Qu'est-ce qui est plus embêtant qu'une femme ?

Sujet: Qu'est-ce qui est plus embêtant qu'une femme ? Jeu 27 Nov 2008 - 18:12

Manoir des Soltariel, plusieurs jours plus tôt

Vassili avait un emploi du temps terriblement rempli. Il ne pouvait presque plus faire de balades à dos d'étalon dans la campagne, tellement ses diverses activités lui prenait du temps. Ce n'est pas si simple que ça de gérer un duché … Et encore c'était Ambre qui s'en occupait, il fallait bien qu'elle serve à quelque chose. Il en était presque au point de regretter son statut de petit noble à Diantra, où il était insouciant … Acheter des vêtements, ordonner aux servants de faire le ménage, regarder des tableaux, rendre visite aux gueux du village voisin (ils adorent ça !) … C'est très fatiguant, et ça ne laisse guère de temps.

De plus, Vassili avait quelques activités … disons … pas très religieuse. Non, je ne parle pas du tout des différentes maîtresses de Vassili, mais de son engagement auprès des Silencieux. Il devait envoyer un rapport semestriel, sauf en cas de graves choses qui se passaient dans le duché. Et justement, c'était un jour comme ceux-ci. Bien entendu, dès qu'il eu réunit toutes les informations nécessaires, il s'attela à l'une des tâches qu'il aimait le moins faire, écrire puis crypter son message … au cas où il tomberait dans des « mauvais mains » … Il ne faisait qu'obéir après tout, mais Pahé était tout de même un peu trop paranoïaque au goût de Vassili.

Je retransmet donc ici le brouillon de Vassili, avant cryptage et modification :

Citation :: Très cher Pahé,

Ici à Soltariel, tout se passe pour le mieux. ~~Même si ma femme est un peu trop encombrante, mais vous les connaissez, toutes des incompétentes !~~ Si je me permet de vous envoyer cette magnifique missive, hors de mon rapport semestriel, c'est qu'il se passe de drôles de choses à Ydril. Comme vous devez le savoir, le comte d'Ydril, Silpheed, a été remplacé par un de ses proches conseillers. Jusque là, il n'y a aucun problème, mais j'avais quand même envoyé quelques serviteurs fouiner discrètement, pour vérifier que tout se passait bien … Et j'ai eu du flair. ~~Vous savez, l'intuition masculine …~~ En tout cas, ce qu'ils ont trouvé est plus qu'alarmant.

Les rues sont remplies de soldats royaux, bloquant ainsi toutes les activités des Silencieux en place. Pourtant, je ne doute pas de leur compétence. Il s'agit en fait du conseiller, qui est peu scrupuleux. Il a décidé d'étendre ses activités aux bas-fonds d'Ydril, mais ~~malheureusement pour lui~~, il n'est pas très discret, d'où l'intervention royale.
Je vous demande donc de l'aide pour supprimer ce gêneur … Je pourrais m'occuper moi-même des gardes royaux. J'attendrais vos serviteurs à l'entrée d'Ydril, porte Nord, à l'aube de Julas de la cinquième semaine de Verimios.
Je vous remercie d'avance,

Vassili

Après cryptage et envoi de la missive, Vassili se prépara pour accueillir les assassins que Pahé pourrait bien lui envoyer. Enfin, il l'espérait. Il envoya quelques serviteurs dans lesquels il avait une totale confiance, subtiliser quelques clés indispensables pour entrer dans certaines pièces du château, mis de l'argent de côté pour graisser quelques pattes, et se prépara à toute éventualité. Il ne lui restait plus qu'à avertir Ambre de son départ, ce qui n'allait pas être une chose facile ...

Ydril, Julas

La neige tombait à gros flocons, et Vassili ne distinguait même pas à cinq mètres devant. Il avait tenu à être seul, et s'était rendu seul à Ydril, donc sans patrouille, avec son bel étalon blanc. Il faisait froid. Le manteau en fourrure et les gants en soie ne protègent que très partiellement du froid. Il faudrait que Vassili en parle à son tailleur. Ce n'est pas décent de se promener mourant de froid. Et en plus, les foutus assassins de Pahé n'étaient pas au rendez-vous, ou alors ils étaient en retard, ce qui irritait fortement Vassili. C'est aberrant, surtout quand on travaille pour la Compagnie d'être aussi …

Vassili donna un coup de pied rageur dans un tas de neige. Il détestait être mis en difficulté, se promener seul dans les rues, et porter autant d'argent sur lui … Ils étaient en retard, et vous pouvez être sûr que leur accueil ne sera pas chaleureux du tout. Mais après tout, il faisait froid, c'était une bonne raison pour être froid, non ?

[HRP] Un peu court ... J'espère que ça ira ... Et puis, j'espère que le titre vous convient, je n'avais pas d'idées ... Sinon vous savez où me trouvez ... [/HRP]

Ile de Nelen

" Hep toi ! Tu viens avec moi il est temps de montrer que tu vaux quelque chose."

Allongé sur une caisse Hrolf ouvre doucement les yeux, un homme à la mine patibulaire se tient devant lui. A première vue c'est à lui qu'il s'adresse, le rôdeur se redresse donc histoire de ne pas froisser ce gentil assassin.

"Avec un s'il te plait ça marcherait p't'être mieux..."

"Rien à foutre tu me suis et t'écrase."

Lançant un dernier regard méprisant à Hrolf le silencieux se détourne pour s'avancer vers le quartier des officiers.
Ce petit jeu est loin de plaire au demi-drow mais un ordre est un ordre. Il se relève donc, attrapant au passage son épée posée sur la caisse, pour emboiter le pas à son confrère. Sur la route menant aux bâtiments, Hrolf subit à nouveau le courroux de certain silencieux. Il faut dire que son arrivée sur l'île avait vite tourné au vinaigre. Débarqué sans autorisation sur l'île Hrolf eut la bonne idée de fouiner son nez dans des affaires qui ne le concernait pas. Jusqu'à ce qu'il se fasse prendre par un garde, qu'il envoya dans les choux avant de se faire prendre, à nouveau, par un groupe de silencieux en patrouille. De là un choix s'imposa rapidement à Hrolf, vivre et intégrer cette organisation, ou mourir.

" Tiens voilà ton ordre de mission, un bateau t'attend sur le quai. Un autre silencieux t'assistera dans cette mission et veillera à ce que tu ne fasses pas de bêtise... Si tu vois ce que je veux dire."

Son regard braqué dans celui de son supérieur Hrolf attrape la lettre de la main du silencieux.

"La confiance règne ça fait plaisir."

Dit-il en lançant un clin d'oeil ainsi qu'un sourire ironique à l'assassin avant de se détourner en direction du quai. Apparemment il n'aurait pas le droit à l'erreur sur ce coup là.

Ville Ydril – Porte Nord

Traversant les ruelles de la Cité, deux silhouettes marchent silencieusement dans la neige. Avec le temps peu de gens traînent dans les rues mise à part ceux qui se dépêche de finir leur activité à l'extérieur. Un temps parfait en somme pour les deux assassins envoyés par les silencieux.
Après une marche plus ou moins pénible en fonction de la neige, Leomyr et Hrolf aperçoivent enfin le lieu du rendez-vous. Le temps jouant une nouvelle fois en leur faveur, la porte Nord n'est que peu gardée, les soldats préférant la chaleur du feu au froid hivernal.

" Il est là-bas je l'aperçois."

D'un coup de coude discret Hrolf attire l'attention de Leomyr vers la silhouette trépignante d'impatience dans le froid. Un sourire vient ourler brièvement les lèvres du demi-drow, Vassili était, selon la lettre qu'il avait reçu, un Noble. Et en le voyant ainsi ronchonner dans le froid avec sa petite (mais très jolie) veste ne fit que confirmer l'idée que Hrolf avait des hommes dans son genre.

" Vassili ? Je crois que nous avons à faire ensemble."

La main du rôdeur se pose discrètement dans le dos de Vassili, Hrolf poussant légèrement son contact pour l'inciter à continuer de marcher avec eux. Une manière pour les trois hommes d'attirer encore un peu moins l'attention sur eux.

Vassili sursauta légèrement. Très légèrement. Si légèrement que le Silencieux ne dût pas s'en rendre compte. Il détestait cela. Et tellement d'autres choses d'ailleurs. Mais ça, ce devait être la pire. Quoi que ne plus avoir d'argent devait être terrible aussi. Seul une personne avait le droit de faire ça. Ou peut-être deux … En tout cas, Lérion en faisait parti. Ce petit bout d'chou qu'on lui avait assigné au château. Et d'ailleurs, c'était l'un des seuls à arriver. En dehors du Silencieux. Mais celui-ci avait eu de la chance. C'est tout ...D'abord parce que c'était un Silencieux, et qu'ils étaient entraîner à ça, et ensuite parce que … il neigeait … Voilà, et puis c'est tout … Arrêter de l'embêter le pauvre !

« Vassili, je crois que nous avons à faire ensemble. »

Qui veut-il que ce soit d'autre. Il n'y a pas un badaud, un rustre, un gueux, même un passant dans les rues. Même les pauvres sont mieux logés que moi. Obligé de rester dehors alors qu'il neige. Ce n'est pas décent, surtout à mon âge. Non, non, c'est un autre … Est-ce que les paysans sont dotés d'un cerveau, ou faut-il qu'on les aident tout le temps. C'est tout de même aberrant. Ils sont presque aussi idiots qu'Ambre … Je me demande parfois où Pahé va chercher ses esclaves ... euh … ses vassaux. Je sais qu'il parcourt les bas-fonds, mais tout de même … Il pourrait avoir un peu plus d'esprit.

Vassili ne prit donc même pas la peine, ni de se retourner pour voir le visage sans doute ravagé par l'alcool des deux alcoolytes qu'on lui avait flanqué ...sans doute vêtus de guenilles et puant les égouts … Rien de tel pour faire frissonner Vassili. Et quand l'un des deux poussa légèrement, et même si ce n'était que très légèrement, Vassili, il fût touché par une main sale. Sur son magnifique manteau en fourrure. Les gueux se sentent de plus en plus libres de leurs gestes … Mais, un jour, ils finiraient bien par tous payer l'affront qu'on lui infligeait à présent.

Ne pouvant pas supporter la présence de la main sur son dos, Vassili serra les dents, entrouvrit la bouche, de sorte que le mouvement des lèvres en devenait imperceptible si quelqu'un les observait :

« Otez vos sales pattes de là ! Nous ne sommes pas sur Nelen … Suivez-moi, je vous emmène au château. »

Vassili continua d'avancer, sans se soucier de savoir si les Silencieux le suivaient ou non. Il se retourna quand même une ou deux fois vérifiés qu'ils étaient toujours bien là. Il ne voulait pas avoir fait tout ce chemin.

« Nous allons entrer par la grande porte, vous allez vous faire passer pour mes valets, ça ne sera pas trop difficile pour vous j'espère ... »

Si le temps auquel se heurtait Hrolf était glacial, l'attitude de Vassili à l'égard de Leomyr et lui même était un véritable blizzard. La moue de dégout que le Noble abordait depuis qu'il les avait regardé était loin d'être gratifiante pour les deux assassins. Pourtant les deux compères ne laissaient rien paraître et continuaient donc d'avancer dans la neige accompagnés de Vassili.

Ce premier affront passé, le Noble sembla se dépêcher d'en refaire une seconde. Ne laissant pas le temps au rôdeur de retirer sa main, Vassili lui cracha l'ordre d'ôter sa main. Le visage de Hrolf se referma alors que sa main quittait le dos du Noble pour se fermer rageusement. Son regard braqué sur le contact, le demi-drow continua d'avancer dans le silence jurant intérieurement qu'il n'y aurait pas de troisième fois.

« Nous allons entrer par la grande porte, vous allez vous faire passer pour mes valets, ça ne sera pas trop difficile pour vous j'espère ... »

La goutte d'eau qui fait déborder le vase aux yeux du bâtard.
Et alors que Vassili continuait de marcher en tête de cortège, Hrolf l'attrapa sans la moindre douceur par le col. La carrure de l'ancien capitaine lui permit sans le moindre problème de jeter le Noble dans l'impasse devant lequel il venait de passer.L'espion tomba lourdement la tête dans la neige.

"Là t'as l'air beaucoup moins mignon mon grand."

Vassili n'eut pas le temps de se retourner que déjà il se faisait empoigner pour être adossé sans ménagement contre le mur de l'impasse. Devant l'entrée de l'impasse se tenait Leomyr, dos à la scène qui se déroulait il s'occupait de veiller à la tranquillité des lieux. Rien qui ne puisse rassurer notre Noble, après tout à ses yeux ils n'étaient que de vulgaire voyou. Hrolf pensa même qu'à ce moment même Vassili croyait se faire détrousser et trancher la gorge.

Heureusement pour lui Hrolf n'avait sorti aucune arme. S'il avait agit ainsi c'était juste pour discuter plus clairement et surtout les yeux dans les yeux avec son nouveau collègue. Le rôdeur ne savait pas trop si cet homme était son supérieur ou pas, une chose était sûr il n'avait pas intégrer les Silencieux pour être traiter comme un chien.

Retirant la capuche de sa tête, le demi-drow dévoila son visage à l'humain. Une barbe de quelque jours, de long cheveux bruns ondulant en bataille jusqu'à ses épaules. Hrolf avait tout du baroudeur avec sa gueule aux traits cassés, les pupilles pourpres qu'il braquait sur Vassili n'était d'ailleurs pas pour rassurer un humain.

" Maintenant qu'on est entre nous deux... On va mettre au clair la situation. T'es un péteux, une vulgaire petite merde qui se dore le cul dans le velours de la royauté T'as juste ce qui faut dans le pantalon pour jouer la comédie chez les bourgeois et tirer leur minaude, mais pas suffisamment de tripe pour t'occuper de ceux qui nous gênes."

Le rôdeur avait parlé à quelques centimètres de Vassili, donnant à la conversation un aspect un peu plus menaçant. Néanmoins le demi-drow n'avait proféré aucune menace, d'ailleurs il se reculait d'un pas, son index venant s'appuyer sur le torse de Vassili. Le demi-drow reprenait d'un ton neutre presque amical.

" Alors quant on est obligé de faire appel à d'autre pour faire correctement son boulot on les considère pas comme de la merde sinon tu te doutes que ça va pas le faire. Tu vois t'es une fiotte mais tu fais bien ton boulot et pour ça je te respecte. Moi je tue des gens alors tu me respecte pour ça et tu me fais pas comprendre tout les cinq minutes que je te fais chier."

La main du rôdeur vint tapoter amicalement la joue de Vassili, Hrolf esquissant un sourire amusé.

" Jouer la comédie ça devrait pas être trop dur pour toi."

Se détournant du Noble, Hrolf reprit son chemin vers Leomyr, remettant par la même occasion la capuche sur sa tête.

"On va avoir un problème, ça m'étonnerait que les gardes laissent rentrer un drow."

A peine leur avait-il annoncé son plan, qu'il le regretta presque aussitôt. La main, rêche, puante, d'un des assassins venait de se refermer sur le col, et l'envoya dans une impasse sombre. Pris de peur, Vassili n'osa pas se relever, il regardait, comme un lapin quand il se sait prêt à être dévorer par le loup, de tous les côtés, à la recherche d'une hypothétique issue de secours. Mais c'était une impasse, et comme son nom l'indique, dans une impasse il n'y a qu'une entrée, qui fait aussi office de seule sortie. Or l'un des Silencieux s'approchait par cette entrée/sortie, tandis que le second gardait la voie. Il était pris au piège, telle une mouche dans une toile d'araignée. Et au regard du Silencieux, la suite ne risquait pas d'être mieux …

« Là t'as l'air beaucoup moins mignon mon grand. »

Tout cela n'envisageait rien de bon. Est-ce que le Silencieux était cynique, ou était-il sérieux. Des frissons remplirent le corps de Vassili, qui voyait défiler devant lui toutes les images de son ancienne vie qui défilait dans sa tête. Le pire, ce serait sa mort. Mourir comme un pouilleux dans une ruelle sombre, la gorge tranchée par des assassins de bas étage, laissant sa femme, et l'argent qui allait avec, seule dans un manoir richement décoré, et résolument heureuse d'être enfin veuve ! Et cela, Vassili ne pouvait pas l'accepter. Il invoqua tous les dieux qu'ils connaissaient qui auraient pu lui venir en aide, et ce, même s'il n'y croyait que très peu.

Vassili avait bien remarqué que le Silencieux n'avait pas sorti la moindre arme, mais après tout, au lieu de mourir égorgé par un gueux dans une ruelle sombre d'une ville pathétique, il mourrait étranglé par un gueux dans une ruelle sombre d'une ville pathétique … Vous voyez une différence ? En tout cas, Vassili, lui n'en voyait pas. Tout ce qui l'inquiétait, c'est qu'il y aurait du sang, que le sang lui fait tourner la tête, et surtout que c'est très dur à laver quand c'est sur de la fourrure. Que de pensées utiles, n'est-ce pas ?

Plaqué contre le mur, encore une fois, et sans aucune vergogne, une pensée effleura l'esprit de Vassili. Et si, finalement, Ambre avait intercepté la lettre, qu'elle avait envoyé à la place des assassins comme elle l'avait déjà fait pour sa gracieuse grand-mère … Tout ça, parce qu'il avait refusé de lui donné une stupide lettre, et qu'ils ne pouvaient pas divorcé … C'est vraiment triste. Surtout qu'il n'avait pas la lettre sur lui.

L'homme retira la capuche qui lui masquait le visage. Vassili eut un haut-le-cœur. Non, il n'était pas contre les drows ! Il était seulement contre les pouilleux. Le visage de l'homme faisait presque peur. La barbe qui ne semblait pas le dérangé, les cheveux, sans doute pas lavés depuis des jours, n'étaient pas peignés avec un grand soin, voire pas peignés du tout. La main de l'homme (qui je vous rappelle est sale et rêche et puante et …) donnait une assez bonne image de l'homme en lui-même. Un homme qui avait voyagé, qui avait combattu, … Mais bon, tout le monde n'a pas la chance d'aller à des mariages ou à des galas de charité, ce qui est relativement dommage. Souvent, Vassili se demandait comment les gens font pour vivre dans la plus totale pauvreté, mais vu comment les choses étaient parties avec le drow, il n'allait sans doute pas l'interroger à se propos, s'il ne voulait pas se retrouver une dague sous la gorge.

Le drow ouvrit la bouche, et Vassili eu grand mal à suivre ce qu'il disait. D'abord, parce qu'il avait peur, mais surtout à cause des mots, orduriers pour la plupart, dont Vassili n'avait jamais entendu parler, et si c'était le cas, n'osais les prononcer. Il réussit quand même à comprendre l'essentiel. Mais le pire était que le drow était tout proche de lui. Son haleine putride venait titiller les narines si délicates de Vassili, et c'est avec un grand plaisir qu'il constata que le drow s'éloigna de lui, bien qu'un des doigts était encore pointé sur sa poitrine. Finalement, ils n'étaient ni des assassins engagés par sa femme, ni de vulgaires frappes qui obéissaient bêtement aux ordres …

Un dernier frisson parcouru Vassili quand le drow lui tapota la joue. Intérieurement, il se promit de se laver dès qu'il arriverait chez lui, surtout les parties que le drow avait touché. Et ensuite, il se parfumerait à outrance pour faire disparaître l'odeur de gueux qui allait l'imprégner. Le sourire du drow lui fit bien comprendre qu'il n'avait plus intérêt à refaire ce qu'il venait de faire. Vassili lui adressa un sourire chargé, lui aussi, de sous-entendu. Après tout, il ne faisait qu'appliquer ce que le drow venait de mettre en avant : " Jouer la comédie ça devrait pas être trop dur pour toi."

"On va avoir un problème, ça m'étonnerait que les gardes laissent rentrer un drow."

Vassili se retint difficilement de ne pas lever les yeux au ciel. Il ne voulait pas se retrouver encore une fois dans la neige, salissant son manteau. Il se retint même le soupir de désespoir … Jouer la comédie, ce n'est pas si difficile que ça en fait !

« Vous êtes avec moi, et si vous ne le savez pas, je suis le Duc, on me laisse pénétrer, où je veux, quand je veux ! Et au cas où, j'ai toujours quelques pièces sur moi !
Des questions ? »

N'obtenant pas de réponse de la part des deux Silencieux, il sortit de la ruelle, et reprit la direction du château. Le froid était-elle qu'il n'eurent pas besoin de se cacher. Comme prévu, il n'y avait aucun garde dans les rues, et ils arrivèrent sans encombre au château. Vassili se retourna vers les deux drows.

« Vous restez derrière moi pour l'instant, je vais nous faire rentrer. Ensuite, je vous conduit aux quartiers du conseiller, et je vous laisse faire votre affaire ... Des questions ?»

En revenant à côté de Leomyr, Hrolf avit la sincère conviction que Vassili se montrerait plus aimable. Laissant le Noble repasser devant lui, Hrolf ne prit pas la peine de répondre, s'il est le Duc et qu'il peut tout se permettre alors tant mieux.
Le petit groupe arriva donc sans le moindre problème devant le château, avec ce temps exécrable on avait l'impression de voir la battisse ensevelie sous une montagne de neige, un spectacle magnifique que le rôdeur quitta (à regret) du regard pour poser ses prunelles sur Vassili.

On entre, on tue et on ressort. Y' pas vraiment de question à avoir pour ça.

Le Demi-Drow lança un sourire narquois à Vassili pour ensuite porter sa main droite à sa botte. De là, le rôdeur tira un long poignard à la large lame. Une arme particulièrement efficace pour s'occuper d'un homme, la largeur de la lame laissant à penser qu'il ne faudrait qu'un coup pour trépasser.
D'un geste rapide et discret, Hrolf rangea le poignard derrière son dos,de manière à pouvoir le sortir rapidement maintenant qu'ils pénétraient le château.

Si jamais ça venait à chauffer fais en sorte de pas te prendre un mauvais coup en traînant dans nos pattes. Un accident est si vite arrivé...

La phrase était lancée de manière désinvolte tout en laissant percevoir une menace. Hrolf lança un regard empreint de méchanceté à Vassili avant de se retourner vers Leomyr.
En vérité Vassili n'avait rien à craindre du Demi-drow, mais celui-ci n'avait pas pu résister au plaisir de lui mettre un peu plus de pression, histoire de voir s'il était capable de tenir la mission.

Jusqu’ici le plan de Vassili avait marché à la perfection. Pas un garde ne s’était interposé entre eux et le palais. Aucun badaud n’était sorti dans les rues, ni n’avait tenté de les héler. Bref, c’était parfait, presque trop … Mais quand on est le Duc, il est normal que les pauvres s’aplatissent et s’écartent sur votre passage, qu’ils ne tendent même pas la main en espérant avoir une pièce au passage, ce serait très inconvenant. Il avait laissé à regret un foyer chaleureux, et une femme … aimante ? pour venir, ici, à Ydril, pour participer à un meurtre. Mais il ne pouvait pas faire autrement. Il s’était engagé, et de toute façon, il avait besoin de beaucoup d’argent pour subvenir à son train de vie royal. La bourse de Papa et Maman, et celle d’Ambre, ne suffisaient évidemment pas. Il lui fallait un autre revenu, et peut importait si il l’obtenait d’un point de vue légal. Ou non.

« On entre, on tue et on ressort. Y' pas vraiment de question à avoir pour ça. »

Bien entendu qu’il n’y a pas de question. Mais si il ne le demandait pas, on lui reprocherait encore d’être trop prétentieux, d’être trop lointain des petites gens. Après on alors encore le jeter dans une ruelle sombre, et le prendre entre quatre yeux pour lui dire ces quatre vérités en face, et ça, Vassili ne le supporterait sans doute pas une seconde fois. C’est pourquoi il se complaisait à être hypocrite prenant le pseudo-avis de ses comparses. Et puis, pourquoi fallait-il qu’il soit toujours aussi … méchant et cynique. Le gueux n’y allait pas par quatre chemins. De toute évidence, la subtilité et le second degré ne faisait pas du tout parti de ses qualités. Mais pas du tout.

« Si jamais ça venait à chauffer fais en sorte de pas te prendre un mauvais coup en traînant dans nos pattes. Un accident est si vite arrivé... »

Vassili frissonna. Peut-être que, finalement, le drow avait acquis un peu de subtilité. Et ce, même s’il avait encore beaucoup de travail pour arriver au rang de Vassili. Et, bizarrement, cela avait eu le don de mettre Vassili mal à l’aise. Il allait peut-être mourir indignement dans un château, tué par les Silencieux, tué dans le déshonneur dû à son rang … Par de vulgaires gueux.

Il y avait un garde devant l’entrée du château. Toujours suivi de ses deux acolytes, il monta les marches, et s’approcha du garde, tout en faisant un signe discret aux Silencieux de ne pas bouger, de rester en arrière. Corrompre, ça, il pouvait le faire tout seul … (Et c’est bien l’une des seules choses …)

« Bonjour mon brave. Je suis en visite officieuse pour voir ton maître. Tu ne m’a pas vu, ni les deux hommes qui sont derrière moi. Compris ? »

Ce faisant, il glissa quelques pièces d’or au garde, qui s’empressa d’acquiescer, et d’ouvrir la porte. Il s’aplatit bien bas devant le Duc, et ses deux serviteurs. Vassili savait que l’argent pouvait tout acheter, et surtout les Hommes. C’était eux les plus faciles à acheter. Leur vanité, leur prétention, tout en eux désirait de l’argent.

« Nous y voilà … Ne tuez personne d’autre que la cible. Elle est sans doute dans sa chambre. Et surtout, restez derrière moi … Jusqu’à nouvel ordre. »

» L'ami de ta femme
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» Une femme et une couronne
» La decision d'une femme n'est jamais vaine...
» Une femme ? Certes, il y en a une! [ Aliénor ]

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