[ Jardin ] Une partie gagnée d'avance [ PV Trystan ]

Si Lilianna avait trouvé ces dix jours terriblement longs, Trystan était mitigé. Lilianna lui manquait énormément, surtout la nuit, car la journée il était terriblement occupé avec les récents évènements. La mort des princesses avait plongé la Cour dans un terrible émoi et une effervesscence sans précédent. Après la Peste, après l'attaque d'Ydril, après l'infiltration de Diantra, voilà la mort des héritière du royaume des hommes... C'était trop pour les humains... C'était trop pour Ultuant et sa femme. Trystan les plaignait sincèrement. Du coup, il avait plus de travail encore car Ultuant s'était muré dans le silence et la solitude, dans son deuil insupportable. Qu'il en soit ainsi, Trystan ne pouvait pas l'en blâmer. Il avait eu envie de lui révéler leur lien, de l'aider, mais pas le courage. Et puis, Ultuant risquait fort de penser Trystan derrière tout cela. Il y avait un traître et il en faisait un parfait.

Quoiqu'il en soit, il fit un break dans son emploi du temps de ministre et se mit en quête de Lilianna. 10 jours, c'était long... Mais pas quand on savait qu'on allait devoir courtiser une demoiselle comme n'importe quel freluquet enamouré. Quelle misère... Il avait reculé chaque jour, mais finalement, le besoin d'elle était devenu plus fort que sa peur du ridicule.

C'est pourquoi il demanda à Thibaut de trouver Lilianna et d'ensuite l'accompagner pour la retrouver. Et c'est ainsi qu'il se retrouva dans les jardins, avec Thibaut et Cabal qui gambadait devant. Le grand chien loup était content de cette petite sortie.

Il entendit alors une voix masculine débiter des anneries et fronça les sourcils alors que Thibaut lui soufflait que Sire d'Argon était près de Lilianna. De mieux en mieux... Voilà que ce prétentieux était en train de faire la Cour à SA Dame... Il allait te le remettre en place et vite fait! Avec un sourire sournois, il murmura quelques paroles à Cabal qui s'élança sur le Seigneur d'Argon en silence et vint lui attaquer la jambe.

- "Cabal, voyons, ce ne sont pas des manières!"'

Le chien lâcha sa proie, obéissant.

- "Veuillez lui pardonner, il n'aime guère la mauvaise poésie... Il doit tenir cela de moi."

La voix était sarcastique et tranchante, comme souvent. Il caressa la tête de son chien affectueusement, pas contrit le moins du monde. Niveau arrogance et prestance, il écrasait le malheureux prétendant alors qu'ils avaient sensiblement le même âge. Bien droit, il portait un pantalon de cuir noir, des cuissardes, une chemise et une tunique noire richement brodée de fils d'argent. La noirceur de ses vêtements mettait en valeur la noirceur de ses chveux laissés libres et soulignaient la beauté de ses traits taillés à la serpe et altiers. Ses yeux vert et aveugles étaient la seule touche de couleur et n'en étaient que plus attirants.

- "Vous devriez cesser d'importuner la Dame, je ne la vois pas, mais je suis sûr qu'elle se tait pour ne pas vous demander d'aller voir ailleurs. Malheureusement, je n'ai pas sa délicatesse messire d'Argon. Oh et puis soyez un peu original, à combien de femmes avez-vous dit que leurs yeux luisaient comme les perles de la rosée du matin? Elle mérite mieux qu'un ressucé de paroles déjà éventées."

Thibaut se tenait derrière Trystan et se retenait de rire, lançant un clin d'oeil à Lilianna.

Et le voilà lancé , il ne s'arrêtait hélas pas. Lilianna gardait le sourire , se disant qu'il allait bien finir par s'arrêter à un moment ou à un autre. Enfin , son sourire était plus une grimace crispée qu'autre chose. Mais elle ne pouvait pas vraiment échapper à ses poèmes mièvres. C'était dégouliant d'un faux amour , dégoulinant de compliments plus pompeux les uns que les autres. Heureusement , le Prince Charmant arrivait. Comme dans les contes de fées , il venait sauver sa princesse du vilain dragon , incarné à merveille par Messire d'Argon. Par contre , elle ne s'attendait pas à une telle... attaque. Parce que là , c'était clairement une attaque physique. Lilianna sursauta et s'écarta d'un bon , lorsque le chien de Trystan se jeta sur son prétendant pour lui mordre la jambe. L'homme poussa un cri surprit et douloureux , et il tenta de se débarasser du chien d'un coup de pied. Il rata lamentablement l'animal , faisait éclater Lilianna de rire. Là , il venait de baisser encore d'un cran dans son estime. Pauvre bête... Elle plaignait le chien de devoir mordre un tel homme. Mais tout de même... Belle attaque de Trystan.

Pour un début de cour , c'était plutôt bien joué. Lilianna cessa de rire , se pinçant les lèvres nerveusement. D'avance , elle plaignait sire d'Argon. Trystan s'approcha et excusa son chien. Lilianna ouvrit de grands yeux. Elle se retint de rire de nouveau , parce que de nombreux regards étaient braqués sur eux. Entre demoiselles jalouses et vieilles pies , elle n'aurait su dire lesquelles avaient l'air le plus indigné. Et cela lui était bien égal... Elle se redressa et ouvrit la bouche. Elle se ravisa cependant bien vite. Elle avait faillit l'appeler publiquement Trystan. Ce serait une erreur... Ses épaules retombèrent et elle soupira doucement. Quel dommage...

« Bonjour Messire... »

Il y avait un tremblement à peine maîtrisé dans sa voix. Lilianna n'avait qu'une véritable envie , se jeter dans ses bras et l'embrasser. Mais elle ne le pouvait pas... C'était tellement frustrant ! Ses yeux allèrent de Trystan à son prétendant et elle soupira. Il fallait se débarasser de celui là vite fait... Pourtant , il semblait plus que prêt à faire face à son amant. Le pauvre , s'il savait... Il allait vite redescendre de son nuage , avec Trystan en face de lui... Il risquait d'être plutôt... Blessé dans son orgueil s'il s'acharnait trop à tenter de séduire Lilianna... Pendant qu'Argan faisait face à Trystan , Lilianna se perdit dans la contemplation de ses traits. Comme il lui manquait... Elle s'empourpra , constatant que Thibaut la regardait avec un drôle d'air. Elle s'éclairçit la voix , expira à fond , ouvrit la bouche et...

« Je ne vois guère de quelle mauvaise poésir vous parlez , Messire. Dame Lilianna semble l'apprécier grandement... »

Lilianna sursauta légèrement , laissant échapper un « quoi ? » surprit. Ah non ! Elle n'aimait pas du tout cette prose déjà entendue mille fois. Il était fou de tenir ainsi tête à Trystan... Il fallait se débarasser de lui... Et Trystan semblait s'évertuer à le faire lui même. Elle déglutit discrètement. La dernière chose qu'elle voulait , c'était voir deux hommes se "battre" pour elle. Même si voir Trystan défendre sa place avait quelque chose de terriblement plaisant. Elle se plaça entre les deux hommes , rappelant de ce fait sa présence à Messire d'Argon.

« Il me semble avoir déjà entendu ce poème... L'avait vous récité à d'autres avant ? Je suppose que oui... Vous devriez en apprendre un autre... Et mes yeux sont violets , pas bleus. Ca fait deux fois que vous vous trompez. Je vais finir par mal le prendre... »

Le prétendant écarquilla grand les yeux. Comment osait-elle lui parler ainsi ? Son visage rougit de colère. Lilianna blêmit. Elle avait oublié qu'il était à ce point susceptible. Elle recula d'un pas et se heurta à Trystan. Elle s'écarta cependant très très vite. Peut-être aurait-elle dû se taire... Non , elle aurait dû se taire. La place d'une femme était derrière les hommes , pas entre eux à les séparer. Qelle idiote... Argon était rouge de colère. Elle se demendait qi'il n'allait pas essayer de la gifler.

« Pardon ?! »

Il entendit rire Lilianna alors que Cabal mordillait joyeusement la jambe de seigneur gênant. Rien que ce rire lui réchauffait le coeur et le mettait de bonne humeur alors que cet imbécile avait tendance à faire le contraire. Elle le salua alors, avec cette retenue affectée dont tous deux devaient faire usage désormais. Il tourna son egard aveugle vers elle et s'inclina galamment :

- "Bonjour ma Dame... Enfin, je gage que votre journée était mal partie avec ce poête de bas étage."

Il eut un petit sourire en coin à la mention du dit poête, méchamment ridiculisé devant spectateurs. Il se permit pourtant de répondre, alors que Lilianna manquait de s'étouffer dans un quoi? offusqué et sonore. Trystan avec un air triomphal et un sourie narquois reprit avec un plaisir sadique :

- "Vraiment? Vous faites de l'effet à la demoiselle, je le reconnais, mais sans doute pas celui que vous escomptiez."

Lilianna intervint alors et remballa le poète e pacotille promptement. Trystan se retint de ricaner, ravi de l'intervention de Lilianna... Jusqu'à ce que son visage se fige et devienne de glace quand Lilianna se heurta à lui, comme apeurée et qu'elle s'éloigne de nouveau. Impossible que cela soit d'Argon, Cabal ne l'aurait pas laissé approcher et Thibaut l'aurait prévenu. Et puis, le parfum ne trompait pas. Et si il lui faisait peur...

Il entendit le Pardon? colérique et de mauvais présage. Trystan se fit plus ombrageux et menaçant :

- "Dites moi d'Argon, vous n'êtes pas en train d'apeurer Dame Lilianna, j'espère... Il me semble qu'une femme est encore libre d'accepter ou pas la Cour d'un prétendant, sauf si ses parents interviennent. Et il n'y a nul parent ici. Votre présence la dérange et m'insupporte. Alors allez compter fleurette ailleurs, je ne me répéterais pas... Le roi étant trop affligé pour s'occuper d'affaires aussi minimes, c'est à moi de le faire et je ne tolère pas qu'on importune les femmes. Me suis-je bien fait comprendre?"

Il n'y avait nul doute sur la menace sous jacente. Trytan avait énormément de pouvoir et notamment celui de causer de gros ennuis à cet importun s'il s'entêtait.

- "Votre fierté est déjà mise à mal, soyez intelligent et partez avec le peu de dignité qu'il vous reste."

Dieux , qu'elle se sentait mal ! Ridicule , même. Elle était naïve , de croire que cet imbécile pouvait lui faire du mal. Là , il n'oserait certainement pas la toucher. Il y avait bien trop de monde... Et puis , Trystan ne le laisserait certainement pas faire. De plus , elle était sans défense , ce serait terriblement disgrâcieux de s'attaquer à elle... Parce que c'est diablement plus facile de lever la main sur une femme que sur un grand homme. Et personne de présent n'oserait s'aventurer sur ce terrain. Personne n'oserait s'approcher de Trystan , ni de la femme qu'il courtisait. La loi du plus fort , en quelque sorte. Et personne n'arrivait à la cheville du conseiller , c'était indéniable. Alors oui , avoir peur de ce minable était stupide. Mais qu'elle le veuille ou non , elle ne parvenait plus à faire confiance aux hommes. Seul Trystan échappait à ce jugement. Il était le seul qui comptait dans sa vie. Alors elle lui faisait plus que confiance. Même s'il était parfois dur et froid. Même s'il lui avait déjà fait peur... Là , cet abruti ne devait pas lui faire peur. Il était un minable que Trystan aurait vite fait d'écraser. Elle secoua la tête. Elle était idiote...

Elle resta tout de même à une distance résonnable de messire d'Argon , laissant Trystan le remettre à sa place comme il se devait. Là , il venait de le blesser dans son amour propre. De rouge , il était passé à très blanc. Il fixait Trystan , avec un lueur haineuse dans le regard. Si Trystan avait pu voir... Lilianna préféra ne pas songer à l'état dans lequel il repartirait. D'ailleurs , elle , elle avait envie de partir , de l'emmener loin , de le retrouver... Seuls , tous les deux... Leurs étreintes lui manquaient tant...Et allaient encore lui manquer un long moment. Elle soupira et croisa le regard d'Argon , qui semblait visiblement très en colère. Elle venait de le ridiculiser , et devant du monde... Il lui en voulait et voulait le lui faire payer. Comme s'il le pouvait... Cependant , il n'était pas fou et ne souhaitait pas se mettre Trystan à dos. Choix judicieux... Très judicieux.

« Très bien , même... Bonne journée. En espérant qu'elle vous dégoûte aussi. »

Et il s'éloigna , les poings serrés. Lilianna était légèrement interloquée. Le dégoûter ? Mais de quoi ? Elle soupira. Pas la peine d'y prêter attention... Il ne reviendrait sans doute plus l'importuner. Tout du moins , elle l'espérait grandement. Lilianna leva les yeux au ciel et se détendit. Les regards se portèrent alors ailleurs , les gens faisant sembler de les ignorer. Pourtant , grand nombre d'entre eux se demandaient quelle serait la suite des évènements. Allait-il passer son chemin ? Allait-il lui faire la cour ? Lilianna n'osait imaginer le nombres d'idées qui pouvaient naître dans leurs esprits. Elle se ressaisit et fit un sourire timide à Thibaut. Comme la situation devait être risible... Il savait tout lui aussi... Ah ! Maudits principes ! Si seulement ils avaient pu s'aimer simplement... Eh bien ce serait trop beau , trop simple... Et tellement moins... drôle ?!

Lilianna ne savait pas vraiment comment s'adresser à Trystan. Elle était légèrement perdue et... Elle allait faire comme si elle le connaissait à peine. Comme si elle ne le connaissait que de vue , que comme si il n'y avait eu entre eux que cette danse à un bal , de longs moins auparavant. C'était pitoyable à ses yeux. Mais elle n'avait pas vraiment le choix.

« Je suis ravie de vous croiser aujourd'hui , Messire. Puis-je savoir ce qui vous ammène ici ? »

Elle grimaça. Ca n'allait pas du tout ! Entre ses dents , elle glissa un très discret « c'est ridicule ». Ils ne pouvaient pas tous partir , disparaître ? Ce serait tellement beau... Un joli rêve. Une utopie... Cette cour serait sans doute plus un supplice qu'autrechose , finalement...

Cette confrontation n'était pas sans lui rappeler un combat de coqs... Jamais il n'aurait pu penser un jour en arrive rà devoir affronter un autre homme pour une femme... Vraiment pas. Parce qu'il ne se voyait pas se battre pour quelqu'un. Tout lui était indifférent... Mais pas Lilianna. Il savait parfaitement que son coeur lui était déjà acquis, mais il fallait montrer maintenant à tous, que la place de prétendant était occupée par le Conseiller du Roi et qu'il n'avait guère envie de concurrence. Là, si ce n'était pas clair au vu de la scène qui se jouait devant témoins...

D'un point de vue extérieur, c'était simple : un homme courtisait une dame. Scène classique dans le chateau. Mais voilà qu'un autre homme arrivait et évincait le premier... Surement pas par hasard! Allons! Trystan d'Erac ne volait pas au secours des demoiselles en détresse sans raisons! Si il volait au secours de celle-là, c'était que celle-là l'ntéressait. Alors, les spectateurs de la petite scène retinrent leur souffle et ouvrirent leurs yeux, dévorés de curiosité quant à l'issue du combat. D'Argon oserait-il tenir rête à d'Erac, bien plus puissant et influent que lui? Les femmes en oubliaient leur jalousie...

Quant à Trystan, il n'avait pas besoin de voir pour savoir qu'il était fusillé du regard. Il sentait les relents de colère et d'orgueil blessé chez son adversaire. Mais cela ne lui faisait ni chaud ni froid, il était habitué à s'attirer ce genre de regard. Finalement, le vaincu se rendit et prit congé, non sans une petite pique blessante envers Lilianna. Trystan laissa un sourire recourber ses lèvres, infime, mais présent pour qui savait le voir.

- "J'en doute..."

Le jeune homme était doulouresuement conscient des regards sur eux, même si les passants faisaient semblant de s'intéresser aux fleurs. mais leurs oreilles ne devaient rien perdre de l'échange... Pensez donc, Erac qui se la joue chevalier servant... Et qui allait surement entreprendre de séduire la demoiselle! Les femmes regardèrent de plus près Lilianna, comme pour se demander ce qu'elles pouvaient avoir de plus qu'elles. Certains se souvinrent alors que Trystan avait dansé avec elle déjà... Certaines seulement.

Lilianna fut la première à s'adresser à lui, comme à un parfait étranger. Quelle drôle d'impression! Il soupira, contrit de devoir jouer cette comédie grotesque, mais se reprit.

- "Rien d'autre que l'espoir d'une compagnie plus agréable que des tonnes de dossiers sur un bureau. Il se trouve que mon oreille délicate a été agressée par les vers lamentables de votre hum... prétendant?"

Il eut un sourire hautain.

- "Je gage qu'il vous laissera tranquille désormais."

Si Lilianna avait conscience des regards et des murmures, pour Trystan, c'était deux fois pire. Car son oreille ne s'attachait qu'aux bruits, qu'aux chuchotements. Il y eu une salve de murmures pour il ne savait quelle raison, puisqu'incapable de voir le sourire radieux de Lilianna. En même temps, ce sourire ne signifiait rien de particulier, puisque beaucoup de femmes avaient le même quand il s'adressait à elle. C'était flatteur d'attirer l'attention de Trystan, c'était un fait.

Un demi sourire flotta sur ses lèvres quand Lilianna répliqua quelque chose sur la compagnie. Ah ça oui, elle était de compagnie très agréable... indispensable pour lui même. Ce n'était pas pour rien qu'il se pliait à cette mascarade. Il était fou d'elle et ces nuits loin d'elle lui étaient devenues insupportables. Ses journées étaient assez occupées pour qu'il pense à autre chose, mais ses nuits... C'était loin d'être le cas.

- "Je crois en effet que j'ai trouvé ce que j'étais venu chercher."

Pas la peine de jouer le parfait inconnu pour elle. S'il avait des vues sur elle, c'est qu'il l'avait déjà repéré, voire qu'ils s'étaient déjà parlés. Et beaucoup de commères devaient savoir que Lilianna et Trystan étaient un peu plus que de simples inconnus, sans avoir de preuves qu'ils étaient devenus intimes au delà de toute décence.

- "Cela fait toujours grande impression de passer pour un sauveur auprès d'une ravissante demoiselle. Cela dit, je n'ai guère de difficultés à vous paraitre plus charmant que ce poête raté."

Il y avait le même cynisme que d'habitude dans sa voix alors qu'il évoquait le prétendant éconduit. Aucun remord. Trystan était en pleine conquête et d'Argon n'était qu'un insecte sur son chemin. Un insecte à écraser s'il revenait les importuner. Trystan tendit alors le bras à Lilianna :

- "Me ferez-vous l'honneur d'une petite marche en ma compagnie, Dame Lilianna?"

La cour était lancée. Le chateau entier serait au courant dans une poignée d'heures : Trystan d'Erac courtisait Lilianna de Christabel.

Lilianna était radieuse , souriante , toute excitée. Elle ne put que se sentir fière lorsque Trystan la rassura quant à ce qu'il était venu chercher. A ces mots les murmures montèrent et certaines personnes osèrent se rapprocher discrètement. Être en face de lui la rendait légèrement euphorique , ce qui devait se lire sur son visage. Dommage qu'il ne la voit pas. Par contre , tous la voyait sourire , aux anges. Elles souriaient toutes devant Trystan , mais le sourire de Lilianna avait quelque chose de... quelque chose de magique peut-être ? Elle était charmée , cela se voyait. Mais les gens voyaient bien que Trystan les faisait toutes sourire. Pourtant , ils étaient intrigués... On aurait pu croire que cela pouvait casser l'intimité de la scène , mais il n'en était rien , tant les deux jeunes gens étaient absorbés par la présence de l'autre.

Lilianna se retint alors de rire. Oui , il ressemblait à un sauveur... Et il l'était en quelque sorte. Il l'avait sauvé d'Argon , qui aurait finit par la forcer à se promener avec lui. Finalement elle céda à ses envies et rit doucement. C'était un acte chevaleresque tout de même ! Elle aimait vraiment l'entendre parler ainsi , si fier , si beau. Cela lui réchauffait le coeur , la rendait joyeuse. Très , très joyeuse... Il était vraiment charmant... Les joues de la demoiselle rosirent , tant elle était sous le charme.

« En fait , je détèste les poèmes de ce genre. »

Ah oui , les poèmes dégoulinant d'amour et de compliments tout roses... Quelle horreur. Lilianna ouvrit grand les yeux lorsqu'il lui tendit le bras , lui proposant une promenade. Elle s'empara de son bras les yeux brillants , répondant par un « oui » joyeux. Certaines femmes ouvrirent grand la bouche , presque choquées par cette demande. Ah oui , elles avaient toutes été remballées par Trystan , et là , il se faisait charmeur avec Lilianna de Christabel. Elles étaient jalouses à un point ! Finalement , elles s'éloignèrent , en rage et folles de jalousies... Mais Lilianna s'en fichait , pour une fois , elle pouvait garder la tête haute et sourire. Enfin...

Trystan et Lilianna s'éloignèrent ensemble , pour parcourir les allées fleuries et échanger des mots innocents , et d'autres qui l'étaient moins , lorsque personne n'écoutait...

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