Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

 

 [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre]

Aller en bas 
AuteurMessage
Séraphine De Rovère
Humain
Séraphine De Rovère


Nombre de messages : 26
Âge : 34
Date d'inscription : 03/11/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  20 ans
Taille
: 1m61
Niveau Magique : Non-Initié.
[Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] Empty
MessageSujet: [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre]   [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] I_icon_minitimeSam 2 Déc 2023 - 21:14



Aphel, L'Hoirie, Salle d'audience,
Favriüs, Première ennéade du premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle.

TTS Audio P.1:
TTS Audio P.2:

La salle d'audience de l'Hoirie était vaste, riche, lumineuse. De part et d'autres, de nombreux piliers finement décorés soutenaient l'imposant plafond peint de représentations religieuses ou péninsulaires. Le sol est recouvert d'un marbre parfaitement entretenu et les bougeoirs le longs des murs éclairent la pièce d'un agréable jaune tamisé. Au centre de la pièce, un tapis vert marin rampe jusqu'au pied du siège central destiné au dirigeant d'Aphel.

Derrière les piliers, de nombreuses vitres permettent d'entrevoir les étoiles, et deux balcons longeant la totalité de la pièce sont accessibles par plusieurs portes de chaque côté. Les rambardes de ces derniers sont faites de pierre marine polie et laquée et permettent de s'appuyer sans mal afin de contempler la vie au sein de la cité du lac.

Encadrant la porte d'entrée puis chaque porte menant vers le balcon, des gardes d'élite - une vingtaine en tout - sont postés en permanence, épée à la ceinture afin d'assurer la sécurité. Les rotations s'effectuent à raison d'une rotation par demi-heure, ou tout un protocole s'établissait afin que les uns prennent la relève des autres. Marche au pas, salut, passe de fanion, la procédure était minutieuse à chaque demi heure de la journée.

Les gardes de l'Hoirie faisaient parti de la fine fleur de l'armée d'Aphel, ils étaient pour la plupart des vétérans du champ de bataille ayant bataillés sous les ordres de Maciste de Soltariel. Ce dernier n'avait pas été avare de combats d'ailleurs, ce qui faisait que les troupes présentes afin d'assurer la sécurité de la Vicomtesse étaient éprouvées sur le terrain.

Quand les audiences avaient lieu, deux gardes encadraient le siège de la Vicomtesse, prêts à agir sur ordre ou en cas d'urgence. Ils faisaient quant à eux partis de sa garde personnelle et la suivait partout sauf ordre contraire. Ils étaient des officiers à la tête des troupes en stationnement dans l'Hoirie, et donc les plus acérés et les moins corruptibles. Assistant à chaque échange, ils étaient au courant de tous les faits et gestes de la Vicomtesse, ainsi leur loyauté était éprouvée contre une garantie de sécurité pour leur famille en cas de problème. C'était là un status particulièrement envié, qui venait avec ses responsabilités : une culture du secret et du silence envers et contre tout. De leur silence dépendait leur fiabilité et donc leurs privilèges, ils n'étaient autorisés à parler librement des intrigues autours d'eux que sur ordre direct du Roi présent en personne.

Ces derniers sont d'ailleurs appuyés en signe de détente sur la rambarde du balcon Est de la salle d'audience. Depuis l'arrivée au pouvoir de Séraphine De Rovère, ils avaient pris leurs aises, plus d'ailleurs qu'avec les autres dirigeants. Moins attachée au protocole, plus franche et plus souple en privé, Séraphine se plaisait à discuter avec eux de leur quotidiens et de leur famille, tissant ainsi une liaison personnelle forte que l'on pourrait presque qualifier d'amitié. Il lui arrivait même parfois de plaisanter en leur compagnie ou de les faire boire à la même tablée qu'elle.

A un mètre d'eux se tenait Séraphine accoudée sur la rambarde en compagnie de sa sœur Louise qui elle s'y appuyait du bas du dos. A la ceinture de la Vicomtesse se trouve toujours à minima sa rapière, elle ne porte que rarement son bocle avec elle en dehors des évènements. Son regard est plongé en contrebas alors que les gens apparaissent tels des fourmis dans les rues des plateaux les plus bas. Les lumières et activité battent leur plein, et un bruit de fond témoigne de l'activité grouillante de la ville. Parfois, quelques cris ou rires ressortent de ce léger brouhaha.

- Comment comptes-tu t'y prendre afin de t'assurer de la réussite des négociations ? demanda Louise l'air pensive.

La Vicomtesse ne bougeait que peu, seul son regard neutre dénué de la moindre émotion s'amusait à observer les évènements. Face à la question de sa soeur cadette, elle se pinça les lèvres et laissa retomber un peu plus son menton sur ses mains désormais posées à même la rambarde. Elle appuya finalement sa joue contre ces dernières afin que ses yeux puissent regarder dans la direction de Louise.

- Je ne suis même pas sûre d'être entendue, mais la négociations avec Ydril des droits d'entrées sur la route d'or serait une avancée non négligeable dans le développement de la cité, je trouverai bien un moyen de compenser cette demande.

Le langage était commun, loin des paillettes et des façades de la noblesse habituelle s'écharpant à conjuguer des verbes en des temps à peine probables à longueur de journée. Elle réservait ce petit spectacle ou quand elle devait s'exprimer en tant que Vicomtesse, mais n'avait absolument aucun complexe à parler comme le commun des mortels en privé, sans être vulgaire pour autant.

- Tu as un objectif en tête ? Je veux dire, un minimum acceptable ?

Séraphine haussa mollement les épaules, basculant sa tête afin de regarder de nouveau en contrebas.

- Je vise une abolition des taxes d'entrée pour les cinq prochaines années, ce sera amplement suffisant afin de faire rentrer un maximum de biens durables en Aphel et pérenniser les sacrifices que je vais devoir faire. Je compte faire bâtir plusieurs entrepôts supplémentaires sur le port et les mettre à disposition des marchands afin de pouvoir entasser un maximum de biens sur ce laps de temps.

Le regard de la responsable de la société familiale s'écarquilla en même temps que ses sourcils se levèrent.

- Pourquoi faire ? Et ensuite ?

Agitant sa main tel un ruban, Séraphine stipulait silencieusement que c'était compliqué à expliquer, mais daigna finalement le faire, sans doute parce qu'il s'agissait de sa sœur et qu'elle ne souhaitait pas se montrer imbue ou hautaine.

- Et ensuite une fois que la cité a optimisé toutes les entrées et mis en hangar les biens, on baisse les taxes de moitié sur toutes les classes sociales pour les cinq années qui suivront et on écoule les marchandises sur la route d'or sans l’inonder afin de ne pas faire baisser le cours du marché, et on pérennise sur autant d'années que possible afin de contrebalancer.

Louise avait compris là ou souhaitait en venir Séraphine, sans doute car elle avait eu une éducation très centrée sur le commerce maritime et la gestion des bénéfices.

- Tu mises sur le fait que les gens qui ont moins de taxes à payer peuvent investir davantage ou s'enrichir suffisamment afin de créer des entreprises et participer à la richesse de la ville pendant ces cinq ans ; que le sans le sou puisse être embauché et que le commerçant puisse acquérir de nouveaux ateliers. Quand tu seras tenue de réaugmenter les taxes, les gens ayant pu investir davantage génèreront donc davantage de profits, et donc la noblesse pourra jouir d'une augmentation nette des revenus du vicomté.

Séraphine ne répondit pas, n'affirmant ni n'infirmant les propos de sa sœur cadette. Elle laissait cette part de flou et de mystère, bien que son expression visible, car non masquée par son éventail présentement plié dans sa main, laissait entendre qu'elle n'était pas loin de la vérité malgré tout.

- Comment va papa ?

Lentement, elle se retourne, s'appuyant sur la rambarde tout comme sa sœur le faisait présentement. Étant un peu plus grande, ce sont ses fesses qui font office d'amortisseurs de la pierre. Ses deux gardes non loin discutent quant à eux des relations qu'ils entretiennent avec leur femme respective, ils se montrent parfois indélicats, se plaignant de problématiques d'hommes ou de couples.

Cela ne semble pas gêner les deux sœurs qui continuent de papoter.

- Il se porte, fidèle à lui-même. Les alchimistes sont confiants quant au fait que sa situation n'empirera pas en l'état, mais il ne pourra plus jamais bouger. C'est maman qui s'occupe de lui personnellement.

En contrebas sur la plateforme la plus haute visible, un jeune couple se rejoint dans une allée calme bien visible avant de fricoter d'une façon peu décente ; c'est un rire qui attira brièvement l'attention de Séraphine dont la tête tournée ne se détourne pas de la scène. Sa main se mit à trembler légèrement et sa voix se fit plus contrariée. Était-ce de la jalousie ? De l'envie ? Du sadisme inassouvi ? Louise, habituée à ce genre de comportement n'en fit rien et ne remarqua pas le couple batifoler en contrebas.

- Bien. Rentrons, j'ai froid.

La conversation avait été abrégée nette, Louise sourit et suivit Séraphine à l'intérieur de la salle d'audience. S'étant exprimée d'un ton fort et contrarié, les deux gardes suivirent. Elle claqua des doigts en entrant dans la pièce, le silence y régnant fit que ce son fût amplifié et résonna à plusieurs reprises. En retrait dans l'ombre de la pièce, un valet s'avança d'un pas, main droite sur le cœur, main gauche long du corps. Son pied se posa lourdement au sol, répondant ainsi au claquement de doigt par un claquement de semelle sur le marbre.

- Phillemin, table et nécessaire d'écriture.

Un simple hochement de tête vint répondre aux ordres de Séraphine alors que le valet s'éclipsa. Au ton de sa voix, il n'avait pas envie de faire remarquer sa surprise ou même de la contrarier davantage. Chacun était à sa place, rien ne dépassait ; il aurait apporté ce matériel quand bien même eusse-t'il à aller le quérir au Duc en personne. Elle claqua ensuite deux fois dans ses mains, sa garde se positionna à droite et a gauche du siège sur lequel elle s'installa. Sa sœur en signe de détente vint s'asseoir juste à coté d'elle, sur une chaise destinée initialement au conseiller d'Aphel.

Deux minutes plus tard, trois personnes entrèrent dans la pièce avec une petite table, un encrier, une plume, une bougie suivie du sceau du vicomté. Quelques feuilles d'un fin papier était déposées sur cette table de la taille d'un pupitre de scribe. Séraphine se plaisait à écrire dans la salle d'audience quand celle-ci était inusité. Déjà car le bruit du papier gratté par la plume résonnant dans la pièce, ensuite car cela l'aidait à calmer ses ardeurs, de fait le personnel consentait que c'était un maigre sacrifice.

Malgré tout, cette dernière ne semblait pas se calmer et elle tapota nerveusement du la plante du pied sur le sol. Cela ne faisait aucun bruit mais trahissait son inconfort plus que de coutume. Il lui fallut quelques secondes avant de reprendre contenance.

Sa sœur guettait de loin ce qu'elle écrivait, et elle ordonna silencieusement d'un geste du menton et de gros yeux à un des valets ayant apporté le nécessaire d'aller fermer la porte fenêtre. Ce dernier s'exécuta et sans que personne ne s'en aperçoive, cette dernière était close quelques secondes plus tard.

Le métier de valet avait de cela de frustrant qu'ils étaient du personnel de l'ombre, des meubles, des fantômes. Personne ne voulait les voir ni même les entendre, mais leur métier était nécessaire et même indispensable. Leur art était de faire en sorte que tout soit fait sans que personne ne s'en rende compte. Quitter une pièce usée par un repas et la retrouver étincelante comme si rien n'était arrivé cinq minutes plus tard était un luxe incroyable pour n'importe quel invité. On ne remarquait jamais le valet mais son travail, et c'est en ce service qu'ils trouvaient leur bonheur.

Ces derniers travaillaient avec une forme d'amour attaché au corps. Ma Maîtresse appréciera t-elle cela ? Ce drap lui est-il digne ? N'y a t-il aucune tâche ? Rien qui puisse entraver sa vue ou son confort ? Toutes ces questions étaient débordantes d'amour et de petites attentions. Outre cet amour, malheur sur le servant qui contrariait le maître de maison, car il était plus impitoyable encore envers ses subordonnés que le serait la Vicomtesse elle-même. Il n'hésitait ni a battre, ni a crier ou encore à renvoyer sur le champ n'importe quel incapable qui ferait quelque chose d'indigne. Une tâche passée inaperçue sur une serviette était déjà du ressors de l'indignité aux yeux d'un maître de maison ; inutile d'imaginer sa réaction face à une porte fenêtre qui claquerait dans la salle d'audience alors qu'une Vicomtesse écrivait une lettre. Surtout Séraphine.






Favriüs, 1er jour de la 1ère ennéade de l’an vingt et un de ce cycle

Sa Grandeur l'Archonte Norbert d'Ydril,

Par la présente, moi, Séraphine de Rovère, Vicomtesse d'Aphel,

Demande audience avec votre personne afin de discuter d'accords commerciaux pouvant bénéficier à nos deux régions. Veuillez prendre note que je ne me déplace qu'en compagnie de ma garde personnelle, ce qui fait parti du protocole établi. Ne souhaitant guère monopoliser plus de votre précieux temps que nécessaire, je me ferai brève lors de cette entrevue, ainsi, nul besoin d'un accueil particulier.

Pardonnez-moi ce mystère, je n'aime guère étaler mes propositions par coursier,

En espérant que vous même ainsi que votre famille se portent bien,
Veuillez transmettre mes respects à l'ancien régent,
Que la DameDieu veille sur vous

Séraphine de Rovère Vicomtesse D'Aphel


La lettre sitôt signée et scellée du sceau du Vicomté d'Aphel, Séraphine remis le parchemin au seul valet ayant pour travail de la réceptionner.

- Elle part sur le champ, qu'il pleuve qu'il vente, que m'importe.

Il fallait compter plusieurs jours de trajets pour que la missive soit apportée à son destinataire en main propre, et ainsi elle n'avait pas une seule seconde à perdre. Il s'agissait là de négociations qui allaient impacter Aphel et ses habitants.

Un éclair de génie lui traversa l'esprit, comme si la rédaction de cette lettre avait été une révélation. Le valet était déjà parti mander le coursier. Elle se pencha vers l'un de ses gardes du corps qui se pencha à son tour afin de tendre l'oreille.

- Dans l'allée jouxtant la rue des éperviers, celle qui longe l'habitation de la famille Du Lac, tu verras deux jeunes gens, un jeune damoiseau en compagnie d'une charmante damoiselle. Elle me parait fort convenable pour servir les invités, bien que j'ai eu quelque mal à l’apercevoir de loin. Escorte la jusqu'ici.

Son ton plus soutenu que l'habituelle trahissait le fait qu'être assis ici engendrait un automatisme de langage. Il n'en fit rien, habitué à l'entendre parler ainsi sur ce siège. Louise leva un sourcil quant à la situation ; elle n'avait rien remarqué de semblable au préalable et sembla à la fois curieuse et ravie qu'une damoiselle fût si charmante que sa sœur fit déplacer sa propre garde afin d'aller quérir sa présence. Ce dernier disparut quelques secondes plus tard après que les autres soldats l'aient salué sur son passage, tapant une unique fois les fanions sur le sol à l'ouverture de la grande porte.

- J'ai hâte de rencontrer celle qui a su trouver grâce à ton regard.

La nervosité de la Vicomtesse venait de s'envoler comme elle était venue. Elle laissa échapper un souffle du nez amusé.

- Savoir saisir les opportunités fait parti de mes responsabilités.



Dernière édition par Séraphine De Rovère le Mer 6 Déc 2023 - 22:05, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Séraphine De Rovère
Humain
Séraphine De Rovère


Nombre de messages : 26
Âge : 34
Date d'inscription : 03/11/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  20 ans
Taille
: 1m61
Niveau Magique : Non-Initié.
[Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] Empty
MessageSujet: Re: [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre]   [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] I_icon_minitimeDim 3 Déc 2023 - 17:41




TTS Audio P.1:
TTS Audio P.2:


Entre l'instant ou Ismail, son premier garde du corps fût envoyé escorter la damoiselle et l'instant de leur arrivé, il s'écoula une trentaine de minutes. Théobald, le second quant à lui n'avait guère bougé d'un pouce. La discussion entre les deux sœurs avait continué bon train, notamment s'étaient-elles confiées sur leurs inquiétudes respectives sur l'état de leur mère, fatiguée de par la contrariété, son âge et aussi les soins qu'elle devait apporter à leur père.

Le temps pris afin de remplir cette simple quête s'expliquait par le fait que le protocole se devait d'être parfaitement rempli, quand bien même une demande directe émanait de Séraphine, car le protocole, cette dernière était très a cheval dessus. C'était la base du respect, violer le protocole envers un seigneur quel qu'il soit revenait à violer le respect qui lui était dû, et aussi magnanime fût-elle en privé, elle n'octroyait ce privilège qu'a sa famille, ses gardes du corps en privé, aux officiers des troupes d'élite d'Aphel ainsi que les généraux ou conseillers directs. Ces personnes bien que semblant nombreuses se comptaient sur les doigts des deux mains ; quand les cérémonies ou sa présence était en public, seule sa famille était autorisée à déroger au protocole ainsi que le général des armées d'Aphel en cas d'urgence.

C'était le cas présentement, car même si l'heure était tardive dans la soirée, cette audience restait publique.

Les soldats donnèrent un coup de fanion au sol, annonçant l'entrée imminente des invités. Comment savaient-ils ? En réalité c'était là l’œuvre d'une savante communication silencieuse entre eux, et surtout grâce à la discrétion du personnel de maison. Le grand maitre d’hôtel en personne, situé à droite de la grande porte annonça le retour d'Ismail.

L'entrée d'Ismail De Riveraie, Officier de la Garde de l'Hoirie au service de Sa Grandeur la Vicomtesse Séraphine De Rovère. Accompagné d'Aude Du Lac, fille cadette de Gontran Du Lac et d'Agnès Du Lac.

Il était de bon goût de laisser planer cinq secondes entre l'instant de l'annonce et l'arrivée effective dans la salle d'audience.

- C'est une famille de la petite bourgeoisie et de bonne réputation, je suis étonnée que leur propre fille s'amourachait d'un jeune prétendant derrière leur propre demeure.

Louise plaça trois doigts devant sa bouche a cette idée, a moitié surprise par cet aveux, gênée d'imaginer la scène car elle, n'avait rien vu. La jeune damoiselle n'avait pas été bien loin, des baisers volés et quelques caresses sur la joue tout au plus, mais ce n'était pas anodin de la part d'une fille d'une honnête famille. C'était chose commune entre les jeunes gens d'Aphel, comme dans toute la péninsule de faire de petites rencontres nocturnes ci et là, de toute jeunesse, de toute époque, mais les répercussions n'étaient guère les mêmes selon si on le se faisait prendre ou non.

Cela n'avait rien d'illégal ni de répréhensible et ne pouvait qu'au pire heurter l'honneur d'une famille.

- Il me semble qu'ils travaillent les étoffes, j'ai vu leur nom figurer dans les bons de livraison des marchandises maritimes de la compagnie.

Séraphine tira la moue, pensive face à cette information nouvelle.

Les portes s'ouvrirent alors sur l'invitée escortée par Ismail. A quelques centaines de mètres en contrebas, Séraphine avait entraperçu sa chevelure, deviné son visage sans pour autant voir ses traits avec grande précision. Séraphine ouvrit son éventail et cacha le bas de son visage sous ses yeux derrière ce dernier ; il est aux couleurs de sa tenue, une longue robe vert marin teintée de blanc.

Arrivés au milieu de la pièce, les deux posèrent un genoux a terre en signe de respect. Ismail car il avait achevé la quête qui lui fût donnée et Aude car cette dernière devait respecter le titre. Ismail prit la parole en premier.

- Votre Grandeur, comme demandé voici Aude Du Lac, fille d'artisan de la Soierie Du Lac.

D'un geste des deux doigts, la Vicomtesse demanda le silence a Ismail et lui ordonna de fait de disposer afin qu'il regagna sa place aux côtés de Séraphine. Elle ne dit encore rien, dans l'attente que l'intéressée se présenta d'elle-même.

- Votre Grandeur, vous m'avez faite quérir et me voici.

Le conseiller n'était pas présent dans la salle d'audience, il ne se déplaçait pas pour toutes les petites affaires sans conséquence qui courraient dans l'Hoirie, sans cela il eut fallut beaucoup d'autres conseillers. Séraphine resta silencieuse l'espace d'une seconde, cherchant par quel côté entamer sa demande, car cette jeune femme ne serait point punie, grondée ou malmenée pour si peu ; il serait de mauvais ton de se mêler de sa vie privée sans que rien d'illégal n'eut été fait, même pour une petite bourgeoise.

- Aude Du Lac, fille cadette de Gontran Du Lac et d'Agnès Du Lac, relevez la tête.

Séraphine donna ordre au maître de maison d'approcher à l'aide d'un simple regard appuyé suivi d'un mouvement de tête à son encontre. Celui-ci vint donc alors que l'intéressée avait relevé la tête ; il se plaça aux côtés de la Vicomtesse. Les traits de la jeune femme étaient agréables à l’œil, elle n'était ni mal formée, mal proportionnée ou difforme de quelque façon que ce soit ; sa peau était légèrement caramélisée comme toutes les dames d'Aphel, son regard était d'un vert smaragdin sans défaut, sa bouche fine et ses oreilles bien proportionnées. Elle devina qu'elle fût âgée de 17 ou 18 ans, c'était la une bien belle damoiselle qui ferait bon parti au sein d'une famille bourgeoise. Le maître d'hôtel hocha la tête une unique fois silencieusement, semblant n'avoir rien à redire. Louise ne bougea pas non plus, la dévisageant.

- Aude Du Lac, vos traits vous honorent et honorent votre famille, votre main est-elle déjà promise ?

L'intéressée sembla gênée d'une telle éloge. Il était mal venu pour un courtisan de faire preuve de tant d'honnêteté, et celle des autres damoiselle pouvait être discutable ; elles qualifieraient de "jolie" n'importe quelle autre fille sans vraiment être sincère ; l'on ne dit pas à une vilaine qu'elle est vilaine, surtout quand cette dernière s'élève au dessus de la plèbe. La parole de la Vicomtesse était gage d'honnêteté, car elle n'avait rien à gagner à ne serait-ce que lui adresser la parole.

- Non, votre Grandeur.

Séraphine se pencha sur sa gauche, discutant brièvement avec le maître d'hôtel pendant de longues secondes ou l'appelée resta un genoux à terre, ce qui n'était pas agréable quand on savait que sous le tapis se trouvait du marbre dur. Leur deux visages sont cachés derrière le même éventail tant ils sont proches, cachant les lèvres et les mots aux regards des gens présents. Le maître d'hôtel hocha la tête une unique fois, Séraphine aussi avant qu'il ne se remettent tous deux en place.

La Vicomtesse choisit très précautionneusement ses mots afin de ne surtout pas froisser une jeune famille bourgeoise.

- Aude Du Lac, je vais vous remettre une broche. Cette dernière est un privilège et elle aura son utilité en temps et en heure, d'ici là, je vous demanderai à l'avenir d'éviter d'exhiber votre indélicatesse aux yeux de tous et de garder vos ailes pour les prochains mois.

Les deux gardes personnels de Séraphine se regardèrent silencieusement l'espace d'une seconde, avant de reprendre leur posture. Voici donc un nouveau projet duquel ils n'avaient pas eu vent, et c'était chose rare ; ils n'avaient aucune idée non plus du reproche sous-entendu par la Vicomtesse ; au vu de l'expression dépitée d'Aude, elle, avait bien compris.

- Merci de votre bonté, votre Grandeur.

Séraphine tendit sa main le long de sa robe, détacha du fourreau de sa rapière une épingle à cheveux finement ouvragée portant les armoiries marchandes des De Rovère sur le dessus. Le blason marchand des De Rovère est blanc bleu et vert, rappelant ainsi la pureté, la mer et le vert-gris typique d'Aphel ; les couleurs sont entourées par deux créatures marines agressives tenant le gouvernail, le tout surmonté d'un casque notifiant l'aptitude à guerroyer, suivi en bas de la mention Prosperitas, appuyant le fait que ce soit là une famille noble d'appartenance marchande qui participe a la prospérité d'une région. Les armoiries d'Aphel sont de l'autre côté, stipulant que la famille De Rovère est attachée à Aphel, signe de gouvernance du Vicomté.

Cette épingle est blanche tel l'ivoire et est sertie de plusieurs petites perles enchevêtrées d'un fil d'argent ; c'était là un bien bel ouvrage. Elle se leva en personne, retrouvant au passage une expression plutôt bienveillante.

Aude baissa la tête, son regard pointé au sol entre ses deux genoux, n'osant guère observer la Vicomtesse. Séraphine ferma son éventail et s'approcha d'Aude d'un pas régulier, puis se tint immobile face à elle. Cette dernière se redressa, toujours le regard baissé. La Vicomtesse attacha silencieusement l'épingle dans les cheveux d'Aude, juste au dessus de son oreille. Elle sourit, puis rouvrit son éventail et s'en retourna s'asseoir.

- Vous pouvez disposer, Damoiselle.

Honteuse ou gênée, cette dernière fit une élégante courbette sans jamais relever la tête puis fit demi-tour, escortée par le valet de la salle d'audience qui la rejoignit à mi-chemin. Il ne fait aucun doute qu'Aude Du Lac venait de prendre en une phrase l'une des plus grandes décharges de sa vie.

Celle-ci arriva à la grande porte, et sitôt cette dernière fermée derrière elle, un coup de fanion retentit de nouveau sur le sol de marbre. La garde allait être relevée sous peu.

- Voilà donc que tu me cache des choses ?

Louise parut l'air boudeuse, car en l'état seul son Conseiller était au courant de ce qui se tramait, et ce dernier n'était pas là. Séraphine lâcha un rire amusé qui résonna dans la salle d'audience alors qu'elle se leva à son tour, main droite sur le pommeau de sa rapière ; il était l'heure de rejoindre sa chambrée. Louise fit de même et la suivit ainsi qu'Ismail et Théobald, qui se mirent a discuter a voix basse derrière les deux dames ; ils parlaient du repas du soir qu'ils allaient prendre en compagnie sans doute de la Vicomtesse et de Louise, mais aussi de la qualité des mets en ce moment.

- Ce que je prévois risque de te plaire, et je suis persuadée que cela apportera une distraction parmi la bourgeoisie d'Aphel. Je te réserve la surprise.

Leurs pas résonnent dans la salle alors que les gardes, deux par deux, saluent formellement dès l'instant ou les sœurs passaient devant eux. Ceux déjà dépassés gardaient le salut jusqu'à leur sortie de la salle, ceux plus loin se préparaient à saluer.

Si Séraphine était Vicomtesse d'Aphel, Louise était l'une des deux Dame de la Chambrée Privée, l'un des plus hauts titres honorifiques en cela qu'elle était suivante et conseillère personnelle de sa sœur. Elle n'avait guère le temps d'en être sa suivante de par son travail auprès de son père, mais pouvait aller et venir dans l'Hoirie comme bon lui semblait et elle pouvait commander au Maître de Maison et aux valets en l'absence de Séraphine ; de même, elle pouvait veiller sa sœur en cas de maladie et approuver ou empêcher un traitement si il s'avérait douteux pour sa santé. L'autre Dame de la Chambrée Privée était Émilie De Rovère, sa mère.

Bientôt, elles disparurent derrière la grande porte de la salle d'audience de l'Hoirie alors que leur discussion continue, devenant peu à peu des bruits, puis des murmures alors qu'elles s'éloignent dans les couloirs. Dans la salle, les valets s'activent pour remettre de l'ordre, les gardes prennent leur relève, ainsi est rythmée la vie en l'Hoirie.



Dernière édition par Séraphine De Rovère le Mer 6 Déc 2023 - 22:21, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Séraphine De Rovère
Humain
Séraphine De Rovère


Nombre de messages : 26
Âge : 34
Date d'inscription : 03/11/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  20 ans
Taille
: 1m61
Niveau Magique : Non-Initié.
[Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] Empty
MessageSujet: Re: [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre]   [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] I_icon_minitimeDim 3 Déc 2023 - 20:46



Deux jours plus tard, salle d'audience

TTS Audio P.1:
TTS Audio P.2:

Deux heures de l'après-midi. Le soleil brillait et le ciel d'un bleu azur qui flottait au dessus de la cité du lac était un jour de répit en cette saison des pluies. La rosée sur les plantes était encore visible, les eaux avaient grimpé de près de dix centimètres ces derniers jours. Une légère brume automnale avait envahi les plateaux en contrebas de l'Hoirie, rendant le quotidiens des petites gens invisible aux yeux de tous depuis le château.

Séraphine était assise et portait aujourd'hui sa tenue de Vicomtesse très officielle. Cette robe d'ailleurs la serrait à la taille et le corset était un cauchemar ; Elle se sentait comme un tonneau dont le cerclage au centre était défaillant.

- Ismail par tous les saints, tranche donc le serrage de ce corset.

C'était une phrase chuchotée à l'encontre de son garde du corps, ce dernier riait intérieurement mais ne montrait aucune expression perceptible. Il ne pouvait accéder à sa requête et pour cause, ils étaient présentement devant plusieurs conseillers et des responsables de la sécurité d'Aphel. C'était une belle brochette de sachant, d'influents et l'on y trouvait même quelques grandes familles nobles, car après tout, c'était un lieu auquel leur prestige leur permettait d'accéder afin de pouvoir participer à la vie de l'Hoirie.

En tout, elle était assise devant une vingtaine de personnes qu'elle avait rassemblé pour la majorité, sauf quelques familles nobles étant venues se greffer se demandant ce qu'il allait bien pouvoir être dit, et qu'elle se refusait d'éconduire pour ne pas les froisser. Sa sœur est aujourd'hui absente, mais nul doute que ce qui allait se passer aujourd'hui à Aphel allait résonner bien au delà de ses frontières. Le conseiller d'Aphel avait donné son feu vert à certaines conditions, et en changeant quelques détails pour ne heurter personne.

Séraphine se leva afin de parler devant cette petite audience.

- Mes très chers conseillers, très chers amis d'Aphel, nobles dames et beaux damoiseaux.

Une flatterie qui n'était pas coutume d'entendre de la bouche d'une Vicomtesse. D'habitude, les dirigeants dirigeaient et ne faisaient pas pareille scène face à des personnels qui étaient déjà acquis à leur cause. A moins que cela ne soit de la gentillesse ou un excès de modestie, les deux d'ailleurs étaient toujours appréciés même si la forme n'était pas règlementaire. Les intéressés courbèrent la tête ou firent révérence pour signifier que la flatterie était reçue.

- Moi, Séraphine De Rovère Vicomtesse d'Aphel tiendrait en personne un évènement promettant une période de renouveau, de paix et de rencontres au sein de la noblesse ainsi que de la bourgeoisie.

Certains se regardèrent, mettre noblesse et bourgeoisie au même rang était déjà quelque chose qui n'était pas courant, mais tant que les gueux n'étaient pas invités tout n'était pas perdu.

- Cet évènement se nommera "La cour d'automne" et permettra à vos familles d'élire la Damoiselle d'Honneur d'Aphel. Cet évènement commencera dans trois jours et s'étalera sur une durée de trente jours.

Séraphine venait-elle d'accorder un privilège normalement attribué à la Vicomtesse aux nobles ? Cela était fort flatteur, car c'était là un titre honorifique qui était fort convoité par la bourgeoisie, réservé habituellement aux Damoiselles de bonnes familles bourgeoises afin de leur permettre d'être plus en vue à la cour et légitimée par le pouvoir. Cependant, les quelques familles nobles ne comprenaient pas pourquoi ils devraient se sentir intéressés par un titre qu'ils ne convoitaient pas eux-même, mais avaient bien compris qu'ils allaient pouvoir exercer un peu de pouvoir sur la bourgeoisie le temps de trente jours, fusse t-il dans le cadre d'un jeu.

- Lors de cet évènement, les beaux Damoiseaux nobles cherchant des Ailes de bonnes familles, d'une situation correcte ou d'une beauté certaine, seront libres de donner une broche décorée selon votre convenance et portant les armoiries de votre famille. Lors de cet évènement, ils seront libres de donner cette broche à une Damoiselle Noble ou encore à une Damoiselle Bourgeoise. Un Damoiseau lors de cette période aura le droit de décerner deux broches, et donc de sélectionner deux privilégiées. Une Damoiselle ne sera autorisée à ne porter qu'une unique broche jusqu'au jour du Bal d'automne.

Pour l'instant, la salle ne semble pas encore comprendre tous les enjeux ni l'intérêt mais ils restèrent accrochés aux lèvres de Séraphine, qui, d'une voix assurée et avec la grâce que lui exigeait le protocole, poursuivit.

- Cette broche permettra aux Damoiselles d'avoir l'autorisation de participer au trentième jour au "Bal d'automne" qui conclura l'évènement, et sont donc une permission et nullement un engagement ou un déshonneur. Pendant ou après le bal, les danses et les amusements, chaque damoiseau, qu'il soit cette fois-ci Noble ou Bourgeois, pourra décerner une broche à chaque damoiselle, qu'elle soit Noble ou Bourgeoise qui lui sied et qu'il trouvera bien formée et d'un bon parti à ses yeux.

Dans les faits pour l'instant, rien n'interdisait aux Nobles de rester entre eux et de ne pas se mélanger à la Bourgeoisie. Ils avaient cependant la responsabilité de choisir les plus belles femmes ou les meilleurs partis pouvant participer au bal, et comme il y avait plus d'hommes célibataires que de femmes, cela allait forcément finir par déborder sur des filles de haute famille Bourgeoises, et quelques unes se retrouveraient forcément dans le lot des participantes. De plus, le fait de "choisir" leur donnait du pouvoir légitime sur la bourgeoisie le temps d'un jeu, et il ne fait aucun doute que ces petites broches allaient être convoitées.

La Bourgeoisie ne s'en sentirait pas lésée loin de là, car les jeunes hommes bourgeois seront d'office invités au bal d'automne et pourront tenter leur chance sans réserve auprès de belles Damoiselles, ce qui était un grand privilège.

- La Damoiselle obtenant le plus de broches sera nommée Damoiselle d'honneur d'Aphel, et aura libre choix d'accepter en fiançailles n'importe quel parti lui ayant donné une broche, tant que les deux partis sont consentants jusqu'au bout devant l'assemblée.

Le jeu était là, car si cette "Damoiselle" s'avérait être une Bourgeoise et avait une broche d'un Noble sur elle, elle aurait l'opportunité de se marier à cet excellent parti. Le Noble avait le droit de se rétracter, les deux partis devant être consentants, mais ce serait dans ce cas un déshonneur, car la broche avait été donnée puis retirée.

Une Damoiselle, Noble ou Bourgeoise reste une Damoiselle, et il ne serait pas surprenant qu'elle ne choisisse pas le meilleur parti financier mais celui de la beauté, ou encore celui de l'amour ? Rien ne pouvait prédire si le status l'emporterait sur les sentiments, et c'était là tout le principe du jeu.

Afin de ne pas se mettre toute la Noblesse d'Aphel à dos en renversant tous les dogmes culturels établis, elle dicta une dernière règle.

- Les Damoiselles qui n'auront pas été honorée du titre de Damoiselle d'Honneur d'Aphel pourront tout de même accepter si les deux partis sont en accord, l'une des broches qui leur a été décernée, cette dernière sera alors le gage de leur engagement l'un envers l'autre. Cependant, les Damoiselles perdantes ne pourront choisir qu'une broche d'un membre de leur classe sociale.

Les Damoiseaux proposaient, les Damoiselles disposaient, c'était là l'ordre de toute chose depuis des temps immémoriaux. Cependant le grand changement était que celle qui se verra décerner le titre honorifique de Damoiselle d'honneur d'Aphel aurait tous les droits sur le parti à choisir. Cela offrait un droit d'une valeur colossale : Un mariage par choix, potentiellement d'amour, car d'aucun ne se trompe, seul le Roi avait le pouvoir d'anoblir quiconque qui n'était pas noble par la lignée.

D'un côté, cela était une prise de risque pour la Noblesse car cette dernière n'allait pas du tout goûter l'idée qu'une Bourgeoise puisse fiancer un Noble, d'un autre côté, les Nobles eux-mêmes avaient le droit de donner des broches pour le Bal d'Automne et donc techniquement, si ils ne donnaient aucune broche à une bourgeoise, alors il n'y avait là aucun risque.

Ou peut-être pourraient-ils le prendre ? Beaucoup de familles avaient nombres d'enfants à marier, qu'ils soient des garçons ou des filles. Des enfants dont l'ordre d'héritage était bien, bien loin des aînés. Ils étaient difficiles à marier car un parti moindre : ils n'avaient pas grand chose à offrir. Les vieilles filles étaient le pire des déshonneur, de même que les vieux garçons. La tentation était  grande, car toutes les filles seraient bien belles et bien formées, et a minima avec une situation bourgeoise ; de quoi caser les causes perdues.

C'était un jeu, l'on y jouait avec le feu, mais existait-il un jeu sans enjeu ?

Dans la salle d'audience, les gens se regardaient les uns les autres, discutaient à voix basse et déjà, la garde personnelle de Séraphine se fit plus tendue : en Aphel, il n'y avait pas tant de Nobles Damoiselles ayant gardé leurs ailes et si c'était pour voir une invasion de bourgeoise, le jeu ne valait pas la peine d'être joué ; c'en était presque offensant.

Séraphine reprit la parole, ce qui n'était cette fois-ci pas attendu. Elle avait bien compris leur problématique.

- Au cas ou cela vous aurait échappé, je n'ai jamais émis la règle que cela soit limité au Vicomté d'Aphel. Seul le Bal d'Automne s'y tiendra dans la salle des fêtes de l'Hoirie.

Cette dernière annonce sonna comme un coup de fusil et fit taire tout le monde. Pas limité à Aphel ? Cela voulait donc dire qu'ils étaient libre d'établir des liens entre les différentes régions et que tous étaient invités indépendamment de leur provenance tant que celle-ci était dans le comté. Ce n'était pas une fête centrée sur Aphel, mais une fête attirant à elle la totalité de ceux voulant bien y prendre part et ainsi, cela donnait un blanc-sein à la Noblesse d'Aphel afin de convier la noblesse de toute les cours de Sybrondil.

Cela allait en prime donner aux enfants difficiles à marier l'opportunité unique de trouver un bon parti à travers tout le Comté. Comment la régence de Sybrondil allait-elle réagir ? Comme les nobles d'Aphel sans doute, car un Noble reste un Noble et les intérêts convergent.

- Sachez cependant qu'il serait de bien mauvais goût d'envahir tous les villages avec une armée de broches.

Cette phrase fit rire certains dans l'assemblée, et la garde de Séraphine se détendit. La situation semblait finalement moins dramatique que prévue.

- Ainsi les Nobles Damoiseaux souhaitant remettre leur broche à de Nobles Damoiselles seront priés de les convier à Aphel pour ce faire, ou elles seront logées à l'Hoirie si ces Damoiselles le désirent, le temps des festivités.

Les surprises n'étaient visiblement pas finie, car Séraphine s'apprêtait à conclure.

- Il se trouve que je puisse donner moi-même deux broches lors de ces jeux. Elles portent mes armoiries et celles d'Aphel. Le Vicomte ou la Vicomtesse d'Aphel est libre aussi d'en donner deux, mais elle n'ont pas la même valeur. Car ces Damoiselles qui seront choisies sont des partis jugés bon par le pouvoir d'Aphel en personne, qu'elles soient Nobles ou Bourgeoises. Si l'une de ces Damoiselles venait à être nommée Damoiselle d'Honneur d'Aphel et qu'elle venait à choisir ma propre broche, je lui offrirai un privilège que j'estimerai juste selon ses mérites et sa situation. Si elle en vient à ne pas choisir ma broche et à se fiancer, je couvrirai personnellement les frais de son mariage. Je couvrirai également les frais du mariage de la Damoiselle perdante souhaitant se marier, mais portant ma broche. Enfin, la Damoiselle d'Honneur d'Aphel conservera son titre pendant une année, et lui donnera le privilège d'un titre honorifique, notamment de circuler dans l'Hoirie comme peuvent le faire la totalité de mes Dames, et d'être traitée correctement par nos gens.

Voilà donc le cadeau final qui intéresserait davantage les Bourgeois que les Nobles. Ce jeu avait une issue pour tous. Il était complexe, nécessitait beaucoup de réflexion politique, une certaine vitesse car si une Damoiselle avait déjà été invitée par une broche, il ne fait aucun doute que cette dernière était convoitée et serait reconnaissante à celui lui ayant donné son aval. C'était un casse tête, cela ouvrait énormément de possibilités, d'enjeux, de risques, de récompenses, mais aussi l'honneur de pouvoir choisir une récompense auprès de Sa Grandeur la Vicomtesse d'Aphel. Tout était possible, l'on pouvait gagner comme perdre.

- Sachez que j'ai déjà donné une broche à une enfant d'Aphel issue de la Bourgeoisie, je réserverai l'autre broche pour une famille Noble le soir de la cérémonie. Si d'aventure ces dames et sieurs avaient des plaintes a faire valoir, ou des remarques après les fêtes, j'entendrais et apporterait les modifications qui s'imposent. Les règles constituant cet évènement seront notifiées et portées à la connaissance de chaque famille.

Cela annonçait la fin du discours alors que Séraphine se rassit. Les Nobles discutaient entre eux, leur intérêt était piqué et ils calculaient déjà leurs nombreuses possibilités. Cette nouvelle allait se répandre tel un cheval au galop dans le Vicomté. Que disaient-ils ? Personne ne le saurait. Ils effectuèrent tantôt un salut, tantôt une courbette face à la Vicomtesse, cette dernière leur rendit d'un sourire suivi d'un mouvement de tête appuyé l'un après l'autre.

Quelques minutes plus tard et après de sobres échanges et conclusions, la pression retomba et la salle se vida. Le Conseiller ordonna la fermeture des portes de la salle d'audience pour l'après-midi et fit convoquer les personnels importants de l'Hoirie et de la Garde d'Aphel. Désormais, il était l'heure de penser à la sécurité de l'évènement et du bal.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





[Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] Empty
MessageSujet: Re: [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre]   [Aphel] Entrée en matière [Solo/libre] I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
[Aphel] Entrée en matière [Solo/libre]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» [Solo][Aphel][P1/2]Le Quartier des Courtisanes
» [Aphel][Evènement] Bal d'Automne [Solo]
» [Magsque] Une Mère plus Cruelle encore | Solo-Libre
» L'Art de faire vivre la matière [Hêdirn]
» Qui a la force a souvent la raison, en matière d’État.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: PÉNINSULE :: Duché de Soltariel :: Comté de Sybrondil-
Sauter vers: