Lorsque vole l'assapan vers la lumière, vient l'aegolius

Une poignée de maison aussi chichement réparties que les patates dans la soupe par les temps qui couraient. Sinuait de l'une à l'autre un sentier mille fois battu; il semblait que c'était sa destinée, frappé sans fin dans le plus total dédain de ses bourreaux. Le ciel enfin, blanc mais du blanc laiteux des fins nuages qui le parcouraient. Pas à un seul endroit on ne voyait l'azur du ciel. Pas la moindre parcelle, c'est sans espoir, inutile de le scruter encore. Et pourtant. Il est plus lumineux vers le sud-est, où la forme des nuages rappelle une porte, ou tout du moins l'embouchure d'un gouffre. Une entrée vers l'inconnu, plus inaccessible encore que la noisette dans sa coquille pour le fourmillier.
Enfin, c'est le vent, perfide, qui immisce de force dans les narines cette odeur de bête à écailles crevée; un bateau de pêche à dû débarquer au port.

Et autour, tout autour, la mer, ces barreaux qui emmurent les autres, et derrière lesquels, toujours du bon coté, la jeune femme est libre. La jeune femme, c'est moi, et moi seule, car je suis l'unique être en ces lieux.

Sur le bateau, peu à peu, Al avait retrouvé son caractère originel. Du moins celui qu'elle croyait avoir possédé. Mais parfois, subitement, elle versait. Elle ne savait pas pourquoi cela, peut-être parce qu'elle était amnésique. « Tout simplement », avait dit un matelot avec qui elle avait échangé quelques mots, « Tout simplement, tu es amnésique, amnésique rétrograde, tu ne connais pas ta propre personnalité, et inconsciemment tu la cherches, parfois tu déprimes, non ? Et aussi tu as des suées, peur de l'inconnu, de l'autre et du noir donc et de... ». Et paf. Elle lui avait envoyé son poing dans l'estomac et s'était levée pour aller ruminer ses idées noires ailleurs.

Et voilà que je repense à ce matelot. Tout compte fait, j'aurais pas dû le frapper. Mais pour qui il se prenait, ce con ? 'Faut que je passe à autre chose.
Ce matin, Meca la prétentieuse, enfin, s'est trouvée à portée de vue de la vigie. Aussitôt, j'ai lâché l'épouvantail contre lequel je dérouillais mon cimeterre et ai couru sur le pont. Depuis une semaine, je supportais mieux la mer, dommage. J'y serais presque restée.
Dès que j'ai posé le pied sur le plancher des Hanglyosis, j'ai senti qu'un truc clochait. Pourquoi est-ce que le monde bougeait comme ça ? On le quittait, et on ne le retrouvait plus comme avant. Et tous les autres, ils bougeaient aussi avec. Il n'y avait que moi de stable, et encore j'avais l'impression que ma tête se rapprochait dangereusement de mes pieds, un coup à droite, un coup à gauche. J'ai dû m'assoir.
Il y avait Badbad pas loin, non plus. Je ne sais pas pourquoi il m'a aidée, pas pourquoi il a voulu rester avec moi (C'est quoi ce prétexte fumeux de problème avec la Loi ?! Pour coups et blessures, avec un petit pistonnage, il s'en serait tiré pour rien. Et il n'était même pas obligé de taper, en fait.). Pas pourquoi il semble vouloir continuer à rester avec moi, mais je ne lui dois rien, à mon humble avis. Je suis le wombat amnésique de l'Île Indépendante.
Aussi, tout à l'heure, pourquoi a-t-il paru surpris quand je lui ai dit que j'allais faire un tour, seule, le long de la plage ? Le problème des bateaux, c'est que c'est petit. J'aime avoir le monde pour moi, et les autres, tant qu'ils ne prennent pas plus de surface que celle de leurs pieds, ils ne me dérangent pas plus que ça.

Al s'approchait des falaises, les mains dans les poches de sa jupe malmenée. Soudain, elle sentit quelque chose. Elle savait qu'il y était. Pourtant, elle n'y avait jamais prêté attention. En fait, elle l'avait oublié. Quel était donc cet objet de métal, sous sa peau ? Minuscule, rectangulaire. Il était froid, comme sa chair autour de lui. D'un geste désinvolte, elle jeta un œil à celle de ses hanches qui était concernée par le phénomène. Une sorte de bleu, un peu gonflé.

Je m'en occuperai plus tard, là, pour le moment, pas envie de sortir ma dague et de me fendre la peau. Pas tant que le monde n'aura pas cessé sa danse. Je suis déjà tombée deux fois, heureusement que c'est du sable, ici ! Si je ne fais pas gaffe, la prochaine fois que je serais à terre, je me ferais bouffer par ce glouton (Gulo Gulo) qui me guette depuis vingt-deux pas. Pourquoi je pense à ça ? J'ai appris le latin, moi ?
Et puis s'il veut me bouffer, qu'il essaie, je l'attend.
Attendre... Sûrement que, bientôt, BadBad me rejoindra. On a un peu appris à se connaître, quand même. Pourvu que je n'en vienne pas à la détester, il n'aurait rien fait pour ça !

Sur ce, la jeune femme s'avança dans la mer jusqu'aux genoux, et se retourna pour scruter la forêt, tandis que les vagues se roulaient furieusement autour d'elle.
Brusque ! Un cri résonna sur les falaises surplombant la mer, qui lui parvint en trois exemplaires.

Bah, j'y vais, non sans soupir, hein. Je ne suis pas la nouvelle sauveteuse de l'île. Et si quelqu'un compte sur moi pour jouer le rôle de la biche émissaire...
On va voir ce que c'est encore que ça.

[Hrp : Ton post est sublime, hormis quelques petites imperfections, j'ai pris plaisir à le lire. J'pense que le mien va pas être aussi bien, loin de là XD]

Badrogh n'avait cessé de penser à elle, elle le hantait et lui ne pouvait rien faire d'autre que la regarder de loin, prisonnier de cette sale timidité.

L'île de Meca était fraîche, le vent soufflait légerment et tout ici sentait bon.
Le temps s'était calmé peu à peu durant le voyage, et les marins n'avaient rien tentés contre l'homme et sa bête. Et encore moins contre Al.
Quoiqu'il en était, Badrogh avait atterit dans un endroit tout à fait exeptionnel.

Il repensa soudain à Al, qui avait quitté son esprit l'espace d'un court instant. Elle n'était pas bien loin, et elle aussi semblait prendre du plaisir à être ici, sur cette île à double face. Badrogh s'asseya à terre, il la regardait, là bas, tendis que Plein-de-Pics la rejoignait d'un pas lourd et quelque peu hostile à la douceur de l'eau. Pourtant, cela semblait l'attirer...

Le cavalier leva les yeux vers le ciel bleu et amplit de nuages blancs semblables à du coton... Il se demandait ce que faisait Roxane, avec une certaine crainte qui fut vite balayée par une Tempête... Aah, Tempête. S'il avait été là, à Meca, il serait complétement fou, il se chamaillerait sûrement avec les mouettes mais il s'amuserait.

Soudain, Badrogh eut une idée.
*Je vais aller trouver le bureau des Plumes Vertueuses! Et j'enverrai une lettre à Roxane, je lui raconterai comme cette île est belle, et... Oui!*

Badrogh afficha un petit sourrire, il regardait à nouveau Al.
Il se leva et commença à enlever son armure et ses jambières, non sans mal, pour finalement se montrer avec ses habits, une chemise noire dont il ouvra les premiers boutons, et un pantalon de la même couleur qui semblait danser avec le vent.

"Plein-d'Pics, viens voir s'il te plait." cria-t-il gentiment.

La bête s'approcha en courant joyeusement et s'arrêta devant Badrogh, qui plaça les pièces de son armure dans une sorte de sac de voyage accroché à Plein-de-Pics, qui tenait aussi la Lance d'Arçon... Oh... Qu'il en tenait des choses... Même si il semblait que la bête ne soit en rien gênée par sa "cargaison", Badrogh pensa avec un frisson à ce que deviendrait tout son équipement après avoir suivit Plein-de-Pics dans l'eau et décida de libèrer son ami de tout cela, qu'il posa à terre.

Le Hanglyosi repartit en courrant dans l'eau, rejoindre Al et Badrogh s'asseya à nouveau, avant de chercher sous sa chemise une fine chaîne faite d'or, accroché à laquelle deux petits pendentifs pendaient, l'un en forme de coeur, l'autre, représentant une croix.

Finalement, sans avoir parlé pendant une dizaine de minutes, il se mit à crier, car il fallait bien crier à cause du monde qui les entourrait, quelque chose à Al.
"Après, si ça te déranges pas, on ira aux Plumes Vertueuses, il faut que j'envois quelque chose à quelqu'un, je t'expliquerai."

Alors qu'elle se dirigeait tranquillement vers la source du bruit, elle sentit ses oreilles pivoter doucement sur sa tête pour capter quelques mots.

"Après, si ça te déranges pas, on ira aux Plumes Vertueuses, il faut que j'envoie quelque chose à quelqu'un, je t'expliquerai."

C'était Badbad, et qui criait à ma destination, non ? Non. On verra ça plus tard... Tout de même, il me fait sourire, ce quadrupède de Plein de Pics, il déplace plus d'eau qu'un navire qu'on lance.
Nouveau regard en arrière.
Tiens donc, qui est-ce, cette tache noire ? Badbad ? Une chenille, cet Humain. Je ne peux pas le quitter des yeux une seconde sans qu'il ne sorte de sa chrysalide ! Bon, j'irais vérifier plus tard, là il faut vraiment que j'aille m'assurer de ce qu'on ne soit pas en train de crever dans mon dos.
Le voilà, notre chat-huant.
Étalé dans le sable granuleux, à l'image de ces crêpes épaisses, sur lesquelles on verse traditionnellement du chocolat fondu... Je dois crever la dalle, moi.

Al esquissa le geste de retrousser ses manches, mais il se trouvait qu'elle n'en avait pas. Elle se contenta donc de s'accroupir au-dessus de la victime de la Mer. Une belle évasion, tout à fait réussie à part ce dernier point final. Maintenant qu'il avait quitté la prison du monde, il était libre. Sur Meca. Mais il s'agissait quand même de ne pas le laisser trop longtemps la tête dans le sable humide.
Aussi, la jeune femme l'empoigna par les cotés du torse et le releva fermement, pour le laisser retomber, du bon coté cette fois.

Tiens donc, un Drow. Un Drow, un Drow... Ca me rappelle quelque chose. Où ai-je déjà vu ça ? Bah, passons pour le moment, son coté chat noir ne m'intéresse guère. Examination ? C'est parti.
Il tousse. Son épaule a adopté une position étrange... Alors que son visage est rougi, sûrement par le vent ou le froid. Rougi, si l'on peut dire, pour un Drow, il s'agirait plutôt d'une couleur de terre cuite. En tout cas, il vient du large, épuisé comme il est.
Je vais le trainer à quelques mètres des vagues, quand même, sinon il va attraper la crève.

Sa hanche lui envoya une sensation douloureuse. Ah oui, le métal. Si elle avait su qu'elle allait devoir faire du sport, elle l'aurait enlevé d'emblée.

- Ça va comment ?

Une voix franche, nette et bien délimitée, à l'image de son regard azur.

En attendant que le Drow ne se réveille, car elle n'allait quand même pas l'aider à cela, elle jeta un nouveau coup d'œil en direction du navire. Badrogh s'était bien éloigné déjà. Ou plutôt, il s'était bien rapproché d'elle, tout comme l l'Hanglyosi qui se baignait.
Donc, il comptait aller poster une lettre, et il trouvait tout naturel qu'elle l'accompagnât.
Donc, tout naturel, bien sûr.
Évidement.
Si il ne voit pas mon sourcil se hausser, par-delà la distance, c'est qu'il est aveugle. Pas possible de manquer une telle grimace de surprise. Remarque, je dois battre tous les records de longueur du temps de réaction.
Et puis pourquoi pas, après tout ? Avec ça, j'aimerai bien savoir de quoi il s'agit. Cette lettre. Savoir qui est ce Drow, et savoir pourquoi j'ai oublié le glouton carnassier qui me guettait il y a moins d'une minute.
Vite, sans quoi je risque de me trouver dans une posture énervante, et mes nerfs sont déjà assez éprouvés comme ça.

- Bad !!!... Viens voir par là !

L'animal fait courir son corps élancé et violent de toute sa vitesse. Une sorte d'ours, à la haine démesurée. Dans ses yeux, on peut déjà voir briller la lueur du carnage qu'il a bien l'intention de perpétrer.
Et il accourait, galopait vers le Drow étendu, comme si rien n'allait pouvoir l'arrêter.

Badrogh s'approchait de Al à vive allure, en courant pour une raison qui lui était d'ailleurs inconnue, mais visiblement pour la bonne cause. Ah qu'il était bon de se déplacer sans armure...

Non loin d'eux, un homme s'approchait, lui aussi. Badrogh ne s'en préocupa pas. Ce qu'il venait de découvrir en arrivant au côté de Al était... Bien plus intéressant.
Un Drow? Comme ceux qu'il avait vu, il y a tellement longtemps... Là bas, tous allongés, baignant dans leur propre sang, mêlé à celui d'hommes à la peau plus claire...

Badrogh s'accroupit.
"Qu'est-ce qu'il a?" demanda-t-il a Al.

Visiblement, le Sombre qui était allongé là n'était pas mort, on voyait son torse se gonfler pour le dégonfler quelques secondes plus tard, mais ce bien plus lentement que n'importe qui.

Ses cheveux volant au vent qui soufflait sur les lieux, Badrogh fronça les sourcils.
Les Drows... Les Drows sont des êtres malsains? C'est bien cela que l'on enseigne aux enfants... Mais que faisait-il là?

"Al, heu..." Alors qu'il commença à parler, Badrogh s'arrêta pour essayer de repousser Plein-de-Pics qui était bêtement en train de lècher le Drow.

"Rah, va t'en toi... Laisse-le donc et va t'occuper de celui qui est derrière nous."

Sans se retourner, Badrogh se releva, sombre, comme s'il allait arracher une épée de nul part et se jeter subitement sur celui qui les avait "rejoins".

Soudain, il se retourna, dans un mouvement rotatif éclair, et là! L'on pu voir les yeux de Badrogh, l'un tout rétrécit, écrasé par sa paupière gauche, et l'autre, semblable à ceux de Plein-de-Pics.

"MAIS POURQUOI MOI?!" s'écria-t-il.

Il ne parlait pas de l'homme, ni du Drow, ni de rien, mais il s'était soudainement souvenu d'avoir laissé de la nourriture dans un sac, resté à bord du bateau qui justement repartait.

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Post minable, j'ai modéré parce que je devrai garder ça pour Shnapok' mais c'est à dire que je savais pas quoi dire XD

"MAIS POURQUOI MOI?!"

Le cri de l'homme s'accrocha aux oreilles d'Akino, intrigué. Qui était cette personne et les deux autres, l'une penchée sur l'autre qui semblait inconscients et qui avait la peau noire. Le bruit des vagues emplissait l'air. Le sable fin brillait sous le Soleil de midi. Et au milieu de cette endroit ce trouvait 4 personnes et un monstre bizarre. D'ailleurs de quelle couleur était la peau de l'homme allongé sur le sable blanc...
C'était un Drow...

Akino était de plus en plus éberlué par la situation qui se passait sous ses yeux, et lui échappait. Décidant que cela ne servait à rien ne rester là à rien faire, il s'approcha prudamment vers les personnes présentes. Une jeune femme, aux cheveux d'encre retenue par un bandeau, aux yeux siamois, et à la musculature entretenue, était campée devant un Drow. Un homme à la carrure impressionnante, grand de 1m90 au moins, et qui semblait être un chevalier, se trouvait dérrière elle.

A ce moment, Akino sut qu'il commençait son aventure. Intimidé par tant de personnages imposants et par ce drow, cet ennemie, il lança un pathétique :

- Bonjours !

A l'instant même où il prononça se mot, il regretta de l'avoir prononcé. Il ne valait pas mieux qu'un gamin qui avait lancé sa balle dans le jardin d'un voisin.
La honte....

Devant, du sable, derrière, du sable. Devant le sable d'en face s'étendent l'intérieur des cachots: la mer, à l'infini désormais. Puisque je l'avais décidé !
A l'opposé de la flotte pousse une forêt, au coté de laquelle le marché de la ville, duquel émane mille odeurs épicées et fleuries. Eh oui, les hommes ont étalé leur territoire jusque sur la plage. De toute façon, elle était déjà perdue, puisqu'il y a le port. Y souffle un vent immense, qui ouvre les bras à tous les êtres, un souffle chaud digne de cette île du sud...

Et moi je me retrouve là, plantée au centre d'une place publique revisitée. Un autre humain, magicien peut-être, car à l'image des corbeaux il s'est drapé d'un lange charbon. Badbad quant à lui est arrivé de toute sa vitesse, à savoir la vitesse de... hum, pas de comparaison, on ne sait jamais, il pourrait m'entendre penser. J'en sais encore bien peu, le concernant, n'est-ce pas Plein-de Vase ? Lequel vient de jaillir de l'eau, plus marronnasse que jaunâtre. Un caméléon, ce petit Hanglyosi.

Voilà les pensées stupides qui habitent mon crâne tandis que je me rue sur le glouton. Mais l'animal n'est pas crétin. Il sait bien qu'on ne m'attaque pas, moi, n'est-ce pas ?
Le soleil a dû disparaitre un instant car j'ai bien l'impression qu'il fait froid; je suis à l'ombre. Une ombre pleine de pics.
En attendant, l'ours déguerpit.
Ça ne va pas se passer ainsi, petit !
Et moi de me ruer à sa suite ! Comme il court ! Je bondit. Mes doigts rencontrent son épais pelage, d'un coup il se retourne et m'envoie valser ses griffes à la figure dans un rugissement. Puis il se tire, me laissant là. Mais pas pour longtemps.
En dix secondes me revoilà près de Badbad, si absorbé qu'il n'a même pas remarqué ma disparition passagère. Enfin, en tout cas, c'est ce dont il donne l'impression.

"Al, heu..."

L'intéressée se moucha bruyamment dans sa manche, ou tout du moins ce qui lui tenait lieu de manche.

"Rah, va t'en toi... Laisse-le donc et va t'occuper de celui qui est derrière nous."

Al tira sa chemise pour s'éponger le front. Ah, la maligne ! Elle l'avait pas manqué, cette bête-là ! M'enfin, on était plus à ça près.
Soudain, la jeune femme s'immobilisa. Il lui semblait avoir oublié quelque chose... Oubli, oublier... Le Drow peut-être ? Le Mage ? Badrogh ? Ou tout simplement oublié de surveiller l'Hanglyosi qui était en train de bouffer le premier ?

- Tu disais, Bad ?

"MAIS POURQUOI MOI ?!"

Mes yeux se sont tant écarquillés que je dois y aller avec les doigts pour décoincer mes paupières. Pas possible, ç'ui là. C'est avec un calme posé qu'il examine un elfe noir sortit d'un ne sait d'où et qui est en train de rendre l'âme, à tel point qu'il ne voit pas qu'un ours est à deux doigts d'ouvrir la colonne qui lui tient lieu de fermeture dorsale, puis soudain, animé d'on ne sait quelle conclusion profondément métaphysique, il bondit au plafond. Enfin, dans le genre savant illuminé d'une incommensurable découverte, j'ai vu des airs plus futés.

- Bonjour !

Et paf ! La jeune femme se tourne si vivement, ainsi perturbée dans la confection de cet état des lieux dramatique, que sa tête heurte la tête de l'Hanglyosi. En train de profiter du petit moment d'inattention de Bad pour bouffer le Drow. Quand il se réveillera -s'il se réveille, mais passons, j'ai assez déprimé pour aujourd'hui-, et bien donc à ce moment-là, il faudra veiller à ce qu'il ne passe pas à la phase asphyxie. Asphyxie dans des litres de bave, j'entends.
Le bonjour, c'était le mage. Que vient-il donc faire là ? Pas le temps d'y réfléchir que déjà une nouvelle brique me tombe dessus. Non, non, pas une patte du rino, le Drow. Ils ne choisissent jamais leur moment, ceux-là !

Il se levait, se tâtait comme pour vérifier que tout était ok (pas de chance, tout ne l'était pas, mais elle se retint de rire car ce n'était tout de même pas le moment), puis enfin, non sans effort, s'assit.
S'il allait aussi bien que ça, on allait pas l'aider.




" Je suis peut-être un drow...urgh...mais...je ne suis pas comme les autres...je suis gentil..."

Puis il retomba. Bon, ça leur laissait un temps de répit pour s'expliquer et mettre un peu les choses au clair.
Al n'était pas tout à fait un monstre, elle craqua un morceau de tissu d'un ne sait d'où, le trempa vite-fait dans l'eau puis le balança sur le front sombre. Tout en faisant cela, d'un mouvement éclair, elle se pencha à l'oreille du Drow, pour lui murmurer ces quelques mots:

- "Gentil" ? On verra ça... En attendant, ne force pas ton épaule, cela pourrait aggraver les dommages internes...

Bien, maintenant... Elle se redressa de toute sa hauteur, et posa énergiquement une main sur l'épaule de Badbad.
Eh bien oui, quoi, elle avait mal à la hanche, mais s'adresser à inconnu d'un mètre par en-dessous car assise par terre, ça le faisait encore moins.
Donc, elle parla d'une voix forte, énergique. Mieux valait prendre toutes précautions.
Car, en vérité, que cachait ce bonjour ? Trop simple, trop entendu. Ce mage devait être un malin, avec une panade d'idée derrière la tête. Perfide, machiavélique peut-être même. Prendre toutes les précautions nécessaires, donc.

- Que nous vaut l'honneur de ce que vous nous abordiez, ... ?

Et paf! C'était Plein-de Pics qui venait d'avoir une idée géniale, et qui pour la mettre en œuvre devait avoir besoin d'un truc plus ou moins mou d'environs deux mètres de long, car il avait prit dans sa gueule le Drow, et il courait vers la mer.

Conclusion du bilan dramatique ? C'est en prison qu'on est le mieux loti !

Les évenements s'enchaînaient à une vitesse formidable, le Drow, Al, Plein-de-Pics, de nouveau le Drow, puis cet homme, puis Al, puis Plein-de-Pic, puis le Drow, puis Al, puis l'inconnu de nouveau... Pfiou...

Badrogh fût prit d'une montée soudaine de jalousie à la vue du soin que Al procurait au Drow allongé à terre, mais Badrogh se retenit.
*Pas bien d'être jaloux.*

Il roula des yeux, puis, sans s'occuper ni de Al, ni de ce parfait inconnu, Badrogh se mit à courrir, poursuivant Plein-de-Pics, qui quant à lui avait arrêté d'embêter le gentil Drow pour se consacrer à une fuite joyeuse pour échapper à Badrogh qui cria d'une voix autoritaire.
"MAIS REVIENS! REVIEEEEEEENNNNNNNNNNNNSSSSSSSS! Reviens-reviens-reviens-reviens! LE BATEAU PARTTTTTT REVIENNNS!"

Il s'éloignait, laissant derrière lui un silence intensément vide guidé par le vent qui se levait. Tous avaient alors d'énormes yeux blancs et ronds, sauf bien entendu le Sombre.

Quelques minutes passèrent. Badrogh ramena finalement la bête par les rènes.

Il se baissa pour "ramasser" le Drow et le posa confortablement sur le dos de Plein-de-Pics, autrement dit, entre deux pics.

Maintenant, il était temps de s'occuper de l'inconnu.
"Bon, tu peux me dire ce que tu nous veux? Nan parce que ça presse, le Sombre est en train de crever."

Badrogh regarda Al, discrètement... Soudain, une idée illumina sa journée, mais le temps n'était pas encore à la comédie, celui-ci commençait même à devenir un peu trop venteux au goût de Badrogh...


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Pitit post médiocre, au prochain, je reprend le serieux... Envie de RP avec Shnappy' T.T J'adore tes posts Al

Allé, prochain post, sérieux et beau è_é XD

Hrp : tout ceci se passe avant tout mes autres post.

Lysia s’était embarquée sans une hésitation dans le petit navire marchand qui sillonnait les mer pour vendre ses produits dans tout Miradelphia. Les nombreuses escales et la longueur du voyage l’avaient fatiguée, mais déjà l’île de Meca –terminus pour le bateau qui allait y mouiller plusieurs mois- était en vue. Le vent frappait avec force les voiles du navire, le poussant avec grâce vers les rivages de l’île. En une demi-heure le bateau était amarré au port de Meca, et ses occupants descendaient tous, rassurés d’être enfin arrivés. C’était la première fois que la jeune fille se rendait sur cette terre, et elle comptait y rester longtemps. Tout ceci la changerait certainement de la monotonie de ses journées.

- Hé ! Vous ! Aidez donc à porter ces caisses, et je vous donnerais quelques écus. Déclara un marin qui indiquait une dizaine de caisses de marchandise.

Lysia acquiesça d’un signe de tête, et aida le marin à porter les caisses jusqu’à l’auberge la plus proche qui se situait à une dizaine de minutes de marche. Après avoir passé une bonne demi-heure à travailler, le marin lui donna cinq écus. La jeune fille les déposa dans sa bourse, puis posa le regard sur le ciel, songeuse. Avait-elle le temps d’aller faire un tour sur la plage avant la tombée de la nuit ? Oui, certainement. Elle se dirigea donc vers le sable doré, les yeux rêveurs. Le spectacle qui s’offrit alors à elle la rendit sceptique. Un espèce d’ours bizarre courait dans tous les sens, suivit par un humain –du moins elle le pensait, mais elle n’en était pas certaine à cette distance- qui tentait désespérément de le rattraper.

"MAIS REVIENS! REVIEEEEEEENNNNNNNNNNNNSSSSSSSS! Reviens-reviens-reviens-reviens! LE BATEAU PARTTTTTT REVIENNNS!"

Les cris que lançait l’homme firent grimacer la jeune fille. Elle décida finalement de s’avancer vers une jeune femme qui semblait totalement indifférente à toute cette scène. Lysia suivait l’homme qui avait finalement réussit à rattraper l’animal, et avait même déposé ce qui ressemblait à un drow sur son dos. La jeune fille étouffa un petit rire, et s’approcha du petit groupe. Elle leur adressa un regard curieux, tout en jetant des regards furtifs au drow qui semblait endormit.

- Vous avez peut-être besoin d’aide ? Elle indiqua l’animal d’un mouvement de tête puis ajouta ; et ce… drow est mort, ou simplement endormit ?

Elle se trouva soudainement idiote d’être intervenue. Elle ne connaissait aucune des personnes qui se trouvaient là, et interrompait peut-être même une discussion sérieuse : l’homme qui avait ramené l’animal avait un visage sérieux et décidé. Il venait sans doute de parler à la jeune femme. Lysia hésitait entre rester sans rien dire, ou simplement leur souhaiter une bonne soirée, et s’éclipser rien dire d’autre. Mais aucune des deux solutions ne la satisfaisait. Elle déclara donc en souriant :

- Si je vous dérange, veuillez m’excuser…

La politesse dont elle faisait preuve était une marque de respect envers les trois personnes présentes. Ou plutôt les deux personnes, vu l’état de la troisième. Elle jeta un dernier coup d’œil à la créature qui le portait, puis reposa les yeux sur la jeune femme, puis sur l’homme, tour à tour.

Hrp: j'ai fais comme ci Akino n'était pas la, puisqu'Al a indiqué qu'il n'était plus du tout actif.

Comme il est nécessaire de repartir sur des bases claires après cette pause, voici un résumé général

Le lieu



Le croquis n'est pas exhaustif.

Les personnages

En rouge c'est moi, à ma gauche en gris Lysia, à ma droite en blanc BadBad, le gros truc c'est Plein-de-pics et le machin noir qui pend sur son dos c'est Lund. Vous voyez le machin jaune dans le marché ? C'est Akino qui est subitement partit (si jamais tu voulais revenir, me Mp)
Quant à l'ours, il est repartit dans la forêt après que je l'aie mis en fuite

Les derniers évènements

Suite à une série d'évènements plus ou moins confus, les positions sont les suivantes: Badrogh (qui projette d'aller aux Plumes Vertueuses pour envoyer une lettre) tient PdP par les rênes, Lund (toujours évanoui et blessé à l'épaule) est sur le dos de ce dernier, Akino est partit en courant dans le village sans donner de réponse aux questions, enfin Lysia descend du ponton et s'avance vers le groupe.

Ordre de post

Lysia
Al
Lund
Badrogh

Si vous avez des questions ou des choses à préciser/changer on s'arrange par Mp ^^

Je ne fit pas un pas en arrière quand l'étrange mage bondit sur ses pieds et partit sans donner de réponse. Une course étrange ? Un soudaine piqûre de mouche tropicale ? Impossible de savoir avec ces étranges îles... Enfin, ils n'allaient pas lui courir après ! Qu'il aille où il voulait.
Bon.
Maintenant, souffler un coup et aviser de la suite. Badbad voulait aller poster une lettre, bien. Mais, détail piquant, avec un Drow à moitié mort sur le dos de sa monture ils ne risquaient pas de passer inaperçus. Or je note que je n'ai guère envie de me retrouver au garde-à-vous jusqu'à ce que cette paire d'oreilles pointues daigne ouvrir une paupière.
Sans hésiter d'avantage, je pique la couverture de Badbad qui était accroché contre la selle et la déploie sur le corps, légitimant mon acte par quelques mots. Brève et efficace, c'est moi.

- Je te pique ta couverture, hein ?

Déjà fait, de toute façon. S'il a peur qu'elle ne se déchire, il ira en prison sans moi. Une voix claire, soudain me tire de mes cogitations.
Un souffle d'air pur. Une jeune femme... fine, agile, cheveux mi-longs... enfin, une jeune femme quoi.

- Vous avez peut-être besoin d’aide ? Elle indiqua l’animal d’un mouvement de tête puis ajouta ; et ce… drow est mort, ou simplement endormit ?

- Saine curiosité n'est-ce pas, mademoiselle... comment ?... L'animal est domestique, quoique j'admets qu'il ait l'air impressionnant lorsqu'il n'écoute pas son maître... Ah, on m'appelle Al.

En somme, il était toujours impressionnant. Quant au Drow... Arf, elle l'a vu. Mieux vaudrait qu'elle ne l'ébruite pas en tout cas.

- Endormi, ce serait beau. Non, il a fait un malaise. On l'emmène sur ce pas en ville. Vous connaissez le coin ?

- Si je vous dérange, veuillez m’excuser…

Oh non, du tout.. En fait, tu tombes à pic ma demoiselle. On va éviter les patrouilles, glisser le drow dans une bouche d'égout, et.. euh, enfin, chez un médecin, poster cette lettre et trouver un endroit pour dormir. Après ? J'entame mes recherches. Et ça se passera comme ça.
Du moins, j'aimerais bien.
Mais pourquoi être pessimiste ? Le monde a cessé de danser sous mes yeux. La mer hurle à nouveau, toujours se jetant contre les falaises, se suicidant encore et encore. Elle, elle possède un passé. Elle a un avenir.
Je crois que je l'envie, cette flotte.

Sans attendre d'avantage, Al saisit le coude de Badrogh et la main de la jeune femme et s'élança vers la ville.
Le garde, qui regardait jusqu'alors dans leur direction sembla se désintéresser, tandis qu'elle les entrainait.
En ses dents, elle murmura:

- On a peut-être rien fait de mal, mais on nous a vus ensemble, et on transporte un type dans un sale état. S'il s'agit d'un sale type -en plus, c'est un drow, surement un sadique narcissique- il n'hésitera pas à nous dénoncer, ses blessures à l'appui.

Un bref regard vers l'Hanglyosi qui trainait le pas lui apprit que la couverture se poissait de sang au niveau de la bouche du Drow, et que, bientôt, le sang goutterait par terre.
Elle hasarda:

- Tu ne serais pas médecin ? Ou, version pessimiste, de la garde ?

- Endormi, ce serait beau. Non, il a fait un malaise. On l'emmène sur ce pas en ville. Vous connaissez le coin ?

La voix d'Al -puisque c'était ainsi que la femme s'était présentée- retentit avec fermeté aux oreilles de Lysia. Et pourtant, le ton qu'elle avait employé ne l'était pas tant que ça. Si elle connaissait la ville... Non, pas vraiment. Pas du tout même. Elle venait juste d'arriver, et elle n'avait pas l'intention de s'attirer des ennuis dès le premier jour. Quelle idée de rejoindre ce groupe! Sa curiosité était maladive. Elle jeta un coup d'oeil à la silhouette qu'Al avait recouvert d'une couverture, et fronça les sourcils; était-ce un mouvement qu'elle venait d'apercevoir? Son regard s'attarda sur le drow recouvert, qui finit, justement, par se découvrir. Lysia retint un sursaut, et ne bougea pas lorsqu'il se leva non sans difficulté, pour ensuite se trainer loin des deux jeunes femmes. Il s'engagea dans une rue quelquonque, pour ensuite déclarer d'une voix désespérée, le regard perdu :

"Amenez moi dans la forêt...ce sera la seul manière pour qu je me soigne...aidez...moi... "

La jeune fille haussa les sourcils, et le regarda tout en se mordant les lèvres. Si il continuait à japer ainsi, il allait alerter les gardes, c'était évident. Elle s'approcha donc de lui, et se retint de le faire taire pour de bon; faible comme il était, il suffisait de lui assener un coup bien placé pour qu'il s'effondre définitivement. Mais elle n'en fit rien; son regard glissa sur Al.

- Je m'apelle Lysia, et non je ne suis pas médecin... Je pense qu'il faudrait mieux l'ammener dans la forêt, ou tout le quartier va nous rejoindre.

La voix de la jeune femme était calme mais précipitée, et elle ne le dit pas deux fois. Elle le prit par le bras et se dirigea vers la forêt, le regard posé devant elle. Ses yeux s'attardèrent un instant sur Al, à laquelle elle adressa un regard curieux, tout en continuant de marcher. Où était passé l'animal aux piques? Lysia balaya les alentours du regard, mais ne l'apperçut pas :

- Où est le... Elle s'interrompis un instant; un garde, posté à une centaine de mètres de la, les observait intensément. Euhm... Je crois qu'il faut se dépécher, répliqua-t-elle en se mordant les lèvres.

Elle accéléra le pas, ne prêtant aucune attention aux râles du drow qu'elle tenait par le bras. Elle était dégoutée d'ailleurs; un drow. Ces bêtes avides de sang et de carnage; elle en tenait un par le bras, l'aidant à s'en tirer tout en se mettant elle-même en danger. Qu'elle était idiote! Mais il était trop tard pour faire demi-tour. Elle ouvrit la bouche, mais se ravisa; Al ne devait pas être loin. Lysia ne pouvait pas se retourner, voilà tout.

J'ai un sale mal de tête qui sourd, dans mon crâne. Je sens qu'il ne va pas me lâcher de sitôt. Conséquence indirecte de mon mal de mer, qui sait ? Pas moi, en tout cas.
Dans un coin de mon champ de vision, j'aperçois quelque chose, qui bouge. C'est notre paire d'oreilles pointues sur pattes. Comme quoi, on aurait même dû l'ensevelir dans le sable. Et ç'aurait été "bon débarras" ! Il sème vite-fait la pagaille. L'Hanglyosi démarre au quart de tour, partant au grand galop dans une rue opposée.
Je vois la jeune femme se tourner, celle à laquelle je parlais. Laissant tomber Bad' - après tout il est grand, il pourra se débrouiller tout seul, non ? - je me dirige vers le drow boiteux. Celui-ci tente de s'engouffrer dans une ruelle, puis il tombe. Presque aïe. Je le regarde se relever difficilement, se plaquer contre le mur, sans lever le petit doigt. je ne me sens plus concernée, tout à coup. Allez savoir pourquoi.
Il est à quelques mètres d'elle, et moi entre les deux.


"Amenez moi dans la forêt...ce sera la seul manière pour qu je me soigne...aidez...moi... "

Il donne quoi, en échange ? Pas le temps de demander, la demoiselle enchaîne. Elle est vive, comme toutes les représentantes du sexe fort se doivent de l'être.

- Je m'apelle Lysia, et non je ne suis pas médecin... Je pense qu'il faudrait mieux l'ammener dans la forêt, ou tout le quartier va nous rejoindre.

- Ouèp, mais je...

Là-dessus, elle choppe le bras sombre, et part d'un pas décidé vers la forêt. Lysia, donc... Que signifie ce regard intrigué qu'elle me jette ?
J'aurai plutôt envie de filer dans une troisième direction, mais non, du coup, je les suis.
Ce que je suis bête.
Je l'étais, avant ?
J'espère que non. Ou que oui, plutôt, et que j'en ai tiré parti sans le savoir.
Bref.

- Où est le... Euhm... Je crois qu'il faut se dépécher

Je cours sur quelques mètres, le temps de les rattraper. Arrivée à leur hauteur, j'empoigne le drow et le soulève. C'est dur de ne pas ralentir l'allure.. Il est plutôt fort de stature. Heureusement que j'ai eu le temps d'entretenir ma musculature, sur ce rafiot.
Pourquoi suis-je si pressée ? Regardez donc derrière moi...

Un garde, qui les regardait, venait d'esquisser un geste à la patrouille régulière. Celle-ci l'avait rapidement rejoint, on avait échangé quelques mots, et hop hop hop c'était parti au pas de course en direction des fuyards.

Loin à leur droite, la plage, derrière eux, la ville. Seule la forêt s'offrait comme refuge.

Quelle idée m'a prise de ne pas abandonner le drow ? J'ai comme l'impression que cette demoiselle y tenait, peut-être se connaissent-ils ?...
En tout cas, elle est la première Femme à laquelle je parle. Du moins, selon ma mémoire défaillante.
Je luis dois bien ce petit service. Nos longues jambes nous portent jusqu'aux premiers arbres. Derrière nous, la patrouille se rapproche. Je lâche le drow sans douceur, le souffle court, rauque. Mes doigts sont poissés de sang noir. J'ai une sale envie de vomir.
D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais.

Autour d'eux, entêtantes, règnaient les senteurs de la forêt. Les relents d'humus, secs, brûlaient la gorge, tandis qu'un arrière-fond de champignons pas nets s'incrustait dans les replis des vêtements. Malgré l'ombre tremblotante que procuraient les branches nues, il faisait une chaleur à crever. Ce n'est pas normal, pour une après-midi d'hiver, même à Meca.
Peut-être était-ce propre à cette jeune femme, qui s'écarta de quelques pas en titubant pour aller vomir dans un buisson ?
Lorsqu'elle se redressa, son regard avait de quoi effrayer. Une petite lueur de démence.

- Le Drow, tu te relèves, on va faire un petit bout de chemin dans cette direction. D'ici une demi-heure, en tournant une fois à gauche, on retombera sur la ville. Tout ce qu'il faut, c'est distancer ces mâtins galeux. Après, on se planque dans une auberge.

Je m'essuie la bouche de ma manche d'un coup brusque. Je ne sais pas pourquoi, l'image d'un nouveau-né tacheté de marron et de noir, dans les bras d'un gars androgyne, me revient en tête, persistante. Ils étaient au débarquement.

- Lysia, je lance. Tu n'aurais pas entendu parler de cette marchande de suicides, qui vit ici, à Meca ? J'aurais bien envie de la trouver...

Pas pour me suicider, non.
J'ai entendu dire qu'elle pactisait avec Tyra et les autres. Peut-être pourrais-je.. retrouver ma mémoire ? Je sais que je caresse un rêve fou.
Pas pour me suicider.
Quoique.

Soudain, la réalité me revient en tête avec force. Je voudrais fuir. Je m'écroule, pourtant, me tenant à un arbre.
Peut-être que je vais économiser le prix de la consultation, en fin de compte.