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 [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]

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MessageSujet: [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]   [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] I_icon_minitimeSam 7 Aoû 2021 - 22:10


Deuxième jour de la Première ennéade de Karfias,
An Dix-Neuf du Cycle XI,
Palais Royal, Diantra

Tout le faste et le luxe de ces corridors étincelant, de ces artères se faisant le véhicule des sangs les plus prestigieux de la Péninsule, affluant au cœur du pouvoir de ce royaume millénaire. Un cœur fier mais incertain, affaibli cependant vaillant.
Là s’y retrouvent les pontes des plus puissantes lignées de ces terres peuplées d’Hommes. Les pairs du Royaume s’installent tour à tour, l’air grave et sérieux, on se salue discrètement, d’un simple signe de tête ou bien d’un regard, car le conseil de régence est déjà présent.
Aucun ne manque à l’appel. Le Régent du Royaume Louis de Saint-Aimé, Athanase de Cley Grand Chancelier de son état, le Grand Argentier Hubert le Scyléen, le Grand Amiral Francesco di Castigliani ainsi que son Vice-Amiral Piezzare de Montecale, le Capitaine des Baudriers d’Argent Thomas d’Avron ainsi que le Maître de l’Arcanuum dit Ascilin le semi-elfe. Aucun n’affiche ne serait-ce que le sourire courtois du politicien.

- Par la décision du Conseil de Régence vous ave…

- Suffit. Souffle calmement Athanase en levant la main, n’accordant de regard qu’aux nobles présents autour de la table. Nous nous passerons des cérémonies d’usage en ce jour. Disposez.

- Sire ?

Au fond de cette pupille assassine le domestique saisit l’ordre intimé par le Grand Chancelier, s’inclinant dans l’instant, il ne lui suffit que de quelques secondes pour quitter la pièce. Le claquement des portes se refermant sur son passage précède le silence glacial qui se saisit des uns et des autres, souffle dans leurs nuques et enserre leurs poitrines.

- Comme chacun le sait, reprend calmement le Grand Chancelier, un incident on ne peut plus… Dramatique se produisit au cours du mois dernier en les murs de Langehack. Aussi nous prîmes la décision de nous réunir, tous ici en ce jour… Fatidique. Seigneurs et Dames de Péninsule, entendez-moi bien, fit-il en jaugeant du regard ses frères et sœurs, les morts gouvernent les vivants et l’Histoire est tragique. Alors parlez bien ou ayez la sagesse de faire silence.

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MessageSujet: Re: [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]   [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] I_icon_minitimeDim 8 Aoû 2021 - 21:15


Le voyage fut pénible, non pas que le marquis voyageait dans des conditions désagréables, loin de là, le luxe qui lui conférait sa position était enviable et aurait dû rendre le périple plaisant. Non, c’était la tension qui rendait le tout désagréable. Ses chevaliers déjà, étaient sur les nerfs, si quelqu’un s’en était pris à leurs seigneur et avait presque réussi à le tuer dans les murs du palais ducal alors imaginez ce qu’un assassin pourrait faire sur la Route d’Or. Et puis il y avait le reste de la noblesse qui accompagnait Griffon, qui n’arrivait pas à mettre ne serait-ce qu’un instant leurs discordes aussi incessantes que mesquines de côté et les dieux savaient que les factions qui déchiraient la cour ne dataient pas du cycle dernier. Ce fut donc un soulagement lorsqu’ils atteignirent la capitale et le seigneur du langecin se dirigea en premier lieu vers Sainte Deina pour s’y recueillir, y prier pour le Souffle des chevaliers morts par la main des nains.

Et puis vint le conseil des pairs auquel il se rendit avec deux autres personnes qui restent derrière le siège du marquis, l’encadrant, un noble élégamment mais modestement vêtu qui répondait au nom de Gabriel de Bone et un autre, cette fois en armure complète ; on aurait pu croire qu’il ne s’agissait d’un mannequin ayant revêtu une armure dorée au plastron frappé d’un aigle rouge au contours dessinés par des rubis si on ne l’avait pas vu se déplacer auparavant. Le seigneur de Langehack s’assit après avoir salué l’assemblée d’un hochement de tête courtois. La brusquerie d’Athanase le fait hausser un sourcil. C’était… anormal, pensa-t-il mais il devait bien admettre que la situation en elle-même n’avait rien d’anodin non plus. Suite au préambule du grand chancelier, Griffon prit la parole.

« Un incident dramatique. » Il répéta la formule comme pour en apprécier l’effet qu’elle avait, comme un vin que l’on dégustait. « Un incident tragique, en effet. Je confesse avoir été laconique dans ma missive adressée à sa majesté dans un soucis de concision et de rapidité, permettez-moi alors d’élaborer ou, comme tout le monde n’a pas forcément eu l’occasion de lire ladite lettre, de présenter les faits. »

Il lança un coup d’œil aux autres, s’il était certain que le Grand Chancelier l’eut lu, la lettre, idem pour le régent, ce n’était pas chose certaine pour les autres qui n’étaient pas encore à Diantra lorsque le message était arrivé, le duc d’Erac ou de Serramire par exemple.

« Il y a de cela quatre ennéades, j’ai reçu en mon palais une délégation de nanie septentrionale qui avait en tête, semblait-il, de commercer, d’ouvrir un comptoir. Evidemment je n’étais pas seul lors de cette audience, ma cour était présente, rassemblée pour voir de quoi il retournait. C’est au fond de la pièce, proche des portes principales, qu’éclata une querelle entre deux gentilhommes, Armel d’Allard et Deo d’Accora, qui commencèrent un duel de point d’honneur. Trois chevaliers de l’ordre de l’Aigle de Sang, ma garde personnelle, dont le capitaine, Ashal d’Amderran, entreprirent de mettre un terme aux combats, de séparer les duellistes. Les nains, quant à eux, probablement sous la panique bien qu’ils se trouvait bien loin du danger, usèrent de magie. » Griffon prit une pause, laissant son auditoire s’imprégner de son récit, lançant un coup d’œil à chacun avant de reprendre en posant doucement les mains sur la table puis de se lever. « Le résultat fut le suivant : sir d’Amderran, le commandant de ma garde personnelle, pour sa bravoure, fut récompensé d’une agonie longue et douloureuse alors que la lave lancée par leur sorcier le faisait fusionner avec son armure et cuisait sa chair de l’intérieur, incapable d’hurler sa souffrance, goute après goute de métal fondu lui coulait dans la bouche. »

Cette fois, durant la brève pause, ce fut Thomas d’Avron qui eut droit à une œillade.

« Il en fut de même pour Lorin Beaumont et Nicol de Rodier. Le plus chanceux, pour peu que l’on puisse parler de chance, fut sans doute Guerinet de Beaulne qui mourut sur le coup, décapité par une boule de lave. A peine eut-il le temps de sentir la chaleur. » Il ménagea une nouvelle pause le temps de se rassoir. « J’ordonna aux compagnons des braves, morts pour remettre de l’espoir dans un chaos qui menaçait d’échapper à tout contrôle, d’appréhender les nains et leur sorcier. C’est à ce moment que l’assassin sortit des ombres pour attenter à ma vie. S’en suivit une lutte âpre dont je sortis indemne. »

« Que la Bienveillante en soit louée. » Souffla Gabriel en baissant la tête et en formant le signe du calice ailé sur sa poitrine.
« Une fois sur mes pieds je suis allé voir les nains et je leur ait ordonné de déposer leurs armes, la garde palatiale ayant remis de l’ordre il ne restait plus qu’eux qui représentait une menace ô combien sérieuse. Malheureusement leur sorcier a refusé j’ai alors répété mon injonction et ils m’ont forcé la main. Pour éviter d’avoir à être témoin du sacrifice d’autres langecins brûler vif j’ai ordonné la mort du sorcier et la consignation à résidence de l’émissaire, le temps de tirer au clair toute cette histoire. »

Griffon prit une grande inspiration durant laquelle il ferma les yeux avant de les rouvrir en expirant. Son regard embrassa la pièce avant d’ouvrir une fois de plus la bouche.

« Vous connaissez désormais toute l’histoire, messires et mesdames. »
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MessageSujet: Re: [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]   [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] I_icon_minitimeDim 15 Aoû 2021 - 11:12



À la description des sévices dignes du plus ardent des brasiers quelques-uns des faciès ici présent eurent bien du mal masquer leur effroi, et quoique passager, le semi-elfe et maître de l’Arcanuum se délecte d’ores et déjà des réactions des hommes du Nord.
Ainsi le silence s’engouffre à nouveau dans la pièce, allant s’infiltrer jusque dans les gorges des pairs du Royaume. Le Chancelier lui-même est pris d’un instant de flottement, et ce alors que son regard coule en direction d’Ascilin.

- Puissantes sont les forces occultes maniées par les nains. Et cela peut expliquer cette réponse, aussi violente fut-elle. Concède Athanase en joignant les paumes de ses mains. Cependant, sans douter de votre parole je puis vous l’assurer mon seigneur, il nous faudra entendre l’histoire vécue au travers de l’œil de nos… « Amis » du Zagazorn. Nous parlons aujourd’hui d’un incident de nature à motiver une guerre. Or toute la Péninsule n’est pas prompte à s’y lancer céans et à corps perdu, compte tenu des deux dernières décennies et des arrangements commerciaux entre notre Royaume et celui des nains qui profitait à certains.

D’un geste sobre de la main, Athanase invite le Duc de Serramire à s’exprimer, car il sait que le Nord et les barbes s’entendent depuis quelque temps déjà. Le fils du Brochant ne se perd d'ailleurs pas en palabres inutiles et va droit au but, introduisant par la-même le Baron d’Oësgard, assurant que des pourparlers ont été entamés quelques jours auparavant.
Le Chancelier répète le geste, à l’égard de Geoffroy cette fois-ci.

- Éclairez-nous Baron, nous sommes tout à vous. Après quoi, le Conseil de Régence se permettra de vous présenter son invitée.

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MessageSujet: Re: [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]   [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] I_icon_minitimeJeu 19 Aoû 2021 - 18:11


An 19 du Cycle XI, Karfïas, Julas de la première ennéade
Diantra, palais royal


Quelle plaie que toute cette histoire ! Ce messager, quand il m'as transmis sa missive... J'ai bien failli l'occire, rien que pour les nouvelles qu'il a apporté. Si je n'avais pas été dans un bon jour, et si nous n'étions pas dans un lieu sacré. Tout de même, qu'en avons nous à faire que ces nains se retirent de leur comptoir ridicule ? J'avais accepté, à l'époque, par pure curiosité, et aussi parce que ces seigneurs avide de joyaux avaient l'air d'y voir une opportunité quelconque. Et depuis, quoi ? Où sont mes trésors ? Où sont mes armes, si extraordinaires, pour pourfendre les monstres qui nous menacent ? Je commence à penser que toute cette réputation dont ce peuple étrange bénéficie n'est que baliverne et fantasme. Alors qu'ils s'en aillent, s'il le veulent. Ma Cité d'Oësgard n'en sera que plus belle et agréable sans ces nabots avides.

C'est ce que j'ai pensé, au premier abord. Puis alors, Ansleubane est parvenue à me convaincre. La missive du vieux Loup-herminé n'y est pas pour peu non plus, dans ma décision, je suppose. Après tout, peut-être est-il préférable de traiter avec eux qu'avec ces autres-là. Pour le Bien d'Oësgard. Alors me voilà à devoir jouer de la politique, plutôt que de profiter des festivités de Diantra. Tous ces faux-semblants, toutes ces paroles détournées, toutes ces simagrées... Je préfère à cela un bon affrontement, un face à face les yeux droits dans les yeux, tels que le feraient des hommes d'Honneur. Mais, cette fois, il me faut m'adonner à tout cela. Après tout, je n'aurais pas pu laisser cela à la Heinster, cette fois. Elle a beau m'être de judicieux conseils, elle ne reste qu'une femme.

Me voilà donc ici, à écouter palabrer ce Suderon prétentieux, avec son accent horrible. Mais comment font-ils tous pour ne point éclater de rire ? Rah, quelle plaie ! Qu'il est ennuyeux, ce Suderon ! Chacune de ses parole respire la sournoiserie. Arcam en serait l'auteur que je n'en serai point surpris. Néanmoins, je dois avouer que ses palabres se révèlent étonnemment divertissantes. A tel point que je dois cacher mon amusement. Ce qui, au demeurant, ne s'avère pas bien difficile. Tous ce discours nous démontre une telle incompétence, un tel désordre. La cour de Langehack est ainsi donc aussi désordonnées ? Une telle débauche est bien digne des Suderons ! Voilà bien ce qu'il en est d'une noblesse de pacotille. Ce qu'il en est, à force de s'acoquiner à des dépravés de l'Estrévant : l'on devient aussi peu fiable qu'eux.

Après que le Langecin nous ait fait la grâce de se taire, et une fois que la parole ait été donnée à ce jeune corbeau de Brochant, vient mon tour de prendre parole. Je me lève et fais face à l'assistance, m'apprêtant à m'exprimer avec clarté. J'ai bien appris quelques ficelles de l'allocution, du temps où je séjournais chez le vieux corbeau, et le moment est sans doute venu de les ressortir.
- Les nains du Zagazorn sont un peuple étrange et énigmatique. Ils sont reclus, refermés sur eux-mêmes depuis des décennies. Ils sont un peuple hérétique, qui renie les Cinq et la Damedieu.
Mon regard passe brièvement sur le Marquis de Langehack, un sourire légèrement moqueur au coin des lèvres.
- Et leur magie est obscure et terrifiante.
Mon regard revient face à moi, face à l'assistance. Mon port est droit, je me montre fier et confiant en mes paroles.
- Comme l'est toute magie.
Je marque une pause, le temps d'une respiration.
- Pourtant, voilà un peu plus d'un an, ils se sont présentés devant nous, à la Grand-Foire d'Oësgard. La Damedieu nous enseigne à respecter le souffle, quand bien même ils seraient des infidèles. Et tout incroyants qu'ils soient, ces êtres semblent doté d'un véritable sens de l'Honneur, ce que le Guerrier respecte.
Et ce qui n'est pas le cas de tous en Péninsule, ni de certains ici même, me dis-je à moi-même.
- C'est pourquoi nous les avons écouté, et c'est pourquoi nous avons engagé des contrats commerciaux. Démarrant ainsi le début d'échanges qui, nous l'espérons, bénéficieront au Royaume.
Et surtout au mien, celui de Sgarde.
- Alors je vous le demande, aux conseillers royaux, aux Pairs du royaume : le Royaume tout entier devra-t-il assumer l'ingérance d'un Sujet irréfléchi ? Devrons-nous supporter le poids d'une guerre, si cela en arrivait là, parce que quelques uns n'ont su faire preuve de discernement ?

Je marque une pose, le temps que mes paroles fassent leur effet.
- Il y a quelques jours, nous avons reçu une missive de nos terres. L'émissaire du Zagazorn, un haut dignitaire de leur peuple, s'était rendu à Oësgard dans l'intention de rompre toute relation avec notre baronnie, et plus largement avec le reste du Royaume de sa Majesté le Roy Bohémond Premier. L'affront qui leur a été fait serait, selon leurs lois que nous tenons des dires de cet émissaire, un crime impardonnable pour leur peuple. Toutefois notre Conseil, resté en régence, est parvenu à apaiser l'ire de ce dignitaire. Assez pour nous ouvrir la possibilité de Pourparlers. Et ceux qui connaissent le caractère borné de ce peuple peuvent deviner que cela n'a pas été chose aisée.
Mon regard parcoure mon auditoire afin de jauger leur expression.
- Ainsi Oësgard se tient prêt, selon le bon vouloir de Sa Majesté, du Conseil de Régence et des Pairs, à rassembler un contingent diplomatique dans ce but. Ainsi, nous pourrions tenter de régler cette affaire en causant le moins de heurts possible. Il en va du bien du Royaume.
A présent, le plus difficile : je m'incline légèrement en signe de respect, puis conclue mon discours.
- Nous remercions cette assemblée de nous avoir écouté. Puisse la Bienveillante guider votre sage décision.
Et, sur ces mots, je me rassied à ma place.
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MessageSujet: Re: [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]   [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] I_icon_minitimeSam 21 Aoû 2021 - 15:09



Le poids des années n’a pas entraîné toutes les velléités passées au tréfonds des abîmes du souvenir. Tout du moins, la tempête annoncée et ses premiers remous font d’ores et déjà fait remonter les rivalités nordiennes et surderonnes. Et si le Grand Argentier se fend d’un sourire très discret, Athanase quant à lui s’imagine déjà les déboires politiques à venir.

- Afin de ne point courroucer les uns des faits des autres, nous entendons bien conserver la courtoisie des relations entre le Royaume et les terres naines. Nous l’aimerions, en tous les cas. Il dresse l’index puis, comme s’il chassait l’idée de la main, reprend en invitant la Dame de Fernel à s’exprimer. Mes Seigneurs, le Conseil de Régence se permet de présenter son invitée venue des contrées nordiennes… La Dame de Fernel. Le Grand Chancelier marque une pause tandis que son regard passe d’un pair à l'autre. Son statut auprès du peuple nain accorde à sa parole un poids tout particulier. Unique à dire vrai. Aussi, vous laisserai-je, ma Dame, expliciter ce point avec plus de précision que je ne puis le faire.

Les regards se tournent alors vers cette surprenante invitée que bien peu de gens en cette pièce ne connaissent encore réellement, elle qui est tenue en haute estime par le peuple du Zagazorn.

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MessageSujet: Re: [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]   [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] I_icon_minitimeSam 21 Aoû 2021 - 18:42


L’on dit que la nuit porte conseil or il semble que la Nuit ait décidé de ne point porter assistance à la Dame de Fernel. Les quelques heures qui ont précédé l’aube ont été agitées tandis que l’esprit de Louise vivait au rythme de rêves effrayants et sanglants, des songes teintés d’épouvante dans lesquels la moitié de la Péninsule errait au milieu d’une contrée dévastée, le visage maculé de carmin, les vêtements en lambeaux cachant mal d’abominables amputations. Femmes, enfants, vieillards, marchant sur des monceaux de cadavres en armure, tous étaient à la semblance de cette effroyable créature revenue à la vie par l’entremise de la Haute-Prêtresse de Kiel dans cette ruelle de Thaar de sinistre mémoire. Des yeux vides, des mains tendues vers une Louise à cheval, en haillons elle aussi, horrifiée, désemparée, les mains pleines de sang et pourvues de griffes. Des mains de Louve. Un grand cri a résonné dans cette chambre luxueuse qu’elle occupe, un cri qui a alerté Enguerrand qui a surgi, l’épée à la main, dans la chambre de la châtelaine pour la trouver assise dans son lit, en sueur, le visage caché dans ses paumes. Elle ne pleure pas, elle reprend son souffle et tente d’apaiser les battements de son cœur.

Ce n’est pas la première fois qu’il l’entend hurler de la sorte. Il y a de cela de nombreuses ennéades, elle a vécu des moments particulièrement éprouvants dont il n’a jamais eu le détail mais dont il sait qu’elle a eu beaucoup de mal à s’en remettre. Il n’était pas rare d’entendre ses cris, de véritables cris de souffrance qui s’arrêtaient d’un seul coup et qui étaient souvent suivis de sanglots à peine contenus. Il n’y avait alors que le vin qui parvenait à lui rendre sa sérénité. Le vin et le combat à l’épée, un art dans lequel elle s’est jetée corps et souffle à chaque fois que cela lui a été possible. Si elle a réussi à vaincre son addiction au vin, elle a gardé par contre l’habitude du combat et le maître d’arme pensait qu’elle avait enfin réussi à trouver un équilibre grâce à cela. La voir dans cet état lui rappelle de bien mauvais souvenirs, assez en tout cas pour que ses broussailleux sourcils se rejoignent au-dessus de son nez.

- Ma Dame…
- Enguerrand, je vais bien. Laissez-moi.


Dès que l’homme sera sorti, elle s’extirpera de sa couche pour faire rouler de l’eau fraîche sur son visage avant de poser ses mains de chaque côté de la petite console qui supporte le délicat récipient de porcelaine, les yeux clos, les fines gouttes ruisselant sur ses joues finissant leur course dans la jolie cuvette blanche aux armes des Soltarii-Berontii. Elle finit par passer sa main sur son visage, en se mordant la lèvre. Elle redoute autant qu’elle espère cette entrevue au palais et c’est bien cela qui l’agite tellement, même au milieu de son sommeil. Le doute, la crainte, l’angoisse de ne pas être à la hauteur lui étreignent le cœur aussi sûrement qu’un étau étrangle un morceau de métal. Il y a aussi la curiosité, le sincère désir d’aider, la certitude de pouvoir apporter un soutien dans une situation délicate. Il y a tant de sentiments qui se bousculent dans cette tête qui se tourne présentement vers la fenêtre. Un regard vers l’est, vers Thaar…Vers la seule personne au monde qui compte tant pour Louise et qui n’est pas là…

Une demande soufflée, tout petit et timide murmure incertain, plein d’indécision et d’espoirs mélangés, s’élève alors dans la chambre. La prière d’un Souffle esseulé qui a besoin d’un soutien, le seul et unique qu’elle puisse espérer obtenir…

- J’ai besoin de Vous, Bienveillante…Bien souvent je Vous ai appelée à l’aide…S’il Vous plaît…Aujourd’hui…Soyez avec moi.

Une boule se forme dans la gorge de la châtelaine.

Elle ira au palais royal seule, sans appui, sans aucun autre soutien que celui de Néera, en espérant que la DameDieu le lui accorde.


[Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] Szopar10



A l’heure dite, Louise prend donc place à cette table, à l’endroit qui lui sera attribué. Elle salue tous les présents d’une gracieuse révérence de cour avant de s’asseoir et de se taire, ignorant volontairement les regards qui se posent sur elle pour se concentrer sur les propos d’Athanase de Cley. Elle s’y attendait et y est donc parfaitement préparée, même si en son cœur malmené par la condescendance des hommes une flamme couve, soigneusement contenue par des mois de rencontres en tous genres qui lui ont appris la patience et la résilience.

Elle est parfaitement calme, les mains nouées sur ses cuisses drapées de velours bleu brocardé de fils d’argent et ourlé d’une fine et élégante fourrure blanche. A sa main droite, l’anneau sigillaire de Fernel, insigne de sa seigneurie. A sa gorge, un collier d’argent garni d’une pierre de lune, une véritable délicatesse d’orfèvrerie au froid éclat qui lui plaît tant. Dans ses cheveux soigneusement relevés et tressés, le diadème de métal agrémenté de feuilles de chêne qu’elle arbore si souvent et qu’elle affectionne entre tous.

Derrière elle, il y a Enguerrand Lagarde, son maître d’armes et ce qui s’apparente le plus à un conseiller. Il est d’ailleurs présent à ce titre et l’homme de guerre de presque quarante ans reste droit derrière Louise, le regard inflexible et dépourvu de tout sentiment chaleureux. Il a conscience de l’importance du moment tout comme du privilège d’être présent tout autant qu’Aymeric Atréis qui occupe le côté droit, juste derrière la châtelaine. Tous les deux, grands et fiers hommes du Nord, portent leurs armes habituelles ainsi que la tenue d’apparat qu’ils ont revêtue aux noces du Grand Roi du Zagazorn. Aymeric porte, à son côté, la lame prodigieusement restaurée par les Nains, à Thanor, infiniment plus brillante, tranchante et efficace qu’elle ne l’a jamais été.

Pas un instant Louise n’aura un seul regard pour Arnaud de Brochant ou Louis de Saint-Aimé. Pas plus qu’elle n’en aura pour Renaud d’Erac.

C’est la première fois qu’elle rencontre le Duc de Serramire depuis ce malheureux incident au palais ducal où son Altesse s’est allègrement jouée d’elle. Rien que le fait d’être ici, présente à la même table que lui, est une revanche sur celui qui lui a fait si cruellement sentir qu’elle n’était qu’une châtelaine insignifiante, une femme de presque rien. Le sourire moqueur et les paroles de cet homme hantent encore douloureusement ses souvenirs aussi juge-t-elle plus prudent de ne guère lui accorder d’attention pour l’instant.

De même, c’est la première fois qu’elle rencontre Louis de Saint-Aimé et elle ne peut l’envisager sans songer à Magnus de Terresang ou à Adélina de Lourbier. La situation de la châtelaine est délicate à bien des égards aujourd’hui, surtout qu’elle n’ignore absolument rien des intentions des deux derniers cités vis-à-vis du Régent. Regarder Louis de Saint-Aimé, ce serait un peu comme regarder un mort en sursis. Et la curiosité malsaine n’a pas sa place en cet endroit.

Enfin, elle n’a pas un regard pour Renaud d’Erac pour la simple et excellente raison qu’elle ne veut pas être déconcentrée. Louise tient à garder l’esprit clair pour cette entrevue qui est menée par chacun de ces messieurs à tour de rôle, grands et éminents nobles sangs du royaume de Péninsule.

C’est au Marquis de Langehack de dévoiler les événements qui sont survenus en son fief et c’est précisément ce qu’attendait Louise. Une information directe, provenant de la source elle-même, une source que l’on peut donc estimer, en toute théorie, parfaitement fiable. Et ce qu’elle entend la fait quelque peu s’agiter sur son siège, un très bref instant. Derrière elle, elle sent le léger mouvement d’Enguerrand, une main gantée de cuir qui se sert en un doux crissement.

La châtelaine ne peut s’empêcher de vriller un regard curieux vers le Marquis, sans pour autant relever le moindre de ses propos dans un premier temps. L’habitude ancrée en ses gestes de toujours écouter, et surtout observer, avant de parler se révèle ici d’une incroyable utilité. Le phrasé grandiloquent, l’œillade à cet homme faisant partie de son escorte, tout le maintien du Marquis qui s’adresse avec assurance devant une assemblée composée de ses semblables potentiellement tous acquis à sa cause l’indispose quelque peu. Il parle comme s’il récitait une leçon apprise par cœur ou une plaidoirie pleine d‘envolées lyriques. Elle ne décèle de surcroît aucune émotion dans ce qu’il dit. Absolument aucune. Les mains toujours croisées sur son giron, la châtelaine ne réagit pas verbalement, bien entendu, mais en son for intérieur, tout lui hurle de se méfier de ce que dit cet homme là-bas à fortiori quand elle sait que le Roi Harald n’enverrait pas une délégation plénipotentiaire dans le but d’assassiner un potentiel – et conséquent – partenaire commercial. Non, elle a sans doute mal compris, le Marquis s'est peut-être mal exprimé…L’assassin ne peut pas être un Dawi. A moins bien entendu que le Marquis ne laisse volontairement planer le doute dans un but qui lui échappe encore.

Il a de surcroît utilisé les mots « sortis de l’ombre ». Les Dawis ne se distinguant pas par leur allure délicate et discrète, elle se laisse entraîner dans ses propres réflexions et souvenirs où la silhouette d’un homme âgé, insoupçonnable grand-père à l’attitude bonhomme et tranquille, est pourtant nimbée de longs tentacules de ces ombres avec lesquelles il joue.

Les Mages des Ombres existent. Louise est bien placée pour le savoir puisqu’elle héberge l’un d’entre eux à Fernel tout en fermant les yeux sur cet abominable travers, une des nombreuses déviances d’Elazar. En partant du postulat qu’aucun Mage n’est digne de confiance et qu’à fortiori il y en a au moins un dans l’entourage du Marquis – sa fille aînée – qui, elle le sait, est capable de manipuler les choses pour les transformer totalement, l’on est en droit de se demander si la tentative d’assassinat ne serait pas issue de l’entourage proche du seigneur de Langehack plutôt que de l’ambassade naine. Peut-être est-ce pousser la réflexion fort loin mais la Péninsule étant ce qu’elle est, la probabilité d’un meurtre afin d’accélérer une succession n’est pas à écarter. Loin de là. S’il lui fallait un exemple pour étayer cette pensée, le souvenir plein de morgue du tout nouveau Comte d’Odélian, dont elle n’ignore en rien les crimes, suffit à conforter cette possibilité.

Dans un autre cheminement de pensée, il est également tout aussi étrange qu’un Marquis, entouré de toute sa Cour, ne parvienne pas à faire cesser un combat en pleine réception. Soit la discipline et l’étiquette à la cour langecine sont des légendes, soit le Marquis ne brille guère par son autorité. Louise garde pourtant ces quelques réflexions pour elle, il sera toujours temps de les évoquer plus tard si le besoin s’en fait sentir.

Quoiqu’il en soit, si Louise s’est contentée de légèrement s’agiter sur son siège, elle constate l’horreur et l’effroi qu’affichent certains visages à table. Comment leur donner tort…Le supplice enduré par ces hommes a du être indicible. Elle aussi a été en contact avec la magie des Nains. Une magie bien différente de celle qu’elle a déjà pu rencontrer en Péninsule, comme une caresse, une onde de chaleur douce et puissante en même temps, et c’est probablement le seul souvenir, le seul contact positif qu’elle a eu avec la magie dans sa globalité.

Les paroles du Chancelier la sortent de ses réflexions personnelles. La parole a été donnée au Duc de Serramire, qu’elle observe avec attention, pour la première fois depuis le début de la réunion. Un homme de peu de mots, visiblement, mais assez cependant pour que Louise coule un regard vers le baron d’Oesgard, qu’elle rencontre également pour la première fois, après avoir longuement discuté avec sa si charmante épouse lors de ce déjeuner entre dames à Kirgan. Quel âge peut-il avoir ? Il a l’air jeune. Peut-être même est-il plus jeune qu’elle. Quoiqu’il en soit, elle écoute donc ses propos qui ne sont pas sans lui rappeler ceux des plus sévères et obtus vieillards de sa seigneurie. S’il fallait résumer toute l’attitude bornée, autocentrée et vindicative du Nord, sans doute qu’afficher le baron suffirait en à en faire la réclame.

Comment la douce et intelligente Ansleubane peut-elle côtoyer un homme tel que celui-là ? Même si elle en est éloignée d’un siège, elle peut ressentir toute la suffisance de cet homme, toute sa brutalité aussi dans le choix des mots, dans ses explications, la moquerie aussi, à peine dissimulée ce qui n’a absolument rien de diplomatique…

La magie des Nains, obscure et terrifiante ? Oui, sans le moindre doute. Il s’agit d’un secret bien gardé, elle le sait, comme pratiquement tous les secrets des Nains. Elle se rappelle les bibliothèques de Kirgan recelant sans aucun doute ces secrets, des étagères dont elle n’a vu qu’une très infime partie, rapidement, en compagnie du Roi Harald tout autant que le mausolée érigé en l’honneur du précédent souverain du Zagazorn et de cette hache représentée, une hache dont elle a pu sentir la magie alors même qu’elle est sans doute recouverte d’un épais linceul de pierre. Imaginer les dégâts que pourrait faire cette hache du vivant de son propriétaire relève de la fantaisie pour Louise. Une fantaisie qui pourrait faire trembler n’importe qui. Elle préfère d’ailleurs ne pas s’engager sur ce terrain là. Imaginer les effets de tels armes sur le peuple de Péninsule évoque ses cauchemars de la nuit…Des centaines de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, arpentant des champs de ruines et de flammes…

Pourtant, elle est d’accord avec le baron sur un point : le sens de l’honneur des Nains est probablement l’un de leurs traits les plus répandus. Ce sont des êtres fiers, de vrais guerriers elle le sait, elle l’a vu de ses propres yeux alors que tout le Zagazorn semblait se mettre en branle pour une guerre qu’a brièvement évoquée Maître Braahm lors leur conversation dans les montagnes. Tout le long du chemin reliant Thanor à Kirgan, elle n’a croisé que des armures vivantes, senti l’odeur du métal fondu, la fragrance des cuirs travaillés…L’odeur d’une bataille en approche. Et que dire alors des merveilleuses armures des gardes de Kirgan…

Elle est également du même avis sur un autre point, bien plus ardu celui-là. Toute la Péninsule n’a en effet pas à payer le prix d’un incident fâcheux survenu à Langehack, peu importe les circonstances. Le fait que le Marquis, un des plus éminent représentant du peuple des Hommes, ait été incapable de gérer sa propre Cour en présence d’une délégation étrangère ne place pas la Péninsule à son avantage, à fortiori devant un peuple méfiant, à la très large propension guerrière et au chatouilleux sens de l’honneur.

Il n’en demeure pas moins que le Roi Harald a voulu couper toute relation diplomatique avec la Péninsule ce qui est évidemment une catastrophe économique pour le Nord et pour tous ceux qui dépendent de ce commerce. Fernel en fait partie, bien sûr, mais ce n’est pas le point le plus important aux yeux de Louise. La Péninsule peut vivre sans les relations commerciales avec le Zagazorn. Elle ne fera par contre pas le poids face à une attaque coordonnée de guerriers surentraînés et épaulés par une magie puissante et destructrice, elle en est absolument convaincue. Il faut donc à tout prix apaiser le Zagazorn, ou du moins tenter de l’apaiser, ce qui s’annonce être une tâche éminemment complexe.

Comme l'a souligné le baron, les Dawis peuvent se montrer obstinés. La mort de plusieurs d’entre eux en territoire étranger ne pourra rester impunie et ils demanderont, sans le moindre doute, réparation d’une manière ou d’une autre.

La châtelaine ferme un bref instant les yeux en inspirant profondément.

La situation est bien plus critique que ce que les rumeurs ne laissent songer.

Le roi Harald a voulu rompre les relations diplomatiques avec les Humains et il semble que les convaincre de s’abstenir de le faire a été difficile, ce dont elle ne doute absolument pas. Obtenir des pourparlers est déjà en soi un exploit. Il ne reste plus désormais qu’à ne pas rater le rendez-vous et à faire en sorte que la Péninsule puisse perdurer, si tant est que ce rendez-vous ait lieu.

Compulsivement, la châtelaine joue avec le chaton de son anneau, la mine soucieuse avant de jeter un regard vers un rais de lumière traversant une des fenêtres éclairant le Conseil. Elle voit la cathédrale Sainte-Deina depuis son siège. Une cathédrale qu’elle regarde toujours tandis qu’elle est présentée à tous par Athanase de Cley. A nouveau les regards curieux posés sur elle, sans que cela ne la trouble, tout le temps que dureront les paroles du Grand Argentier.

Louise se lève alors à son tour. Elle est bien plus petite que tous ces hommes ici présents et c’est d’autant plus flagrant à côté de ses propres gardes qui la dépassent d’une tête au bas mot. Pour autant, elle regarde les présents tranquillement. A présent que c’est à son tour de parler, les craintes et les doutes disparaissent. Toute l’expérience acquise ces derniers mois est utile, y compris en soutenant le regard d’Arnaud de Brochant, ce triste Sire dont elle arracherait volontiers le cœur de ses propres mains sagement nouées sur le devant de sa robe.

- Les rumeurs dont j’ai eu vent faisaient état d’éclats, de disputes et au pire de luttes, même si quelques souffles répandaient la nouvelle de décès survenus à la cour de Langehack, ce qui était déjà en soi bien inquiétant. Une pause La situation est donc bien plus grave que ce qu’en disent ces rumeurs et je ne peux décemment dissimuler ma plus vive inquiétude face à ce que j’entends. La perte de nobles chevaliers péninsulaires est d’une ineffable tristesse, j’en conviens, mais ces quelques pertes ne seront rien face à la tempête qui s’annonce, une tempête venant du Brissalion et que rien ou presque ne pourra empêcher de souffler si nous ne réagissons pas dès maintenant.

Louise prend quelques secondes pour regarder Renaud d’Erac puis Geoffroy d’Oesgard.

- Même si je ne connais pas parfaitement les Nains, Messeigneurs, je les connais suffisamment pour affirmer que tout ce qui s’est passé à Langehack ne sera pas oublié ni pardonné. Peu importe les circonstances qui ont amenés à ce triste résultat.

L’œil noisette de Louise accroche ensuite volontairement le regard du marquis, sans ciller, durant un petit moment de silence, avant de poursuivre :

- J’étais présente au mariage du Roi Harald. J’y ai vu là-bas toute la puissance économique du Zagazorn. Croyez-moi quand je vous affirme que le peuple Nain n’a aucunement besoin de nous pour survivre. De plus, nous nous remettons à peine de longues années de conflits, il est à craindre que nos forces amoindries ne tiennent pas face à une déferlante de Dawis surentraînés et armés pieds en cape, criant vengeance. Le Marquis a pu voir de quoi sont capables leurs magiciens. Imaginez de telles horreurs multipliées par cent, par mille…Ce n’est pas acceptable. Les pourparlers sont dès lors la seule et unique solution, selon mon avis, pour autant qu’Harald Barbe-Sanglante soit disposé à recevoir une délégation et qu’il n’ait pas changé d’avis entre temps.

Un léger flottement derrière elle. Aymeric et Enguerrand opinent très légèrement de la tête, approuvant les paroles de la châtelaine.

- Le Roi Harald m’a gratifiée d’un honneur qu’aucun homme autour de cette table n’a jamais obtenu. J’ai pu, en sa compagnie, accéder à des endroits que nul Péninsulaire n’a foulé. Les longs couloirs gravés de leurs sagas, la bibliothèque sous la montagne, le mausolée de leur précédent souverain, sans parler du point le plus haut de la cité d’où j’ai pu voir, en sa compagnie, un paysage qui est à jamais gravé en ma mémoire et en mon cœur. Et savez-vous comment j’ai obtenu cette distinction, Messeigneurs ?

Un léger sourire s’affiche en se souvenant du souverain à table avec une bière et de sa propre démarche.

- Je l’ai remercié de m’avoir invitée, tout simplement. L’Honneur, chez les Nains, n’est pas un vain mot et n’est pas conditionné à un titre de noblesse. Et cela, je l’ai bien compris. Le même jour, je suis devenue Amie des Nains, du clan de Glumtol Barbe-de-Fer, la Voix de Thanor. Une autre pause, tandis qu’elle avise directement le Régent. Cela signifie en clair que je suis la seule personne ici présente, et probablement en toute la Péninsule, à pouvoir me présenter au Zagazorn et à pouvoir y circuler sans être rôtie sur place. Seuls Glumtol et le Roi Harald peuvent me retirer ce privilège.

Une petite interruption.

- Si le Conseil décide de l’envoi d’une délégation vers le Zagazorn, je demande à en être.

Aymeric a un regard pour Louise, Enguerrand, lui, ne quitte pas le Marquis du regard. La châtelaine demeure fidèle à elle-même, directe et pourtant douce dans sa façon de s’exprimer même si les mots doivent être rudes à encaisser pour tous les égos masculins assis à cette table. Elle se laisse le temps, un instant, de regarder la cathédrale Sainte-Deina qui scintille sous la lumière du jour. Un sourire doux s’affiche sur ses lèvres avant que sa dernière intervention ne s’échappe de ses lèvres :

- Si vous voulez éviter la guerre de façon diplomatique et éviter les massacres, votre meilleure chance d’y parvenir…c’est moi.

Elle replace sa jupe correctement tout en reprenant sa place, le dos droit, l’œil paisible même si en son sein, le cœur de la Louve bat un rythme effrayant. Ce qu’elle fait ici, elle ne le fait pas pour elle, ni pour eux. Elle le fait pour tous ceux qui sont là dehors et qui n’ont pas voix au chapitre. Le peuple, qui sera le premier à souffrir et à mourir si une solution diplomatique n’est pas dégagée.

- Que la Bienveillante vous éclaire de sa lumière lorsque vous prendrez votre décision.

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MessageSujet: Re: [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé]   [Conseil des pairs] Soufflent les tempêtes. [Terminé] I_icon_minitimeDim 22 Aoû 2021 - 23:51



Les pairs l’écoutent, et si les propos tenus par la châtelaine sont, de prime à bord, assez exotiques pour faire briller la curiosité au fond de leurs pupilles, la suite en revanche rebute. N’exprimant ni agacement ni surprise, et seul à rester de marbre parmi les représentants de la Couronne, Athanase plonge son regard froid dans celui de la damoiselle alors que ses dernières paroles résonnent encore dans la pièce.

- Par les Cinq, si seulement j’avais su à quel point les bonnes gens de Fernel étaient à ce point versés en la matière militaire… Invective le Grand Amiral dans un sourire narquois. Et diplomatique ! S’empresse-t-il d’ajouter en en dressant un index aussi moqueur qu’agacé.

Un rire vite étouffé fuse si rapidement que nul ne saurait en désigner l’auteur. Cependant, Ascilin, Maître de l’Arcanum, se penche en direction de son comparse de l’amirauté un air amusé sur le visage.

- Si elle ne sait que peu de la chose militaire, la Dame de Fernel n’a pas tort sur un point l’ami. La magie des nains est puissante, peut-être plus qu’aucune autre.

Athanase lève alors prestement la main, ordonnant de fait aux esprits de se calmer immédiatement et au silence de reprendre ses droits.

- Certes, nous faisons quelques entorses au protocole en ce jour. Gardons cependant tous à l’esprit, fit-il en appuyant son index contre sa tempe, qui nous sommes et quelle est notre place. Aussi, Dame de Fernel, votre avis est entendu et nous, le Conseil de Régence, sous le regard bienveillant de la Déesse et au nom de notre bon Roy, allons nous accorder quelques instants de réflexion.

Sur ces mots, le Conseil de Régence se lève comme un seul homme et quitte la pièce, laissant libre cours aux messes basses, les pairs du Royaume chuchotant à leurs escortes et conseillers dans le respect d’un silence quasi religieux. Et lorsqu’au bout de quelques minutes les portes se rouvrent, seul le Grand Chancelier en franchit le pas, envoyant paître le domestique d’un simple geste de la main alors que ce dernier s’apprêtait à l’annoncer.

- La Couronne a décidé. Sa décision est irrévocable. Déclara calmement le Grand Chancelier et approchant de sa chaise pour en saisir le dossier, cependant sans prendre la peine de s’y assoir. Serramire, par Oësgard, se doit de maintenir, aussi tendue les relations puissent-elle être, une communication des plus courtoises avec Lante, afin que la voie fluviale ne se fasse pas le transit de troupes naines. Il marque une pause, son regard traverse la pièce pour aller se planter dans celui de la châtelaine. Dans le même temps, une délégation diplomatique sera mise sur pied et se rendra à Thanor par la mer. Vous, Dame de Fernel serez du voyage, nos diplomates vous informeront des détails durant le trajet ainsi que de votre marge de manœuvre.

À mesure que le Grand Chancelier parle, il fait le tour de tablée, sans que son regard acéré ne quitte les pupilles de Louise.

- Je vous saurais gré de prendre congé Seigneurs et Dames de Péninsule. Conclut-il alors que les pairs obéissent. Mis à part vous, chère amie.

Arrivé à la hauteur des deux hommes accompagnant la Dame de Fernel, il leur fait comprendre d’un seul regard digne d'un prédateur qu’eux aussi ont tout intérêt à quitter cette pièce dans l’instant. Se tenant dernière la ferneloise, il pose une main sur son épaule et, lorsque les portes claquent, une deuxième main vient aussi s’appuyer sur la châtelaine. Sa poigne est ferme, cependant nullement douloureuse, et l’homme y met un poids inconfortable.

- Les responsabilités qui pèsent désormais sur vos épaules sont immenses, jeune dame du Nord. Mesurez-les avec le plus intense et précis des discernements. Susurra-t-il à son oreille avant de se redresser. Que la sagesse de Néera vous guide, sans quoi je doute qu'Elle puisse vous garder encore longtemps.

Ainsi quitte-t-il la pièce à son tour, laissant la ferneloise peser les devoirs qui lui incombent dorénavant.

_________________
Ombre fugace
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