”. Il avait pu estimé l'ampleur des dégâts, et l'ampleur des travaux qui devaient être réalisés. Colossaux. À l'image de ce que cette cité subissait depuis des années. Mais, il est temps de cesser de désespérer, de se résigner, de s'effrayer. Les choses sont ce qu'elles sont, et pas nécessairement ce qu'elles devraient être. Alors, comment s'en rappeler si vous n'en appelez pas à la seule et unique divinité capable de vous transcender ? La seule et unique divinité qui peut casser la roche à la force de ses poings ?

« La vie est la bataille. La bataille est l'épreuve. L'épreuve est la volonté. La volonté est la force. La force… est la vie. »

Le chevalier finit par quitter la salle, d'un pas lent. Comme un enfant bougonnant ne voulant pas quitter la salle de jeux. Comme si cette salle du temple d'Othar n'avait pas besoin de rénovation. Il ne savait pas combien de temps il était resté dans le Temple à prier, mais il n'en avait pas grand chose à faire. Terrance resta immobile sur le parvis du temple, observant la petite place qu'il surplombait. Plusieurs rues conduisaient jusqu'au temple d'Othar, certaines sombres et effrayantes, d'autres plus larges et plus faciles à prendre. Le chevalier descendit lentement les escaliers, et quitta le Temple pour rejoindre la grande-place de la ville. C'était là-bas que l'on pouvait trouver la majorité des artisans et des marchands de la ville. Terrance devait trouver un architecte, et un couvreur… pour commencer. Avant de remeubler le Temple, il voulait surtout s'assurer que l'édifice tiendrait debout. L'artisan accepta de suivre le noble jusqu'au temple.

De retour au Temple, un autre homme richement équipé attendait sur le parvis du Temple, comme si Terrance y avait laissé son ombre. L'homme était paré d'une armure de plates complète surmontée d'une cape dont les carrés étaient noirs et rouges écarlate et d'un tabard accordé à sa cape, sur lequel étaient brodés plusieurs motifs aux symboles d'Othar, même si celui des Marcheurs Austères était le plus visible sur le torse. Spahi. Si Terrance lui adressa un signe de la tête pour signifier qu'il l'avait reconnu, il se demandait bien ce qu'il faisait là. Les deux chevaliers échangèrent une solide poignée de mains, avant de laisser faire l'architecte, qui entra seul dans le bâtiment.

« Korm se demandait ce que tu fichais, parce que tu commençais à prendre du temps pour une simple évaluation des dégâts. » lui dit le jeune Spahi, qui avait le sourire aux lèvres.
« Pour une fois que j'étais tranquille… j'en ai un peu profité, c'est vrai. » lui rétorqua son ami, qui sourit à son tour.
« Les travaux risquent de nous coûter bonbon, non ? » demanda le jeune chevalier, qui laissa son regard examiner la première pièce du temple.
« Certainement. C'est pour ça qu'il est tout seul, pour l'instant. Il faut surtout s'assurer que le Temple soit solide, et réparer ce trou dans le toit. »
« Magnus nous a donné pas mal d'argent depuis qu'on est là. Et le Culte prendra certainement en charge une partie des frais. J'ai envoyé une lettre au Haut-Prêtre pour l'informer de la situation. Ils enverront surement un prêtre de quoi finaliser tout les travaux. »
« Nous verrons bien. »

Korm et Spahi restèrent dehors le temps que l'architecte ait à inspecter les murs et les colonnes. Les deux chevaliers se demandaient si le Culte accepterait que les Marcheurs Austères officient dans le temple jusqu'à ce que de nouveaux prêtres soient affectés ici. L'Ordre accueillait à bras ouverts tout membre du culte, et il leur laissait le droit de faire leur office s'ils le souhaitaient. Mais les chevaliers n'étaient pas des prêtres, malgré toute l'importance qu'ils accordaient à Othar. Le lien avec le culte ne leur donnait pas tous les droits, mais ne leur imposait pas plus toutes les obligations liées à l'appartenance au culte. Mais la situation de Lün était assez exceptionnelle. Rare étaient les villes pouvant rapporter un pillage impuni des cultes pentiens. Ils aviseront probablement en temps et en heure.

L'artisan ressortit du temple quelques minutes plus tard, le visage poussiéreux et ruisselant de sueur. Mais qu'avait-il bien pu faire pour ressortir dans un tel état ? Avait-il plongé la tête dans une cheminée ? Du revers de la main, le pauvre bonhomme s'essuya le front, mais il avait le sourire. Beaucoup de travail l'attendait certainement, mais le jeu en valait la chandelle vu l'ampleur des travaux. Terrance ne l'avait pas remarqué, mais il avait emmené quelques rouleaux de parchemins et de quoi écrire, certainement pour noter chaque chose qu'il fallait rénover ou reconstruire.

« Hé bien, Messires… je suis désolé, mais le manque d'entretien des murs et le pillage récent a amoché le temple. Pour le toi, je connais un couvreur, mais ce ne sera pas le plus cher. J'ai vu des endroits où il va falloir démolir pour reconstruire. Fort heureusement, les colonnes ont tenu le coup. Mais le sol et certains murs sont dans un état critique. » rapport l'architecte, après s'être barbouillé le visage pour s'essayer.
« Ce doit être à cause des combats. Les prêtres ont du se défendre, et cela a abîmé certains endroits du bâtiment. » commenta Terrance, qui avait bien vu certains murs cabossés par les coups de masse et marqués par les armes blanches.
« C'est probable, oui. Certains murs sont tachés de sang. On peut le voir lorsque l'on compare les pierres. Certaines salles ont été épargnées, donc les travaux y seront minimes, voire inexistants. Mais… la plupart vont nécessiter de lourds travaux. » confirma l'architecte, qui continuait de gribouiller des dessins sur son parchemin.
« Vous avez une idée de ce que ça nous coûtera ou du temps qu'il vous faudra pour tout rénover ? » demanda Spahi.
« Monseigneur, je ne vais pas vous dire de conneries : on en aura pour au moins deux mois. Ce que vous pourriez faire, c'est de déplacer les meubles restant vers l'aile ouest du Temple. C'est celui qui a été le plus épargné. “Seules” les parties Nord et Est nous demanderont de lourds travaux. Pour le prix, il faut que je fasse un calcul. »
« Et… quand est-ce que vous pourriez vous y mettre ? »
« Je peux commencer dès demain. Mais, avant cela, je dois vous donner un tarif précis, je vais faire le calcul en rentrant à mon atelier. »

Othar n'avait pas de prix.
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MessageSujet: Re: [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo   [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo I_icon_minitimeDim 21 Fév 2021 - 1:13

Terrance Duiliff
L'architecte partit à son atelier, mais les deux chevaliers restèrent au temple. Ils y étaient bien. Ils y étaient comme chez eux. Sur le parvis, Terrance s'était assis sur les quelques marches de l'escalier pendant que Spahi s'était appuyé sur le mur de l'entrée. Spahi était silencieux et impassible. Dans cette posture, il paraissait plus vieux, plus sage, plus expérimenté alors qu'il était un jeune homme. Terrance, lui, était étonnamment sérieux et concentré. Il fixait le sol les yeux plissés comme l'homme mélancolique qui ne sait plus à quoi se rattacher pour soutenir le poids de la tristesse. Les deux hommes attendaient patiemment le retour de l'architecte comme si tout ceci n'avait été qu'une épreuve dont il allait rapporter un résultat et dont l'attente était particulièrement longue.

Puis, comme le cri d'une bête dans les ténèbres, les pas de l'architecte raisonnèrent dans la rue jusqu'à alerter les deux chevaliers qui tournèrent aussitôt la tête vers lui. Pour autant, ils n'avaient pas bougé d'un seul iota, comme s'il ne s'agissait que d'un songe risible ou d'un faux danger. Pourtant, l'artisan, qui en avait profité pour se laver le visage, revint avec quelques parchemins dans les mains. Il s'interrompit devant les chevaliers, les regardant l'un et l'autre comme s'il devait leur demander si tout allait bien mais qu'il craignait leur réaction. Terrance et Spahi le fixaient comme s'ils s'attendaient à ce que le pauvre homme dégaine une dague afin d'essayer de les abattre, silencieux comme des tombes.

« Messeigneurs… » dit-il d'une voix creuse, cherchant certainement à rompre ce silence pesant. Il leur montra un parchemin sur lequel plusieurs nombres étaient retranscrits. Il y posa la main pour illustrer son propos. « J'ai noté le prix des diverses prestations nécessaires pour la rénovation du Temple, ainsi que le total. Comme les temps sont durs à Lün, nous pouvons certainement négocier pour trouver un accord. Je ne veux pas causer de troubles au Culte. »

Sans un mot, Terrance tourna la tête vers Spahi, qui lui adressa un signe de la tête pour qu'il prenne le parchemin pour l'examiner. Il prit alors le parchemin et se mit à la consulter, haussant les sourcils à chaque fois qu'il se rendait compte des tarifs. Il leva les yeux au ciel lorsqu'il lut le total, et fit passer le vélin à Spahi qui le lut à son tour. Le jeune chevalier, contrairement à son frère d'armes, était beaucoup moins expressif. Ces quelques minutes de lecture silencieuses paraissaient lourdes pour l'architecte qui se demandait toujours ce qui pouvait clocher. Spahi finit par redonner le parchemin à Terrance qui le rendit à l'architecte. Ce dernier le lui prit, sans réellement savoir pourquoi car les chevaliers étaient censés le conserver.

« Je… dois-je prendre cela comme un refus ? »

Spahi et Terrance le fixaient pendant de longues secondes comme s'il avait proféré la pire des hérésies ou une remarque des plus stupides. Puis, leurs regards vinrent à se croiser, comme s'ils hésitaient et attendaient l'avis de l'autre pour réagir. Ils savaient tout deux que la rénovation d'un tel édifice était excessivement cher. Les temps étaient durs pour tout le monde. L'architecte le savait, mais les chevaliers également. Spahi se redressa, épousseta sa cape que le mur sur lequel il s'était appuyé avait sali, et, passant à côté de son compagnon d'armes, s'approcha de l'architecte. Il tapota de ses deux doigts le haut du parchemin que ce dernier tenait dans les mains.

Spahi Royce
« Vingt pour-cent. »
« De ? Je ne comprends pas. »
« Nous voulons une réduction de vingt pour-cent sur le tarif total. » répondit Spahi, d'une voix étonnée, comme si sa proposition était normale.
« C'est une plaisanterie ? Je sais bien que les travaux sont chers, mais je ne peux pas les exécuter pour un prix aussi bas ! » se révolta l'architecte, le front dégoulinant de sueur.
« Vous nous disiez accepter de négocier. » renchérit le chevalier, toujours dans son ton étonné et ahuri.
« Négocier, oui… je ne peux pas aller au delà d'une réduction de dix pour-cent. Il faut bien que je paye les ouvriers et les matériaux, et je devrai me fournir loin pour en trouver certains ! »

Spahi resta silencieux, plissant les yeux pour examiner la réaction de l'architecte. Il était rarement un homme froid et impassible à ce point, mais Terrance devait bien admettre que le petiot savait jouer les négociateurs-diplomates. Il admirait le spectacle avec le rictus aux lèvres, comme les deux hommes se battaient pour séduire une même femme et que cela en devenait ridicule. Spahi passa la langue sur les lèvres, comme s'il contenait sa colère, alors même qu'il était parfaitement serein. Un discret sourire presque sadique, voire maléfique, se voulut visible sur son visage l'espace de quelques secondes.

« Dix-huit. » reprit le chevalier, cette fois-ci dans un ton sec et déterminé.
« Je… ? Grmph, très bien. Douze ? »
« Dix-sept. » cette proposition faisant glousser Terrance qui regardait silencieusement les négociations.
« C'est une blague ? … Très bien. Je vous propose quinze, mais c'est le maximum que je puisse faire. » se résigna l'architecte, qui avait compris trop tard le jeu de Spahi.
« Va pour quinze, alors. Terrance ? »
« Hm hm. Quinze c'est bien. » bougonna Terance, comme s'il n'en avait strictement rien à faire.
« Vous êtes durs en affaires, messires. Si on m'avait dit… »
« Les temps sont durs, vous disiez. Le prix reste très correct, qui plus est. »

Sur le parchemin, l'architecte, visiblement mécontent, corrigea le prix après un long calcul posé sur un autre morceau de vélin. Spahi ne se contenta que d'hocher la tête pour signifier son accord, et l'architecte repartit une seconde fois vers son atelier. Cette fois-ci, le jeune chevalier le suivit, laissant Terrance seul, toujours assis sur les marches de l'escalier. Il avait le sourire aux lèvres, comme un homme fier d'avoir accompli un exploit alors qu'il n'avait rien fait. Cela faisait partie de la tactique de Spahi afin d'obtenir un rabais, et ce n'était pourtant pas celle qui paraissait la plus évidente. Il y avait des ennemis que l'on ne pouvait vaincre par la colère, le feu et l'acier. En l'occurrence, tuer ce pauvre artisan n'aurait aidé personne. Ni lui, ni ses ouvriers, ni les chevaliers, ni le Culte d'Othar.

« Une bonne chose de faîte. »
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MessageSujet: Re: [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo   [Lün] Les flammes d'Othar ne se consument jamais | Solo I_icon_minitimeLun 1 Mar 2021 - 23:25

Terrance Duiliff
Spahi revint quelques dizaines de minutes plus tard. Le soleil n'était plus aussi radieux qu'à l'arrivée de Terrance au Temple d'Othar, et, dans certaines rues, les prostituées et les voyous se faisaient plus présents. Le chevalier regardait ces femmes remuer les miches et les hommes jouer du gourdin pour intimider le moindre passant qui aurait l'imprudence de traverser seul dans des rues aussi sinistres. Spahi finit par re-pointer le bout de son nez et rejoignit son frères d'armes, qui se leva des marches pour la première fois depuis un moment.

« Alors ? »
« Alors quoi ? Tu étais là, non ? »
« Tout est réglé ? »
« Absolument.
« Les travaux commencent quand ? »
« Après-demain. Au plus tard, qu'il m'a dit. »


Deux jours. Deux jours avant le début des travaux, certes. Mais combien de temps faudrait-il attendre pour que ce Temple recouvre un semblant de décence ? Un mois ? Deux, peut-être trois ? Le Culte sera-t-il prêt à y réaffecter des prêtres ? Les chevaliers pourront-ils s'en occuper le temps que cela vienne ? Trop d'interrogations, trop de doutes. Le Comte avait déjà chargé les Marcheurs Austères de faire régner l'ordre sur cette ville. Ils dirigeaient et formaient la milice, faisaient réparer les temples, pacifiaient la région, protégeaient la cité… C'était à se demander comment ils parvenaient à tenir la cadence. Othar y était forcément pour quelque chose.

Spahi Royce
« Il faudra affecter des miliciens à la protection du chantier, alors ? »
« Possible. »
« Tu l'as payé ou pas encore le type ? »
« Un premier acompte sera versé dans les prochains jours. »
« Bon bah… on peut rentrer alors ? »
« Exact. »
« Tu joues à ni oui, ni non ou … ? »
« Peut-être. »

Spahi adressa un sourire espiègle à son ami, qui le regardait d'un air faussement las. Les deux chevaliers s'échangèrent une accolade virile et amicale. Ils rentrèrent au castel avec le sourire, retrouvant Korm et Kolgrim qui les attendaient au château en cette fin de journée. Spahi put dresser un rapport sur les travaux du Temple et donc se remettre au travail pour lequel ils ont été engagé à la base. Malgré cette parenthèse agréable durant laquelle des chevaliers avaient pu retrouvé un semblant de spiritualité,

Les jours suivant furent animés par de nouvelles activités. Des ouvriers se regroupaient autour du temple d'Othar, dont les travaux étaient organisés par les architectes discutaient autour d'une multitude de plans posés sur une table de fortune. Des échafaudages en bois étaient installés sur les murs afin de rénover les murs, et réparer le toit. Plusieurs miliciens avaient été affectés pour protéger et surveiller l'avancée des travaux. Les chevaliers de l'Ordre vinrent également pour chercher les derniers biens du Culte et les conserver à la salle des coffres, puisque le temple sera fermé au public.

Ce jour marquait le retour d'Othar à Lün. Enfin.
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