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 [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne

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Séraphine De Rovère
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Séraphine De Rovère


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MessageSujet: [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne   [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne I_icon_minitimeMer 6 Déc 2023 - 20:24



Aphel, L'Hoirie, Salle d'audience,
Favriüs, Seconde ennéade du premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle.


Voici quelques jours qu'Aphel vivait sa toute première Cour d'Automne. Malgré quelques tensions et modifications, les règles avaient été globalement acceptées. Parmi les modifications et requêtes, il avait été décidé que la bourgeoisie et la noblesse ne mangeraient pas à la même tablée, car les bourgeois étaient bien moins maniérés que la noblesse. Ils se partageraient cependant le même espace commun dans la cour afin que les deux classes sociales puissent participer ensemble. La noblesse avait également fait pression pour avoir le choix que leur fils ait le droit de se retirer sans déshonneur si il jugeait qu'il eut été dupé lors de la Cour, ce qui avait été accepté en tant que cas de force majeure. Les autres règles furent cependant inchangées.

Le dispositif de sécurité de l'évènement avait été particulièrement pensé. Les gardes en poste sur les trois murailles avaient été divisé par deux afin qu'ils puissent patrouiller dans toute la cité a la place. Les archers avaient prit position autours de la cour de l'Hoirie et sur certains toits afin de contrôler les allés et venus. Un stricte protocole de contrôle des identités avait été mis en place aux portes des trois murailles afin de filtrer qui avait le droit de passer ou non et afin qu'une paysanne ne tente rien sous couvert d'une fausse broche.

Les familles ayant fait fabriquer des broches en avait déposé le descriptif exact afin d'éviter toute contrefaçon, et ces dernières étaient notées par la garde dès lors qu'elles firent constatées dans des cheveux afin d'éviter que certains s'amusèrent à distribuer les broches. Enfin étaient conviés au Bal toute la noblesse sans distinction, les parents des damoiselles concernées qu'ils soient nobles ou bourgeois, ainsi que les prétendants bourgeois des meilleurs familles. Le nombre total de bourgeois ne pouvait excéder le nombre de nobles afin d'éviter que les votes ne soient injustes, ainsi chaque parti avait une chance égale. Il fut demandé du bon sens et du savoir vivre, ainsi la triche et les arrangements étaient prohibés, du moins pour ce qui était flagrant car on ne luttait pas contre les dessous de table.

Cette fête ne s'était pas contentée de toucher la Noblesse et la Bourgeoisie, car les Paysans avaient prit part aux festivités à leur façon. Ayant eu vent de ce qui passait dans les hautes sphères de par les troubadours, crieurs et amuseurs publics dans les tavernes qui avaient tourné en dérision l'évènement comme de coutume, ils n'en furent pas moins interloqués et bientôt ils ne tardèrent pas à s'accaparer cet instant afin de distribuer entre eux des broches faites de bois, qu'il soit grossier, laqué ou ouvragé selon les compétences de chacun, n'ayant nul sou pour les parer de quoi que ce soit de valeur.

Tous étaient illettrés et ainsi ils ne furent pas à même de comprendre exactement les règles, alors elles furent modifiées selon leur bonne convenance et bientôt, ces petites broches inconnues semèrent la zizanie chez les gueux. Certaines familles prenaient cela comme quelques bêtises de jeunesse, d'autres beaucoup plus sérieusement, ce qui avait tendance à créer quelques conflits sans grande ampleur ci et là dans la cité. Au bout de quelques jours et des discussions, ils se mirent d'accord afin de ne donner aucun crédit à ces broches si ce n'est des jeux de jeunes amoureux, bien qu'elles aient valeur de cadeau officialisant une relation. Une jouvencelle portant une broche chez les paysans avait interdiction d'en porter d'autres, et elles étaient une sorte de permission de danser avec celui lui ayant offerte lors des soirées de tavernes ou dans les petits évènements destinés aux gens de faibles classes sociales. C'était l'équivalent d'inviter une cavalière au bal de fin d'année.

Bientôt c'est toute la cité d'Aphel qui, chacun selon son appartenance sociale, s'accapara l'idée et la déclina selon autant de principes et de règles qu'il y'avait de bourgs, quoi que la seule fête officielle soit celle menée par la Noblesse et la Bourgeoisie d'Aphel. C'était pour cette raison que les soldats d'Aphel avaient doublé les patrouilles et divisé les effectifs sur les murs : Afin d'éviter toute zizanie dans une citée en émulsion autours de cet évènement.


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Audio TTS de qualité P1 :
Audio TTS de qualité P2 :

La broche que détenait encore Séraphine avait été convoitée par bien des familles de Nobles, déjà car la cité organiserait le mariage de celle qui le portait, ce qui n'était pas rien et assurait que quelques intéressés se montrent. Qui refuserait un mariage gratuit à son énième fils ? De plus, cette broche était un grand privilège de la Vicomtesse et un gage de sérieux lors d'un mariage. Si le pouvoir reconnaissait quelqu'un, qui étaient-ils finalement pour en rejeter la valeur ? C'était une façon de graviter autour de Séraphine et de s'attirer ses bonnes grâces.

Nombreux furent ceux qui se succédèrent, demandant une broche pour leur cadette ou d'en faire un symbole de bénédiction et de prospérité pour leur famille, mais la Vicomtesse n'avait trouvé grâce dans aucun d'eux, ne trouvant pas la manière à la fois de conjuguer ses pulsions tout en gardant la tête haute.

Aujourd'hui, elle avait convoqué toute famille possédant une damoiselle noble du comté, l'invitant de fait à venir en sa charmante compagnie. Son conseiller le vieux Johen lui avait passé en revue la totalité des historiques de ces familles.

Elles étaient là, trois familles. Parmi elles, sans surprise, d'aucune était d'une influence incontournable. Certains avaient des terres dans le sud, d'autres dans Aphel même, terres qu'ils faisaient d'ailleurs entretenir comme de coutume par des paysans ; des dames et des petits seigneurs pour tous. Les autres Damoiselles de familles plus en vue avaient bien entendu toutes obtenues une broche.

Les salutations avaient déjà été effectuées quand Johen prit la parole, car Séraphine ne prenait pas la parole en toute occasion.

- Dames et Seigneurs d'Aphel, Sa Grandeur Séraphine De Rovère Vicomtesse d'Aphel va en ce jour remettre à l'une de vos familles sa dernière broche. Laissez les prétendantes approcher.

Le Conseiller recula d'un pas alors que trois jeunes filles s'avancèrent, toutes élégamment coiffées. Séraphine se leva et déclipsa de son fourreau sa dernière broche, identique à la première qu'elle remit à la jeune damoiselle Du Lac quelques jours auparavant. Elle la tendit à Johen qui s'en saisit, car Séraphine devait maintenir de ses doigts les deux pans de sa robe alors qu'elle avançait, son éventail bloqué entre son pouce et son index.

Elle s'arrêta a un mètre de la ligne de prétendantes, précédée par son conseiller qui tenait la broche bien visible, reposant entre l'articulation de l'index et du pouce de chaque main. Séraphine s'avance, prononçant le nom de chaque prétendante en guise de respect pour la famille, et cita quelques faits.

- Margeth Du Bourg, une jeune femme étincelante issue d'une famille possédant quelques bonnes terres du vicomté, des gens droits et justes avec leurs paysans. Fermes et pourtant emplis de bonté.

Le bruit de ses pas continuèrent de se faire entendre sur le marbre alors qu'elle se déplace lentement.

- Alaïs Vallière, depuis des temps immémoriaux votre famille est une inspiration pour tous les cavaliers du Comté et vos faits d'armes sont nombreux.

Aucune famille ne disait mot, se contentant de se courber un peu plus à l'entente de leurs hautes fonctions.

- Enimia d'Ornemont, une famille de fiers teinturiers propriétaires de quelques terres en Aphel ou sont bâties les plus prestigieuses des teintureries. De fiers commerçants comme le sont les miens.

Séraphine arrivée en bout de ligne, fit demi tour et observa attentivement le visage de chacune. Marageth et Enimia étaient coiffées de façon plutôt gracieuse en un chignon complexe attachés d'un petit filet garni de diverses richesses selon les provenances respectives des familles. Alaïs en revanche montrait une queue de cheval longue attachée à hauteur des épaules à l'aide d'une élégante rose rouge sang ; son œil dominant est dégagé, l'autre est partiellement masqué d'une frange longue qui ne se situe pas derrière l'oreille comme il fût de coutume.

- Je m'assurerai qu'il soit remis une broche à chacune d'entre vous, notamment car vous êtes toutes d'irremplaçables familles d'Aphel et que ma position m'a rendue lasse de bien des us de la cour. Je vous déclare toutes ravissantes et de bon parti, cependant...

Elle ne le disait pas mais elle sous-entendait qu'elle n'irait pas se soumettre pour satisfaire les plus influents comme un chien lècherait le cul d'un autre. L'art et la forme y étaient toutes deux, mais cela sans l'enrobage sonnait comme tel. Séraphine s'immobilisa face à Alaïs et dégagea sa mèche d'un léger revers de l'index afin de la placer derrière son oreille, laissant apparaître une cicatrice sur un œil qui ne servirait plus jamais.

La Vicomtesse avait eu vent que la famille Vallière avait été attaquée lors d'un déplacement en Sybrondil par quelques bandits de grands chemins ayant profité d'un temps pluvieux pour tenter d'enlever Alaïs contre rançon. Plusieurs gardes étaient morts, pris dans l'embuscade savamment préparée, et la jeune femme de maintenant vingt ans s'était défendue contre ses assaillants, se battant aux côtés de la garde ainsi que de ses parents. Son père avait perdu la vie en la défendant et les bandits battirent en retraite, non sans avoir grièvement blessé Alaïs.

Ces évènements s'étaient passés lors de l'accession au pouvoir d'Edgard De Rovère, et ce dernier avait fait fouiller toute la région. Les descriptifs avaient permis d'attraper deux des vilains qui furent pendus en place public, leur squelette étant encore visible de tous a l'entrée d'Aphel, suspendus dans une cage le long des murailles en guise d'avertissement au voyageur.

- Il y'a des choses que je respecte davantage encore que vos biens et votre place au sein de la cité. Le dévouement, la justice, le courage, la loyauté, la force de se battre contre son destin et celle de faire plier la volonté divine quand tout joue contre nous.

Ces valeurs pouvaient très bien se conjuguer à la possession terrienne. Posséder était une chose, s'incarner au risque de tout perdre était autre chose. C'était là le propre des familles de chevaliers, des familles de guerriers, celles qui ne ployaient pas devant l'adversité même si elles avaient tant à perdre.

Sa voix se fit plus basse afin que seule Alaïs n'entende cet aparté.

- Ne cachez pas votre loyauté derrière quelques parures et poudres, Alaïs fille d'Irina Du Blanc et d'Ilfried Vallière. Si vous jugez votre visage indécent à la vue, alors je juge que cacher votre dévotion et votre justice est inconvenant en mon Vicomté. D'aucun artifice ne vous rendra qui vous étiez quand bien même vous retrouviez votre beauté, d'aucune magie ne masquera qui vous êtes aux yeux du monde, ne cherchez point à ressembler à celles qui ont moins donné que vous.

Séraphine ne connaissait que bien ces sensations, elle qui se vouait à Arcam. S'accepter était une chose primordiale afin de parvenir à faire de grandes choses. Pour une guerrière, exhiber ses blessures au lieu de les cacher, les montrer au point de heurter était une façon de prouver ce que l'on avait donné et que notre esprit ne divaguait pas là ou le corps était périssable. Pour la Vicomtesse, se cacher pour vivre librement était une façon pour elle de se prouver que son esprit pouvait se faufiler librement et que son corps n'était qu'un outil de sa volonté. Elles étaient une même pièce, fussent-elles deux faces de la même.

Elle jalousait le privilège qu'elle avait de pouvoir faire une fierté de qui elle était vraiment, de pouvoir s'afficher aux yeux de tous sans être pendue, sans être conspuée. La raison de ces paroles fermes était tel un appel à l'aide, car Séraphine ne pourrait jamais prétendre à cela.

- Alaïs Vallière, Moi Séraphine de Rovère Vicomtesse d'Aphel...

Séraphine se vit remettre la broche par Johen, qui se tourna vers elle afin de procéder. Au nom de la Vicomtesse, la garde frappa le sol du Fanion. Ce dernier résonna dans la pièce, elle s'y était attendue, raison de sa pause à cet instant précis. Tout était parfaitement réglé.

- Vous reconnais comme une belle jeune fille, inébranlable, je vous reconnais comme un futur élément de la garde des dirigeants d'Aphel, comme une Dame de caractère qui ne ploie pas face à son destin. De fait, vous êtes un exemple et un voltigeur ne pourrait obtenir meilleure cavalière que vous-même.

Un voltigeur était généralement un fantassin porté par un fier cavalier afin de percuter en première ligne lors de combats de cavalerie. Ce jeu de mot militaire lui était destinée à elle seule, car dire qu'elle serait le meilleur parti de tout homme digne de ce nom en Aphel ne manquerait pas de blesser les autres prétendantes qui verraient cela comme un affront. En l'état, le compliment pouvait être décerné sans heurter quiconque.

Ce jeu de mot ne passerait nullement inaperçu par la famille d'Alaïs ni même par la garde rapprochée de la Vicomtesse, ce qui montrerait de plus une affection particulière à la garde et a ceux qui l'entouraient au quotidiens. Si Séraphine avait besoin du dévouement de gens, c'était sans conteste ceux pouvant se battre.

La jeune prétendante fit un effort afin que l'humidité de ses yeux ne se mue pas en larmes alors qu'elle recule d'un pas, la broche blanc ivoire ornée de quelques richesses décorant désormais ses cheveux, piquée là ou la rose rouge maintenait ses cheveux en une queue de cheval. Ainsi placée, ceux étant derrière elle pourraient voir qu'elle fût favorite de la Vicomtesse avant de voir son visage ; de plus, cela était fort élégant, le blanc de la pureté rappelant le rouge du sang.

D'aucun de la noblesse ne louperait ce message codifié car de toutes les prétendantes exhibant fièrement leurs broches au dessus des oreilles, Alaïs était - pour l'instant - la seule dont la broche avait été piquée camouflée dans un autre ornement, telle la beauté cachée qu'il fallait trouver. En refusant une broche - car elle en avait déjà une - elle forcerait ainsi le prétendant à se demander ou était située sa broche.

Séraphine fit tout spécialement un mouvement du visage vers le bas en regardant Alaïs, un salut silencieux, discret mais perçu, présentant ses respects à quelqu'un. Ce n'était pas passé inaperçu venant de la Vicomtesse, mais trop dérisoire pour être relevé par la petite assemblée.

La Vicomtesse recula d'un pas, puis se retira sur son siège, dos à son public. Pour contrebalancer le fait qu'elle était dos aux gens et donc d'une vision vulnérable, sa garde rapprochée s'avança de trois pas afin de signifier silencieusement que ses arrières étaient couverts. Maintenant assise, la suite des préparatifs allaient pouvoir continuer avec les conseillers de la cour, notamment les couleurs des nappes, les décorations et la disposition des tablées pour les jeux.

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Séraphine De Rovère
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MessageSujet: Re: [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne   [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne I_icon_minitimeVen 8 Déc 2023 - 17:28



Aphel, Chambre de Séraphine, l'Hoirie,
Favriüs, Dernier jour de la Troisième ennéade du premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle.

Audio TTS :

La date du bal avait été fixée au troisième jour de la quatrième ennéade du premier mois de l'automne. Cela ferait trente jours depuis le début de la Cour d'Automne, c'est à dire d'ici quatre jours.

Dans l'Hoirie l'on ne trouvait pas de Dame d'Atours, et c'est ainsi la Dame de Chambre en compagnie de la Dame de la Chambre Privée qui n'était autre que Louise qui étaient toutes deux en charge des préparatifs concernant entre autre la présentation de Séraphine.

A partir d'aujourd'hui, cela allait être une période de restriction pour la Vicomtesse avec pour ordre premier l'interdiction de tomber malade et donc, de céder à certaines gourmandises pouvant s'avérer difficiles pour le transit, surtout quand on en abusait. Les repas seraient simples : Du poisson frais accompagné de légumes et des soupes. Quelques céréales étaient permis, ainsi qu'un pichet de lait frais au matin.

Qui aurait cru qu'il était aisé de s'assurer d'être en bonne forme pour une date butoir ? Les dirigeants masculins avaient l'avantage de pouvoir s’éclipser de temps à autre afin de mener leurs affaires, cela se remarquait davantage chez une dame et il en serait inconvenant. Ces désavantages venaient avec des privilèges, mais en l'état elle n'en avait que faire. Fini les petits gâteaux, les épices et le sucre, fini les gourmandises réservées à la haute classe et les caprices nocturnes.

Présentes toutes deux dans la chambrée, sa Dame de Chambre, ainsi que sa sœur Louise étaient debout derrière elle, prenant quelques mesures et réfléchissant déjà à quel artifice user afin qu'elle soit présentable. Séraphine ne pourrait se présenter au Bal d'Automne dans sa tenue de Vicomtesse habituelle, car elle était certes dirigeante mais aussi une Damoiselle et il fallait qu'elle se mette également en valeur aux yeux des invités afin que l'on parle aussi de sa beauté.

Séraphine n'était pas la plus belle fille du vicomté en cela qu'elle possédait des traits plutôt étroits qui avaient tendance à la vieillir, sans doute ces derniers étaient dû à la fatigue et à la rigueur des entrainements subis. La paysannerie cabossait le corps, être destinée à la cour et aux jeux de la cour également. Les plus belles damoiselles étaient souvent celles qui ne prenaient pas de risque et vivaient de leurs privilèges sans jamais faire un effort autre que de monter dans une chariote et en descendre une fois arrivé à destination, dormaient de tout leur saoul sans contrariété aucune puis recommençaient le lendemain ; du moins, c'était ce qu'elle pensait et en cela, elle les détestait.

Malgré ses défauts, elle avait le privilège d'avoir accès a quelques nouveautés cosmétiques et quelques vêtements la mettant à son avantage, et il ne fallait pas qu'elle s'en prive lors de cette soirée fatidique qui arrivait a grand pas.

- Tenez le cordon un peu plus serré, ordonna Louise à la femme de chambre qui s'exécuta, je crois que cette couture gagnerait à être refaite, conclut-elle en désignant un endroit de la robe qui était un peu plus détendu.

Séraphine passait sa main sur son visage, lasse.

- J'espère que dès lors que cette robe sera achevée, la couturière finira par retenir mes mensurations. J'ai l'impression d'être une Di Maldi.

Victoria di Maldi fut la dernière Vicomtesse et Comtesse a avoir posé son séant dans la salle d'audience et animé des évènements, de fait, la couturière se basait sur son expérience avec elle afin de l'adapter a Séraphine, malgré les différentes prises de mensurations nécessaires. Certaines exigences de l'ancienne dirigeante n'étaient pas du goût de l'actuelle.

Sitôt le vêtement retiré et Séraphine changée, cette dernière s'étala sur son lit à peine refait alors que la dame de chambre disposa afin d'aller quérir le maître de maison qui ne manquerait pas de se plaindre avec une insistance toute particulière auprès de la couturière desservant l'Hoirie.

- Que disent les derniers rapports ? demanda la vicomtesse à l'attention de sa soeur.

Cette dernière, jusqu'alors debout bras croisés, se détendit et s'assied en bordure du lit, ses deux mains venant se poser derrière elle en guise d'appuis.

- Toutes les filles célibataires de la Noblesse ont obtenu leur broche, et figures toi que nous avons quelques filles issues de la Bourgeoisie également, même si elles sont moins nombreuses.

Séraphine leva un sourcil avant de soupirer. C'était là une bonne nouvelle, car certaines familles avaient joué le jeu. Elle ne savait pas quels services ils avaient obtenu en l'échange de cette broche et ne voulait même pas le savoir.

- Tout semble se dérouler comme prévu, et qu'en pense Albéric ?

Albéric était le compagnon de Louise, il faisait parti de l'une des familles nobles les plus importantes d'Aphel en cela qu'Edgard de Rovère avait promis la main de sa fille afin d'accéder au pouvoir, entre autres choses.

- Il ne s'attendait pas à une telle chose, mais finalement il semble jouer le jeu, les broches s'échangent en services rendus.

En plus de permission pour le bal d'automne, ces dernières avaient donc eu un prix et une valeur propres à elles, comme tout ce qui, finalement, était une monnaie donnant accès à un service. Un service contre un autre était une bonne base de troc quand on avait pas de valeur sur un objet ou qu'il représentait une idée abstraite. C'en était devenu une sorte d'invitation telle qu'on les trouvait dans des évènements très privés, il fallait avoir le bras long et de solides arguments. Rien de surprenant mais c'était rassurant que cela ait fonctionné comme tel.

- Johen t'as donné le rapport écrit ? Il me faut les chiffres exacts.

Louise sortit de son décolleté un papier roulé maintenu en place par un nœud vert. Elle l'envoya en l'air en direction de Séraphine qui manqua de se le ramasser dans le visage. Cette dernière enleva le nœud sans le défaire en faisant glisser le rapport.






Favriüs, 9ème jour de la 3ème ennéade de l’an vingt et un de ce cycle

Rapport à sa Grandeur Séraphine De Rovère Vicomtesse d'Aphel,
Par l’intermédiaire du Haut Conseiller de l'Hoirie ainsi que de sa Grandeur, Johen Duvent,

Les informations annotées dans ce rapport sont une estimation à ce jour.

Nombre de broches uniques portées constatées : 29
Nombre de Nobles Damoiselles : 22
Nombre de Damoiselles : 7
Nombre totaux d'invités attendus : 215
Nombre app. d'invités Nobles : 110
Nombre app. d'invités non-Nobles : 105

Aucun évènement notable n'a été en ce jour constaté aux postes-frontières,
Le taux de vols est baisse dans les bourgs 6 à 1 et stable dans les autres bourgs,
Une vingtaine d'arrestations pour crimes mineurs ont été effectuées et les prévenus placés au cachot,
Aucune arrestation n'a eu lieu pour des crimes graves depuis le début de l'évènement.
On nous rapporte une forte hausse de la fréquentation des guildes d'artisanat et de métiers.

Les dernières rumeurs courant dans la cité d'Aphel estiment que plusieurs fêtes et bals clandestins sont prévus hors des murs dans les familles de faible appartenance avec un fort risque d'incidents.

Clovis Divont Capitaine de la Garde


Séraphine prit une grande inspiration à la lecture du rapport qu'elle relâcha en un long souffle, ses tempes prises en étau entre le pouce et l'index de sa main gauche. La Vicomtesse parla d'une voix plus forte afin de s'adresser aux valets encadrant l'extérieur de la porte de sa chambre.

- Valets! Allez-donc quérir Johen sur ordre de la Vicomtesse, je le veux ici dans ma chambrée au plus vite.

La Vicomtesse reprit le rapport depuis le début, alors qu'elle attendait la venue du Conseiller.

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Séraphine De Rovère
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MessageSujet: Re: [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne   [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne I_icon_minitimeSam 9 Déc 2023 - 11:26



Aphel, Chambre de Séraphine, l'Hoirie,
Favriüs, Dernier jour de la Troisième ennéade du premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle.

TTS Audio:

Un quart d'heure plus tard, deux coups résonnèrent à la porte de la chambrée de Séraphine, celle ci donna l'autorisation d'entrer au conseiller. Ce n'était pas une chose courante que ce dernier soit convié ici, mais la fainéantise de la Vicomtesse avait frappé et son caprice avait eu raison de Johen. Cela faisait longtemps qu'il ne bataillait plus à comprendre les procédés de Séraphine sur la forme.

- M'avez-vous fait quérir votre Grandeur ? demanda t-il tout de même dans le doute, peu sûr de la conduite à tenir en de pareilles circonstances et surtout en pareil lieu.

En réponse, Séraphine tendit en l'air le rapport entre le pouce et l'index, le secoua légèrement en regardant Johen. Il n'avait pas jugé cela indispensable de lui remettre ce dernier directement ni même d'en discuter. Dans le fond, il n'y avait là rien d'alarmant ; des gueux qui allaient festoyer entre eux à leur façon et une hausse des crimes mineurs, information attendue en de pareille circonstance. Cependant, la Vicomtesse ne semblait pas être tout à fait de cet avis.

- Il est hors de question que nous prenions le risque que quelconque fête ne se passe hors des murs de la cité de la part des gens venants de la cité.

Johen est interloqué, ne semblant pas comprendre là ou elle souhaitait en venir.

- Dois-je les faire interdire votre Grandeur ? demanda t-il en fronçant les sourcils. Interdire des fêtes paysannes était du jamais vu.

Séraphine écarquilla les yeux, les sourcils légèrement renfrognés, son expression témoigne de la surprise qu'une telle énormité puisse avoir été prononcée et de la pitié qu'elle éprouvait face au raisonnement. Le conseiller lui avait habitué à une réflexion extrêmement pointue, mais visiblement il n'était pas habitué à réfléchir en dehors du cadre établi. Par cette question, elle retiendrait simplement le fait qu'il n'avait pas voulu rester silencieux par politesse, avouant indirectement qu'il était totalement perdu dans le schéma de pensée de Séraphine. Elle ne releva pas.

- Mettez à disposition des serfs et paysans d'Aphel de grandes tablées sur toutes les places majeures. Celle du Temple, celle du Drap d'or, celle des Myrtes et proposez des petits gâteaux et des boissons aux bains.

Avant que Johen ne pose la question de savoir d'ou sortirait le budget pour payer un repas à la totalité d'Aphel, elle poursuivit.

- Toutes les tables seront agrémentées de galettes de céréales et de produits de la farine, les plus simples qu'ils soient.

Une miche de pain coûtait deux écus, ce qui était une somme tout à fait dérisoire sur le budget de l'Hoirie. Cent miches de pain couteraient un demi-souverain, deux-cent, un souverain. En comptant ainsi cinq souverain, dix maximum en comptant les galettes de blé sec - Soit le prix d'une épée d'entrée de gamme à l'échelle du budget de l'Hoirie - il y aurait l'équivalent de mille à deux-milles pains de toute sorte sur les tables de la cité. Pas assez pour nourrir tout le monde certes, mais sans compter les enfants en bas âge, les nobles, les bourgeois et ceux ne participant pas aux fêtes, l'on compterait assez de pain pour nourrir une bonne partie des fêtards ayant eu pour idée d'aller se rouler dans les champs. Une miche de pain standard couvrait les besoins de deux à trois personnes pendant un repas. C'était théoriquement assez pour presque le quart de la cité le temps d'un unique repas.

- C'est envisageable votre Grandeur.

Johen n'était pas un idiot pour autant, quand bien même certaines questions fussent-elles idiotes, et il avait déjà saisi les intentions de la Vicomtesse, sans en avoir fait le tour pour autant.

- En contrepartie, un messager communiquera oralement mes intentions dans toutes les tavernes d'Aphel, ainsi que le fait qu'aucune garde supplémentaire ne sera projetée hors des murs de la cité en cas d'incidents, mais que les effectifs en place ne seront pas supprimés non plus.

Pour faire simple, elle ne dépenserait pas davantage de budget à en appeler à la Garnison pour aller projeter des forces a l'extérieur des murs, tout ça pour escorter des gueux qui n'avaient rien d'autre à faire que d'aller festoyer dans les villages voisins. Cela serait catastrophique en cela que les patrouilles extérieurs seraient alors en sous effectif, d’où la notification par le Capitaine de la Garde que cela engendrerait un fort risque d'incidents.

Les quelques-uns qui braveraient les murs ne seraient pas assez nombreux pour poser un problème quelconque, car sans doute allaient-ils rejoindre de la famille ou des amants au Croisement ou à Pezak, les autres petits villages étant trop isolés pour être accédés en ce début d'automne. Le fait que les patrouilles soient inchangées en extérieur rassurait sur le fait que les paysans ne seraient pas abandonnés au nom de festivités et qu'une sécurité standard serait effective malgré tout. Cela signifiait également que les patrouilles jumelées au sein de la cité allaient persister les trois prochain jours, et donc qu'il était possible de donner d'autres ordres, tel que Séraphine s'apprêtait à le faire.

- Que les tablées soient surveillées au sein des murs de la cité, les gardes n'interviendront pas envers quiconque souhaite s'abreuver ou y manger et s'assurera qu'aucun conflit n'y éclate. Prévenez les religieux du quartier des Temples, du Strymon et du Temple de Marneterre qu'ils pourront prêcher leurs ouailles et organiser ce qu'ils jugent bon d'organiser sur les tablées de toute la ville.

Rendre les mets gardés leur donnait plus de valeur qu'ils n'en avaient, et les petites gens n'oseront pas lancer une bagarre générale pour un morceau de pain devant la garde de la cité. Avec les religieux présents au sein de la foule, ils verraient en cela une aumône de la part de l'Hoirie et n'hésiteraient pas à préparer quelques gâteaux secs et boissons pour agrémenter les tables, en plus de pouvoir prêcher et organiser quelques feux ou rituels religieux. Prier n'était pas une mauvaise chose pour garder le contrôle sur certains bourgs.

Le conseiller semblait avoir du mal à tout retenir, et ainsi il s'empara d'une plume et d'un encrier situés tous deux sur le bureau de la chambrée et commença à noter les informations importantes avec l'accord de Séraphine.

- N'avez-vous pas peur que certains refusent de se prêter au jeu votre Grandeur ?

Une question judicieuse, car quelques gens ne rentreront pas forcément dans ce schéma et tout ne se passait jamais comme on le prévoyait.

- Absolument Johen, c'est pour cette raison que tu vas me faire escorter immédiatement aux cachots, je voudrais parler en personne à ces quelques fauteurs de troubles "mineurs".

Par mineurs, on entendait souvent des bagarres, des petits larcins, ou tout autre crime quotidiens. Le fait qu'il y ait eu vingt arrestations en moins d'un mois prouvait que certains cherchaient déjà à profiter des festivités, ou ne goutaient pas tout à fait à ces dernières. C'était un gros chiffre pour une cité telle qu'Aphel.

- Votre Grandeur, je vous demande humblement de bien vouloir laisser faire les officiers, ces gens sont indignes de votre vision, et il ne fait aucun doute que nous auro...

Séraphine le coupa d'un geste de la main, ne semblant pas être d'humeur à entendre la voix de la raison sur ce coup là. En théorie, la Vicomtesse n'avait rien, mais rien a faire dans les cachots face a des vilains. Elle avait cependant une autre idée, car c'est bien parce que cette visite était impossible tant elle était hors du cadre établi que cela allait marquer les esprits. Quelque chose qui survient hors-contexte ou hors-procédure était ce dont on se souvenait le plus, et spécifiquement pour les concernés.

- Johen, je sais que tes conseils sont sages, mais ce n'est pas de sagesse dont nous avons besoin dans l'immédiat mais d'audace. On ne règle pas des problématiques exceptionnelles avec des mesures traditionnelles. Je serai prête d'ici une heure, fait quérir ma garde personnelle et qu'ils se tiennent prêt.

Cela laissait le temps à Séraphine de se préparer, car elle ne descendrait pas dans ces cachots en tenue de Vicomtesse afin de ne pas trop sortir du cadre, mais descendrait dans sa tenue de duel, qui était beaucoup plus menaçante et surtout, plus propice à une discussion avec des vilains.

Johen ne semble pas spécialement emballé à cette idée, mais les mesures prises pour l'instant semblent être économes et réfléchies, ainsi Séraphine avait un argument afin de pouvoir faire passer cette demande ; car elle n'était ni folle ni déraisonnable en général, même si elle était capricieuse et têtue.

- Bien, Votre Grandeur.

Le Conseiller n'en dit pas plus mais il ne fait aucun doute qu'il trouverait le moyen de se faire faire un rapport de ce qui se passerait dans les cachots, d'une façon ou d'une autre. Tel était son rôle et Séraphine le savait, elle n'avait pas besoin qu'il affiche ses motivations pour les connaître tant elles étaient protocolaires ; Il n'allait pas se contenter de fermer les yeux et lui laisser un blanc-seing sans même savoir ce qui découlerait de cette visite. Par chance cette fois-ci, elle n'avait rien a cacher.

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Séraphine De Rovère
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MessageSujet: Re: [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne   [Aphel][Evènement / Préparatifs] La Cour d'Automne I_icon_minitimeSam 9 Déc 2023 - 15:46



Aphel, Cachots du Vicomté,
Favriüs, Dernier jour de la Troisième ennéade du premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle.

Le long couloir des cachots était froid, humide, a peine éclairé de quelques torches. Avec la saison des pluies, de l'eau gouttait du plafond, rendant l'air a peine respirable. Et pourtant ils étaient là, les vilains de tout Aphel, croupissant dans des cachots dégoutants et moisis ; ils vivaient, respiraient et semblaient avoir fait de cet endroit leur humble demeure, demeure de laquelle ils n'avaient guère les clefs. De lourds barreaux empêchaient quiconque de s'évader, et ce n'étaient pas les pierres scellées à la bâtisse situées sous leurs pieds qui allait leur donner l'occasion de creuser. Des cachots d'Aphel, l'on ne s'évadait pas sans aide extérieur.

Dans certaines cellules, bien des corps ne bougeaient plus, l'esprit dégradé, attendant une mort certaine. Séraphine grimaça, elle n'aurait pas imaginé que l'on croupissait dans de telles conditions dans la cité d'Aphel ; c'était un mouroir plus qu'autre chose. Par chance, l'on y restait rarement longtemps car ceux destinés à des peines longues étaient à l'étage, dans un endroit tout aussi lugubre mais assez sec et sain.

Ici, c'était l'aile des condamnés à la pendaison mais aussi à ceux dont les peines n’excédaient pas quatre ennéades. Le clapotis de ses pas dans les flaques d'eau, fussent-elles de pisse au vu de l'odeur nauséabonde annonçaient son arrivée. Les cheveux de Séraphine étaient détachés et masquaient partiellement son visage. Les détenus ne la reconnaitraient pas en l'état, déjà car elle n'avait rien à faire ici, et en prime elle n'était pas habillée comme de coutume. Le respect qui lui était dû n'avait pas lieu en ces murs, raison pour laquelle Johen avait été contre l'idée même qu'elle n'y descende.

Un sifflement se fit entendre dès les premières cellules.

- Hep ma jolie, t'aurais pas un peu de pitié pour un bel homme comme moi ? Regarde ! Allez, une petite compagnie !

L'homme en question était vieillot, les dents pourries et les vêtements puants. Séraphine ne daigna lui répondre et continua son avancée en compagnie de ses gardes du corps.

- C'est qu'elle est bien gardée la pucelle, allez ma belle, on en dira rien !


Voyant qu'elle ne daignait lui accorder la moindre attention, ce dernier jeta en sa direction un morceau de pain pourri ayant trainé dans la pisse, ce dernier se fracassa sur sa protection de bras sans qu'elle n'en dise rien. Bientôt, elle fît hors de portée de cette charogne. Les autres cependant, excités par cette scène et attirés par le spectacle s'en donnèrent à coeur joie et il fallut que la garde tape sur les barreaux pour les faire reculer alors que des crachats fusaient ci et là en réponse à cette autorité.

Ce n'est qu'une fois arrivée au fond de l'aile qu'une vaste cellule un peu moins délabrée que les autres se fit entrevoir, a l'intérieur, une dizaine de personnages plus calmes que les autres détenus en cela qu'ils n'étaient guère coutumiers des cachots. Ils semblaient plus propres, moins puants, ils étaient là depuis peu. Tous étaient des petits paysans, pour certains d'âge d'être pères de familles. Assis, ils ne disaient rien.

- Ouvrez.

Ismail eut un mouvement de recul en entendant pareil ordre, ils ne semblaient pas bien dangereux, tous des bagarreurs de tavernes au pire, raison pour laquelle ils avaient d'ailleurs été mis à part. Cependant, c'était là une directive à haut risque.

- Madame ? demanda t-il à voix basse, lui demandant de confirmer son ordre.

Il n'avait pas utilisé le terme habituel avec lequel l'on s'adressait à la Vicomtesse, sans doute parce qu'ils passaient leur journée collés et ainsi, cette familiarité liée à la surprise avait pris le dessus.

- Tiens ta langue en public Ismail, fais moi ouvrir cette cellule.

Quelques secondes plus tard et sur ordre de la garde personnelle de la Vicomtesse, l'officier en charge des détenus arriva en personne avec la clef de cette cellule. L'on ne se baladait pas avec les trousseaux de peur qu'ils ne glissent et qu'une mutinerie n'éclate, et, la cellule fut ouverte.

Les deux gardes tirèrent leur épée et mirent immédiatement en joug les occupants de cette dernière, accompagnés par cinq gardiens qui eux, n'avaient pas tiré les leurs, en signe de détente. Tous avaient pénétré cette large cellule et Séraphine suivit, se mettant au milieu d'eux afin qu'aucun ne puisse attenter quoi que ce soit sans se faire raccourcir sur l'instant. Ils n'étaient pas armés certes, mais a dix contre deux le ratio si le courage l'emportait ne jouait pas en la faveur de la garde privée de Séraphine et elle ne prendrait aucun risque non-nécessaire.

Les occupants levèrent les bras en l'air a hauteur de tête, surpris par un tel traitement et surtout par une telle scène dont l'occupante centrale était une dame qu'ils n'avaient pas reconnu, mais d'assez haute appartenance pour avoir à son service des officiers.

- Alors ainsi voici donc le visage de la criminalité mineur d'Aphel. Tous ici avez participé à des heurts, bagarres, larcins...

Elle fut interrompue par un écho qui émana d'une cellule voisine un peu plus loin, cellule qui visiblement n'était pas assez éloignée pour que sa voix ne porte pas.

- Tais-toi trainée, t'es bien bonne mais les femmes n'ordonnent pas !

Séraphine s'interrompit, avant de prendre une grande inspiration.

- Faites-le fouetter avec vigueur, cette mesure est effective maintenant jusqu'à mon départ.

La Vicomtesse fit silence alors que l'homme d'une cellule plus loin fut extrait de cette dernière en un hurlement, il fut frappé en cela qu'il ne se laissait pas faire et trainé vers les escaliers menant une salle en contrebas. Ses cris de protestation et d'injures se firent entendre ; il n'avait pas l'intelligence suffisante pour comprendre que seule la caste dirigeante ordonnait la loi, et il le réalisera peut être une fois son calvaire passé.

De par cette démonstration qui n'était pas prévue, ceux dans la pièce comprenaient que quelque chose ici se jouait, avant qu'ils ne se mirent à observer plus intensément les traits de Séraphine dans la pénombre, car ses cheveux ne pouvaient couvrir ses traits dans toute les directions et quelques uns se trouvaient face à elle.

- J'ai ouïe dire que des vilains souhaitaient gâcher MES festivités, je ne vois pourtant en vous d'aucun vilain que je n'ai croisé dans les autres cellules jusqu'alors.

Les mots choisis sont encore plus marqués par la Noblesse que ceux qu'elle utilise à l'encontre des Nobles eux-même, il ne fallut dès lors pas longtemps pour les résidents de cette cellule pourrie pour comprendre de qui il s'agissait. Certains s'agenouillèrent le regard baissé bras en l'air, d'autres se tinrent la tête contre le sol mains sur cette dernière. Il n'en aurait pas été ainsi si il s'était agi de bandits, de pirates ou de meurtriers, mais dans ce cas elle ne serait même pas rentrée dans la cellule.

- Que celui qui veuille gâcher mes initiatives se lève et vienne me le dire en face, me regardant dans les yeux. Maintenant.

C'était facile, personne n'oserait le faire parmi les Nobles et encore moins parmi les classes les plus faibles, ils pouvaient se faire fouetter pour un mot de travers et peu auraient l'audace de lever le regard. Un cependant, fit mieux que ça et prit la parole d'une voix forte et tremblante.

- Ah ça non votre grandeur, c'est l'père Poireuse d'en face qu'a voulu que son fils baise ma fille parce qu'elle en avait accepté l'fétiche de bois, c't'un vilain et moi eh j'veux pas qu'ma fille elle boursicote l'fils du vendeur d'choux, alors on lui a mis une belle déculottée pour son honneur !

Tous étaient ici pour le même motif, sachant que la bagarre engendrée avait filé en bataille rangée entre les familles et amis des deux clans. Le paysan cracha au sol en un bruit a peine ragoutant pour signifier son mépris. Il était sale, n'avait aucune manière ni aucune idée de comment s'adresser à la Noblesse et pour cause, d'aucun Bourgeois ou Noble ne lui adressait la parole habituellement. Seuls les gardes étaient coutumiers de ce langage. Séraphine parut dégoutée mais se fit violence, acceptant sa tirade comme une phrase d'une extrême politesse pour un paysan, n'ayant pas vu la garde réagir.

- Alors tu diras a ce vendeur de chou de ma part que c'est une invitation à une danse romantique et que cela demande un minimum de savoir vivre, Aphel n'est pas un bordel.

Le paysan, toujours tête baissée, la releva puis sourit bêtement, hochant la tête de temps à autre pour confirmer. On pouvait voir à son expression stupide qu'il n'avait pas compris grand chose au mot "savoir vivre" tel que Séraphine l'entendait, mais n'était pas bête au point de ne pas avoir compris le sens global de sa phrase.

- Quant à vous tous, poursuit-elle ensuite en ayant commencé d'une voix forte, vous êtes bien honorables de défendre les vôtres, mais j'attendais tout de même un peu plus de courtoisie et d'honneur, vous vous êtes comportés comme des gueux, et pourtant vous n'en êtes point.

Était-elle sérieusement en train de faire un discours dans une cellule d'un cachot moisi d'Aphel ? Tout à fait. Séraphine pensait que même quand on était un paysan avec la tête dans la pisse, entourés de garde armés, il fallait tout de même continuer à être éduqué. Ils seraient tous au bout d'une corde qu'elle continuerait à leur faire la morale pour les forcer à réfléchir. C'était là une sorte de version macabre - et inutile pour beaucoup - de l'éducation.

- Mille pardons votre grandeur.

Ces mots avaient été prononcés alors qu'il rampa un peu plus en sa direction, arrêté par le pied d'un garde qui vint se déposer sur son épaule. Les autres ne bougeaient pas tant que ça, se contentant de laisser parler celui qui s'était avancé pour porter leur voix.

- Je vais ordonner votre libération sous la condition suivante : vous ferez savoir que du pain et des galettes seront disposés sur toutes les tablées des grands quartiers de la Cité, et qu'il serait préférable pour vous de fêter cet évènement de la façon dont vous le souhaitez tant que vous êtes civilisés et DANS les murs de la cité, parce que je tiens à la vie de mes gens. Toute fête clandestine hors des murs qui finirait mal sera mise sur le compte du responsable d'une telle fête dont il portera la responsabilité.

Elle marqua une pause et s'approcha du paysan à terre, s'accroupit et fit un effort immense pour le saisir par l'épaule afin qu'il la regarda. D'une double sécurité, deux gardes a côté tirèrent leur épée et la mirent sous le cou du malheureux pour qu'il ne tente rien.

- Vous comprenez bien ce que je viens de vous dire, n'est-il pas ? Je ne tolèrerai aucun écart qui pourrait salir l'image d'Aphel, et que ces évènements soient nouveaux n'est en rien une excuse, car en agissant ainsi vous salissez votre image aux yeux du comté et la mienne au passage.

Séraphine était davantage inquiète pour son image, car si cet évènement venait à mal se passer, sa réputation qui pour l'instant était irréprochable pourrait bien se ternir auprès du Comté et de Sybrondil, et elle ne le permettrait pas, de gré ou de force.

- Ces broches sont faites pour être respectées, et sont gages d'amour et de bonne conduite, ce n'est pas une incitation à la débauche. Suis-je comprise ?

Le paysan qui la regardait désormais hocha la tête par petits mouvements silencieux, que ce soit les épées ou le fait que la Vicomtesse le touchait directement ne serait-ce que par le col de son vêtement était très convaincant. Afin que Séraphine ne soit pas vue comme ayant violenté des paysans et qu'elle fût tyrannique, elle le relâcha. Sa poigne avait sans doute froissé son vêtement - ce qui ne faisait pas grande différence mais tout de même - et ainsi elle se redressa.

- Laissez-les réfléchir une journée encore, qu'on les libère au petit matin et qu'ils soient escortés jusqu'à chez eux, faites en sorte qu'ils aient des frusques neuves pour cet hiver et pour le bal des paysans.

Sur ces paroles, elle sortit de la cellule. Dans les familles paysannes, les vêtements se léguaient de père en fils. Acheter un vêtement était une occasion, se le voir offrir était d'autant plus rare. Certains relevèrent brièvement la tête, surpris par ce geste de bonté sorti de nulle part. La Vicomtesse avait déjà la réputation d'avoir des réactions parfois étranges, mais ils n'allaient pas s'en plaindre. A choisir entre le cachot, le fouet et les vêtements, ils n'étaient pas plus cons que la moyenne et prendraient les bonnes opportunités. Des frusques paysannes correctes n'étaient pas grand chose à payer pour s'assurer que les tares qui s'étaient établies dans les bourgs s'estompent.

Séraphine ne goutait pas l'idée que chaque bourg puisse faire ce qui lui plaisait avec les règles au point que ces broches se transforment en n'importe quoi. D'un autre côté elle aurait dû s'en douter : ils ne savaient pas lire. Ainsi les choses étaient claires dorénavant et ces dix là seraient suffisants pour qu'on les écoute dans les tavernes du coin et bientôt la parole se répandra, de même que la bonté de la Vicomtesse concernant le pain offert le soir du bal. L'un n'allant pas sans l'autre, son étrangeté et cet épisode risquera également de faire du bruit, car elle n'avait rien à faire dans les cachots, ce n'était pas interdit par la loi mais par le bon sens ; mais elle trouvera bien une excuse sous couvert de bonté afin de justifier son action, elle n'en doutait pas.

La Vicomtesse fit demi-tour alors que la cellule fut refermée et les paysans encore sous le choc de ce à quoi ils venaient d'assister, non pas qu'ils eurent été mal traité au contraire, mais ils n'auraient jamais imaginé rencontrer la Vicomtesse en personne en pareil endroit.

Ses pas la portèrent bientôt au début de l'aile en compagnie de sa garde, et le vilain qui l'avait précédemment malmené, n'ayant guère entendu la conversation au bout de l'allée mais ayant cependant entendu les hurlements s'était un peu plus calmé, mais pas assez pour ne pas faire quelques gestes lubriques lors de son passage.

- Avant que je n'oublie, ajoutez à la peine de celui-ci insultes et débauche envers ma personne pourtant si généreuse. Consignez son attitude dans le rapport et jugez-le demain à l'aube.

Les yeux du mariole se firent rond, car n'ayant pas assisté à la scène en entier ni aux conversations qui se passaient plus loin, il n'avait pas tout à fait percuté qu'elle était "si" importante que cela. Séraphine après cette phrase tourna son visage et s'approcha des barreaux, assez pour qu'il voit son visage éclairé par la torche, mais pas assez cependant pour qu'il ne puisse la saisir. Il se liquéfia sur place voyant le visage de la Vicomtesse d'Aphel, mais ne trouva pas la force de réagir immédiatement. Séraphine lui fit un sourire appuyé assez malsain avant de lui souffler au visage de loin. Il était le genre d'animaux lubriques qu'elle ne permettrait plus de vivre au sein d'Aphel, un danger pour les jouvencelles.

- Haut et court.

Après cette phrase, elle se saisit de ses cheveux et les arrangea en une élégante queue de cheval puis quitta le cachot sous les cris de l'homme lui ordonnant d'attendre, se plaignant qu'il y'avait eut "méprise". Elle était souillée par tout ce qui s'était passé et allait devoir se changer et laver ses vêtements au plus vite afin de ne pas être prise pour une quelconque paysanne.

Ce qui s'était passé ici aujourd'hui sera consigné dans le rapport qui sera remis au conseiller, qui prendra sans doute bonne note que les paysans furent "graciés". Quant à l'autre, il était déjà destiné à la pendaison pour d'autres crimes du même genre et seule la longueur de la corde changera, ce qui n'était tout de même pas un petit détail pour le supplicié.

La rumeur comme quoi la Vicomtesse était venue gracier quelques paysans ne tardera pas à faire le tour de la cité même si elle fût étouffée en amont. Certains y voyaient un acte de bonté, d'autres avaient un avis positif du fait qu'elle ait daigné adresser la paroles aux classes inférieurs. Les Nobles et les bourgeois avaient entendu aussi la rumeur en fond, car ils ne fréquentaient pas du tout les mêmes lieus que les paysans, mais comme l'Hoirie n'avait confirmé ou infirmé l'on se disait qu'il devait y avoir eu méprise.

Pour le peu que certains d'entre eux y croient, ce serait sans doute un accueil mitigé que cela ferait. Le fond était honnête, la forme était très hasardeuse. Au pire il y aurait une incompréhension globale, mais elle ne risquait rien de majeur tant que cela ne se répétait pas.


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