[Erignac] Il est certainement un dernier secret à révéler | Clémence

Les sourires répétés des deux amants laissèrent de progressivement plus de place à l'expression de leur plaisir de plus en plus fiévreux. D'abord lent dans son approche, Andran se laissait peu à peu emporter par ce qu'il ressentait, emmenant sa compagne avec lui dans un tourbillon qui ne prendrait fin que lorsque leur extase les emporterait. Clémence serrait son chevalier de plus en plus fort à mesure qu'il accélérait le rythme. De ses jambes et de les bras, elle le gardait fermement qu'on elle. De son bassin, elle ondulait pour accompagner ses mouvements, lui permettant de se rendre chaque fois un peu plus loin en elle. Elle ne fermait les yeux que pour échanger avec lui des baisers passionnés. Sinon, elle faisait en sorte de capter son regard pour le maintenir fermement ancré dans le sien. Elle en avait besoin... De savoir que c'était lui qui se trouvait avec elle. Parce qu'il était le seul homme avec lequel elle pouvait se trouver dans cette situation et ne pas en être effrayée. Mieux encore, il était le premier à lui faire connaître le plaisir de l'acte charnel.
La voix mélodieuse de la belle métisse était discrète mais parfaitement audible pour Andran qui se trouvait à moins d'un souffle d'elle. Une fine pellicule de sueur commençait à recouvrir leur peau sous l'intensité du moment. Leurs souffles étaient courts, leur cœur battaient à tout rompre et ils ne parlaient plus avec leur tête mais avec leurs cœurs. Les mots de son compagnon la touchèrent et elle lui sourit, heureuse.

-Je n'ai jamais... voulu être... à quelqu'un d'autre... qu'à toi. Mon amour...

Pour une ancienne esclave, le concept de possession était bien réel. Il avait un véritable sens, presque tangible, car elle n'avait aucune liberté, aucun libre arbitre, aucun droit sur elle-même. Depuis qu'Andran l'avait libéré, tout avait changé. Ce n'était pas son corps qu'elle lui donnait maintenant mais son cœur. Elle devenait sienne parce que son cœur était conquis. Et dans cet océan de sentiments, son corps avait cédé pour lui exprimer à quel point elle était amoureuse de lui. Et si elle avait pu choisir avec qui partager son lit plus tôt, il aurait été son premier... Et le seul.

-Appelle-moi... par mon prénom... Le vrai...

Sa requête pouvait surprendre. Mais ils avaient convenu qu'il l'appellerait ainsi en privé, il y avait longtemps, et cela s'était perdu entre temps. Mais en cet instant, elle ne voulait plus qu'il l'appelle Clémence. Elle voulait entendre son véritable nom. Celui qui faisait sens pour elle. Celui qui représentait une partie de son pays, ses origines. Celui qui lui faisait sentir qu'il l'aimait, avec cette part de soleil en elle.
Lorsqu'Andran prononça son prénom, elle ressentit une vague de plaisir envahir son ventre.

-Encore... Demanda-t-elle dans un souffle.

La vague se fit plus forte... S'étendant dans tout son buste.

-Encore... Supplia-t-elle.

Son corps tout entier se raidit et elle s'accrocha plus fort à son chevalier tandis que sa respiration devenait chaotique. Ses gémissements trahirent l'extase qui l'envahissait avec une puissance qu'elle n'avait pas connu la fois précédente. Ses doigts se crispèrent sur la nuque et l'épaule du chevalier sous l'effet du plaisir. Un plaisir qui, elle le savait, n'existerait pas sans l'homme dont elle détaillait les traits en cet instant et qui l'accompagnait même dans cette déferlante d'amour et de jouissance.

Comme ils le furent avec Andran, les mots de Clémence étaient saccadés par sa respiration rendue tumultueuse par l'intensité du plaisir. Le chevalier sentait sa fiancée renforcer sa prise sur lui alors qu'elle ondulait à chacun de ses mouvements qui se faisaient toujours plus effrénés. Leurs peurs respectives, leur pudeur n'étaient plus rien face cette ardeur et cette passion, à tel point que des gouttes de sueur perlaient sur leurs corps brûlants de désir. Andran en vint même à se demander si la transpiration était due à l'effort ou au plaisir, sinon les deux. Mais, accroché aux iris de sa belle, et emporté par le feu qui les consumaient, Andran ne se laissa pas le temps d'y songer plus de quelques secondes. À mesure qu'il remontait ses mains jusqu'à trouver sa chevelure, Andran approchait son corps embrasé de celui de Clémence, jusqu'à ce que leurs poitrines endurcies par le désir s'entremêlent.

« Quoi… je… » avait hésité le chevalier à la requête de sa fiancée, sans pour autant oser interrompre l'union de leur chaire. Puis, il comprit où elle voulait en venir. Elle parlait de son prénom estreventin, Merhamet. Il lui avait promis de l'utiliser, au moins dans le cadre de leur intimité. Mais, comme pour le tutoiement, c'était une habitude qu'il avait du mal à conserver. Puis, il approcha sa bouche de son oreille, et susurra son prénom. « Merhamet. »

Là, Andran sentit le corps de sa belle se raidir encore plus à son contact. Comme si ce nom qu'il prononçait renforçait son insertion, devenant encore plus lascive et plus puissante. Sa respiration devenait incontrôlable, et son cœur menaçait d'exploser tant il battait avec frénésie. Andran répétait le prénom de Merhamet à chaque fois qu'elle le lui réclamait, jusqu'à ce qu'elle s'agrippe si fort que leurs corps ne deviennent plus qu'un. Ne craignant plus de brusquer Clémence, ses incursions suivaient un rythme soutenu, loin de la discrétion et de la douceur dont il faisait preuve au commencement de leurs ébats. Si leurs gémissements se voulaient plus audibles, bien que contraints d'être étouffés pour ne pas réveiller le reste de la famille, les fiancés pouvaient également entendre, en plus de les sentir, les assauts successifs du chevalier. Ils n'hésitaient plus, ils n'étaient plus rongés par la peur et le doute. Ils savouraient ce plaisir qu'ils découvraient ensemble. Ils s'en délectaient car, maintenant, Clémence était guérie, libérée de ses vieux démons.

Emporté par sa fougue et l'audace dont il faisait souvent preuve lorsqu'ils partageaient un moment charnel, Andran ralentit légèrement la cadence pour laisser ses mains glisser derrière le dos de Clémence. Une fois accrochée à elle comme elle l'était à lui, le chevalier s'immobilisa en elle, et la souleva doucement pour prendre sa place. Assis sur le lit, il laissa sa belle se positionner en califourchon sur lui, ses cuisses plaquées au bas de ses hanches. Leurs corps dégoulinant de sueur et plaqués l'un à l'autre, Andran recouvra son mordant et accentua à nouveau le rythme, pendant qu'il abreuvait sa poitrine pointue de sa belle de baisers. Ses mains voguaient entre ses hanches et ses cuisses pour s'imprégner pleinement de la raideur de son corps qui se cambrait à chacun de ses assauts. Il penchait même légèrement le cou pour réclamer de sa fiancée des baisers entrecoupés par ses gémissements plus intenses et plus rapides.

Au fil de leurs ébats qui s'étiraient dans le temps au point de donner l'impression de le suspendre, leur plaisir s'intensifiait jusqu'à, peu à peu, atteindre son paroxysme. Andran déposa en elle la seule preuve de son bien-être, leurs deux corps se raidissant dans un soupir profond, plus long et plus intense. Andran et Clémence conclurent cet instant charnel par des caresses et des baisers, et quelques lents mouvements permettant une fin douce plutôt que brusque. Ils s'allongèrent alors de côté sur le lit, reprenant le contrôle de leur souffle et de leurs émotions. Toujours agrippé l'un à l'autre, le chevalier tenait et caressait la cuisse de sa belle plaquée à sa hanche alors qu'il était encore en elle. Ils se regardaient, amoureux et passionnés, un sourire radieux illuminant leur visage. Ils avaient passé la dernière épreuve de leur relation avec brio.

« Clé… Merhamet… je… je serai tien… je serai tien jusqu'à ce que la mort m'emporte. » souffla le chevalier avant de l'embrasser une énième fois. Sa main dessina de nouvelles caresses sur sa jambe, mais, loin d'êtres lascives, elles étaient douces et innocentes. Andran se rendait compte à quel point il était heureux d'avoir partagé cette première fois avec elle. « Jamais je n'aurais pensé que… ce soit si intense et si… et si bon… Je suis si heureux que nous l'ayons fait… si heureux que vous ayez franchi ce cap… avec moi. Je t'aime… »

L'esprit de Clémence à peine redescendu sur terre, elle sentit son amant la soulever afin de leur faire intervertir leurs positions. Par réflexe, elle s'accrocha à lui afin de le suivre jusqu'à ce qu'il s'assoit. Les jambes et les bras toujours autour de lui, il reprit leurs ébats et elle comprit alors qu'il n'en avait pas terminé. Elle se surprit alors à apprécier la continuité de ses allées et venues, son intimité toujours sensible au plaisir, et elle accompagna ses mouvements en ondulant sur lui au même rythme. Et cela devint meilleur de seconde en seconde... Si bien que ses soupirs se muèrent de nouveaux en gémissements et qu'elle sentit son corps se raidir à nouveau un peu plus à chaque fois que son bassin rencontrait celui d'Andran. Il accélérait encore le rythme et ses doigts se crispèrent à quelques reprises alors qu'elle frôlait cette extase à laquelle elle avait déjà goûté et à laquelle elle goûta de nouveau... en même temps que son chevalier cette fois.
Elle savoura ses derniers vas et vient plus lents et l'embrassa avec langueur et tendresse. Encore essoufflée, elle se laissa entraîner sur le matelas. Elle sentait ses forces l'abandonner soudain alors que son corps tout entier s'était contracté deux fois sous l'effet du plaisir. Cependant, malgré sa fatigue et sa respiration haletante, son visage était radieux.

A la promesse de son chevalier, son expression se fit plus émue et elle posa une douce main sur sa joue. Elle répondit à son baiser avec passion, bien qu'elle n'ait plus l'énergie pour aller plus loin. Mais cette déclaration provoquait en elle une vague d'amour de belle ampleur.

-Je suis tienne, Andran... Maintenant, et pour toujours. Lui répondit-elle lorsque leurs lèvres se quittèrent enfin.

Cette expérience était une première pour elle aussi en un sens. C'était la première fois qu'elle l'avait voulu et la première fois qu'elle y prenait du plaisir... La première fois qu'elle pouvait choisir la personne avec qui elle passait à l'acte. La première fois qu'elle le faisait par amour...
Alors qu'il lui avouait y avoir pris beaucoup de plaisir et qu'il était ravi de voir ce qu'elle était parvenue à faire, elle baissa les yeux, à la fois timide et terriblement gênée. Elle rougissait un peu dans la pénombre de cette chambre où les bougies s'éteignaient une à une.

-Pour moi aussi... Andran, je... J'ai joui... Deux fois... Confessa-t-elle à mi-voix.

Alors qu'elle avait déjà atteint le summum du plaisir après qu'il ait prononcé son prénom à trois reprises, l'ardeur et la vigueur de son amant avaient maintenus sa flamme éveillée et l'avait même ravivée assez pour qu'ils atteignent le septième ciel ensemble. Elle ignorait que cela était possible. Ou bien cette première fois avait été si intense qu'il avait fallu au moins cela pour l'apaiser ? Elle ne saurait le dire mais cela rendait cette expérience d'autant plus importante...

Andran ne s'est jamais senti aussi lié à Clémence qu'il ne l'était ce soir. Exténué par l'intensité de cette nuit, il n'avait plus la force de séparer son intimité de celle de sa belle. D'ailleurs, il n'était pas certain de le vouloir non plus, maintenant que leurs corps ne faisaient plus qu'un. Mais, de plus, ce lien charnel était toujours animé par leur lien amoureux. Ils étaient passés à l'acte, l'avaient mené jusqu'à son terme, et en avaient tiré tout ce plaisir parce qu'ils s'aimaient. Pour une première fois, Andran était soulagé de n'avoir pas commis d'impair, et de l'entendre de la bouche de Clémence. Si elle avait atteint l'extase, c'est qu'il ne s'était pas trompé, c'est qu'il ne lui avait fait aucun mal, c'est même très probable qu'il ait fait ce qu'il fallait faire. Le chevalier avait tant appréhendé ce moment en plus de le souhaiter. Il avait si peur de réveiller en Clémence toutes ses peurs dès la première insertion, de manquer ses gestes et de lui faire mal parce qu'il était inexpérimenté. Lorsque venait le moment d'accélérer la cadence et amplifier ses gestes, Andran avait toujours ressenti cette légère crainte de lui rappeler la brutalité de son passé. Finalement, peut-être était-ce parce que c'était lui, cet homme qui l'aimait et qui avait attendu qu'elle soit prête, que Clémence s'était délecté de ce moment.

« Et j'en suis heureux, sois-en certaine. » avait-il répondu en souriant devant la timidité de Clémence. Andran était certain de pouvoir situer ses deux moments, car la prise de sa belle sur lui s'était renforcée, jusqu'à le griffer si elle avait des ongles, tandis que tout son corps s'était raidi sous ses assauts. Cela avait rendu le corps du chevalier plus bouillant de désir encore. « J'ai tant craint de… de te faire du mal et à te rappeler ton passé que… je suis soulagé de savoir que… que je n'ai pas échoué et… que tu y as pris du plaisir. »

La suite n'en devenait que plus facile à appréhender. Andran et Clémence nécessiteront encore quelques nouvelles fois pour s'imprégner pleinement de telles séquences… si ce n'est même pour pouvoir les rendre meilleures et les prolonger. Cependant, le plus dur était passé, et bien plus qu'ils n'auraient plus l'espérer. Clémence n'avait pas simplement laissé Andran s'insérer en elle pour la première fois, elle avait réussi à tenir l'effort sans jamais le craindre ni le repousser. Un effort passionnément long et intense, car, autour d'eux, certaines bougies n'étaient à rien de s'éteindre parmi celles qui ne l'étaient pas déjà. Bientôt, le couple se retrouvera dans le noir complet. Mais, lorsqu'il était là, accroché à Clémence, caressant sa cuisse, reprenant son souffle et laissant la sueur s'évaporer de son corps, le chevalier sentait le temps se suspendre à leur romance. Elle était si agréable qu'il voudrait rester là, dans cette chambre comparable à une bulle, jusqu'à la fin des temps, avec la seule femme qu'il avait aimé.

« Te souviens-tu de notre première nuit ? La première où tu m'as laissé découvrir et palper ton corps si magnifique ? » demanda Andran, le regard relevé sur celui de sa fiancée alors que sa main remonta jusqu'à ses fesses comme s'il cherchait à prouver la sincérité de son compliment. Évoquer ce souvenir suffit à lui arracher un sourire, car, pour la première fois, Clémence s'était laissé allée à l'érotisme avec son fiancé. Que de progrès accomplis depuis cette nuit-là. « J'ai… j'ai découvert ton corps, et toi le mien, au fil de caresses et de baisers si tendres et… lorsque tu as senti tes limites, nous nous sommes arrêtés. Nous nous sommes endormis sans nous changer, comme pour graver cette étape franchie… » Andran laissa son regard s'échapper vers l'entrejambe de la jeune femme, là où le sien avait perdu la flamme depuis qu'il s'était défait de son nœud. Gêné, il peinait à relever le regard sur celui de sa belle, de peur de paraître ridicule, ou impertinent. « Nous pourrions peut-être… faire pareil, cette nuit ? » proposa alors le chevalier d'une voix timide, ses joues s'empourprant un peu plus. « Pour être tout à fait honnête, je… je… comme ceci, je me sens si léger, si heureux que… que je voudrais m'endormir sans bouger… sans me séparer de toi… »

Les mots d’Andran étaient doux mais n’aidaient pas la belle estrevine à être moins timide. Elle se força à le regarder lorsqu’il lui exprima son soulagement alors qu’elle n’avait pas été prise de peur au cours de leurs premiers ébats afin de lui confirmer silencieusement que c’était bel et bien le cas. Elle avait un peu appréhendé son insertion mais la vague de plaisir qu’elle avait ressenti et le regard de son chevalier avaient balayé tout le reste. Elle détourna de nouveau les yeux alors qu’il évoquait son plaisir, masquant un sourire heureux et gêné. Il était si étrange de pouvoir parler de cela… Admettre que cela lui avait plu, le dire à voix haute, l’entendre de la bouche de son amant…

La proposition d’Andran troubla Clémence quelques instants. Elle crut d’abord qu’il voulait qu’ils restent nus et elle n’avait pas l’intention de se rhabiller. Le contact de la peau du chevalier avait un velouté qu’elle ne le connaissait pas jusqu’alors. Elle découvrirait plus tard que c’était ainsi après chaque ébat et elle y prendrait goût, assurément. Cependant, ce n’était pas le sens de sa requête. Il voulait demeurer en elle, unis par le cœur et dans leurs chaires. Ils ne pourraient pas demeurer ainsi éternellement… Leurs corps finiraient par se séparer pendant la nuit. Elle n’était pas certaine de savoir ce qu’elle en pensait mais… Elle était prête à essayer.
Alors, pour toute réponse, la belle métisse se blottit contre son compagnon, logeant sa tête contre son torse rendu si doux par l’amour qu’ils venaient de partager si intensément. Nue contre lui, cela ne la dérangeait plus en cet instant. Elle finirait par ne plus en être gênée du tout, probablement. Rassasiée, elle n’imaginait pas que le désir ne mettrait pas des lustres avant de refaire son apparition. Et le jeune couple entamerait alors une relation intime des plus normales.

Clémence s’endormit, bercée par les battements du cœur sous son oreille, certaine qu’il était sien autant que le sien était à lui. Désormais, son passé était derrière elle. A tout jamais.